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Clio@Themis ISSN : 2105-0929 9 | 2015 Juristes et sciences du droit en société Pourquoi l’histoire du droit anglais n’est pas écrite Frederic William Maitland Traduction de Prune Decoux https://publications-prairial.fr/cliothemis/index.php?id=1604 DOI : 10.35562/cliothemis.1604 Référence électronique Frederic William Maitland, « Pourquoi l’histoire du droit anglais n’est pas écrite », Clio@Themis [En ligne], 9 | 2015, mis en ligne le 24 juin 2021, consulté le 13 septembre 2021. URL: https://publications-prairial.fr/cliothemis/index.php? id=1604 Droits d'auteur CC BY-NC-SA

écrite Pourquoi l’histoire du droit anglais n’est pas

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Clio@ThemisISSN : 2105-0929

9 | 2015 Juristes et sciences du droit ensociété

Pourquoi l’histoire du droit anglais n’est pasécriteFrederic William Maitland

Traduction de Prune Decoux

https://publications-prairial.fr/cliothemis/index.php?id=1604

DOI : 10.35562/cliothemis.1604

Référence électroniqueFrederic William Maitland, « Pourquoi l’histoire du droit anglais n’est pas écrite »,Clio@Themis [En ligne], 9 | 2015, mis en ligne le 24 juin 2021, consulté le 13septembre 2021. URL : https://publications-prairial.fr/cliothemis/index.php?id=1604

Droits d'auteurCC BY-NC-SA

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Pourquoi l’histoire du droit anglais n’est pasécriteFrederic William Maitland

Traduction de Prune Decoux

PLAN

I. Présentation du texte de Frederic William Maitland par Prune DecouxII. « Pourquoi l’histoire du droit anglais n’est pas écrite », par FredericWilliam Maitland (traduction Prune Decoux)III. « Why The History of English Law is not written », par Frederic WilliamMaitland

NOTES DE LA RÉDACTION

Traduction de F. W. Maitland, « Why the History of English Law Is Not Written »,The Collected Papers of Frederic William Maitland, vol. 1, op. cit., p. 480-497.

TEXTE

I. Pré sen ta tion du texte de Fre de ‐ric William Mait land par PruneDe couxIn ter na tio na le ment loué et re con nu, Fre de ric William Mait land estconsi dé ré comme le plus grand his to rien du droit an glais 1. Ferventpar ti san du re tour aux sources et aux ar chives, cette fi gure cen tralede l’his toire du droit a per mis à cette dis ci pline d’abor der un nou veautour nant, celui de la scien ti fi ci té et du pro fes sion na lisme 2.

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Né à Londres en 1850, une double as cen dance de sa vants a peut- êtrepré pa ré sa vo ca tion en lui in suf flant le goût de la ri gueur et de la pré‐ ci sion. Sa mère était en effet la fille du cé lèbre chi miste John Fre de ricDa niell et son père était quant à lui un his to rien cri tique du MoyenÂge et de la ré forme ; Mait land semble avoir hé ri té de lui un vif in té ‐

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rêt pour l’his toire du droit et une com plète in dé pen dance de ju ge‐ ment 3. Après le décès pré ma tu ré de ses deux pa rents, il est confiéaux soins de sa tante, chez qui une suc ces sion de gou ver nantes al le‐ mandes lui per mit d’ac qué rir et de maî tri ser cette langue à la per fec‐ tion 4. Il entre à Eton en 1863, où sa sco la ri té ne fut ni re mar quable nire mar quée 5 ; admis à Cam bridge en 1869, il s’y montre un spor tif ac‐ com pli qui, de son propre aveu, aime la mu sique et la géo mé trie maisdé teste le grec et le latin. Ce n’est qu’à vingt et un ans qu’un pro fes‐ seur sut le sé duire et faire éclore ses qua li tés in tel lec tuelles  : HenriSidg wick fit émer ger en lui le phi lo sophe jusqu’à pré sent étouf fé parl’ath lète 6. At ti ré par l’Uni ver si té et re mar qué par les pro fes seurs deTri ni ty, il échoue pour tant à ob te nir une bourse d’études en sciencesmo rales et po li tiques, se re pliant dès lors sur l’étude du droit.

Il re joint le bar reau en 1876 pour huit ans d’une car rière qu’il juge dé‐ ce vante et in sa tis fai sante. Paul Vi no gra doff rap porte qu’il ren con traMait land en 1884, à la fin de sa car rière de pra ti cien ; ce der nier re‐ marque alors qu’il « pré fè re rait de loin consa crer sa vie à l’étude his‐ to rique du droit plu tôt que de guet ter dans une salle du Lin coln’s Innles pas d’un client qui ne vient ja mais » 7. Son ac ti vi té pro fes sion nellen’a en effet ja mais fait fai blir son goût pour l’his toire, comme l’at‐ testent les pu bli ca tions de Mait land de cette époque : « The Laws ofWales : The Kin dred and the Blood Feud » en 1881, « the Cri mi nal Lia‐ bi li ty of the Hun dred » en 1882 et « The Early His to ry of Ma lice Afo re‐ thought » en 1883 8. Sur tout, il se consacre à l’étude de l’his toire dudroit conti nen tale, no tam ment en com men çant la tra duc tion deL’his toire du droit ro main au Moyen Age de Sa vi gny  ; même s’il nel’ache va ja mais, il subit pro fon dé ment l’in fluence du pro fes seur al le‐ mand, de même que celle de Hein rich Brun ner ou des frères Grimm.

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De nou velles ren contres de vaient in flé chir pro fon dé ment sa vie  :dans un club de Londres, il fit la connais sance en 1884 de ceux quide vien dront de fi dèles pairs et amis, Fre de rick Pol lock et Paul Vi no‐ gra doff. Le pre mier lui confia la ré dac tion d’une note et le se cond luimit entre les mains un tré sor in es ti mable : les mil liers de rôles re tra‐ çant toute l’his toire ju ri dique et so ciale du Moyen Âge 9. Selon Ga brielLe Bras,

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de ce jour, plus exac te ment du len de main, où il com men ça de trans ‐crire les Pleas of the Crown for the Coun ty of Glou ces ter be fore the

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Abbot of Rea ding (1221) […] date la car rière d’his to rien de Fre de ricWilliam Mait land 10.

Cette car rière se concré ti sa en 1884, quand Sidg wick, l’an cien maîtrede Mait land, ac cep ta de fi nan cer lui- même la créa tion d’une chairede droit an glais à Cam bridge, pour la quelle Mait land fut choi si en tantque rea der le 24 no vembre. Son pre mier cycle de leçon, en 1885, portesur le droit an glais des contrats puis, dès 1887, il dé livre un en sei gne‐ ment sur l’his toire consti tu tion nelle de l’An gle terre, cours ré pu tépour com bi ner prin cipes clairs et abon dantes illus tra tions 11. Les qua‐ li tés pro fes so rales de Mait land font consen sus : « Rien de moins pé‐ dant qu’un ar ticle de Mait land  : exemples, com pa rai sons, sym boles,souci de la vie pra tique, verve dis crè te ment im per ti nente, languesouple et al lègre » 12 ; est éga le ment salué son hu mour vif et plai sant,« constel lant de paillettes dé li cieuses et spon ta nées ses écrits » 13. Del’aveu de Mait land lui- même, «  un large stock d’exemples, don nésavec tous les dé tails concrets, peut ser vir à pro duire un corps enchair et en os pour les an ciennes règles, […] qui pour raient sem blerabs traite, ir réelle, im pra ti cables  » 14  ; cette po si tion an crée dans lapra tique lui a per mis de s’éloi gner du dog ma tisme et de ren trer encontact quasi di rect avec les prin ci paux té moins du Moyen Age 15.

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Entre 1885 et 1906, Fre de ric Mait land pu blie de nom breux vo lumesd’his toire du droit, tel que Jus tice and Po lice (1885), Brac ton’s Note- Book (1887), Do mes day Book and Beyond (1897) ou The Consti tu tion nalHis to ry of En gland (1909). Il convient de dis tin guer parmi ces ou‐ vrages son œuvre ma jeure, The His to ry of En glish Law Be fore the Timeof Ed ward  I (1899)  ; même si la page de garde et la cou ver ture in‐ diquent comme co- auteurs Mait land et Pol lock, ce der nier pré cisedans l’in tro duc tion que la ma jeure par tie de l’exé cu tion de cet ou‐ vrage re vient à Mait land. Ce livre étu die le laps de temps re la ti ve mentcourt com pris 1154 et 1272, « cet âge lu mi neux qui éclaire tant le passéque le futur » 16 ; toute la pré di lec tion de Mait land va en effet à cettepé riode, qu’il voit comme le mo ment où le com mon law ac quiert laforme qu’il gar de ra pen dant de longs siècles 17. Di vi sé en deux livres,Sketch of Early En glish Legal His to ry et The Doc trines of En glish Lawin the Early Middle Ages, The His to ry of En glish Law traite de su jetstels que le droit anglo- saxon, le droit nor mand, les te nures, lescontrats ou le droit de la fa mille. Tou jours est- il que dès l’in tro duc‐

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tion, Mait land pose des li mites claires à son sujet : il évi te ra dé li bé ré‐ ment de par ler de théo rie de droit, de phi lo so phie ju ri dique ou dedoc trine, qu’il ex clut de la science ju ri dique à pro pre ment par ler, maissou haite étu dier les ef fets po li tiques et so ciaux du droit alors enusage 18. Salué et re con nu comme éclai rant ma gis tra le ment les XII etXIII   siècles, cet ou vrage, sans pour tant at teindre la même au dienceque l’An cient Law de Maine, se verra très vite doté d’une au to ri té ab‐ so lue 19.

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Ainsi, dès ses pre mières pu bli ca tions s’opère un re nou vel le ment del’his toire du droit an glais ou plu tôt un re nou vel le ment de cettescience. En effet, Mait land se montre ex trê me ment at ta ché auxsources du droit, al lant jusqu’à dé cla rer vou loir être leur es clave 20.Conscient de leur ri chesse, il fonde dès 1887 la Sel den So cie ty, une so‐ cié té vi sant à pro mou voir les études de droit an glais et dont lesmembres ont pour mis sion de re mettre à l’hon neur des sources dé‐ lais sées 21. À titre d’exemples, furent ainsi pu bliés The Court Baron  :Pre ce dents of Plea ding in Ma no rial and Other Local Courts en 1890 ouSe lect Pas sages from Brac ton and Azo en 1894. Après cette pé riode quifut la plus brillante de son ac ti vi té, il dédia la fin de sa vie à l’his toirepo li tique et re li gieuse et à la théo rie des per sonnes mo rales. Saconsti tu tion fra gile finit par avoir rai son de lui et il dé cède d’unepneu mo nie au cours d’un voyage d’hiver à Las Pal mas en 1906.

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Le tra vail de Mait land, mal gré son am pleur et sa qua li té, ne semblepour tant pas por ter ses fruits. Après son décès, l’in té rêt sus ci té parl’étude de l’his toire du droit dé cli ne ra en An gle terre. De plus, sescours s’adres saient à des étu diants en droit qui furent ra re ment in té‐ res sés par une car rière scien ti fique (son étu diante de pré di lec tion,Miss Ba te son, mou rut avant lui) et à des his to riens pro fes sion nels,sou vent peu tour nés vers le droit 22. Il est à ce pro pos in té res sant deconsta ter que les au teurs ma jeurs, au XX  siècle, en ma tière d’his toiredu droit mé dié val ne sont pas les ju ristes es pé rés par Mait land, maisbien des his to riens tra vaillant dans les fa cul tés d’his toire 23. Pa rues ily a plus d’une cen taine d’année, cer taines par ties de son œuvre ontété dis cu tées, voire dé pas sées. Pour au tant, l’im pul sion que Mait landa su don ner aux études d’his toire du droit est in con tes table.

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Les œuvres de Mait land ont ainsi re nou ve lé la science de l’his toire dudroit an glaise. L’ori gi na li té et l’in dé pen dance de ju ge ment de notre

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au teur y sont pour beau coup, mais il ne faut pas ou blier qu’il a éga le‐ ment su d’ap puyer sur de brillants tra vaux réa li sés avant lui.

Ainsi, cer taines de ses in fluences sont eu ro péennes, tels que les au‐ teurs al le mands déjà évo qués. Mi chael Lob ban voit dans l’ex hor ta tionfaite aux ju ristes de consa crer de longues heures aux sources pri‐ maires une façon de faire toute ger ma nique, contras tant avec « l’his‐ to rio gra phie cour toise  » pra ti quée en An gle terre 24. Pour au tant,Mait land se re fuse à de ve nir une sorte de pan dec tiste  : l’his toire nepeut ser vir d’unique jus ti fi ca tion au droit et de plus, il est ou ver te‐ ment scep tique quant à l’uti li té de cette ma tière pour les ju ristes 25.En pa ral lèle, il s’in té resse beau coup aux au teurs amé ri cains de sonépoque : il est ainsi in tel lec tuel le ment et per son nel le ment proche deJames Ames, Mel ville Bi ge low et James Thayer. Ces trois uni ver si‐ taires, aux quels il faut ajou ter Oli ver Wen dell Holmes, se ront citésdans la pré face de The His to ry of the En glish Law comme ceux dont ilad mire le plus les tra vaux 26. À l’ins tar de la doc trine d’outre- atlantique, Mait land ex prime dans ses écrits la pers pec tive évo lu tion‐ niste qui ir rigue la pen sée de la fin du XIX  siècle. Les mé ta phores or‐ ga niques se suc cèdent, que ce soit pour qua li fier les évo lu tions de ladoc trine ju ri dique («  la pe tite en fance  », «  les germes  », «  l’his toireem bryon naire ») ou l’in dé pen dance vis- à-vis du droit ro main du droitan glais, « chose vi vante » dotée de sa propre in dé pen dance 27. Il dé‐ peint un pro ces sus conti nu de dé ve lop pe ment na tio nal, iden ti fianttant des conti nui tés que des dis con ti nui tés dans l’his toire, tant dessur vi vances fonc tion nelles que dys fonc tion nelles. Par des sus tout,Mait land sou haite mettre en garde contre les ana chro nismes in duitspar une ap pa rente res sem blance entre le passé et le pré sent 28 etc’est un point sur le quel il défie fron ta le ment Maine.

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Henry Maine (1822-1888), un des plus cé lèbres his to riens du droit an‐ glais, ac cède à la no to rié té après la pu bli ca tion re mar quée et sa luéede son ou vrage An cien Law, en 1861. La doc trine amé ri caine as so cietrès fré quem ment Maine à Mait land, alors qu’en réa li té, ils n’ont peut- être pour seul point com mun que le fait d’avoir écrit les deux livresles plus im por tants de l’his toire du droit an glais. En 1888, Maine dé‐ cède ; Mait land lui rend un hom mage ap puyé dans Why the His to ry ofEn glish Law is Not Writ ten 29, la leçon inau gu rant son pre mier cours àCam bridge en tant que Dow ning Pro fes sor. Mal gré le res pect qu’ilavait pour son pré dé ces seur, il ne cesse pour tant de mettre en avant

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leurs dif fé rences, tant dans The His to ry of En glish Law que dans sacor res pon dance pri vée. D’un point de vue mé tho do lo gique, DavidRab ban sou ligne que Maine se dé tourne des sources du droit alorsque Mait land ne voit qu’à tra vers elles ; d’un point de vue plus tech‐ nique, Mait land remet di rec te ment en cause cer taines des conclu‐ sions de son pré dé ces seur  : quand Maine af firme que toutes les so‐ cié tés en cours de dé ve lop pe ment muent du com mu nau taire à l’in di‐ vi duel, Mait land sou tient qu’il y a là «  in fluence des théo ries mo‐ dernes à pro pos de faits ar chaïques » 30  ; pour lui, le com mu nau ta‐ risme se rait ap pa ru très tar di ve ment, sous l’époque éli za bé thaine.Ainsi, il se livre à une cri tique acerbe contre ses « spé cu la teurs his to‐ riques », in sis tant sur le fait que le « droit com pa ré » cher à Maine nepeut prou ver la « va li di té uni ver selle » d’un « dogme » ré fu té par lespreuves his to riques d’un pays en par ti cu lier 31.

Mal gré ces in fluences di verses, Mait land re fuse de n’être qu’un his to‐ rien des prin cipes. Plus que la règle, c’est le ré sul tat qui l’in té resse etil se pré oc cupe en pre mier lieu des ré per cus sions so ciales du droit ; ilne re monte aux prin cipes que pour in ter pré ter des faits réel le mentconsta tés 32. Cela lui vaut d’être re con nu comme un « his to rien scien‐ ti fique, doté d’un es prit sin gu liè re ment ou vert et can dide, et d’un dé‐ ta che ment ra ris sime en vers les pré ju gés de secte ou de parti » 33. Sien effet Mait land fut un Li be ral Unio nist 34, son in dé pen dance d’es pritle dé ta chait de toute al lé geance par ti sane et il fut en désac cord surde nom breux points im por tants dé fen dus par le gou ver ne ment unio‐ niste. Dans cette op tique, David Rab ban sou ligne qu’à la dif fé rence denom breux pro fes seurs de droit eu ro péens ou amé ri cains, «  la po li‐ tique ne fut pas un élé ment ma jeur de la vie de Mait land, qui fut en‐ tiè re ment consa crée au pro fes so rat, à sa fa mille et à l’ami tié » 35.

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Le pro fes so rat tient donc une place es sen tielle dans la vie de Fre de ricMait land ; l’ar ticle « Why the His to ry of En glish Law Is Not Writ ten »

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est la pre mière leçon qu’il donne en tant que Pro fes seur, en 1888. Ilcom mence par y dé plo rer le mau vais état de ce champ de re cherche,et y voit dif fé rentes causes : il re con naît le poids écra sant de sourcessou vent très dé la brées, mais cette ex cuse lui pa rait in suf fi sante. Eneffet, il dé plore avant tout qu’elles res tent si peu ex ploi tées. De plus, ilsou ligne un pa ra doxe : « les pre miers temps du droit an glais ont ététrès peu étu diés car tous les ju ristes an glais sont cen sés en connaîtrequelque chose ». Ainsi, la sur vi vance en An gle terre de l’an cien droitmé dié val donne aux ju ristes l’im pres sion que le passé ne dif fère pasdu pré sent, alors qu’ap pli qué à la vie mo derne, le vieux droit a perdubeau coup de ses ca rac té ris tiques d’ori gine 36. Cette illu sion est ren‐ for cée par le peu de re cherche en his toire du droit an glais, manquesou li gné par contraste avec l’abon dante lit té ra ture por tant sur ledroit ro main ou l’his toire du droit fran çaise ou al le mande. Enfin, ilajoute à ces rai sons l’iso le ment de l’en sei gne ment du droit en An gle‐ terre, en plus des dif fé rences pro fes sion nelles entre un his to rien etun ju riste 37 :

Un ju riste doit être or tho doxe sinon ce n’est pas un ju riste ; un his to ‐rien or tho doxe me semble être une contra dic tion de termes 38.

Loin de se conten ter de ca ta lo guer les la cunes exis tantes, Mait landpro pose dif fé rentes pistes pour y re mé dier. Il prône bien sûr le re touraux sources et in siste vi ve ment sur ce qu’il consi dère comme étant lecœur du droit an glais, la pro cé dure 39 :

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Pre nez un vaste sujet […] à sa voir la condi tion des vil la geois. […] Per ‐sonne ne pour ra en ex traire le sens s’il n’a pas la pa tience de maî tri ‐ser un sys tème de plai doi rie et de pro cé dure ex trê me ment for mel,s’il n’est pas fa mi lier d’un sché ma en tier d’ac tions aux noms re bu ‐tants 40.

Or, selon lui seul un ju riste ac com pli peut trai ter ce ma té riel émi nem‐ ment tech nique, in dis pen sable à une écri ture scien ti fique de l’his toiredu droit. Les pra ti ciens re con nus croulent sous leur client et n’ontpas le loi sir d’y consa crer un tel tra vail ; de plus, il avoue lui- même àcontre- cœur qu’il n’y a que peu de place pour l’his toire du droit dansl’en sei gne ment. Dès lors, il place ses es poirs dans un avo cat déçu etin sa tis fait, des crip tion très au to bio gra phique ; si cet avo cat n’est pas

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le « grand homme pour un grand livre » 41, il per met tra en tout cas dedé fri cher la voie per met tant enfin d’écrire l’his toire du droit.

Plus de cent ans plus tard, John Ha mil ton Baker in ti tule sa leçoninau gu rale, en hom mage à Mait land, «  Why The His to ry of En glishLaw Has Not Been Fi ni shed » 42. L’au teur constate lui- même le pes si‐ misme de son dis cours : l’his toire du droit ne semble pas avoir au tantpro fi té que l’au rait sou hai té Mait land. In dé nia ble ment, la ma tière asubi des avan cées consi dé rables, par ti cu liè re ment concer nant l’at‐ ten tion por tée aux mu ta tions ju ri diques  ; cela a d’ailleurs per mis dedé tec ter quelques fai blesses dans cer tains des pre miers es sais deMait land lui- même 43. Assez iro ni que ment, il lui a été re pro ché sonusage des sources et no tam ment son in té rêt quasi ex clu sif pour lesre cueils de ju ris pru dence, «  qui disent à peu près tout, ex cep té cequ’on l’on sou haite réel le ment sa voir  » 44. Pour au tant, le constatdres sé dans l’ar ticle reste sombre  : l’édi tion et la com pi la tion dessources chères à l’illustre au teur n’ont que peu avan cé de puis sonépoque et en outre, il semble que « l’his toire du droit n’ait guère at ti‐ ré d’autres brillants ré chap pés du Bar reau  » 45. Des sources épar‐ pillées et en dom ma gées, le manque d’at trac ti vi té d’une ma tière par‐ fois dé ni grée, sou vent igno rée, le peu d’hon neurs (et de ré mu né ra‐ tion !) à en at teindre… Ces dif fi cul tés contem po raines nous semblentbien proches de celles évo quées par Mait land. John Ha mil ton Bakersou ligne de plus que si les nou velles tech no lo gies nous offrent deschamps de re cherche in édits et des ré serves de sources illi mi tées,elles ne nous dotent pas pour au tant de la sa gesse né ces saire à leurcom pré hen sion 46. Il y a en tout cas une chose que les his to riens dudroit an glais n’ont pas à craindre, c’est l’oi si ve té  : le pro fes seur rap‐ pelle en effet qu’il y a assez de su jets à ex plo rer pour les oc cu per du‐ rant les cents pro chaines an nées 47.

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Parmi tous les en sei gne ments de Fre de ric Mait land, concluons surcelui- ci :

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L’his toire im plique des com pa rai sons et les ju ristes an glais qui neconnais saient rien et ne se pré oc cu paient d’aucun autre sys tème quele leur ne pou vaient qu’à peine en tre voir l’idée d’une his toire dudroit.

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Le lec teur fran çais se doit éga le ment d’évi ter cet écueil et il est tou‐ jours temps de se tour ner vers la pen sée de ce grand his to rien dudroit an glais.

II. « Pour quoi l’his toire du droitan glais n’est pas écrite », par Fre ‐de ric William Mait land (tra duc ‐tion Prune De coux)Bien que m’ex pri mant pour la pre mière fois dans mes nou velles fonc‐ tions, bien qu’ayant la dif fi cile tâche de ten ter d’oc cu per la place d’unêtre ho no ré par ceux qui le connais saient et aimé de ceux qui leconnais sait bien, je n’ai pour au tant pas le désa van tage – ou devrais- jedire l’avan tage  ?  – d’être étran ger à la Cam bridge Law School. Quoiqu’il en soit, mon but n’est sû re ment pas de faire une étude d’en‐ semble sur le vaste sujet confié à mes soins ; je vou drais plu tôt ap por‐ ter quelques re marques concer nant une branche par ti cu lière d’étude,une branche qui a tout mon in té rêt, même si j’es père n’en avoir ja maissur es ti mé l’im por tance. Et si je dois dire que ce n’est pas aussi flo ris‐ sant que cela au rait dû l’être, croyez que cela est dit très mo des te‐ ment.

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Les com mé mo ra tions du Cen te naire ont déjà sé rieu se ment éprou vénotre pa tience cette année, mais qu’il me soit néan moins per mis devous rap pe ler que l’année pro chaine verra le sept cen tième an ni ver‐ saire de la mé moire du droit an glais. Il est dit que notre mé moire re‐ monte seule ment au cou ron ne ment de Ri chard I, ce qui est un prin‐ cipe émi nem ment tech nique, ré sul tat d’un délai de pres crip tion, ca‐ pri cieux comme les lois peuvent l’être  ; pour tant dans un cer tainsens, c’est cu rieu se ment vrai. Si nous de vons dé fi nir la date à la quellela loi an glaise com mence à être ar ti cu lée, claire et stable, le 3  sep‐ tembre 1189 est peut- être la meilleure date que l’on puisse choi sir.L’écri vain que nous ap pe lons Glan vill ve nait juste d’ache ver le pre mierma nuel, clas sique in dé mo dable pour les fu turs ju ristes an glais  ;quelques clercs ter mi naient d’écrire le plus an cien rou leau de plai doi‐ rie ja mais par ve nu entre nos mains  ; dans une su perbe série de cesplaids, la loi com mence à lais ser une em preinte écrite stable, trace

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que nous pou vons en core ap pré hen der et ma nier. Je ne vou drais pas,ne serait- ce que pour un ins tant, par ler de tout ce pa tri moine d’unema nière bles sante, je vou drais juste in sis ter sur le fait qu’avant la findu XII  siècle, notre droit était déjà de ve nu com pré hen sible et dû mentat tes té. Un siècle plus tard, sous le règne d’Édouard I, les sources né‐ ces saires à l’his toire du droit, sources les plus of fi cielles et les plusau then tiques, forment déjà une masse écra sante  ; peut- être aucunhomme ne pour ra ja mais les lire en tiè re ment. Nous pour rionsconnaître la loi du temps d’Édouard dans ses moindres dé tails  ; plusnous en sa vons, moins nous pour rons dire qu’il y a des choses im pé‐ né trables. Les li mites pra tiques gê nant notre connais sance ne sontpas dues à un quel conque manque de preuve, ce sont les li mites denotre dis po ni bi li té, de notre en du rance, de notre ap pli ca tion àl’étude, de notre cu rio si té. Sept cent ans de dos siers ju di ciaires, sixcent ans de rap ports lé gis la tifs  ; pen sez à ce que re pré sen te raientsept siècles dans l’his toire du Droit Ro main.

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Nos voi sins conti nen taux ne sont pas aussi chan ceux que nous lesommes. Il est vrai que de puis les temps les plus re cu lés, leur pa tri‐ moine est plus com plet que le nôtre  ; mais déjà au XI  siècle, le Do‐ mes day Book 48 se dé ga geait dans toute sa gran deur, et quand les re‐ gistres de notre King’s Court 49 na quirent au temps de Ri chard, nosrou leaux sei gneu riaux du rant celui d’Henry  III ou de John, et notreYear Book 50 sous celui d’Édouard, alors nous de vinrent une na tion oùle droit pût être in ti me ment connu. Grâce à la cen tra li sa tion très pré‐ coce de la jus tice dans les na tions que nous avons conquises, grâce ànotre bonne for tune ul té rieure, nous avons pu pré ser ver une séried’ar chives dont la conti nui té, l’éclec tisme, la mi nu tie dans le dé tail etle ca rac tère of fi ciel n’ont – je pense pou voir le dire sans crainte – niégaux ni ri vaux au monde. Cer tains consi dèrent le XII   siècle commetrop ré cent pour être digne d’in té rêt et as pirent à un droit de tempsplus pri mi tifs ; qu’ils consi dèrent quelle base so lide ces ar chives don‐ ne raient pour tant à leurs études. Si déjà nous étions de fins connais‐ seurs de notre XII  siècle, nous pour rions com prendre le Do mes day, sija mais nous ar ri vions à nous re pré sen ter l’An gle terre du temps où leConfes seur 51 vécut et mou rut, alors nous pour rions nous tour neravec de nou velles chances de suc cès vers les ju ge ments et re gistresfon ciers anglo- saxons.

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J’ai dit que nos voi sins étaient moins chan ceux que nous ; peut- êtren’est- ce tou te fois pas le cas, puisque nous avons amas sé des ri‐ chesses sans pour au tant les faire fruc ti fier. De ce qui a été faitconcer nant l’his toire du droit ro main, il n’est pas be soin de par ler  ;chaque lam beau de preuve semble avoir été broyé, pilé, forcé de li vrersa si gni fi ca tion et peut- être un peu plus que sa si gni fi ca tion. Mais re‐ gar dons l’his toire du droit fran çais ou du droit al le mand  ; elle a étéécrite de nom breuses fois et dans de nom breux re gistres, du li vret devul ga ri sa tion au trai té sa vant, et alors que la place des mo no gra phiesmo dernes sur des thèmes d’his toire du droit est gi gan tesque, desœuvres de ce type sont qua si ment in con nues en An gle terre. Notrere tard peut tou te fois être ex cu sé, bien que très par tiel le ment, par lefait que nous sommes ac ca blés par nos sources, dont la grande va leuret la masse dé me su rée s’im pose tou jours plus à nous. Un ro ma nistepour rait dis ser ter sur une dif fi cul té his to rique – je dis pose de toutesles preuves re la tives à ce sujet, et même, je le connais par cœur ; unau then tique his to rien an glais devra lui confes ser qu’il n’a fait que res‐ ter en sur face. D’un autre côté, si nous com pa rons la tâche d’écrirel’his toire du droit an glais avec celle des his to riens fran çais ou al le‐ mands, un fait l’em porte sur le désa van tage créé par le lourd poids denos sources. La cen tra li sa tion pré coce de notre jus tice a donné ànotre his toire une fan tas tique unité ; nous n’avons pas à com pa rer lescou tumes des dif fé rentes pro vinces ou les doc trines d’écoles ri vales ;notre sys tème est un sys tème uni taire cen tré sur West mins ter Hall.

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Enfin, j’ai peur que ceux qui connaissent peu les An glais ne pensentqu’ils n’ont pas fait tout ce qu’il était pos sible d’at tendre d’eux. Je croisqu’au cune ten ta tive n’a ja mais été faite pour écrire l’his toire du droitan glais en en tier. Le re mar quable tra vail de Reeves sur le droit duMoyen Âge fut fait à une pé riode sombre, et il est de puis long tempsdé mo dé. D’ex cel lents tra vaux furent réa li sés dans des do maines par‐ ti cu liers  ; le droit consti tu tion nel du Moyen Âge a été en tiè re mentex plo ré  ; on peut en dire au tant du droit consti tu tion nel des tempsmo dernes si nous don nons à « consti tu tion nel » un sens étroit, et en‐ core plus a été fait concer nant le droit pénal et le droit des biens im‐ mo bi liers. Mais il y a de vastes pro vinces qui gisent non dé fri chées,non pas des pro vinces ex cen trées mais bien tout au cœur de notrepays. Par exemple, pre nez les formes de pro cès, le cœur du droit an‐ glais  ; écrire leur his toire fe rait un livre très in té res sant, com po sant

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comme il se doit avec les évo lu tions des grandes concep tions élé‐ men taires, la pro prié té, la pos ses sion, le contrat, le pré ju dice etautres no tions de ce genre. Peut- être y a- t-il des pays dans les quelsl’écri ture de mo no gra phies his to riques prend trop de place  ; mais ilas su ré ment mieux d’en avoir trop qu’au cune. Et en core une fois, re‐ gar dez l’état des sources, re gar dez les al té ra tions déses pé rantes su‐ bies par les écrits des Year Books puis consul tez un vo lume de M. Pi‐ ckles et voyez ce qui peut être fait. Alors, pen sez aux tonnes de rou‐ leaux de plai doi rie en core non pu bliés. Il est im pos sible de tous lesim pri mer ; mais ima gi nez ce que dix hommes pour raient faire en dixans, en sé lec tion nant, re co piant, in dexant, ré su mant  ; le gain se raiténorme, non seule ment pour l’his toire du droit an glaise, mais pourl’his toire du droit en gé né ral. Il y a tant à faire qu’il est dif fi cile de sa‐ voir par où com men cer. Celui qui vou drait écrire une his toire gé né‐ rale pense peut- être que sa tâche se rait fa ci li tée par des mo no gra‐ phies ; celui qui sou hai te rait écrire une mo no gra phie n’a pas la pos si‐ bi li té d’ob te nir les sources des ma nus crits ; pour au tant, c’est seule‐ ment les ef forts en vue d’écrire une his toire gé né rale qui per sua de‐ ront les hommes que les mo no gra phies sont né ces saires, ou qui lesmè ne ront à pas ser leur temps à tra vailler sur les rou leaux. Et ainsinous tour nons dans un cercle vi cieux.

Il y a je crois quelques dan gers à ce que l’his toire du droit an glais soitmieux connue et mieux en sei gnée dans d’autres pays que l’An gle terre.Concer nant les pé riodes très an ciennes, « les temps im mé mo riaux »,il y a non seule ment un dan ger mais un fait ac com pli. Cela ne noussur prend pas d’en tendre qu’une nou velle édi tion de notre an ciendroit a été pu bliée par la Ba va rian Aca de my  ; qui d’autre pu blie raitcette stu pide chose ? Et le pro ces sus d’an nexion est pous sé de plusen plus loin. Les étran gers savent que l’his toire de notre droit pré‐ sente un in té rêt par ti cu lier. Je ne parle pas sim ple ment des ma tièrespo li tiques, mais de notre droit privé, de notre droit pro ces suel, denotre droit pénal ; une grande par tie des meilleurs tra vaux qui ont étéfaits ne l’a pas été par des An glais. Je ne dirai rien de ce qui a été faiten Amé rique, car dans ce contexte nous ne pou vons trai ter les Amé‐ ri cains d’étran gers  ; notre droit est leur droit  ; par mo ment, nouspou vons même être assez cos mo po lites pour re gret ter la dis po si tiond’un uni vers pla çant nos re gistres dans un hé mi sphère et ceux enayant le meilleur usage dans l’autre. Et tous les étran gers sont les

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bien ve nus, les Fran çais et les Al le mands et les Russes  ; il y a bienassez de place, et plus qu’il n’en faut. Pour tant nous sommes les en‐ fants de ce royaume et je ne vois pas pour quoi nous de vrions nous enchas ser nous- mêmes. Mais nous sommes une na tion tel le menthumble, réel le ment. Il est fa cile de nous per sua der que l’his toire re‐ cu lée du droit ro main est in té res sante. Tout sa voir à pro pos de lapro cé dure for mu laire ro maine, en voilà de la science ju ri dique. Sa voirquoi que ce soit à pro pos de notre propre sys tème, que nous avonsaboli ré cem ment, ce se rait du pé dan tisme bar bare. Mais les étran gersne sont pas de cet avis.

Un bon com pro mis, il me semble, dé pen drait de la ré af fir ma tion denotre droit, sans en faire pour au tant un droit ex clu sif. Pen sez unmo ment aux men songes dis si mu lés au sein de l’écorce dure de l’his‐ toire du droit. Les do cu ments ju ri diques, les do cu ments du genre leplus tech niques, sont les meilleures, et sou vent les seules preuvesque nous ayons de l’his toire éco no mique et so ciale, de l’his toire de lamo rale, de l’his toire de la pra tique re li gieuse. Pre nez un vaste sujet – la condi tion de la ma jeure par tie des An glais au Bas Moyen Âge –, àsa voir la condi tion des vil la geois. Elle a pu nous être dé peinte avec lesdé tails les plus au then tiques ; ses as pects po li tiques, so ciaux, éco no‐ miques et mo raux ont été mis en lu mière ; chaque ten dance au pro‐ grès ou à la dé gra da tion peut être re tra cée ; notre ré serve de preuvesest in épui sable : mais per sonne ne pour ra en ex traire leur sens s’il n’apas la pa tience de maî tri ser un sys tème de plai doi rie et de pro cé dureex trê me ment for mel, s’il n’est pas fa mi lier d’un sché ma en tier d’ac‐ tions aux noms re bu tants. Il y a de larges et fer tiles éten dues de l’his‐toire que les his to riens se font une règle d’évi ter car ils sont trop ju ri‐ diques.

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Il est à peine be soin d’ajou ter que la science du droit com pa ré, « si ja‐ mais elle existe », im plique une étude ex trê me ment éla bo rée des sys‐ tèmes ju ri diques par ti cu liers, dotés pour cer tains de re gistres in tacts.« Si ja mais elle existe » : je me suis servi de cette ex pres sion pru denteuti li sée il y a treize ans dans la confé rence Sir Ro bert Rede 52 deSir Henry Maine. De ce grand homme qui, quand cette science exis‐ te ra sera ho no ré comme son pro phète, et son hé raut, de ce quegrand homme que nous avons perdu, puis- je dire cela ? – Sa pro fondemo des tie, son aver sion pour tout type de pa rade ou de pé dan tisme, lafas ci na tion in duite par son style su perbe sont en clins à dis si mu ler

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l’éten due et la pro fon deur de ses lec tures. Il fut bien plus qu’un éru‐ dit, mais pour tant il était éru dit, très éru dit dans toutes sortes dedroits. C’est seule ment par un ap pren tis sage sage et pro fond, ri gou‐ reux et tech nique, que nous pour rons ai sé ment ap pro cher de cesques tions uni ver selles et des ré ponses qu’il y a ap por té ou cri ti qué.Ce qui est ob te nu à moindre frais ne sera que conjec ture ou sim ple‐ ment un cu rieux re cueil de pe tits mor ceaux hé té ro clites, in cer tainset dis cu tables.

Et main te nant, pour quoi notre his toire n’est- elle pas écrite ? En pre‐ mier lieu, je pense que c’est à cause de l’iso le ment tra di tion nel del’étude du droit an glais com pa rée aux autres en sei gne ments, ce quis’illustre no tam ment par le fait que c’est seule ment ces der nières an‐ nées, an nées proches de nous pour nous qui avons tra ver sé lessiècles, que le droit an glais a trou vé une place dans les Uni ver si tés.En 1850, quand mon pré dé ces seur le pro fes seur Amos ac cé da à lachaire, le cours de droit an glais consis tait en un MA 53, un BA 54 etdeux un der gra duates 55. Il se rait d’ailleurs in té res sant, une pro chainefois, d’ex pli quer cela, d’ob ser ver la for ma tion d’écoles de droit àLondres pen dant que les uni ver si tés en sei gnaient à tou jours moinsd’étu diants un type de droit, le droit ro main ou le droit canon, quin’est pas le droit de King’s Courts, et dont l’im por tance pour la ma jo‐ ri té des An glais n’a cessé de dé cli ner. Ce pro ces sus a eu des ré sul tatsca pi taux et, toutes choses consi dé rées, nous ne pou vons le re gret ter.Si les uni ver si tés avaient en sei gné le droit an glais, il au rait cessé tôtou tard d’être an glais. En l’es pèce, l’édu ca tion des ju ristes an glais – jeparle du Bas Moyen Âge et du temps des Tudor – ne fut pas aca dé‐ mique  ; elle fut sco las tique. Ce se rait une gros sière er reur que desup po ser que les ju ristes de ce temps pra ti quaient leur droit de lama nière peu mé tho dique et pré caire connu sous le nom de « dis cus‐ sions en chambres ». Ils sont pas sés par des cours éla bo rés de sco las‐ tique qui s’ils n’étaient pas ri gou reux étaient au moins pro lon gés – dixou douze ans de « cours ma gis traux », « d’en traî ne ment à la plai doi‐ rie », de « si mu la tions de pro cès », d’écoute et de dis pense de confé‐ rences, et le suc cès de la sco las tique s’ex plique car elle était la voievers les avan tages et les hon neurs. Le droit éla bo ré par cette écoles’est avéré d’une grande uti li té : il fut le pont qui nous a conduit sansdom mage des temps mé dié vaux aux temps mo dernes, et nous pou‐ vons l’en fé li ci ter. Mal gré tout, il y a une chose que cette école ne

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pou vait pas faire, à sa voir pro duire son propre his to rien. L’his toireim plique des com pa rai sons et les ju ristes an glais qui ne connais saientrien et ne se pré oc cu paient d’aucun autre sys tème que le leur nepou vaient qu’en tra per ce voir l’idée d’une his toire du droit. Et quand levieux pro jet d’édu ca tion sco las tique s’est ef fon dré, aucun autre pro jetne l’a rem pla cé. Il est peut être trop fort de dire que per sonne n’a en‐ sei gné le droit ou n’a tenté de l’en sei gner, ou que l’étude de l’his toiredu droit ne se fit qu’avec des in ten tions pu re ment pra tiques. Quelsque soient les avan tages d’un tel mode d’étude il n’a ja mais abou ti àune his toire écrite du droit an glais.

L’un des grands ma nuels de droit du der nier siècle peut ser vir à illus‐ trer deux points, bien que j’hé site un peu à men tion ner le pre mier. Letra vail de Blacks tone fut l’un des pre miers fruits de la chaire de droit ;

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face à cet ou vrage, n’im porte quel pro fes seur de droit se sen ti ra toutpetit, mais là se tient le mo nu ment im pé ris sable de ce qui peut êtrefait en obli geant un ju riste à en sei gner le droit. Mais en se cond lieu,lais sez nous re la ter l’un des plus grands ex ploits de Blacks tone, sonex po sé de notre loi agraire et de notre his toire. N’im porte qui de nosjours peut re pé rer les failles du « sys tème féo dal » et cer tains grandsau teurs peuvent à peine le men tion ner sans perdre leur sang froid.Pour au tant, ce fut la théo rie du sys tème féo dal qui per mit à Blacks‐ tone de peindre sa grande œuvre, un ta bleau in com plet et plein d’er‐ reurs, mais le pre mier ta bleau ja mais peint. D’où a- t-il tiré cette théo‐ rie qui a rendu cela pos sible ? De Coke ? Coke n’a ja mais éta bli unetelle théo rie et parce qu’il n’en avait pas, il fut in ca pable de don ner uncompte- rendu ar ti cu lé du droit qu’il connais sait si bien. Non, le sys‐ tème féo dal fut le pre mier essai de droit com pa ré, et l’homme quiper mit la ma jeure par tie de l’in tro duc tion de ce sys tème en An gle‐ terre fut Henry Spel man. C’est grâce à l’idée d’un droit com mun àtous les pays d’Eu rope de l’Ouest que Blacks tone put ex po ser le droitan glais d’une ma nière ra tion nelle. La même consta ta tion peut êtrefaite tout au long de la vie de notre na tion ; un sys tème isolé ne peuts’ex pli quer lui- même, en core moins ex pli quer son his toire. Quand degrandes œuvres ont été faites, de fer tiles germes avaient été souf flésde l’étran ger  ; tan tôt ce fut l’in fluence d’Azo et tan tôt celle des feu‐ distes Lom bards, tan tôt celle de Sa vi gny et tan tôt celle de Brun ner.Lais sez moi bien me faire com prendre : – il y a peu de « droit com pa‐ ré » pour ceux qui ne connaissent pas ex trê me ment bien les points àcom pa rer, peu de « droit com pa ré » pour les An glais qui ne se sontpas échi nés sur les re cueils de ju ris pru dence  ; mais rien ne pousseplus un homme à pen ser ou écrire avec suc cès à pro pos d’un sys tèmeju ri dique et son his toire qu’une connais sance, aussi pe tite soit- elle,d’autres sys tèmes et leur his toire. Une des causes ex pli quant que sipeu ait été fait à pro pos de notre droit mé dié val est, j’en suis sûr,notre igno rance, ab so lue et tra di tion nel le ment consa crée, concer‐ nant le droit fran çais et al le mand. Les ju ristes an glais ont, ces six der‐ niers siècles, exa gé ré la sin gu la ri té de notre his toire ju ri dique en sur‐ es ti mant et an ti da tant le triomphe du droit ro main sur le conti nent.J’en sais juste assez pour as su rer qu’il y a de grandes par ties du droitmé dié val très com pa rables au nôtre  ; en avoir une lé gère connais‐ sance nous ren ver rait vers notre Year Book avec une nou velle vi gueuret une nou velle in tel li gence.

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En se cond lieu, il semble exis ter un pa ra doxe, qui pa raît tou te fois êtrevrai, c’est que les pre miers temps du droit an glais ont été très peuétu diés car tous les ju ristes an glais sont cen sés en connaître quelquechose. Dans son pre mier ma nuel, l’étu diant est so len nel le ment aver tiqu’il doit sa voir le droit tel qu’il était au temps d’Édouard I, et mal heu‐ reu se ment il est tout à fait im pos sible d’écrire le livre le plus simple àpro pos de notre loi agraire sans évo quer le De  Donis 56 ou la QuiaEmp tores 57. Et bien, pour rait s’ex cla mer un étran ger, quelle race demé dié va listes devez- vous être, vous ju ristes an glais! Mais ren sei gne‐ ments pris, nous voyons que la né ces si té pra tique à une lé gèreconnais sance est un vé ri table obs tacle à l’ob ten tion d’un sur plus deconnais sance et de plus, ce qui est vrai ment de man dé d’un pra ti cienn’est pas, ex cep té en de très rares cas, une connais sance du droit mé‐ dié val tel qu’il fut pra ti qué au Moyen Âge, mais plu tôt une com pré‐ hen sion du droit mé dié val tel qu’in ter pré té par les tri bu naux mo‐ dernes pour s’adap ter aux faits mo dernes. Un ju riste trouve sur sonbu reau une af faire à pro pos d’un droit de ser vi tude qui le ren voie auSta tute of Mer ton 58. Mais est- ce réel le ment le droit de 1236 qu’il veutconnaître ? Non, il dé sire sa voir le ré sul tat ul time des in ter pré ta tionsfaites à pro pos de cette loi par les juges de puis vingt gé né ra tions. Plusla dé ci sion est mo derne, plus elle lui sera utile. Le pro ces sus don nantaux vieux prin cipes et aux an ciennes ex pres sions un nou veau conte‐ nu, est du point de vue des ju ristes une évo lu tion de l’in ten tion et dusens vé ri tables de l’an cien droit ; du point de vue des his to riens, c’estquasi- nécessairement un pro ces sus de per ver sion et de mé con nais‐ sance. Ainsi, nous avons tenté de mé lan ger deux lo giques dif fé rentes,la lo gique de l’au to ri té, et la lo gique de la preuve. Ce que le ju risteveut est l’au to ri té et le plus ré cent sera le mieux  ; ce que l’his to rienveut est la preuve et le plus an cien sera le mieux. Une fois éta bli, celapa raît évident ; mais sou vent nous nous le dis si mu lons sous quelqueex pres sion à pro pos du «  com mon law  ». Il est pos sible de trou verdans des ou vrages mo dernes des com pa rai sons entre les dires deBrac ton et de Coke à pro pos du droit en vi gueur avant les lois d’Ed‐ ward  I, et l’au teur bien sûr nous dit que Coke a «  la meilleure opi‐ nion  ». En effet si nous vou lons connaître le com mon law de nosjours, Coke a une au to ri té plus forte que Brac ton et ses théo ries sontd’un ap port cer tain aux dé ci sions mo dernes. Mais si en réa li té nousre cher chons le droit sous le règne de Henry III, le plus petit mot deBrac ton est in fi ni ment plus pré cieux que tous les tomes de Coke. Un

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mé lange de dogme ju ri dique et d’his toire ju ri dique est en gé né ral unmé lange in sa tis fai sant. Je ne dis pas qu’il n’y ni ju ge ment ni ma nuelayant réus si la dif fi cile tâche de com bi ner de pro fondes re chercheshis to riques avec une ex po si tion pré cise et lu mi neuse du droit exis‐ tant – sans confondre les dogmes ni per ver tir l’his toire ; mais la tâcheest dif fi cile. Un ju riste doit être or tho doxe sinon ce n’est pas un ju‐ riste  ; un his to rien or tho doxe me semble être une contra dic tion determes. Si cette vé ri té nous est ca chée par les ex pres sions ad mises àpro pos de «  la mé thode his to rique de l’étude du droit  », il y a uneautre rai son ex pli quant que l’his toire de notre droit ne soit pas écrite.Si nous ten tons de faire de l’his toire la ser vante du dogme, elle ces se‐ ra ra pi de ment d’être de l’his toire.

Ma cau lay, dans un pas sage amu sant, amu sant parce qu’il vient de lui,nous dit com bien «  la lit té ra ture his to rique de l’An gle terre a beau‐ coup souf fert de cir cons tances ayant gran de ment contri bué à lapros pé ri té du pays par ailleurs… Un Fran çais », dit- il, « n’est plus obli‐ gé par quelque puis sant in té rêt à exa gé rer ou di mi nuer le pou voir desrois de la branche des Va lois… Le fossé d’une grande ré vo lu tion sé‐ pare com plè te ment le nou veau de l’an cien sys tème. Il n’y a pas de telgouffre di vi sant l’exis tence de la na tion an glaise en deux par ties dis‐ tinctes… Les pré cé dents du Moyen Âge sont tou jours va lides et ilssont en core cités dans les oc ca sions les plus sé rieuses par leshommes d’états les plus émi nents… Dans notre pays, les in té rêts lesplus chers aux par ties ont été fré quem ment misés sur des re cherchesd’ar chéo logues. La consé quence in évi table fut que ces ar chéo loguescondui sirent leur re cherche dans un es prit par ti san  ». Enfin, ce re‐ proche a dis pa ru ; mais les ma ni pu la tions re quises pour que les pré‐ cé dents po li tiques du Moyen Âge servent les vi rages des Whigs oudes To ries furent de gros sières et évi dentes dé for ma tions, com pa réesau pro ces sus sub til contre le quel l’his to rien du droit se doit d’être surses gardes, pro ces sus sub til par le quel notre com mon law s’est gra‐ duel le ment ac com mo dé à des cir cons tances chan geantes. Je nedoute pas qu’il soit plus fa cile pour un Fran çais ou un Al le mand d’étu‐ dier le droit mé dié val que pour un An glais  ; ils n’ont pas en arrière- pensée la crainte que ce qu’ils disent soit sans «  va leur pra tique  »,qu’ils semblent per tur ber le droit ou usur per la fonc tion de juge. Ilexiste beau coup de bonnes rai sons de sou hai ter que cer tains do‐ maines de notre droit soient pro fon dé ment pur gés de leurs ar ‐

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chaïsmes ; de ces rai sons il n’est pas be soin d’en dire da van tage ; maisje suis sûr que l’étude de l’his toire du droit n’en pâ ti ra pas. Je n’ap pellepas « au fossé d’une grande ré vo lu tion », mais c’est dans l’in té rêt duMoyen Âge lui- même de ne plus être da van tage porté de vant les tri‐ bu naux. Sommes- nous en train de dire que l’étude du droit mo derneet l’étude de l’his toire du droit sont étran gères l’une à l’autre ? Ce se‐ rait une exa gé ra tion  ; mais c’est vrai et heu reu se ment vrai qu’unhomme peut être un ex cellent ju riste en ne sa chant que peu dechoses de loin taines pé riodes de notre his toire. Nous ne pou vons pasdire non plus que chaque ju riste avisé y trou ve ra un in té rêt ; cer tainsoui, d’autres non. Mais nous pou vons dire tou te fois qu’une for ma tionap pro fon die en droit mo derne est qua si ment in dis pen sable pour qui‐ conque sou haite réa li ser de bons tra vaux en his toire du droit. Quelleque soit la forme adop tée par l’his to rien du droit pour com mu ni querau monde ses ré sul tats – et le pré ju gé contre le fait de com men cerpar la fin est puis sant bien que dé rai son nable  – il doit sou vent tra‐ vailler du mo derne à l’an cien, du clair au vague, du connu à l’in con nu.Bien sûr il doit tra vailler en amont aussi bien qu’en aval  ; le flux doitêtre suivi aussi bien vers le bas que vers le haut ; mais le cou rant in fé‐ rieur a déjà été car to gra phié et en étu diant les meilleurs plans, il ap‐ pren dra où cher cher les sources. En core une fois je ne pense pasqu’un An glais soit assez pa tient pour étu dier la pro cé dure et les actesde ces sion de pro prié té mé dié vaux à moins qu’il n’ait étu dié de façonpro fes sion nelle la pro cé dure mo derne et les actes de ces sion mo‐ dernes.

Cela nous amène au cœur du sujet. De ma nière gé né rale, il est trèsim pro bable que les rares per sonnes de ce pays pos sé dant par fai te‐ ment les ac quis né ces saires pour ce tra vail le tentent. Ce sont des ju‐ ristes à la pra tique abon dante ou qu’ils es pèrent telle ; s’ils en ont legoût, il n’ont pas le temps ou le loi sir né ces saires aux re cherches his‐ to riques.

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Que peuvent donc faire les Uni ver si tés  ? Par don nez moi de re con‐ naître ne pou voir don ner de ré ponse très gaie à cette ques tion. Enpre mier lieu, l’objet d’une école de droit est d’en sei gner le droit, cequi n’est pas tout à fait la même chose que d’en sei gner l’his toire dudroit. Nous ne sou hai tons pas voir un pro fes seur de droit em pié tersur le ter rain d’un pro fes seur d’his toire, quoique le ré sul tat de notreconfi gu ra tion en Tri poses 59 fasse que l’his toire du droit est très clai‐

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re ment sé pa rée en deux écoles. En se cond lieu, je crois que qui‐ conque as pi rant à étu dier l’his toire du droit doit com men cer par étu‐ dier le droit po si tif. Dis po se rions nous du temps et de l’éner gie de cejeune homme des ti né – sû re ment est- il né à cette heure – à ra con terl’his toire du droit an glais, nous lui conseille rions de suivre les courspres crits par notre Tri pos, d’aller as sis ter aux dé bats des chambres etaux au diences des tri bu naux, même de faire ce qui est en son pou voirpour ac qué rir un peu de pra tique  ; il devra certes faire beau coupd’autres choses, mais celles- ci ne de vront pas être né gli gées. Troi siè‐ me ment, le temps que nous avons à notre dis po si tion est ex trê me‐ ment court. Nous ne pou vons comp ter sur un étu diant de pre miercycle pour consa crer plus de deux ans au droit an glais, et ce qu’ilpour ra ap prendre en deux ans n’est fi na le ment que peu, eu égard àl’am pleur consi dé rable de notre droit po si tif. Qua triè me ment, nosétu diants sont nom breux et nos pro fes seurs peu. Ainsi, j’en suis ar ri véà la conclu sion, bien à contre cœur au re gard de mes rêves, que dansl’en sei gne ment clas sique de nos écoles de droit il n’y a qu’une très pe‐ tite place pour l’his toire et qua si ment au cune pour l’his toire an‐ cienne. Dans le même temps, tous les ef forts pos sibles de vraient êtrefaits pour in ci ter quelques étu diants, ceux ayant le goût et le tempspour un tel tra vail, à por ter leur at ten tion vers ce grand et né gli gésujet. Puis- je men tion ner mon propre cas ? Je n’ai pas eu le pri vi lègede faire mon droit à Cam bridge, sinon peut- être n’aurais- je pas dûêtre avo cat pen dant sept ans avant d’avoir une quel conque idée del’en droit où se trouvent les sources di rectes du droit mé dié val. Il au‐ rait été sou hai table que nous eus sions plus de prix tel que celui deYorke ; il a déjà plus œuvré pour notre cause que tout ce que le Tri posa pu faire. Il au rait été sou hai table que notre grade de doc teur n’eûtcessé d’être ré ser vé à ceux qui ont fait des tra vaux consi dé rables enfa veur du droit ou de l’his toire du droit  : – mais qu’au rions nous pufaire pour les po ten tats et po li tiques et les autres ? Im pos sible de lesdé cla rer cou pable de théo lo gie ou mé de cine, donc il était com modede re cou rir au prin cipe ju ri dique selon le quel cha cun doit ap prendrele droit suf fi sam ment bien pour pré tendre au grade au doc teur.

Où donc ré side notre confiance ? Peut- être dans nos échecs. Il n’estpas agréable d’uti li ser ce mot en pré sence de la jeu nesse et de l’es‐ poir ; ce se rait plus plai sant de sou hai ter à tous nos étu diants le suc‐ cès dans la pro fes sion qu’ils ont choi si. Mais re gar dons les choses en

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face. Seuls quelques hommes ayant choi si ce mé tier y réus sissent : lesqua li tés qui font d’un homme un grand ju riste sont rares et le wool- sack 60 est une place très convoi tée. L’étu diant en droit de Cam bridgedoit être pré pa ré à un autre des tin. Le jour vien dra peut- être, oùl’âme em plie d’amer tume, il s’avoue ra qu’il n’at tein dra pas le suc cès,quand il sera las d’at tendre ce client qui ne vient ja mais, quand sonédu ca tion coû teuse et pro lon gée sem ble ra être du gâ chis. C’est alorsle mo ment plein d’es poir ; le mo ment où ce qui a pu être dit por te rases fruits. Loin de nous l’idée de sug gé rer qu’il n’y a qu’une seule issueà cette si tua tion dif fi cile  ; il y a beau coup de choses qu’un hommepeut mieux faire en connais sant un peu de droit. Mais en ces jours detour ment, il faut se sou ve nir que l’his toire du droit an glais n’a pas étéécrite. Peut- être notre étu diant ima gi naire n’est pas celui qui doit ar‐ ri ver, le grand homme d’un grand livre. Pour être franc avec lui, c’estpro bable  ; les grands his to riens sont au moins aussi rares que lesgrands ju ristes. Mais sans par ler de chefs d’œuvre, il y a de bons tra‐ vaux de toutes sortes à réa li ser, de larges pro vinces à re con qué rir, àpeu pler et à culti ver à l’usage de l’homme. Fai sons lui au moins sa voirqu’à moins de cinq cent mètres du ca bi net où il est assis ré side la plusglo rieuse ré serve de sources d’his toire du droit ja mais ras sem blées aumême en droit, aussi ac ces sible à tous que l’air ou la lu mière du so leil.Au moins peut- il re co pier, au moins peut- il or ga ni ser, ré su mer,mettre en état de ser vir. Ce n’est pas une oc cu pa tion très gran dioseet nous ne pou vons lui pro mettre beau coup d’ar gent ou de gloire –bien qu’il faille confes ser que ces humbles tra vaux étaient jusqu’à pré‐ sent ex trê me ment bien ré mu né rés. Il devra trou ver sa ré com pensedans son seul tra vail – nous ne pou vons même pas lui pro mettrecela ; mais ce tra vail doit être fait et le grand homme quand il vien draécri ra peut- être une note de bas de page re con nais sante à ceux quiont fa ci li té sa tâche, épar gné ses yeux et son temps.

Pour conclure ce long et morne dis cours, lais sez moi vous nar rer unehis toire. On ra conte qu’il y a long temps, un cer tain pro fes seur dedroit était aussi le pré sident d’une an cienne fran chise épis co pale. Ilest dit que l’une de ses dé ci sions fut citée de vant la cour pré si dée parun juge d’un genre au tre ment plus au guste, le Pré sident de la HauteCour d’An gle terre. « A- t-il dé cré té ceci ? », dit mon Lord. « Tiens, ilest juste bon à juger un ca hier » 61. Bien, je ne di rais pas que la seulechose à at tendre d’un pro fes seur de droit soit sa fonc tion pé da go‐

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gique, mais il doit en core y avoir des ca hiers, et je pas se rais vo lon tiersplus de temps à les cor ri ger s’ils étaient rem plis de la gloire su pé‐ rieure de l’his toire du droit an glais.

III. « Why The His to ry of En glishLaw is not writ ten », par Fre de ricWilliam Mait landThough I am spea king for the first time in a new cha rac ter, though Ihave be fore me the dif fi cult task of trying to fill the place of one whowas ho nou red by all who knew him and loved by all who knew himwell, I yet have not the di sad van tage – or should I say ad van tage? – ofco ming as a stran ger to the Cam bridge Law School. At any rate Imean to ex cuse my self on this oc ca sion from any sur vey of the wholeof the vast sub ject that has been com mit ted to my care; ra ther I willmake a few re marks about one par ti cu lar branch of study, a branchthat is very in ter es ting to me, though I hope that I shall never over‐ rate its im por tance. And if I have to say that it is not flou ri shing quiteas it ought to flou rish, be lieve me that this is said very mo dest ly.

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Our pa tience of cen ten nial ce le bra tions has been so mew hat se ve re lytas ked this year, ne ver the less it may be al lo wed me to re mind youthat next year will see the seven- hundredth bir th day of En glish legalme mo ry. The doc trine that our me mo ry goes back to the co ro na tionof Ri chard  I and no fur ther is of course a high ly tech ni cal doc trine,the out come of a sta tute of li mi ta tion, ca pri cious as all such sta tutesmust be; still in a cer tain sense it is cu rious ly true. If we must fix adate at which En glish law be comes ar ti cu late, be gins to speak to usclear ly and conti nuous ly, the 3 of Sep tem ber  1189 is per haps thebest date that we can choose. The wri ter whom we call Glan vill hadjust fi ni shed the first text- book that would be come a per ma nent clas‐ sic for En glish lawyers; some clerk was just going to write the ear liestplea- roll that would come to our hands; in a su perb se ries of suchrolls law was be gin ning to have a conti nuous writ ten me mo ry, a me‐ mo ry that we can still take in our hands and handle. I would not forone mo ment speak sligh tin gly of the me mo rials of an ear lier time,only I would lay stress on the fact that be fore the end of the twelfthcen tu ry our law is be co ming very clear and well at tes ted. When ano ‐

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ther cen tu ry has gone by and we are in Ed ward I’s reign the ma te rialsfor legal his to ry, ma te rials of the most au tho ri ta tive and au then tickind, are al rea dy an overw hel ming mass; per haps no one man willever read them all. We might know the law of Ed ward’s time in verymi nute de tail; the more we know the less ready shall we be to saythat there is any thing unk no wable. The prac ti cal limit set to ourknow ledge is not set by any lack of evi dence, it is the limit of our lei‐ sure, our strength, our stu dious ness, our cu rio si ty. Seven hun dredyears of ju di cial re cords, six hun dred years of law re ports; think howlong a time seven cen tu ries would be in the his to ry of Roman Law.

Our neigh bours on the conti nent are not so for tu nate as we are. Truethat for some very early ages they have ful ler me mo rials than we canshow; but al rea dy in the ele venth cen tu ry Do mes day Book stands outin its unique gran deur, and when our rolls of the King’s Court begin inRi chard’s day, when our ma no rial rolls begin in Henry III’s or John’s,and our Year Books in Ed ward I’s, then we be come the na tion whoselaw may be in ti ma te ly known. Owing to the very early cen tra li za tionof jus tice in this conque red coun try we ac qui red, owing to our sub‐ sequent good for tune we have pre ser ved, a se ries of re cords whichfor conti nui ty, ca tho li ci ty, mi nute de tail and au tho ri ta tive value has – I be lieve that we may sa fe ly say it – no equal, no rival, in the world.And let those who think the twelfth cen tu ry too late an age to be in‐ ter es ting, who wish for the law of more pri mi tive times, consi der howsound a base for their stu dies these re cords are. If once we were cer‐ tain of our twelfth cen tu ry we might un ders tand Do mes day, if oncewe un ders tood the state of En gland on the day when the Confes sorwas alive and dead, then we might turn with new hopes of suc cess tothe Anglo- Saxon dooms and land- books.

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I have said that our neigh bours are less for tu nate than we are; butper haps that is not so, for hoar ded wealth yields no in ter est. Of whathas been done for the his to ry of Roman law it is need less to speak;every shred of evi dence seems to have been cru shed and thra shedand for ced to give up its mea ning and per haps so mew hat more thanits mea ning. But look at the his to ry of French law or of Ger man law; ithas been writ ten many times on many dif ferent scales from that ofthe po pu lar hand book to that of the eru dite trea tise, while the mo‐ dern li te ra ture of mo no graphs on themes of legal his to ry is en or‐ mous, a li te ra ture the like of which is al most unk nown in En gland. For

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our ba ck ward ness it is some ex cuse, though hard ly a suf fi cient ex‐ cuse, that we are over bur de ned by our ma te rials, are be co ming al‐ ways bet ter aware at once of their great value and of their un ma na‐ geable bulk. A Ro ma nist may be able to say about some his to ri cal pro‐ blem – I know all the firs thand evi dence that there is, nay, I know itby heart; the tru th ful En glish his to rian will have to confess that hehas but flit ted over the sur face. On the other hand, if we com pare thetask of wri ting En glish legal his to ry with that which French and Ger‐ man his to rians have be fore them, there is a fact which goes far toout ba lance any di sad van tage oc ca sio ned by the heavy weight of ourma te rials. The early cen tra li za tion of jus tice gives to our his to ry awon der ful unity; we have not to com pare the cus toms of di vers pro‐ vinces, or the ju ris pru dences of rival schools; our sys tem is a singlesys tem and re volves round West mins ter Hall.

Well, I am afraid that it must be al lo wed that En glish men have notdone all that might have been ex pec ted of them by those who do notknow them well. I be lieve that no at tempt has ever been made towrite the his to ry of En glish law as a whole. The prai se wor thy work ofReeves on the law of the later middle ages was done at a dark timeand is long out of date. In some par ti cu lar de part ments very ex cellentwork has been done; the consti tu tio nal law of the middle ages hasbeen fully ex plo red; the same may be said of the consti tu tio nal law oflater days if we give to “consti tu tio nal” a nar row mea ning, and muchhas been done for cri mi nal law and real pro per ty law. But there arevast pro vinces which lie un re clai med, not out lying pro vinces but thevery heart of the coun try. For ins tance, take the forms of ac tion, thecore of En glish law; a his to ry of them ought to be a most in ter es tingbook, dea ling as it would have to deal with the evo lu tion of the greatele men ta ry concep tions, ow ner ship, pos ses sion, contract, tort andthe like. Per haps there are coun tries in which the wri ting of his to ri calmo no graphs has be come a nui sance; but sur ely it is bet ter to havetoo many than none at all. And then again, look at the state of the rawma te rial, look at the ho pe less mass of cor rup tion that passes as a textof the Year Books, then look at Mr Pike’s vo lumes and see what mightbe done. Then think of the tons of un prin ted plea rolls. It is im pos‐ sible to print them all; but think what ten men might do in ten years,by se lec ting, co pying, in dexing, di ges ting; the gain would be en or‐ mous, not me re ly for the his to ry of En glish law, but for the his to ry of

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law in ge ne ral. There is so much to be done that one hard ly knowswhere to begin. He who would write a ge ne ral his to ry thinks per hapsthat his path should be smoo thed by mo no graphs; he who wouldwrite a mo no graph has not the lei sure to win his raw ma te rial fromma nus cripts; but then only by ef forts at wri ting a ge ne ral his to ry willmen be per sua ded that mo no graphs are wan ted, or be brought tospend their time in wor king at the rolls. And so we go round in a vi‐cious circle.

There is I think some dan ger lest the his to ry of En glish law should bebet ter known and bet ter taught in other coun tries than in En gland.As re gards the very ol dest per iods, “the time beyond me mo ry,” this isno lon ger a dan ger but an ac com pli shed fact. It gives us no sur prisewhen we hear that a new edi tion of our ol dest laws will be pu bli shedby the Ba va rian Aca de my; who else should pu blish the stu pid things?And the pro cess of an nexa tion is being pu shed fur ther and fur ther.Fo rei gners know that the his to ry of our law has a pe cu liar in ter est. Iam not spea king me re ly of po li ti cal mat ters, but of our pri vate law,law of pro ce dure, cri mi nal law; a great part of the best work that hasbeen done has not been done by En glish men. Of what has been donein Ame ri ca we will say no thing, for in this context we can not treat theAme ri cans as fo rei gners; our law is their law; at times we can even becos mo po li tan en ough to re gret an ar ran ge ment of the uni verse whichhas pla ced our re cords in one he mis phere and those who would makethe best use of them in ano ther. And all fo rei gners are wel come,French men and Ger mans and Rus sians; there is room en ough and tospare; still we are the chil dren of the king dom and I do not see whywe should cast our selves out. But we are such a humble na tion, weare. It is easy to per suade us that the early his to ry of Roman law is in‐ ter es ting. To know all about the Roman for mu la ry sys tem, that is ju‐ ris tic science; to know any thing about our own for mu la ry sys tem,which we only abo li shed the other day, that would be bar ba rian pe‐ dan try. But fo rei gners do not take this view.

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A good deal, as it seems to me, de pends upon our as ser ting our right,though it be no ex clu sive right. Think for a mo ment what lies concea‐ led wi thin the hard rind of legal his to ry. Legal do cu ments, do cu mentsof the most tech ni cal kind, are the best, often the only evi dence thatwe have for so cial and eco no mic his to ry, for the his to ry of mo ra li ty,for the his to ry of prac ti cal re li gion. Take a broad sub ject – the condi‐

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tion of the great mass of En glish men in the later middle ages, thecondi tion of the vil la gers. That might be pic tu red for us in all tru th fulde tail; its po li ti cal, so cial, eco no mic, moral as pects might all bebrought out; every ten den cy of pro gress or de gra da tion might be tra‐ ced; our sup ply of evi dence is in ex haus tible: but no one will ex tractits mea ning who has not the pa tience to mas ter an ex tre me ly for malsys tem of plea ding and pro ce dure, who is not fa mi liar with a wholescheme of ac tions with re pul sive names. There are large and fer tiletracts of his to ry which the his to rian as a rule has to avoid be causethey are too legal.

It need hard ly be added that the science of com pa ra tive ju ris pru‐ dence “if it ever exists” will in volve the most ela bo rate study of par ti‐ cu lar sys tems of law, and among others as su red ly of that sys temwhich has the most un bro ken re cord. “If it ever exists”: – I have usedthe cau tious phrase used thir teen years ago by our Rede Lec tu rer, SirHenry Maine. Of the great man who when that science exists will beho nou red as its pro phet, and its he rald, of the great man whom wehave lost, may I say this? – His won der ful mo des ty, his dis like of allthat loo ked like pa rade or pe dan try, the fas ci na tion of his beau ti fulstyle are apt to conceal the width and depth of his rea ding. He wasmuch more than lear ned, but then he was lear ned, very lear ned inlaw of all sorts and kinds. It is only through lear ning wide and deep,tough and tech ni cal, that we can sa fe ly ap proach those world- wideques tions that he rai sed or cri ti cize the ans wers that he found forthem. What is got more chea ply will be guess- work or a me re ly cu‐ rious col lec tion of odds and ends, of pre ca rious odds and ques tio‐ nable ends.

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And now why is our his to ry un writ ten? In the first place, I think wemay say, be cause of the tra di tio nal iso la tion of the study of En glishlaw from every other study, an iso la tion which is illus tra ted by thefact that it is only of late years, late years to us who have been dea lingin cen tu ries, that En glish law has had a home in the Uni ver si ties. In1850 when my pre de ces sor Pro fes sor Amos came to the chair, theclass of En glish law in this Uni ver si ty consis ted of one M.A., oneB.A. and two un der gra duates. At ano ther time it may be in ter es ting toac count for this, to ob serve the for ma tion of law schools in Lon donwhile the Uni ver si ties are tea ching to ever fewer stu dents a kind oflaw, Roman and Canon Law, which is not the law of the King’s Courts,

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and be comes of ever less and less im por tance to the bulk of En glish‐ men. This pro cess had mo men tous re sults and, all things consi de red,we can not re gret them. If the Uni ver si ties had taught En glish law, En‐ glish law would soo ner or later have cea sed to be En glish. But as itwas, the edu ca tion of the En glish lawyer – I speak of the later middleages and of the Tudor time – was not aca de mic; it was scho las tic. Itwould be a great mis take to sup pose that the lawyers of that age gottheir law in the ha pha zard hand- to-mouth fa shion that is fa mi liar tous under the name of “rea ding in cham bers.” They went through anela bo rate scho las tic course which if not se vere was at least pro lon ged– ten or twelve years of “rea dings,” “moo tings” and “bol tings,” of hea‐ ring and gi ving lec tures, and the path of scho las tic suc cess was thepath to pro fit and to place. The law which this school evol ved stoodus in good stead: it was the bridge which car ried us sa fe ly from me‐ die val to mo dern times and we will speak well of it. But one thing itcould not do, it could not pos si bly pro duce its own his to rian. His to ryin volves com pa ri son and the En glish lawyer who knew no thing andcared no thing for any sys tem but his own hard ly came in sight of theidea of legal his to ry. And when the old scho las tic plan of edu ca tionbroke down no other plan took its place. It is hard ly too much to saythat no bo dy taught law or at temp ted to teach it, and that no one stu‐ died law save with the most pu re ly prac ti cal in ten tions. Wha te vermay be the ad van tages of such a mode of study it will never issue in awrit ten his to ry of En glish law.

The one great law book of the last cen tu ry may serve to illus trate twopoints, though I have some he si ta tion about men tio ning the first ofthem. Blacks tone’s work was the first fruits of a pro fes sor ship of law;in the pre sence of that book every pro fes sor of law will al ways feelvery small, but there it stands the im pe ri shable mo nu ment of whatmay be done by obli ging a lawyer to teach law. But in the se condplace let us take one of Blacks tone’s grea test ex ploits, his sta te mentof our land- law and of its his to ry. Every one now- a-days can pickholes in “the feu dal sys tem” and some great wri ters can hard ly men‐ tion it wi thout loss of tem per. But the theo ry of a feu dal sys tem it wasthat en abled Blacks tone to paint his great pic ture, a pic ture in com‐ plete and with many faults in it, but the first pic ture ever pain ted.Whence did he get the theo ry which made this pos sible? From Coke?Coke had no such theo ry and be cause he had none was ut ter ly unable

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to give any connec ted ac count of the law that he knew so well. No,the feu dal sys tem was a very early essay in com pa ra tive ju ris pru‐ dence, and the man who had the chief part in in tro du cing the feu dalsys tem into En gland was Henry Spel man. It was the idea of a lawcom mon to all the coun tries of Wes tern Eu rope that en abled Blacks‐ tone to achieve the task of sta ting En glish law in a ra tio nal fa shion.And so it will be found du ring the length of our na tio nal life; an iso la‐ ted sys tem can not ex plain it self, still less ex plain its his to ry. Whengreat work has been done some fer ti li zing germ has been waf tedfrom abroad; now it may be the in fluence of Azo and now of the Lom‐ bard feu dists, now of Sa vi gny and now of Brun ner. Let me not be mi‐ sun ders tood: –  there is not much “com pa ra tive ju ris pru dence” forthose who do not know tho rough ly well the things to be com pa red,not much “com pa ra tive ju ris pru dence” for En glish men who will notslave at their law re ports; but still there is no thing that sets a manthin king and wri ting to such good ef fect about a sys tem of law and itshis to ry as an ac quain tance ho we ver slight with other sys tems andtheir his to ry. One of the causes why so lit tle has been done for ourme die val law is I feel sure our very com plete and tra di tio nal ly conse‐ cra ted igno rance of French and Ger man law. En glish lawyers have forthe last six cen tu ries exag ge ra ted the uni que ness of our legal his to ryby over ra ting and an te da ting the triumphs of Roman law upon theconti nent. I know just en ough to say this with confi dence, that thereare great masses of me die val law very com pa rable with our own; a lit‐ tle know ledge of them would send us to our Year Books with new vi‐ gour and new in tel li gence.

In the se cond place it may seem a pa ra dox, but I think it true, that theear lier ages of En glish law are so lit tle stu died be cause all En glishlawyers are ex pec ted to know so me thing about them. In his first text- book the student is so lemn ly war ned that he must know the law as itstood in Ed ward  I’s day, and un for tu na te ly it is quite im pos sible towrite the sim plest book about our land- law wi thout spea king of theDe Donis and the Quia Emp tores. Well, a stran ger might ex claim, whata race of me die va lists you En glish lawyers ought to be! But on en qui‐ ry we shall find that the prac ti cal ne ces si ty for a lit tle know ledge is apo si tive obs tacle to the at tain ment of more know ledge and also thatwhat is real ly re qui red of the prac ti sing lawyer is not, save in the ra‐ rest cases, a know ledge of me die val law as it was in the middle ages,

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but ra ther a know ledge of me die val law as in ter pre ted by mo derncourts to suit mo dern facts. A lawyer finds on his table a case aboutrights of com mon which sends him to the Sta tute of Mer ton. But is itreal ly the law of 1236 that he wants to know? No, it is the ul ti mate re‐ sult of the in ter pre ta tions set on the sta tute by the judges of twen tyge ne ra tions. The more mo dern the de ci sion the more va luable for hispur pose. That pro cess by which old prin ciples and old phrases arechar ged with a new content, is from the lawyer’s point of view anevo lu tion of the true intent and mea ning of the old law; from the his‐ to rian’s point of view it is al most of ne ces si ty a pro cess of per ver sionand mi sun ders tan ding. Thus we are temp ted to mix up two dif ferentlo gics, the logic of au tho ri ty, and the logic of evi dence. What thelawyer wants is au tho ri ty and the newer the bet ter; what the his to‐ rian wants is evi dence and the older the bet ter. This when sta ted isob vious; but often we conceal it from our selves under some phraseabout “the com mon law.” It is pos sible to find in mo dern books com‐ pa ri sons bet ween what Brac ton says and what Coke says about thelaw as it stood be fore the sta tutes of Ed ward  I, and the wri ter ofcourse tells us that Coke’s is “the bet ter opi nion.” Now if we want toknow the com mon law of our own day Coke’s au tho ri ty is hi gher thanBrac ton’s and Coke’s own doc trines yield ea si ly to mo dern de ci sions.But if we are real ly loo king for the law of Henry III’s reign, Brac ton’sligh test word is in fi ni te ly more va luable than all the tomes of Coke. Amix ture of legal dogma and legal his to ry is in ge ne ral an un sa tis fac to‐ ry com pound. I do not say that there are not judg ments and text- books which have achie ved the dif fi cult task of com bi ning the re sultsof deep his to ri cal re search with lu mi nous and ac cu rate ex po si tion ofexis ting law – nei ther confoun ding the dogma nor per ver ting the his‐ to ry; but the task is dif fi cult. The lawyer must be or tho dox other wisehe is no lawyer; an or tho dox his to ry seems to me a contra dic tion interms. If this truth is hid den from us by cur rent phrases about “his to‐ ri cal me thods of legal study,” that is ano ther rea son why the his to ry ofour law is un writ ten. If we try to make his to ry the hand maid ofdogma she will soon cease to be his to ry.

Ma cau lay in an amu sing pas sage, amu sing be cause it comes fromhim, has told us how “the his to ri cal li te ra ture of En gland has suf fe redgrie vous ly from a cir cum stance which has not a lit tle contri bu ted toher pros pe ri ty.... A French man,” he says, “is not now com pel led by any

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strong in ter est ei ther to exag ge rate or to un der rate the power of thekings of the house of Va lois..... The gulph of a great re vo lu tion com‐ ple te ly se pa rates the new from the old sys tem. No such chasm di‐ vides the exis tence of the En glish na tion into two dis tinct parts....With us the pre ce dents of the middle ages are still valid pre ce dentsand are still cited on the gra vest oc ca sions by the most eminent sta‐ tes men.... In our coun try the dea rest in ter ests of par ties have fre‐ quent ly been sta ked on the re searches of an ti qua ries. The in evi tableconse quence was that our an ti qua ries conduc ted their re searches inthe spi rit of par ti sans.” Well, that re proach has pas sed away; but thema ni pu la tion which was re qui red to make the po li ti cal pre ce dents ofthe middle ages serve the turn of Whig or Tory was a co arse and ob‐ vious dis tor tion when com pa red with the subtle pro cess againstwhich the his to rian of our law will have to be on his guard, the subtlepro cess whe re by our com mon law has gra dual ly ac com mo da ted it selfto chan ged cir cum stances. I make no doubt that it is ea sier for aFrench man or a Ger man to study me die val law than it is for an En‐ glish man; he has not be fore his mind the fear that he is saying what isnot “prac ti cal ly sound,” that he may seem to be un set tling the law orusur ping the func tions of a judge. There are many good rea sons forwi shing that some parts of our law, no ta bly our land- law, were tho‐ rough ly pur ged of their ar chaisms; of these rea sons it is need less tosay any thing; but I am sure that the study of legal his to ry would notsuf fer the re by. I do not ask for “the gulph of a great re vo lu tion”; but itis to the in ter est of the middle ages them selves that they be notbrought into court any more. Are we to say then that the study ofmo dern law and the study of legal his to ry have no thing to do witheach other? That would be an exag ge ra tion; but it is true and hap pi lytrue that a man may be an ex cellent lawyer and know lit tle of the re‐ mo ter parts of his to ry. We can not even say that every sound lawyerwill find an in ter est in them; many will; some will not. But we can saythis, that a tho rough trai ning in mo dern law is al most in dis pen sablefor any one who wishes to do good work on legal his to ry. In wha te verform the his to rian of law may give his re sults to the world – and thepre ju dice against be gin ning at the end is strong if un rea so nable – hewill often have to work from the mo dern to the an cient, from theclear to the vague, from the known to the unk nown. Of course hemust work for wards as well as ba ck wards; the stream must be tra ceddown wards as well as up wards; but the lower reaches are al rea dy

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map ped and by stu dying the best maps of them he will learn where tolook for the sources. Again I do not think that an En glish man willoften have the pa tience to study me die val pro ce dure and conveyan‐ cing un less he has had to study mo dern pro ce dure and mo dernconveyan cing and to study them pro fes sio nal ly.

This brings us to the heart of the mat ter. The only per sons in thiscoun try who pos sess very fully one of the great re qui sites for thework are as a rule very un li ke ly to at tempt it. They are lawyers withabun dant prac tice or hopes of abun dant prac tice; if they have thetaste they have not the time, the ample lei sure, that is ne ces sa ry forhis to ri cal re search.

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What then can the Uni ver si ties do? Par don me if I say that I do notans wer this ques tion very cheer ful ly. In the first place, the ob ject of alaw school must be to teach law, and this is not quite the same thingas tea ching the his to ry of law. We should not wish to see a pro fes sorof law brea king and en te ring the close of the pro fes sor of his to ry,though the re sult of our scheme of Tri poses may be that legal his to ryfalls to the ground bet ween two schools. Se cond ly, I be lieve that anyone who as pires to study legal his to ry should begin by stu dying mo‐ dern law. Could we dis pose of the time and ener gies of the youngman who is des ti ned – sur ely he is born by this time – to tell the storyof En glish law, we should ad vise him to pur sue some such course ofrea ding as that pres cri bed for our Tri pos, to go into cham bers andinto court, even to do what in him lies to ac quire some small prac tice;many other things he should do, but these should not be left un done.Third ly, the time that we have at our com mand is ex cee din gly short.We can not re ckon that an un der gra duate will give so much as twoyears to En glish law, and what he can learn in two years is not verymuch, re gard being had to the en or mous scope of our mo dern law.Fourth ly, our stu dents are many and tea chers are few. Thus I havecome to the conclu sion, re luc tant ly for I have had my dreams, that inthe or di na ry tea ching of our law school there is very lit tle room forhis to ry, hard ly any for re mote his to ry. At the same time every ef fortshould be made which can pos si bly have the re sult of in du cing a fewstu dents, those who will have taste and lei sure for the work, to turntheir thoughts to wards the great ne glec ted sub ject. They might atleast learn to know where the evi dence lies. May I men tion my owncase? I had not the ad van tage of stu dying law at Cam bridge, other‐

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wise per haps I should not have been a bar ris ter of seven years’ stan‐ ding be fore I had any idea of the whe rea bouts of the first- hand evi‐ dence for the law of the middle ages. It were to be wi shed that wehad more prizes like the Yorke prize; al rea dy it has done more for thecause than any Tri pos could do. It were to be wi shed that our doc tor’sde gree had all along been re ser ved for those who had done someconsi de rable thing for law or legal his to ry: – but then what could wehave done for po ten tates and po li ti cians and such? Im pos sible toconvict them of di vi ni ty or me di cine, it was conve nient to fall back onthe legal prin ciple that every one must be taken to know the law suf‐ fi cient ly well to be a doc tor the reof.

Where then lies our trust? Per haps in fai lure. Fai lure is not a plea santword to use in the pre sence of youth and hope; it would be plea san‐ ter to wish all our law stu dents suc cess in their cho sen pro fes sion.But let us look facts in the face. Only a few of the men who choosethat pro fes sion suc ceed in it: the qua li ties which make a man a greatlawyer are rare and the space on the wool- sack is strict ly li mi ted. TheCam bridge law student should be pre pa red for ei ther for tune. Theday may come when in the bit ter ness of his soul he will confess thathe is not going to suc ceed, when he is weary of wai ting for that so li‐ ci tor who never comes, when the pro lon ged and cost ly edu ca tionseems thrown away. That is the ho pe ful mo ment; that is the mo mentwhen so me thing that has been said here may bear its fruit. Far be itfrom us to sug gest that there is but one outgo from the dis mal si tua‐tion; there are many things that a man can do the bet ter be cause heknows some law. But in that day of tri bu la tion may it be re mem be redthat the his to ry of En glish law has not been writ ten. Per haps ourima gi na ry student is not he that should come, not the great man forthe great book. To be frank with him, this is pro bable; great his to riansare at least as rare as great lawyers. But short of the very grea testwork, there is good work to be done of many sorts and kinds, largepro vinces to be re clai med from the waste, to be set tled and culti va‐ ted for the use of man. Let him at least know that wi thin a quar ter ofa mile of the cham bers in which he sits lies the most glo rious store ofma te rial for legal his to ry that has ever been col lec ted in one place,and it is free to all like the air and the sun light. At least he can copy,at least he can ar range, di gest, make ser vi ceable. Not a very splen didoc cu pa tion and we can not pro mise him much money or much fame

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NOTES

1 D. Rab ban, Law’s His to ry — Ame ri can Legal Thought and the Trans at lan ticTurn to His to ry, Cam bridge Uni ver si ty Press, 2013, p. 383.

2 M. Lob ban, « The Va rie ty of Legal His to ry », Clio@Thé mis, 5, 2012, p. 4.

3 The Cam bridge His to ry of En glish and Ame ri can Li te ra ture, A.-W. Ward etW.-P. Trent, et al., vol. 14, par tie 2, New York : G. P. Put nam’s Sons, 1907–21 ;New York : Bart le by.com, 2000.

4 D. Sills,, In ter na tio nal En cy clo pe dia of the So cial Sciences, The Mac mil lanCom pa ny and The Free Press, vol 9, New York, 1968, p. 233.

5 Ibi dem.

6 G.  Le  Bras, «  Le sens de la vie dans l’his toire du droit  : l’œuvre de F.-W.  Mait land  », An nales d’his toire éco no mique et so ciale, 2   année, 7, 1930,p. 387-404.

7 D. Rab ban, « From Maine to Mait land via Ame ri ca », Cam bridge Law Jour‐ nal, 68/2, juillet 2009, p. 410-435.

8 The Col lec ted Pa pers of Fre de ric William Mait land, vol. 1, H.A.L. Fi sher ed.,Cam bridge Uni ver si ty Press, vol. 1, 1911, p. 202-229, 230-246, 304-328.

– though let it be confes sed that such humble work has be fore nowbeen ex tra va gant ly re war ded. He may find his re ward in the work it‐ self: – one can not pro mise him even that; but the work ought to bedone and the great man when he comes may fling a foot- note of gra‐ ti tude to those who have smoo thed his way, who have saved his eyesand his time.

At the end of this long and dis mal dis course let me tell a story. It issaid that long ago a cer tain pro fes sor of En glish law was also the chiefjus tice of an an cient epi sco pal fran chise. It is said that one of his ru‐ lings was cited in the court pre si ded over by a chief jus tice of a moreau gust kind, the Lord Chief Jus tice of En gland. “Did he rule that?” saidmy lord, “why he is only fit to rule a copy- book.” Well, I will not saythat this pe da go gic func tion is all that should be ex pec ted of a pro‐ fes sor of law; but still copy- books there ought to be and I would glad‐ ly spend much time in ru ling them, if I thought that they were to befilled to the grea ter glory of the his to ry of En glish law.

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9 G. Le Bras, « Le sens de la vie », Ibi dem, p. 388.

10 Ibi dem.

11 The Cam bridge His to ry of En glish and Ame ri can Li te ra ture, ibi dem.

12 G. Le Bras, ibid., p. 390.

13 The Cam bridge His to ry of En glish and Ame ri can Li te ra ture, ibid.

14 D. Rab ban, Law’s His to ry, op. cit., p. 383.

15 G. Le Bras, ibid., p. 390.

16 D. Rab ban, Law’s His to ry, ibi dem, p. 393.

17 Ibid., p. 383.

18 Ibid., p. 394.

19 The Cam bridge His to ry of En glish and Ame ri can Li te ra ture, ibid.

20 D. Rab ban, « From Maine », op. cit., p. 410-435.

21 G. Le Bras, ibid., p. 389.

22 D. Rab ban, Law’s His to ry, op. cit., p. 420.

23 M. Lob ban, « The Va rie ty of Legal His to ry », art. cit., p. 6.

24 M. Lob ban, ibi dem, p. 4.

25 Ibid., p. 6.

26 D. Rab ban, « From Maine », art. cit., p. 410-435.

27 D. Rab ban, Law’s His to ry, op. cit., p. 401.

28 Ibid., p. 384.

29 F. W. Mait land, « Why the His to ry of En glish Law Is Not Writ ten », TheCol lec ted Pa pers of Fre de ric William Mait land, vol. 1, op. cit., p. 480-497.

30 D. Rab ban, « From Maine », art. cit., p. 410-435.

31 The Col lec ted Pa pers of Fre de ric William Mait land, op. cit., vol. 2, p. 255 ;D. Rab ban, « From Maine », art. cit., p. 410-435.

32 G. Le Bras, ibid., p. 391.

33 H. A. L. Fi scher, Fre de ric William Mait land : A Bio gra phi cal Sketch, Cam‐bridge Uni ver si ty Press, 1910, p.  2-5  ; D.  Rab ban, Law’s His to ry, op.  cit.,p. 390.

34 Parti sou hai tant le main tien total ou par tiel de l’Ir lande dans leRoyaume- Uni.

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35 D. Rab ban, Law’s His to ry, op. cit., p. 390.

36 G. Le Bras, ibid., p. 389.

37 D. Rab ban, Law’s His to ry, op. cit., p. 390.

38 F. W. Mait land, « Why the His to ry », ibid., p. 491.

39 G. Le Bras, ibid., p. 391.

40 F. W. Mait land, « Why the His to ry », ibid., p. 486.

41 Ibid., p. 488.

42 J.-H. Baker, « Why The His to ry of En glish Law Has not Been Fi ni shed »,Cam bridge Law Jour nal, March 2000, p. 62-84.

43 Ibi dem, p. 83.

44 S. F. C. Mil som, Fre de rick Pol lock and Fre de ric Mait land, The His to ry ofEn glish Law be fore the Time of Ed ward I, Cam bridge Press Uni ver si ty, 1968,p. XXIII, dans D. Rab ban, Law’s His to ry, op. cit., p. 418.

45 J.-H. Baker, « Why The His to ry of En glish Law », op. cit., p. 83.

46 Ibid., p. 84.

47 Ibid.

48 En fran çais, Livre du Ju ge ment Der nier. Do cu ment ca das tral ter mi né en1086, éta bli à la de mande de Guillaume le Conqué rant, qui sou hai taitconnaître pré ci sé ment les biens et res sources des ha bi tants afin de pou voiréta blir un impôt royal (toutes les notes sont de la tra duc trice).

49 Cour du Roi, au tre fois dé nom mée Curia Regis  : cet or gane, formé denobles et d’ec clé sias tiques, était char gé d’as sis ter le roi en ma tière lé gis la‐ tive. Il se di vi sa en deux en ti tés dis tinctes au XII  siècle, la Court of Com monPleas et le King’s Bench, pour se trans for mer en Par le ment en 1268.

50 Nom mo derne donné aux pre miers re cueils de ju ris pru dence dres sésentre 1268 et 1535. La Sel den So cie ty en pro po se ra des édi tions ré centes àl’usage des his to riens et des ju ristes.

51 Édouard le Confes seur (mort en 1066), der nier roi d’An gle terre avant laconquête de ce ter ri toire par Guillaume II de Nor man die.

52 Les Sir Ro bert Rede’s Lec tures ou plus fré quem ment Rede Lec tures sontdes confé rences pu bliques don nées à l’uni ver si té de Cam bridge ; elles tirentleur nom de Sir  Ro bert Rede, pré sident de la Haute Cour de Jus tice auXVI  siècle. Celle à la quelle Fre de ric Mait land fait ex pli ci te ment ré fé rence a

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pour titre The ef fects of ob ser va tion of India upon mo dern Eu ro pean thoughtet a été don née par Maine en 1875.

53 Mas ter.

54 Pre mier cycle uni ver si taire.

55 Cours de li cence.

56 Dont le nom com plet est De donis condi tio na li bus. Il s’agit d’un cha pitredes En glish Sta tutes of West mins ter (1285) à l’ori gine de la loi sur les suc ces‐ sions.

57 Loi an glaise de 1290 (aussi ap pe lée Third Sta tute of West mins ter) in ter di‐ sant l’in féo da tion.

58 Texte du XIII  siècle consi dé ré comme la pre mière loi an glaise.

59 Spé ci fiques à l’uni ver si té de Cam bridge, exa mens dont la dif fi cul té estre con nue et qui donnent lieu à des clas se ments, à tel point qu’ils sont par‐ fois as si mi lés à des concours. Le plus dis pu té fut long temps le ma the ma ti caltri pos.

60 Siège du Grand Chan ce lier d’An gle terre à la Chambre des Lords.

61 Jeu de mot in tra dui sible : « Did he rule that ? Why he is only fit to rule acopy- book ». To rule peut se tra duire par gou ver ner comme par sta tuer.

RÉSUMÉS

FrançaisDans ce dis cours inau gu ral, Mait land re vient sur ce qu’il es time être une la‐ cune concer nant l’his toire du droit de son pays. Contrai re ment à ce qu’il ob‐ serve dans d’autres pays, il lui semble en effet que l’étude de l’his toire dudroit de l’An gle terre n’a été qu’ef fleu rée, sans faire l’objet d’une étude ap pro‐ fon die. Dé plo rant ce manque, qu’il im pute à la grande masse de sources dis‐ po nibles, à un cer tain pas séisme et aux mé thodes d’en sei gne ment, il en pro‐ fite pour in vi ter à la re cherche et don ner des pistes mé tho do lo giques poury par ve nir.

EnglishIn this open ing speech, Mait land out lined a gap in the field of the his tory oflaw of his coun try. Un like some oth ers coun tries, he con sidered that theHis tory of Eng lish Law was only touched on briefly, without any in- depthstudy. He re gret ted this weak ness, which he at trib uted to the over whelm ingmass of ma ter i als for legal his tory, to a cer tain at tach ment to the past and

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to teach ing meth ods. On the basis of his find ings, he pro moted re search inre la tion to this field and pro posed some meth od o lo gical ap proaches.

INDEX

Mots-cléshistoire du droit anglais, enseignement, sources du droit, droit comparé.

Keywordshistory of English law, legal education, materials for legal history,comparative law.

AUTEUR

Frederic William MaitlandUniversity of Cambridge

TRADUCTEUR

Prune DecouxDoctorante, Université de BordeauxCentre aquitain d’histoire du droit (CAHD)EA 503