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Cuijla. Esbozo etnografico de un pueblo negro. (Cuijla. Esquisse ethnographique d'unepopulation noire) by Gonzalo Aguirre BeltranReview by: R. B.Archives de sociologie des religions, 3e Année, No. 5 (Jan. - Jun., 1958), pp. 170-171Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30114405 .

Accessed: 16/06/2014 03:14

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ARCHIVES DE SOCIOLOGIE DES RELIGIONS

D. B. a pass6 une grande partie de sa vie dans les pays dont il parle. Il nous livre le rdsultat de ses r6flexions au temps oh il enseignait sur les lieux mimes de la crise, a J6rusalem, L

Iaiffa et B Amann. D'autre part, alors que ses prid6cesseurs se placent directement sur le plan politique, l'auteur, bien qu'il soit professeur de science politique B Kenyon College, adopte un point de vue r~solument religieux, ce qui donne ? ses analyses un tour nouveau et plus profond.

Il estime que les thbologiens chr6tiens, tant catholiques que protestants, trop exclusivement prboccup~s de l'aspect (( ternel de l'oeuvre de Dieu ? travers I'histoire, ont abouti g un alamentable Achec en ce qui concerne le Proche-Orient. Il reprend done l'analyse des divers facteurs religieux en lutte dans cette partie du monde. Au Judaisme sont consacr6s les trois premiers chapitres. L'ktude rapide des principaux points de la doctrine juive est int6ressante, mais minimise beaucoup trop son aspect a thdologique a et la diversit profonde des diverses tendances qui se heurtent en son sein. Par contre l'auteur a bien montr6 comment le Sionisme, tout en laicisant l'hdritage millbnaire de la pens~e juive, en conserve I'aspect ((universaliste n, ce qui cr6e pour les juifs du monde entier un veritable problkme de conscience. Quant au portrait de c l'homme de la rue en Israel S, si bien des traits d~notent le t6moin oculaire, le jugement d'ensemble trop s~vbre trahit l'influence des pr~jug~s courants dans 'an- cienne ( Puissance Mandataire v.

Les trois chapitres suivants sont consacr~s aux Musulmans. Dans l'4tude de la vie reli- gieuse de l'Islam, on ne voit pas suffisamment la complexit6 des tendances et des traditions qui se heurtent. Par contre, les arguments politiques de l'action arabe sont longuement analysks avec une faveur, que l'auteur ne parvient pas toujours s dissimuler. Quant l'Ptude sur le rble de l'Egypte, on la sent toute imprbgnue des rkactions ambricaines au moment des 6v~nements de Suez.

Les trois chapitres, oih al'Occidents est 4tudi6 sur le triple plan religieux, politique et Spopulaire s, sont nettement insuffisants tant par les simplifications abusives que par les jugements de valeur port6s par D. B. sur l'attitude des diffdrents pays i l'Pgard du Proche-Orient. La fin de l'ouvrage vient porter le comble A la confusion et riv6ler le point faible de toute l'argumentation. Pour l'auteur, le Proche-Orient est un champ de bataille, oh s'affrontent des forces d'ordre universel, qui transcendent le plan politique: la Chrn6tient6, l'Islam, l'humanisme scientifique, le nationalisme et le communisme. Or ces

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forces ne s'identidient pas avec les trois ensembles qu'il nous a dbcrits. Le communisme en particulier apparait sans cesse au cours de l'ouvrage, surtout dans les chapitres qui ddcrivent l'homme de la rue, mais nulle part il n'a droit ? une analyse approfondie, au m~me titre que le Judaisme ou l'Islam. On a l'impres- sion que, pour l'auteur, le TJudaisme est I'instrument du communisme un peu comme l'Occident est l'instrument de la Chr~tient6. Ceci 6voque pour nous de vieux souvenirs! Quant B la Chritient6, les perspectives qu'on nous ouvre comportent un 6tonnant mdlange de vues religieuses et de gestes politiques dans une confusion pleine de bonnes intentions. Cette 6quivoque, qui 6clate ainsi au grand jour, explique le malaise ressenti tout au long de l'ouvrage et rend difficilement admissibles les conclusions d'un travail oh l'auteur avait pourtant fait preuve d'une connaissance pro- fonde des hommes et des choses et d'un rnel souci d'objectivit6.

J. H.

80 AGUIRRE BELTRAN (Gonzalo).

Cuijla. Esbozo etnografico de un pueblo negro. (Cuijla. Esquisse ethnographique d'une population noire). Mexico, Fondo de Cultura Economica, 1958, 243 p.

Contrairement L des opinions traditionnel- lement d~fendues, le noir a 6t6 pr6sent au Mexique et sa prdsence a 6te une presence dynamique. Nul n'a pins fait pour ~tablir ces deux theses que G. Aguirre Beltran. Cuijla constitue l'6tude d'une communaut6 nkgre de la cbte Pacifique et une contribution importante aux problLmes d'acculturation.

Au point de vue religieux, ces noirs, des- cendants d'esclaves et de ndgres marrons, ont accept6 le catholicisme. Mais ils ont en mLme temps retenu des traits de leurs propres religions qu'ils ont syncritis6s avec le chris- tianisme, par exemple la distinction du corps, de l'Lme, de l'ombre et de ce que les africa- nistes appellent l'Lme de la brousse et qui porte L Cuijla le nom de tono (animal sauvage li6 L l'individu); en rnalitL l'id~e d'Lme est d'origine catholique tandis que celle d'ombre est africaine; aprLs la mort, Ame et ombre s'identifient pour former 1'Esprit. Ces noirs ont aussi conserve la pratique du double enterrement, en l'adaptant aux normes chritiennes, et le culte des anchtres survit dans les rites du 2 novembre. Il faut noter aussi que le mariage catholique est le propre d'un certain statut social, celui des rares blancs et mulitres clairs de la communautb, tandis que les noirs fonc~s pratiquent le

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BULLETIN DES OUVRAGES

mariage par rapt, le mariage coutumier et la polygamie sous la forme de l'6pouse 16gitime et d'une ou plusieurs c ch~ries habitant d'autres quartiers du bourg ou la campagne. Les conceptions africaines de l'origine surna- turelle des maladies et de leur gu~rison magi- que subsistent igalement, mais les noirs de Cuijla font appel aux Indiens des environs pour traiter leurs malades par le proc~d6 indigene de la succion de la partie atteinte et l'expulsion du mal sous la forme de petites pierres ou de petits animaux. Beltran a insist sur ces survivances et ces emprunts, mais ili n'6tudie pas dans son livre les grandes fetes catholiques comme la Noel ou la Saint-Jean, ce qui fait que nous ne savons pas en quoi consiste le catholicisme populaire des habi- tants de Cuijla.

R. B.

81 AGUIRRE BELTRAN (Gonzalo).

M6dicina y Magia, El proceso de Acultu- ration y el Curanderismo en Mexico. (M6decine et magie. Le processus d'accultu- ration et la m~decine des gu6risseurs A Mexico). Mexico, 1955. Cours mimiographie.

Aprbs avoir itudid les trois grandes sources de la mbdecine syncr~tique qui domine dans les campagnes mexicaines, la mbdecine indienne, la mddecine espagnole et enfin la m6decine n~gre, G. A. B. ddcrit avec beaucoup de soin la m~decine des a gudrisseurs D ruraux qui ont emprunt6 leurs proc~d~s A ces trois sources. Sans 6tudier toutes les plantes qui rentrent dans la pharmacop6e de ces gu~ris- seurs, il consacre deux chapitre importants aux plantes sacries, le tabac et le peyotl. Le dernier chapitre du livre est consacr6 A l'ana- lyse du nagalisme qu'il ne faut pas confondre avec l'Ame tono des noirs de Cuijla (voir supra, no 80). Ce qu'une sociologie des reli- gions doit retenir de cet ouvrage, c'est d'abord le caractbre mystique de la maladie et par consequent le caractbre 6galement mystique de son traitement. Le catholicisme colonial, en faisant de la maladie une cons6quence du

p~ch6, et en r6pandant le culte des saints

gudrisseurs, loin de faire disparaitre les croyances des indighnes ou des esclaves noirs sur ces deux points n'a fait que les fortifier; les remides occidentaux apport6s par les

m~decins ou chirurgiens blancs ont 6tt

ainsi pris dans la trame de la m6decine mystique. Mais, malgrb ce syncr~tisme, il est toujours facile de distinguer, nous semble-t-il, la grande opposition entre le shamanisme indien, A base de visions, et le traitement africain des maladies, ? base de possession. L'6tude des representations col-

lectives ne peut se s~parer cependant de celle des infra-structures sociales et ethniques: nous voyons que la m~decine indigene domine dans les r6gions isoldes oh vivent les ethnies indigines ou dans les regions ohf le contact s'est op~rd dans de tels 6tats de tensions raciales qu'il a d~termin6 des ph6nombnes de contre-acculturation (nagalisme comme soci6th secrete), tandis que la midecine syncr~tique s'est d6velopp6e dans les communautds villa- geoises en liaison avec le m6tissage et la stratification sociale: blanc, m~tis, indien.

R. B.

82 ALBERT (Colette).

Bibliographie annuelle de l'Histoire de France. Annie 1956. Paris, Ed. du C.N.R.S., 1957, 330 p.

Deuxibme ann6e de cette nouvelle s~rie dont nous avons pr6c~demment signal6 l'int6r~t (Arch., III, no 110).

E. P.

83 BARBEAU (Raymond). Un prophete lucif~rien, Leon Bloy. Paris, Aubier, 1957, 287 p.

Sous le titre a Le secret de Leon Bloy, para- clhtiste lucif6rien ,,, R. B. avait prdsentl en Sorbonne une thbse dont on pouvait ddj? lire ? la Bibliothbque un exemplaire dactylogra- phik. C'est une partie majeure de ce texte qui se trouve publihe ici sous un titre modifi6... l'auteur renvoyant pour le reste A une publi- cation ulterieure a laquelle s'ajouteraient deux etudes de lucifdrisme compard (E. Levi et IHI.P. Blavatsky) (p. 14) et (p. 281), une 6tude documentaire critique sur la transformation posthume de L. Bloy par sa post6rit6 litt&- raire.

Quant A cette documentation promise, on la souhaitera d'autant plus ddcisive que, indubitablement, l'ceuvre de Leon Bloy a fait l'objet d'une sublimation subtile. Faut-il parler de a l'aveuglement gindral de ceux qui consacrerent de leur autorit6 - en les cou- vrant - les erreurs du message bloyen et dont R. B. offre un trop rapide et trop peu mdthodique 6chantillonnage (pp. 13-14) ? L'auteur ne peut pas ne pas opter pour l'affirmative, car pour lui les choses sont finalement simples. Le fameux ((secret ) de LIon Bloy n'est autre que l'identification du Paraclet Q Lucifer: Ap6tre du Troisikme Age, Lbon Bloy n'en a pas seulement escompt6 l'imminence, il en a pronostiqui sournoisement l'immanence, une immanence qui fait sortir de l'Ant6christ le Christ, du Maudit le Bdni,

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