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Cuisine & Saveurs La cuisine des gourmets Hors-Série - Janvier 2011 Mensuel du groupe 3G 4€90 4€90

Cuisine & Saveurs

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Dossier spécial cuisine moléculaire

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Page 1: Cuisine & Saveurs

Cuisine & Saveurs

La cuisine des gourmets

Hors-Série - Janvier 2011 Mensuel du groupe 3G – 4€90

4€90

Page 2: Cuisine & Saveurs

«LE DINER, DE MEME QUE LE DEJEUNER ET

LE SOUPER, TOUJOURS COMPOSES DE

CHOSES EXQUISES, ETAIENT CUISINES AVEC

CETTE SCIENCE QUI DI STINGUE LES

GOUVERNANTES DE CURE ENTRE TOUTES

LES CUISINIERES. » H. DE BALZAC, LES

PAYSANS

SOURCE : CITATION CUISINE - 95 CITATIONS

SUR CUISINE - DICOCITATIONS ™ - CITATION

RIEN NE SERT DE SAIS IR, IL FAUT ROTIR A

POINT » FRANÇOIS VATEL

La citation du mois

Edito Aux origines … Biographie d’Hervé This : des laboratoires aux

cuisines, itinéraire d’un physico chimiste atypique La vie d’un œuf Les secrets de la mayonnaise Biographie de Nicholas Kurtis : sur les traces d’un

chercheur de talent La sphérification Les gels et les gelées La gélification Cuisson à basse température Une sucette de caramel … effervescente Nos recettes Interview de Laurent Maire, « cuisinier différent » Les additifs alimentaires L’enquête du mois La panoplie du petit cuisinier chimiste La cuisine moléculaire et les consommateurs Pour aller plus loin Sources documentaires

AU MENU CE MOIS-CI …

Page 3: Cuisine & Saveurs

Loin de la tradition de la bonne vieille cuisine du terroir se développe

depuis quelques années une gastronomie de laboratoire plus

généralement appelée la cuisine moléculaire. Cette discipline, car c’en

est une, mélange sciences physiques et mathématiques avec l’art

culinaire. Ce sont ces savants dosages que nous nous sommes mis en

tête de retrouver avec ce numéro spécial de « Cuisines & Saveurs » avec

une idée bien précise : déterminer les limites dans lesquelles la cuisine

moléculaire peut améliorer la cuisine traditionnelle. C’est une quête

passionnante à laquelle nous devons à présent nous livrer, quête qui

nous conduira tour à tour aux côtés des pionniers de la discipline et aux

côtés de leurs détracteurs. Car c’est une des facettes de cette pratique

que nous ne pouvons pas passer sous silence : la cuisine moléculaire

est-elle vraiment sans risque pour la santé du consommateur ?

Les éléments du dossier de ce mois vous sont proposés par Floriane

Darmaisin, Morgane Delobel et Juliette Lalloyer.

EDITO …

Moléculaire ?!

Page 4: Cuisine & Saveurs

Aux origines…

Dans les années 1980, Hervé THIS et Nicholas

KURTI, tous deux physiciens ont inventé la

gastronomie moléculaire. Mais qu'est-ce que la

gastronomie moléculaire? Une question de bon

sens dirait le professeur Hervé THIS.

Mais plus concrètement, c'est la recherche des

mécanismes des phénomènes. C'est-à-dire que c'est

l'explication des transformations culinaires. Cette

discipline scientifique vise à produire des

connaissances précises dans le domaine de la

cuisine afin d'optimiser la qualité de cette dernière.

La gastronomie est venue simplement le jour où

Hervé THIS s'est demandé : « Si, après le repos, le

rôti est trop sec, pourquoi ne pas réinjecter, à la

seringue, le jus qui en est sorti pendant la

cuisson ? ». Ils décidèrent alors d’essayer de

comprendre tous les phénomènes culinaires d’un

point de vue scientifique : Un de leurs principes est

que l’étude de la théorie permet une maîtrise

parfaite de la pratique.

Après la mort de Nicholas KURTI, Hervé THIS

rebaptisa la discipline « cuisine moléculaire ».

D'après lui, c'est un mode culinaire qui fait usage

des résultats de la science, en introduisant de

« nouveaux » ingrédients.

Après avoir distingué la gastronomie

moléculaire de la cuisine moléculaire, on peut

donc s'apercevoir qu'ils ont des objectifs

différents. Les voici, présentés par leur inventeur

Hervé THIS :

La gastronomie moléculaire:

Introduire des outils, méthodes et ingrédients nouveaux en cuisine,

Invente des plats nouveaux fondés sur les analyses des mets classiques,

Présente les sciences au public, en se basant sur l'analyse des gestes culinaires,

Explorer la composante technique de la cuisine,

Explorer la composante artistique de la cuisine,

Etudier de façon scientifique les précisions culinaires.

La cuisine moléculaire:

Explorer les tours de main et dictons culinaires,

Explorer les gestes, recettes, méthodes et pratiques culinaires classique, afin de les améliorer,

Introduire en cuisine des ustensiles, ingrédients et nouvelles méthodes

Inventer des plats nouveaux en se fondants sur les explorations effectuées,

Utiliser la cuisine afin de présenter les sciences au public.

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Né à Suresnes dans le Bassin Parisien le 5juin 1955, il entre en classe

préparatoire au lycée Janson-de-Sailly après l’obtention d’un bac scientifique. A

l’université, il suit simultanément un cursus littéraire et un cursus scientifique.

Diplômé de l'École supérieure de physique et chimie industrielles de la ville de

Paris et possédant une licence de lettres modernes à l’université Paris IV, il

entame sa carrière en 1980 en tant qu’éditeur aux éditions Belin. Il devient

ensuite rédacteur scientifique puis rédacteur en chef de la revue Pour la

science. Il participe à de nombreuses émissions pour la radio et la télévision.

En 1992, il se voit confier la direction du First International Worshop on

Molecular and Physical Gastronomy. C’est officiellement à cette période qu’il

invente un nouveau concept avec son ami Nicolas KURTI, qu’ils baptiseront

« Gastromonie moléculaire ». Cette discipline, qui associe l’art culinaire et la

science, à pour but d’explorer tous les adages et tours de mains utilisés en

cuisine et d’en expliquer les mécanismes d’un point de vue scientifique. Il se

passionne de ses recherches et tente de faire connaître ses découvertes au plus

grand nombre au moyen d’articles de vulgarisation ainsi que de nombreuses

conférences. Pour lui, la cuisine est tout d’abord une question d’amour, c’est

pourquoi il faut la partager.

En septembre 2000, il devient physico-chimiste à l’I.N.R.A. Il est

aujourd’hui installé à l’AgroParisTech. Il travaille en partenariat avec le cuisinier

Pierre Gagnaire, pour lequel il expérimente de nouvelles techniques et idées

culinaires.

Hervé This est un homme très actif : en dehors des cours et séminaires

qu’il dispense régulièrement, il écrit onze chroniques mensuelles, fait partie de

nombreux conseils et comités ; il a déjà publié une quinzaine de livres, et a reçu

de nombreux prix pour son œuvre. Sa devise s’accorde avec son insatiable soif

de savoirs : « Vive la Chimie en général, et la connaissance en particulier ! »

Hervé THIS, des laboratoires

aux cuisines, itinéraire d’un

physico-chimiste atypique …

Hervé This est l’une des plus

grandes figures de cette discipline, pour

la simple raison qu’il en est le co-

inventeur. Voici son parcours.

Page 8: Cuisine & Saveurs

De quoi est constituée la coquille d’œuf ?

On peut trouver la réponse à cette question

par une expérience très simple. On plonge

l’œuf sans de l’acide (on travaille ici avec du

vinaigre blanc). Pendant les 24h qui suivent,

on constate l’apparition de gaz (CO2). A la fin

de l’expérience, la coquille a totalement

disparu, ce qui nous prouve qu’elle était

constituée de calcaire. Le dioxyde de carbone

qui a été libéré au cours de la réaction est l’un

des produits :

CH3COOH+(l) + CaCO3(s) → CO2 (g) +

Ca(CH3COO) 2(l) + H2O(l)

Pourquoi un œuf cuit-il ? Voici l’explication scientifique :

Si nous prenons le cas de l’œuf sur le plat, nous

pouvons penser que c’est un phénomène

simple, mais ce n’est pas le cas. En effet, nous

pouvons constater que la cuisson d’un œuf est

complexe par son mélange de protéines et

d’eau.

Lorsque l’on chauffe de l’eau, aux environs de

100 degrés nous savons qu’elle se vaporise et

éventuellement forme des bulles.

Les protéines sont des molécules comportant

de longs fils qui sont souvent repliés sur eux-

mêmes en raison de forces microscopique qui

s’exercent entre les atomes d’une même

molécule : ce sont des liaisons covalentes

appelées ponts disulfures. Lorsque ces

protéines sont chauffées, les forces faibles sont

alors brisées et laissent donc deux atomes

seuls. L’agitation moléculaire augmente, ce qui

favorise les rencontre entre les esseules. Ils

peuvent alors se lier même quand ils

n’appartiennent pas à la même molécule.

Nous savons donc que quand la température

d’un œuf augmente, les pelotes de fils que sont

les protéines commencent par former des

chaines sans se dérouler (le blanc de l’œuf reste

translucide. Il apparait ensuite un réseau dont

les filaments sont composés de plusieurs

protéines opaques, l’œuf est alors cuit !

.

L’odeur de l’œuf dur, d’où vient-elle ? Lorsque que les œufs sont trop cuits, les atomes de souffre contenues dans les protéines du blanc d’œuf, libèrent un gaz nommé sulfure d’hydrogène, c’est ce qui dégage la célèbre odeur « d’œuf pourri ». Ce gaz contamine le blanc et lui donne une couleur verte.

LA VIE D’UN OEUF

Page 9: Cuisine & Saveurs

Au cœur de la matière …

Commençons par le commencement ! De

l’eau, de l’huile… Pourquoi ces deux matières

se séparent-elles ? L’une plus lourde descend

(l’eau) l’autre plus légère remonte (l’huile).

Mais vous êtes vous déjà posée la question :

« comment se fait-il qu’elles se séparent ? »

Tout d’abord, nous savons que les molécules

d’eau sont composées d’un atome d’oxygène

lié a deux atomes d’hydrogène (liaisons

hydrogènes).

Au contraire, nous savons que les molécules

d’huile sont des ne se mélangent pas avec l’eau.

Il s’agit de molécules en formes de peignes a trois

dents composées d’atomes de carbone et

d’hydrogène

Donc, pour pouvoir créer cette mayonnaise, il faut

réussir à mélanger l’eau et l’huile !

Et pour cela, nous avons besoins de molécules

« tensio-actives ». Elles servent a enrober des

gouttelettes d’huile en mettant à leur contact leur

partie hydrophobe et à disperser ces gouttelettes

enrobés dans l’eau en se liant aux molécules

d’eau par leur partie hydrophile.

Les parties hydrophiles sont électriquement

chargés, les gouttelettes sont donc de même

charges et se repoussent c’est pourquoi les

gouttelettes ne fondent pas en une seule phase.

Cette caractéristique nous explique pourquoi les

acides stabilisent la mayonnaise

COTE ASTUCE !

Comment rattraper une mayonnaise qui a

tourné ?

Certains livres de cuisines conseillent

d’ajouter un jaune d’œuf. D’après Hervé

THIS, il suffit simplement d’ajouter de l’eau

et de battre la mayonnaise vigoureusement.

Votre mayonnaise retrouvera alors son goût !

LES SECRETS DE LA MAYONNAISE

Page 10: Cuisine & Saveurs

Nicholas Kurti, sur les

traces d’un chercheur de

talent …

Co-inventeur de la gastronomie

moléculaire, cet homme a mené une

importante carrière scientifique. Voici son

parcours.

Nicholas Kurti est né le 14 mai 1908 en Hongrie, à Budapest. Il entame des études au

Minta Gymnasium, une université hongroise. Il est malheureusement contraint

d’interrompre son cursus à cause de l’arrivée au pouvoir de l’Amiral Horty. Celui-ci instaure

un régime antisémite ; la famille de Nicholas, juive, se réfugie en France. Il obtient son

master à la Sorbonne, puis après une nouvelle immigration, en Allemagne cette fois-ci, il

obtient un doctorat en cryogénie à Berlin. Il rencontre alors le scientifique Franz Simon,

avec lequel il rejoint le Clarendon Laboratory de l’université d’Oxford en Angleterre à

l’arrivée d’Hitler au pouvoir. Tout au long de la seconde guerre mondiale, il travaille sur le

projet de la bombe atomique. En 1956, il réalise avec Simon une expérience en laboratoire

et arrive à atteindre la température du microkelvin. Cette réussite lui vaut d’être accepté à

la Royal Society, l’équivalent anglais de l’Académie des sciences. Il occupe ensuite un poste

de professeur de sciences physiques à Oxford de 1967 à 1975, date de sa retraite. En

parallèle, il donnait également des cours au City College of New York, à l'Université de

Californie à Berkeley et à l'Amhertst College of Massachusetts, tous deux situés aux Etats-

Unis. Un prix a été crée à son nom, le Nicholas Kurti European Prize. Il est remis par

l’université d’Oxford aux jeunes chercheurs européens travaillant sur la cryogénie et les

champs magnétiques

Cependant, Nicholas Kurti avait d’autres passions : c’était un grand amateur de

cuisine. En 1985, il rencontre le physico-chimiste français Hervé This. Ensemble, ils vont

inventer une nouvelle discipline : la gastronomie moléculaire et physique. Nicholas Kurti

n’aura de cesse de répandre ce nouveau concept à travers de nombreux colloques

internationaux et ce jusqu’à sa mort, le 24 novembre 1998.

Page 11: Cuisine & Saveurs
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LA SPHERIFICATION

La sphérification est une technique culinaire

qui est utilisée pour mettre une préparation

liquide sous forme de sphère. Elle a été créée

dans les années 90 pour former des sphères

gélifiées à partir de liquide. Pour cela, plusieurs

additifs peuvent être utilisés.

Tout d’abord, l’alginate de sodium. Il s’agit

d’un additif alimentaire (E401) de formule

C6H7NaO6 qui est aussi inclus dans les boissons.

Elle est présentée sous forme d’une poudre

blanche, inodore et très soluble dans l’eau. On

l’utilise pour améliorer la texture de la boisson.

L’alginate de sodium est une longue molécule

extraite d’algues brunes, qui sont elles-mêmes

constituées d’hydrates de carbone.

Si l’on veut sphérifier une préparation grâce a

de l’alginate de sodium, il faut plonger la

solution dans un bain de calcium. Alors, une

pellicule gélifiée se forme instantanément en

surface et s'épaissit vers l'intérieur (le calcium

entre dans la préparation et forme un gel avec

l'alginate de sodium contenu dans celle-ci). On

obtient une sphère au cœur liquide, instable

dans le temps (le calcium progressant vers

l'intérieur, la sphère gélifiera complètement).

Ces sphères doivent donc êtres consommées

immédiatement.

Il est également possible d’utiliser le

lactate de sodium, qui est un additif

alimentaire naturel (E327). Il est fabriqué

par les bactéries dans la nourriture

fermentée. Le lactate et l’acide lactatique

sont utilisés comme des conservateurs ou

pour augmenter la stabilité des

antioxydants.

Lorsque l’acide alginique (contenu dans

l’alginate de sodium) est mis en solution

aqueuse, il perd une liaison hydrogène, ce

qui nous donne alors :

C6 H8 O6 (s) + H2 O (l)

C6 H7 O6 - (aq) + H3 O+

Le calcium (Ca) contenu dans le lactate de

calcium, lui devient ion calcium (Ca2+)

Dans l’eau, l’alginate se présente sous la

forme de longs brins. Le calcium (2+) se lie

à deux alginates (-).

Page 13: Cuisine & Saveurs

Le poulet en gelée

La gelée a un aspect plutôt

appétissant, de plus elle fond

dans la bouche, ne laissant que

le goût des arômes.

Après avoir laissé le plat

mijoter, nous pouvons

préparer un poulet en gelée. Si

l’on chauffe assez longtemps la

volaille dans un liquide puis

qu’on laisse la préparation

refroidir alors la solution

restera transparente mais

gélifiée !

GELS & GELEES

Vous voulez préparer des sauces ? La

glace de viande peut être utilisée !

Tout d’abord, nous devons vous expliquer comment la

préparer d’après Hervé This :

« Dans un bouillon agrémenté de carottes, d’oignons et

de divers autres ingrédients aromatiques, on cuit

quelques os concassés sur lesquels subsiste un peu de

chair. Après une longue réduction, le collagène (la

principale protéine de la peau, des tendons, des

cartilages, des os et des tissus conjonctifs) est

progressivement extrait, transformé et concentré en un

sirop visqueux que l’on utilise pour épaissir

ultérieurement quelque jus corsé. »

Vous pouvez à la place des glaces de viande utiliser des

feuilles de gélatine qui apportent les mêmes molécules

de collagènes.

LE SAVIEZ-VOUS ?

Il existe des gels « physiques » par exemple la

confiture, et des gels « chimiques » qui sont

ceux des œufs, en cuisant le blanc d’œuf

coagule et forme un gel définitif.

Vers 1920, le physico-chimiste M. Staudinger

forgea le concept de macromolécules*. Il

comprit qu’elles étaient comme celles des

gommes, de la gélatine ou encore de la

cellulose et qu’elles pouvaient se lier en

solution aqueuse. Il suffit de très peu de

macromolécules pour immobiliser une

grande quantité d’eau.

La gélatine a un gel transparent et homogène

qui se forme lorsque l’on abaisse la

température au dessous de 30 degrés.

Page 14: Cuisine & Saveurs

Voici une recette que nous avons réalisée avec de l’agar agar : Les

spaghettis à la grenadine. Ingrédients et matériels :

Eau Sirop Agar Agar Seringue Tube

Gélifiants

Il n'existe pas que la gélatine pour gélifier les différentes sauces et préparations. Le carraghénane peut aussi avoir cette fonction, tout comme l'agar agar qui vient d'une algue. L'agar agar s’utilise dissout dans une préparation chauffée à environ 50°C. Lorsque celle-ci refroidit, des réseaux se créent entre les molécules d'agar agar. Ils forment une structure qui emprisonne les molécules d'eau. La formule chimique de l’agar agar est C12H18O9. Il est constitué d'agorose et d’agaropectine, qui sont eux même constitués de radicaux hydrophobes et de radicaux hydrophiles :

Agar Agar = Agarose + Agaropectine

Ajouter 2g d'Agar Agar dans 200g d'eau et de sirop

Porter à ébullition Aspirer le liquide dans la seringue et le

tube Mettre le tube dans de l'eau refroidie

par des glaçons

Page 15: Cuisine & Saveurs

Une fois le spaghetti gélifié, injecter avec la seringue dans une assiette

Bon appétit !

Page 16: Cuisine & Saveurs

Voici ce qui se passe lors d’une

cuisson classique :

A température ambiante, les protéines de la viande sont enroulées sur elles-mêmes. Les acides aminés qui les composent sont maintenus en forme grâce à des liaisons covalentes appelées ponts disulfures. Les molécules sont en mouvement, c’est ce qu’on appelle l’agitation thermique.

La cuisson à basse température

La cuisine à basse température est

utilisée depuis longtemps, avec des viandes qui restaient sur le feu durant une vingtaine d’heures. La cuisine douce est ‘tendance’ chez les chefs français qui font cuire leurs plats dans des poches en plastique. Un des intérêts est qu’il n’y a aucun risque de contamination bactérienne lors des manipulations.

Lorsque l’on augmente la température, elles

s’agitent de plus en plus vite. Les molécules

d’eau entrent en contact avec les protéines.

Sous le choc, celles-ci se déroulent, leurs liaisons

sont rompues : on dit qu’elles sont dénaturées.

Ce phénomène est irréversible.

Lorsque la température monte à plus de 70°C, les protéines qui se sont déroulées s’emmenent et emprisonnent les molécules d’eau, ce qui donne à la viande une consistance dure.

Page 17: Cuisine & Saveurs

En voila la preuve par l’image : à gauche sur la

photo, un rôti cuit de façon traditionnelle, à

droite, un autre cuit à basse température.

Lequel voudriez-vous manger ?

La cuisson basse température permet justement d’éviter ce problème. On fait cuire la viande plus longtemps,

mais on diminue le thermostat de façon à ne pas dénaturer les protéines. Cela évite que les molécules d’eau

restent prisonnières, et donc permet d’obtenir une viande plus tendre.

Cette technique a été développée par des scientifiques, notamment par Hervé THIS. Il a montré qu’un

œuf dur cuit à 62°C présente un blanc bien plus moelleux qu’un œuf plongé dans une eau bouillante à 100°C.

Comme l’œuf est également riche en protéines, le phénomène est le même que pour la viande. Bien que le

phénomène soit étudié depuis une dizaine d’années, il n’en existe pas de réelle définition : tout dépend du type

d’aliment que l’on veut faire cuire. Cependant, la cuisson ne dépasse en général pas les 80°C.

De plus, cette technique est meilleure pour la santé, car les nutriments, vitamines et protéines ne sont

pas détruits par la chaleur. Notre organisme en profite donc plus.

Enfin, la cuisson basse température permet également un meilleur rendu du point de vue de la

présentation. La viande est plus tendre, donc plus facile à découper, et dégage moins de jus au cours de la

cuisson.

Voici ce qui se passe lors d’une

cuisson basse température :

Quelques exemples à tester chez soi

Roastbeef (entrecôte), 800 gr : saisir la viande pendant 10 min, puis faire cuire pendant environ 2 heures à 55°C

Filet de veau, 800 gr : saisir la viande pendent 5 min, puis faire cuire environ 1,5 heure à 60°C

Noix de veau ronde, 800 gr : saisir la viande pendant 10 min, puis faire cuire pendant environ 3 heures à 60°C

Rognon de porc, 800 gr : saisir la viande pendant 10 min, puis faire cuire pendant environ 3 heures à 65°C

Carré d’agneau, 180 gr : saisir la viande pendant 3 min, puis faire cuire pendant environ 30 minutes à 55°C

Blanc de poulet, 180 gr : saisir la viande pendant 4 min, puis faire cuire pendant environ 45 minutes à 70°C+

Page 18: Cuisine & Saveurs

UNE SUCETTE DE CARAMEL … EFFERVESCENTE !

Le principe de

l’effervescence

L’effervescence est utilisée pour des

médicaments par exemple, mais aussi pour

des aliments !

C’est la formation de bulles de gaz dans un

liquide. Elle se produit au contact d’un acide

et d’une base.

Si nous prenons un mélange d’acide citrique

et de bicarbonate de sodium en poudre,

que l’on solubilise dans de l’eau, il va alors

se déclencher une réaction chimique qui

libère du dioxyde de carbone (CO2). Voici la

réaction acido-basique entre l’acide citrique

et le bicarbonate de sodium :

- Couple 1 acide/base : C6H8O7 / C6H5O7

3- - Couple 2 acide/base: H2O, CO2 /

HCO3-

Nous obtenons alors l’équation

chimique:

C6H8O7 + 3 (Na+HCO3-) ---> (3Na+,

C6H5O7 3-) + 3(CO2) + 3(H2O)

(Acide citrique +3 Bicarbonate de sodium ---

> citrate de sodium + 3 dioxyde de carbone

+ 3 eau)

Les ions Na, qui sont les ions sodium sont

spectateurs, cela signifie qu’ils n’ont pas

d’influence sur la réaction.

La sucette de caramel

effervescente :

Pour réaliser cette expérience il faut

faire agir un acide sur une base. Nous

prenons l’acide citrique comme acide et le

bicarbonate de sodium en poudre comme

base (Le jus de citron peut être utilisé pour

remplacer de l’acide citrique car il est lui-

même composé d’acide citrique et d’eau.).

On commence donc à faire chauffer

du sucre, du jus de citron et de l’eau dans

une casserole (à feu moyen et sans

remuer). Au bout d’une vingtaine de

minute, la solution va brunir se qui signifie

que le caramel se forme.

Ensuite, on retire la casserole du feu, et on

ajoute à ce mélange le bicarbonate de

sodium (auparavant dilué dans une cuiller à

soupe d’eau), tout en remuant la

préparation. Celui-ci entre alors en réaction

avec l’acide citrique. Cela produit du CO2, la

préparation va donc mousser.

[Remarque : Dans cette expérience, on peut

noter une 2ème réaction chimique : la

caramélisation. En effet, le bicarbonate de

sodium a diminué l'acidité de la

préparation, ce qui favorise la

caramélisation. Au final, après

refroidissement, on obtiendra donc des

bulles de CO2 enfermées dans du caramel. ]

Page 19: Cuisine & Saveurs

NOS RECETTES

Comment ça marche ?

La lécithine de soja est un

tensioactif…il s’agit d’une

molécule composée de deux

parties :

Une partie qui aime l’eau

(hydrophile) et une partie qui

ne l’aime pas (hydrophobe),

ces molécules vont se placer

entre l’eau et les bulles d’air,

permettant ainsi de stabiliser

la mousse… diminuera l’effet

moussant de la lécithine de

soja…en effet, la lécithine se

placera entre l’eau et la

matière grasse de la

préparation, plutôt qu’entre

l’eau et les bulles d’air.

Mousse aérienne

d’herbes

aromatiques :

10 feuilles d’herbes

aromatiques

100ml d’eau

100ml de lait

1gr de lécithine de soja

(émulsifiant)

Mixer les feuilles d’herbes

aromatiques dans le

mélange eau+lait

Passer au chinois

Ajouter la lécithine de soja

au liquide récupéré, mixer

et laisser reposer quelques

minutes

Avant de servir, mixer la

préparation en veillant à

n’immerger que la moitié

du mixer plongeant et en

l’inclinant, de manière à

incorporer un maximum

d’air à la préparation

Récupérer la mousse ainsi

produite et l’intégrer au

plat.

RE

CE

TT

ES

Page 20: Cuisine & Saveurs

Tablette de chocolat

pétillant :

200gr de chocolat noir (forte

teneur en cacao)

50gr de sucre pétillant

Faire fondre le chocolat au bain

marie à feu doux

Le laisser refroidir

Ajouter le sucre pétillant et

mélanger rapidement de manière

à enrober le sucre pétillant de

chocolat fondu

Couler la préparation dans les

tablettes

Laisser durcir au frais

Comment ça marche ?

Le sucre pétillant qui renferme du

dioxyde de carbone mélanger à

du chocolat riche en beurre de

cacao (matière grasse) ne se

solubilise pas…dans le chocolat

refroidi, le sucre est protégé de

l’humidité de l’air et conserve

donc ses propriétés pétillantes en

bouche.

Nougats mous

effervescents :

0.7gr d’acide citrique

1.5gr de bicarbonate de sodium

Nougats mous

Mélanger l’acide citrique et le

bicarbonate de sodium

Au moment de servir, rouler

chaque nougat mou dans le

mélange, en prenant soin

d’enlever l’excédent et de ne

laisser qu’un léger voile de

poudre.

Comment ça marche ?

Une effervescence se produit

lorsqu’un acide (ici citrique) entre

en contact avec le bicarbonate de

sodium…on observe alors un

dégagement gazeux (CO2) lorsque

le mélange est solubilisé dans

l’eau (ici salive).

Page 21: Cuisine & Saveurs

Que certains guignols s’amusent avec de

l’azote liquide car le spectacle est ainsi assuré,

c’est bien dommage, tout comme certains

médias qui ne cherchent qu’en la gastronomie

moléculaire un phénomène de mode

spectaculaire ou des commerçants malins qui

surfent sur la vague en vendant des kits et des

produits hors de prix…

Il faut raison garder et cela marche aussi avec

la Gastronomie Moléculaire !!

Nous : Tout d'abord, nous souhaiterions

savoir en quoi consistait votre collaboration

avec Hervé THIS, et ce qu'elle vous a apporté.

LM : La participation avec H.This consistait à

participer et animer les ateliers à

Agroparistech autour des dictons culinaires...

Je vous donne un exemple : On enseigne dans

les écoles de cuisine que les haricots verts

doivent cuire dans 5x leur volume d'eau

bouillante et salée et sans couvrir la casserole

pour qu'ils conservent leur couleur verte...

Fort de cet impératif, lors des séminaires de

gastronomie moléculaire nous 'vérifions' à

travers des tests croisés si l'adage est vrai ou

pas... Des groupes d'études sont

ensuite constitués afin de rendre compte des

expériences (j'en fais toujours partie)...

L’INTERVIEW

LAURENT MAIRE

Laurent Maire pratique la cuisine

moléculaire. Il travaille parfois avec Hervé

THIS. Le reste du temps, il anime des ateliers,

donne des cours de cuisine ou cuisine à

domicile chez ses clients. Il se qualifie lui-

même de « cuisinier différent ». Il a accepté

de répondre à nos questions sur son métier

par e-mail. Avant de commencer, il souhaite

nous donner quelques précisions sur les

termes :

Laurent Maire : Histoire de savoir de quoi l’on

parle, je me permets de vous citer une

définition de la Gastronomie moléculaire, à

mon avis fort juste puisque définie par son

créateur !!! Le programme initial de la

discipline, publié notamment dans la thèse de

Hervé This soutenue en 1996 sous le titre La

gastronomie moléculaire et physique, à

l'Université Paris VI :

le recensement et l’exploration physico-chimiques des dictons culinaires. (+ de 25000 rescencés)

la modélisation des pratiques culinaires en vue de perfectionnements.

l’introduction d’outils, méthodes et ingrédients nouveaux en cuisine domestique ou de restaurant.

l’invention de plats nouveaux fondés sur les analyses des mets classiques.

la présentation des sciences au public, fondée sur l’analyse des gestes culinaires (ex: ateliers expérimentaux du goût).

La Gastronomie moléculaire est donc une

science et la cuisine moléculaire son

application....Je me permets de préciser ceci

car beaucoup de choses on été écrite sur la

GM et hélas bien souvent éloigné de la

démarche initiale…

Page 22: Cuisine & Saveurs

Les résultats sont parfois surprenants :

Par exemple il n'est pas nécessairement

obligatoire de clarifier son beurre pour

monter une sauce hollandaise. Si l'on rajoute

le beurre avec le petit lait le résultat n'en sera

que plus aérien... Quand aux haricots verts,

eau salée ou pas, casserole couverte ou pas,

refroidis dans de l'eau glacée ou pas cela ne

modifie en rien le résultat: la couleur des

haricots est similaire !!

Des dictons de la sorte envahissent les

enseignements pratiques en cuisine,

transmission empirique tronquée car non

vérifié, qui enferme les étudiants et les

‘professionnels de la cuisine’ dans des dogmes

pesants, car la remise en cause n'est pas de

rigueur dans beaucoup d'enseignements en

cuisine...or c'est une discipline en évolution

permanente.

C'est, à mon avis, une des causes principales

qui a fait que la Gastronomie Française ait

perdu son aura à travers le monde (pas

complètement mais tout de même...), ces

idées préconçues, fausses, qui enferment les

cuisiniers à un non renouvellement de leurs

pratiques et ainsi de transmettre sous l'égide

de la tradition, de la culture, des informations

erronées.

La collaboration avec H.This m'a également

ouvert d'autres champs de créativité,

notamment grâce au concours Art, Science et

Gastronomie dont j'ai été lauréat lors des 3ème

rencontres. Le principe des ateliers

expérimentaux du goût résonne également

avec ma démarche de sensibiliser au goût, de

faire prendre conscience à un jeune public

l'importance que revêt le fait alimentaire...

A ce titre j'interviens dans des écoles pour

mettre en place des ateliers du goût.

Nous : Pratiquez vous toujours la cuisine

moléculaire? Si oui, quel genre de plats réalisez-

vous?

LM : Si l'on se base sur le fait que la CM c'est aussi

comprendre les interactions entre les aliments

alors comme tout à chacun (ou presque), je la

pratique quotidiennement à travers une simple

vinaigrette ou mayonnaise, un soufflé ou une

meringue... Une fois que l'on a intégré quelques

notions élémentaires de physique et chimie cela

devient très compliqué de rater ce genre de

recette...

Pas plus tard qu’hier j’ai passé un potage à

base de panais dans un siphon à chantilly, encore

une application très simple de GM, du panais de

l’eau, du sel, une cuillère d’huile d’olive, un

siphon, une cartouche de gaz…la texture est

modifié et le goût exalté…simplissime.

Avec un blanc d'oeuf on peut monter un

mètre cube de blanc en neige en y intégrant de

l'eau...cela peut-être très amusant un dimanche

après midi avec les enfants mais je n'ai pas encore

trouvé de fouet assez grand !!!

Les espumas, les nougats mous

effervescents, … sont quelques exemples

d'applications que j'intègre volontiers dans mes

plats, non pas pour faire du 'tout moléculaire'

mais pour amener une note originale,

surprenante, qui conduira le ou la convive à se

questionner sur son alimentation.

Cuire un aliment à base température

(viande ou poisson) est aussi une application de

gastronomie moléculaire très intéressante

(tendreté, valeur nutritionnelle, facilité…) .

Nous : Pensez-vous que les additifs employés dans

certains plats pourraient avoir un impact nocif sur

la santé?

LM : Au même titre que l'ensemble

des denrées que l'on trouve sur le marché

alimentaire... Hélas oui et c'est maintenant vérifié.

Il est possible de trouver de la lécithine (extraite

du jaune d'oeuf) sans OGM, l'agar agar et le

carraghénane sont des extraits d'algues et

seulement 3gr suffisent à gélifier 1litre de

préparation... Malgré les études contradictoires

je reste très prudent sur certains produits et

dosage (ex: colorants) et je préfère ne pas les

utiliser sauf pour des essais où l'aliment ne sera

pas consommé (projet « eat art »).

Page 23: Cuisine & Saveurs

Il faut Apprendre à comprendre. Lorsque je

parle de gastronomie moléculaire à des

cuisiniers et qu'ils me rétorquent ne pas

désirer ajouter de produits chimiques dans

leurs préparations, je me dis que l'ignorance

et bien le pire des maux…Que la

compréhension de certains phénomènes peut

permettre de sortir un travail de meilleure

qualité et plus rapidement… Que quoi qu'il

arrive des portes se sont ouvertes, donnant

accès à d'autres portes que les cuisiniers

peuvent éventuellement pousser pour

évoluer…En gardant à l'esprit que le rôle

majeur d'un cuisinier c'est déjà de procurer du

plaisir et le plus sainement possible. Que

s'interroger c'est déjà évoluer… Il faut

comprendre avant de juger.

Nous : Enfin, dans quelles limites pensez-vous

que la cuisine moléculaire peut améliorer la

cuisine traditionnelle?

LM : Si vous avez compris de quoi il en ressort,

il n'y a pas de limites puisque l'idée c'est de

comprendre et d'expérimenter... Elaborer des

plats en y intégrant de la cuisine moléculaire

permet aussi d'ouvrir des champs de

créativité et c'est surtout cela qui

m'intéresse... Un exemple simple, le

foodpairing qui consiste à isoler les molécules

odorantes des aliments et ainsi de les marier

entre eux (ex: L'huître et le brie, la carotte et

la violette, le concombre et l'orange amère).

Les possibilités d'assemblages sont infinies.

N’oubliez pas que l’introduction

d’outils, méthodes et ingrédients nouveaux en

cuisine domestique ou de restaurant fait

partie du programme de gastronomie

moléculaire, aujourd’hui grâces à certains

appareils de mesure il est possible d’obtenir

des cuissons idéales (thermoplongeur,

thermocouple…) Et des systèmes de filtres qui

facilitent l’obtention de liquide clair sans

passer la fastidieuse « clarification »…

L’azote liquide Cette technique développée par des

chimistes permet de donner une meilleure texture aux glaces. On l’utilise en général jusqu’à -195,79°C. Il faut le manipuler avec de grandes précautions (gants, tablier, lunettes), car il peut provoquer de graves brûlures.

L’entonnoir automatique Il s’agit d’un ustensile permettant de mélanger plusieurs saveurs. On peut, par exemple, réaliser des huiles parfumées (champignons, basilic, coriandre, truffe…). L’entonnoir automatique fonctionne sur le même principe que l’ampoule à décanter : il en est le descendant. Il est plus perfectionné dans le sens où la décantation peut avoir lieu malgré les particules en suspension.

Page 24: Cuisine & Saveurs

Déjà, dès la plus haute antiquité, les Égyptiens utilisaient les additifs alimentaires pour conserver

les aliments. Ainsi, on peut parler tout d’abord du sel utilisé pour la conservation de la viande et

quelques années plus tard des épices et des colorants. Aujourd’hui ils sont bien sur encore utilisés,

l'industrie agroalimentaire par exemple à recours à des additifs mais ils sont généralement

artificiels car, ils sont moins chers.

Leurs buts :

But technologique: facilite la fabrication des aliments

But sanitaire: conservation des produits

Les additifs alimentaires, ont à la fois un rôle de conservateur pour protéger les aliments contre

les attaques des micro-organismes et freiner la détérioration. Mais aussi d’antioxydants, en

protégeant les aliments du rancissement, c'est-à-dire de la dégradation des graisses. De plus ils

sont un rôle d’action sur la texture (c’est le rôle des émulsifiants des gélifiants et des

épaississants), et sur le goût.

But organoleptique: ils maintiennent ou améliorent la texture, les couleurs, les goûts de l’aliment.

But nutritionnel: ils donnent de nouvelles valeurs nutritives aux aliments.

Les trois types d’additifs alimentaires :

Les additifs naturels: Ils sont issus du monde végétal, naturel ou animal.

Les additifs artificiels : Ils sont crées de toutes pièces dans des laboratoires spécifiques.

Les additifs synthétiques : Ils sont crée pour remplacer les additifs naturelles plus chers.

Les différentes familles :

La dénomination des additifs est constitué d’une lettre indiquant d’où elle provient ( en Europe

«E») suivis de 3 chiffres (100 pour les colorants, 200 pour les conservateurs, 300 pour les

antioxydants ,…) Les principaux additifs sont donc :

Les colorants: car des études ont montrés que la couleur des aliments influence fortement l’idée

du goût que se fait le consommateur.

Les conservateurs: ils s’améliorent la conservation des aliments dans lesquels ils sont ajoutés

Les antioxydants: ils servent à diminuent l’oxydation pour protéger les aliments du rancissement,

présent généralement dans les aliments.

Les émulsifiants: ils augmentent l’onctuosité de certains produits.

Les gélifiants: ils permettent de donner aux aliments la forme d’un gel

Les stabilisant: ils font en sortes que les matières plastiques restent stables même lors de chaleur

élevé.

Les édulcorants: ils sont le même goût que le sucre, ils peuvent donc parfois le remplacer.

LES ADDITIFS ALIMENTAIRES

Page 25: Cuisine & Saveurs

LA CUISINE MOLECULAIRE EST-ELLE DANGEREUSE

POUR LA SANTE ?

Les additifs sont des substances, naturelles ou

artificielles, ajoutées à un aliment, de façon à

modifier ses propriétés. Il en existe plusieurs

grandes familles : les colorants, les

conservateurs, les anti-oxydants, les agents

de texture, les émulsifiants, les édulcorants,

les exhausteurs de goût, les acidifiants, etc…

Ils sont indispensables pour le marché agro-

alimentaire moderne car ils permettent le

conditionnement des denrées, leur transport,

mais surtout la réduction de leur coût de

production.

Les additifs alimentaires sont soumis à

une réglementation très stricte de façon à

garantir la sécurité des consommateurs. La

législation est basée sur le principe de liste

positive : seuls les additifs expressément

autorisés peuvent être employés dans les

produits alimentaires. Il existe également des

règles qui définissent le type d’additif

pouvant être utilisé, en quelle quantité, dans

quel type de denrée et en employant quels

moyens technologiques. Les additifs sont

codés par la lettre E (pour Europe), suivie d’un

chiffre entre 100 et 500. Les fabricants sont

tenus de signaler précisément sur l’emballage

des produits alimentaires tous les additifs

utilisés, en indiquant leur nom, ou leur

numéro E, ainsi que leur catégorie

(édulcorant, acidifiant, conservateur, etc…).

Au cours de nos investigations

culinaires, nous avons entendu parler à

de nombreuses reprises d’additifs

alimentaires. Cependant, toutes les

sources que nous avons pu consulter

jusque là sont restées assez évasives

sur le sujet. La question mérite

néanmoins d’être posée : Ces additifs

peuvent-ils avoir des effets néfastes sur

la santé ? Si ce n’était pas le cas,

pensons-nous, alors pourquoi de plus

en plus de grandes entreprises agro-

alimentaires affichent sur leurs

produits « sans colorants », « sans

conservateurs », etc… ? Car, si on y

réfléchit, la gastronomie moléculaire

emploie majoritairement des

ingrédients de type additifs

alimentaires (émulsifiants, gélifiants,

exhausteurs de goût…) afin d’arriver à

de telles prouesses techniques. Une

dernière question nous contrarie, et

c’est peut être la plus inquiétante :

pourquoi un tel silence à ce sujet ?

Nous décidons de mener notre

enquête.

Page 26: Cuisine & Saveurs

Si la réglementation est si stricte, c’est parce que certaines substances peuvent se révéler

dangereuses lorsqu’elles sont mal utilisées. C’est la raison pour laquelle on a fixé un taux à ne

pas dépasser, la DJA (Dose Journalière Admissible). Cet indice est exprimé en mg.kg-1, avec la

quantité d’additif absorbé exprimé en mg, et la masse corporelle de l’individu en kg. Chaque

substance possède une DJA qui lui est propre. Celle-ci est fixée après une série de tests sur des

animaux, qui permettent de déterminer la DSEIO (Dose Sans Effet Indésirable Observé), NOAEL

en anglais. Ce seuil est la limite au-delà de laquelle on observe des mutations ou des

disfonctionnements dans les corps étudiés. Lorsqu’on a fixé cette limite, on lui applique ensuite

le plus souvent un facteur 102 (pour les substances non cancérigènes) ou 103 pour prévoir les

différences de réactions à l’additif lorsqu’on extrapole de l’animal à l’homme. La DJA ainsi

obtenue procure donc une grande marge de sécurité, ce qui permet de minimiser les effets de

synergie, ainsi que les réactions amplifiées chez les individus allergiques, ou plus fragiles. Voici

quelques exemples :

Substance Espèce Dose Effet DSEIO Facteur de

sécurité

DJA

Indigotine Porc

Rat

Souris

1350

1000

800

Anémie

Croissance

Anémie

450

500

600

100

5

Carbaryl Rat

Homme

20

0,12

Croissance

Néphro Tox

N. Urinaire

10

0,06

<10

0,01

Aldrine Rat 0,05 Atteinte foie 0,05 >200 0,0001

Cette étude montre bien la différence importante qu’il existe entre différentes DJA. Les

effets observés sur les animaux sont parfois très graves : ils peuvent aller de conséquences

négligeables jusqu’à la létalité, en passant par la chute des poils, des morts prénatales ou

une immunosuppression. Ces substances peuvent s’avérer très dangereuses si elles sont mal

dosées, c’est pourquoi la législation est très stricte à ce sujet.

Une fois la DJA fixée, on peut l’appliquer à une certaine substance. Par exemple, celle

de l’aspartame est de 40 mg.kg-1 de masse corporelle. Pour un homme de 80kg, il suffit donc

de faire :

massehomme x DJA = 80 x40 = 3200mg

Un homme de 80 kg peut donc absorber jusqu’à 3200mg d’aspartame par jour sans

risque pour sa santé.

Page 27: Cuisine & Saveurs

Après cette mise au point, nous revenons à notre sujet. En effet, les restaurants

servant une cuisine dite moléculaire ont souvent recours à ces additifs. Cependant,

contrairement aux firmes agro-alimentaires, ils ne sont pas tenus de donner les ingrédients

employés dans leurs plats. Les recettes sont même jalousement gardées. A El Bulli, le

restaurant considéré comme le meilleur du monde, certains ont essayé d’en savoir plus sur la

composition des plats. La seule réponse qu’ils ont obtenue est « secret du chef ». Dans ces

conditions, comment être sûr qu’on peut manger tranquillement, sans mettre sa santé en

jeu ? Car, dans la mesure ou les restaurants ne révèlent pas la composition de leurs plats,

aucun contrôle ne peut être effectué. Il ne reste plus qu’à faire confiance au cuisinier.

Sur son site Internet, Ferran Adrià dévoile tout de même quelques unes de ces

recettes, dont celle des boulettes de fèves tendres. En voici les ingrédients :

Pour le mélange de Métil :

- 100g d’eau

- 3g d’E461 (Métil)

Pour les boulettes de fèves tendres :

- 65g de fèves tendres écossées et épluchées

- 20g de mélange d’E461 (Métil)

Le « Métil » est le nom commercial de la méthylcellulose. Il s’agit d’un gélifiant utilisé sur les

aliments tièdes : il se dilue lorsque les ingrédients refroidissent. Aux Etats-Unis, on emploie

cette substance dans le traitement de la constipation et des hémorroïdes, mais aussi comme

lubrifiant, comme additifs au mortier ou à la colle à papier peint. En Grande-Bretagne, la

méthylcellulose aide les gens à perdre du poids en leur remplissant l’estomac, car elle n’a

aucune valeur nutritive. Pour la réalisation de cette recette, il faut laisser le mélange de Métil

gonfler dans l’eau, avant de l’incorporer à la préparation. Si on ne respecte pas cette

précaution, il gonfle dans l’estomac et provoque un effet laxatif immédiat. Enfin, on

remarque que cette préparation emploie environ 1/4 d’additif pour 3/4 de produit naturel, ce

qui est énorme si on prend en considération que la quantité présente dans les produits

manufacturés est d’à peine un ou deux pourcents.

On peut également retenir l’exemple de l’émulsifiant E473 appelé sucroester. La DJA de cette

substance était de 20mg.kg-1, mais elle vient d’être récemment augmentée à 40mg.kg-1, ce

qui équivaut pour une personne saine de 80 kg à une consommation pouvant aller jusqu'à

3,2g par jour. Les autorités compétentes ont toutefois précisé que dépasser le seuil des 2

grammes par jour peut provoquer chez les adultes des troubles gastro-intestinaux. Sachant

cela, il parait ensuite difficile de déguster la recette d’Adrià intitulée « Air de cerise », qui en

contient six grammes.

Page 28: Cuisine & Saveurs

Il semblerait que ce genre d’abus soit fréquent. En février 2009, le Fat Duck, célèbre restaurant

britannique servant de la cuisine moléculaire a reçu une quarantaine de plaintes pour intoxication

alimentaire. Le chef, Heston Blumenthal, a été contraint de fermer son restaurant pour le soumettre à

une enquête sanitaire. Après cette annonce, 400 personnes se sont manifestées comme ayant

également été intoxiquées après leur passage au restaurant. Celui-ci a rouvert ses portes après une

durée de quinze jours, mais le trouble demeure : la raison de l’intoxication demeure inconnue. Même

si le chef prétend qu’elle était due à un virus présent sur six de ses employés, il y a de quoi rester

sceptique. En effet, les 400 intoxications étaient trop étalées dans le temps pour que cette explication

soit plausible.

Les grands restaurants de cuisine moléculaire ne peuvent pas se sortir indemnes de telles

accusations. C’est tous les chefs moléculaires qui auront été éclaboussés par cette affaire. Certains ne

les prennent pas au sérieux. Joël Robuchon, grand cuisinier français, répond dans une interview que,

pour lui, la cuisine moléculaire est «une parenthèse *dans l’histoire de la gastronomie+ qui ne va pas

tarder à se fermer ».

Cependant, il faut rester réaliste : la cuisine moléculaire ne tuera personne. L’absorption

d’additifs en trop grande quantité, si elle n’est pas régulière, ne présente pas de danger majeur pour

la santé. Une solution honnête serait d’« étiqueter » les plats servis. Ce serait faire preuve d’un

minimum de respect envers les clients. On peut néanmoins se poser la question : vaut-il vraiment la

peine d’aller au restaurant si on sait qu’on risque d’être malade le lendemain ?

Page 29: Cuisine & Saveurs

LA PANOPLIE DU PETIT CUISINIER – CHIMISTE !

SERINGUE ET TUYAU

SYPHON EN INOX

BALANCE ELECTRONIQUE

CUILLERE AMUSE BOUCHE

EN PORCELAINE

GAMME TEXTURAS

KIT DE CUISINE MOLECULAIRE

Page 30: Cuisine & Saveurs

La cuisine moléculaire est un concept relativement récent. De par sa dimension avant-gardiste, elle est parfois méconnue du grand public. Les restaurants en ont fait un produit de luxe, n’hésitant pas à faire payer le menu 300€, ce qui ne la rend pas accessible à tout le monde. Le concept est-il populaire ? Quelques chiffres pour tenter d’y voir plus clair ...

On constate que la plupart des personnes interrogées ont déjà entendu

parler de ce concept. Ceux qui sont les plus informés sur le sujet sont les

plus de 30 ans.

LA CUISINE MOLECULAIRE ET LES CONSOMMATEURS

1ère question : Connaissez vous la cuisine moléculaire?

Page 31: Cuisine & Saveurs

Sur cet histogramme, on remarque que le pourcentage des personnes qui ont déjà goûté la cuisine moléculaire augmente en fonction de l’âge. Cependant, il reste très faible : dans toutes les catégories, la réponse qui domine est le ‘non’.

Les personnes qui ont déjà entendu parler de la cuisine moléculaire ont bien souvent été informées par des émissions télévisées ou des articles dans les journaux. Cependant, la cuisine moléculaire, malgré les efforts de ses créateurs pour aller dans ce sens, n’est pas accessible au plus grand nombre. On remarque que le pourcentage de ceux qui en ont entendu parler est de 65,80%, mais que celui de ceux qui y ont goûté est de seulement 23%. On peut attribuer cette différence à la relative rareté des restaurants proposant ce type de nourriture, ou au prix des menus.

2ème question : Avez vous déjà goûté ?

Page 32: Cuisine & Saveurs

Voici quelques livres que nos journalistes ont lus

et appréciés. Si le sujet vous intéresse, n’hésitez

pas !

POUR EN SAVOIR PLUS …

La cuisine, c’est de l’amour, de l’art,

de la technique, Hervé THIS et Pierre

GAGNAIRE, éditions Odile Jacob

Les dessous peu appétissants de la

Cuisine Moléculaire, Jörg ZIPPRICK

Cours de Gastronomie Moléculaire n°1,

Hervé THIS, éditions Belin

€€

De la science aux fourneaux, Hervé

This, éditions Favre

Les secrets de la casserole, Hervé

THIS, éditions Belin, €€

Page 33: Cuisine & Saveurs

SOURCES DOCUMENTAIRES …

Sites internet:

http://www.lacuisinedefabrice.fr/2009/03/09/la-cuisson-basse-temprature/

http://www.art-et-science.fr/creart/2009/gastronomiemoleculaire.htm

http://www.inra.fr/la_science_et_vous/apprendre_experimenter/gastronomie_moleculaire

http://sites.google.com/site/travauxdehervethis/

http://podcast.agroparistech.fr/users/gastronomiemoleculaire/

http://www.agroparistech.fr/-Theme-Gastronomie-Moleculaire-.html

http://www.sur-la-toile.com/article-1790-Experience--pondre-un-%9Cuf-sans-coquille..html

http://fr.wikipedia.org/wiki/Agar-agar

http://www.intellego.fr/soutien-scolaire-1ere-S/aide-scolaire-Chimie/La-gelification/19806

http://fr.wikipedia.org/wiki/Azote_liquide www.sciencesetgastronomie.com

http://www.pointsdactu.org/article.php3?id_article=1053

http://www.inra.fr/la_science_et_vous/apprendre_experimenter/gastronomie_moleculaire/conferences_herve_this

http://www.marmiton.org/magazine/dossiers_marmiton-cuisine-moleculaire-1.cfm

http://www.futura-sciences.com/fr/doc/t/chimie/d/la-gastronomie-moleculaire-ou-la- gastronomie-deshabillee_367/c3/221/p1/

http://amp2005.blog.lemonde.fr/2005/03/21/2005_03_herv_this_et_la/

http://www.cuisinemoleculaire.com/index.php?option=com_content&task=view&id=13&Itemid=28

http://chefsimon.com/alginate.htm

http://chefsimon.com/algiperles.htm

http://tpe-cuisinemoleculaire.sup.fr/

http://www.cuisine-et-molecule.fr/techniques/spherification

http://www.linternaute.com/femmes/cuisine/magazine/itvw/it_this.shtml

http://www.passeportsante.net

http://cieh.iut.u-bordeaux1.fr/modules/coursenligne/ribera/riberarisqalim.pdf

http://www.les-additifs-alimentaires.com

http://www.azaquar.com/iaa/index.php?cible=la_additifs

http://www.st2s-casteilla.net/spc/pole-4-des-molecules-de-la-sante/128-calcul-de-la-dja.html

http://www.albertyferranadria.com

http://www.omnivore.fr

http://faostat.fao.org/

http://www.evene.fr/celebre/biographie/herve-this-22810.php

http://sites.google.com/site/travauxdehervethis/Home/pour-en-savoir-plus/cv-complet

http://rms.medhyg.ch/numero-198-page-795.htm

http://fr.wikipedia.org

http://www.dictionnaire-environnement.com/dose_journaliere_admissible

http://www.futura-sciences.com

http://chefsimon.com/litterature/herve-this.html

Périodiques :

Périodique « ça m’intéresse » avril 2010, numéro 350

Science&vie junior N°252 p78 à p83 Comment ça marche ? , décembre 2010, n°6

Page 34: Cuisine & Saveurs