Cultive-t-on encore les Cultive-t-on encore les bébés ?bébés ?

Patrick Ben SoussanPatrick Ben SoussanPédopsychiatre, Chef du Département de Psychologie Pédopsychiatre, Chef du Département de Psychologie

Clinique, Clinique, Institut Paoli-Calmettes, MarseilleInstitut Paoli-Calmettes, Marseille

Patrick Ben SoussanPatrick Ben SoussanPédopsychiatre, Chef du Département de Psychologie Pédopsychiatre, Chef du Département de Psychologie

Clinique, Clinique, Institut Paoli-Calmettes, MarseilleInstitut Paoli-Calmettes, Marseille

« Bébé. Créature difforme à l’âge, au sexe « Bébé. Créature difforme à l’âge, au sexe et à la condition indéterminés, et à la condition indéterminés, hautement remarquable par la violence hautement remarquable par la violence des sympathies et des antipathies qu’elle des sympathies et des antipathies qu’elle provoque chez les autres, sans exprimer provoque chez les autres, sans exprimer elle-même de sentiment ni d’émotion. »elle-même de sentiment ni d’émotion. »

Ambrose Bierce, écrivain et journaliste américain du XIXe siècleAmbrose Bierce, écrivain et journaliste américain du XIXe siècle

Il était une fois...Il était une fois...

Dans un pays Dans un pays lointain…lointain…

Un bébéUn bébé

Bon, précisons :Bon, précisons :Pas le bébé tube digestifPas le bébé tube digestif

« « Un tube digestif Un tube digestif inerte et végétatif inerte et végétatif dont les activités se dont les activités se bornent à ses bornent à ses besoins primaires besoins primaires »»

Métaphysique des tubesMétaphysique des tubes (Paris, Albin Michel, 2000, p.7)(Paris, Albin Michel, 2000, p.7)

Le nouveau-né, perdu Le nouveau-né, perdu dans son sommeil dans son sommeil fœtal est plus fœtal est plus pauvre, plus pauvre, plus humble que le plus humble que le plus archaïque des archaïque des animaux. Ses seuls animaux. Ses seuls liens avec le monde liens avec le monde extérieur c’est l’air extérieur c’est l’air qu’il respire, le lait qu’il respire, le lait qu’il boit. Quand il qu’il boit. Quand il émerge de son émerge de son sommeil, c’est sommeil, c’est seulement pour seulement pour crier et téter. crier et téter. Il est Il est essentiellement essentiellement une une bouchebouche vagissantevagissante et et gouluegoulue". ".

René Zazzo, René Zazzo, 19551955

Pas le bébé Pas le bébé PipicacadodoPipicacadodo

Aujourd’hui ce serait plutôt Aujourd’hui ce serait plutôt le Mozart assassinéle Mozart assassiné

L’enfant merveilleuxL’enfant merveilleux« Quelle mystérieuse « Quelle mystérieuse

ascension ! D'une lave ascension ! D'une lave en fusion, d'une pâle en fusion, d'une pâle étoile, d'une cellule étoile, d'une cellule vivante germée par vivante germée par miracle nous sommes miracle nous sommes issus, et, peu à peu, issus, et, peu à peu, nous nous sommes nous nous sommes élevés jusqu'à écrire élevés jusqu'à écrire des cantates et à peser des cantates et à peser des voies lactées.»des voies lactées.»

Saint-ExupérySaint-Exupéry

L’enfant merveilleusement L’enfant merveilleusement compétent de notre compétent de notre

modernité modernité

L’enfant, champion toute L’enfant, champion toute catégorie de catégorie de

la créationla création

Glenn DomanGlenn DomanThe Institutes for the The Institutes for the

Achievement of Human PotentialAchievement of Human Potential

How to How to Multiply Multiply Your Your Baby’s Baby’s IntelligencIntelligence Course ?e Course ?

Dans 20 Dans 20 ans ? ans ?

Le génie en germeLe génie en germe

« Il suffit pour « Il suffit pour l’instant de dire l’instant de dire que chaque que chaque enfant, ... est, du enfant, ... est, du moins en germe, moins en germe, un artiste, un un artiste, un visionnaire et un visionnaire et un révolutionnaire. »révolutionnaire. »

David CooperDavid Cooper

Donc, le gDonc, le géénie, nie, çça se cultive...a se cultive...

Mais pourquoi les années de Mais pourquoi les années de puériculture ne seraient que verts puériculture ne seraient que verts

paradis? paradis?

Parce que nous aimons tant Parce que nous aimons tant les enfantsles enfants

L’enfant L’enfant n’est qu’à n’est qu’à

aimeraimer

La fable institue La fable institue comme seule loi de comme seule loi de l’enfance, l’amour, l’enfance, l’amour, irréductible, des irréductible, des

parentsparents

Oublions donc Gavroche, Poil de Oublions donc Gavroche, Poil de Carotte, Bécassine ou le Petit Carotte, Bécassine ou le Petit

PoucetPoucet

Et dressons l’imagier de la Et dressons l’imagier de la puériculturepuériculture

Pour nous aider, une histoire Pour nous aider, une histoire connue: « Il était une fois, connue: « Il était une fois,

trois petits cochons... »trois petits cochons... »

Qui aimaient tant le chou, Qui aimaient tant le chou, la boue, taper, roter et péter... la boue, taper, roter et péter...

Le premierLe premier

Le rêve de la monographie Le rêve de la monographie botanique botanique (1900)(1900)

Le bébé « cultivé » a Le bébé « cultivé » a besoin d’histoire (s)besoin d’histoire (s)

L’HistoireL’Histoire Leur histoireLeur histoire Les histoiresLes histoires

Il n’y a pas de premier jour, Il n’y a pas de premier jour, tout ce qui vit s’autorise d’un tout ce qui vit s’autorise d’un précédent et le passé a précédent et le passé a toujours de l’avenir. Toute toujours de l’avenir. Toute naissance porte en elle naissance porte en elle l’empreinte déjà inscrite de la l’empreinte déjà inscrite de la vie et si originale que soit vie et si originale que soit cette entreprise, nous cette entreprise, nous mettons nos pas dans des pas mettons nos pas dans des pas déjà tracés.déjà tracés.

Tout enfant nait d’une histoire Tout enfant nait d’une histoire qui l’a porté au monde qui l’a porté au monde

Le deuxièmeLe deuxième

Anne-Marie, la fée à Jean-Paul Anne-Marie, la fée à Jean-Paul (1964) (1964)

« “Que veux-tu que je te lise, mon chéri ? Les Fées”… « “Que veux-tu que je te lise, mon chéri ? Les Fées”… Cette histoire m’était familière : ma mère me la Cette histoire m’était familière : ma mère me la racontait souvent, quand elle me débarbouillait, en racontait souvent, quand elle me débarbouillait, en s’interrompant pour me frictionner à l’eau de s’interrompant pour me frictionner à l’eau de Cologne, pour ramasser, sous la baignoire, le savon Cologne, pour ramasser, sous la baignoire, le savon qui lui avait glissé des mains et j’écoutais qui lui avait glissé des mains et j’écoutais distraitement le récit trop connu ; je n’avais d’yeux distraitement le récit trop connu ; je n’avais d’yeux que pour Anne-Marie, cette jeune fille de tous mes que pour Anne-Marie, cette jeune fille de tous mes matins ; je n’avais d’oreilles que pour sa voix matins ; je n’avais d’oreilles que pour sa voix troublée par la servitude ; je me plaisais à ses troublée par la servitude ; je me plaisais à ses phrases inachevées, à ses mots toujours en retard, à phrases inachevées, à ses mots toujours en retard, à sa brusque assurance, vivement défaite et qui se sa brusque assurance, vivement défaite et qui se tournait en déroute pour disparaître dans un tournait en déroute pour disparaître dans un effilochement mélodieux et se recomposer après un effilochement mélodieux et se recomposer après un silence. silence. L’histoire, ça venait par-dessus le marché L’histoire, ça venait par-dessus le marché ; ; c’était le lien de ses soliloques. Tout le temps qu’elle c’était le lien de ses soliloques. Tout le temps qu’elle parlait nous étions seuls et clandestins, loin des parlait nous étions seuls et clandestins, loin des hommes, des dieux et des prêtres, deux biches au hommes, des dieux et des prêtres, deux biches au bois, avec ces autres biches, les Fées ; je n’arrivais bois, avec ces autres biches, les Fées ; je n’arrivais pas à croire qu’on eût composé tout un livre pour y pas à croire qu’on eût composé tout un livre pour y faire figurer cet épisode de notre vie profane qui faire figurer cet épisode de notre vie profane qui sentait le savon et l’eau de Cologne. »sentait le savon et l’eau de Cologne. »

Le bébé « cultivé » a besoin d’être Le bébé « cultivé » a besoin d’être « touché »« touché »

Etre soumis à celle qui, par ses Etre soumis à celle qui, par ses « charmes », ensorcelle, capture, « charmes », ensorcelle, capture, s’approprie l’enfant : la féerie maternelle. s’approprie l’enfant : la féerie maternelle.

La présence toute sensuelle de l’autre, la La présence toute sensuelle de l’autre, la rencontre passionnée et passionnelle rencontre passionnée et passionnelle entre mère et tout petitentre mère et tout petit

L’histoire d’une rencontre, aile contre aile, L’histoire d’une rencontre, aile contre aile, corps contre corps, de deux êtres qui se corps contre corps, de deux êtres qui se découvrent «  dans l’infini des découvrent «  dans l’infini des sensations » de ce « pays singulier » des sensations » de ce « pays singulier » des premiers mois.premiers mois.

Le troisièmeLe troisième

« L'Appréhension de la beauté. Le rôle du conflit esthétique dans le développement psychique, la violence, l'art. »

Avec Martha HarrisAvec Martha Harris

Paris, Ed. Hublot, 2000Paris, Ed. Hublot, 2000

Donald Meltzer Donald Meltzer (1922-2004)(1922-2004)

Le conflit esthétiqueLe conflit esthétique

C'est ce C'est ce questionnement qui questionnement qui met en action met en action la la pulsion pulsion épistémophilique épistémophilique qui qui est à l'origine de la est à l'origine de la soif de savoir, de la soif de savoir, de la curiosité, ce moteur curiosité, ce moteur qui anime la qui anime la croissance psychique croissance psychique de l'enfant.de l'enfant.

Est-ce aussi beau Est-ce aussi beau dedans que dehors ?dedans que dehors ?

Impact esthétique Impact esthétique

direct de l’extérieur direct de l’extérieur de l’objet, accessible de l’objet, accessible aux organes des aux organes des sens, face à sens, face à l’intérieur l’intérieur énigmatique de énigmatique de l’objet, qui doit être l’objet, qui doit être interprété et élaboré interprété et élaboré par l’imagination par l’imagination créative.créative.

Déjà connu des poètesDéjà connu des poètes

Pour Baudelaire, en Pour Baudelaire, en ces « années ces « années profondes » de profondes » de l’enfance, tout n’est l’enfance, tout n’est qu’ « qu’ « expérience des expérience des sens, impressions sens, impressions heureuses et heureuses et affection affection profonde.profonde. » »

« Les parfums, les couleurs « Les parfums, les couleurs et les sons se répondent » et les sons se répondent »

Il écoute les sons, les Il écoute les sons, les couleurs, les odeurs, couleurs, les odeurs, dégage des formes dégage des formes confuses de son confuses de son environnement la carte environnement la carte de sa géographie de sa géographie intime et cherche dans intime et cherche dans les harmoniques du les harmoniques du monde les lignes et les monde les lignes et les accents de sa petite accents de sa petite musique. musique.

Pour BaudelairePour Baudelaire Le poète est un alchimiste des Le poète est un alchimiste des

perceptions qui recompose la perceptions qui recompose la musique des émotions, de musique des émotions, de toutes les données sensibles toutes les données sensibles de la vie. de la vie. Dès lors, Dès lors, l’enfant en son l’enfant en son développement n’est rien développement n’est rien d’autre qu’un poète.d’autre qu’un poète.

Extraordinairement Extraordinairement expérimentateur, explorateur, expérimentateur, explorateur, une graine de Colomb, un Neil une graine de Colomb, un Neil Armstrong en puissance, un Armstrong en puissance, un Galilée, un Darwin, un Galilée, un Darwin, un Rimbaud, un Freud ! Rimbaud, un Freud !

L’enfant explorateur ou L’enfant explorateur ou philosophephilosophe

L’enfant procède par correspondance, L’enfant procède par correspondance, association, affiliation, comparaison, association, affiliation, comparaison, mathématicien en herbe, statisticien, mathématicien en herbe, statisticien, évaluateur et accréditeur de toutes choses. évaluateur et accréditeur de toutes choses.

Dans cet incessant travail sur le monde et sur Dans cet incessant travail sur le monde et sur lui-même, il est ce lui-même, il est ce « philosophe » « philosophe » qu’évoque qu’évoque J-D Vincent, avant même de savoir parler, un J-D Vincent, avant même de savoir parler, un philosophe doué d’une bien piètre objectivité, philosophe doué d’une bien piètre objectivité, tant il est pris tant il est pris dans les rets affectifs de son dans les rets affectifs de son lien à l’autrelien à l’autre, si peu autre au début., si peu autre au début.

Baudelaire en 1852, dans son essai L’école Baudelaire en 1852, dans son essai L’école païenne, rappelle ainsi que cet enfant vit ses païenne, rappelle ainsi que cet enfant vit ses sens sens « journellement caressés, irrités, « journellement caressés, irrités, effrayés, allumés et satisfaits par des objets effrayés, allumés et satisfaits par des objets d’art »d’art », au premier rang desquels Donald , au premier rang desquels Donald Meltzer placerait cet Meltzer placerait cet « objet esthétique » « objet esthétique » maternelmaternel..

Le bébé « cultivé » a besoin de Le bébé « cultivé » a besoin de sentir, ressentir sentir, ressentir

Nul « je » au débutNul « je » au débutUn « nous » se composeUn « nous » se compose

Le premier vocabulaire des émotionsLe premier vocabulaire des émotions« Je suis parce que je suis ému et « Je suis parce que je suis ému et

parce que tu le sais » parce que tu le sais » J-D. Vincent J-D. Vincent (La (La chair et le diable, 1996)chair et le diable, 1996)

L’L’Homo sentiens Homo sentiens (M. Lacroix, (M. Lacroix, 2001)2001)

Les vivances émotionnelles Les vivances émotionnelles (W. Bion)(W. Bion)

Le tout petit, au guet Le tout petit, au guet sensoriel de son sensoriel de son environnementenvironnement

AuditifAuditif

sensitifsensitif

odorantodorant

Le bébé « cultivé » a de Le bébé « cultivé » a de l’esprit : la théorie de l’esprit : la théorie de

l’Espritl’EspritLa capacité du bébé à comprendre, La capacité du bébé à comprendre,

expliquer et prédire les expliquer et prédire les représentations mentales : représentations mentales : la position la position intentionnelle du bébé (Dennett)intentionnelle du bébé (Dennett)

L’instauration précoce d’anticipations L’instauration précoce d’anticipations sociales et de compréhension de sociales et de compréhension de l’intentionnalité des comportements l’intentionnalité des comportements humainshumains

Toute distinction entre cognitif et Toute distinction entre cognitif et social n’a plus de senssocial n’a plus de sens

Le bébé « cultivé »va Le bébé « cultivé »va besoin besoin d’un d’un

TOI (T)TOI (T)

« Un nourrisson, « Un nourrisson, ça n’existe ça n’existe pas »pas »

DW WinnicottDW Winnicott

Premiers liens : comment Premiers liens : comment l’attachement vient aux bébés ?l’attachement vient aux bébés ?

La Théorie de l'attachementLa Théorie de l'attachement

Blaise PierrehumbertBlaise Pierrehumbert - éd. Odile - éd. Odile Jacob, 2003Jacob, 2003

Qu’est-ce qu’un enfant ?Qu’est-ce qu’un enfant ?

« Qu’est-ce qu’un « Qu’est-ce qu’un enfant ? »enfant ? »

A cette question, en écho, le Talmud répond par A cette question, en écho, le Talmud répond par une autre énigmatique question : une autre énigmatique question : Il est Il est un « quoi ? », un « qu’est-ce que c’est ? »un « quoi ? », un « qu’est-ce que c’est ? »

Mais il dit plus. Il interroge :Mais il dit plus. Il interroge :« A quoi ressemble un enfant dans le ventre de « A quoi ressemble un enfant dans le ventre de sa mère ? »sa mère ? »Et voilà la réponse qu’il donne : Et voilà la réponse qu’il donne :

« A un livre plié »« A un livre plié »

Du livre à la cireDu livre à la cire

La Tabula rasa La Tabula rasa d’Aristote :d’Aristote :

« Une cire vierge, « Une cire vierge, une matière à une matière à façonner »façonner »

A la naissance, A la naissance, l'individu est dans l'individu est dans un état un état d'imperfection d'imperfection absolueabsolue

Empirique, l’enfant !Empirique, l’enfant ! LockeLocke (1632- (1632-

1702) :1702) :

Rien n'est antérieur à Rien n'est antérieur à l'expérience et, l'expérience et, partant, rien n'est partant, rien n'est inné.inné.

Helvétius Helvétius (1715-(1715-1771) : 1771) : L’inégalité L’inégalité des esprits ne des esprits ne tire pas son origine tire pas son origine de l’organisation de l’organisation biologique des biologique des individus mais de leur individus mais de leur éducationéducation

« Les aventures de « Les aventures de Pinocchio, histoire d’un Pinocchio, histoire d’un

pantin » pantin » Carlo Collodi, 1883Que nous conte donc

Pinocchio ? L’histoire d’un ridicule petit pantin de bois, issu tout droit d’une fiction parentale, qui devra affronter tout un périlleux cheminement pour advenir au statut de personne humaine, de sujet inscrit dans une filiation et une histoire.

« La pureté séraphique de « La pureté séraphique de l’âme enfantine » l’âme enfantine » S. Freud

Françoise Dolto, 1908-Françoise Dolto, 1908-19881988

« Le bébé est « Le bébé est tout sauf un tout sauf un corps de corps de viande » viande »

« « Max, le héros de mon livre, Max, le héros de mon livre, décharge sa colère contre sa mère décharge sa colère contre sa mère et il retourne au monde réel et il retourne au monde réel ensommeillé, affamé et en paix ensommeillé, affamé et en paix avec lui-même. Bien sûr, nous avec lui-même. Bien sûr, nous voulons tous protéger les enfants voulons tous protéger les enfants contre des expériences contre des expériences douloureuses qui dépassent leur douloureuses qui dépassent leur capacité de compréhension capacité de compréhension émotionnelle et sont source émotionnelle et sont source d’anxiété. Cela paraît évident. d’anxiété. Cela paraît évident. Cependant, ce qui est tout aussi Cependant, ce qui est tout aussi évident, mais souvent négligé, évident, mais souvent négligé, c’est que tous les enfants, dès les c’est que tous les enfants, dès les premières années de leur vie, ont premières années de leur vie, ont affaire à des émotions qui les affaire à des émotions qui les perturbent, que la peur et perturbent, que la peur et l’anxiété sont une partie l’anxiété sont une partie intrinsèque de leur vie intrinsèque de leur vie quotidienne et qu’ils gèrent en quotidienne et qu’ils gèrent en permanence leur frustration le permanence leur frustration le mieux qu’ils peuvent. mieux qu’ils peuvent.

La fantaisie reste la meilleure arme La fantaisie reste la meilleure arme dont l’enfant dispose pour dont l’enfant dispose pour apprivoiser ses parties sauvages. apprivoiser ses parties sauvages. Ce qui confère à mon travail toute Ce qui confère à mon travail toute la vérité et la toute la passion la vérité et la toute la passion qu’il peut éventuellement avoir, qu’il peut éventuellement avoir, c’est mon engagement dans ce c’est mon engagement dans ce fait inévitable de l’enfance, la fait inévitable de l’enfance, la terrible vulnérabilité des enfants terrible vulnérabilité des enfants et en même temps leur lutte pour et en même temps leur lutte pour devenir les rois de toutes les devenir les rois de toutes les choses sauvages.choses sauvages. » »

Petit rappel, nécessaire :Petit rappel, nécessaire : « Nous ne naissons pas « Nous ne naissons pas

humains,humains,« « Si vous laissez un Si vous laissez un chien ou une fourmi chien ou une fourmi livrlivréés s àà eux-mêmes, eux-mêmes, ils grandiront et ils grandiront et deviendront chien deviendront chien ou fourmi, mais si ou fourmi, mais si vous laissez un vous laissez un enfant livrenfant livréé àà lui- lui-même, il ne même, il ne deviendra pas un deviendra pas un être humain car être humain car ll’’humanisation est humanisation est un fait culturel, qui un fait culturel, qui se construit.se construit. » »

Edward BondEdward Bond, homme , homme de thde thééâtreâtre

nous le nous le devenons »devenons »

Quelque chose s’est passé sur Quelque chose s’est passé sur la scène du théâtre : un fragile la scène du théâtre : un fragile

humain s’y est inventéhumain s’y est inventé« J’ai écrit une pièce qui « J’ai écrit une pièce qui s’appelle s’appelle Les enfantsLes enfants. Dans . Dans l’histoire, il y a des enfants et l’histoire, il y a des enfants et deux adultes. Tous les adultes deux adultes. Tous les adultes ont pensé que les enfants ne la ont pensé que les enfants ne la comprendraient pas car elle comprendraient pas car elle était trop complexe. Et bien ce était trop complexe. Et bien ce sont les jeunes enfants qui ont sont les jeunes enfants qui ont compris la pièce. Parce qu’une compris la pièce. Parce qu’une communauté d’adultes se communauté d’adultes se demande comment construire demande comment construire une société civiliséeune société civilisée, ,

tandis que pour un enfant la tandis que pour un enfant la question c’est « comment je me question c’est « comment je me crée moi-même ».crée moi-même ».

Edward BondEdward Bond

Notre société civiliséeNotre société civilisée

« L’homme est un « L’homme est un loup pour loup pour l’homme...et ce n’est l’homme...et ce n’est pas un compliment pas un compliment pour le loup. »pour le loup. »

J. LacanJ. Lacan

Conte indienConte indien

Un chef parle à son fils de la vie.Un chef parle à son fils de la vie.Il lui dit que l’homme abrite en lui deux Il lui dit que l’homme abrite en lui deux loups qui se combattent.loups qui se combattent.Un loup maléfique et plein de Un loup maléfique et plein de ressentiment.ressentiment.Un loup profondément bon et Un loup profondément bon et pacifique.pacifique.L’enfant demande lequel des deux finit L’enfant demande lequel des deux finit par gagner. Son père répond: par gagner. Son père répond: « Celui « Celui que tu nourris. »que tu nourris. »

Agir sur son Agir sur son environnementenvironnement

« Tout organisme vivant, pour survivre, « Tout organisme vivant, pour survivre, doit se poser implicitement, sinon doit se poser implicitement, sinon explicitement, les questions explicitement, les questions fondamentales de l’existence : fondamentales de l’existence :

Où agir ? Quand agir ? Sur quoi agir ? Pour Où agir ? Quand agir ? Sur quoi agir ? Pour quoi agir ? Et comment agir ?quoi agir ? Et comment agir ?… …

Ces cinq questions forment l’axiomatique Ces cinq questions forment l’axiomatique de la vie de relation ».de la vie de relation ».

Braun V (2003) Vers un cadre neuropsychologique général Braun V (2003) Vers un cadre neuropsychologique général pour le développement du nourrisson. pour le développement du nourrisson. EnfanceEnfance, 2003/4, , 2003/4, Vol. 55Vol. 55

FaireFaire Le bébé est un véritable «Le bébé est un véritable « homme d’action homme d’action », il  », il

est infiniment doué, plus encore même est infiniment doué, plus encore même « fabriqué » pour « fabriqué » pour faire, bouger, se déplacer faire, bouger, se déplacer dans son environnement tout autant d’ailleurs dans son environnement tout autant d’ailleurs que pour déplacer cet environnement et agir que pour déplacer cet environnement et agir sur lui. sur lui.

Le pédiatre Albert Grenier a montré il y a plus Le pédiatre Albert Grenier a montré il y a plus de 40 ans qu’un bébé de moins de 3 semaines, de 40 ans qu’un bébé de moins de 3 semaines, bien éveillé et bien maintenu était capable, bien éveillé et bien maintenu était capable, après plusieurs minutes d'attention, de tendre après plusieurs minutes d'attention, de tendre la main et de toucher un objet attractif, voire la main et de toucher un objet attractif, voire d'ouvrir la main et de la poser sur cet objet. d'ouvrir la main et de la poser sur cet objet.

Bower avait d'ailleurs constaté la même chose Bower avait d'ailleurs constaté la même chose et appelé "et appelé "réaction de pointageréaction de pointage", cette faculté ", cette faculté qu'a le bébé de quelques semaines, couché sur qu'a le bébé de quelques semaines, couché sur le dos, de tendre la main vers un objet attractif le dos, de tendre la main vers un objet attractif placé à 25 ou 30 cm de son visage.placé à 25 ou 30 cm de son visage.

Grenier A (1981) La "motricité libérée" par fixation manuelle de la nuque au Grenier A (1981) La "motricité libérée" par fixation manuelle de la nuque au cours des premières semaines de la viecours des premières semaines de la vie, Archives Françaises de Pédiatrie, , Archives Françaises de Pédiatrie, 38, 557-562.38, 557-562.

La pensée nait de l’actionLa pensée nait de l’action Pour Myriam David, toute Pour Myriam David, toute

pensée est expérientielle. pensée est expérientielle. Mais dans le même temps, Mais dans le même temps, toute pensée est une toute pensée est une ébauche d’action ébauche d’action ou pour ou pour reprendre une belle image reprendre une belle image lacanienne « lacanienne « une dégustation une dégustation de l’actionde l’action ». Emotion,  ». Emotion, pensée et action ont partie pensée et action ont partie liée, intimement, dès l’aube liée, intimement, dès l’aube de la vie. de la vie. David M (1976) David M (1976) L’enfant de 0 à 2 ans.L’enfant de 0 à 2 ans. Paris, Paris, Privat (Dunod, 1990)Privat (Dunod, 1990)

Le bébé, agitateur de Le bébé, agitateur de penséespensées

Les enfants ne sont pas Les enfants ne sont pas des anges de la créationdes anges de la création

Un ange passe…Un ange passe…

« Beaucoup de saveurs, « Beaucoup de saveurs, un peu de savoir »un peu de savoir » R. BarthesR. Barthes

« un enfant travailleur de la matière « un enfant travailleur de la matière et non consommateur (propriétaire) et non consommateur (propriétaire) de la forme » de la forme » G.Bachelard

Le génie créateur des Le génie créateur des enfants…enfants…On lira avec plaisir cette séquence décrite par F.

Dolto où deux petits énervaient leurs parents parce qu’ils n’arrêtaient pas de faire monter et descendre des engins à roulettes sur les escaliers de la petite cabane à la Maison Verte. À travers la discussion avec les parents, il s’avérait que c’était exactement le manège qu’ils avaient vécu plus petits, dans leur poussette, parce que la concierge n’avait pas toléré que la mère la laisse en bas de l’escalier, ce qui avait provoqué maintes scènes désagréables. Ce jeu représente, dans son caractère répétitif, le processus d’intégration d’un langage énigmatique, quelque peu traumatique, que les enfants avaient appris au contact de leur mère, et dont ils deviennent dans le jeu les auteurs.

F. Dolto, La Cause des enfants, Paris, R. Laffont, 1985, p. 583-4.

… … a besoin d’être a besoin d’être « cadré »« cadré »

On peut aussi introduire cette question par une On peut aussi introduire cette question par une autre distinction, celle entre autre distinction, celle entre pulsion et instinct, pulsion et instinct, tout à fait nette chez Freud et qui a, tout à fait nette chez Freud et qui a, elle aussi, elle aussi, tendance à être occultée. La pulsion n’a pas de tendance à être occultée. La pulsion n’a pas de but préétabli, n’est pas génétiquement but préétabli, n’est pas génétiquement déterminée, elle surgit dans le courant de déterminée, elle surgit dans le courant de l’existence de l’enfant dès ses premiers jours. l’existence de l’enfant dès ses premiers jours. La pulsion n’est pas adaptative, à la différence La pulsion n’est pas adaptative, à la différence de l’instinct qui l’est. C’est même tout le de l’instinct qui l’est. C’est même tout le problème : elle a besoin d’être cadrée. On problème : elle a besoin d’être cadrée. On pourrait même dire qu’elle est anti-adaptative pourrait même dire qu’elle est anti-adaptative et qu’elle a sans cesse besoin d’être liée, car et qu’elle a sans cesse besoin d’être liée, car elle est déliée par définitionelle est déliée par définition

Devenir …Devenir …

« Il faut 20 ans « Il faut 20 ans pour mener pour mener l’homme de l’homme de l’état de plante l’état de plante où il est dans le où il est dans le ventre de sa ventre de sa mère … mère … 

… … HumainHumain……et de l’état de et de l’état de

pur animal qui pur animal qui est le partage de est le partage de sa première sa première enfance, jusqu’à enfance, jusqu’à celui où la celui où la maturité de la maturité de la raison commence raison commence à poindre. »à poindre. »

VoltaireVoltaireRéflexions générales sur l’HommeRéflexions générales sur l’Homme

Dodo l’enfant doDodo l’enfant do

Chut !Chut !

S.FREUDS.FREUD

« His Majesty « His Majesty the Baby »the Baby »

« Pour introduire le narcissisme » (1914), dans La vie sexuelle, Paris, Gallimard, 1949.

« L’enfant aura la vie meilleure que ses parents, il ne sera pas soumis aux nécessités dont on a fait l’expérience qu’elles dominaient la vie.

Maladie, mort, renonciation de jouissance, restrictions à sa propre volonté ne vaudront pas pour l’enfant, les lois de la nature comme celles de la société s’arrêteront devant lui, il sera réellement à nouveau le centre et le cœur de la création. His Majesty the Baby, comme on s’imaginait être jadis. Il accomplira les rêves de désir que les parents n’ont pas mis à exécution, il sera un grand homme, un héros, à la place du père; elle épousera un prince, dédommagement tardif pour la mère.

Le point le plus épineux du système narcissique, cette immortalité du Moi que la réalité bat en brèche, a retrouvé un lieu sûr en se réfugiant chez l’enfant. L’amour des parents, si touchant et, au fond, si enfantin, n’est rien d’autre que leur narcissisme qui vient de renaître et qui, malgré sa métamorphose en amour d’objet, manifeste à ne pas s’y tromper son ancienne tromper son ancienne nature. »nature. »

L’étoffe des héros : L’étoffe des héros : le bébé imaginairele bébé imaginaire

« Tuer l’enfant « Tuer l’enfant merveilleuxmerveilleux

(ou terrifiant) qui, de générations en générations, témoigne des rêves et des désirs des parents ; il n’est de vie qu’au prix du meurtre de l’image première, étrange, dans laquelle s’inscrit la naissance de chacun. Meurtre irréalisable mais nécessaire, car il n’est point de vie possible, vie de désir, de création, si on cesse de tuer l’enfant merveilleux toujours renaissant ...  »

S. Leclaire, On tue un enfant, Paris, Le Seuil, 1975

Les enfants nous en font voir Les enfants nous en font voir tellement !tellement !

Ils ont souvent le dernier…Ils ont souvent le dernier…motmot

……ou le dernier ou le dernier regard !regard !

JE VOUS JE VOUS REMERCIE POUR REMERCIE POUR

VOTRE VOTRE ATTENTIONATTENTION