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7/23/2019 Cumont-Archeveche de Pedachtoe
1/13
ppu ^^Aes ^ _ , A 3 c i
L ARCHEVCH
DE PDACIITO
ET
LE SACRIFICE DU FAON
Lorsqu'en l'anne
1900, je
parcourus la rgion du Yildiz-
Dagh,
on
Mont des toiles
dont le
cne puissant domine
les hauteurs qui, au nord de Sivas, l'ancienne Sbaste, s-
parent le bassin de l'Halys de celui du Lycus,
je
fus surpris
de trouver
un
nombre relativement considrable d'inscrip-
tions chrtiennes dans les villages accrochs aux flancs ou
nichs dans les replis de la vaste montagne. La prsence de
ces monuments de l'glise byzantine dans ce pays recul
s'expliqua lorsque le Pre de Jerphanion ( 1 )
eut reconnu dans
le nom d'un
de
ces villages, Bedochtti, celui de Pdaclito ou
Pdachtn(
2
),qui devint le sige d'un archevch autocphale.
Cet archevch n'apparait pas dans l'histoire avant le Vlle
sicle. Les actes
dit
Vl e
concile, celui de
681, portent la signa-
turc de 'lo)dvi
?
int'a
y
ono Hea;c;etovno Eco evT^ea
A ^ -
E v t
a, ceux du Vll
e , qui se runit
Nice en 787,
c e l l e
de
Oedwgog 7tako7ro^
D'autre part, les Notices piscopales mentionnent
partir
1)
G.
nr, JrnrHANiON.
Notes d e gographie ponti que, dans
M-
langes de la Facul t orientale de Beyrouth, V, 2- p., pp. 142-144.
(2) La forme ^l?edachLoe est la plus gnralement usite et parat
tre primitive, maison trouve 110ax06n dans les notices pisc opales
11 r^' et X
x' de Parthey = GELZER,
Ungedruckle Texte d er No-
tillac dans
Abhandl. Boy. Akad.
XXI, 3 : Munich,
1900, p. 592,
i l "
128).Le texte imprim
d e 1 , a vie d'Athnogne (cf. infra) donne 0v^a-
X06ij mais le
Vaticimusgr.
819
saec. XI, a
f. 513 Iv 17?jaXO^i
t (au
contraire f. 156 0
v llnaxOdl7) et les
AA. SS.
Juillet 1V,
p. 219 ont
traduit d'aprs ce manuscrit
Monasterium Pedoclitonis.
La forme
HilaX^i
parait tre ne d'une fausse tymologie qui rattacha
le
nom au grec ZMv ci terre
. Elle a donn le nom moderne Bdoch tn.
(3)
LEQUIEN
,
Orient christianus,
1,
p.
437.
S
Document
Ili 11111E E 11111
54 564
7/23/2019 Cumont-Archeveche de Pedachtoe
2/13
522
RU
CUMONT
du milieu du VIl
e
sicle, parmi les archevchs relevant di-
rectement du patriarchat de C onstantinople,
6
' 1 1
@
a > c ; . e t o v 7 r d -
e)
oi IIqa
Z
Odq (var. j7 i
l a X O ( 7 ) v
1
) ,
1 , 7 n a
X
OO'), OiaZOdn
Ovazoo
i 7 )
C).
Lequien a
dj
suppos que Pdachto dut
son nom grec d'Hracleiopolis
l'empereur Hraclius, que
ses campagnes contre les Perses conduisirent
plusieurs re-
prises dans ces parages
3
) ,
et qui en particulier hiverna avec
son arme prs
de
Sbaste au nord de Malys en
625 (4).
Aucun document antrieur au VII
O s i c l e , n i c i v i l , n i e c c l -
siastique, ne fait mention d'une cit situe dans la rgion du
Yildiz-Dagh, et il n'est pas douteux qu'Hraclius a donn
le rang de ville, en mme temps qu'un archevque,
un bourg
qui s'tait f orm dans un canton rest longtemps purement
r u r a l ( 5 ) .
^
Ds lors, nous aurons
nous demander comment cette
bourgade a grandi dans l'pre rgion montagneuse qui durant
toute l'antiquit avait t dpourvue de toute agglomration
urbaine. La rponse nous sera fournie par les actes d'un saint
de Pdachto, gracieuse lgende que les vieux bollaDdistes
(l ) Cf. supra p. 521 , r i . 2 .
(2) Les citations des
Noti l iae
ont t chasses chronologiquement
par le Pre de
Jerphanion ; la plus ancienneest l'Ecthesis du Pseudo-
Epiphanc (milieu du Y]
l^
s i c l e ) ,
(3) LrQUIrN,
I . C . :
c Civitas fuit ab Heraclio imperatore appellata,
quo tempore adversus Persas bellum gerebat .
(4)
TilEOPIIANE,. 4116
(p.324,23
De Boor.: '0
Pao
tXe neuvvd -
ea
T6V
auwoe av
a
cpdaTeta p ndAt y
cUeunuEv mai nzedaa Tv
'AXvv norapv v r Tn
70 X i6ec
tTetflev Uo
y
Tv XF.tlit7)v a.
Cf. Mu-
BALT, Citron. Byz.,
p. 281.
(5)
L'ide qui se prsente d'abord
l'esprit est que
que les mss. crivent parfois 'Ilpax;.Edno (Parthey, notice
1, n
75,
etc.), dsigne Sbastopolis du Pont (Soulou-Sera), que les in-
sriptions
(l. G. eRes Rom., 111,
111 :
j)v Yai'llea
et les monnaies Zefiaaw.
'IIQaX^,EOn. 1-11,AD,
Il i Sf. RUM.
appellent Flraclopolis.Mais cette identitification est impossible,
car les notices pisc opales nomment simultanment et distinguent
nettement l'archevch autocpliale d'Hracleiopolis on Pdachto
et l'vch de Sbastopolis, suffragant de Sbasite. D'ailleurs le
nom d'Hraclopolis,
qui rappelait la dvotion de la cit
Hercule,
semble ne pas avoir t conserv par Sbastopolis aprs la chute
du paganisme,et celui d'Hracleiopolis n'apparait,nous l'avons dit,
qu au VIl e
sicle.
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3/13
LE SACRIFICE DU FAON A
PDACHTOr^
2 3
ont traite avec beaucoup de ddain 1 ) .
Si le rcit merveil-
leux de ce martyre est, comme document hagiographique,
d'une valeur plus que douteuse, on peut cependant en tirer
des indications prcieuses pour J'histoire du Pont (2).^
Selon le pieux auteur de cette passion, Athnogne tait
chorvque et habitait le monastre de Pdachto au moment
de la perscution de Diocltien ('). Le gouverneur Philmar-
que ( 4
) envoya des soldats pour se saisir de lui, mais ils ne
le trouvrent pas
Pdachto et durent se contenter d'em-
mener
Sbaste dix de ses disciples. Le lendemain, quand
l e
saint rentra dans son couvent, une bielle, qui
y
tait rieur-
rie, se jetant
ses genoux, emprunta une voix humaine pour
lui annoncer l'arrestation
de
ses compagnons. Athnogne
court alors
Sbaste et accable de maldictions le gouver-
neur, qui le fait jeter en prison. Le lendemain, les disciples
refusant de sacrifier aux idoles, sont torturs et ont la tte
tr nche *
Athnogne est aussi soumis
.
divers supplices,mai
il obtient d'tre ramen
Pdachto pour
y mourir.
Lorsqu'il s'approcha du monastre, la bielle vint
sa ren-
contre et se prosterna
ses pieds.
I l
pria Dieu alors qu'il
accordt
cette douce b te de ne jamais tomber aux mains
des chasseurs, ni elle, ni sa descendance, afin que chaque an-
ne elle mme et les biches issues d'elle pussent venir off rir
un faon pour tre consomm en mmoire de lui. Le martyr
prit par le glaive et son corps fut inhum
Pdachto. Mais
le jour anniversaire de sa mort, le
17
juillet, toujours une biche
1)AA. SS. Juillet, IV, p. 219 .
(2) Le texte grec de cette passion a t publi en
1897
par PAPA-
DOPOULOS-KERAMEUS, Avdhxra araXvAoyta, t.
IV, p. 252-2 57 . Cf. t. V, p.
401-402 . Un rsum en est insr dans
le Synaxaire de Sirmond (Synax.
e c e l .
Constant.,
d. DELUHAYE, p.
826, 25 s s . ) I l
existe aussi de ces actes une traduction armnienne
(publie Vitae et passio nes sanctorum,
1 ,
p. 46-67),
que je
n'ai pu
consulter.
Cf.
aussi
infra
p.
524, n. 2.
(3)
LEQuiEN et les
AA. SS.
ont confondu
tort cet Athnog.ne
avec un autre martyr, cit par
S.
Basile
(De Spiritu sancto
c . 29).
Ce saint, contemporain de Clment d'Alexandrie et qui
prit par le
feu, tait l'auteur d'hymnes qu'on chantait dans les offices
( c f .
Smini.
Dict. of Chr.biogr. s.v.) I l
n'a rien
de
commun avec le ntre.
(4) On ne s'tonnera pas
de
ne pouvoir trouver ce Philmarque
dans la Proso pographla i mperii Romani.
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4/13
24
A^,i C140NY
entre dans l'glise o sont dposes les reliques, et au moment
o on lit l'vangile, elle conduit j usqu' l'autel
un
faon, puis
se retire. Le jeune animal est alors sacrifi et mang par Pas,-
sistance dans un festin
la gloire du saint martyr (1).
Que peut-
on retenir de
cette prodigieuse histoire? Tout
d abord on notera que les Actes donnent
Ailinogne le
titre
de
chorvque, peut-tre transmis par l pitaphe de son
tombeau (2
), c'est--dire qu'il tait
un
vque rural, charg
des fonctions piscopales dans les campagnes, tels qu on les
trouve en grand nombre en Asie Mineure,et en particulier
dans la rgion
de Sbaste
C).
Notre texte hagiographique
apporte donc une heureuse confirmation de
ce
que nous re-
marquions plus haut :
l poque paenne il n y avait pas de
ville
Pdaclito. Les pitaphes chrtiennes de ce, diocse ne
menLionnent pas le chorvque, mais elles nous donnent le
nom d un prtre (n
o
5)
et d'un diacre (n
o
3)
qui faisaient par-
tie de son clerg aux V
eet Vi e
sicles, car telle est la date de
ces inscriptions.
Si la passion grecque nous a conserv ainsi
un
titre certaine-
ment authentique, ail contraire, quand elle fait vivre Athno-
gne dans un monastre, elle transporte au Ill
e sicle un tat
(1) Le synaxaire de Sirmond, dont
le
rsum remonte
une
recension des Actes diffrente de celle publie par Papadopoulos-
Krameus, a mieux conserv la tradition de ce banquet rituel que
le texte complet, qui glisse volontairement sur ce point: Le Syna-
xaire dit ey v L
)y (lire vc^ Q 6v) ovT et avvet;.6ypvot r^wXoiJvzae
e1g fflar Tofi dylov udetveo. Les actes imprims ont simplement
dva;.Iaxwaz b T
l
ou
Z
cigtov
sig
^av Oeof, mai
T65v yfwYuaqT^Qwv.
(2)
Le
Synaxaire de Sirmond d^ceri1e
Athnogne le titre
d'
,^l'amono , mais c'est par une simple ngligence du rdacteur. Celui
de chorvque, que nous trouvons dans les Actes ( ObT o ni A -
Tvyxdvwv ... CLX61 eV Illlayod?i eV
est confirm par le vieux martyrologe syriaque, qui note la date
24 j uillet:
Antogonios kurepisqupo
(MartUr. Hiron.
c d . oLBossi
et DucHrSNn,p.iviii
. La comparaison avec
l e
martyrologe hirony-
mien au IX kal.Aug.(17 Juil.
p.95)
prouve qu'il s'agit de notre ma-
tyr de Sbaste.
(3)
Le Testament des Quarante Martyrs
de
S6baste est adress
Toi ma^ udauv ndAt y
x a
1 x d ) e a
v viot
q
n&ax6^ot (KNoPF, Aus-
gew. Alrtyreraki en,
191 1, p. 117 ). Cf. GILLMANN,
Dos Institut der
Chorbischle toi Orient,
Munich, 190 3, p. 33
s s .
7/23/2019 Cumont-Archeveche de Pedachtoe
5/13
LE
SAGBIFICE DU FAON A PDACHTO
2 5
de
choses postrieur,vrai seulement au moment o crivait l'ha-
g i o , g r a
. p l i e . I l
n'y avait point de monastres dans le Pont, ni en
Armnie,
l'poque de Diocltien.
La
vie cnobitique fut in-
troduit p
dans ces contres par Enstathe de Sbaste au milieu
du IV e s i c l e 1
).
Les efforts
de ce prdicateur ardent de
l ' a s -
cLisme et ceux de son contemporain moins exalt,
S .
Basile,
amenrent
un
dveloppement rapide du monachisme dans
cette partie de l'Anatolie. L'inscription d'une dam21-reia (n
o
4 )
nous fournit un indice que la montagne du Yildiz-Dagh ser-
vit de retraite aux anachortes des deux sexes. C ertainement
un couvent existait Pdachto an moment o furent rdigs
nos actes, et Fon
y
montrait la tombe du martyr et de ses
dix compagnons (
2
). Nous nous expliquons ds lors le dve-
loppement de cette modeste bourgade.
I l s'est passici, avec
moins d'clat, ce qui s'est produit aussi, pour ne citer que
cet exemple pontique,
Euchata,o la possession des reliques
miraculeuses de S .
Thodore,
en
attirant une foule
de
plerins,
provoqua autour d'un vaste monastre la f ormation d'une
ville
3 ).
La ressemblanc
e s'tend
l'organisation ecclsias-
tique : Euchata comme Pdachto, aprs avoir t gouver-
ne par un chorvque, fut leve au rang d'archevch auto-
cphale 0 ) .
Pareillement, de la lgende charmante de la biche et du
saint, nous retiendrons seulement pour l'histoire ce fait,qu'au
moment o vivait l'hagiographe, ch aque aime, le 17
j u i l l e t ,
jour
de
la saint Athnogne, une biche et soit faon taient
introduits dans l'glise et que la bichette, consacre
an
martyr,
tait immole et consomme par l'assistance dans un repas
commun. Manifestement nous avons ici une survivance du
1) SOZO^ILNE 111, 14,
31 :
'Aeitevtot
mai Haoaydaz matTo
, 7 e T6P
)7^vT ov
oixoeut AEyeT.at Ei)'crd0to, 6
T^v v ZEpanTela Tl'
'Ag
l
tevt'a ixxA7)at'ag
foVXtm^g noAt
y atag ^0^ac
C f .
Looi's dans 1-1razoo HAucx.
Realenc. Vll],
3e s. v. Eustathius
von Sebaste.
(2)A c t e s ( v e r s l a fin = Vafic . gr.
819, f. 1561):
ol ytoi v
Epautetqi lnI JtoK^.tiTtavoe Paa&Uw, x.aTcY90nua
y (var. Yd-
q ^ ? c a w )
v I l ' , I a X O ^ ? j
9v
Yin li ov aaY7^Qt'w.
(3)
Cf. ANDERSON, CUMONT,
GRGOIRE, InSCriptiOlIS.
dU
Pont,
p l ) .
2 1 2 s .
ffl Ibid.
2Q4,
7/23/2019 Cumont-Archeveche de Pedachtoe
6/13
52 6
RANZ CUMONT
paganisme, et elle
ne
nous surprendra pas. Dns l'glise ar-
mnienne, les sacrifices liturgiques d'animaux se sont conser-
vs jusqu' nos j ours
(
1 ), sinon
l'intrieur des sanctuaires
du moins sous leur porche, et dans le Pont, les banquets sa-
crs sont toujours en usage,aux jours de
ftes,dans les anciens
lieux de culte. Prs d'Amasia, sur la montagne o s'levait
le temple de Zeus Strafios, les paysans du voisinage s'assem-
blent encore au mois de Mai, gorgent poules et moutons et
festoyent j oyeusement en l'honneur du prophte Elie suc-
cessseur du roi de l'O lympe
1 ) .
Sur la cime mme du Yildiz
Dagli, autre endroit sacr, les villageois d'alentour se runis-
sent encore, m'a-t-on racont, annuellement au coeur de l't
pour y
faire bombance (e).
Mais les textes de l'glise armnienne relatifs
au inatal ou
sacrifice sanglant parlent exclusivement, que nous sachions,
d'animaux domestiques, boeufs, moutons ou volaille
( 4 ), et
il n'y est j amais question de gros ou de menu gibier. La cou-
tume dont les actes d Athnogne nous ont transmis le
souvenir, offre donc
un intrt spcial. Elle rappelle les immo-
litions de cervids que les chasseurs offraient
la desse pro-
tectrice des animaux de la fort,
l a Hzvia Ot
7Q
C o v ,
qui assu-
raitla multiplication du gibier, qu'on l'appelt Artrnis,comme
les Grecs, Ma avec les C appadociens, ou Anatis avec les Ma-
ges perses.Lorsque Xnophon fonda
Scillonte un culte d'Ar-
tmis, l'imitation
de
celui d'phse ( , y,
il voulut qu'aux
jours de f te on organisit une vaste battue
laquelle par-
ticipait tout le voisinage. On prenait des sangliers, des che-
vreuils et des cerfs, dont la dme tait sacrifie
la desse, et
chacun recevait sa part des victimes. Dans les temps anciens
une chasse sacre, qui se terminait par une grande chre,. a
sans doute rassembl aussi les campagnards du Pont autour
(1) Les textes armniens relatifs
ces sacrifices ont t runis
et traduits par Cw^BEAiii
. ,
Rituale Arrnenoruin,
Oxford, 1905, p.
65
ss. c^
vaia,
yzantion
VI, p. 741.
(2 )
Cf.
mon Voyage
archol. dans le Pont,
p. 173.
(3) Ibid.
p. 233 ; cf. p. 2 83
ce qui est dit de T cliermik.
4)
Cf.
CoNyBi
^,ARL, 1 . c .
(5 )
XrNOPH.,
Anab., V, 3, 8 ss. Sacrifice de cerfs
Artmis cri
l'CC Cf, STENGEL, Griec h. Kullusallerli4mer, 3 e
ed.
1920, p.
12?,
7/23/2019 Cumont-Archeveche de Pedachtoe
7/13
LIS SACRIFICE
DU
FAON A
PEDACHTO
27
des sanctuaires rustiques de la desse des fauves. Mais peut-
tre avait-on appris
dj
nourrir dans Tenceinte sacre de
Pdachto, comme plus tard dans le monastre chrtien, des
biches,qui taient censes, quand revenait l't, venir off rir
leurs faons
la divinit fconde de la Terre qui faisait re-
verdir les bois et
donnait aux btes qui les peuplaient leur
progniture. Des animaux sauvages taient souvent nourris
dans les cours des temples et celui d'Atargatis,
Hirapolis
de Syrie, levait
en
libert jusqu' des ours et des lions appri-
v o i s s ( 1 ) .
Fig. 1; TfTEADRACHMrS
DE
MiTHiiii)Aj^r, EUPATOR
Lecaractrereligieux du cerf,queles actes d'Athnogne nous
aident
prciser, nous est rvl aussi par les monnaies et les
petiLs bronzes de la Cappadoce et du P ont. Mitbridate Eupator
a mis, en l'anne
96,
des drachmes et de l'anne
89 66,
une
srie de ttradr.iclimes portant sur leurs revers un cerf brou-
(1) LuCIFN,
De dea Syria; 41,
7/23/2019 Cumont-Archeveche de Pedachtoe
8/13
52 8
RANZ CUMO NT
tant librement imit du inonnavage d phse
(fig. 1) ( 1
) : i l
n est pas douteux qiCil ait voulu reprsenter l animal cou-
sacr
la grande divinit chasseresse adore dans ses tats(2).
Urie srie
de
bronzes provenant de Cappadoce figurent
un aigle perch sur une tte
de cerf, de sanglier, de blier (3).
Malgr la prudence qui s impose pour interprter les symboles
d une religion que nous connaissons
peine, il semble bien
que l'aigle soit ici Poiscau cleste ou solaire 1
) ,
joint aux qua-
drupdes de la desse de la T erre 5
). Enfin
Dolich
en
Co-
magne, dont le culte se rattache
par
ses origines hittites
ceux d Anatolie, Hadad, le dieu
de
la
foudre, figur debout
sur le taureau, a pour pardre une desse, qui souvent est
supporte par une biche
6
).
Tout
un
ensemble
de tmoignages
( ) W ADDINGTON, BABLLON, RuiNA cu.
Recueil des Monnaies
d A-
sie Mineure, 1
2
(1926)
p.14, n o
10, p.1 7 s s . no
16
ss. Sur l'origine du
type: Th.
RE)N^cii
Trois royaumes d'Asie Mineure,
1888, P. 190,
H ^ . , A D .
Ili Si. nain.
2
P.
502.
Cf.
aussi Ibid.,
p. 71
s .
pl. 111, 27,2 8
Monnaies d'Ariaratbe (X?). Droit : d3uste d'Artmis.
B. ^ Cerf de-
bout
on
^
protome de cerf couch
et
Artmis terrassant un
cerf ^ [on plutt l
inimolant dans J'attitude du Mithra tauroctonc].
2)
Le
cerf estl'animal sacr dela desse d'I)hse,Cf.PIC.Al^l^,
Eph-
se et Claros
192 2 p. :369, 378
s s . , M6, et passim. Yai publi
un basrrelief de Gieuld en Monic figurant l'Anatis persique repr-
sente, comme l'Art^niis phsienne, debout entre deux biches.
Nous n'avons pis
de
reprsentations (le M accompagne de c e r f s .
mais quels monuments avons nous de son culte en Asic Mineure?
(3)
H^uzuv,
Comples rendus Acad. des Inscrijal.
1895, p. 50- 53.
CHANTRE,
3liSSioli en Cappadoce,
1898, pl.
2 4 , i i
o
^ 15-17,
3. Cf p^
IONZE. 5 5 ; 1VALLE,
il llo nges facult orientale de
Beyrouth,
V, p.,
1912, p. 22 6 SS. ;
WALTEES.,
Bronzes
la
flic Br. Illuscuni
1899, p.
tIDI)F
86, n o187 5 ; DE 1
,
Collection De Clercq,t.'III,
(Bronzes)
p.257,
n 0
377 etnos Etudes sgriennes,1917,p.
117.
4)
Cf.
nos
Ettid es syriennes,
p. 57
ss. etSyria, 1927 . 1). 1,M.
5) Le ni
. n i ^ s r
tnl)olistne parat tre exprim par des monnaies
d'Ariarathe frappes
Gazioura vers
3.50
av. J.-C. (BAuii^uN,
Per-
ses Achmnides ,
1893, 1). 58, no i
a89-390)
o
l'on voit
un griffon
dvorant
mi
cerf agenouill. Le griffon est par excellence. l'animal
solaire. Dans l e
bas-relief de Gieuld cit plus
haut
Hlios est de
nihne, plac an dessus d'Anaitis.
Le
serment des Pipblagoniens
(Iliscr.
dui
l
ont
n-66^
DIFTENBErV.LI^,
Or.iiiser.,532
^ Di5s.^,%u Inser.
s e l . ,
3721), 'O
i v^w Ala
r
i
l
p
'Ilho
r
reproduil, une vieilleforinule ]ici](
nique.
( 6 ) K^N, D,
De lavis Dolicheni calta,
1901,
n
o
- 56, 86. 9l^ 1451)
ci, ce que j'ai not
Syria,
1,
1920. 1). 187
et mie plaque de bronge
7/23/2019 Cumont-Archeveche de Pedachtoe
9/13
LE SACRIFICE DU FAON A
PEDACHTOr
,99
.0
nous apprend ainsi de quelle vnration le cerf tait l'objet dans
la contre o les Actes d'Athnog ne nous en conservent un
dernier souvenir.
il
nous reste
publier ici les inscriptions chrtiennes de
la rgion du Yildiz-Dagli, qui ont t l'occasion de cette dis-
sertation d une longueur peu proportionne
leur brivet.
1)
Bedochin. Dans le mur de la chambre des htes
(mussalir-oda)
Dalle
de calcaire, H.
76
cm. ; L. 52 cm^ ;
Ep. 3 cru. Lettres larges et peu profondes
(h. 3 et.)
demi effaces, mais la lecture
est certaine. Copie le 12 mai
1900
comme
toutes les suivantes.
' E f f l a ; , a T d [ x e t ]
T r r p t ; , d o e o
MMKAPIA
i r
2)
Bedochln.
Dans l'tre d'une maison. De l'autre c t
de l'tre se trouvait une autre pierre, dont la croix seule ap-
paraissait, l'inscription tant enterre.
Dalle de calcaire. H. visible
65 cm. (la
partie suprieure est enfonce dans
le s o l ) ;
L. 60
cm. ; H. 20 cm. Caractres profonds
et bien gravs,(h. 4 cm.).
trouve
en
Bulgarie, qui sera bientt publie par M. l^AzAR o
v .
Un bas-relief hittite (le Malatia en Cappadoce, aujourd'hui ' lu
M
U
-
se de
Constantinople, figure le dieu Tesboub, tenant farc elle
fou-
dre (l'anctre du cet
du
Zeus Dolichnos) debout sur titi cerf qu'il
conduit au moyen d une laisse
(CONTENAU,
Monuel d orchol.
oreuilale,
JI, 1931,. p. 1002. fig. 697). il
semble qu a cette poque
recule le cerf f t consacr ait dieu mle, la biche
si pardre
f -
rumine.
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10/13
530
RANZ
U ONT
Sous une grande croix:
+eECICIWA
NN^3
KATA^ 1
i-
TAAIANON4-
atavdv
La formule kr suivie d'un nain propre sert,
partir du
Ve et jusqu'au iXe sicle,
introduire un surnom. Henri
Grgoire a bien voulu nous communiquer sur ce point la
note suivante :
Ka T
B traiav^v signifie, avec J'ellipse
d'un participe,
c
surnomm d'aprs Vitalianos
.
Les exclu-
ples littraires sont run
:
s par Jannaris,
Ilistorical jqreekgram^
mar
1591 :
' . 4 0 a v a ' a t o
Yar Z^1iPxov (Moschos, 3069
B), 'Iaaa'mto
0
Kar Be).tua'eiv (Malalas
p. 494,
3)
etc. Le
nom qui dpend
de ua-r est souvent un nom historique.
Dans notre inscription, on attendrait l'article :
r 0 0
kar B.
Mais on lit sur une croix de bronze de la collection Schlumber-
ger Meuefletov
mar (fin du Vl
e s i c l e ) 1 ) . Le Vita-
lianos auquel Joanns emprunte son surnom, doit tre le
g-
nral
comte des Fdrs qui se rvolta en
513
contre Anas-
tase et qui, cr
magisier milifum
et consul aprs l'avnement
de Justin, fut assassin en
520 (Bury,
Hisi . of the laier Roman
Emp., 2
e
d. 1, 477
s s . ;
I l 2 0 s . ) .
Vitalien s'tant pos en
champion de l'orthodoxie, on s'explique que son nom ait t
populaire jusque dans les glises de l'Armnie.
3) Bedochffin,
Grande stle couche devant la porte d'une
maison.
Calcaire; la partie infrieure est brise.
H. conserve 7 . 1
cm. ; L.
7 8 cm. ; Ep. 30 cm.
Le ct droit de l'inscription est fruste.
Lettres irrgulires, h.
3
cm. Copie et photo-
graphie.
(1) Cf.
Florilge Melchior de Vog,
p. 555.
V, aussi Byzantini-
sche
Zeilschrill,
XXVIII 1 ) .
14 sqq
(Aniinto.^), Byzantion
VI,
p.
.467. Aprs le IX^ sicle, les exemples se font rares.
7/23/2019 Cumont-Archeveche de Pedachtoe
11/13
LE
SACnIFICF
DU PAON A PDACHTO
31
4-GEC ICI G)A I`jN^
O a t I c o d v v o v
nt
ooeoptoe
[ , y V ^ -
He Ai A Mo M6
AP MTIN
Sur l'expression 0' r^
OEog^iioe
e 1
j ,
cf. Kugener, Tra-
ducti ons syriaques delo rmules grecques (dans Revue d e l' Orient
Chrtien
1900) p. 4^ Pour la formule >car introduisant
un surnom,
cf.
la note de Grgoire
supra no2. Armatus ou
'A L
g
pa
.
rto (Suidas s.v.) est le f avori de Znonis, femme de
l'usurpateur B asiliskos, qui envoy par. ce dernier comme
magister mil itum contre Znon, s'entendit avec Fempereur,
mais celui-ci aprs l'avoir conf irm dans sa haute charge,
le fft assassiner en 477
(Bury, Later Roman Empire,
1923, 1 ,
pp. 392 s.).
La frquence du nom de
'Ijdvv?
a engag le
diacre Jean
prendre un surnom, comme le Jean de l'inscri-
tion prcdente, afin de se distinguer de ses nombreux homo-
nymes.
4) Sari n.
Dans Ptre de la chambre des htes (muslalir-
oda) du village.
Plaque de calcaire, sans aucune sculpture,
portant
la partie infrieure une petite in-
scription dans un cartouche. H.
1 m. ; L.
7 0
cm. H. des lettres 3 cm.
GH(
^ C
_ M _ 1
q t
mtv d o
VLKa LM xiireta
19iat :
la confusion de
l i l
et de
Fe
est frquente dans les
inscriptions du Pont, cf,
no
5
tv sem-
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12/13
532
RANZ
CUMONT
ble tre pour Af m (Lue
3 , 3 1 . c f .
Pape-Benscler, s.v. ; Smith,
D i c i . o i c h r . b i o g . ,
s . v . ( c M i n a s
.
Mais il est singulier de trouver
ce
nom masculin appliqu
une femme.
La mention d'une G
r
>e^'reta est intressante. Comparer
l -
pitaplie d'Amasia :
Oai
l
aetaq
r v ; . I r t c r a ( n o s In--
set'. du Pont,
no 134) ; Calder,
Monumenla Asiae
Af
i n o r i s , 1 , I ) .
93 no
174 : -
Suppl.
Ep., VI, n
o
261
Laodicea combusta)
ayiap Toe
O e o U i x ^ ) o a ( r 1 q
r
?7
e ^ a f l e _
aTr^
( I b E A (
P
F
/
OV
J0
4 Ti
c e y v f i ,
o
b a ) . ( P r j
est probablement
une soeur au sens spirituel. Les daxiiretai taient des
femmes, qui faisaient vu
de
cbastet (Eusble,
De martyr.
Palaest.
. 919, Il
Sch wartz : AiYaaT^^v aOro7rapO
p ov
du-
p
enietaq
k
a l c r y
noeoTe^ t qui
Q-
lue0B
1
s ' i r i i p s a i e i l t * u n e v i e
de
privations et d'austrits (Cyrille de
J c r
us
. Cd1chse
X, 19 ;
Migne XXXIII, 686A)
g y ; , Q a ^ r ? )
^^i
a^ct7 rc(a) vivant dans la pauvret
(Cul.
codd. 'asirol.
\
11,p. 22 5, 29 :
l
y v v a i e l . - r a , 7 r i i , a
^
a^?jT&
mais elles n'habitaient pas ncessai rement un menas-
tre. Un curieux rcit de Palladius rapporte qu'un certain
Eli prenant piti
de
la situation des dcrpti7-etat d'Athribis,
en runit trois cents dans un grand couvent, qu'il dota gn-
reusement, mais
ces
femmes de condition diverse, habitues
des vies dif frentes, se disputrent continuellement (Hist.
Ladsiac.
35
[Migne XXXIV,
1097C]).
Les c;
,
i ^ T Q t . a t n ' t a i e n t
point recluses :
S. Nil
permet aux moines, dont l'me West
plus trouble par aucune passion,
av i Tvyiaq noieia0ai re6q
a;e^TQfa;. Toutefois ait Vl
e
sicle elles menaient d'ordinaire
la vie commune dans un clotre. J ustinien (A
l
ov. 59,
4) ta-
blit que chaque monastre de Constantinople
cf. C o de,
1, 3 ,
46 et 47 :
am?r^e,'wv ^'-ror
on-
nera pour les funrailles
dkri qui prcderont le cercueil en chantant, et la
mme loi s'occupe des sommes qui leur seront verses par
l'conome sur les revemis de l'glise.
5 ldiz-Keui.
Grande
S
tle surnionte d'un fronton dans
la chemine d'une maison. La pierre aurait t apport e du
cimetire
d'Ak-Sheher,
ainsi que la suivante.
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13/13
E SACIFICE
D FAON A
P^DACHTOF
38
Dalle de calcaire. H. Im.64 ; L.
78
cm. ;
Ep. 23
cm. Lettres irrgulires, mal graves,
h.
6
cm. Le ct gauche de
la pierre est enga-
g
dans le mur du fond.
G l T A
'F,i,]Oa xara
T EOTHC(DE
ml]ze 0'
T^^
06-
C( 30V(MN
O]UEfloee
Fi-
MHCTIP,9(
j
U ?
z 0e a -
YTECICJA
fl]V r8^ Voq
-EC -
1,^.
.
Sur la formule 0 z^q^ 0eocreflof3^ yv^je? j q
f.
supra n
o
3.
Pour la conf Lision de l a
et de
1 7 1 , c f .
n o
4.
ceeapv'r? est pour
plus
u s i t .
6)
Yildiz-Keui. A
la porte de la mosqtte:
Dalle de calcaire. H.
62 cm. ; Larg. au
moins 1,20 in. ;
Ep. 20 cm. La partie sup-
rieure de la pierre, qui est
e n
partie enfouie
dans
l e
sol, tait occupe par une inscription
paenne, qui a t martele. Au dessous, on
a grav en lettres irrgulres, aujourd'hui
demi effaces;
e
NOAKA
^eAI