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LES ANGES DU PAGANISME Une brève dédicace, trouvée récemment dans les ruines de Sarmizégétusa en Dacie; ne parait pas avoir été suffisam- ment élucidée par ses éditeurs', qui n'en n'ont peut-être pas aperçu toute la signilication. In voici le texte Deo Aeterno et Junorti et angelis 1 M. Procitius Ap/zrodi- t sius au.y(ustalis) cot(oniae) metropoi(eos) 1 ci Sexi'nia. Her- mione I et Procitia fitia 1 colibri bus d(onum) d(ederuni) p(osue- rainé. Il s'agit donc de quelque don fait par M. Procilius Apliro- - disius, augustale de la colonie de sarmizégétusa, métro- pole de la Dacie, par sa femme Seximia Hermione et par sa fille Procilia à une association religieuse (coliboribus), - une des nombreuses confréries qui dans cette province et en particulier dans cette ville adoraient les dieux orien- taux. Nous savons en effet que deus Aelernus est un nom latin fréquemment prêté aux Baals solaires des Syriens. Les Sémites avaient conclu de la constance des révolutions sidé- rales à leur perpétuité, et ils regardèrent les astres « invin- cibles » comme des puissances divines dont l'action était sans commencement et sans fin'. ils substituèrent ces « Éternels » aux anciens « immortels o. Dans notre inscrip- tion, le Baal est associé à une Baalat, qui prend, ainsi qu'il arrive souvent, le nom de .Junon, comme reine des cieux'. Mais, fait jusqu'ici unique, à ce couple divin sont joints des 1) Béla Jano, Architotogiai Ertesitô, 19t2, p. 390 as.; G. von F'inaiy, Jahrb. arclt. Mit., XXVIII, 1913, Anzeiger, p. 33k; Caguat et Besnier, Ânnôe épigra- phique, 1914, ii' 106= 13ev. arohdot., 1914, 1, p. 476. 2) Cf. mes Religions orientales, 2' éd., p. 191 es. 3) Cf. par exemple C. J. L., VI, 364466 413 = Dessau, Inser. selettac, 4320-2. Document - e Ji 0000005348886

Cumont_les Anges Du Paganisme

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LES ANGES DU PAGANISME

Une brève dédicace, trouvée récemment dans les ruines deSarmizégétusa en Dacie; ne parait pas avoir été suffisam-ment élucidée par ses éditeurs', qui n'en n'ont peut-être pasaperçu toute la signilication. In voici le texte

Deo Aeterno et Junorti et angelis 1 M. Procitius Ap/zrodi- tsius au.y(ustalis) cot(oniae) metropoi(eos) 1 ci Sexi'nia. Her-mione I et Procitia fitia 1 colibri bus d(onum) d(ederuni) p(osue-rainé.

Il s'agit donc de quelque don fait par M. Procilius Apliro- -disius, augustale de la colonie de sarmizégétusa, métro-pole de la Dacie, par sa femme Seximia Hermione et parsa fille Procilia à une association religieuse (coliboribus),

- une des nombreuses confréries qui dans cette provinceet en particulier dans cette ville adoraient les dieux orien-taux. Nous savons en effet que deus Aelernus est un nomlatin fréquemment prêté aux Baals solaires des Syriens. LesSémites avaient conclu de la constance des révolutions sidé-rales à leur perpétuité, et ils regardèrent les astres « invin-

cibles » comme des puissances divines dont l'action étaitsans commencement et sans fin'. ils substituèrent ces

« Éternels » aux anciens « immortels o. Dans notre inscrip-

tion, le Baal est associé à une Baalat, qui prend, ainsi qu'ilarrive souvent, le nom de .Junon, comme reine des cieux'.Mais, fait jusqu'ici unique, à ce couple divin sont joints des

1) Béla Jano, Architotogiai Ertesitô, 19t2, p. 390 as.; G. von F'inaiy, Jahrb.

arclt. Mit., XXVIII, 1913, Anzeiger, p. 33k; Caguat et Besnier, Ânnôe épigra-phique, 1914, ii' 106= 13ev. arohdot., 1914, 1, p. 476.

2) Cf. mes Religions orientales, 2' éd., p. 191 es.

3) Cf. par exemple C. J. L., VI, 364466 413 = Dessau, Inser. selettac,

4320-2.

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160REVUE DE L'HISTOIRETDES RELIGIONS

angch, sans qu'on voie clairement s'il s'agit des anges engénéral ou de ceux des deux divinités nommées avant eux.

Cependant une autre inscription rend la première inter-prétation liffi ti'âisérhbiable. 'Ce n'êst pas la première fois;en effet, que les angeli apparaissent dans l'épigraphie desprovinces danubiennes. En Ï4, on trouva à Viminacium,en Mésie, un autel avec la dédicace Dus angelis 1 M. Au-r(clius) Cc/Isus voturn posuit l(ibèns) in(erito)'. Ces « dieuxanges o, ne peuveflt évidemment être ni juifs, ni chrétiens..

On connaît d'ailleurs depuis longtemps une dédicaée, miseau jour près du port d'Ostie, où un dieu syrien 4 le ,Hadadle Balbek ou JupiterHéliopo1itanus porte le titre d'angctus:1(0vi) o(ptirno) m(axi?no) 1 angelo 1 Heliop(olitano) 1 pro salutelimperator(is) t Antonini et 1 Commodi I Augus(torun) j Gaio-nos j d(onun) d(edit) 2 . Années 177.180,

M. Isidore Lévy a rapproché de ce texte les bas-reliefs deBaitoèécé et de Balbek où l'aigle de 2eus lient dans seserres]e caducée d'Hermès, et il en a conclu que le Baald'Hélio.polis, qualifié d'an getus, était conçu comme psycho-pàmpe. M. Dussaud a appuyé cette explication de nouvellespreuves', et nous verroùs plus loin (p. 178) qu

e les anges dupaganisme sont en effet regardés comme les conduèteursdes âmes. --

Ce lupifer angelus, adoré par les Syrièns d'Ostie, répondexactement à Malacbbel, un des dieux principaux du pan-théon de Palmyre, dont le nom ne semble pas signifier,comme on a voulu le traduire, le Bel-roi fl5 = mele/1, maisle Bel-messager = malalcli) ou peut-être le « messa-ger de Bel ».

Les troupes syriennes portèrent le culte des anges en

15 VuIid,Ja]ii,çh. In1t. Wi'n,VIII, '1905, Miblffi, p.5, •'1f2) C. I. t., xiv, 24Dessau, 4204.)Tsidoe Iléiy, Cuiles sy,ïerfs dans l'eTôt»iud'(Revtfe 'des 'ôtudés juiVes,

XLIII), 1901, p. -5; 'D&ssaud, 'Notes tjè n^ytILbiD'ie'syrihfne, 1903, p.23 ss.'eLC. Il. Acad. lnscr., 1906,'j. 74, n. 4.

4) Peut-être aussi un Ba'ai AIalbk'h fl èure.'t.it datiie 'tr}tè conclu entreAsrhiddonet un roi de ''r eau "vl,"sièeie (Chdntbpie de IaSusWye,- Èand.

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LEs ANdÈS DU PAGANISME 161'

dehors 'de ' leur patrie. Des archers d'I-Iémèse, stationnant cnÉgypte en même temps que des ve.xillationcs de la légion 111

GcUlica et de la légion I Jilyrica, font à Koptos en BiO et àSyène en 323, des dédicaces d'un grec barbare IÂCÏI

tv &ïyDdt'. Nous reviendrons tantôt sur le sens de cetteexpression'.

Des inscriptions d'une date plus ancienne, trouvées àStratonicée de Carie, trahissent la même influence syrienne:elles sont consacrées Ati OtWcro xo OaEw £TyD.(') et Ad &Wncù y

ïa0 &yDm'.. Zeus ilypsistos est, on le sait, une appellationsouvent usitée pour le dieu suprême des Sémites, conçucomme .siègeant ait haut des cieux au-dessus de lasphère des étoiles, qu'on L'appelle 1Mai s/zammmn avec les

buch der Reiigionsgeschichte, 3' éd.,!. 1, p;368), mais la lecture est douteuse.Philippe Berger a voulu traduire le irrjj ))2 de l'inscription phénicienneC. I. Semit., 1, 8, par « Ange ('t52) d'AMoret », c'est-à-dire la déesse elle-même se manifestant sous une forme visible, comme « l'ange de Jahvé » dansl'Ancien Testamentselori l'interprétation traditionnelle (Philippe Berger, L'Anged'Astarté dans La PocuUd de théol. protest. à Édouard Reuss, 1879. p.37 sa.).Mais il ne semble pas que cette interprétation soit admissible. Le Maîak-A-toret paraît être Malak (époux d') Atoret ». — Astres dans l'exposéde la doctrine des Chaldéens que donne Diodore de Sicile lI, 30, 6; cf. infra,p jfl, n. 3.

1) MiIne, Catalogue du éÇuse du Caire; Inscriptions grecques, 1905, P. 45,n' 9272= Cagnat, lieu. archéologique, XXV, 1894, p' 402, n' 163 = Ilicci,Arch.f. Papyr., lI, 1903, p' 451,n' 911. Copina (Kouft) 'Tirèp '3y9 (rI»i;?)rC,v &vy&Xcov 'Esary vo', &vi0pcuvv6oiç (?) r'ov &syiapla tov'5rt(o)v vrxa).i&ipx

I 'Apitia ' B5OypŒ'4JEV ' SCØ)Ti 'l'5 'T tt)'I &vyikrôv I 'p Cfl)PiSÇ r;

OUI,)JŒtiO1VOÇ lEy(E&vtiv) y ' FŒÀXLX xà a' 'l).).ulpLxZ ttW 'Jlt'O O'jxtI,,pLOv tpa-,r6cvrov I kou; %x<' isiv? AoSo'j et' t9 juin 316).— Ibid. t)238= Cagnat, L e.,XXVI, 1900, p. 312, n' 29 = Ricci, I. o., Il, 1903, p. 445, n° 47. Louqsor ou.Assouan MEy) t'y, to')[9']n[D ?... X2' t]ICrv &vy&),rnv tc ' epet?.... (&'t€JIvee6nxxt xoi,% tt'o lep'ov? iJJIà Oùexn ' pvoO ,(plL)tt(,airo'J) ).ecke'ni fI 1'&3uxcx3\ a' 'l).)upc(%c xs 'Ei,,ivC,]Iv cuynap(ùv ri ,tpa[voi...J 11,0' c&to; &pxIepiwxa\ Xa[ .... ] tepilco; iey(et,voç) y' .I'fl(exç) n Faravo lapico; ),ay(zAvo) e' 'LX'

)upexç 'ta' 'Aiou iep&o; iv ôlitat(& Ae'tevviou retacroO vo ; ' etc. (323 ap.— Azizos. dont le nom est sémitique, était prêtre des Hémésiens.

2) Cf. infra, p- 175, n, 2.3) Le Bas-Waddington, III, 515 ft 'fCetep 'ta &yeO& &vy&)..n K).w6:ô

'AzeXXd,c xe\ )'zXat[iJ 'n'ep ro,tr,pffac3 p.et tav 8i, ' , v rteov yaptcr[1]pov. Dubois,Huit. con', heU., V, 1881, P. 182, n' 3 Aie Prvp I xai 6A' iylyàX. N&cov I'tel E3ppoa ' v 1 é,vèp vav I tôLe0,.

2

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.162REVUE DE L'HISTOIRE DES L1]LIO1ON5

païens, ou Jahvé avec les Juifs'. De même que le JupiterHeliopalitanus, ce Zeus adoré en Carie porte l'épithète de

messager o, car il n'est pas douteux que les mots ;Ockùy&À9, &ya0 ne soient un titre qu 'on lui donne et non

pas le nom d'une puissance différente de lui, qui lui seraitadjointe'. Nous parlerons plus bas (p. 172) de la relation quela théologie établissait entre les dieux et leurs émissaires.

Comme dans le culte du Très-Hait à Stratonicée, le « bonauge o apparait aussi dans les mystères de Sabazius Lespeintures qui décorent le tombeau fameux d'un prêtre de cedieu phrygien dans les catacombes de Prétextat à Home,nous montrenLl'anyelus bonus portant la couronned'immor-talité et introduisant la défunte Vibia dans l'assemblée desbienheureux, bononim iudïcio indicati. J'ai essayé de montrerautrefois que le rôle attribué à ce messager secourabledans les espérances eschatologiques des Sabaziasts, devaits'expliquer par une infiltration de doctrinesjuives '. Peut-êtrefaut-il élargir cette influence et parler plus généralement del'action des croyances sémitiques.

A quelle date cette influence judéo-syrienne s'est-elleexercée en Grèce? Des textes de caractère différent nousfournissent à cet égard certaines indications. Les invocationsvengeresses d'adorateursdu O ;Uîctct:ç découvertes à Rhénéeprès de Délos font appel, pour punir le meurtre de victimesinnocentes, au Seigneur qui voit tout et aux anges deDieu o '. Ces stèles datent environ de l'an 100. avant .t.:C.D'époque incertaine mais, ce semble, plus tardive, sont, des-tablettes d'exsécration trouvées en Attique, où l'on voit invo-

1) Pauly-\Vrsso*a, Reaienc., s v « Hypsistos o.2) J'ai exprimé autrefois une opinion contraire (C. R. Acad. Inscr., 1906,

p. 74) mais d'autres dédicaces de Stratonicée, consacrées Ait Ù4.at. %àLsans &yyiln,, (Dubois, Buil, corr. heu., V, 1881, p. 182,'n- 184 et Cousin,ibid., XV, 1891, p. 418), indiquent clairement que Zeus y était dit cc divin »ou cc ange divin cc en même temps que « très haut o.

3) C. IL. Acad. inscr., 1906, p. 73 sa.4) WiIhelm, Jalcresh. Instit. Wien, IV, 1901, Beihlatt, p 9 . • cf. Dciss-

mann, Lista von Osten, 1908, p. 306 as. ligne Y K-ipcc é ,t&-#te ioopic xnc rci&vyc).oc Gso,lr&ŒŒ c!,uy taiccivoOruc ce6' txcrcclzç;

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LES ANGES DU PAGANISME 1.6

quer les ((anges souterrains » en même temps que les vieillesdivinités du monde infernal, Hermès, Hécate, Pluton, Pro-serpine et les Moires'. Ces 5yycct ztyO6LOL prennent ici laplace des anciens (5w xŒ;ay06rt.

De l'ensemble de ces témoignages épigraphiques, il ressortque le culte des anges appartenait au.pganisme sémitiqueaussi bien qu'ail judaïsme et qu'il a été propagé par lesfidèles des dieux syriens en même temps que par les adora-teurs de Jéhovah'. Ce fait, aujourdhui bien établi, est d'uneimportance considérable pour l'explication des originesencore si obscures de l'angélologie judéo-chrétienne et desou développement superstitieux sous l'empire romain.

A côté de la théologie sémitique, le mazdéisme persesemble avoir exercé une action concomitante. Le mage Hos-tanès enseignait que la vraie forme de Dieu ne pouvait-êtreaperçue, mais qu'il était vénéré par des anges, ses ministreset messagers, placés autour de son trône et qu'un signe duSeigneur faisait trembler d'effroi-. Des spéculations attribuées« aux plus illustres des Babyloniens, à liostanès et à Zoro-astre » donnaient le nom d'anges ou d'archanges aux espritsqui présidaient aux sept sphères des planètes. Ces

I) Wunsch, Meue b'luchtafetn dans Rhein. Museum, LV, 1900, p 23 s. =Audollent, Defirsnurn tabeitac, 1901, p. 102, n" 74, 75 Kar2yp6,. xcA xvsrmew àvy&)oc( x ayOo'4oi 'Eppj, xcra'OovIt. xs 'Exdn %atay,Oovx, lllrp3tc.v, xtKôpi s\ fleprsp6w xst Moips(c xŒx6oviat.

2) Celse (Origène, Consr. Gels., V, 41, 50) proteste contre la prétention desJuifs à être le peuple préféré de Dieup.rerOsc p,6voc; a3totc iyyiÀouç.

3) Minucius Felix, Octav., 26, lI Magorum et eloquio et negotio primusHostanes et verurn Deum merita maiestate prosequitur et angelos, Id est minis-troc et nuntios Dei sed yen, eius venerationi novit adsistere, ut et nutu ipso etvultu domini territi contremescant, idem etiam daemonas prodidit terrenos,vagos, humanitatis inimicos 'i. Saint Cyprien, Quod idola dii non sine, e. 6, I,(p. 24. 2, Uartel) Octanes et formam Dei veri negaL conspici posse et angelosveros sedi eius dicit adsistere. » - Cf. infra p. 173, n. 3.

4) Nicomaque de Gérasa (vers 150 ap. J.-C.) dans Theolo ,qournena ariihin clientéd. Ast, 1817, p. 43 Bx6uÀwviwv al 6oxip.cLrvato xst 'Oatdvl)c xa' zwpoatp;

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164REVUE DE L'IIISTOikE DES flLICIONS

archanges se sont manifestement substitués aux Amshas-pands du zoroastrisme, qui, au nombre de six ou sept, en-tourent Ormuzd et l'aident à gouverner le monde. Au-dessousd'eux, l'armée des génies inférieurs, des izeds (yazatas), a puaisément se transformer en celle des anges'. Un indicesérieux de l'action du dualisme perse sur ces conceptionsest l'exislence en face des anges lumineux d'anges mlfai-sants, qui répondent aux dévas iraniens'.

L'homme organise toujours le ciel A l'image de la terre,et la croyance à des messagers divins a dû se développer à

&y&Xocc %Up&oç xsXoO,, T& &ŒTpIX&C CÇ3i95Ç.. &, &&)ou %at& r& aut& xa0ac' ivtoi lepoîç Xôyei, x1cr& rpéntrw,v Si ¶00 y&s1apOspp.ivon &yyéXou ' ÔtI X1 t0JÇUt' Y.t7V t0'tcV tG» &yEXdV capyonaç Utip5 XŒt SiL0Œ; SL0Ô)Ç a7l1o'jxa\ OEpxaryé).ou itpoc2yope'JiaOai, oZxsp aia\v htz& r'ov &ptOrs&v . -Les« Chaldéensde Diodore (lI, 30), c'est-à-dire les astrologues babyloniens de l'époque hellénis-tique, donnaient, dit-il, aux planètes le nom de &pp.r,verç, parccqu'elles indiquentl'avenir àp1.nve'5ovts toR &vapiô,tocç tfrv tav Osv fvvoc,v. C'est précisément le rôleassigné aux anges; cf. infra p. 174, n. 1,—Sur L'identification des astres avecles anges cf. infra, p' 174 s.

1) En 1865, Kohut, Die jùdische Angelologie und Démonologie In jurerÂbWingigkeit Iom Parsismus (Abhandl. der Deutsehen Murger)]. 43es.), a déjàentrepris d'établir l'équivalence des archanges et des amshaspands, des angeset des izeds. Bien que ses assimilations soient souvent hasardées, le fond desa théorie demeure exacte au moins en ce sens que les anciens ont fait la mêmeidentification,

2) Lactance, Divin. infliL, lI, 15, 8 ... daemonas ininnicos et vexatoreshominum, quos ideo Trismegistus &yya.o'ç nnvpoç appellat. »Cf. Aselep., 25:cc Nocentes angeli qui humanitate commixti ad omiiia audaciae mala miseras.conpellunt cc. Comparer les Liii nefandi d'une inscription (nnithriaque?) deCarnuntum (Der iwrnisc/ie Limes in Oesterreich, XII, 1914, p. 333). SuivantCelse (Origène, Contra Cela., XIII, :36) : l3).é,trouiv al &XO', C5t7tXi XŒ'LGitapyoc XŒ'I aTpuzrY01 X.î &7CZ0XOt tOO $c00 &yyEXOi to,. 1pi0vra;, 0f, Philon,De g'gantib., 4 § 16, P. 26 M. Wessely, Zatiberpupyrus von Paris, 1888, 1.2699 : u).c6v pi &,zb ,tavt'oç txtrsovo &epov Ut trydou Ut 1toyeiou xa tŒVt'o;&yvi).o .J ,cat pavtésrroç Cf. infra, P. 168, n. 1. .— Bien que l'orthodoxie chré-tienne ML fini par réserver le nom d'anges aux esprits bienfaisants soumis àDieu, on trouve chez les écrivains ecclésiastiques des vestiges nombreuxd'une autre conception, par exemple dans Barnab. Rpist. 18 LI y a deux voies,celle de la lumière et celle des ténèbres, 1dv ut,, 'rntayp.ivo ccorzyr.70\&yyc).oc vo0 ®eo0, ip' c 6e &yyuloi to0 rwrav&. 'l'ertull., De Spect., S : « Tutu saeculum Satana et angeli eius repleverunt. "etc. - Sur les anges qui punissentles àmes coupables, cf. infra, p. 178, n. 4

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LES ANGES DU PAGANISME 165

l'époque des Achéménides, où l'on se représenta Dieu commeune sorte de Grand Roi, siégeant sur soit entouré deses dignitaires, et envoyant constamment à travers sonvaste empire des courriers ou officiers chargés de trans-mettre ses ordres, de lui communiquer leurs rapports', etde châtier au besoin ses sujets ou fonctionnaires coupables,Le royaume céleste et resté jusque dans la tradition chré-tienne une reproduction de la cour des rois de Perse'; Il estdonc infiniment probable que les mystères persiques deMithra ont, parallèlement aux cultes syriens, propagé l'ado-ration desangesdans les provinces romaines, bien qu'on n'aitjusqu'ici mis au jour dans aucun milliréum une dédicaceaux angeli'. T

L'idée de courriers apportant ici-bas les irijonctibns ouinstructions du ciel n'est pas tout à fait étrangère à'lamy-Ihologie grecque. Déjà dans la poésie homérique, hermèsest le messager elle héraut des dieux (O wiliv demême qu'Iris est leur messagère. Hermès, comme psycho-pompe, est en particulier l'émissaire du royaume de Pluton',et l'on voit même appliquer le nom ou l'épithète d'& TÏCXCÇ àd'autres divinités infernales - celles qui viennent appelerles hommes sur la terre pour les conduire daims le sombre

1) Cf. Kohut, op. o., p. 17. - Dans un passage curieux, probablementemprunté à Posidonius, Philon (De somnifs, I, 22, § 140, p. 642 M.) compareles auges aux u yeux » et aux oreilles » du Grand Roi (Xénoph., Cyrop.,VIII, 2, 10), et Celse les rapproche encore des satrapes (supra, p. 164 n. 2).

9) Cf. mes Religions orientales, 2' éd., 1909, p. 412.3) La prétendue u liturgie h mithriaque, commentée par Dieterich, est révélée

par un u archange " de Mithra (infra, 174, n. 2), et il est possible que l'auteurdece texte magique ait vraiment emprunté cet archange aux mystères persiques,avec le nom nme de Mithra.

4) Roscher, Lcœikon, s. y . u llermes ' , col. 2362 et u Iris o, col. 325. Cf. Héra-dite, Borner. probiern., 27 eténfra, p. 167, ri. 1. - Sur [e dieu ionien E'dyyc)o,cf. IJsener Gôlternamen, 1898, p. 270.

5) Kaibel, Epgr., 575 (Naples)"ArraXa 'Epar$v?r, 'Ep4, rijt6,6I d r'ov ..T&ptapov

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166REVUE 0E L'HISTOIRE DES RELIGIONS

séjour des morts'. Mais cet emploi du mot est, somme toute,peu usité. Les Olympiens aussi- se passent volontiers desservices de leurs messagers et préfèrent communiquer, enpersonne leurs volontés. Tout proches des humains par leurcaractère comme par leur apparence, ils interviennent cons-tamment eux-mêmes dans les affaires de ce inonde.- Au contraire dans les temples de la Syrie, une théologiesavante s'était élevée a une notion beaucoup plus haute dela divinité. Celle-ci y était conçue comme une puissance éter-nelle, omnipotente, inconnaissable, siégeant au-delà de lasphère des étoiles, loin.

au-dessus de la zone sublunaire oùflous vivons soumis aux influences planétaires'. Dès lors,ce Dieu supramondain aura besoin d'intermédiaires pourcommuniquer avec les hommes; il aura sous ses ordres deslégions de messagers, exécuteurs de ses desseins. Ceux-ci.sont dans la religion positive ce qu'est le Logos dans la.doctrine esprits subordonnés à l'Être su-

: lirême ont succédé à la multitude de génies, de djinns, dontl'animisme primitif des Sémites peuplait le ciel, les airs, leseaux et la terre. Mais au lieu d'être une foule désordonnée,n'obéissant qu'à son humeur capricieuse, ils seront enrô-lés dans des corps disciplinés, soumis à des chefs divins.Cette hiérarchie céleste, imaginée dans les monarchies mili-taires de l'Asie, est très éloignée de la démocratie turbu-lente de l'Olympe hellénique, où Zeus n'avait àsa disposition

1) "A'yyû.oç xaTaZOo,ix, Schol. Theocr., Il, 12. Artémis yyc).oc à Syracuse

(Hesych. s. y .), identique à Hécate (Roseher, Lexikôn, s. y . « Angelus «). Cf.Gruppe, Griech. Alythol., 1322-3. - "Ay-yùot xx-rŒ-106v,o,, supra p. 163.

2) Religions orientales, 2' éd., p. 489 es.3) Même conception dans le judaïsme tardif. cf . Bousset, Die Religion des

Judentums im Neutestarnent lichen Zeitalter, 1903, p. 323; Bréhier, Les idéesphilos, de Philon d'Alexandrie, - 1908, p. 130; Lueken, Miehoel, 1898, p. 57.

4) Cf. Bousset, op. cil., pp. 313, 317. De même que les théologiens grecs,après avoir d'abord identifié les &-yysloc des Sémites avec les ôxiiiovsc helléniques(infra, p. $68), ont plus tard fait des premiers une classe d'esprits supérieursaux démons, de même l'Islam distingue les anges et les djinns, les premiersétant seuls directement soumis à Allah (Eickmann, Die Angelologie und Dmo-nologie des Korans, 1908, p. 15).

5) Cf. infra, p. 172, n. 1 p. 174, n. 3.

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LES ANGES DU PAGANISME 167

aucune troupe pour faire respecter ses, volontés. Aussi lesGrecs regardèren1-i1s toujours l'adoration des anges commed'importation étrangère. Au y0 siècle de notre ère, Procluscroit encore devoir rappeler que Platon dans le Cratyle donneà. Hermès et à Iris le titre de « messagers des dieux », et ilprétend prouver ainsi que le nom d'frya)ot n'est pas exotiqueet n'appartien!pas uniquement à la « théosophie barbare.»'.C'est là proprementjouer.sur.les mots. Ailleurs le philosopheaffirme. aussi que les (i mystères des. barbares)), en invo-quant les anges sous les noms des dieux dont ils dépendent,savent les faice, apparaître aux théurges à la place de ceux-ci'.

Par suite, la mention des anges et de,.leur ministère chezles théoriciens du paganisme ne commence qu'ail momentoù s'affirme, l'action des cul tes,orientaux et, en particulier,syriens'. On est tenté de croire que Posidonius d'Apamée,dont. l'influence fut si considérable au ir siècle avant notreère sur lé, développement de la théologie païenne et spé-cialement de la démonologie, s'est occupé de ces espritscélestes, subordonnés aux dieux de sapatrie. Philon d'Alexan-drie regarde les anges comme. des âmes incorporelles,répandues dans l'air, intermédiaires entre le ciel et la terre,et il les assimile aux démons des Grecs'; comme ceux-ci,

4) Proclus, In Plat. Remp., Il, p. 255, 2!, éd. KroIt «a\ o3 tEvcxbv Tb(t,v &yyb.rsv).xŒ.3pSp0V koaopaç&).& xa Jl).tnw iv Kpwr).o. [p. 407',408"] tv 'Epp.v xs t v. Tipv Oearj &yyé).ouç eZvni or,nv.

2) Proclus, ibid., I, p. 91, 21At t&v pOEpapw' ,E).ErŒ'I. . . XŒ)OuFéVOJÇ t0Jçftp.p4vouc rt,v Oza,v &yyàlouc tatc %tat invu1saexcbiot; 6eaep6vrùç aiptv

nt ...tot Osoupyotc vt ixc(v,.,v iepopn(e:') lUt0'3Ç.3) Un passage de Proelus, In Plat. Reinp., 11, p. 345, 1 &1. Kroll, parle de

Pétosiris (k. 33 Riess), ltœvtoC2,ç .rdta,cv Or,v tC tcŒt a yiO3Y 1tpoa2)r6aiç, maisl'expression esL.du philosophe néoplatonicien, et il ne semble pas que le Pseudo-Pétosiris ait jamais employé le mot dyye)o pour désigner les astres ou lesdémons. Dans le cas contraire il faudrait faire remonter l'emploi de ce termereligieux en .lgypte, au milieu du ii' siècle ayant J-C.-

4) Philon, De Gigantib.,2, § 6 as. (Il, p. 43. Wendland); De Somalis, 1, 27,Ut es (lIT, p. 235, Wendl.). Cf. De Cônfus. lingu., 34, § 174 (Il, p. 262,

\Vendl.) - De.Plaatat. Nôè, 4, § 14(11, p. 136, \Vendl,), les anges sont confon-dus avec les héros des Grecs. Cf. Bréhier, Les idets philos, de Philon d'Alexan-drie, 1908, p. 126 as.

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168 REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS

certains d'entre eux, indignes du nom qu'ils portent, sont des.êtres pervers et malfaisants'. La théorie, mélange de sM-.cis 'me et de platonisme, qu'expose l'exégète juif dans ces pas-sages, est certainement empruntée à Posidonius'. Mais celui-ci a-t-il déjà établi l'équivalence des anges judéo-syriens etdes déliions helléniques? Ou bien, comme on l'a cru', Philonn'a-i-il fait que reproduire une opinion courante avant luiparmi les docteurs de la Synagogue? Je pense que Posidoniusen est l'auteur, car elle se retrouve chez un écrivain certaine-.mént indépendant de la tradition juive. Le plus ancien textelatin où apparaisse le nom des angeli, est une citation de Cor-.nélius Làbéon, qui vivait à la fin du lot siècle de noire ère', etce nom y est pareillement donné comme un synonyme dedaernon'. C'est la doctrine générale parmi. les théologiensavant le néoplatonisme, pour lequel les anges sont Due caté-gorie d'esprits supérieurs aux démons et purement bienfai-sants, et il semble qu'elle remonte jusqu'à .Poidonius, quiaurait été ainsi le père de l'angélologie grecque.

On sic s'étonnera pas de voir les anges figurer dans lesécrits qui prétendaient révéler aux Hellènes les arcanes desvieilles religions de l'Orient. En ypte,la littérature hermé-tique, (lui accueillit, avec l'astrologie, bien des croyucès

1) De Oigant., 4, § 16(11, p. 44, Wendl.). CI. supra, p. 164, n. 2. - Aucontraire pour les néoplatoniciens ro &yyXxov :Oi,v yaloct& iavcv (Procius,In Cratyi., 128, p. 75, 17, Pasquali).

.2) Heinze, Xenokrates, 1892, p. 113 sa. Cf. Bréhier, & c.3) lleinze, I. C., P. 113, n. 1.4) Boehm, De Cornelti Labeonis asiate, 1913, p. 56.5) Augustin, Civ. bel, IX. 19 .c Nonnuli, ut ita dixerim, daemonieolarum,

in quibus et Labeo est, eosdem perh.ibent ah atiis angelos dici, qués ipsi chic.mortes nuncupant '. Boehm conjecture que la source de Labéon est NigicliusFigulus.

6) Nicornaque de Gérasa, cf. supra, p. 163, n.4. Cf. Celse dans Origène, Adv.Ceisu,n, VII, 68 (p. 217 Koetschau) 'Otnp & iv totç Ixocç cru Itou ïpy.v tir'yy'' tir' &I3uV aEI6vÙ, «T' 4pt'xw, ItOEVtC VSfJTŒ lyti v6iov e. 100 SEytetou

Icol. Cf.. V, 5, (lI, p. 4, 10, Koetschau) Tivaç ra.kouç (&yyû.ouç) )iycn; Oaoi;&).)o n y&vo, ... . &D.o n. c cixôç, rob; £ai 5soaç. Saint-Cyprien, Quod idole dU

non amI, 6(1, p. 24, 4, Martel) « Halo unum Deum servans celeros angelos,nl daemonas dicit . CL p. 169, n. 1.

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LES ANGES DU PAGANISME 169

étrangères à ce pays, oppose aux bons anges les mauvais.L'orphisme tardif fait une place à ces esprits célestes'. Enfinles Oracul(t.C/zaldaïca, composés sous Marc Aurèle, leurattribuèrent une importance dont témoignent les commen-taites des néoplatoniciens ,,. pour qui. Je recueil de ces pré-tendus oracles fut une sorte de livre sacré.

Il est remarquable que le premier philosophe S nouspuissions discerner une doctrine précise sur la nature et lafonctions des anges, soit un Sémite, Porphyre le Tyrien.Cet élève et éditeur de. Plotin ne partageait pas le dédainaltier de son maître pour les dévotions populaires, et il leurréserva une place dans sesspéculations religieuses. Al'époque oh il vivait, les cultes orientaux triomphaient àRome même, et il n'est pas douteux que son angélologies'inspire des croyances acceptées dans les temples syriens'.Il n'abandonna jamais complètement même les superstitionsdu pays où il avait reçu son éducation première.

Dès lors les anges ont obtenu droit de cité dans le néo-platonisme, et les successeurs de Porphyre, qu'ils fussentsyriens, comme Jamblique, ou vécussent à Athènes, commeProclus, multiplièrent les spéculations sur le rôle de ces mes-sagers divins dans le gouvernement du monde.

Je voudrais esquisser ici d'après l'ensemble des témoi-gnages que nous possédons les idées qui avaient cours surces puissances célestes. Je ne tenterai pas d'en suivre ledéveloppement et l'évolution dans le culte et dans la théo-

1) Supra, p. 164, n.2. Cf. Asclepius, 37: «Animas dae,nonum vol angetorum...per quas idole et bene faciendi et male vires habere potuissent n. Les 'Ayys)oixa\ 6c 1io've escortent les âmes royales Stobée, 1, 49 (1, P. 408, 24, Wachs-muth) ; cf. infra, p. 477, n. 4 et J. Kroll, Die Lehren des Hermes Trisynegistos,1014, p. 80, 86, 406:

2) Abel, Orphica, fr. 238, y . 10 (infra, p. 173, n. 3); ci. Proclus, In Plat.Jiernp., 11, 100, 14-25, et infra, p. 175, n- 2.

3) Les mentions des &yye)oi qui nous sont parvenues dans tes fragmentsconservés (Kroll,De oracutis Chatdaic?s, 1894, P. 44, 53, 60), ne donnent qu'uneidée très imparfaite de leur râle dans le système théologique qui sert de base àl'exégèse platonicienne.

4) Ridez, Vie de Porphyre, 1913, p. 15, n. 2.

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170REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS

logie. Une pareille tâche •ne pourrait être entreprise, étantdonnées les lacunes de notre information, sans s'engagerdans de minutieuses discussions philoioiques. J'essayeraiseulement de marquer à grands traits le caractère et lamission qu'éitribuait aux anges le paganisme orientalisantde l'empire romain, en écartant ce qui, dans les écrits desphilosophes, paraît être de pure exégèse néoplatonicienne.

Quand les Grecs apprirent à connaître 1es «meagrs » descultes séinitiquès, ils les identifièrent d'abord,, nous l'avonsdit, avec leurs démons', mais plus tard l'opinion communeattribuait aux anges une position intermédiairê entre lesdieux et les démons'. Suivant Porphyre, l'air est l'habitat deceux-ci, tandis nue le siège propre des anges est l'éther oul'empyrée'. lis sont w les serviteurs des dieux, les directeursdes démons »'. Avec les héros, les démons et les dieux ilsforment les z.p(twv2 yi9cÇ; les races meilleures que l'homme'.

1) Cf. supra, p. 168.2) Arnobe, 11, 35 : u Dii, ar 'ge]i, daemones... qualilatis sont rnediae.Pro-

dus, In Plut. .Remp. , IT, 13, 20, K roil : EtTs OstovErES &yyAx6v, LirE &,L.

In Cratyl., 163, (p. 93, 9, Pasquali) T ri Osta xr\ r& dyyEXix& xatsuvxd Cf. In CratyL, p. 78, 23; In Timaeum, II, pp. 112, 20 192, 5 es. 196,30 se. Diehi ; Iiierocles, 0e proid., dans Photius, Bibi., p. 461, 613 es. et Incar?n. aur., e. 3.

3) Porphyre, De reqressu anivnae, fr. 2, Bidez (=Aug., Cie. Dei, X, 9):e Quamquam discernai (Porphyrius)a daemonihus angelos, aeria Ioca esse dac-monum, aetheria vol ernpyria (lisserens angelorum, » Cf. Proclus, In Tim., III,p. 108, 10, Diehl et I, p. 152, 12 ttoc iv o'pav4i 9-/XyyboJc). — Sur losangeset les astres, cf. infra, p. 174. - Celse croit même (Origène, C. Gels., V, 6)que les Juifs adorent rov o3pavhv Y.a rouq Jv s43s yy&).ovç.

4) Proclus, In Plat. Renp., IT, 255, 20, Kroli : C .#Tn1p, qstvov iita-raret. Ps.-Jamblique, De inysteriis, lI, 7 (p. 85. Parthe). Cf. sur cette échelledes esprits, Zeller, Philos. der Griechen, V', p. 776, 830, 868.

5) Jamblique dans Stobée, 1. 49 (I, p. 455, Wachsmuth) : Tc,v XpÉLDréYcov

r''7' 1tvr.v ,pt.tov, l)st, xa3tp.6vu)v xtz &yyi)cov xa\ 0scv. Cf. Proclus, InTim., III, p. 109, 20, Diehl; Je Parrnenid., VI, p. 1054, I. 4, Cousin (d'aprèsJamblique) :r,bv xpz:tt6w.iv »itv îvC&yyl)'.,v, 8qL6vwv, pr.'uav ..y&p r& Yiv11itOaiyC,) &tpr5)eOaI rtov O&,v. Damascius, De Princip., 183 (II,p. 60, Ruelle) : 'I'oe xpirrn,6oi, &yy€Àoi,etc.

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LES ANGES DU PAGANISME 171

Entre les âmes , humaines les démons et les anges; il n'ypoint une différence de nature mais seulement de degrédans la -pureté les- démons sont des âmes plus subtiles,les anges, des âmes plus immatérielles encore. Lorsqueceux-ci se montrent aux hommes, leur beauté admirable etl'éclat-de leur lumière les rapprochent de la splendeurdivine', ils sont- si semblables aux dieux que parfois on lesconfond avec eux et on leur donne le nom de Oaci, dii'.lnver-sement on considère parfois le terme -de « démon », commefine appellation générique de tous les esprits, et l'on parlerade démons angéliques et même de démons divins'.

-Les anges sont innombrables, leurs myriades infinies sontorganisées en troupes (t'.ç)', dont les commandants sont lesarchange? et qui sont placées sous les ordres de chaque

1) Proclus, InCr(btyl., 169 (p. 93, 6, Pasquali) flv-ra o -r& y&vi ttv 4w-jctv...

ra Gata xai -r& &yya)xOE xŒ' -r kqzovixa xaï pepird. - In Timacum, I p. 36,

20, Diehl : 'Ev U ratç -k-net; iapoôoç x&L &t&pErnc &flwv zer' D11V (xeQ'j

ai jA, Oc(ev, al U &-y-yE)Lxv, ai &è &siLOviŒv, al U &XXOk U1ZP@V 'ûŒ)0cf. III,

p. 249, 15. - C'est déjà la doctrine de Philon (Posidonius), De Gigant., 4, 16

(Ii, P. 4, Wood] and): W-&ç ov xa\ 6siaova xa &yyl)ov; iLà, zpOVtŒ,

Lv -ra xrxi ta-rov ùnoxaisa-ov. Elle fut modifiée plus tard notamment par Origènequi fi t des démons des esprits inférieurs aux âmes humaines, De Princi-pifs, 1,8 (p. 96. Koetschau) cf. Denis, La philosophie d'Gripèae, 1864, p. 184.- Sur la transformation des ornes des morts en anges, cf. infra, p. 180.

2) Porphyre dans August., Civ. Dei, X, 9. Mirabiliter pulchras angelorum

imagines vei deorum. » Cf. Ps.-Jamblique, De mysteriis. 11, 3; lI, 8 etc. Com-parer la description de l'ange qui appariait dans le buisson ardent, donnée parPhilon, Vite Mosis, 1, 12, § 66 (IV, p. 135 Colin).- 3) Dédicaces e dus angMis n etc. cf. supra, p. 160 ss. - Cf. Proches, InTirnaeum; I, p. 436, 27; III, p. 108, 10; p. 109, 18 sqq. Diciil; in Plat.Remp., I, p. 86, 7, Kroll. -

4) Proclus, In Plat. Iternp., Il, p. 271,21. [(raIl.; In Cratyl., 128 (p. 75, 9 ss.

P as q u ah).5) Proclus, In Rcmp., Il,p. 3î5, 1, Kroli; In Tira,, 111, p. 262, 14, Diehl, etc.

cf. infra, p. 172,n.1.— Jeu de mots sur âyi)aç=dyyD-o-c,supra,-p.163,n.4.6) La plus ancienne mention païenne des archanges, se trouve chez Nico-

maque de Gérasa (supra, p. 163, n. 4), puis chez Porphyre (Epist. .4neb., J,

10 et extrait dans Proclus, In Tua., I, 152, 13, cf. 30, Diehl), et chez le Pseudo-Jamblique, (De myster., Il, 3 sus., etc.). - Le papyrus où apparaît I' « archangede Mithra» (in/"a, p. 174, n. 2) date de ['an 300 environ, mais le texte paraitavoir été composé au moins 'in siècle plus tôt (Dieterich, 1. e., p. 43 ss.).

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172REVUE DE L'HISTOIRE DES EELIGIOIS

dieu'. - Parfois ou considère Mercure et Iris, les vieux iyyû,et

helléniques, comme les chers de toute la «chaîne des angesmasculins et féminins*: on représente plus souvent leurscohortes comme soumises aux divers Olympiens et se parta-geant les attributions qui appartiennent à leurs maUres. AinsiApôllon a sous ses ordres une foule d'anges prophétiques oumusiciens ou guérisseurs ou archers'. La fonction ou, pouremployer un terme astrologique, le sort (-,.poç) dévolu àchaque dieu par le Destin comprend plusieurs sorts angé-liques, qui se subdivisent en un plus grand nombre de sortsdémoniaques'. Ainsi le choeur des anges et des démons que.chaque dieu a pour escorte, distribue dans l'univers l'éner-.gie du chef qui les dirige, et ils répandent de toutes partsla multiplicité de ses forcesb. Il y a des anges célestes, créa-teurs, générateurs et sauveurs. Leur nature ne diffère pasde celle du maître dont ils dépendent et dont ils possèdentpartiellement les qualités propres' ils ne forment avec luiqu'une seule puissance, et leur opération dans le monde estun aspect particulier de son activité. Les dieux suprasensibles,pour apparaître aux yeux des hommes, prennent la formedes ankes qui sont leur émanations. Aussi petit-on appliquer

1) Proclus, In Tinaeu,p , lEi, p. 140, 26, ss. Diehi A)).& t& pè - 6ovac "a«,

udisstc iiteZX6t't, &&S Veto',ÏP lLèV Œ Quoi, toukù,v 'E 9ZL tÀElouç

Œ mjvs7t6LevOEt TdCÇayyb.;ov Te %Œ\ ôaqs&vmv, &iaXaoOoc t4v y ' xtxÀqir.&cŒv XŒ' ItE\ tV J4 V ŒUT7i Q '.OTVlTŒ -iope'ou,ai... Ibid., p. 262, 14 Etet y&p Q

1XŒCT0V e,, zat fioi &yye)txo rdscç, xçovo'aei t Qstov ç&ç

xci cio,iç 7tpôr.op1t'3oVte; ôopvpopoOvtaç oao to esoC xci p.eov rpct'oç

'»4n) 'oç x2\ - isy ,ipt.... ut P -J x/nv &yQdvtc.iv - 6p,, cf. Ibid., lii, p. 166,iss. p. 188, 32 es.

2) Proclus, In ltemp , II, p. 255, 23 se. KroII.3) Proclus, In Cratyl., 174 (p. 98, 21. Pasquah) cf. In reinp., I, p. 117, 8

KroIl.— De même les yys)oI &noxorrxa dépendent d'Arès (infra, p. 178, n. 3).) Proclus, In Timacum, I, p. 137, 18 es. (doctrine des Pythagoriciens). Cf.

I, p. 136, 40, Diehl.'S) Proolus, in Cra(yl., 128 (p. 75, 9 se. Pasquali); in Titnaeum, JJ, p. 243,

18, Diehl,6) Proclus, in Tirnacwn, III, p. 166, 1 es. Cr. I, p. 369,25 se. III, p. 188,

32 s., Diehl.7) Proclue, En Renop., I, p. 91 es. KroII.8) Cf. infra, P. 176.

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LES ANGES DU PAGANISME 173

à ceux-ci les noms des divinités dont ils sont l'épiphanie ter-restre et avec lesquels en réalité ils se confondent'. D'autrepart l'Être suprême pourra être appelé « ange » en tant qu'ilse manifeste à ses fidèles et les protège, et tous les Olympiensde l'ancienne mythologie ne seront plus que les « anges » dela puissance ineffable et inconnaissable qui règne au delà deslimites du monde'.

Les fonctions des anges sont donc infiniment diverses,puisqu'ils sont les agents de toute l'oeuvre divine dans l'uni-vers, mais certains emplois leur sont plus particulièrementréservés. Suivant une croyance certainement fort ancienne,les anges et en particulier . les archanges entourent le trôneflamboyant de Dieu, qu'ils vénèrent, prêts à exécuter sesordres au moindre signe, tandis que d'autres chantent seslouanges'.

n Proclus, in Bemp., I. e. - L'idée que les anges ne difTèret pas en réalitédu dieu qui les envoie, idée conforme au panthéisme Syrien comme au stoïcismeet au néoplatonisme, est certainement fort antienne elle est exposée àplusieurs reprises dans Philon, p. ex. De Somalis, 1, 40, § 231 sa. (lii, p. 254,\$jendland) Dieu, changeant non de nature mais d'apparence, se fait voir sousla forme d'un ange aux âmes enfermées dans les corps et incapables de le saisirautrement; cf. Bréhier, op. cil., p. 130. - Dans la pratique, le judaïsmealexandrin et romain rendait souvent un culte aux anges, de même que lepaganisme adorait les dii angeli, et l'opposition de l'orthodoxie fut impuissantecontre cette dévotion superstitieuse; cf. Laeken, Michoet., 1898, p. 4 sa., 11 s.

2) Oracle d'Apollon dans lïuresch. Kliros, p. 97, § 43, 44Qnv.p& ba Orou np\;&yys)oL +l!set). Cr. les inscriptions, citées plus haut P. 160 et 161, ou Zens etJupiter (Baal) sont dits oeioq &yyXoc. angehis. - Par suite, Porphyre identifiaitlosanges du christianisme avec les dieux des païens (Ilnrnaek, Kritik des NeucnTestaments von cinem Grigri.. Philosophen [Texte und Dotera., XXX\'JI] 1911,p. 87). Cette assimilation est combattue notamment par Lactance, Divin. Inst.,11, 16, 5 (I, p. 168, 10 Brandt). - Sur les anges et les astres divins, cf. infra,

p. 174.3) Ilostanes, cf. supra, p. 163, n. 3. - Orphica, fi'. 238, Abel (Clem. Alex.;

Strom., V, 259) 4 La 9pôv ,tupécvti ,tapacrâov ito)GsoxO ot I &Y'yAOL, otet 41L1)sflpototç ç ,tdvrx taXatta,. - Oracle dans Porphyre, De philos. ex. orge. I,aur.,

145 s.; cf. Buresch, Mares, p. 103. § 27-28. - Proclus, In Timacuin, J, p. 152,16, Diehl lloppép:o; 5txtt,etai -coj iaplcç &-,sXoystv totç iv o'3p1v& &pyxyy&Xoçtetpelwivocc itpb; tJj ,T,v rimv yysXoi. -. Même conception dans la tradition judéo-chrétienne Hénoch, LX,?. « La Tête des jours t['Êternel] sur le siège de sagloire était assis et les anges se tenaient debout autour de lui » cf. LXI, 7

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174REVUE DE L'HISTWRE DES RELIGIONS

Mais avant tout les anges, sont, comme leur nom l'indique,les messagers de Dieu, les interprètes de sa pensée ineffable.et les exécuteurs de sa volontét, lis expliquent à la terre lesmystères d'en haut et lui apportent les révélations célestes!.

Par suite, on identifiait volontiers les anges avec ces« dieux visibles » (Qco\ ôpr) que l'astrolâtrie orientale avaitapprit aux Grecs à adorer et dont les révolutions et les con-jonctions déterminaient tous les phénomènes et les événe-ments de ce monde sublunaire. Suivant une croyance trèsancienne chez les Sémites, les étoiles dont la multitude bril-lait au firmament, était des êtres animés, des armées sou--mises ii un roi qui se servait d'elles pour annoncer et accom-plir ses desseins. C'est pourquoi jusqu'à nos jours les angessont regardés comme des êtres ignés, éclatants de lumière'.

XXXIX, 1Z. Pareillement aussi les anges y glorifient et exaltent le Seigneur,(Apocap., 4, etc.). Cf. infra, p. 175, n. 4.

1) Oracle dans Porphyre (supra, p. 173, n. 3)— Orphies, Ibid. - Proclus, InBemp. Plat., II, p. 255, 14, .Kroll "Ayyslot rVe sidv,ol &ÀX,.r, ).6y0'Jç xÇŒI-

,o',ta,.. Oa&,v ôr. -r,ps'rrti. In l'ira., I p. 341, 1, Dielil'FI &yysÀLx t .......pds5t xa\ t ivupOp.a'at th ppvyov rciv OsG,v cf. III, p. 178, 20— Cl'. Philon,

De so,nniis 22, § 141 (III, p. 235 Wendtànd). - Les Grecs attribuaient le mêmerôle aux démons 8iuyyi)J.ovrra .r izap' âv6piitwv 6aiç %&t n 7tup& 6a&,V Opcitoi(Porphyre, De absiin., 37); c'est pourquoi ils furent d'abord confondus. -Astres &ppvjvstç chez les Chaidéens, cf. supra, p. 463, n. 4.

2)-Porphyre, De regressu anim., fr, 6. Bidez (Aug , Civ. Dei, X, 26) Angelesalios esse qui deorsum descendentes hominibus theurgicis divina pronuntient,alios qui ih terris es quae Pitris sont et altitudinein eius profunditatemqueileclarent. Proclus, In Tim., III, P. 165, 16, Diehl (Tb &yyù.ix'ov 'ykvoç) rnç Oso;ixza e.lec xpôotov a0-t,v izyyi).XeL. - Papyrus magique dans Dietcricli,MiikrusUturgie, 2° éd., p. 3, V. 4 : e Auvdrauç ning ç 6 J&yŒç 6sbç 'HX,oçIvllopaçixl).eu,iv ot zsruôo6vŒI ézt'o ro ui &pxayy&Xou aùroO. Sur les anges auteursde révélations, cf. ibid., p. 47 es. - Déjà pour Philon les angesjouent un rôledans la divination et la mantique (l3réhier, op. cit., p. 30). - Cf. supra.note. 1.

3) Cf. Boiisset, Die Religion des Judentums ira zVeutesta,nenlUchen Zeitaiter,1903, p. 315 s.; Luekcn, Michael, Gôttingen. 1898, p5 .ss. - Selon Dio-dore, Il, 30, 6, les Chaldéens croyaient à trente Oco', ,uXatoL dont la moitiéétait au-dessus, la moitié au-dessous de la terre, tié t apGiv t€xe it&isitacøxt-r&,v p.v &vw ltp 'oç iov, Xtoi xŒGciitEp iiyye).ov £va rv &a-ripe.n'. - Un oracle tardifd'Apollon (Burescb, Klsros, p. US) dit encore du Soleil et des autres astrestLLXP& t'a SsoO Lapc &yyAosstc.

4) Cr. supra, p. 171, n, 2.

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LES ANGES DU PAGANISME 175

L'idée primitive, toute matérielle, se transforma plus tard,et l'on pensa qu'un esprit habitait chaque astre et dirigeaitsa course. Les planètes en particulier étaient mises enrapport avec, les sept archanges, et les textes religieuxou magiques mentionnenl fréquemment les anges sidé-raux'.

La magie, en. effet, p,lus"encore que l'astrologie populaire,faisait appel, à. l'intervention des anges. Les théologiensadmettaient que les prodiges qu'elle opérait, avaient pouragents les puissances intermédiaires entre les dieux et leshommes,.la. multitude des démons et des anges'. Aussi, lesuns et les autres sont-ils souvent invoqués dans les conjura-lions et les exsécations'. Les sorciers et les thaumaturges

I) Ncowaque de Gérasa, supra, P. 163, n. 4. Cr. Bousset, op. ait., p 319 55.;

Roselier, Inikon, s. y . « Planeten n col. 2531, 2539 s. .Wûnsch, SethianisclieVerftuchungstafcIa, 1898, p. 78. - Cf. les textes magiques cités infra, n. 4. -Doctrine chrétienne des sept tp.r6yovot &yyi).wv povvsç; cf. Lueken ; op. ci(.P. 112 as.

2) Le Jupiter Héliopolitan.us, dieu solaire, est dit angelus (supra p. 160). Cf.Proctus, In Tira., II, 269, 23; Dieh[:O 6o)éyot (Orphiques)... t'ai p.v ('HÀtov)xa)oOvrs &y y s). cv O sv, tbv &k ('Ep1sv) & y 6 h u). y , rv 6E ('AcpoBr'1v)&p.po!, îv picm iXiav ra0 dvta;. - Les dédicaces d'É g ypte Tuy tOv &yy&lu,v(supra P. 161, P. 4) S'expliquent par l'idée astrologique que les étoiles apportentla bonne ou la mauvaise fortune? . - Formules magiques, Calai. aodd. astrot.graec., 111 (Mediolanenses), P. 40: 'Ovàpa,ov t& 6v6p.ara t&,v yybov 'I'JUou XŒ\

ICpiou... &yy&Xavzat 'pii0, etc. Cf. Wessely, Grieeh. Zaubcrpap. vonParis, 1883, z. 1933 'Exixaloop.ai n x(p()c " HILE xii tOO( &ytoVÇ COU

Les anges sont ici conçus comme des envoyés du Soleil, de même que dansJulien, Epist. S. P. Q. Ath. ,275 B: "AyysXoi ft 'ii).tauEa)ôjv1ç. - L'idée queles astres étaient des anges ou du moins conduits par des anges se perpétuadans l'Église jusqu'au moyen âge; cf. Piper, Mythologie der christ!. Kunst, 'Il,1851, p. 200-215.

3) Apulée, De magie, 43, avec le commentaire abondant d'Adam Abt, DieApologie des Ap. und (lie. Zauberoi, 108., p252 ss.

4) Supra, n. Z. - Audollent, Defixionum tabettac, 074, 75 (cf. supra, p. 163,n. 1), 156, 39; 157,8; etc., cf. index, p. 467; Dieterich, Papyrus magica ,nuseiLugdunensi.s Balavi, 1888 Tb plya ilva(pa) À&yev CiJo, v eà4itpoxuvsx&L ,z&ç a1oiv ppccst, J, ,&ç &yye).oç t& hritaaaôpevx ânotsXet. Wesseiy, Crie-chische Zauberpapyrus von Paris, Vienne, 1888, y . 1205 ss. 'Io,...OEOUJÇ. XŒ'L &pyyiXouç aiJ l p'psc rav &yy&Xrov tapovxaai. Cf.1203 as. V. 1190 ss. :H)Lc..a f0 4V0LŒ Tb ŒflOV X&C fo C7Up'Ov Tb

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16 REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS

• connaissaient les noms secrets de ces esprits il suffisait deprononcer ces vocables mystérieux pour se faire assister deceux qui les portaient. Des formules appropriéesles forçaientà habiter les images sacrées et les statues des temples, aux7.quelles ils prêtaient leur pouvoir miraculeux , . Mais surtout lemagicien ou leprêtre savaientles faire apparaître aux dévots;

• La théurgie et les mystères semblent avoir fait grand usagede ces prétendues épiphanies, hal]uci nations savamment pro-.voquées'. Nous avons dit que les anges s'y substituaient.souvent aux dieux dont ils dépendaient, et Porphyre s'é(anr;demandé en quoi la présence d'un ange ou d'un archange'différait de celle d'un dieu ou d'un démon, l'auteur du De

puai •:&, rt,v &v'yiloiv ,tdv'nov. Parlhey, Griech. Zauberpnpyri des Berl.Mus.,1866 y. 206 sa.[b r,upbv 6votLa Lymi ru %ŒOytŒaL&VOV [7z]p'o (ur.'o?) 1r[vr]nv

sou "j xtircç kx»votic xaraIOjc XŒ &pyayyé).ou;,XŒ0I'J pupiaec &yy&1r' &ÇŒTO: et les passages cités dans les index de VVessely,Griech. Zuuberp. Paris und London, 4888, p. 430 et Neuc Griech. Zauber-papyri, 1893, p. 79. Cf. Abt, t. e., p. 256. - Beaucoup de ces textes trahissent,j ] est vrai, une influence juive ou chrétienne. - Comparer le serment de Pappusdans Berthelot, Alchimistes grecs, 1, p. 27 Sebi... 't'ai it\ &ppAtc.iv •po..>&iv

1tO7O'3L6VOV xz', Ôit'O t5ypOEto)v &yys).ixC'&vupvop2voi.

1) Tertull., Apolog., 23: Magi habentes invitatorum angelorurp vel daemo-nom adsistentem sibi potestatem u. Cf. Proclus, In Plat. ltemp., I, p. itt, 22,Kroll; \Vessely; Nette Griech, Zauberpapyri, 1893, p. 51, V. 948 as. - LesEssêniens, à leur entrée dans l'ordre, juraientde ne pas révéler & t,v &&)..,v

àv&»t» (Josè)he. 8. J., Il, 8, 7, § i42). Cf. aussi Reilzcnstein; Poiraandres,p. 30, n. t.

2) Apulée, Astis»., 37 (p, 77, 5, Thomas) ci Proavi ... evocantes animasdaemor,um vel angelorum sas indiderunt imaginibus sacris. »

3) Porphyre, Deregressu animae, fr. 2, Bidez (Aug Cie. Dei, X, 9): « Ani-nain spiritalern (1rveu1L2tLzi,i).. per quasdam consecrationes theurgicas, quas tele-tas voeant, idoneain fieri et aptam susceptioni spirituuin et angelorum et advidendos deos. » ('b., X, 10): Quasdam mirabiliter pulobras vel angelorum ima-gines ver deorum tanquam purgato spiritu vident». Paul (Coloss., 1f, 18) parledes anges que l'initié païen voit vénérer quand il est introduit dans les 'mys-tères t ev tŒitEcVO9PoC'3Vi xrs Opsxe: ttyj yy&Xcsv & iépaxsv ip.trrain,v . Sur lesens liturgique d'pGatciiav, cf. Ramsay, Athenaeu,n. 25 juillet 1913.

4) Supra, p. 172 s. - Proclus, In Hem». Plat,, I, p. 91, 23, Kroll,1p.slvouç r,v OcG,v &yy&).ouç ...'toT Ocoupyoîç &'rr' ècc!vcov ltpoVx(VELV irx'.no,5 , -

Philon enseignait déjà que Dieu, pour se manifester aux hommes et subvenir 4leur faiblesse, empruntait la forme d'un ange; cf. Brèhier, op. cil., p - 180.

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LES ANGES DU bAGANISME

bzysteriis explique subtilement et interminablement à quelssignes on peut les distinguer'. -

Le rôle d'intermédiaires assigné aux auges, substituts my-thologiques du Logos divin', faisait d'eux les auxiliairesdésignés de l'Être suprême dans l'acte perpétuel de la créa-tion. A côté des dieux démiurges, il existe des angesdémiurges, qui président à toute génération. Suivant la con-ception antique, l'âme est une essence divine tombée duciel dans la matière et introduite dans le corps au momentde la naissance. Les anges sont chargés de l'escorter danssa descente vers la terre et, comme les astres qu'ils habitent,leur nature influe sur le caractère de celui qu'ils appellent àla vie.-

Pendant cette existence terrestre, ils continuent à veillersurl'âme dont ils ont la tutelle' . Ils sont ses gardiens (o),taç)';

ils dirigent vers le bien sa marche incertaine et l'empêchentde franchir les bornes que lui imposent la Providence et laJustice'. Conformément li leur hiérarchie des esprits, les

1) Porphvre,Epist. ÂneS., 10 et Ps..Jamhliqne, De mysterii, 11,3 (p. 70 9g.,

P ar 1h e y).2) Supra, p. 1663) VÂn xoI 61p.O'JpyLXOi Proclus, la Tim., 1, p. 270, 2; 369, 25, Diehl (&.

8. 1pQ7tOpSOVTe( tratpt%; 7tOL5EWÇ d'après les Oroeu/a C/iatdaien).

4) Proelus, In flemp., Il, 271, 21, Kroll Ek\v ov x\ tt,v ycvscIOVpy&V) liov

içopoiLovCC, et'4)U&Ç iittpor.t3ouc L') 't&Çt)ètOU; ÔLX&Ç tOJOUÇ

%d, cOaaiv tauro'jç àyyAxo; xaXstv. Cf. Ibid., 298,13 et infra, n. 5. - Les

anges PU'LLX&' xaOôô,.r, tpopoProclus, M Rernp., II, p. 52, 28 351, 17, KrolI.— VATyP)eI ,a\ asaveç escortant l'âme des rois dans sa descente et agissarm tsur elle suivant Hermès Trimnégiste (dans Stobée, 4, 49 p. 408, 22 as. Waelm.

smuth). L'auteur emploie ici pour escorter mm le terme astrologique acp-voatv.

De même chez les chrétiens l'ange gardien est souvent dit 8apuç6poyys)o

(Sopbocles i Lexicon, P. 65.5) Proclmis, In Plat. Rcrnp., Il, p. 25G, i • KmHat1vvtç -o-pEvaL &y7L).Xo

tT&L LOJ tJ,OV tLtpomtflo')CLV, eÀty CS2Ç Mvi amOILtD3V t)2Ç. Cf.

Ibid., Il, P. 424, iO; 270, p , et In Timaenrn, T, p. 215, 14 sa.; 256, 13 as.

Diehl,G) Ces anges gnr 'Uens conilmmisenl et g outwnnent l'empereur julien (Jtm:iFt

S. P. Q. M/t., p. 2r) O 'rr',oé,z.E o'j,.t - Sur les

anges gardiens du julaïsmne kt rI,, chrieb,,ims 'n: ,rimmmilmf, cf. Bommssrl. ap. cl .,

P .31 74 as. StuhIfamitI,, ?Jic Enqet in dam' atichristtichc n K '.,misl.. 48i7, p . 28 s

7) Pmoclus, in I?eamp. Plat., 11, p. 40), 15, KmH (système orphiqu ' ')To-5

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178 REVUE 1)11 L'HISTOIRE DES RELIGIONS

néoplatoniciens enseignaient que les dieux agissent ici-bassur les corps, les âmes et la raison, les auges sur les corpselles âmes, les démons sur les corps seuls et sur la naturequi nous entoure t . Mais surtout les anges ont pour missiond'aiderl'âme délivrée de sa prison charnelle à remonter versles cieux. Ils président à son ascension là-haut, comme à sadescente ici-bas'. A l'heure de la mort, certains d'entre euxtranchent les liens qui attachaient cette âme àla matière; cesont ceux qui dépendent d'Arès, dieu des combats'. D'autressont les purificateurs (z2OŒpuY.CC) qui effacent ses souillurespar la souffrance cl lui font expier rudement ses crimes.Lui' feu ardent détruitti'tr I en elle loules les pollutions corpo-relles, qui l'alourdissaient, et elle s'élhe alors sous leur pro-tee! ion, emportée par lent , sourdee a.rclet, jusqu'aux espaceséthérés, où siègent les dieux lumineux'.

La doctrine d'une inirnoilalité céleste transforme ici la

ir rat d, i','tç tSty i1l'/9uç &p'/ozcç Ei'Ts 'ÇÏi),O'J, ti'r, 62CpOVŒ: td ihYS yEL6va,TV &T 'O TI popaç &ar .iOx,yo'd Œri'ov xiv'i,,v rdrtovt, xc,t .)y

psx6xiav ,où iipoj t$ [lpovoia x&, t<.1) Proclus, lit Tint., III, 192, 25 as., Diehi,2) Proclus, In Rcmp., II, p. 52 1 25 lKroll 'Lan SSoç &,rb E'SWÇ ht

a,v 'rat; 4v1. atc,ùv 'rotç &vaywyot; Q,ot &vc,dv, Il U totc yavtatovpyotç '(Œt

j sèv rTç ),ôoutn,t G )t1v, 4rotc x206ô,,,v lpùpoic. Pseùdo.iamblique,De myst., II, 5 (p, 79, 6; P. 80, 16, Parthev).

3) Proclus, in Rernp., il, p. 296, 5 as. KroII, d'après les Oracula Chaldaïca,Cf. noie 2. - L'archange Michel n un rôle analogue chez les chrétiens, cf.Lueker, Michacl, 1898, p. 43.4) Proclus, In CratyL, 160 (p. 89, Pasquali) "O, o it&aat 4u'at is,r& 'rv

'roO a&Çsa'ra d'rallay4i &,o' 'rç to [!Xoro,,oç cuvoua(cg â),),' aialaw'roctic'rspa, J1t TtV&tV 5LLiWOV&fll),tov xaOaprtv.to 'd C7;ttt6Vofl %%t&'t7atv& &)Xj'rav, t c xŒxi•xç. Ibid., 121 (r). 71, 18) &HaOipoua, xŒt fl)otr& 4uy&; &7ro 'rl }svov'r 'r&; h tÇ,ç 'Y5ŒE.t xv).t&nç cat âvdyov'r,ç aùr&( tp 'o taiçOco'3ç.

5) Proclus, Eoec&pla tTatic,, 192, 13i 61 rtv &yyfc.iv ILtp,, ,E?çiyyouaa, pr,'ri, lt'Jpt dv dj',4v tu'jria'r, itepi),eip,,toua Œ')T4V 7tV'rŒ'/6OZV...

zat,rotst'rp'a; rv ')),,v OapiA 'rva'Sparc xouiauaa. c Kroll, De Or'ac.Chaldoïcis, p . '53 . - I : orpl l vre . Dc regressu cairn., fr. 2. Bidez (Aug., Oit', Dci,X, 9). t' Utenduni alicuius daemonis amiciiia quo subvectanie vol paululum n.terra possit elevari riulaque post moriern, aliam vero viam esse ad angelorurusuperna consortia. » Cf. fr. 4 (Aug.. Civ. D.,X, 27): t Super aerias plagas interdeus ae!hcr j os habitobunt animne. »

L'

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LES ANGES DU PAGANISME 179

vieille croyance à lange psychopompe, qui sert de guide auxmorts dans le royaume sofflerrain de Plulon '. Les deux con-ceptions subsistent concurremment dans les mystères orien-taux L'ange/us bonus conduit dans les Champs-Etvsées lesfidèles de Sabazius au banquet des bienheureux', et le Baalsolaire d'Héliopolis est appelé angelus, parce que l'astre dujour est, Suivant la théologie syrienne, « !'anagogue o quiattire les âmes vers le ciel'. L'idée qu'un ange secourableprotège l'âme du juste contre les démons, qui peuplent lesairs, et la guide vers le paradis, s'est conservée dans la tradi-tion populaire à l'époque chrétienne', aussi bien que celle desanges « vengeurs o ou « punisseurs o qui châtient les cou-pables'.

Une opinion très répandue dans le monde grec et expriméenotamment par les philosophes qui subirent des influencesreligieuses, voulait que l'air fût rempli d'une multituded'âmes humaines, transformées en démons'. Déjà chez Philonon trouve opérée l'assimilation de ces âmes incorporelles auxanges'. On établissait, nous l'avons vu (p. 171), une distinc-

j ) Supra, P. 165, n. 1. -2) Supra, p. 163. Cf. les &yyeXoi xra-j (i6'noc des tabeltae dsvoti'ynis (supra,

P. 163).3) Supra, p. 160; cf. ma Théologie solaire, dans Mém. San. dtr. Acad. laser.,

XII, 1909, P. 18 [46].4) Laeken, frliohael, 1898, p. 45, 172 s.; Stuhitaut, Die Eizgel in der alt-

christtichen Kunst, 1897, p. 37 s., Cabrol, Diction. craMai. chrét., s. y.Anges n, t. H, p. 2122 ss5) « Anges du châtiment, opposés à 'ange de paix, dans Hénoch, LUI, 3ss..

cf. XX, 3; Mattb., 13, 41, Un &yysXo,- %; -n pdans Hermas, Sien., VI, 3,-2; cl, VU, 2, 6. — 'A-yyùot xo)&ovte ou paaxvarai dans l'Apocal ypse dePierre, 21, 23; cf. Oieterich, lvekyio, 1893, p, 61. - Dûs l'époque alexandrine,les croyances païennes ont dà se combiner avec les idées juives Une faminej udaïsante invoque, contre ceux qui l'ont empoisonnée, avec le 6Ek rT!n,,o lesN,,sianç, qui sont conçues comme des sortes d'anges vivant parmi les hommes;cf. Perdrizet, Bull. Cow. heU., XXXVI. 1912 p. 254 et XXXVIIi, 1914, p. 94.

6) Rhode, Psyche 4, I, p. lOI; il, p. 162 (Pythagoriciens), p. 320 (Posido.nius).

7) Philon, De confus. Lingu., 34. § 174 (11, p. 262, Weodland) "ECU 1x&V xŒt& vbv &ipqnya-i d,mt,,v itp<Stara; -,-ép,ae&: vaw o-31Œ1io1'd (desastres).&yyi)o'J r&, li-jy&ç ta->rx rû,jOs xstv é Oa:c,n,; ).éyo;.

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180REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS

lion, lion de substance mais de pureté, entre les anges et lesâmes. Aussi tes meilleures de celles-ci, délivrées de touteattache matérielle et s'élevant à un degré supérieur, devien-nent-elles pareilles k ces esprits bienheureux, dans la sociétédesquel elles vivront désormais'. Bien plus, certaines âmessaintes que Dieu Favorise ici-bas de ses révélations, celles deprêtres on de Ihéurges, sont dès cette vie des anges sur laterre. Ayant la vision des vérités cachées, elles deviennentcapables de les manifester', et à leur mort aucun secoursétranger ne leur est nécessaire pour remonter vers le cield'où elles sont descendues'.

Une série de tombes (lécouverles dans l'île de Théra' et trèsprohahiemeni chrétiennes, flous montrent combien ces idées&élaient répandues dans le peuple. Elles portent commeépitaphes le simple mot &yùc;, suivi d'ordinaire du nom dudéfunt. Le fidèle pieux a quitté la société des hommes pourdevenir un ange, comme, dans l'ancienne Grèce, celui quiavait bien vécu était élevé au rang de héros. De même aussique, pour les philosophes néoplatoniciens, l'âme qui a triom-phé de toute passion et vit sur la terre en communication

1) KroIl, De orne. Chntdnïois, p. 60; cf. Porphyre, De reqs'essu cairn., fr. 2,Bidez (Aug., Civ. Dei, X, 9) « Ad angelorum superna consortia e.

- 2) Proctus, fa !ternp , II, p. 118, 15 ss.; p. 154, 5 ss., Eroil ; in Oral y!., 51(p. -19, 5, Psquali).- -

3) Porph yre, De Tegre is. an-1m., fr. 6 (Aug., Civ. [ici, X, 26) ; cf. Bidez, Viede Perphyrer 1913. p. 94.

4) Théra, 3. C . XII fase. III, 933-974; Suppl., 1636-7. Le n° 933 Avye).oc'Er.ixtoç rpsatGri60 (et. Paul, ni., 11,3) semble bien établir que ces épitaphessont chrétiennes mal g ré les doutes exprimés à ce sujet (Deissinano, Lichtvon Osera, 1908, p. 201, n. 6). Cl'. C. 3. G., 8654 (Oérasa) : Es,p.s y&p h ya,4uy4j 8c oipavb sûpUvi yyeiLr ra)ieac; Acta Phi/iopi, 144 (p. 87, 3, Bon.net), Xpc-r& ...aa-rcs6pmae'i r4v ÂOPÇv to ,c.pzt6ç so'j iv &yyùx — D'autresépitaphes chrétiennes invoquent lange tutélaire du tombeau: Larisa, J. G., IX,991 : [flipzn)s ,, E1rvdvJoç yyCÂoç &veitD.&ttoc: Mél,, î, q, Xr, f?c, rit.133 Kit nfe) yi4s OE9x(o', rotn, y» .'jj; t'o'j,,6: ELct&% &ÏrE).Yd Ij' igZOtE :oXti[o;J i'fis t'i xt-xU&oOa - Ceci est «ri ra pport avec la croyance queles auges protègent nuit seulement l'àrne niais le cadavre des fidèles; cf. Lue.lien, Mic/eicl, 4893, p. 44 s. 122; Stuhlfaut, op. oit., p. 34; Cabrol, liiot.arek, chr., il, p. 2123.

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6T?

ø9-ile .2')LES ANGES DU PAGANISME 181

avec Dieu, est une âme angélique', de même dans la languechrétienne, la vie angélique est: celle des religieux et l'ordreangélique l'ordre monastique'.

Mais je n'ai pas le dessein d'examiner ici la question coru-pleie des rapports qui existent entre les croyances païenneset judéo-chrétiennes relatives aux « messagers n divins. Lesanalogies qui les rapprochent sont nombreuses, et elles nesont pas dues uniquement à des emprunts faits par le paga-nisme, comme semblent Je croire ceux qui voient dans toutemention des angesla marque d'une influence biblique'. Noussavons maintenant (lue les • yyaXot étaient vénérés dans lestemples des dieux sémitiques ou perses, comme dans la Sy-nagogue, et cela, selon toute probabilité, depuis la périodehellénistique, car déjà Posidonius paraît les avoir identifiésavec les démons des Grecs (p. 168). Il faudra tenir comptèdésormaisde cet élémentpaïen pour expliquer les abus supers-titieux du culte (les anges dans le sein de l'Église'; Je me bor-nerai à une seule remarque c'est qu'à ce point de vue la Syrieexerça sur la théologie chrétienne une action prépondérante.La fréquence du sigle typique XMl', pour Xptctôç, MyrijX,Fa6ptip, dans l'épigraphie de-ce pays' est un indice caracté-ristique, parmi plusieurs autres preuves, de la puissance quela foi populaire y reconnaissait aux archanges. C'est iciaussi qu'au v1 0 siècle le Pseudo-Denys l'Aréopa g ite dan sonlivre sur la « Hiérarchie Céleste », rempli de réminiscences

• 1) Proclus, In Rempubl., II, p. 118, 15 as., Kroll,2) Cf, Ducange, Gtoss. graec., s. y . 'AyysXixôc. Sophcicles, Leœicon, S. vv.

'Ayyùix6;, ayyAoç, p. 65. cf. Waddington, inscr. Syrie, 2004: "AvyaXoçC,ieç ô &tt&c 'Avti,vsrpo<.

3) Au contraire Dibelius, Die Geisterwdi ira Glauben tics Pentus, 1909, quiconsacre un appendice (p. 208.221) à l'emploi du mot ayyc)o, aboutit avec rai-son à la conclusion qu'il fut emprunté par k j'rrÏ-.2rx-,u :r:n à Fvtaûepaïcil

4) Je « ' e hu,ni,-rai ii reIiVO'ni ,ui x qui vou.lniienit sen co,iv;iI,'cre àl'articlet. Anges l, dans Ou lirol, Diction. ,t,reàé 'd. chiét, , II, 203, ss . à Bou ssel , op.cil., 313 as., nu à Stulntfault i op. cil., o. 14-57.

5) Dûlger, ic/nthys, 1910, t. I, p. 274-318. Cette explication du sigle restetoujours la plus probable de toutes celles qui ont été proposées

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182.REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS

philosophiques, exposa Je système de trois triades d'espritssubordonnés à Dieu, aboutissement dogmatique d'une longuesérie de spéculations antérieures, qui devait s'imposer auxsiècles futurs. La liflétuture ecclésiaste nous ramène ainsià la fin de notre exposé à la contrée ou, selon les .inscrip-tions que nous citions au début, les adorateurs des Baalsrendaient déjà un culte fervent aux « dieux anges o.

Angers. - ïinp. À. IJi,rdiu et Cie, rue G,r',ier, 4.