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Service des ressources informatiques Cybersavoir 2.0 Éléments d’une évolution de l’informatique au service de l’apprentissage et de l’enseignement Dernière révision : 23 juin 2010

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Service des ressources informatiques

Cybersavoir 2.0

Éléments d’une évolution de l’informatique au service de l’apprentissage et de

l’enseignement

Dernière révision :

23 juin 2010

Responsabilité du Projet Cybersavoir2.0 :

Robert Gendron, directeur général adjoint à la pédagogie et aux ressources informatiques

Recherche, rédaction et mise en page :

Daniel Martin, coordonnateur, Bureau des services à l’usager, SRI

Collaboration à la rédaction et à la révision:

L’équipe de gestion du Service des ressources informatiques

L’équipe des conseillers pédagogiques, Bureau du développement des technologies en pédagogie, SRI

Révision :

Francis Girard et Martin Vaillancourt, conseillers pédagogiques, Bureau du développement des technologies en pédagogie, SRI

Michèle Gendron, analyste, Bureau des services à l’usager, SRI

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Table des matières

Introduction .................................................................................................................................... 3

1. Les débuts de l’informatique au service de la pédagogie ...................................................... 3

2. L’épisode Comterm-Matra ....................................................................................................... 4

3. Le progrès se poursuit, malgré tout ........................................................................................ 6

4. Un nouveau plan d’action pour les « NTIC » ........................................................................... 7

5. Et maintenant ? ........................................................................................................................ 8

6. Un aperçu des cinq prochaines années ................................................................................... 9

6.1. La démocratisation du lien Internet et la généralisation du recours au sans-fil ............... 9 6.2. La démocratisation de l’accès par la chute des prix .......................................................... 1 6.3. La démocratisation de l’accès par le développement de plateformes simplifiées ......... 11

6.4. Le développement des solutions de stockage ou d’applications en réseau ................... 12 6.5. La priorité à la fonction et au service ............................................................................. 13

6.6. Le logiciel libre ................................................................................................................. 14

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Introduction

L’ordinateur personnel, tel que nous le connaissons, est la résultante de près de cinquante ans d’une évolution fulgurante. Qui aurait pu même entrevoir, ne serait-ce qu’il y a vingt ans à peine, la forme ou la puissance des outils dont nous disposons aujourd’hui pour le traitement numérique des données ou pour l’accès à l’information? Qui aurait pu prédire?

Pour quiconque souhaite développer une stratégie de déploiement technologique au service de la pédagogie, il importe néanmoins de chercher à prévoir les choses à venir en matière technologique. À cet effet, une prise en compte des principaux jalons de cette jeune histoire, ayant marqué de près ou de loin l’histoire de l’intégration des technologies de l’information et des communications à l’apprentissage et à l’enseignement, s’impose. À partir de ces jalons, les principales tendances qui pourraient baliser la suite de cette histoire à court et à moyen terme pourront être esquissées plus nettement.

1. Les débuts de l’informatique au service de la pédagogie

C’est en 1977 que sont apparus les premiers ordinateurs personnels destinés au grand public. Avant cette date, plusieurs appareils étaient disponibles aux particuliers qui

souhaitaient explorer le monde de l’informatique, le plus souvent en pièces détachées, mais aucune n’offrait l’expérience complète de l’ordinateur personnel

(ou PC, pour personal computer). Ces premiers appareils1 incluaient un écran (1) et un boîtier renfermant une carte mère (2) sur laquelle logeait un microprocesseur

(3), la mémoire de travail (4) et des cartes d’expansion pouvant ajouter des fonctions spécifiques à l’appareil (5), un gestionnaire d’alimentation en courant (6) ainsi qu’un ou des outils de stockage de données (7, 8). L’ordinateur personnel incluait enfin un ou des

périphériques d’entrée (9, 10). Plus encore, ces appareils étaient dotés d’un système d’exploitation, c’est-à-dire d’un logiciel permettant aux composantes de l’appareil de travailler ensemble ainsi que de programmes permettant à l’utilisateur

d’effectuer des tâches définies : traitement de texte, chiffrier, jeu ou autre. Tous les ordinateurs personnels, à ce jour, comportent encore cet ensemble de

1 L’illustration, de même que les éléments de description, sont tirés de

http://fr.wikipedia.org/wiki/Ordinateur_personnel.

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composantes et cette organisation.

En éducation, l’idée d’une machine à enseigner et, par extension, d’une utilisation pédagogique de l’ordinateur, existait bien avant l’invention du PC. Cette idée, née à l’aube de l’ère industrielle d’un besoin d’individualiser l’enseignement, était même à la base du behaviorisme2, un courant épistémologique émaillant encore fortement le paysage

pédagogique québécois. Mentionnons au passage que le premier brevet connu pour un appareil destiné à l’automatisation de l’enseignement remonte à 1809. Toujours est-il qu’à l’avènement du premier PC, les commissions scolaires avaient déjà investi temps et ressources en la matière, depuis la création du Service de l'informatique du ministère de l’éducation du Québec (SIMEQ) en 1968. Tant l'ordinateur suscite déjà, au Québec, un intérêt marqué qu’en 1972, le ministère de l'Éducation

réunissait les spécialistes du domaine dans un colloque où il avait été largement question d'automatisation de l'enseignement et d'enseignement assisté par ordinateur. Deux années plus tard, un groupe d'enseignants de la Commission des écoles catholiques de Montréal mettait sur pied un cours d'introduction à un langage de programmation (ILP). En outre, la Commission des écoles catholiques de Montréal (CECM) et le Protestant School Board of Greater Montreal (PSBGM) ont fait l'acquisition, en 1977, de mini-ordinateurs auxquels on branche par le biais de lignes téléphoniques, des terminaux à papier puis à écran cathodique monochrome. L'arrivée des micro-ordinateurs amènera cependant les commissions scolaires à délaisser les mini-ordinateurs pour les applications pédagogiques et à les réserver aux applications de gestion scolaire.

2. L’épisode Comterm-Matra

Très rapidement, les utilisateurs et les organisations ont vu le potentiel pédagogique du PC. Cependant, le Québec tarde à assurer un déploiement d’ordinateurs dans ses écoles. C’est du moins ce que déplorera le journaliste Jean Blouin, dans un article choc publié en 1982 dans la revue L'Actualité. L’article, intitulé Les nouveaux analphabètes, dénonce le retard de l'école québécoise en matière d'applications pédagogiques de l'ordinateur : Le Québec est en train de rater le vrai virage technologique. Sans ordinateur, l'école prépare une génération d'illettrés, dira Jean Blouin. Cet article déclenchera l’élaboration d’un plan d’action national touchant tous les aspects de l'informatisation de l'école : le type d'ordinateurs et de périphériques à acquérir, l'acquisition et la mise au point de logiciels éducatifs, la formation des maîtres et la recherche.

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Voir le site http://www.scedu.umontreal.ca/sites/histoiredestec pour plus d’information à ce sujet, de même que sur l’histoire de l’intégration des technologies à l’enseignement et à l’apprentissage au Québec.

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C’est en 1983 que ce plan verra le jour, accompagné d’une proposition pour une uniformisation du parc informatique des écoles québécoises autour de l’appareil Comterm-Matra Max20, créé spécifiquement, et non sans une certaine précipitation, à cette fin. Difficiles à utiliser, dispendieux et souffrant dès le départ de problèmes de compatibilité avec l’environnement MS-DOS (pour Microsoft Disk

Operating System) alors déjà largement en usage, ces appareils ainsi que le plan d’action afférent à leur déploiement furent très mal accueillis dans les classes. Pire encore, avant même que les Max-20 soient déployés dans les écoles, Apple lançait son Macintosh. Disposant d’une souris et, surtout, d’une interface graphique permettant un contrôle intuitif des fonctions de l’appareil, l’avantage du Macintosh sur le plan de la simplicité d’utilisation et, par extension, du potentiel pédagogique était indiscutable. De ce simple fait, l’expérience Comterm-Matra ne pouvait qu’avorter dans l’œuf, générant une dépense inutile de plus de 90 millions de dollars (90 M$).

L’échec du plan ministériel aurait pu être évité. Il aurait suffi de prendre en compte des informations de base qu’une veille technologique aurait certainement amenées. Il aurait alors été évident que l’avènement de l’interface graphique

ou de la souris, tous deux présent dès 1981 sur l’appareil Xerox 80103, ne pouvait qu’avoir un impact déterminant sur le plan de l’utilisation de l’ordinateur par des enfants. D’aucuns s’en doutaient, puisque c’est également en 1981 qu’une jeune compagnie du nom de Microsoft amorçait les travaux devant mener à la création, en 1985, de la première version de Windows. En fait, plusieurs compagnies travaillaient à peaufiner de telles interfaces destinées à différents types

d’appareils. Une veille technologique minimale aurait également mis en lumière le besoin de la plus grande opérabilité possible avec les logiciels déjà en usage dans les écoles. Le Comterm aurait certainement dû être mis à l’épreuve à cet égard, avant la conclusion de toute entente pour son déploiement.

3 Pourtant un échec commercialement, cet appareil disposait déjà, outre son interface graphique, de capacités

de réseautage, d’un outil de courriel, d’une souris et de plusieurs autres fonctions qui ne deviendront la norme

qu’une quinzaine d’années plus tard (http://www.digibarn.com/collections/systems/xerox-8010/index.html).

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3. Le progrès se poursuit, malgré tout…

Si l’épisode Comterm s’avère un échec spectaculaire, il n’en demeure pas moins, tant localement que sur le plan national, que le mouvement pour l’intégration des technologies à l’enseignement et à l’apprentissage ne cesse de s’élargir. Nous devons en souligner ici quelques étapes marquantes :

1982 : naissance de l'Association québécoise des utilisateurs de l'ordinateur au primaire et au secondaire (AQUOPS)

1985 : création de la société GRICS (Gestion des réseaux informatiques des commissions scolaires), fruit de la décentralisation des services ministériels en informatique scolaire

1988 : création des Centres d'enrichissement de micro-informatique scolaire (CÉMIS). En 1998, les CÉMIS deviendront autant de services RÉCIT (Réseau pour le développement des compétences par l’intégration des technologies)

Au début des années ‘90, récession oblige, l’heure n’est pas aux investissements en milieu scolaire. Cependant, l’informatique continue de connaître des développements remarquables. D’une part, les performances pures des appareils ne cessent de s’accroître, obéissant ainsi à la loi de Moore4 énoncée en 1964 par l’un des cofondateurs d’Intel et voulant qu’à tous les 18 mois, la puissance de traitement des appareils de valeur égale ait doublé. D’autre part, certains développements spécifiques auront un impact déterminant sur le potentiel pédagogique des ordinateurs personnels. Mentionnons les suivants :

1990 : création de l’Internet moderne, le réseau reliant tous les réseaux informatiques de la planète autour d’un même langage, connu sous le nom de TCP/IP (pour Transmission Control Protocol / Internet Protocol) et qui permet à des ordinateurs différents de communiquer aisément entre eux. La norme html (pour hypertext markup language) utilisée par l’Internet permet en outre la transmission d’informations sous forme graphique et leur mise en relation par liens hypertextes. S’appuyant sur les infrastructures réseau déjà en place pour les télécommunications, l’Internet ouvrira la porte aux communications virtuelles qui émaillent maintenant notre quotidien, qu’il s’agisse de la communication par courriel (existant sous sa forme actuelle

4 Il s’agit là d’une extrapolation populaire de la loi de Moore, laquelle concerne davantage la complexité des

puces informatiques. Voir http://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_de_Moore pour une explication plus détaillée.

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depuis 19725), de la télécollaboration ou encore de la messagerie instantanée. Bien sûr, Internet constitue un formidable outil d’accès à une information facilement accessible, plus encore par la mise en place d’outils d’indexation et de recherche tel Google, dont la création remonte à 1998.

1990 - 1991: Lancement des interfaces graphiques Windows et Linux. Ces lancements presque simultanés annoncent un important rattrapage de la technologie Microsoft / Intel par rapport aux produits développés par Apple. Progressivement, ces interfaces graphiques évolueront de telle sorte que les versions récentes tant de l’interface Windows (Vista) ou Linux (dont KDE) offrent des fonctionnalités équivalentes à l’interface Mac OS. Par sa capacité à fonctionner sur un large éventail d’appareils, le système d’exploitation Windows deviendra rapidement l’environnement dominant.

4. Un nouveau plan d’action pour les « NTIC »

Dix ans après l’épisode Comterm, le ministère de l’Éducation du Québec prépare un deuxième projet concernant ce qu'on appelle maintenant les nouvelles technologies de l'information et des communications (NTIC) en éducation, l'idée de base étant de favoriser l'intégration des NTIC dans chaque discipline au sein même des programmes d'études. Nait ainsi le Plan Marois6, comportant des mesures qui concernent la formation des élèves et de enseignants, l'équipement et le matériel didactique informatisé, les communications et l'autoroute de l'information ainsi que l'animation, l'innovation et la recherche. Ce plan inclut des sommes considérables réparties sur trois années pour le renouvellement du parc informatique des écoles et en soutien à la réalisation de ses autres volets. Contrairement à l’initiative précédente, il laisse toute latitude aux écoles qui doivent élaborer leur propre planification afin de réaliser localement l’intégration des technologies à l’enseignement et à l’apprentissage, les plans devant ensuite être consolidés par les commissions scolaires et acheminées au MÉQ pour approbation avant financement.

L’initiative de la ministre Pauline Marois est saluée par les milieux de l’éducation. Malheureusement, les objectifs ciblés par le ministère, nommément l’intégration des TIC à l’enseignement et à l’apprentissage dans toutes les écoles ainsi que l’atteinte des ratios

5 Le tout premier courriel a été envoyé à l’automne 1972 par Ray Tomlinson, un ingénieur travaillant à la

conception du réseau ARPANET, l’ancêtre de l’Internet. Le message? QWERTYUIOP, soit la première rangée du clavier… (voir http://fr.wikipedia.org/wiki/Ray_Tomlinson)

6 Voir http://www.meq.gouv.qc.ca/nti_plan/plan_nti.htm pour plus de détails à ce sujet

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« ordinateurs : élèves » préconisés par l’OCDE, soit un ordinateur pour dix élèves, n’ont pu être atteints. Différentes raisons peuvent maintenant être évoquées à cet égard. Premièrement, le financement accordé par le MÉQ ne permettait pas un investissement suffisant pour l’atteinte du ratio 1 :10. Les écoles devaient suppléer à ce manque de financement à même leur propre budget, ce qui s’est avéré difficile sinon impossible pour plusieurs d’entre elles. Deuxièmement, la décentralisation des orientations de déploiement vers l’école amenait une grande responsabilité locale au regard, entre autres aspects, de la mobilisation des effectifs enseignants, dans un contexte où plusieurs autres orientations et priorités pouvaient se manifester. Le Plan Marois a ainsi donné lieu à une répartition inégale des expertises et des mesures de soutien à l’intégration des TIC. Enfin, l’initiative ne prévoyait pas un maintien à long terme des investissements technologiques pourtant essentiel pour assurer la pérennité des projets élaborés localement, ni les sommes requises pour l’entretien des ordinateurs ou encore pour la formation des utilisateurs. Au-delà du plan Marois, donc, point d’ordinateurs neufs pour remplacer les modèles maintenant désuets et point de nouveaux utilisateurs adéquatement formés à l’intégration des technologies à l'apprentissage et à l'enseignement

5. Et maintenant?

Il faudra attendre une autre décennie avant de voir un financement spécifique pour l’achat d’ordinateurs et de périphériques par les écoles. Au cours de cette période, l’informatique personnelle poursuivra sa croissance fulgurante, les appareils ne cessant de progresser en puissance et en fonctionnalité. De nouveaux dispositifs apparaissent et sont adoptés massivement : les vidéodisques (DVD) et autres médias numériques sont désormais d’usage courant, tandis que la réseautique sans-fil rejoint maintenant un nombre croissant de foyers, pour ne nommer que ceux-ci. Par ailleurs, l’Internet s’intègre au quotidien d’une large part de la population et prend une place de premier plan parmi les outils de communication et de divertissement modernes. Ainsi, selon l’enquête sur les comportements de santé des jeunes d’âge scolaire7, 94% des élèves de 11,13 et 15 ans interrogés disaient, en 2002, disposer d’au moins un ordinateur à leur domicile, et 85% d’entre eux auraient accès à un lien Internet. Ces données confirment que l’ordinateur se rapproche du degré d’implantation de la télévision, et qu’il constitue maintenant moins un luxe qu’un article de base. La phase II de l’étude Les jeunes Canadiens dans un monde branché, réalisée deux années plus tard auprès de 5 272 jeunes Canadiens fréquentant la 4e année du primaire à la 5e du secondaire, confirme cette tendance. Selon les auteurs,

7 L’enquête HSBC (2004) est disponible à l’adresse http://www.phac-aspc.gc.ca/dca-dea/publications/hbsc-

2004/pdf/hbsc_report_2004_f.pdf

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l’enquête témoigne de l’universalité de l’usage d’Internet chez les jeunes Canadiens puisque 94 % affirment utiliser ce réseau à la maison (79 % en 2001) et 61 % des jeunes ont la haute vitesse à la maison, alors qu’en 1997, à peine 6% des familles québécoises disposaient d’un accès Internet. Comme il en sera question ultérieurement, cette intégration des outils numériques au quotidien des familles aura des conséquences importantes sur le plan du comportement, du rapport à l’apprentissage et de la communication interpersonnelle.

L’évolution des technologies a certainement eu un impact sur l’utilisation des TIC à l’école. À tout le moins, ces progrès demandaient une reprise des investissements en matière d’équipement informatique. En réponse à ce besoin maintes fois exprimé par les commissions scolaires, le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport a convenu, pour l’année 2006-2007, d’une allocation spécifique8 visant l’achat de tels équipements. Contrairement aux initiatives menées par le MÉQ auparavant, cette mesure n’est accompagnée d’aucune planification relative à la formation ou au développement, cette responsabilité étant implicitement déléguée aux instances locales. Pour la Commission scolaire de Montréal, l’allocation représente en 2006-2007 un montant de 2,3 millions de dollars (2,3 M$) destiné aux établissements de la formation générale, jeunes et adultes. Pour l’heure, le MÉLS n’a pas encore statué sur la récurrence de cette allocation; toutefois, l’allocation est toujours remise aux commissions scolaires; un montant de 2,5 millions $ sera ainsi remis à la CSDM en 2010-2011.

6. Un aperçu des cinq prochaines années

Toute organisation devant investir dans les technologies de l’information pour assurer son fonctionnement, comme c’est le cas pour la CSDM devant les sommes à consacrer au renouvellement de son parc informatique scolaire et plus encore dans le contexte du projet Cybersavoir, doit se soucier des tendances qui marqueront l’informatique et son intégration à la pédagogie. Tout exercice en ce sens peut être périlleux. Toutefois, nous bénéficions de plusieurs indicateurs solides nous permettant de postuler sur un certain nombre d’énoncés.

6.1. La démocratisation du lien Internet et la généralisation du recours au sans-fil

Déjà, un nombre important de familles a accès à un lien Internet de qualité. Il est ainsi reconnu de façon quasi unanime que l’accès à Internet est maintenant aussi essentiel que l’accès à la téléphonie ou aux ondes radio et

8 Voir les règles budgétaires 2006-2007 du MÉLS pour plus de détails, à la page 72 du document accessible à

l’adresse http://www.mels.gouv.qc.ca/dgfe/Regles/reg_cs/pdf/cs2006-2007.pdf.

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télévisuelles. Plusieurs organisations travaillent d’ailleurs en ce sens, comme c’est le cas de l’organisme Réseau Maillons, pour qui l’accès à Internet est devenu un droit dont tout humain doit disposer pour participer pleinement à la vie citoyenne9.

Par ailleurs, la solution sans-fil constitue pour plusieurs la voie royale pour la démocratisation de l’accès aux ressources et outils de l’Internet. Ainsi, le projet Inukshuck projette l’implantation d’une infrastructure d’accès haute vitesse sans-fil couvrant l’ensemble du Canada, accessible moyennant un abonnement payant. D’autres organisations militent pour l’universalité d’un accès sans-fil gratuit. C’est le cas notamment de Île sans fil Montréal10, un groupe communautaire

ayant pour mission de fournir un accès à Internet sans-fil à haut débit aux utilisateurs de portables et d’assistants numériques à travers Montréal, grâce au recours au logiciel libre et à des équipements abordables pour partager des connections Internet. Ce mouvement fait écho aux nombreuses initiatives

créées en ce sens à travers le monde dont certains sont implantés avec succès depuis quelques années, dont le projet Fred-e-Zone11, offrant depuis 2003 un accès Internet sans-fil gratuit sur une grande part du territoire de la ville de Fredericton, au Nouveau-Brunswick. Enfin, il existe des projets hybrides, offrant un service de base sans-fil gratuit de même qu’un accès plus performant, moyennant un abonnement. C’est le cas du projet annoncé en 2007 à Los Angeles12 et dont l’aboutissement était prévu pour 2009.

Plus important encore, l’implantation croissante du sans-fil mènerait, à court terme, à l’avènement de l’informatique ambiante, en ce sens qu’il décloisonne l’Internet du poste de travail et qu’il annonce une convergence des télécommunications et des technologies numériques. Dès 1996, le CRTC reconnaissait, dans un avis technique, cette tendance : le code numérique ne semble pas favoriser un réseau au détriment d’un autre, comme c’était le cas pour la téléphonie et la télégraphie; le code abat plutôt les barrières entre les réseaux de télécommunications et la radiodiffusion13. Plus simplement, le recours au sans-fil allié à l’utilisation d’appareils portables ou d’autres

9 Voir le lien http://maillons.qc.ca/quebec-branche-sur-le-monde.

10 Voir le lien http://www.ilesansfil.org/

11 Voir le lien http://www.fred-ezone.com

12 Voir le lien http://www.latimes.com/news/local/la-fi-wifi14feb14,0,3502072.story?coll=la-home-headlines.

13 Voir le lien http://dsp-psd.communication.gc.ca/Pilot/LoPBdP/BP/bp420-f.htm#LES%20ORD

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points d’accès à l’Internet, qu’il s’agisse de consoles de jeu, d’assistants numériques, de téléphones cellulaires, de téléviseurs numériques ou même d’appareils électroménagers multiplie le pouvoir d’influence de l’Internet sur le quotidien.

6.2. La démocratisation de l’accès par la chute des prix

Statistiques Canada surveille depuis plus de vingt ans l’évolution du prix moyen pour différents types d’ordinateurs. En consultant les bases de données de l’organisme, il est possible de constater une chute constante du coût moyen. Pour les ordinateurs dits de bureau, les données recueillies par Statistique Canada entre 1996 et 2002 une chute moyenne des prix d’environ 20% par année, la baisse la plus importante (33,4%) s'étant produite entre 2001 et 2002. Pendant la même période, le coût des ordinateurs portables aurait connu une diminution de prix encore plus significative, soit 28,6% de moyenne annuelle entre 1996 et 2002 et près de 40% entre 2001 et 2002. Par la suite, cette chute de prix a été ralentie par l’ajout de nouvelles fonctionnalités aux appareils en lien avec l’intégration des technologies numériques à l’ordinateur, de telle sorte que les chutes annuelles moyennes avoisinent maintenant 15%. Il en coûte donc de moins en moins cher pour accéder à un appareil de plus en plus performant.

6.3. La démocratisation de l’accès par le développement de plateformes simplifiées

Malgré la chute des prix précédemment décrite, il en coûte encore près de 500 $14 pour se procurer un ordinateur neuf minimalement fonctionnel. Ceci représente tout de même un investissement important, particulièrement pour les pays émergeant ou pour les initiatives de déploiement de grande envergure. Considérant ces enjeux liés à la démocratisation de l’accès aux technologies de l’information, certaines initiatives ont été mises en place afin de développer des appareils pleinement fonctionnels au

moindre coût possible. Ainsi, le projet One Laptop per Child (OLPC)15, né au Massachussetts Institute of Technology (MIT), vise le développement d’un appareil portable conçu pour être manipulé par des enfants, pouvant opérer dans des conditions difficile et offrant une pleine fonctionnalité à un coût approximatif de 100 $ US l’unité. L’atteinte d’une telle cible est possible par une production à grand volume, par l’utilisation d’un écran de taille réduite, par

l’élimination du disque dur au profit de mémoire non volatile et par l’utilisation d’une

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La première version de ce document, publiée en octobre 2007, mentionnait qu’il en coûtait 1 000 $...

15 L’ensemble du programme est décrit sur le site Web http://www.laptop.org/

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plateforme libre. Le projet vise en priorité un déploiement massif dans des pays émergeant, avant une éventuelle commercialisation de l’appareil. Un premier déploiement était prévu pour l’été 2008.

Devant un tel développement, plusieurs manufacturiers ont réagi en développant des programmes similaires. C’est notamment le cas de Intel, avec son programme ClassmatePC. Les stratégies utilisées par Intel pour réduire les coûts de production sont similaires à celles développées par le projet OLPC, à l’exception du recours au système d’exploitation Windows XP Pro ainsi qu’à l’utilisation d’une architecture s’intégrant plus facilement aux réseaux d’entreprise traditionnels. Le coût d’acquisition était estimé, en 2007, à entre 250 $ et 400 $ US. Cet appareil devait entrer en production dans le cadre de projets visant des pays en émergence au cours du printemps 2007.

L’existence de tels projets a créé une forte pression sur l’ensemble des fabricants d’appareils portables pour le développement d’outils spécifiquement conçus pour l’école et, de façon générale, stimule la demande pour des produits au plus bas coût possible. En réponse à ces pressions principalement exercées par les consommateurs, on a vu apparaitre sur le marché des ordinateurs miniportatifs (netbooks), des téléphones intelligents (smartphones) et, tout récemment, des tablettes à écran tactile (dont le iPad). Les ventes pour ces types d’appareils sont en constante hausse et leur popularité n’est plus à démontrer. Ces appareils remplissent essentiellement une fonction : ils permettent à l’utilisateur de rester branché sur le monde, partout, en tout temps. Le nom anglais des miniportatifs, soit netbook, est d’ailleurs évocateur : il s’agit essentiellement d’un livre pour le Net.

En éducation, on s’intéresse surtout aux miniportatifs, en premier lieu à cause de leur coût relativement peu élevé et de leur pleine fonctionnalité, mais aussi pour la portabilité que leur confère leur petite taille. On voit apparaitre au Québec, et de par le monde, de plus en plus d’initiatives pédagogiques visant un ratio élève-ordinateur 1:1 et les miniportatifs y sont de plus en plus souvent utilisés. La CSDM a d’ailleurs expérimenté différents modèles de miniportatifs au cours de l’année 2008-2009, cette étude ayant notamment démontré la viabilité de projets recourant à ce type d’appareil. Au demeurant, les miniportatifs évoluent rapidement : ils sont de plus en plus puissants et s’approchent très rapidement, de par leur fonctionnalité, de leurs grands frères portables.

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À tout le moins, l’évolution des ordinateurs et des dispositifs permettant aux utilisateurs d’accéder aux ressources de l’Internet se poursuit, sans ralentissement perceptible. L’objectif d’un accès universel, en tout temps et en toutes circonstances pourrait être atteint, incessamment.

6.4. Le développement des solutions de stockage ou d’applications en réseau

En lien avec les développements précédemment décrits, l’une des tendances qui s’exprime fortement consiste à capitaliser sur les infrastructures réseaux développées

pour l’utilisation d’Internet. Les entreprises et les services publics, donc la CSDM, se sont dotées d’infrastructures performantes qu’elles utilisent de plus en plus afin de gérer les opérations courantes : téléphonie, gestion documentaire, logiciels corporatifs, services sur le Web, pour ne nommer que ces usages. Par ailleurs, les usagers développent de plus en plus l’habitude de fréquenter l’Internet pour avoir accès à des services de tous ordres : recherche d’information, services bancaires, achats et conseils, formation ou

entrée de données. Il s’agit donc d’un contexte où les besoins des organisations convergent avec ceux des utilisateurs.

Considérant cet état de fait, il est tout à fait concevable que dans un avenir rapproché, un très grand nombre de services situés actuellement sur les postes des utilisateurs migrent entièrement vers le réseau. D’abord, la migration du stockage de données vers un SAN16 (pour Storage Area Network) facilite le partage de fichiers entre utilisateurs, accroît la sécurité des données par une gestion centralisée des sauvegardes et ouvre la porte au déploiement d’appareils sans disque dur, tel que ceux décrits à la section précédente. Ensuite, la migration des logiciels vers le réseau exerce une pression à la baisse sur la puissance requise des postes de travail, l’essentiel du travail de traitement résidant sur des serveurs. De plus, cette migration facilite la gestion des licences logicielles et permet un accès aux services indépendant de l’appareil utilisé. Enfin, le recours au réseau facilite grandement la gestion de la sécurité et diminue la fréquence des appels aux services techniques pour la configuration ou la réparation des outils informatiques déployés sur les postes.

Cette tendance constitue, paradoxalement, un retour du balancier en ce qui concerne le développement de l’informatique. Rappelons qu’avant la création de l’ordinateur

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Une description facile à comprendre du principe de stockage réseau est disponible à l’adresse http://www.commentcamarche.net/surete-fonctionnement/san.php3

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personnel, l’informatique se fiait presqu’exclusivement à des solutions centralisées. Cependant, la prolifération des appareils personnels concurremment à leur mise en réseau par l’Internet, à leur utilisation massive pour un nombre croissant de tâches et aux enjeux de sécurité découlant du caractère public de l’Internet, pour ne nommer que ces facteurs ont contribué, progressivement et par pression systémique, à redonner au réseau central l’importance qu’il avait avant les années ‘80.

6.5. La priorité à la fonction et au service

À l’époque des débuts de l’informatique personnelle, les utilisateurs accordaient une grande importance à l’appareil lui-même et à ses composantes : le logiciel à utiliser, le système d’exploitation à installer, les ajustements aux exécutables, la quincaillerie à gérer, et ainsi de suite. Il faut comprendre que les premiers PC nécessitaient cette attention particulière, leur configuration n’ayant pas atteint le degré de maturité requis pour leur utilisation transparente. Tel n’est plus le cas présentement. L’utilisateur souhaite maintenant (et obtient, sauf exception) une fonctionnalité immédiate, peu importe la plateforme qu’il aura choisie. En d’autres termes, ce n’est plus la machine qui intéresse l’utilisateur, mais ce qu’il peut en faire. Il s’agit d’une évolution capitale de l’ordinateur personnel qui a assuré son adoption comme outil de travail et de loisir par la population.

Progressivement, les concepteurs se sont adaptés à cette demande des utilisateurs et commencent déjà à en tirer profit. Ainsi, Apple intègre au système d’exploitation de ses ordinateurs et, surtout, de ses appareils mobiles iPhone et iPad des services à distance pour l’impression des contenus développés par les utilisateurs de même que pour l’achat de contenus numériques et de logiciels, la facturation de ces services permettant de générer des profits qui contribuent à la baisse du coût d’acquisition de ses appareils. Microsoft, de son côté, a lancé récemment un service de logiciels résidant sur le Web, offert à l’utilisateur moyennant un abonnement, lui assurant que ses outils seront toujours fonctionnels sans qu’il ait à se soucier de mises à jour ou de problèmes d’installation. D’autres fournisseurs de services offrent de telles solutions financées par la présence de publicités. C’est le cas notamment de Google.

Puisqu’elle répond aux besoins des utilisateurs et qu’elle comporte un avantage monétaire pour les développeurs d’appareils et de services, cette tendance s’accentuera vraisemblablement au fil des ans. Conséquemment, la gestion de la complexité, toujours présente malgré l’apparente simplicité des postes de travail, sera

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assumée de plus en plus par les responsables des réseaux centraux qui géreront le nuage informatique17.

6.6. Le logiciel libre

En réponse au formidable potentiel de profit généré par l’omniprésence de l’ordinateur et en lien avec l’objectif d’une démocratisation de l’accès aux technologies de l’information et des communications, plusieurs individus et organismes proposent

l’avenue du logiciel libre. Issu à la fois de la tradition académique, laquelle demande une validation par les pairs avant publication, et d’une certaine vision communautaire selon laquelle le partage des fruits de la connaissance est reconnu comme une valeur commune et où leur mise en marché est généralement rejetée, le mouvement pour le logiciel libre, initié depuis plus de vingt-cinq ans18, offre une

alternative ouverte, souvent gratuite19, à la quasi-totalité des outils logiciels disponibles sur le marché. Il existe ainsi des centaines de versions gratuites du système d’exploitation Linux (dont Ubuntu ou Mandriva), de même que des fureteurs (Mozilla, Opera ou Chrome), des suites bureautiques (OpenOffice) ou encore des outils de courriel (Postfix). Par ailleurs, un grand nombre d’outils logiciels destinés à une utilisation pédagogique sont offerts par la voie du libre. Qu’elles soient destinées ou non à la pédagogie, plusieurs de ces offres constituent des choix technologiques intéressants. Devant la flexibilité, la robustesse, la diversité des produits et les avantages financiers liés au logiciel libre, tout porte à croire que cette avenue prendra une place de plus en plus grande dans le monde de l’informatique.

17

Pour plus d’information, consulter le lien suivant : http://fr.wikipedia.org/wiki/Informatique_dans_les_nuages.

18 Une historique sommaire du mouvement pour le logiciel libre est disponible à l’adresse

http://www.logiciellibre.net/download/fiche132.pdf

19 Il ne faut pas confondre logiciel libre et logiciel gratuit. En effet, plusieurs solutions libres et gratuites

requièrent, pour leur implantation, un soutien qui doit être pris en compte pour le calcul du coût total de propriété du système dans lequel cette solution est implantée. D’autres solutions libres requièrent un abonnement pour leur implantation. Certaines, enfin, sont libres et gratuites. Le dénominateur commun des logiciels libre est le libre accès au code source, c’est-à-dire à l’ensemble des instructions écrites dans un langage de programmation informatique de haut niveau (humainement compréhensible) permettant d'obtenir un programme pour un ordinateur.

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Sans doute l’histoire prochaine de l’informatique au service de la pédagogie sera-t-elle marquée d’autres mouvements dont nous ne pouvons prédire la teneur. À tout le moins, le projet Cybersavoir devra tenir compte de ces mouvements qui se dessineront prochainement, afin que la CSDM puisse orienter ses choix technologiques et ses actions pour le plus grand bénéfice de ses élèves et de leur réussite. Voilà pourquoi le projet Cybersavoir doit absolument comporter une veille technologique, exercée conjointement par le Service des ressources informatiques et par ses partenaires externes, visant précisément à identifier les avenues prometteuses au regard de l’intégration des technologies à l'apprentissage et à l'enseignement et à en tirer profit.