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CYCLE DE CINÉMA "ORGUEIL ET DÉMESURE" PROGRAMME COMPLET Mercredi 25 janvier : la chute (Der Untergang) de Oliver Hirschbiegel, Allemagne /Italie/Autriche – 2004, 2 h 30 mn Réalisation : Oliver Hirschbiegel, Scénario : Bernd Eichinger. Interprètes :Bruno Ganz (Adolf Hitler), Alexandra Maria Lara (Traudl Junge, la secrétaire), Juliane Köhler (Eva Braun), Ulrich Matthes (Joseph Goebbels), Corinna Harfouch (Magda Goebbels), Thomas Kretschmann (Hermann Fegelein), Heino Ferch (Albert Speer), Michael Mendl (général Helmut Weidling), Ulrich Noethen (Heinrich Himmler). Inspiré de Les derniers jours d’Hitler, de Joachim Fest, et Dans la tanière du loup, mémoires de Traudl Junge, jeune secrétaire d’Hitler. Résumé © LES FICHES DU CINEMA 2005 Décembre 1942. Jeune Bavaroise au profil aryen, Traudl Junge est recrutée par Hitler pour être sa secrétaire particulière. Avril 1945, les jours du 3e Reich sont comptés... Hitler et sa suite sont retranchés dans un bunker situé dans les jardins de la Chancellerie. Malgré l'approche de l'Armée Rouge et les bombardements incessants, Hitler croit toujours la victoire possible. Entouré de ses généraux, il échafaude chaque jour des plans de bataille, toujours mis à mal par les événements. La tension monte. Chacun sent venir la fin. Hitler est prêt à détruire Berlin et le peuple allemand qui a échoué... Le Fürher organise à présent sa mort. Quelques-uns préparent leur fuite. Joseph et Magda Goebbels viennent au bunker, accompagnés de leurs enfants. Fanatiques et jusqu'au-boutistes, ils croient que sans le nazisme, leurs vies ne valent plus la peine d'être vécues. Ils décident d'en finir en même temps que le Fürher. Hitler se tire une balle dans la tête. Eva Braun est morte à ses côtés. Leurs corps sont incinérés. Magda exécute elle-même ses enfants. Les suicides se succèdent dans le bunker, tandis que la ville est en proie aux meurtres et aux exécutions. Quand arrivent les libérateurs, Traudl, un enfant à la main, traverse dignement les rangs de l'Armée Rouge vers son salut. La fable tragique ne connaît pas l'Histoire, elle n'est qu'un résidu, une ruine, une appropriation et une fabulation fragmentaire de l'événement réel. C'est ainsi qu'il faut comprendre et juger La Chute; l'événement de ce film concerne moins le véritable Hitler que le goût de l'homme pour la tragédie de la décadence. N'est-ce d'ailleurs pas le sous-entendu du titre qui nous invite à y lire l'expression de la déchéance en général ? par Richard Bégin, Ciné-Bulles, vol. 23, n° 2, 2005, p. 12-13. à lire sur erudit.org http://www.erudit.org/culture/cb1068900/cb1087251/33191ac.pdf SCD Lille 2 – Cycle de cinéma "Orgueil et démesure'" Janvier-Mai 2012 - [email protected]

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CYCLE DE CINÉMA "ORGUEIL ET DÉMESURE"PROGRAMME COMPLET

Mercredi 25 janvier : la chute (Der Untergang) de Oliver Hirschbiegel,Allemagne /Italie/Autriche – 2004, 2 h 30 mn

Réalisation : Oliver Hirschbiegel, Scénario : Bernd Eichinger.

Interprètes :Bruno Ganz (Adolf Hitler), Alexandra Maria Lara (Traudl Junge, la secrétaire), Juliane Köhler (Eva Braun), Ulrich Matthes (Joseph Goebbels), Corinna Harfouch (Magda Goebbels), Thomas Kretschmann (Hermann Fegelein), Heino Ferch (Albert Speer), Michael Mendl (général Helmut Weidling), Ulrich Noethen (Heinrich Himmler).

Inspiré de Les derniers jours d’Hitler, de Joachim Fest, et Dans la tanière du loup, mémoires de Traudl Junge, jeune secrétaire d’Hitler.

Résumé © LES FICHES DU CINEMA 2005 Décembre 1942. Jeune Bavaroise au profil aryen, Traudl Junge est recrutée par Hitler pour être sa secrétaire particulière. Avril 1945, les jours du 3e Reich sont comptés... Hitler et sa suite sont retranchés dans un bunker situé dans les jardins de la Chancellerie. Malgré l'approche de l'Armée Rouge et les bombardements incessants, Hitler croit toujours la victoire possible. Entouré de ses généraux, il échafaude chaque jour des plans de bataille, toujours mis à mal par les événements. La tension monte. Chacun sent venir la fin. Hitler est prêt à détruire Berlin et le peuple allemand qui a échoué... Le Fürher organise à présent sa mort. Quelques-uns préparent leur fuite. Joseph et Magda Goebbels viennent au bunker, accompagnés de leurs enfants. Fanatiques et jusqu'au-boutistes, ils croient que sans le nazisme, leurs vies ne valent plus la peine d'être vécues. Ils décident d'en finir en même temps que le Fürher. Hitler se tire une balle dans la tête. Eva Braun est morte à ses côtés. Leurs corps sont incinérés. Magda exécute elle-même ses enfants. Les suicides se succèdent dans le bunker, tandis que la ville est en proie aux meurtres et aux exécutions. Quand arrivent les libérateurs, Traudl, un enfant à la main, traverse dignement les rangs de l'Armée Rouge vers son salut.La fable tragique ne connaît pas l'Histoire, elle n'est qu'un résidu, une ruine, une appropriation et une fabulation fragmentaire de l'événement réel. C'est ainsi qu'il faut comprendre et juger La Chute; l'événement de ce film concerne moins le véritable Hitler que le goût de l'homme pour la tragédie de la décadence. N'est-ce d'ailleurs pas le sous-entendu du titre qui nous invite à y lire l'expression de la déchéance en général ? par Richard Bégin, Ciné-Bulles, vol. 23, n° 2, 2005, p. 12-13. à lire sur erudit.org http://www.erudit.org/culture/cb1068900/cb1087251/33191ac.pdf

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Mercredi 1er février : la folie du roi George (The madness of King George) de Nicholas Hytner États-Unis/Royaume-Uni, 1994, 1 h35

Avec : Nigel Hawthorne (George III), Helen Mirren (la reine Charlotte), Ian Holm (le docteur Willis), Rupert Everett (le prince de Galles)scénario : Alan Bennett

Résumé

1758. George III règne sur l'Angleterre depuis 28 ans. Nostalgique de l'absolutisme, hostile à un Parlement que l'opposant "Whig" Fox marque par son éloquence, n'ayant jamais accepté la porte des "colonies d'Amérique", il contrôle de manière tatillonne son premier ministre, le "second" Pitt, qui a cependant la réalité du pouvoir. Ce que le roi supporte mal ! Autoritaire, maniaque de l'étiquette, George est aussi un homme simple lorsqu'il visite "ses" paysans, dévoué à son épouse bonne et aimante. Hélas, il a un fils, le Prince de Galles, ambitieux, mesquin et veule, secrètement marié à Miss Fitzherbert, une catholique ! ! ! Une colère contre son fils va révéler à la Cour la folie naissante du souverain : incohérences, rages, agitation, abattement. Fox et le Prince de Galles y voient une occasion de satisfaire leurs ambitions respectives. Le roi est mis à l'écart, maltraité par des médecins débiles, séparé de la reine. Seuls le soutiennent quelques serviteurs et son écuyer, Gréville, par ailleurs amoureux de Lady Pembroke, suivante de la reine. Un nouveau médecin, Willis, prend en charge George, usant d'une thérapie inédite. Les mois passent. Le Parlement s'agite, George va mieux, réapparaît enfin au désespoir de son fils. A nouveau, il règne : les apparences sont sauves. © Les fiches du cinéma 2001.

Le roi, c'est George III, qui régna sur l'Angleterre de 1760 à 1811. La folie, ce sont les crises récurrentes pendant lesquelles le roi se met à dire n'importe quoi, saute sur les courtisanes, sort dehors en caleçon et réveille tout le château à 4 h du matin... D'après les historiens, George souffrait en fait de porphyrie, rare maladie qui provoque des urines violettes et entraîne un dérèglement psychique qui reproduit tous les symptômes de la folie : agitation, comportement obsessionnel, hystérie... Un mal d'origine physique plutôt que mentale, donc. Toute la subtilité du film de Nicholas Hytner réside dans cette ambiguïté sur lanature réelle de la folie. Dans l'esprit de l'entourage du roi (médecins, fils, milieux politiques...), pas de doute : le roi était chtarbé total, diagnostic doublement renforcé par les limites de la médecine d'époque et par les ambitions aiguisées des dauphins, ministres et autres courtisans. Le film devient ainsi une belle réflexion sur la notion de pouvoir. Que se passe-t-il quand le souverain perd la santé ? Comment se résoudre à lâcher les rênes de l'Etat ? Comment ce pouvoir développe tout un ensemble d'appétits contradictoires qui passent bien avant l'intérêt général .

© Serge Kaganski , les inrockuptibles

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Mercredi 15 février : Casanova de Alexandre VolkoffComédie dramatique , France, 1926 , 2h12, n&b , Muet

Réalisation et scénario de Alexandre Volkoff, Co-scénaristes Norbert Falk et Ivan Mosjoukine

avec Ivan Mosjoukine, Suzanne Bianchetti, Paul Franceschi, Michel Simon

RésuméCe séducteur, libertin patenté, est aussi aimé des femmes qu'il est exécré par leurs maris, qui le dénoncent au Conseil des Dix. Mais c'est l'huissier Menucci qui obtient sa condamnation pour sorcellerie. Après la fête qu'il donne en l'honneur de la danseuse Corticelli, au cours de laquelle il lie amitié avec le comte Orloff, l'aventurier s'enfuit en Autriche ; il y rencontre la comtesse Mari, et c'est un nouveau coup de foudre. Se précipitant sur ses traces en Russie, il délivre, au passage, la jeune Thérèse du duc de Bayreuth, confisque le nom et les bagages d'un marchand de dessous féminins, se présente à la Cour comme Dupont, et enchante la jeune impératrice. La grande Catherine II fête ensuite sa prise de pouvoir par un grand bal, où Casanova retrouve la comtesse et file le parfait amour. L'impératrice se fâche, expulse la belle et convoque chez elle le séducteur, qui y envoie le jeune négrillon donné par l'une de ses anciennes conquêtes, la baronne Stanhope. Se ruant à la poursuite de Maria, le héros se retrouve à Venise en plein Carnaval, est arrêté et emprisonné dans les sinistres Plombs. Grâce à ses fidèles amis, Thérèse, aux masques et aux déguisements, il s'évade vers de nouvelles amours. © Les fiches du cinéma 2001

Épique, virevoltant, frondeur et merveilleux. Voilà ce qui arrive quand un cinéaste et un acteur entrent en parfaite symbiose avec leur sujet. Le metteur en scène c’est Alexandre Volkoff, jusqu’alors synonyme de respectabilité. L’acteur c’est le bondissant Ivan Mosjoukine, improbable croisement entre Bela Lugosi et Douglas Fairbanks. Et enfin le sujet : l’homme qui fit de son nom le symbole de la séduction et qui fut tour à tour dans le désordre abbé, magicien, banquier, escroc, joueur professionnel, musicien, espion, spadassin et bien d’autres choses encore, le célèbre Giacomo Casanova. À vie peu commune, moyens peu communs. Casanova le film sera donc une superproduction fastueuse, un ébouriffant film d’aventures comico-épique aussi bien qu’un hymne à la libre pensée et à l’érotisme. Et pendant que Volkoff déploie une élégante mise en scène transpercée de moments sur-vitaminés, Mosjoukine, lui, apporte une énergie hors du commun à son personnage, transformant Giacomo Casanova en une force anarchisante que rien ni personne ne peut enchaîner. Impossible de ne pas se rallier à la cause de ce grand libertin lorsque ce dernier ridiculise les grands de ce monde. Difficile de ne pas craquer lorsque l’habile séducteur embroche sur son épée une dizaine de roses jetées par un rival mécontent et offre la brochette fleurie à sa nouvelle conquête. Difficile aussi de rester de marbre devant cette « danse des épées » où une tripotée de donzelles armées de fleurets s’effeuillent langoureusement en ombre chinoise, les épées servant à calmer l’ardeur de ces messieurs. Plus de quatre-vingts ans après sa réalisation, Casanova ne supporte toujours pas le poids des chaînes de la prison des valeurs sûres et oppose, à une certaine idée d’un cinéma muet figé, espièglerie, sensualité et insoumission. Cinémathèque de Toulouse

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Mercredi 22 février : Tsar (Царь) de Pavel LouguineRussie, 2009, 2h

Interprétation : Pyotr Mamonov, Oleg Yankovskiy, Anastasiya Dontsova, Aleksandr Domogarov ...

SynopsisEn 1565, Ivan le Terrible, tsar de Russie, subit une cuisante défaite face à l’armée polonaise, avec laquelle il est en guerre depuis des années. Paranoïaque, il est persuadé d’être victime de trahisons opérées de l’intérieur.Il manoeuvre pour obtenir les pleins pouvoirs et de mener à bien des purges contre tous ceux qui s’élèvent contre lui. Le clergé et les influents marchands de la ville, craignant le chaos en cas d’abdication du tsar, lui accordent toute autorité pour faire appliquer sa justice. Il s’entoure alors d’un groupe de féroces soldats, les opritchniki ou « chiens du tsar », qui s’en vont mugir dans les campagnes et y éliminer tous les traîtres ou assimilés comme tels, plongeant le pays dans un bain de sang.Afin d’obtenir une caution religieuse à ses exactions, Ivan nomme un de ses amis d’enfance, Théodore Stephanovich Kolychev, au poste vacant de Métropolite de Moscou. Mais celui-ci, loin d’appuyer le tyran, prend au contraire ses distances, d’abord de manière prudente, raisonnée, puis de plus en plus frontalement…

Extrait de la revue Acmé http://www.revue-acme.com/Tsar-Entretien-avec-Pavel-Lounguine_a117.html

Précédemment réalisateur de Taxi Blues, Un nouveau russe ou La Noce, Pavel Lounguine s’est imposé au fil des ans comme un fin observateur de la société russe post-soviétique. Avec Tsar, il change d’époque mais pas de sujet et signe une œuvre toute en fureur, bouffonnerie, folie et démesure.

Acmé : En réalisant Tsar, aviez-vous à l’esprit Ivan le Terrible d’Sergei Eisenstein qui met en scène le même personnage historique ?Pavel Lounguine : Cela peut surprendre mais il n’y a presque aucun lien entre les deux versions. En 1942, Staline avait commandé un film sur Ivan Le Terrible qui aurait pu soutenir sa politique. Le film a été réalisé durant la seconde guerre mondiale avec l’intention formelle de glorifier le personnage. Je ne pense pas que ce fut ce qu’Eisenstein voulait faire. Il a ainsi été forcé de maquiller son point de vue sur l’histoire. Il a réalisé un film apolitique, esthétisant, très proche de l’opéra chinois. Dans le second volet, Eisenstein s’est plongé dans la psychologie du personnage ce qui lui a valu les déboires avec la censure que l’on connaît. Pour Tsar, j’ai joui d’une liberté absolue. Le film ne doit pas être vu comme un biopic mais comme la lecture d’un épisode de la vie d’Ivan IV. A l’instar d’Eisenstein, en fin de compte, c’était l'aspect psychologique du tsar qui m’intéressait. (...)La Russie doit apprendre à démystifier son Histoire. Les russes ignorent l’Histoire de leur propre pays. Ils ont remplacé la connaissance de faits passés avérés par une idolâtrie des mythes. Depuis la propagande stalinienne qui avait besoin d’une figure de meneur, ils considèrent Ivan Le Terrible comme le fondateur et l’unificateur de la Russie.

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Mercredi 29 février : Richard III de Laurence OlivierGrande-Bretagne, 1955, 2h 40

Scénario : Laurence Olivier, Alan Dent, d'après la pièce de Shakespeare et des extraits de Henry IV Avec : Cedric Hardwicke (Le roi Edward IV), Nicholas Hannen (L'archeveque), Laurence Olivier (Richard III)....

Prix : Lion d'argent, Berlin (1956) ; British Academy Awards : meilleur film anglais et meilleur film, meilleur acteur anglais (Laurence Olivier)

Synopsis : Laid, bossu et né prématurément, Richard, duc de Gloucester (Laurence Olivier), n’a pas grand-chose pour lui, si ce n’est un prodigieux sens de la stratégie au service de ses ambitions personnelles et machiavéliques. Pour ravir le trône à son frère Edouard IV, il ourdit un plan en plusieurs étapes modérément diplomatiques et plus volontiers sanglantes. Mais une fois satisfaite, l’ambition se fait capricieuse. De la maison d’York à celle de Lancaster, les meurtres vont encore se succéder.Entremêlement des conspirations, jeu des alliances, omniscience, puis présomption et manque de discernement des conquérants… « Richard III » selon Laurence Olivier est un spectacle ironique : « La conscience est un mot inventé par les lâches pour tenir les forts en respect » nous rappelle-t-on. http://www.arte.tv/fr/2412560,CmC=2416898.html

La pièce de Shakespeare s'ouvre sur le monologue de Richard " Donc voici l'hiver de notre déplaisir ". L'interpolation (la scène qui n'existe pas dans le texte) qui voit le couronnement d'Edouard IV après la chute d'Henry VI met non seulement en scène un couronnement mais c'est la couronne elle-même qui devient un thème majeur de la pièce. The hollow crown disait Shakespeare, accessoire creux, accessoire de théâtre, symbole d'apparat. Dans le film on commence par elle et on finit par elle, placée sur la tête de Richmond, le nouveau roi. Elle n'est d'aileurs pas posée mais en train de l'être comme si Olivier figurait la permanence du pouvoir royal face au flottement incessant du corps politique.

Il ne s'agit donc plus de refaire un film épique comme Henri V. Olivier se refuse ainsi à reconstituer les grands plans majestueux de la bataille d'Hazincourt de sa première mise en scène. Ce n'est plus ici un grand guerrier qu'il s'agit de figurer mais un personnage sombre qui n'est pas porteur des valeurs d'héroïsme ou de gloire. Richard III est un roi qui court toujours, en avance sur son temps. Il est né avant son temps ; c'est un prématuré qui va toujours vouloir devancer le temps et le violer. " Je cours devant mon cheval au marché ". C'est surtout, dans la tradition théâtrale, un histrion, quelqu'un qui doit montrer qu'il joue un rôle, d'où cette prothèse nasale dont s'affuble Laurence Olivier, ce nez protubérant qui marque l'excès, le goût du jeu et de l'artifice. Cine club Caen

Pour aller plus loin

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Mercredi 14 mars : l'homme qui voulut être roi (The Man Who Would Be a King) de John Huston

États-Unis et Grande-Bretagne, 1975, 2 h 11

Scénario : JohnHuston, Gladys Hill, d'après une histoire de Rudyard Kipling avec Sean Connery (Daniel Dravot), Michael Caine (Peachy Carnehan), Christopher Plummer (Rudyard Kipling), Saeed Jaffrey (Billy Fish), Jock May (le gouverneur), Shkira Caine (Roxanne).

A la fin du XIXèem siècle, Rudyard Kipling est un journaliste qui travaille à Lahore en Inde. Il rencontre deux anciens officiers de l'armée britannique, Daniel Dravot et Peachy Carnehan qui veulent se rendre dans le Kafiristan pour y chercher fortune.

Après un long et périlleux voyage, Dravot et Carnehan arrivent dans le village de Er-Heb où séjourne un ancien soldat du régiment des gourkhas, Billy Fish, qui devient leur ami. Ayant fait également la connaissance du chef de Er-Heb, Ootah, ils lui viennent en aide pour vaincre la ville rivale de Bashkaï.

Pendant la bataille, Dravot reçoit une flèche en pleine poitrine, or la flèche s'est plantée dans sa cartouchière. Il ne tombe pas et continue à se battre, et apparaît aux yeux du peuple comme un être surnaturel : en l'occurrence le Dieu Sikander (le fils d'Alexandre le Grand). Dravot est appelé à la ville sainte de Sikandergul où après quelques hésitations, il est élu roi et dieu de tout le Kafiristan et détient ainsi le pouvoir absolu. Mais le pouvoir corrompt le meilleur des hommes et Dravot finit par croire qu'il est réellement un dieu et qu'il descend directement d'Alexandre le Grand. Cine club Caen

Un carburant secret brûle dans L’Homme qui voulut être roi, mélange assez inqualifiable de forfanterie virile, de grand « je m’en-foutisme » et d’enthousiasme généreux. C’est que s’y accomplit l’incroyable destin de Peachey Carnehan et surtout de Daniel Davrot, devenu à force d’audace roi puis dieu du Kafiristan, province perdue au Nord de l’Afghanistan. Quatre ou cinq épaisseurs de fiction joignent leurs charmes et leurs chimères pour le retracer. D’abord la nouvelle superbe de Kipling, qui en personne ouvre et ferme le film, dans son bureau de reporter du Northern Star à Lahore, vers 1880. Puis le panache des héros, moitié pitres, moitié illuminés. L’armée impériale britannique, dont tous deux ont le fier maintien et le bel habit rouge. La religion, qui offre à Davrot une gloire éclatante mais brève. Le colonialisme enfin, ici brutalement saisi dans sa vérité de délire : l’homme blanc y recherche moins le triomphe de ce qu’il nomme progrès et raison qu’une introuvable aura primitive. John Huston croise ces fables en une tresse qui les rend solidaires et dévoile simultanément leur commune fragilité. Tout finit mal, bien sûr : démasqué, le faux dieu Davrot est jeté du pont de corde dont Peachey et lui avaient supervisé les travaux. Emmanuel Burdeau, L'oeil

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Mercredi 21 mars : Guerre et paix (Война и мир) de Serge BondertchoukUnion soviétique, 1967, 6h44

Oscar du meilleur film étranger en 1968 et Golden Globe du meilleur film en langue étrangère en 1969.

Synopsis :Nous sommes dans la fabuleuse cité de Moscou, au début du XIX siècle. A l'ouest de l'Europe, les guerres napoléoniennes font rage, mais ici on organise des dîners, des réceptions auxquelles sont conviés les personnages les plus influents, on discute en français des dernières nouveautés. Jusqu'au jour où Napoléon et ses troupes entrent en Russie.

En 1967, Sergueï Bondartchouk livrait une version monstre du classique Guerre et Paix de Tolstoï. (...). Cette adaptation de "Guerre et paix" répond à la démesure et à la flamboyance du roman. (...)Monstre à tous points de vue, Guerre et paix est l’œuvre de la démesure. Les mille et quelques pages du roman deviennent près de sept heures de film, où les batailles napoléoniennes se mêlent aux bals impériaux et où la vie aristocratique rencontre la stratégie militaire. Sept années de préparation, l’un des budgets les importants de l’histoire du cinéma (le film est largement soutenu par le gouvernement soviétique), des scènes de bataille qui n’ont rien à envier au concurrent américain (même le plus contemporain), un incroyable travail sur la lumière d’Anatoli Petritski… Ce Guerre et paix n’est pas loin d’être un film définitif.

Mickaël Pierson, "Il était une fois le cinéma"

http://www.iletaitunefoislecinema.com/dvd/4852/dvd-guerre-et-paix-de-serguei-bondartchouk

Avant d’être une adaptation d’un chef d’œuvre de la littérature russe, Guerre et paix est donc un film pour la Russie, et pour les Russes : exaltation de la fierté et du courage du petit peuple, introductions des différentes parties en panoramiques sur la terre russe, voix-off glorificatrice... Pour autant, Guerre et paix n’est pas, loin s’en faut, un film communiste. Serge Bondartchouk (réalisateur et acteur principal du film) aurait d’ailleurs été forcé de prendre sa carte au parti après l’immense succès du film. Bien que financé par l’État soviétique et appuyé par son armée, Guerre et paix est une adaptation plutôt fidèle du roman de Tolstoï. (...) Chez Tolstoï, l’aristocratie russe est soit dépravée (la comtesse Hélène Bezoukhov et son cynique frère/amant Anatole), soit d’un pessimisme rare, courant à la mort par perte de ses idéaux (le prince Andreï Bolkonsky), soit naïve jeunesse trop vite séparée de son innocence car mal entourée (la comtesse Natacha Rostov). C’est à l’immense peuple russe (et un peu aussi au génie de son général) que la Russie doit d’être sauvée.

Ophélie Wiel , Kritikat

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Mercredi 28 mars : Drôle de drame de Marcel CarnéFrance,1937 , 1 h 45

Scénario : Jacques Prévert, d'après le roman de J. Storer-Clouston The Lunatic at Large or His First Offence

avec Michel Simon, Françoise Rosay, Louis Jouvet, Jean-Pierre Aumont, Pierre Alcover ...

RésuméLondres, 1900. Le professeur de botanique Molyneux écrit en cachette des romans policiers sous le pseudonyme de Félix Chapel. Son cousin Soper, évêque de Bedford, qui vient de lancer une croisade contre ces livres impies, s'impose à dîner. Les Molyneux désertent leur cottage en le laissant seul. L'évêque alerte la police. Déguisé en Chapel, arborant une fausse barbe, Molyneux revient sur les lieux tandis que William Kramps, l'assassin des bouchers, tombe amoureux de Margaret. Tout dégénère dans la folie générale…

Dictionnaire Larousse du cinéma

L'intrigue, sous ses apparences absurdes, est aussi malicieuse qu'intelligente. Chaque protagoniste, du plus important au plus infime, se voit délicieusement croqué en quelques secondes, et devient immédiatement mémorable. (...) Qu'il s'agisse d'une apparition de quelques instants (...) ou de compositions plus étoffées (... ), chaque figure imprime, dès son irruption sur l'écran, sa marque originale dans le souvenir. Quant aux personnalités majeures, elles sont un pur régal. Chacune visite une octave particulière de la psychologie humaine. Le verbe cassant, l'hypocrisie hautaine et l'orgueil glaçant de Monseigneur Soper se télescopent délicieusement avec les bredouillages confus d'un Michel Simon aussi tremblant qu'effarouché, dont le seul plaisir est de contempler ses mimosas ou de fournir des mouches à ses plantes carnivores. La vanité de Margaret fond devant les déclarations vibrantes de William Kramps (Jean-Louis Barrault), vélocipédiste et tueur de bouchers, tandis que la pudeur d'Eva se voit dissoute par les envolées incandescentes de Billy (Jean-Pierre Aumont), livreur de lait, amoureux lunaire, et conteur intarissable. La foule, capable de changer trois fois en cinq minutes de cible à exécuter, compose un personnage à part entière, symbolisant, dans sa versatilité agressive, la bêtise et la cruauté humaines.

Bernard Sellier , scénariste

http://www.imagesetmots.fr/pages/cinema/drole_drame.htm

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Mercredi 4 avril : les fous du roi de Robert RossenEtats-Unis, 1949, 1h50

d'après le roman de Robert Penn Warren

Avec : Broderick Crawford (Willie Stark), Joanne Dru (Ann Stanton), John Ireland (Jack Burden), John Derek (Tom Stark), Mercedes McCambridge (Sadie Burke), Anne Seymour (Lucy Stark), Shepperd Strudwick (Adam Stanton), Ralph Dumke (Tiny Duffy)

Oscar du meilleur film (1950)

Dans le Sud des Etats-Unis, un politicien a recours à ce qu'il dénonce - la corruption et la violence - pour hâter son ascension dans le système.

Une petite ville du Sud des Etats-Unis. Willie Stark, un modeste employé, déclare la guerre à la corruption. Aidé par Sadie Burke, sa maîtresse, et soutenu par Jack Burden, un journaliste idéaliste, il devient rapidement une célébrité locale, très courtisée par les politiciens. Fier et vigilant, Stark échappe à l'emprise de ces derniers et se présente lui-même au poste de gouverneur. Il est battu. Loin de le décourager, cet échec enflamme son amour-propre. Désormais, il utilisera les mêmes armes que ses rivaux - corruption, violence, chantage - pour hâter son ascension...

Le roman de Robert Penn Warren, « All The King's Men », qui obtint le prix Pulitzer, s'inspire de la carrière du démagogue Huey Long, gouverneur de Louisiane. Dans le film qu'il en tire en 1949, Robert Rossen l'appelle Willie Stark. Incarné par Broderick Crawford qui lui prête sa trogne de bouledogue, c'est un paysan qui étudie pour devenir avocat. Au f l des années, il réussit à se faire élire gouverneur, se proclamant « homme du peuple », régnant grâce au népotisme et à la corruption. Mais la campagne pour sa réélection se révèle difficile. Stark est stigmatisé : « Messie ou dictateur ? » Après sa mise en accusation, sa résistible ascension s'achève dans le scandale, la violence et le sang. Les questions que soulève le film sont d'autant plus brûlantes qu'à l'époque, le maccarthysme commençait, et que Rossen fut impliqué, choisissant, comme Elia Kazan, de trahir ses anciens camarades accusés de communisme.

Bruno Villien , teleobs.nouvelobs.comhttp://teleobs.nouvelobs.com/tv_programs/2012/1/17/chaine/tcm/9/45/les-fous-du-roi

SCD Lille 2 – Cycle de cinéma "Orgueil et démesure'" Janvier-Mai 2012 - [email protected]

Page 10: CYCLE DE CINÉMA ORGUEIL ET DÉMESURE PROGRAMME …bu.univ-lille2.fr/fileadmin/user_upload/Bibliographies/... · 2012-01-20 · Interprétation : Pyotr Mamonov, Oleg Yankovskiy, Anastasiya

Mercredi 11 avril : le signe de la croix (The Sign of the Cross) de Cecil B. DeMILLE Etats-Unis, 1932, 2h05

Avec : Fredric March (Marcus Superbus), Elissa Landi (Mercia), Claudette Colbert (L'impératrice Poppée), Charles Laughton (l'empereur Neron), Ian Keith (Tigellinus).

SynopsisSous le règne de Néron, vers 60 après J.C., Rome est en pleine décadence. Accusés de tous les maux qui frappent la ville, les chrétiens y sont pourchassés et persécutés. Le jeune et fringant préfet de Rome, Marcus Superbus, sauve un jour une belle chrétienne des mains de ses bourreaux, mais l’impératrice Poppée, qui l’aime, prépare sa vengeance.. (...)Pour produire cette machine de propagande, DeMille le cinévangéliste s’est armé de tous les moyens possibles, des plus grossièrement spectaculaires aux plus habiles et gracieux. Parmi les scènes les plus extravagantes, citons la très longue séquence des Jeux, enfilade de tortures et de combats sanglants qui alternent avec des visages surexcités ou horrifiés de spectateurs. Parmi les plus belles, celle où les chrétiens communient en cachette, ou bien encore ce magnifique plan-séquence du début, qui voit une sorte de prophète errer silencieusement dans les rues de Rome avec son long bâton noueux, au milieu d’une foule aigrie par les formidables incendies que Néron (Charles Laughton, grassouillet et débile à souhait) contemple en riant du haut de son palais. DeMille, qui ne connaît pas la demi-mesure, en rajoute dans le sadisme et dans la volupté pour glorifier la religion de la pauvreté et du sacrifice. Mehdi Benallal, réalisateurhttp://www.fichesducinema.com/spip/spip.php?article963

Important cinéaste hollywoodien, Cecil B. DeMille a tourné de nombreuses grandes fresques historiques, souvent à tendance chrétienne et Le Signe de la croix en fait totalement parti. Réalisé en 1932, soit deux ans avant la mise en place du code Hayes, ce péplum sur la martyrisassions des premiers catholiques par Néron se fait remarquer par son langage parfois cru mais surtout sa violence - la séquence des jeux du cirque est un sommet - et son érotisme - Claudette Colbert nageant dans un bain de lait et rejointe par une seconde femme.

Mais outre ce caractère exceptionnel pour une grosse production classique hollywoodienne le film, servi par la prestation remarquable de Charles Laughton en Néron, montre le talent de réalisateur de DeMille qui parvient, malgré quelques plans un peu kitsch comme le tout dernier, à transcender un scénario de mélo plutôt banal où sacrifice et glorification divine sont les seuls mots d'ordre.

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SCD Lille 2 – Cycle de cinéma "Orgueil et démesure'" Janvier-Mai 2012 - [email protected]

Page 11: CYCLE DE CINÉMA ORGUEIL ET DÉMESURE PROGRAMME …bu.univ-lille2.fr/fileadmin/user_upload/Bibliographies/... · 2012-01-20 · Interprétation : Pyotr Mamonov, Oleg Yankovskiy, Anastasiya

Mercredi 18 avril : Senso de Luchino VISCONTI Italie, 1954, 2h05

Avec : Alida Valli (comtesse Livia Serpieri), Farley Granger (lieutenant Franz Malher) Massimo Girotti (marquis Ussoni) Heinz Moog (comte Serpieri).

SynopsisVenise printemps 1866. Les derniers jours de l'occupation autrichienne. Au théâtre de la Fenice, à la fin du troisième acte du trouvère de Verdi, une manifestation anti-autrichienne éclate. L'un des organisateurs, le comte Roberto Ussoni, défie en duel un lieutenant autrichien, Franz Mahler, qui a prononcé des paroles insultantes pour les Italiens. La comtesse Livia Serpieri, cousine d'Ussoni et qui partage en principe son idéal patriotique, prie le lieutenant Malher, présent dans sa loge, de ne pas relever le défi. En fait, Ussoni a été dénoncé : il est arrêté à sa sortie du théâtre. Livia tombe follement amoureuse du lieutenant autrichien Franz Mahler, oubliant toutes ses convictions. Mais Mahler la quitte. Elle le poursuit, le retrouve en pleine bataille et l'aide à se faire réformer, en fait, à déserter. Mahler, qui ne l'a vraiment jamais aimée la repousse à nouveau. Désespérée, elle le dénonce au commandant autrichien. Arrêté, il est jugé et condamné à mort. Livia va tout tenter pour sauver son amant, mais en vain. Mahler refuse de présenter un recours en grâce et est fusillé. Livia, sous le choc, perd apparemment la raison..

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Senso montre l'enlisement de deux personnages dans leur amour, qualifié par eux-mêmes de triste et de honteux et qui aboutira à leur réciproque destruction. Ils sont l'un à l'autre leur prison et leur bourreau. Toute leur aventure se déroule à côté de l'histoire, à laquelle leur veulerie et leur passivité les empêchent de participer. Ils sont les représentants impuissants mais lucides d'un monde en train de disparaître. Le positif est mort en eux et c'est pourquoi il est difficile de parler à leur propos de mélodrame ou d'opéra. Si l'Opéra est la référence esthétique de la révolution à venir, leur marche sur les canaux les conduit à un requiem dont le lyrisme glacé et funèbre ne permet pas d'éprouver à leur endroit al moindre pitié. Visconti pose sur ses personnages un regard froid et détaché, les décrit dans de longues scènes non dynamiques où les plans généraux abondent et mettent entre eux et le spectateur le recul maximum qu'autorise la mise en scèneLa production et la censure pesèrent ensemble pour arracher au film tout le côté négatif que Visconti souhaitait y mettre. Il lui fit interdit par ailleurs d'appeler le film Custoza du nom de la célèbre défaite italienne à laquelle participe Ussoni, du point de vue de Fabrice cependant"

Jacques Lourcelles: dictionnaire du cinéma

SCD Lille 2 – Cycle de cinéma "Orgueil et démesure'" Janvier-Mai 2012 - [email protected]

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Mercredi 9 mai : Ran de Akira KurosawaJapon, 2h40, 1985

Scénario: Akira Kurosawa, Hideo Oguni, Masato Ide, d'après « Le Roi Lear» de ShakespeareInterprètes principaux: Tatsuya Nakada (Hidetora), Akira Terao (Taro), Jinpachi Nezu (Jiro), Ryu Daisake (Saburo).

Avec : Tatsuya Nakadai (Hidetora Ichimonji, le seigneur), Akira Terao (Taro Takatora Ichimonji, son fils aîné), Jinpachi Nezu (Jiro Masarora Ichimonji, son fils cadet), Daisuke Ryu (Saburo Naotora Ichimonji, le benjamin), Mieko Harada (dame Kaede, l'épouse de Taro), Yoshiko Miyazaki (dame Sue, l'épouse de Jiro), Takeshi Nomura (Tsurumaru, le frère cadet de dame Sue, aveugle).

L'intrigue de Ran s'inspire du Roi Lear de William Shakespeare. Dans un Japon du XVIème siècle ravagé par la guerre, un père décide de partager son fief entre ses trois fils, mais inéluctablement, les dissensions entre les trois frères plongent leurs familles, leurs foyers et la région dans le chaos. Cine club caen

La genèse de Ran répond à cette interrogation : quel aurait été l’avenir de la famille Mori si les fils s’étaient opposés à leur père et s’étaient déchirés ? Le projet, l’un des plus ambitieux du réalisateur, va ainsi glisser de la fresque médiévale à la tragédie shakespearienne via une adaptation exemplaire du Roi Lear.

Kurosawa transforme les filles de la pièce en fils, développe des thèmes seulement esquissés par le dramaturge anglais, fusionne certains personnages secondaires et en imagine d’autres, saisissants. Les pentes du mont Fuji deviennent la scène d’un théâtre de bruit et de fureur, où les passions humaines conduisent inexorablement à la désolation. Les cadavres criblés de flèches s’entassent, un amputé tient son bras coupé avec sa main valide, les servantes se poignardent par fidélité envers leur seigneur et maître déchu.Kurosawa organise ce chaos en peintre du clair-obscur et du rouge sang qui connaît son Caravage et son Paolo Uccello sur le bout du pinceau. Et le spectacle de l’horreur devient œuvre d’art. Telerama

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