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DNJ N° 17 Novembre 2005 DERNIERES DERNIERES NOUVELLES DU JAZZ NOUVELLES DU JAZZ Sommaire Sommaire Éditorial : ……………………..………………………………………….……… p. 2 Les disques du mois :………………………….. p. 3 Belmondo – Yusef Lateef: “Influence” Jacques Coursil Anne Ducros Cordoba Reunion John Greaves : “the trouble with happiness” Kan Jamal :”Return from exile” Mingus Bid Band : “ I’m Three” Monette Sudler: “Meeting of the spirits” Franck Vigroux :” tristes lilas” Franck Woeste trio: “Mind at Play” Le Dividi qu’on l’a vu pour vous…………………… p.10 Brèves de club………………………………………p.11 Shirley Horn ………………………………………… p.12 Les feuilles d’automne……………………………… p.13 2 livres autour de Wayne Shorter Une histoire de la batterie jazz Les concerts à noter …………………………… p.16 DNJ N° 17 –Novembre 2005 1

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DNJ N° 17Novembre 2005

DERNIERESDERNIERES NOUVELLES DU JAZZ NOUVELLES DU JAZZ

SommaireSommaireÉditorial : ……………………..………………………………………….……… p. 2Les disques du mois :……………………………..

p. 3

Belmondo – Yusef Lateef: “Influence”Jacques CoursilAnne DucrosCordoba ReunionJohn Greaves : “the trouble with happiness”Kan Jamal :”Return from exile”Mingus Bid Band : “ I’m Three”Monette Sudler: “Meeting of the spirits”Franck Vigroux :” tristes lilas”Franck Woeste trio: “Mind at Play”

Le Dividi qu’on l’a vu pour vous……………………p.10

Brèves de club…………………………………………p.11

Shirley Horn ………………………………………… p.12

Les feuilles d’automne………………………………p.13

2 livres autour de Wayne ShorterUne histoire de la batterie jazz

Les concerts à noter ……………………………p.16

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Editorial

Oui on sait on est super en retard ce mois-ci ! Totalement à la bourre ! Ah ça on peut dire que l’on vous a entendu réclamer vos DNJ par-ci, vos DNJ par là. La France gronde, les forces de l’ordre sont sur le pied de guerre, ça sent l’émeute à plein nez et tout ça parce que les DNJ sont pas à l’heure ! Faut dire que c’était pour la bonne cause vu que nous étions partis jouer les petits reporters à New York, écouter un jazz toujours aussi bon là bas, taper la discute avec Kenny Garrett et y découvrir des musiciens incroyables comme ce saxophoniste totalement inconnu, Grant Stewart qui jouait un soir avec notre Clovis Nicolas national. Et puis tiens, puisque l’on parle de frenchies à New York c’est l’occasion de rendre hommage à deux petits français partis y révolutionner le monde des clubs de jazz. Là où le moindre club vous propose de vous enivrer pour la modique somme de $ 50/60 a minima, et bien Jeff Soubiran et son frère on ouvert il y a peu un club à Brooklyn, le Zebulon où les concerts y sont gratuits et où on peut y entendre des artistes payés au chapeau. Croyez vous que cela décourage les plus grands. Que neni ! Tenez nous on y a vu Tim Berne un soir. Mais un autre soir nous y aurions vu Charles Gayle ou encore Kenny Wollesen. Allez donc jeter un oeil sur leur site www.zebuloncafeconcert.com ( 258 Wythe av.) et écouter les concerts retransmis sur leur propre canal radio.Ce niveau incroyable que l’on entend dans tous les clubs de la Grosse Pomme nous amène à nous interroger sur la question du jazz blanc produit dans les écoles actuelles depuis que le CIM n’est plus que l’ombre de lui-même. Jamais nous n’avons eu la sensation que le jazz qui y est produit là bas puisse se renier lui-même. S’intellectualiser au point de considérer le bop comme un gros mot ou le free jazz comme une seule posture conceptuelle qui ne véhicule pas, chez nous la réalité qui prend feu ailleurs. A l’heure où la mort de Rosa Parks provoque là bas des funérailles nationales il serait bon de se poser ici la question de l’intégration. Dans la musique comme ailleurs. A en juger parfois par l’image que donne notre jazz national, on est simplement en droit de se dire qu’elle reste encore largement posée.

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Les Disques du mois : plein le cartable BELMONDO- YUSEF LATEEF : “Influence”BFLAT 2005

Il est des rencontres magiques et sublimes. Les rencontres entre musiciens avides d’échanger leur culture musicale et de partager leurs univers musicaux fait certainement partie de ces grands moments discographiques.

Après « Hymne au Soleil » où les frères Belmondo étaient partis à la redécouverte du répertoire français de la musique contemporaine on ne savait pas trop quel territoire ils allaient explorer. Celui qu’ils nous proposent aujourd’hui est celui de leur rencontre avec Yusef Lateef, figure légendaire du jazz, mentor de Coltrane et compagnon pendant un temps des frères Adderley et surtout auteur d’albums mythiques (comme Jazz Mood par exemple). Ce saxophoniste et multi flûtiste (il joue ici de 7 types de flûtes différentes) est une figure légendaire du jazz et de la musique afro américaine, investi à 85 ans d’une sagesse de prophète à la force sereine. Un sage habité d’une vérité intérieure présente dans chacune de se notes comme preuve de sa cohabitation intime avec plus de 60 ans de musique. Ce que lui ont propos les frères Belmondo est un disque partage. Une rencontre entre plusieurs univers organisée en un double album.

Ils font dans le premier suite à l’Hymne au soleil et proposent à leur invité de poursuivre l’exploration des œuvres du répertoire classique français contemporain, en l’occurrence, celle de Charles Tournemire (1870-1939) et dans une moindre mesure de Lili Boulanger. Autour de ce travail de relecture quasi symphonique, les arrangements sont signés Lionel Belmondo et Christophe Dal Sasso. On craignait donc la redite et le risque était évident de voir dans cette première partie les frères Belmondo se répéter eux-mêmes voire de verser dans une sorte d’académisme musicologique, tétanisés par le double enjeu de ne pas plagier Hymne au soleil et de mettre en valeur leur invité. Ce piège ne nous semble pas avoir été totalement évité. Il se concrétise par une certaine sophistication où les arrangements de Dal Sasso pour tout dire, perdent un peu en cohérence et s’étirent en longueur à renforts de vents et de cuivre, de renversements et de juxtapositions. Trop d’arrangements peut parfois tuer l’arrangement pourrait on dire. Défaut que l’on ne retrouve pas dans la deuxième partie

Dans le deuxième CD c’est la découverte de l’incroyable richesse des œuvres de Lateef que les frères Belmondo proposent d’arranger et de parcourir en compagnie de son auteur. On est là dans un répertoire où l’intervention de Glenn Ferris (un solo sublime sur un Morning mémorable), les plaintes rauques du ténor de Lateef à la manière des shouters, et les incursions en territoire coltraniens dans la pure tradition (Brother John) s’ancrent plus au jazz.

Mais au-delà de ces deux parties cet album est dominé par la couleur très étrange et mystérieuse de l’ensemble. Où la présence de Lateef se fait littéralement envoûtante et d’une rare profondeur comme dans ce Iqbal dédié à sa fille où l’atmosphère hypnotisante nous emmène dans une sorte de vérité ontologique véritablement bouleversante du flûtiste. Dans cette deuxième partie où tous les morceaux sont de Lateef, deux morceaux ont été composés par lui pour l’occasion comme une sorte de cadeau à ses hôtes (An Afternoon in Chantanooga aux accents crépusculaires et Le jardin).La magie de ce double album est alors de dégager une sorte de continuité liée à la cohérence des arrangements. Une sorte de couleur- paysage unique et mystérieux quasi religieuse. (Où il faut saluer d’ailleurs au passage le travail incroyable du batteur Dré Pallemaerts). Car ce qui nous intéresse dans cet album c’est la proximité de travaux de Belmondo et de Lateef. Là où les points de convergences deviennent évidents. Ainsi à la façon dont Lateef revisite façon blues le Si tout ceci n’est qu’un pauvre

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rêve de Lili Boulanger répond le blues de Glenn Ferris sur Morning. De même les atmosphères mystiques Après le jeu de Dal Sasso d’après les œuvres liturgiques pour orgue de Tournemire se retrouvent en écho dans Le jardin de Lateef. Enfin l’aube crépusculaire de Influences se retrouve en miroir dans An Afternoon in Chantanooga. D’où la continuité et la cohérence entre les deux parties. Comme si les musiciens s’étaient retrouvés sur un terrain étrange et poétique. Avaient abolies certaines frontières. Dans une sorte de confluence méditative.Jean Marc Gelin

Nous ne saurions que trop recommander le disque de Y. Lateef : The African American Music suite (music for quintet and orchestra) – Oct 1993 (des influences de la musique africaine dans une œuvre quasi symphonique, à la manière de Ellington)

JACQUES COURSIL: “Minimal brass”TADZIK 2005

Il s’agit là d’un disque d’une étrange beauté, à la limite entre l’expérience musicale et l’expression poétique. Étrange d’abord par l’étonnant parcours de son auteur qui fait là son come back après plus de 35 ans d’absence. Jacques Coursil, trompettiste légendaire dans les années 60 qui avait été associé au mouvement free aux côtés de Braxton, Sunny Murray, Albert Ayler et consort signe ici son premier disque depuis…… 1969. Entre temps, Docteur en linguistique et mathématique, il était retourné vivre sur ses terres natales martiniquaises, au pays d’Aimé Césaire pour se consacrer à ‘enseignement de la théorie linguistique (et publier en 2000 un livre au titre superbe : «  la fonction muette du langage »). Le travail de Jacques Coursil sur cet album est réellement original. Un seul musicien (lui), un seul instrument (la trompette) et 12 voix différentes. A partir d’une technique de collage, il a enregistré 12 voix de trompette pour former un ensemble imaginaire répondant à un soliste. Motifs étirés, sons répétés à l’extrême à partir de la technique de la respiration circulaire, chant contrapuntiques, recherche harmoniques créent un véritable espace acoustique à la sonorité étrange et lunaire. Un peu comme si l’on regardait toujours la même image fixe jusqu’à découvrir des milliers de d’infimes détails en mouvement. Une sorte de danse lunaire en quelque sorte. Un voyage immobile. Rien d’étonnant à ce que John Zorn en maître de l’étrange a produit de disque là.Véritablement fascinant !Jean Marc Gelin

ANNE DUCROS: “PIANO, piano”Dreyfus Jazz 2005

Voici une réjouissante affiche : pour son troisième album Anne Ducros s’est entourée, en plus de ses musiciens habituels (Sal La Rocca, Benoît de Mesmay, Karl Jannuska ou Manhu Roche), des talentueux pianistes que sont Jacky Terrasson, Chick Corea, René Urtreger, Enrico Pieranunzi. Chacun apporte à cet album une couleur et une ambiance très personnelle qui offre à la chanteuse une belle occasion de laisser s’exprimer toute la richesse de son talent. Sa voix joue ainsi tour à tour sur la délicatesse voire la fragilité, le velouté, la puissance, le blues. Ses invités-pianistes recèlent d’inventions et d’audace pour l’accompagner : on remarquera notamment le jeu joyeux de Urtreger sur « Just in time » ou « I thought about you » qui s’harmonise parfaitement avec le style de la chanteuse ou le beau solo de Chick Corea sur « Les feuillez mortes ». Toutefois, cet album ne nous emporte pas tout à fait. Est-ce le choix de chanter des standards qui nous déçoit, tant on aurait aimé se laisser surprendre par la chanteuse prenant

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des risques sur des compositions originales ? Est-ce l’impression à certains moments d’une démonstration vocale très efficace plus qu’une attention aux mots prononcés ? Est-ce l’interprétation très syncopée de God Bless the Child que nous entendons comme une trahison à cet hymne-cri universel, emprisonnés que nous sommes par l’interprétation historique et exceptionnelle de Billie Holiday ? Est-ce cette froideur affichée et assumée dans Les feuilles mortes de Prévert qui nous désole, alors que ce thème évoque pour nous tant de nostalgie ? Est-ce cette gnossienne chantée de manière incertaine ? Est-ce le choix de différents accompagnateurs qui donne l’impression de zapping d’un univers à l’autre sans véritable unité de l’album ? Ou est-ce notre incapacité à pénétrer dans l’univers de la chanteuse ?Régine Coqueran

CORDOBA REUNION : « Argentina Jazz » Cristal Records 2005

Cordoba Reunion est née de la rencontre de Minino Garaÿ (percussions), Javier Girotto (saxophone), Carlos Bushini (contrebasse) et Gerardo Di Giusto (piano), nés tous les quatre à Cordoba, creuset des musiques argentines les plus variées (tango, zamba, chacacera, milonga, chaya). Ils ont tous menés des carrières internationales, se frottant à des cultures différentes. Dans « Argentina Jazz », ils revisitent leur propre culture à la lumière de toutes ces influences. Les rythmes argentins deviennent le socle de l’improvisation jazz. Le résultat est une explosion de couleurs, des sonorités charnelles, des rythmes tout en tension et en puissance, des moments de passions brûlantes ou de mélancolie. Javier Girotto au saxophone soprane est déchirant dans sa manière de lancer ses phrases musicales, à la fois incantatoires et enflammées. Ses improvisations sont sublimes de désespoir et de poésie. Il est l’un des musiciens les plus en vue de la scène internationale. Il a notamment collaboré avec Enrico Rava et Paolo Fresu. Il a créé en Italie son groupe « Aires Tango ». Sur « La Oncena », Mercedes Sosa vient nous envoûter de sa voix gutturale et naturelle, accompagnée avec subtilité par le guitariste Colacho Brizuela. Très profondément ancré dans la culture et l’histoire de l’Argentine, cet album est un véritable hommage à la mère-patrie. Danze de las Madres a été écrit par Girotto en hommage aux mères des prisonniers disparus, Ya Esta est une évocation subtile et tout en délicatesse de la mélodie traditionnelle Carnavalito. Tout à la fois intimiste et orageuse, cette musique, se nourrit de la tradition pour mieux la sublimer et la réinventer. Une heureuse surprise.Régine Coqueran

JOHN GREAVES SOPHIA DOMANCICH VINCENT COURTOIS : “The trouble with happiness “Le Chant du monde  2003

Chanteur, bassiste, compositeur, membre fondateur du groupe Henry Cow, figure incontournable du rock progressif anglais, un des chantres de l'école de Canterbury, proche de Soft Machine et de Robert Wyatt, le gallois John Greaves installé aujourd’hui à Paris est un artiste complet qui a toujours travaillé dans les marges, aux confins d’univers aussi disparates que le cabaret, le rock, le jazz, la poésie chantée...Après « the caretaker » plus électrique, John Greaves revient à un album de « songwriting » versé dans la ballade poétique, projet plutôt classique -il avoue que la scène contemporaine free ne l’intéresse plus guère- en trio acoustique composé du subtil violoncelliste Vincent Courtois et de la fidèle Sophia Domancich, pianiste de jazz sensible et inspirée.Ce sont « ses » Jazzsongs qui composent l’album « The trouble with happiness» dont le titre paradoxal et un rien oxymorique ne sera pas pour étonner les amateurs du musicien. John Greaves ne reprend pas,

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même à sa façon, des standards de jazz . C’est de son répertoire dont il est encore et toujours question, textes et compositions qu’il malaxe, ressasse, recycle depuis des années. Seule exception, la reprise dans un français étiré et «mouillé» du « Saturne » de Georges Brassens. Sur les onze compositions de l’album, sept ont déjà été enregistrés précédemment ( “In the Real World”, “How Beautiful You Are”, “Deck of the Moon”, “The World Tonight” ) et certaines sous d’autres titres (“All Summer Long”,“The Price we pay”). La voix tendue, le ton passionné, le timbre vibrant de John Greaves arrivent à faire remonter ce qui semblait disparu, enfoui, creusant l’idée de poursuivre un chemin en dévoilant de nouveaux paysages, de neuves manières d’arranger l'ensemble.Il est accompagné magistralement par deux partenaires entrés de plain-pied dans ses histoires tristes, servant les nouvelles versions avec émotion et talent. Ces trois-là étaient à l’évidence faits pour se rencontrer. Le caractère mélancolique, voire intimiste de la pianiste trouve des résonances dans le travail de John Greaves entre repentirs et fulgurances, tensions harmoniques et résolutions mélodiques. Vinvent Courtois souligne certains élans d’une façon encore plus manifeste, très charnelle à l’archet ou dans des pizzicati enlevés. La sonorité du violoncelle est en plein accord avec la voix dont le piano fait retentir la plainte.Un disque insolite au charme irrésistible.Sophie Chambon

NB :on pouvait entendre John Greaves sur le « Forget » de Julien Lourau

KHAN JAMAL : « Return from exile » Phillyjazz 2005Khan Jamal (vb), Marc Kramer ( orh hammond) Pheralyn Dove (spoken word), Dwight James ( perc), Omar Hill (congas)

Khan Jamal est un vibraphoniste volontairement percussif. Rien d’étonnant à ce que son parcours soit aussi celui d’un joueur de marimba. On peut même dire qu’avec cet album, le vibraphoniste Philadelphien de 59 ans n’a jamais été aussi en forme. Associer au vibraphone, des congas et des percussions à la manière de certains combos des années 60, est une façon d’afficher la couleur et de proposer un album au groove inaltérable. Du coup cela ressemble à un bel exercice rythmique auquel on adhère mais qui pourrait tout autant laisser indifférent l’auditeur. Les compositions n’ont pas grand-chose de transcendant voire même un peu bâclées et lorsque la formation entreprend la seule interprétation du thème d’un autre (le célèbre Manha de Carnaval) c’est en doublant le tempo et pour livrer une interprétation massacrée. En revanche il faut reconnaître à Jamal que sa formation possède véritablement un « son », une sorte de pâte sonore inédite, sorte de « smooth jazz » percussif où l’orgue de Marc Kramer vient faire le liant. Kan Jamal a cette façon de jouer en détachant chaque note, en les appuyant chacune à l’extrême qui rend son jeu particulièrement dépouillée tel justement un joueur de marimba.Par deux fois Kan Jamal nous propose la vraie surprise de cet album, l’intervention d’une chanteuse en langage parlé chanté où Pheralyn Dove s’impose en maîtresse de la locution hyper rythmée dans la vraie tradition américaine actuelle (Granny’s dance et un très emballant Nubian Queen) Pour le reste on notera les dédoublements de pulse entre Jamal et Omar Hill, impressionnant aux congas où l’on ne sait plus trop qui s’appuie sur qui et qui donne la couleur harmonique à cet ensemble. Un album énergique en somme en état d’hypercussion.Jean Marc Gelin

MINGUS BIG BAND : « I’m three » Sue Mingus Music 2005

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La veuve de Charles Mingus, Sue Mingus se dévoue depuis la mort de son mari en 1979 à entretenir la flamme. Elle a ainsi créé son propre label réunissant les trois formations qui célèbrent l’œuvre du contrebassiste, d’où le titre « I am three », clin d‘œil aux premières phrases de « Beneath the underdog »  portrait hallucinant d’un délirant personnage. Pour interpréter ces ballades soyeuses et fougueuses, trois formations se sont mises à l'ouvrage : deux thèmes sont joués par the Charles Mingus orchestra, composé de dix musiciens introduisant de nouveaux instruments : cor, basson, guitare et clarinette basse. Le Mingus Big band est l’orchestre au grand complet à la cohésion impeccable que l’on entend sur cinq titres avec des pointures comme Randy Brecker ou Robin Eubanks, Jack Walrath.Il manifeste une réelle puissance, et parvient parfois à recréer le joyeux chaos de l' original. Le Mingus Dynasty intervient sur deux titres, moins connus : formation la plus réduite, elle comprend certains des musiciens des groupes précédents Craig Handy, Seamus Blake, Orrin Evans.Ainsi se succèdent, en alternance et en totale complémentarité, ces trois ensembles se partageant les différentes compositions du chef , en suivant l’esprit si ce n’est la lettre. Puisque les versions « rénovées » sont dues aux musiciens eux mêmes, certains ayant accompagné le maître dans son Jazz Workshop original , d’autres bien plus jeunes remplaçant l’expérience par la fougue. Avec pour maître-mot le swing, le panache et des masses orchestrales parfaitement cuivrées et rutilantes qui sonnent sur plus d’une heure de musique à une cadence infernale. Projet à l’image de l’extravagance et de la démesure du contrebassiste, dont le collectif était prêt à se lancer dans une aventure permanente sous la férule du chef, homme-orchestre, qui jouait de la basse mais aussi du piano. C'est que le chef de meute, compositeur remarquable, à l'énergie aussi indomptable que le caractère, voulait faire briller le soleil pendant la nuit. Dans ces versions swingantes, on saisit bien que l'hommage ne se veut ni répétition ni pastiche. On ne reprochera pas à la veuve ce " labour of love " ( lire son autobiographie «Pour l’amour de Mingus» qui éclaire les derniers mois de la vie du contrebassiste atteint de la terrible maladie de Gehring) et ce désir impérieux de maintenir la flamme mais on ressent encore plus cruellement peut-être le décalage comme dans la relecture du remarquable « Wednesday night prayer meeting » de l’album Blues and Roots, ou du non moins célèbre « Orange was the color of her dress » . Néanmoins le mérite de ce travail de mémoire et de réinterprétation est de faire parvenir jusqu’à nous le répertoire désormais classique de ce très grand compositeur qui n’aurait pas créé du jazz s’il n’avait pas été noir . Et c’est avec une oreille attentive que l’on (re)découvrira des titres moins connus comme « Todo modo » ou « The chill of death ». Sophie Chambon

MONETTE SUDLER : «  feeling of the spirits »Phillyjazz 2005 Monette Sudler ( g,vc), Steve Turre (tb), Sonia Sanchez (spoken word), Darryl “Kwasi” Burgee (perc), Erik “Abyss” (rap), Tim Hudson (dms), Steve Green(b)

A 53 ans la guitariste-chanteuse de Philadelphie revient sur le devant de la scène avec cet album apaisé, à la douce sensualité. Monette Sudler qui a appris la guitare en écoutant les boppers comme Charlie Christian ou les free jazzmen comme Sonny Charrock est une chanteuse complète. Le jazz fait donc partie de sa culture. Mais Monette Sudler est avant tout détentrice d’un véritable patrimoine dans la pure tradition des chanteuses - guitaristes américaines. Entre Joni Mitchell et Aretha Franklin, on lui trouverait bien des airs de Carole King, cette chanteuse pythique de la côte ouest dans les années 70. Rien d’étonnant alors à ce qu’elle se fasse tout à tour chanteuse de folk songs (comme dans ce premier

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morceau où elle chante une très belle et émouvante chanson d’amour accompagnée de sa seule guitare), chanteuse de soul aussi à la manière de Aretha Franklin , chanteuse de blues bien sûr et enfin jazz woman comme lorsqu’elle accompagne discrètement à la guitare le tromboniste Steve Turre sur un morceau à la sensualité brûlante frôlant l’érotisme. Monette Sudler en chanteuse à texte manie aussi l’humour. Elle chante mais aussi utilise parfois le langage du parlé-chanté. Navigue entre tradition et pure modernité, s’offre un petit tour du côté des rythmes circulaires africains et tout cela sans que jamais cela ne ressemble à un exercice de style. Et au delà de sa voix suave et fragile dont les imperfections n’importuneront que les grincheux, on retiendra surtout l’émotion qu’elle apporte, dans tous ces registres. Sa capacité à envelopper sa voix d’un écrin de velours aérien, à lui donner parfois de la gouaille et parfois de la sensualité nous montre une voix riche dans tout ce qu’elle a vécu, ce qu’elle possède et enfin ce qu’elle transmet. Sa relation à la guitare est intime et intrinsèque. Sa relation à la guitare est complice. Et de cette complicité il nous est simplement demandé d’être le témoin consentant et attendri.Jean-Marc Gelin

FRANCK VIGROUX : «  Tristes Lilas »

Suivant avec intérêt le travail de Franck Vigroux depuis son premier album « Les treize cicatrices », la trilogie, commencée en 2003, arrive à son terme avec le dernier opus Triste lilas, album particulièrement réussi. Un des objectifs déclarés était de traiter la musique improvisée comme une matière malléable, et la mission est accomplie avec une efficacité impressionnante.

Franck Vigroux a abandonné cette fois sa guitare au profit d’une mise en scène orchestrée autour d’effets électroniques. Ce touche-à-tout passionné, véritable chercheur sonore, amateur de fines et folles textures, préside aux destinées de sa petite entreprise en laissant des plages d’improvisation brutes à des amis qui se prêtent au jeu, tous musiciens talentueux et improvisateurs chevronnés. On a ainsi le plaisir de retrouver la guitare bien-aimée de Marc Ducret, et d’entendre sa voix. C’est en effet lui qui nous guide tout au long de cette narration musicale qui devrait donner naissance à un spectacle en 2006 : une expérience de théâtre musical autour des textes rédigés par Franck Vigroux : les personnages de la trilogie vont et viennent, le thème d’ensemble servant de leit-motiv, de fil rouge. Bruno Chevillon est à la contrebasse, s’en donnant à cœur joie dans un morceau en particulier, «All my deepest desire », où interviennent huit contrebasses enregistrées en superpositions inquiétantes, tout en grondements stridents. L’effet cinématographique de cette armée en marche est renforcé par la voix off de Jenn Priddle. Le dernier titre est retourné comme un palindrome, démantelé dans « J’ai retrouvé cette robe à pois blancs ». Sans oublier les fidèles partenaires de Franck Vigroux depuis son premier disque : Michel Blanc à la batterie, au tempo sûr et exaltant, Jenn Priddle qui assure l’ « exotisme » des voix en anglais et Hélène Breschand à la harpe.

Le propos même de cette libre improvisation est de déstructurer, triturer la matière : délires bruitistes, crachoteries électroniques très intégrées, mystère de cette narration dans laquelle parfois on se perd… pour le plus grand plaisir de l’auditeur, obligé de dresser l’oreille.L’œuvre de Franck Vigroux est singulière : depuis son antre quelque part dans le Sud – où il défend un label plus qu’indépendant, « D’autres cordes » - il creuse avec insistance son sillon. Recherches sonores, textures imbriquées, travail sur les timbres, utilisation de l’électronique pour mieux dompter les effets et sculpter les masses sonores .Et puis cette volonté de créer un spectacle intégral où les voix, les langues se mêlent, s’interpénètrent, projetant un film imaginaire, évoluant de plans-séquences en noir et blanc à des travellings en couleur, du français à l’anglais, par des déformations volontaires et librement consenties. Projet d’écriture musicale et de narration, où l’improvisation domine, se servant de dérapages plus ou moins intégrés, ce travail passionnant, qui procède toujours de façon expérimentale, éveille des réminiscences chez ceux qui ont pris l’histoire au premier album, « Lilas triste » en 2003. Mais le sens importe peu, et ceux qui ne connaîtraient pas l’histoire de cette errance dans l’Europe dévastée d’après-guerre se laisseront emporter à l’écoute de ce disque, subjugués par le travail sur la matière, la langue et

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les sons. L’immersion est immédiate, l’attention captivée et le plaisir autant intellectuel que sensuel. Voilà qui est suffisamment rare pour être souligné.Sophie Chambon

FRANCK WOESTE TRIO: « Serious things »Challenge records 2005

S’il fallait vous apporter la preuve que Franck Woeste est un des pianistes majeurs de la scène du jazz actuelle, cet album en est de toute évidence l’illustration la plus flagrante .Enregistré sur le label du grand contrebassiste Hein van de Geyn, qui compte notamment comme références des personnalités comme John Abercrombie, Bob Brookemeyer ou Harmen Franjee, il nous donne à le découvrir sous un nouveau visage. On avait pu se laisser perdre par Franck Woeste dans ses voyages en Corée avec la chanteuse Youn Sun Nah ou dans son rôle de sideman effacé aux côtés de Médéric Collignon. On a pu suivre avec intérêt ses travaux autour de Chopin ou de la musique sacrée. Et voilà que l’on a le sentiment de découvrir avec cet album un pianiste accompli au phrasé renversant d’expressivité. Un phrasé incroyable de sensibilité, de velouté et d’expression déliée au swing impeccable. Une incroyable sonorité dans le haut du clavier qui sonne comme un Fendher. Où l’on voit que sa première formation est celle d’un organiste. On trouve ici Franck Woeste dans une sorte d’expression sincère, à la fois lyrique et calme dans un jeu où il affirme sa pleine maturité. Comme s’il franchissait une étape supplémentaire il semble s’affranchir ici des règles de son éducation musicale pour les transcender et les mettre au service d’une expression plus personnelle. Rien d’étonnant à ce que l’un des plus beaux morceaux soit le Line For Lia (en lieu et place de Line for Lyons mais ici dédié à sa femme) en totale rupture avec une certaine tradition du jazz de Jarret à Evans en les intégrant mais pour porter une marque plus profonde. L’expression d’un volcan intérieur. Le jeune homme s’accompagne ici d’une rythmique impeccable composée de Mathias Allamane et Mathieu Chazarenc et s’essaie à des formes variées allant de compositions personnelles à la reprise de standard. Le « Day dream » a rarement été joué avec autant d’émotion intense. Plus loin et en totale rupture il ajoute sa propre modernité par le passage surprenant au fendher Rhodes. Dans un dernier morceau totalement déroutant il semble prévenir ses auditeurs qu’ils auraient tort de vouloir l’enfermer dans une catégorie rigide. Et pour ceux qui auraient besoin de repères récents on pourrait dire que Franck Woeste se trouve exactement au point médian entre Laurent Coq et Bojan Z. Une sorte de synthèse de leur talent C’est dire !Jean Marc Gelin

CIVIL WAR DIARIES DE BILL CARROTHERS

Ce projet a vu le jour avec l'obstination de Philippe Ghielmetti, le savoir-faire de Gérald de Haro et la détermination de Bill Carrothers... Ceci n'est pas un disque. ...Juste l'illusion d'un concert. Ce répertoire, Bill Carrothers l'avait déjà enregistré pour en faire un Cd sur son label , en novembre 93.Au fil des années et des performances son approche et son interprétation ont évolué au point qu'il s'est littéralement approprié cette musique..... Pour ma part, je voulais réenregistrer cette musique en son état actuel en studio. Nous avons donc organisé avec Gérald De Haro au studio de la Buissonne une séance d'enregistrement en public en présence de quelques amis.Dans le but à terme d'en faire profiter d'autres... MAIS CECI n'est PAS UN DISQUE...D'ailleurs c'est le premier Cd publié par "illusions"Sophie Chambon

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1CD DIGIPACK disponible dans les FNAC PARISIENNES et pour 15 euros surwww.illusionsmusic.fr

Le Dividi qu’on l’a vu pour vous

1 DVD EuroArts – 84 mins + 42 mins (Bonus)

Keith Jarrett est un pianiste phénoménal. Si l’écoute de ses enregistrements ne permettait pas d’en douter, ce DVD consacré au pianiste et compositeur américain en est une belle illustration. La pépite de ce film est en effet constituée par les images d’archives présentant quelques-uns de ses concerts. On le voit ainsi au piano électrique dans le groupe de Miles Davis, arachnéen dans ses improvisations délirantes au sein du quartet de Charles Lloyd, inventif et tendu dans l’harmonie avec ses complices Jack DeJohnette et Gary Peacock avec lesquels il revisita pendant vingt ans les standards, inspiré et précis en duo avec Chick Corea dans le double concerto de Mozart, en osmose parfaite avec Jan Garbarek. Improvisateur facétieux, fougueux et boulimique, Keith Jarrett improvise dans une relation très physique et très sauvage avec son instrument, que ce soit le piano, le saxophone soprane ou la flûte, produisant des sonorités inhabituelles et très personnelles. Puisant son inspiration dans la littérature et la philosophie, il est en concert toujours aux aguets, à l’écoute de ses partenaires, incroyablement polymorphe en fonction de la formation avec laquelle il se produit, en constant mouvement. C’est un « homme de chansons », dit de lui son complice et mentor Manfred Eicher, créateur du label ECM (« Le plus beau son après le silence ») pour lequel Jarrett a fait plus de 60 enregistrements. Il est un vrai créateur de mélodies, très ciselées, un brun répétitives mais toujours harmonieuses. L’évolution de son jeu au cours des années, magnifiquement illustrée par les trésors des images d’archives, témoigne de la recherche d’une certaine épure. « Plus on avance et plus on trouve de profondeur dans la simplicité », dit-il. Le film réalisé par Mike Dibb avec la collaboration de Ian Carr, auteur de la biographie de Keith Jarrett publiée en 1991 , Keith Jarrett –The Man and His Music, présente en arrière-fond une longue interview de Keith Jarrett, entrecoupée de témoignages de musiciens (Gary Burton, Charlie Hadden, Jan Garbarek, Dewey Redman…) et de ses proche. En bonus de ce DVD, des extraits d’interviews non intégrés au film avec notamment un passionnant échange avec Jack DeJohnette et Gary Peacock et un « Butch and Butch » du Keith Jarrett Trio en concert live. Régine Coqueran

Brèves de club

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Place au Jazz ! Festival D’Antony du 18 novembre au 3 décembre 2005 : Il y a quelques mois nous avions vu dans un club de jazz de Paris un jeune homme assez gonflé s’approcher de la chanteuse, Malia pour lui demander timidement si elle accepterait de venir de Londres pour participer à un mini festival de Jazz naissant à Antony. Pour sûr la dame, qui devait situer Antony entre Nice et Quimper , regarda le jeune homme comme un poule devant une brosse à dents. A l’annonce du tarif prohibitif, le jeune gars s’en retourna tout dépité tout en me jurant que la partie n’était pas perdue.Et bien c’est chose faite, grâce à la pugnacité de Xavier Roy, la belle ville d’Antony aura son festival du 18 novembre au 3 décembre. Et franchement les poteaux, quand vous verrez la programmation, vous serez d’accord avec nous : c’est pas le la daube ! Et tous en chœur entonnons « Antony ! » :

Quartet Baptiste Trotignon/David El-Malek (ce qui se fait de mieux dans le genre quartet en ce moment)Vendredi 18 novembre, 20h45Auditorium Paul ArmaTarifs : 16, 13 et 8 €

Le Trio de Laurent De Wilde invite Malia (elle a dit oui !!!! ah ça Xavier on peut dire que tu sais parler aux femmes !)Samedi 19 novembre, 20h45Auditorium Paul ArmaTarifs : 16, 13 et 8 €

PARIS JAZZZ BIG BAND (maintes fois primées cette année, le Paris Jazz big Band Celui où le petit Nicolas fait des siennes. Non pas le Nicolas, le copain de Patriiiiick d’Antony, non, Nicolas Folmer…)Vendredi 25 novembre, 20h45Auditorium Ste-MarieTarifs : 16, 13 et 8 €

JAM SESSION avec « JAZZ EN FACE »Samedi 3 décembre, 20h30Auditorium Paul Arma (entrée libre)

« Jazz en Face » organise une grande Jam Session, ouverte aux jazzmen amateurs et professionnels. Gary Brunton (contrebasse) et Frank Hergott

PHILIPPE ROCHET EXPOSE AU CONSERVATOIREPassionné de Jazz, Philippe ROCHET croque avec talent les artistes sur scène. Il expose ses toiles dans le hall du conservatoire, du 18 novembre au 3 décembre.

Auditorium Paul Arma : Conservatoire Darius Milhaud, 140 avenue de la Division Leclerc, 92 160 ANTONY - RER B Antony et bus RATP 197 (Arrêt Blanche de Castille)

Auditorium Ste-Marie : 2, rue de l’Abbaye, 92 160 ANTONY - RER B Antony

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Shirley Horn (1934 - 2005) : «  You won’t forget her »

Shirley Horn est morte. Elle avait 71 ans. Elle était une immense chanteuse de jazz. En fait avec Shirley Horn on ne sait pas trop s’il faut parler de pianiste -chanteuse ou de chanteuse –pianiste tant elle est réellement une musicienne plaçant la conception harmonique et rythmique au centre de son discours. C’est certainement cela qui avait su plaire à Miles Davis que l’on avait jamais entendu auprès d’une chanteuse et qui accepta d’enregistrer avec elle l’un de ses plus beaux albums ( You won’t forget me- 1991).Née à Washington elle commence ses études de piano à l’âge de 4 ans et dirige son premier trio en 1954, à 20 ans. Elle collabore à plusieurs enregistrements dans les années 60 avec Quincy Jones, Hank Jones ou Kenny Burrell. Une longue interruption de carrière l’éloigne de la scène pour s’occuper de sa famille. Elle y reviendra en 1978 et fait un retour triomphant au festival de Northsea à la Haye en 1981. Shirley Horn avait cette façon inimitable de se transformer en storyteller, sans en faire trop, juste porteée par l’énergie de son piano et par une conception rythmique hors du commun. Avec elle, la voix prolonge le choc du marteau sur la corde. Prolonge son discours.We won’t forget her !Jean Marc Gelin

Dans sa discographie on recommandera bien sûr «  You won’t forget me » - Verve 1991Ou encore une belle compilation réalisée sous la direction de Diana Krall (fervente admiratrice ) : “ Ultimate Shirley Horn » - Verve

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Les feuilles d’automne : deux livres around Wayne Shorter

LES SINGULARITES FLOTTANTES DE WAYNE SHORTER de Stéphane CARINI (en préambule à notre lecture du mois prochain)

On commence avec l'ouvrage de Stéphane Carini (collaborateur de Jazzman) consacré au saxophoniste ténor et soprano Wayne Shorter qui, selon le New York Times et Down Beat est "le plus grand compositeur de Jazz vivant".Premier ouvrage critique, "les Singularités flottantes de Wayne Shorter" réparent peut-être une injustice en mettant l'accent sur ce musicien fascinant, très vite reconnu et pourtant mésestimé, à la personnalité complexe, novateur incontesté sur le terrain des recherches harmoniques, présent sur la scène internationale du jazz depuis un demi-siècle. Il a en effet participé à certaines des aventures musicales décisives: des JAZZ MESSENGERS d'ART BLAKEY, au "DEUXIEME QUINTET de Miles DAVIS" sans oublier la création du mythique "WEATHER REPORT" dans les années 70 aux côtés de Joe ZAWINUL...Wayne Shorter, à soixante-dix ans, est toujours en recherche, à la tête de son quartet acoustique avec Danilo Perez au piano, John Pattituci à la contrebasse, Brian Blade à la batterie.Après le dossier fourni du n°2 des CAHIERS du JAZZ (édition Outre Mesure) auquel contribua d'ailleurs Stéphane Carini, voici un essai à la mesure de Wayne Shorter, précis et original; il rétablit certaines vérités sur ce musicien passionnant qui n'a pas toujours été compris.L'ouvrage est édité chez Rouge Profond dans la jolie collection "Bird land" dirigée par Christian TARTING. Des ouvrages efficaces, clairs qui s'avèrent indispensables pour se constituer une petite bibliothèque JAZZ de charme.Sophie Chambon

DIFFUSION HARMONIA MUNDI155x215mm, Broché, 128 pages, 12 euros

FOOTPRINTS : the life and music of Wayne Shorter

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de Michèle Mercer

L’ouvrage de Michèle Mercer nous offre une version très « américanisée » de la vie de Wayne Shorter. Cet ouvrage qui ne connaît pas encore de traduction en français est une bio classique de Wayne Shorter d’où ressortent quelques points saillants qui ont marqué la vie de ce composteur-interprète de génie :

Ses relations à Coltrane tout d’abord qui marquent toute sa vie et auprès de qui Wayne Shorter se plaisait à apprendre et à jouer dans des séances improvisées seul avec Trane. Une sorte de vérité intérieure liée à l’amour de la musique et partagée ensemble.A l’issue de ses années passées au sein des Jazz Messengers d’ Art Blakey, Wayne Shorter rejoint Miles pour former l’un des quintet mythiques de l’histoire du jazz. Son expérience avec Miles est longuement décrite. Ses débuts auraient pu être calamiteux (pour son intégration au groupe, Miles le jette dans l’arène du concert sans même lui avoir donné le temps de la moindre répétition). On ressort cependant avec la conviction que Wayne Shorter n’a pas été qu’un simple élément fondamental du quintet de Miles mais un élément essentiel dans l’évolution du jazz qui, grâce à ce quintet a pu débloquer une situation extrême.Il suffit d’écouter ses compositions de cette époque ( Nerfertiti notamment dont la paternité a été rendue par Miles à Wayne) pour se rendre compte qu’à Plugged Nickel il s’est passé quelque chose qui a certainement contribué à ouvrir le jazz dont on ne voyait pas où il pouvait aller après Coltrane et Coleman.C’est de cette période que naît notamment son amitié indéfectible avec Herbie Hancock avec qui il partagera aussi son ancrage dans la foi bouddhiste. Cette foi dans laquelle il trouvera refuge dans les drames personnels qui ont marqué son existence (le handicap puis la mort prématuré de sa petite fille Iska, puis la perte brutale de sa femme Anna dans un accident d’avion).Après avoir culminé durant 7 ans au sommet du jazz, le quintet avec Miles, Shorter, Herbie Hancock, Tony Williams, Ron Carter se sépare. Malgré le poids déterminant de Wayne Shorter dont le génie s’exprime pleinement, on le sent, hors de la scène , en repli totale en lui-même.Commence alors une longue expérience de 15 ans avec le Weather Report créé avec Joe Zawinul. Malgré le poids déterminant de Wayne Shorter dont le génie trouve ici pleinement à s’exprimer, on sent Wayne Shorter, hors de la scène , en repli total des autres. Replié en lui-même. Replié totalement sur la musique Il est vrai que durant cette période Wayne est de plus en plus confronté à la maladie de sa fille.

L’arrivée de Jaco Pastorius dans Weather Report est décrite comme la plus cassante qui soit. Où on apprend que à peine 3 mois après l’arrivée de Jaco Pastorius dans le groupe, ce dernier fait un vrai coup d’état et s’autorise le titre de co-producteur aux côtés de Joe Zawinul, WS étant sans raison rétrogradé au rang d’Assistant producteur. Mais cela semble peu affecter le saxophoniste, retranché comme toujours dans une sorte de tour d’ivoire, une vie intérieure impénétrable. Car ce que l’on trouve de «  singulier » et de mystérieux dans les compositions de Wayne Shorter se retrouve dans sa vie. Sa façon de se tenir à l’écart de l’effervescence

Car la force de Wayne Shorter tient en grande partie à son ancrage dans le bouddhisme, découvert tard grâce à sa femme Anna et partagé avec son grand ami de toujours Herbie Hancock. Michèle Mercer dans un très beau passage de son livre raconte que le soir de l’annonce de la mort de sa femme Anna dans une catastrophe aérienne, alors qu’il se trouvait à Nice, Herbie Hancock qui donnait un concet pas loin l’appela au téléphone. Les deux hommes, pour soulager leur peine se contentèrent simplement d’échanger de longues incantations bouddhistes.

Après Weather Report Wayne Shorter mutiplie les rencontres. Comme celle déterminante avec Milton Nascimento et ses incursions dans le domaine de la pop music, notamment avec Joni Mitchell.

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Ces dernières années on été marquées par un retour total au jazz acoustique et par la réémergence d’un quartet d’exception avec Danilo Perez, John Patituci et Brian Blade.

On l’aura compris cet ouvrage n’est pas un ouvrage de musicien mais d’une journaliste collaborant régulièrement au New York Times et accessoirement dans Down beat. On y trouvera donc rien sur ce qui fait de Wayne Shorter l’un des grands génies du jazz américain au même titre que Coltrane ou Miles et dont les compositions traversent immuablement l’histoire de cette musique.

On lui reprochera en revanche son côté très événementiel voire même apologétique sans aucun recul sur l’environnement et la filiation musicologique. Il est à ce titre étonnant de voir qu’un ouvrage sur un musicien de jazz puisse n’avoir aucune discographie en fin d’ouvrage ! Quand aux photos, très anecdotiques, certaines ne sont pour le coup pas même dâtées.

Il reste que au cours de ces 72 années de musique Michèle Mercer nous permet d’entrevoir une sorte de vérité intérieure qu’elle résume magnifiquement en fin d’ouvrage par ces mots «  the essential thing is that never stopped wondering about where the water met the sky, and he sought out the mysterious meeting – most famously, through music. And now Wayne Shorter thrills with the knowledge that the water and the sky finally meet up where everything does. In eternity. Which is to say in himself: “the one thing that’s immutable and has no beginning or end is us. When we’re hip with this, we can afford to die”

Jean marc Gelin

Éditions Tarcher/Penguin - 2004 - 298 pages – $ 21,21 (disponible sur Amazon en cliquant sur l’icône du livre)

Dernière livraison des Editions Outre Mesure

UNE HISTOIRE DE LA BATTERIE JAZZTome III- ELVIN JONES, TONY WILLIAMS, JACK DEJOHNETTE: les racines de lamodernité.de Georges Paczynski

Ainsi, Georges PACZYNSKI continue son aventure intitulée : Une histoire de la batterie de JAZZ. Après avoir parcouru les premiers âges de la batterie jusqu'en son classicisme (TOME 1 -DES ORIGINES AU SWING), puis analysé la contribution des batteurs de la modernité (TOME 2- LES ANNEES BE BOP: LA VOIE ROYALE et LES CHEMINS DE TRAVERSE), l'auteur assume un parti-pris audacieux que l'on pourrait contester, il consacre en effet le dernier volet de sa trilogie aux seules figures, effectivement exceptionnelles d'ELVIN JONES, TONY WILLIAMS, et JACK DEJOHNETTE. Il propose une analyse extrêment précise et érudite du parcours et de l'oeuvre des trois artistes sans lesquels l'évolution de l'instrument ne saurait se comprendre. Une histoire donc subjective et orientée du batteur-écrivain qui renvoie le lecteur à l'écoute passionnée et documentée de ces maîtres du jazz. Un travail très soigné comme toujours avec les éditions de Claude Fabre : de nombreuses transcriptions, des analyses musicologiques et commentaires hyper pointus, une très intéressante annexe sur l'évolution du set de batterie, une bibliographie abondante et un index minutieux. On retrouve le souci du détail, une des marques de fabrique de la maison d'édition Outre Mesure.Sophie Chambon

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Editions Outre Mesure - 352 pages, 272 illustrations musicales - Préface de Georges Pludermacher -34 Euros

Les concerts d’automne à Paris7 novembre : Greg Szlapczynski à l’ Européen

9 novembre : Jean François Baez trio au Sunset

11 novembre : Sébastien Texier quintet au Duc des Lombards

11 novembre : Petra Magoni au Sunset

14 et 15 novembre : Cordoba reunion au New Morning

14 et 15 novembre : Jason Moran au Sunside

16 et 17 novembre : Meschell Ndegeocello au New Morning ( à ne manquer sous aucun prétexte)

22 novembre : Robert Glasper au Sunside

Du 22 au 26 festival Jazz XL à la Maroquinerie avec plusieurs big band : Jean Christophe Cholet, Vintage, Sylvia Versini octet, La rue râle ….

24 novembre : Enrico Rava au New Morning ( son dernier album avec Bollani et Motian est une pure merveille)

26 novembre : Michael Cheret au Sunside ( voir le dernier album chroniqué le mois dernier dans les DN)

28 novembre : Claude Tissandier au Jazz Club Lionel Hampton ( le porte sax de calude Bolling dans le rôle de Hodges. Un régal)

29 novembre : Daniel Mille au Sunset

Ont Collaboré à ce numéro :Sophie ChambonRégine CoqueranJean Marc Gelin

Contact : [email protected] pouvez envoyer vos maquettes, projets ou cassettes à l’adresse suivante : JM Gelin 110 avenue Philippe Auguste, 75011 Paris

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