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Darwinisme et Néo- Darwinisme et Néo- Darwinisme Darwinisme Gregor Mendel (1822- 1884) Darwin (1809- 1882) Pierre Baribeau (200

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Darwinisme et Néo-Darwinisme et Néo-DarwinismeDarwinisme

Gregor Mendel (1822-1884)Darwin (1809-1882)

Pierre Baribeau (2007)

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DarwinLe problème de l’interprétationLe problème de l’interprétation

(d’après le livre de Peter J. Bowler)(d’après le livre de Peter J. Bowler)«[…] Si je ne suis pas un expert de Darwin, j’ai du moins consacré

une partie de ma vie à essayer de comprendre l’impact de sa théorie. L’«industrie darwinienne» elle-même a détruit bon nombre des mythes qui entouraient son œuvre, mais il existe une autre ligne de recherche, qui a également contribué à jeter une lumière différente sur l’impact de l’évolutionnisme. Les historiens s’aperçoivent de plus en plus que l’image conventionnelle de l’influence de Darwin sur le développement de la pensée moderne est sérieusement déformée. Darwin ne fut pas le seul à forger le concept d’évolutionnisme pendant la première moitié du XIXe siècle et sa théorie de la sélection naturelle n’a pas dominé la pensée évolutionniste à la fin de la période victorienne.»

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DarwinDarwinLe problème de l’interprétationLe problème de l’interprétation

-Pour les rationalistes, il représentait l’homme de science qui avait réussi à pénétrer des domaines de connaissance jusque-là soumis au dogme religieux.

-Pour les Libéraux, sa théorie étayait une philosophie optimiste du progrès, fournissant la garantie conceptuelle que les choses continueraient à s’améliorer tant qu’on n’entraverait pas le libre développement de la nature et de la société.

-Les théologiens conservateurs protestaient contre sa théorie, affirmant qu’elle détruisait les valeurs morales et l’ordre social, et réduisait l’être humain au rang d’animal.

-La querelle qui s’engagea autour de l’Origine des espèces entre les extrémistes des deux camps était en fait une bataille dans la guerre que se livraient science et religion.

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DarwinDarwinLe problème de l’interprétationLe problème de l’interprétation

-Quand Darwin mourut en 1882, ses obsèques à l’abbaye de Westminster furent celles d’un héros national de la science.

-Certains biologistes considèrent que les idées de Darwin étaient fausses et qu’elles doivent être modifiées ou même abandonnées si l’on veut que la science progresse.

-Les scientifiques qui saluent Darwin comme un héros du savoir l’utilisent eux-mêmes pour justifier leurs idées sur la place attribuée à la science, au rationalisme et à la connaissance dans le monde moderne.

-Pour les fondamentalistes religieux, le darwinisme représente l’un des facteurs les plus importants qui nous poussent à nous éloigner de Dieu et de sa parole. En Amérique, les fondamentalistes organisent des campagnes pour discréditer…

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DarwinDarwinLe problème de l’interprétationLe problème de l’interprétation

…la théorie de l’évolution et ses implications matérialistes.-La critique du darwinisme provient aussi d’intellectuels

antimatérialistes qui […] craignent que nous perdions tout respect pour notre créativité et notre statut d’êtres moraux. Leur solution n’est pas de remplacer la sélection naturelle par la création divine mais par un processus d’évolution plus finalisé.

-On attribue également au darwinisme des implications politiques. Les tenants d’une idéologie de gauche continuent à utiliser l’expression «darwinisme social» pour désigner l’idéologie de ceux qui affirment que le comportement humain est déterminé par notre nature biologique.

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DarwinDarwinLe problème de l’interprétationLe problème de l’interprétation

-Les conservateurs prétendent que l’état actuel de la société est «naturel» parce qu’il reflète notre caractère biologique.

-Les socialistes évoquent la mémoire de Darwin et la «lutte pour l’existence» pour montrer que la science peut être modelée par son environnement politique. Ils prétendent que Darwin n’a fait que projeter sur la nature le modèle capitaliste d’une société fondée sur la compétition.

-Darwin nous a montré qu’il était en contact étroit avec la philosophie sociale de son époque. Il a projeté l’éthique capitaliste de la compétition sur la nature et orienté ensuite toutes ses observations pour qu’elles puissent s’insérer dans le schéma imposé par son propre esprit.

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DarwinDarwinLe problème de l’interprétationLe problème de l’interprétation

-Si, conformément à ce modèle de l’histoire de l’évolutionnisme, on envisage l’impact plus général de la théorie, on considérera naturellement que la théorie de la sélection a joué un rôle majeur dans la transition entre le créationnisme et le darwinisme social à la fin du XIXe siècle.

-La thèse selon laquelle la «révolution darwinienne» dans le domaine scientifique a contribué à provoquer une transition culturelle majeure semble aussi renforcer l’idée que Darwin ne faisait que refléter l’idéologie de son époque. Elle rend responsable des origines du mal contemporain l’homme qui popularisa les métaphores de la «lutte pour l’existence» et de la «survivance du plus apte».

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DarwinDarwinabrégé de sa théorieabrégé de sa théorie

«L’essence de la sélection naturelle réside dans l’idée de Darwin que l’évolution est uniquement guidée par l’interaction entre la population et le milieu. Les membres d’une population diffèrent les uns des autres par une quantité de détails dont les animaux (et les humains) se servent pour s’identifier les uns les autres en tant qu’individus. Cette variation plus ou moins fortuite (que nous expliquons aujourd’hui en termes de différences génétiques) forme le matériau de base sur lequel agit la sélection naturelle. La sélection implique la survivance et la reproduction préférentielle des individus qui ont fortuitement hérité d’une variation qui leur donne plus d’atouts que leurs congénères pour affronter leur environnement local…

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DarwinDarwinabrégé de la théorieabrégé de la théorie

…Ces individus «plus aptes» (c’est-à-dire mieux adaptés) survivent et se reproduisent plus que les autres, si bien que le caractère avantageux qu’ils possèdent devient plus fréquent dans la génération suivante. Sur une longue période, le trait adaptatif se répand dans toute la population et le caractère moyen de l’espèce change […] Ces petits changements ainsi produits s’additionnent au fil du temps et sont la cause des développements majeurs qui ont caractérisé l’apparition de nouvelles formes de vie tout au long de l’histoire de la terre.»

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DarwinDarwinLa sélection est aléatoireLa sélection est aléatoire

«La thèse la plus importante est que la variation individuelle à partir de laquelle procède la sélection naturelle est essentiellement aléatoire: elle ne peut par elle-même imposer une direction particulière à l’évolution parce qu’elle tend à se propager dans toutes les directions. Il n’existe en particulier aucune force qui oblige les espèces à progresser selon une hiérarchie préétablie menant au plus complexe aucune échelle de l’évolution qu’elles devraient toutes gravir. Parce qu’elle est uniquement conditionnée par les exigences du milieu local envers la population, l’évolution est essentiellement un processus ouvert, sans but défini […]»

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DarwinDarwinSens du terme «darwinisme»Sens du terme «darwinisme»

«La thèse qui sous-tend la nouvelle interprétation du rôle de Darwin est que l’Origine des espèces a agi comme un catalyseur qui a entraîné la conversion de nombreux penseurs du XIXe siècle à une version progressionniste de l’évolutionnisme, qui n’était pas «darwinienne» dans le sens moderne du terme. Le terme «darwinisme» doit être compris dans deux sens complètement différents, l’un se référent à l’ère victorienne et l’autre au XXe siècle […] la fascination des historiens pour la découverte de la sélection naturelle est essentiellement un produit de la seconde définition: l’intérêt vient du fait que nous savons rétrospectivement que la théorie a finalement eu une énorme influence sur la biologie moderne.»

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DarwinLes théories de l’évolution avant l’Les théories de l’évolution avant l’Origine Origine

des espècesdes espèces-Alfred Russel Wallace: publie un article en 1858 qui développa

une théorie de l’évolution très proche de celle de Darwin. Darwin publia sa théorie en 1859.

-William Paley: publie en 1802 sa Théologie naturelle, considérée comme un exposé classique de l’«argument du dessein», selon lequel les espèces sont conçues par un Créateur avisé de la même façon qu’une montre est conçue et fabriquée par un horloger.

-Jusqu’en 1859, les biologistes ne s’étaient que très peu intéressés à l’idée d’évolution. Presque tout le monde acceptait un créationnisme sans nuances, et que selon la vaste majorité des biologistes l’adaptation de chaque espèce au milieu prouvait l’existence d’un Créateur avisé et bienveillant.

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DarwinDarwinLes théories de l’évolution avant l’Les théories de l’évolution avant l’Origine Origine

des espècesdes espèces-Le romancier Samuel Butler: publie l’Évolution, ancienne et

nouvelle en 1879 pour démontrer que Darwin n’était en aucune façon le premier à proposer une théorie de l’évolution.

-Lamarck: sa théorie était basée sur un certain nombre d’hypothèses que Darwin allait rejeter. Ses idées étaient associées à la thèse selon laquelle les premières choses vivantes avaient été créées par «génération spontanée», c’est-à-dire par une transition naturelle entre la matière non vivante et la matière vivante. De plus, il prétendait que les formes les plus simples de la vie progressaient graduellement mais inévitablement selon une hiérarchie allant du simple au complexe pour aboutir finalement à la race humaine.

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DarwinDarwinLes théories de l’évolution avant l’Les théories de l’évolution avant l’Origine Origine

des espècesdes espèces-Robert Chambers: publie anonymement Vestiges de l’histoire

naturelle de la Création en 1844. Son but était de dissocier l’évolutionnisme de son image radicale et de le rendre acceptable aux yeux de la bourgeoisie montante. Le but de son livre était de démontrer que le progrès était inévitable à long terme parce qu’il était un prolongement naturel du développement progressif de la vie sur terre.

-George Combe: publie De la constitution de l’homme en 1828. Il soutenait que la structure du cerveau était la source de toutes les fonctions mentales. La phrénologie fut finalement reléguée au rang de pseudo-science parce qu’elle affirmait qu’on pouvait deviner le caractère d’une personne grâce aux bosses de sa tête. Mais, à ses débuts, elle fut un facteur important de promotion des valeurs matérialistes.

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DarwinDarwinLes théories de l’évolution avant l’Les théories de l’évolution avant l’Origine Origine

des espècesdes espèces-Richard Owen: publie De la nature des membres en 1849. Il écrivit

que le plan divin de création pouvait se manifester par des causes secondes, c’est-à-dire non miraculeuses.

-Baden Powell: publie Essais sur l’esprit de la philosophie inductive en 1855. Il exprimait l’idée que l’action de Dieu dans l’univers était plus visible dans les lois qu’Il avait institué que dans les violations arbitraires et miraculeuses de ces lois.

-Herbert Spencer: publie Social Statics en 1851. Il soulignait la nécessité de la libre entreprise comme garantie de l’adaptation de l’individu à une société en perpétuelle mutation. Il trouvait bénéfiques les souffrances résultant de l’échec, car elles constituaient un stimulant qui encourageait l’individu à faire mieux à l’avenir.

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DarwinRepères biographiquesRepères biographiques

-Charles Robert Darwin naquit le 9 février 1809 à Shrewsbury. Il était le cinquième – le deuxième fils – d’une famille de six enfants.

-Son père, Robert Waring Darwin, était un médecin renommé et aisé. Son grand-père, Erasmus Darwin, était également médecin, mais il avait acquis une réputation internationale grâce à ses descriptions poétiques du monde naturel et ses spéculations sur la nature et l’origine de la vie.

-Les Darwin étaient membres aisés de la bourgeoisie de tradition libérale, et le milieu intellectuel et culturel dans lequel évoluait cette famille façonna les idées de Charles tout au long de sa vie.

-Darwin fut envoyé, à l’âge de seize ans, à Edimbourg pour y étudier la médecine.

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DarwinDarwinLes années d’universitéLes années d’université

-Edimbourg était alors un centre d’étude de la biologie marine, et Darwin se mit très vite à collectionner des animaux marins pour les disséquer et les observer au microscope.

-Darwin appris en août 1831 que le capitaine Robert FitzRoy recherchait un naturaliste pour voyager avec lui à bord du Beagle lors d’une expédition destinée à explorer les côtes sud-américaines et les îles des mers du sud.

-Darwin fit l’acquisition de tout l’équipement nécessaire pour un voyage qui devait au départ durer trois ans: des fusils, une loupe, un microscope, du matériel d’analyse géologique et chimique, des livres, etc. Il emporta des ouvrages de références sur l’histoire naturelle.

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DarwinDarwinLe voyage du Le voyage du BeagleBeagle

-Le voyage du Beagle est souvent considéré comme le grand tournant de la carrière de Darwin. On dit que cette expérience l’a converti à l’évolutionnisme et a façonné tout le développement ultérieur de sa pensée.

-On a raconté maintes fois l’histoire de sa découverte des différentes espèces de pinsons des îles Galapagos, qui l’a convaincu de la réalité de la transmutation. Les Galapagos sont devenues depuis un haut lieu d’intérêt pour les naturalistes, et l’on a fait du voyage de Darwin un des fondements légendaires sur lesquels la biologie scientifique moderne est censée s’être construite.

-Grâce aux travaux de Frank Sulloway, nous savons que Darwin n’a compris la véritable signification des pinsons des Galapagos qu’après le départ du Beagle.

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DarwinDarwinSes recherchesSes recherches

-Les historiens considèrent désormais que sa conversion à l’évolutionnisme a eu lieu après son retour en Angleterre.

-L’étude des zoophytes (coraux, etc.) commencée à Edimbourg devait rester tout au long du voyage une des principales préoccupations de Darwin, le conduisant finalement à élaborer une nouvelle conception des rapports entre le règne animal et le règne végétal.

-À son retour, il avait approfondi sa connaissance dans ses domaines de prédilection et percevait de plus en plus l’intérêt des questions posées par une par une étude conjointe de la biogéographie et l’uniformitarisme géologique, auquel il venait d’adhérer.

-La première édition de l’ensemble de cette étude générale, Le voyage d’un naturaliste, parut en 1839, suivie en 1945 d’une édition revue et corrigée pour le grand public.

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DarwinDarwinÎles du Galapagos Îles du Galapagos

-Le 15 septembre 1835, le Beagle atteignit l’archipel des Galapagos, un groupe d’île situé sur l’équateur à des centaines de kilomètres de la côte ouest du continent sud-américain. Ces îles sont d’origine volcanique et le sol est encore essentiellement constitué de lave recouverte d’arbres chétifs et de broussailles […] Il y avait partout des cratères et des coulées de lave […]

-Ce sont, bien sûr, les pinsons qui ont fini par symboliser l’influence de ces îles sur le développement de la pensée de Darwin. Selon la légende populaire, il remarqua qu’il y avait différentes espèces de pinsons, chacune adaptée à une île en particulier, et se rendit immédiatement compte qu’elles étaient le résultat d’une évolution divergente. La véritable histoire de sa découverte s’est avérée bien plus complexe.

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DarwinDarwinLes pinsonsLes pinsons

-Darwin confia les pinsons à l’ornithologue John Gould après son retour en Angleterre. Il avait identifié treize espèces divisées en quatre sous-groupe. Les becs révélaient plus particulièrement des différences significatives, qui montraient l’adaptation des espèces à différents modes d’alimentation

-L’analyse des notes de Darwin a démontré à quel point Le voyage d’un naturaliste était un compte-rendu rétrospectif. Il n’y a pas eu d’eurêka aux Galapagos: Darwin ne comprit que leur signification que lentement, pendant les années qui suivirent. En fait, Darwin avait quitté l’archipel sans se rendre compte de la portée de ses observations […] Les oiseaux-moqueurs ont pu lui offrir des indices plus immédiats que les pinsons.

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DarwinL’L’Origine des espècesOrigine des espèces

Résumé des chapitres par Peter J. Bowler

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DarwinDarwinL’L’Origine des espècesOrigine des espèces

Chapitre 1: «De la variation des espèces à l’état domestique», Darwin commence par souligner que les éleveurs et les agriculteurs sont capables de provoquer des changements importants chez les espèces domestiques et les plantes cultivées. Darwin était convaincu que l’analogie avec la sélection artificielle était la meilleure façon d’aider les lecteurs à comprendre comment la nature pouvait produire des changements similaires grâce à un processus équivalent de sélection […] Darwin avance que la variation individuelle est due à l’effet direct d’un changement de conditions sur le procès de reproduction. Cela expliquerait pourquoi les espèces domestiques font preuve d’une plus grande variabilité que les espèces sauvages. Darwin insiste sur le fait que tous les changements de structure ont une cause, même si nous ne connaissons pas cette cause et que nous parlons de hasard.

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DarwinDarwinL’L’Origine des espècesOrigine des espèces

Chapitre 2: «De la variation à l’état de nature», Darwin se demande si la variation qui sert de matériau brut à la sélection existe dans les populations sauvages. Il admet qu’il peut y avoir beaucoup moins de variation dans la nature parce que – selon sa théorie – les espèces sauvages vivent dans des conditions «naturelles» qui ne perturbent pas le procès de reproduction. Mais des différences individuelles apparaissent bel et bien et même les structures les plus importantes sont sujettes à variation […] Dans une partie du chapitre, Darwin utilise une méthode pour démontrer la variabilité des espèces sauvages. Il met l’accent sur le fait que de nombreuses espèces forment des races distinctes et permanentes ou des «variétés» adaptées aux conditions locales dans certaines partie du territoire. Les variétés ne sont qu’une étape intermédiaire dans la production de nouvelles espèces.

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DarwinDarwinL’L’Origine des espècesOrigine des espèces

Chapitre 3: introduit la notion de «lutte pour l’existence», conséquence de la tendance de toutes les espèces à se reproduire à l’excès. Si le nombre des individus qui naissent est plus grand que celui des survivants potentiels, il s’ensuit obligatoirement une compétition pour déterminer quels individus pourront se procurer assez de ressources rares pour survivre. Il est clair et net que cette idée a son origine dans le «principe de population» que Malthus appliquait à la société humaine: «C’est la doctrine de Malthus appliquée avec une intensité beaucoup plus considérable à tout le règne animal et tout le règne végétal, car il n’y a ni production artificielle d’alimentation, ni restriction apportée au mariage par la prudence» (p.113). La force de cet argument provient des calculs numériques dont le but est de montrer le taux potentiel de croissance de la population qui doit être corrigé par la rareté des ressources.

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DarwinDarwinL’L’Origine des espècesOrigine des espèces

Chapitre 3: c’est entre des membres de la même espèce, ou de variétés très voisines, que la lutte est la plus sévère, parce que les individus sont en compétition pour les mêmes ressources exactement. De nombreux facteurs différents déterminent qui vivra et qui mourra. L’élimination a souvent lieu parmi les jeunes; la pénurie de nourriture est parfois critique mais ce sont le plus souvent les prédateurs qui limitent la population. Darwin insiste sur la complexité du réseau des interactions entre espèces, chacune étant limitée par d’autres, pour lesquels elle est une proie ou qui sont des proies pour elle […] Il était cependant soucieux de ne pas donner de la nature une image trop dure. Il souhaitait laisser entendre que sa théorie modifiait, mais ne détruisait pas, la croyance bien établie en un Dieu sage et bienveillant qui avait créé la nature.

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DarwinDarwinL’L’Origine des espècesOrigine des espèces

Chapitre 4: «La sélection naturelle», contient la principale description du mécanisme proposé par Darwin […] Il oppose les pouvoirs de la nature à ceux de l’homme, dans le but de montrer que la sélection dans la nature sera bien plus efficace. Il insiste sur le fait que l’action de la sélection naturelle consiste uniquement à améliorer l’aptitude des organismes à affronter leur milieu […] Le facteur le plus important est bien sûr la reproduction plus que la survie […] Darwin explique que tout caractère utile pour attirer le partenaire acquerra un niveau de développement très élevé […] l’extinction de certaines formes est inévitable dans un monde régi par la sélection naturelle. Les espèces sont souvent exterminées par des espèces rivales, ce qui crée en fait un espace permettant aux plus prospères de se multiplier.

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DarwinDarwinL’L’Origine des espècesOrigine des espèces

Chapitre 6: «Difficultés de la théorie», Darwin s’attache à défendre sa théorie contre les objections qu’il prévoit […] Le premier problème abordé est l’absence de forme de transition entre les espèces connues. Ce point est important parce qu’on suppose généralement qu’une théorie de l’évolution continue implique nécessairement qu’il n’y ait pas de coupures entre les espèces. Darwin répond que cela n’est pas le cas si l’évolution est un processus divergent et ramifié. Comme la divergence s’opère à travers l’extermination continue des formes les moins spécialisées, les formes intermédiaires ne survivent pas. Selon lui, «les espèces arrivent à être assez bien définies et à ne présenter à aucun moment un chaos inextricable de formes intermédiaires» (p.230).

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DarwinDarwinL’L’Origine des espècesOrigine des espèces

Chapitre 6: le problème suivant est l’origine des espèces qui possèdent une structure ou des habitudes particulières. Comment, par exemple, un mammifère aptère pouvait-il évoluer pour devenir une chauve-souris? Les formes intermédiaires possédaient probablement des membres qui n’étaient adaptés ni à la marche ni au vol. Pour justifier son argument, Darwin évoque les écureuils volants qui possèdent des aptitudes variées pour passer d’un arbre à l’autre en vol plané. Cela confirme que le stade intermédiaire entre les pattes et les ailes est viable et qu’il peut illustrer le chemin éventuellement pris par la sélection pour aboutir aux ailes plus perfectionnées des chauves-souris. Darwin fait remarquer que les espèces changent vraiment leurs habitudes, comme le prouvent certains types de pics qui ne vivent pas dans les arbres et d’oies à pieds palmés qui n’approchent jamais de l’eau.

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DarwinDarwinL’L’Origine des espècesOrigine des espèces

Chapitre 7: «L’instinct», sujet qui intéressait particulièrement Darwin parce qu’il était convaincu que l’évolution devait pouvoir expliquer le comportement animal […] Il était convaincu que la sélection naturelle pouvait aussi bien agir sur les instincts que sur les caractères physiques. La variation existe au sein du comportement instinctif de chaque espèce particulière […] Ainsi, la sélection pouvait favoriser un instinct utile en avantageant les variations utiles. Le cas des insectes neutres s’explique par le fait que la sélection peut agir aussi bien sur des familles que sur des individus: les insectes qui ont tendance à produire des types utiles mais neutres dans leur descendance survivent plus facilement comme fondateurs de colonies.

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DarwinDarwinL’L’Origine des espècesOrigine des espèces

Chapitre 8: «Hybridité», Darwin traite d’un sujet que beaucoup de critiques ont considéré comme une objection fatale à sa théorie. Des variétés provenant d’une même espèce peuvent être croisées entre elles, mais selon la conception traditionnelle l’hybridation d’espèces distinctes échoue systématiquement. Darwin répond à cet argument en montrant que la distinction prétendument absolue entre variétés et espèces n’est pas aussi nette qu’on le dit habituellement. Il cite de nombreux cas qui montrent qu’en croisant différentes espèces de plantes on rencontre des degrés variables de stérilité. Si les espèces sont très proches, il y a souvent un faible degré de fertilité dans la descendance hybride. Sa conclusion est que […] une étude détaillée de l’hybridation confirme qu’il n’y a pas de distinction bien définie entre variétés et espèces. Tandis que deux formes voisines divergent de plus en plus l’une de l’autre au cours de l’évolution, leur aptitude à se croiser diminue de plus en plus et aboutit finalement à zéro, c’est-à-dire à la stérilité absolue.

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DarwinDarwinL’L’Origine des espècesOrigine des espèces

Chapitre 9: «Insuffisance des archives géologiques», Darwin était persuadé que l’évolution agissait toujours lentement et graduellement, mais il était conscient du fait que les archives fossiles, qui révélaient généralement l’apparition soudaine de nouvelles espèces sans qu’il y ait de signe indiquant un ancêtre, semblaient infirmer ce point de vue. Selon lui, cette discontinuité était due à l,imperfection des archives et ne prouvait pas que les espèces apparaissaient soudainement. Il fait remarquer (p. 334) que ce serait une erreur de rechercher de simples intermédiaires entre deux formes voisines; elles ont divergé à partir d’un ancêtre commun qui n’est pas exactement intermédiaire entre ses futurs descendants. Mais même ce type plus complexe de rapport n’apparaît que rarement dans les archives fossiles, et Darwin nous avertit qu’on ne saurait espérer trouver les traces de toutes les étapes de l’évolution dans les roches.

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DarwinDarwinL’L’Origine des espècesOrigine des espèces

Chapitre 10: «De la succession géologique des êtres organisés», démontre que, même en tenant compte de l’insuffisance des archives, la distribution des fossiles connus est compatible avec une théorie de la descendance commune. Les paléontologues s’accordaient en général à dire que dans toute séquence de formation de fossiles les formes intermédiaires dans le temps étaient également intermédiaires du point de vue des caractères. Owen et quelques autres avaient déjà montré que les types anciens semblaient souvent «tomber entre» les formes modernes plus distinctes. Ainsi les porcs et les chameaux pouvaient se retrouver réunis dans un groupe unique en incluent des fossiles possédant des caractères intermédiaires. Pour Darwin, il était évident que ces types anciens étaient les ancêtres communs à partir desquels avaient évolué les formes modernes plus spécialisés.

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DarwinDarwinL’L’Origine des espècesOrigine des espèces

Chapitre 11 & 12: ««Distribution géographique», Darwin insiste sur le fait que les différences dans les faunes de l’Ancien et du Nouveau Monde ne peuvent pas s’expliquer en termes de climat étant donné que les deux continents partagent les mêmes conditions physiques. L’autruche africaine et l’autruche américaine sont apparemment identiques mais, quand on les observe attentivement, chacune apparaît caractéristique de son propre continent. Le facteur le plus déterminant pour la distribution géographique est celui des barrières qui arrêtent la libre migration, parmi lesquelles les océans jouent un rôle majeur pour les mammifères terrestres. Inversement, les terres forment une barrière évidente pour la migration de la faune marine […] Ainsi, selon sa théorie, il est logique que les obstacles majeurs à la migration définissent des groupes particuliers d’espèces.

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DarwinDarwinL’L’Origine des espècesOrigine des espèces

Chapitre 13: «Affinités mutuelles des êtres organisés», permet à Darwin de développer au maximum le potentiel explicatif de sa théorie. Il choisit un certain nombre de phénomènes rencontrés par les naturalistes dans leur travail de classification des espèces et démontre qu’ils ne sont explicables qu’au regard d’une théorie de la descendance commune. Le système de base de la classification regroupe des espèces similaires en genres, les genres eux-mêmes en familles et ainsi de suite. En établissant ces relations, les naturalistes étaient à la recherche de ce qu’ils appelaient un «système naturel» de classification […] Pour Darwin, le fait de poser l’existence d’un plan divin sous-jacent n,ajoute rien à notre connaissance des relations naturelles. Seule sa théorie peut expliquer pourquoi les espèces sont regroupées: le système naturel est une expression des relations créées par l’évolution, en fait une coupe transversale de l’arbre de l’évolution.

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DarwinDarwinL’L’Origine des espècesOrigine des espèces

Chapitre 13: Darwin se réfère ensuite à l’embryologie pour faire remarquer que les embryons ont un bien plus grand degré de ressemblance entre eux que les adultes. Cela peut s’expliquer selon lui en supposant que les modifications adaptatives sont principalement produites par des changements survenant au cours des derniers stades de la croissance, laissant intacts les schémas initiaux de développement […]Darwin envisage le problème des organes rudimentaires ou atrophiés. Beaucoup d’espèces possèdent de tels organes, qui n’ont pas d’utilité apparente et qui souvent ne se développent pas au-delà d’un stade très rudimentaire […] ces organes sont des restes de structures qui avaient autrefois été utiles mais qui s’atrophient parce que les changements d’habitude de l,espèce les ont rendus superflus. L’hérédité préserve jusqu’à un certain point la structure mais celle-ci se détériore parce que la sélection naturelle favorise les individus qui ne gaspillent pas leur énergie à produire des structures inutiles.

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DarwinLa postérité du darwinismeLa postérité du darwinisme(d’après Jean-Marc Drouin)(d’après Jean-Marc Drouin)

-Première période de 1859 à 1900: la plupart des scientifiques se rallient à l’idée d’évolution ou, comme préfèrent dire certains, de «transformisme». Le parallélisme ébauché par Darwin entre le développement de l’embryon et l’évolution de l’espèce est repris et vulgarisé par plusieurs auteurs. Le darwinisme est intégré – au prix de quelques réinterprétations – dans une philosophie évolutionniste qui doit sans doute plus à Spencer qu’à Darwin lui-même, quand il n’est pas tout simplement transféré au domaine politique sous la forme du darwinisme social […] la théorie de l’hérédité par mélange à laquelle adhère Darwin ne permet pas de comprendre comment peut se maintenir un taux de variation suffisant pour assurer la descendance avec modification.

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DarwinDarwinLa postérité du darwinisme La postérité du darwinisme

-La deuxième période du premier tiers du XXe siècle: est marquée par l’émergence de la génétique classique. Les lois de l’hérédité, formulées en 1865, par Mendel, à propos de l’hybridation végétale sont redécouvertes en 1900 par Hugo de Vries, Carl Correns et Erich von Tschermak. Elles semblent apporter la preuve que l’hérédité ne peut concerner que des caractères discrets, discontinus, et que par conséquent la conception darwinienne, essentiellement continuiste, ne peut rendre compte de l’Évolution. Ainsi cette période a pu être considérée plus tard comme l’éclipse du darwinisme, une éclipse dont il faut cependant noter qu’elle n’aboutit pas à refuser l’idée de transformisme.

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DarwinDarwinLa postérité du darwinismeLa postérité du darwinisme

-La troisième période de 1930 à 1960: est celle du triomphe posthume de Darwin. Une «théorie synthétique de l’évolution», souvent qualifiée de néodarwinisme, se constitue par la rencontre de naturalistes, de généticiens, de paléontologues et de mathématiciens […] Elle consiste essentiellement en deux extrapolation de cette théorie à tous les aspects de l’évolution y compris la macroévolution. Rien ne résume mieux l’esprit de cette théorie que l’exemple de Phalène de Bouleau […] Un papillon dont les ailes claires se confondent avec le tronc du bouleau, comprend aussi une forme sombre. Cette forme a longtemps été rare dans la campagne anglaise car les individus sombres étaient immédiatement repérés par les prédateurs. Avec l’industrialisation les supports se sont noircis et la forme sombre s’est trouvé avantagée. Mais la proportion peut se modifier à nouveau si la pollution régresse […]

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DarwinDarwinLa postérité du darwinismeLa postérité du darwinisme

-La quatrième période de 1970 à aujourd’hui: elle a vu la théorie synthétique contestée: du côté de la biologie moléculaire, du côté de la paléontologie et même du côté de la systématique. Jusqu’à la fin des années 1960, les développements spectaculaires de la biologie moléculaire ont permis d’étendre le champs du modèle darwinien et ont semblé conforter la théorie synthétique. Dans un deuxième temps ils ont entraîné un certain nombre de révisions et favorisé l’apparition d’hypothèses concurrentes. Parmi elles, la théorie neutraliste a été proposée par un généticien japonais, Kimura, en 1968. Elle affirme que «les formes mutantes qui participent à l’évolution moléculaire de chaque gène sont à peu près équivalentes du point de vue sélectif, c’est-à-dire qu’elles font aussi bien le travail en termes de survie et de reproduction de l’individu.»

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DarwinLes origines de l’hommeLes origines de l’homme

-L’application de la théorie aux origines de l’homme allait mettre en relief les implications générales du débat sur le mécanisme de l’évolution. Beaucoup de gens étaient choqués par l’idée même que l’homme puisse descendre du singe.

-Une multitude de caricatures ridiculisèrent dans la presse populaire l’idée que l’homme puisse être apparenté au gorille. En avançant la possibilité de cette relation, les évolutionnistes portaient atteinte au concept d’âme immortelle, donc aux fondements même de la morale. Si la théorie évolutionniste était vraie, il fallait trouver une nouvelle source aux valeurs morales. Darwin lui-même avait abordé ces problèmes dès la première étape de la formation de sa théorie.

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DarwinDarwinLes origines de l’hommeLes origines de l’homme

-Dès le début, il acceptait l’idée que nous n’étions rien d’autre que des animaux hautement développés, et il tentait d’expliquer notre comportement social en termes biologiques.

-L’Origine des espèces évitait de traiter du problème de l’origine de l’homme, à l’exception d’une seule affirmation, que Darwin se sentit moralement obligé d’ajouter afin de ne pas être accusé de cacher ses opinions: «Une lumière sera jetée sur l’origine de l’homme et son histoire.» Le sujet, même sans cette affirmation, était destiné à occuper le devant de la scène, et les débats firent rage pendant les années 1860, avant d’être renouvelés par la propre contribution de Darwin, La descendance de l’homme, en 1871.

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DarwinDarwinLes origines de l’hommeLes origines de l’homme

-La plupart des intellectuels de la fin de l’époque victorienne adoptèrent certes la position évolutionniste de base, mais leurs idées sur la manière dont l’homme était descendu du singe n’était pas forcément conformes aux idées de Darwin, et n’annonçaient certainement pas le point de vue contemporain.

-De nombreux adversaires actuels du darwinisme mettent toujours l’accent sur ses implications matérialistes, et sont ainsi conduits à supposer que ces implications ont été imposées aux victoriens par leur adhésion à cette théorie. L’on soutient souvent que le capitalisme sauvage et l’impérialisme ont encouragé l’adoption d’une politique impitoyable de «darwinisme social», où les individus et races inaptes étaient condamnés à la mort ou à l’esclavage.

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DarwinDarwinLes origines de l’hommeLes origines de l’homme

-Les Libéraux qui s’efforçaient de réfuter la conception traditionnelle de la morale – très liée à une vision conservatrice des rapports sociaux – étaient eux-mêmes persuadés que l’évolution sociale constituait un progrès inévitable vers un but pourvu de sens moral.

-Les anthropologues, de leur côté, envisageaient la civilisation moderne comme le plus haut degré d’une échelle de progrès social que toutes les races pouvaient à la longue espérer atteindre. Loin d’être un produit du matérialisme darwinien, la théorie de l’évolution sociale naquit indépendamment de son homologue biologique, et contribua à faire prévaloir un point de vue progressionniste qui se substitua à la logique de la théorie darwinienne de développement arborescent.

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DarwinDarwinLes origines de l’hommeLes origines de l’homme

-C’est Lamarck qui avait posé les bases d’un compromis évolutionniste qui allait profondément influencer le jeune Darwin. Lamarck prétendait que les instincts étaient en fait des habitudes acquises, suivies si longtemps qu’elles s’étaient transformées en instincts héréditaires. L’hérédité des caractères acquis était valable pour les fonctions mentales tout autant que pour des structures physiques comme le cou de la girafe. L’évolution exigeait la transformation des habitudes mentales acquises en modèles comportementaux gravés biologiquement dans les êtres vivants: en fait, l’instinct était une mémoire inconsciente héritée des générations précédentes […] Cette position lamarckienne allait devenir le fondement d’une bonne partie des théories du XIXe siècle sur l’origine des facultés humaines.

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DarwinDarwinLes origines de l’hommeLes origines de l’homme

-Darwin lui-même, lorsqu’il commença à réfléchir aux implications de l’évolutionnisme pour l’homme s’inspirait de ces thèses. Il était convaincu que tous les instincts, y compris l’instinct social de l’homme que nous appelons solennellement la moralité, avaient été créés par l’évolution. En fait, il tentait de faire de la moralité une partie de la biologie, affirmant qu’il n’était possible de comprendre notre comportement instinctif que comme produit des procès naturels qui nous avaient adaptés à un mode de vie particulier, basé sur la cellule familiale comme moyen d’élever des enfants. Les instincts sociaux (ou moraux) s’étaient implantés parce qu’ils étaient utiles, non parce qu’ils représentaient un pouvoir supérieur imposé de l’extérieur.

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DarwinDarwinLes origines de l’hommeLes origines de l’homme

-Darwin consacra un autre livre à démontrer que, réciproquement, le comportement humain présentait de nombreuses survivances de son ascendance animale. Dans son Expression des émotions chez l’homme et les animaux qui parut en 1872, il tenta de démontrer que notre comportement émotionnel suivait des modèles qui étaient déjà repérables chez les animaux inférieurs. Le rictus pouvait être une survivance de l’action de montrer les dents à un ennemi, quand elles étaient encore utilisées comme armes. Par ces exemples, Darwin tentait de convaincre le lecteur que notre comportement n’était pas aussi élevé que nous l’imaginions par rapport à celui des animaux inférieurs. Nos vies étaient encore dominées par des fonctions qui nous étaient imposées comme produit de notre ascendance animale.

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DarwinDarwinLes origines de l’hommeLes origines de l’homme

-Mais ce fut dans la Descendance de l’homme qu’il aborda le problème crucial: expliquer comment l’espèce humaine avait acquis des pouvoirs mentaux qui, aux yeux de Darwin lui-même, étaient largement supérieurs à ceux dont disposaient les animaux qui nous étaient apparentés.

-Si le progrès mental était inévitable, pourquoi les singes n’auraient-ils pas progressé avec nos ancêtres et ne seraient-ils pas parvenus au même niveau que nous? Dans un modèle arborescent de l’évolution, il était essentiel de montrer pourquoi les deux branches divergentes d’un tronc commun avaient poursuivi des directions différentes. La théorie de Darwin, paradoxalement, exigeait que soient précisées les conditions particulières qui avaient agi sur nos ancêtres, car c’était la seule manière dont il pouvait expliquer la différence entre les pouvoirs mentaux acquis par l’homme et par le singe.

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DarwinDarwinLes origines de l’hommeLes origines de l’homme

-Darwin dut en fait construire ce que les évolutionnistes modernes appellent un «scénario adaptatif», expliquant pourquoi nos ancêtres avaient développé des caractères qui les avaient séparés des singes. Sa solution fut de déplacer l’accent de nos pouvoirs mentaux à une autre caractéristique propre à l’homme: la station debout et la bipédie. Darwin comprenait que cela représentait une adaptation à un mode de vie dans un milieu différent de celui des singes. Les singes étaient demeurés des singes parce qu’ils avaient conservé leur mode de vie arboricole ancestral, et leurs avant-bras avaient continué à être adaptés à saisir les branches. Nos ancêtres avaient quitté les arbres et s’étaient tenus debout afin de circuler dans les savanes, ce qui avait rendu leur main libre d’explorer leur environnement et d’utiliser pierres et bâtons comme outils primitifs.

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DarwinDarwinLes origines de l’hommeLes origines de l’homme

-Darwin était convaincu que notre sens moral était le produit de l’interaction entre les instincts sociaux et l’intelligence en développement. Il ne croyait pas qu’un accroissement de la socialisation pouvait expliquer le développement de l’intelligence, car il savait que les singes et beaucoup d’autres animaux vivaient déjà en groupes familiaux.

-Darwin était prêt à accepter l’idée que certaines races avaient avancé plus rapidement dans leur développement mental, peut-être parce qu’elles avaient été exposées à un milieu plus stimulant. Mais il demeurait perplexe face à des nombreuses spécialisations physiques qui caractérisaient les races modernes […] Il décida finalement que la seule explication possible était la sélection sexuelle, et c’est pour cette raison que la deuxième moitié de La descendance de l’homme est consacrée à ce sujet.

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DarwinL’évolutionnisme socialL’évolutionnisme social

-La Descendance de l’homme faisait entrer avec rigueur la race humaine dans la vision darwinienne d’un monde gouverné par des forces évolutives naturelles […] Jusque dans les années 1850, beaucoup de gens croyaient encore que la race humaine était apparue il y avait seulement quelques milliers d’années.

-Mais, à la fin des années 1850, la situation commença à changer brusquement; les archéologues commencèrent enfin à accepter l’idée que la race humaine était fort ancienne, et que les vestiges les plus anciens indiquaient un niveau très primitif de technologie. Le progrès social et culturel devint alors la clé de la préhistoire, et l’explication évolutionniste de l’apparition des êtres humains les plus primitifs commença à paraître plus plausible.

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DarwinDarwinL’évolutionnisme socialL’évolutionnisme social

-La preuve la plus évidente que l’évolutionnisme culturel n’est pas un simple dérivé de son équivalent biologique réside peut-être dans le fait que les archéologues et les anthropologues utilisaient un modèle de développement non darwinien. Là où Darwin considérait l’évolution comme un arbre aux nombreuses branches, les évolutionnistes culturels construisaient une échelle de développement que, d’après eux, toutes les races de l’humanité pouvaient gravir.

-Darwin lui-même s’inspira de ce modèle progressif dans La descendance de l’homme afin de donner l’impression que l’humanité avait avancé à partir d’origines très primitives. Il savait que les archives fossiles ne pouvaient fournir que très peu de preuves de l’émergence de l’homme à partir des singes – d’où la popularité du terme «chaînon manquant» pour désigner les étapes intermédiaires du développement.

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BIBLIOGRAPHIEBIBLIOGRAPHIE

Darwin, «L’origine des espèces: au moyen de la sélection naturelle ou la préservation des races favorisées dans la lutte pour la vie.», trad. Edmond Barbier, GF Flammarion, Paris, 1992, 604p.

Peter J. Bowler, «Darwin», Figures de la science Flammarion, Oxford, 1995, 326p.

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