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52/ Le Figaro Magazine / 31 mai 2019 Débarquement en Normandie LES DERNIERS HÉROS FRANÇAIS DU D-DAY Dans la nuit du 5 au 6 juin 1944, les parachutistes des bataillons SAS francais font partie des premiers soldats alliés à combattre sur le sol de France, juste avant les 177 fusiliers marins du commando Kieffer. Engagés volontaires dans les Forces françaises libres du général de Gaulle, leurs nombreuses actions commandos ont joué un rôle essentiel pendant le Débarquement, la Libération et les derniers combats contre l’Allemagne nazie. Pour « Le Figaro Magazine », cinq anciens SAS se souviennent. Par Cyril Hofstein (texte) et Thomas Goisque pour Le Figaro Magazine (photos)

Débarquement en Normandie LES DERNIERS HÉROS FRANÇAIS DU D-DAY - ANFMC Section de ... · 2019-06-01 · 52 / Le Figaro Magazine / 31 mai 2019 Débarquement en Normandie LES DERNIERS

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52/ Le Figaro Magazine / 31 mai 2019

Débarquement en Normandie

LES DERNIERS HÉROS FRANÇAIS

DU D-DAYDans la nuit du 5 au 6 juin 1944, les parachutistes des bataillons SAS francais font partie des premiers soldats alliés à combattre

sur le sol de France, juste avant les 177 fusiliers marins du commando Kieffer. Engagés volontaires dans les Forces françaises libres du général de Gaulle, leurs nombreuses actions commandos

ont joué un rôle essentiel pendant le Débarquement, la Libération et les derniers combats contre l’Allemagne nazie. Pour « Le Figaro Magazine », cinq anciens SAS se souviennent.

Par Cyril Hofstein (texte) et Thomas Goisque pour Le Figaro Magazine (photos)

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53/ Le Figaro Magazine / 31 mai 2019

E n c o u v e r t u re

Achille Muller, à gauche,

et Armand Bouilloux, à

droite, font partie des

derniers survivants des

parachutistes de la

France Libre des 3rd et

4th squadrons de SAS

Français. Des

combattants d’élite

formés en Angleterre à

partir de décembre 1940.

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54/ Le Figaro Magazine / 31 mai 2019

Le 5 juin 1944, quel-que part entre Bris-tol et Oxford, dansle camp secret deFairford, en Angle-terre, une poignéed ’ h o m m e s d u4th SAS français

attendent impatiemment l’ordre de rejoindre l’aérodrome où deux ShortStirling, des avions quadrimoteurs du620th squadron de la Royal Air Force,se préparent à décoller. Hier, le mau-vais temps a cloué tous les appareils au sol, mais cette fois, leur départ n’estplus qu’une question d’heures. Le commandant Bourgoin, chef du 4th SAS et ses officiers, les capitainesPuech-Samson et Leblond ont définiminutieusement les rôles de chacun etfixé des objectifs très précis. Pour coordonner l’action des maquis à la veille du débarquement allié, couper les voies de communication, préparerle terrain et harceler l’ennemi, les commandos opéreront dans les Côtes-du-Nord et dans le Morbihan « Le plan prévu est le suivant, précise l’historien Benjamin Massieu *. Les quatre premiers sticks de reconnais-sance sont chargés de préparer les zones de largage et de faire la liaison avec la Résistance. Ils seront suivis par18 groupes de sabotage qui sauteront ladeuxième nuit sur toute la Bretagne.

Ces 200 hommes seront rejoints ensuite par le reste du régiment, soit 200 autres SAS. »Pour ces engagés volontaires formés aux techniques de la guérilla, c’est l’aboutissement d’un long chemin tracé par le capitaine Georges Bergé. « Dès son arrivée à Londres, le 25 juin1940, c’est lui qui propose au général deGaulle de créer une unité parachutiste,raconte le lieutenant-colonel Pierre, officier traditions du 1er RPIMa et historien. La 1re compagnie d’infan-terie de l’air (1re CIA) est mise en placeà la fin du mois de septembre 1940. Contraint de choisir ses hommes en dehors des unités déjà constituées, l’officier recrute ses premiers volon-taires parmi les nouveaux arrivants enAngleterre, les convalescents sortis deshôpitaux et quelques fortes têtes qui réussissent à quitter leur régiment d’origine pour devenir des “paras”. »

PREMIÈRE OPÉRATION EN 1941Après deux mois de formation à Wrotham, dans le Kent, ils sont diri-gés vers le centre d’entraînement de Ringway, près de Manchester. Le 20 décembre 1940, les 25 premiers parachutistes de la France libre sont brevetés et 11 d’entre eux affectés au Bureau central de renseignements et d’action (BCRA). Commence alors l’apprentissage des techniques de

sabotage, de renseignement et de com-bat commando. Puis vient le baptêmedu feu avec l’opération Savannah en mars 1941 et la destruction, deux moisplus tard, du transformateur élec-trique de Pessac qui alimente la base de sous-marins de Bordeaux.Au début du mois de septembre 1941,la 1re CIA, composée désormais d’unecinquantaine de parachutistes, débarque au Moyen-Orient, où elle devient le 3rd squadron du SAS (éga-lement appelé Free French Squadron)intégré au Special Air Service, la nou-velle unité d’élite fondée par le capi-taine britannique David Stirling. Renforcée par des volontaires et des jeunes officiers, dont l’aspirant AndréZ i r n h e l d , t u é a u c o m b a t e n juillet 1942 et auteur de la célèbre Prière du para, l’unité ne cesse de s’étoffer. Puis elle passe à l’action en Crète et en Cyrénaïque, au nord de laLibye, où elle participe à l’attaque desept aérodromes allemands. L’opéra-tion, destinée à permettre le passage d’un convoi de ravitaillement en direc-tion de Malte, est une réussite, mais une douzaine de SAS sont tués ou capturés, dont le commandant Bergé,emprisonné en Allemagne. Le lieute-nant Jordan lui succède à la tête du French Squadron, qui poursuit le com-bat en Libye et en Tunisie, jusqu’en mai 1943, date à laquelle les forces de

La 1re compagnie d’infanterie de l’air est créée en septembre 1940. Ses

premiers « paras » formeront la base des SAS français.

E n c o u v e r t u re

Brevetés en Grande-

Bretagne, les SAS

français ont participé

aux opérations spéciales

de la France libre

comme aux combats

de la Libération.

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55/ Le Figaro Magazine / 31 mai 2019

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l’Axe ont définitivement perdu la guerre en Afrique du Nord.A Londres, de plus en plus de jeunes Français, fuyant le Service du travail obligatoire et les lois antisémites promulguées par le régime de Vichy, réussissent à rejoindre l’Angleterre pour se battre aux côtés des Forces françaises libres. « Cet afflux massif permet désormais de recruter deux bataillons supplémentaires de parachu-tistes qui deviennent les 2e et 3e bataillons d’infanterie de l’air (BIA), précise le lieutenant-colonel Pierre. Intégrés dans la brigade SAS des trou-pes aéroportées britanniques, les 2e et 3e BIA deviennent les 3rd et 4th SAS etle commandant Bourgoin, formé à Kabret, en Egypte, et grièvement blesséen Tunisie, prend le commandement du4th SAS. » Les officiers et sous-offi-ciers sont envoyés à Cupar pour suivreun stage d’instructeur SAS et les pro-motions de futurs brevetés parachu-tistes se succèdent à Ringway. « Dansles montagnes d’Ecosse, poursuit le lieutenant-colonel Pierre, la prépara-tion physique est intense. Une forma-tion spécif ique orientée vers le sabotage, les coups de main, les dépla-cements de nuit, la conduite de tout véhicule et le tir avec tous les types d’armes disponibles préparent les SASà agir derrière les lignes ennemies par groupes de dix hommes. Ces sticks,

autonomes et capables de s’adapter à toute nouvelle situation, sont à la basedu combat SAS prévu pour le débar-quement en Europe occupée. » Depuisla fin mai 1944, les parachutistes des Forces aériennes françaises libres (FAFL) savent en effet qu’une grandeoffensive alliée sur les côtes françaisesest imminente et que certains d’entre eux feront partie des tout premiers éléments engagés. Alors que le 3rd SAS poursuit son entraînement, ceux du 4th sont dirigés à Fairford, oùils reçoivent chaque jour d’impres-sionnantes quantités de matériel.

À 23 HEURES, LE 5 JUIN 1944, LES SAS FRANÇAIS DÉCOLLENT

D’ANGLETERREL’atmosphère est électrique. Le 1er juin, Bourgoin convoque ses offi-ciers. Le 3 juin, 36 SAS triés sur le volet assistent au briefing et écoutentles dernières instructions. Puis ils per-çoivent leurs parachutes et préparentleur « kit bag » de 50 kilos qui contientle matériel nécessaire à l’opération. A 21 heures, le 5 juin, en battle-dress etcombinaisons de saut, les quatre sticks des lieutenants Marienne, Botella, Deplante et Deschamps quit-tent le camp, où l’ensemble du régi-ment leur souhaite bonne chance. Surl’aérodrome, c’est l’effervescence. Partout autour des hangars et sur lespistes, des avions et des planeurs

fraîchement peints des trois bandes blanches de reconnaissance attendentles ordres de départ. Des camions fontla noria et acheminent les soldats desdeux divisions aéroportées britanni-ques. Dans la lumière électrique, les Français prennent place en silence dans les deux Short Stirling. Ceux quidoivent être parachutés sur le Morbi-han sont à l’avant et « ceux des Côtes-du-Nord » à l’arrière. Au cas où un desappareils serait abattu, les quatre sticks ont été répartis en deux groupesautonomes. A 23 heures, les avions quittent l’Angleterre. Dans la nuit du 5 au 6 juin, les SAS largués à Plumelec sontles premiers parachutés de l’opérationOverlord. Immédiatement repérés par des guetteurs allemands, les hom-mes du lieutenant Marienne engagentle combat et connaissent leur premièreperte. Le caporal Emile Bouétard est le premier tué du Débarquement. Le 6 juin 1944 à l’aube, l’opération Neptune, la phase d’assaut de l’opéra-tion Overlord, est lancée. En quelquesheures, 156 177 hommes (cinq divi-sions d’infanterie et trois divisions aéroportées), dont les 177 fusiliers marins du commandant Kieffer, posent le pied sur le sol de France. LeD-Day vient de commencer. ■ C. H.

* Les Français du Jour J, de Benjamin Massieu, Editions Pierre de Taillac, 413 p., 24,90 €.

Rapides, efficaces et mobiles, à l’origine des forces spéciales

d’aujourd’hui, les SAS frappent l’ennemi et lui

infligent de lourdes pertes

Le 14 juillet 1943,

les SAS francais

défilent à Londres.

La garde d’honneur

est constituée

de vétérans des

combats de Libye.

Un des premiers faits

d’armes de l’unité.

Parachutés auprès des maquis, avant, pendant et

après le débarquement allié en Normandie,

les SAS vont structurer l’action de la Résistance.

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56/ Le Figaro Magazine / 31 mai 2019

A94 ans, le dos bien droit,son béret noir, sur lequelbrille l’insigne des para-chutistes anglais, amputé« comme il se doit » de la

couronne royale et surmonté d’une têtede mort prise sur un soldat allemand, vissé sur la tête, Achille Muller est resté un SAS dans l’âme. Un de ces hommes faits pour combattre sans aucune haine un ennemi qu’il respecte. Né à Forbach en 1925, il s’engage dansles Forces françaises libres à Gibraltarle 4 mars 1943, à 18 ans, après avoirpris des risques insensés pour quitter la Moselle annexée à l’Allemagne nazie.C’est plus fort que lui. Le jeune Mosellanrefuse obstinément la défaite. Présenté en mai 1943 au général de Gaulle à Grosvenor House, à Londres, avec d’autres engagés qui viennent d’arriver,il rêve d’être pilote de chasse.Mais, lorsque le médecin qui l’examinelui annonce qu’il va devoir partir aux Etats-Unis pour suivre une formation de deux ans dans l’US Air Force, AchilleMuller opte immédiatement pour les parachutistes. « Une bande de voyous… »Breveté à Largo, en Ecosse, par des instructeurs polonais puis à Ringway par les Anglais, il est affecté à la section

du lieutenant Marienne et effectue un àun les différents stages commandos SAS. Orienté vers l’escadron de jeeps armées du 4th SAS, il ronge son frein enregardant partir ceux qui doivent sautersur la Bretagne dans la nuit du 5 au 6 juin 1944.

« IL FALLAIT PARFOIS COORDONNER L’ACTION DES FFI »

En juillet, avec ceux de sa spécialité, Achille Muller enchaîne les exercices delargage de jeeps par planeurs. « Nous sentions que nous allions enfin passer à l’action, raconte-t-il. Après tous ces moisd’entraînement, nous étions plus que prêts et, le 5 août au soir, notre peloton rejoint la Bretagne depuis un planeur Waco et, très vite, nos jeep atteignent Locoal-Mendon. » Muller et son groupecoupent les lignes de ravitaillement ennemies, font plusieurs prisonniers, coordonnent l’action des unités FFI et recueillent des renseignements tactiquesde première importance. Puis ils jouent lerôle d’éclaireurs de la 6e division blindéeaméricaine qui avance vers Quimper. « Nous faisions ce que nous avions à faire.Parfois c’était dur, mais nous étions des volontaires, explique-t-il. Mais, s’il y a une chose que je n’ai pas supportée, c’est

d’avoir vu des femmes tondues être humi-liées dans un village dont je préfère taire lenom. Nous avons rapidement mis fin à cette mascarade indigne. » Après la libération de Vannes, son esca-dron effectue ses dernières missions en Bretagne, puis il est dirigé vers Briare ausud de la Loire dans le cadre de l’opéra-tion Spencer, destinée à gêner le repli destroupes allemandes du sud-ouest vers lenord-est de la France après la fin de la bataille de Normandie et le débarque-ment de Provence. Après une période derepos, Achille Muller rentre en Angle-terre, puis il est envoyé en Hollande où les accrochages avec les Allemands sontd’une extrême violence. A la fin de l’opé-ration Amherst, il retrouve l’Angleterre.Après la signature de l’armistice, le 8 mai 1945, tout le régiment est rapatriéen France et, le 25 décembre 1945, promu au grade de sous-lieutenant, il choisit de rester dans l’armée comme officier de carrière et part pour l’Indo-chine dans la demi-brigade SAS sous lesordres du colonel Jacques Pâris de Bollardière. Puis vient le temps de l’Algérie et d’autres combats. Le colonelMuller a reçu les insignes de grand-croixdans l’ordre de la Légion d’honneur le 18 juillet 2016. ■ C. H.

Achille Muller

SAS UN JOUR, SAS TOUJOURS

Après la fin de la Seconde

Guerre mondiale, le colonel

Achille Muller a choisi de rester

dans l’armée française et

les troupes aéroportées.

ILS ÉTAIENT MOINS DE 1 000…Parachutiste emblématique du courage français, Achille Muller fait partie de la trentaine

de SAS français encore vivants, comme Edgard Tupët-Thomé, héros des combats de juin 1944, l’un des quatre derniers compagnons de la Libération.

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57/ Le Figaro Magazine / 31 mai 2019

E n c o u v e r t u re

Armand Bouilloux, né le26 janvier 1926, fait par-tie des SAS issus desrangs de la résistancerecrutés à la fin de la

guerre pour combler les lourdes pertessubies par les deux bataillons SAS français en Bretagne, au sud de la Loire et en Saône-et-Loire. Une nouvellegénération particulièrement marquée par le massacre de la population d’Oradour-sur-Glane par la division SS Das Reich le 10 juin 1944 et déterminée à frapper vite et fort un ennemi de plus en plus violent. Engagéau 4th SAS en septembre 1944, bre-veté à Ringway pendant le stage 143Bdu 22 novembre au 11 décembre 1944,il a d’abord connu la clandestinité en forêt d’Orléans avant d’être regroupé avec d’autres maquis.« Mon père, gazé en 14, n’a jamais accepté l’occupant nazi. Jamais !,

peloton du capitaine Betbèze, il décolle de Rivenhall, dans l’Essex. Parachuté assez loin de la zone prévueinitialement, le stick 24 se retrouve ausud du canal d’Orange à environ 1 kilomètre au nord-est de Garminge.Mais, près de Witteveen, le capitaine Betbèze parvient à établir un PC dansune zone boisée et à prendre le contactavec le stick du commandant Puech-Samson. Grâce aux renseignements, le groupe décide d’attaquer la feld-gendarmerie de Westerbork. L’état-major ennemi est écrasé, mais au prixde lourdes pertes. Les SAS pour-suivent ensuite leurs actions de harcè-lement et montent des embuscades avant d’être rejoint par les blindés de la 1re DB polonaise. Puis le capitaine Betbèze et ses hommes rallient Coevorden et effectuent ensuite des patrouilles de reconnaissance avec leur peloton de jeep.Le 19 avril 1945, après 14 jours de combat, Armand Bouilloux rentre en Angleterre au camp d’Orwell Park. Mais l’opération Amherst le laisse sursa faim. Renvoyé dans ses foyers le 1er novembre 1945, après la fin de la guerre, il se porte volontaire pour l’Extrême-Orient et sert en Indochine au 2e régiment de chasseurs parachu-tistes (2e RCP) jusqu’en 1950. Sergent-chef en 1953, il part pour l’Algérie dansl’aviation légère de l’armée de terre (Alat) jusqu’en 1962. Une vie sous les drapeaux. ■ C. H.

Armand Bouilloux

DE L’OMBRE DES MAQUIS AUX COMBATS À DÉCOUVERT

Armand

Bouilloux, FFI

passé aux SAS,

est de ceux qui

ont choisi très tôt

le combat contre

le nazisme, dans

la clandestinité

puis au grand

jour.

raconte Armand Bouilloux. Alors, rejoindre dès que possible la résistance était devenu pour moi une évidence. Après la fin des combats pour la libéra-tion d’Orléans et de Pithiviers, trois choix s’offraient à moi : rentrer à la maison, m’engager dans la 2e division blindée ou aller en Angleterre chez les paras. J’ai vite choisi ! »

VOLONTAIRE POUR LES « PARAS »A la fois rebelle et très discipliné, le jeune homme est assez impulsif et aime faire des plaisanteries. Certainesappréciées, d’autres moins, surtout quand il frappe son officier supérieurà coups d’oreiller en le prenant pour un autre ! Il reçoit son baptême du feuaéroporté avec les SAS engagés dans l’opération Amherst, destinée à permettre aux forces canadiennes de progresser en direction du nord de la Hollande. Rattaché au stick 24 et au

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58/ Le Figaro Magazine / 31 mai 2019

E n c o u v e r t u re

« Je m’adresse à vous, mon DieuCar vous donnezCe qu’on ne peut obtenir que de soi.Donnez-moi, mon Dieu, ce qui vous reste,Donnez-moi ce qu’on ne vous demande jamais.Je ne vous demande pas le reposNi la tranquillité. »

Ces mots, Michel Starckmannne les oubliera jamais.Accrochée sur le mur à l’en-trée de son appartement, LaPrière du para, ce texte ma-

gnifique écrit par l’aspirant SAS AndréZirnheld, le premier officier parachu-tiste français tué au combat au cours d’un raid sur la base aérienne alle-mande de Sidi-Haneish, en Egypte, le 27 juillet 1942, fait face à tous ceux quifranchissent sa porte. Une façon subtilequ’a choisie cet homme discret pour évoquer son passé de SAS. Car MichelStarckmann, né le 16 mai 1923 à Paris,n’aime pas beaucoup parler de lui. Ni par goût du secret ni par fausse modes-tie, mais parce qu’il est convaincu que d’autres méritent plus que lui d’être misen lumière. « Je n’ai fait que mon devoiret rien d’autre que mon devoir, assure-t-il.A l’époque, servir au sein des SAS était ceque j’avais trouvé de mieux pour contri-buer à mener le combat pour la libérationdu territoire national. Avec mes camara-des, nous nous sommes battus, nous sommes soutenus les uns les autres et nousavons formé une grande famille. Et c’est àl’ensemble des SAS et à tous ceux qui ontversé leur sang pour défendre la liberté qu’il faut rendre un hommage. Moi, je nefus qu’un homme parmi d’autres. »

PUIS VIENNENT LES DURS COMBATSEN HOLLANDE

Engagé dans la France libre au Marocen juin 1943, après un parcours à travers la France occupée et une première tentative infructueuse en 1940, il rejoint le 3rd SAS et fait partiede ceux qui sont parachutés en août 1944 pour couper la route aux

renforts allemands qui remontent vers le nord et l’ouest de la France.De retour à Londres, il est à nouveau envoyé en opération dans le Jura, puisà Epernay, pour effectuer des missionscomplexes de renseignement et d’infil-tration. Puis vient la Hollande avec l’opération Amherst, où sont engagés les 700 hommes du SAS français des 3e

et 4e bataillons de la brigade SAS. « Cela a été assez difficile, reconnaît Michel Starckmann. Dès le premier briefing, nous savions que notre destina-tion serait la Hollande et que la provincede Drenthe, proche de l’Allemagne, étaitune zone risquée. Normalement, l’opé-ration ne devait durer environ que trois ou quatre jours jusqu’à ce que les blindéscanadiens puissent se dégager. Mais lespilotes nous ont largués trop haut et troploin de nos objectifs. Des sticks sont tombés directement sur les troupes alle-mandes avant de pouvoir se libérer de leur matériel et de leurs parachutes. D’autres se sont noyés dans les canaux.Nous étions habitués à être largués trèsbas, environ 200 mètres de nuit, pour évi-ter d’être dispersés. Mais pas ici… De plus, nous n’avions pas beaucoup de munitions. Mais nous avons quand même fait le job. J’ai perdu là-bas des camarades de grande valeur. Puis nous avons fait la jonction avec les Canadiensun peu plus tard que prévu. Ce fut ma dernière mission. »Démobilisé en septembre 1945, MichelStarckmann choisit de quitter l’armée pour la fonction publique et l’adminis-tration coloniale en Afrique, où il restede longues années. Une autre vie, un autre monde. ■ C. H.

Michel Starckmann

HOMME D’HONNEUR... ET DE DEVOIR

Taiseux, homme de l’ombre,

Michel Starckmann, ancien

caporal radio du 3rd SAS,

s’est battu en France en

août 1944 et

en Hollande en 1945.

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59/ Le Figaro Magazine / 31 mai 2019

Malgré les années, RémiDreyfus se souvientencore mot pour motdu quatrain choisi parle général Bernard

Montgomery pour conclure l’ordre dujour qu’il a fait distribuer à la veille du débarquement en Normandie à tous les soldats du 21e groupe d’arméesbritannique :« Il a trop peur de son destin, Ou bien ses intentions sont vaines, Celui qui n’est pas prêtA tout gagner ou tout perdre. »Avec ses décorations militaires, son bre-vet de parachutiste n° 2321, ses insignesde la France libre et sa carte d’identité d’officier, ce texte précieusement enca-dré est tout ce qu’il a conservé comme souvenirs matériels. Mais il n’a rien oublié de son passé de SAS. « Quand jerelis ce poème aujourd’hui, je ressens

exactement la même chose que le jour oùje suis parti au combat, explique-t-il. Je retrouve le même sentiment d’avoir fait lebon choix, celui de défendre la civilisa-tion. Qu’un général ait pu conclure un banal ordre du jour par un tel texte, écritau XVIIe siècle par James Graham, m’a bouleversé. J’avais la conviction que nous nous préparions à accomplir un acte juste. »Ancien élève d’HEC, né en 1919, il est mobilisé en 1940 dans l’armée fran-çaise, puis intégré à l’armée d’armistice,d’où il est chassé après l’application despremières lois antijuives de Vichy. Passéclandestinement en Angleterre en mai 1942, via l’Espagne et le Portugal, il

Rémi Dreyfus

CADET DE LA FRANCE LIBRE,ASPIRANT À LA GRANDEUR, OFFICIER SAS

prend le pseudonyme de Daniel Plowright et s’engage comme son frèredans les FFL. Sélectionné pour entrer comme élève officier à l’école des cadets de la France libre, il se porte volontaire pour les parachutistes, avec la volonté de se battre pour la libérationde la France.

DE L’ÉCOSSE AU CALVADOSLe 4 juin 1944, l’aspirant SAS Rémi Dreyfus est encore à l’entraînement en Ecosse quand il est désigné pour servir d’interprète auprès du général Gale, dont les groupes d’assaut doivent être largués le lendemain sur la Normandie.Formé pour faire partie des officiers dela Mission militaire de liaison adminis-trative créée par le général de Gaulle pour encadrer l’autorité de la France libre dans les régions libérées, il n’a été incorporé à aucun stick de la brigade SAS et se retrouve rattaché à la 6e divi-sion aéroportée britannique. Et, lorsque son planeur se pose sans encombre au nord-est de Ranville (Calvados) dans l’après-midi du 6 juin,il fait partie de la quatrième vague alliée.Dans la nuit du 5 au 6 juin, les Anglaisont pris les ponts sur l’Orne et réussi à neutraliser la batterie de Merville qui menaçait le flanc est de la zone du Débarquement. A la disposition du commandement, il se rend rapidement compte qu’il ne sert pas à grand-chose et se porte immédiatement volontaire pour faire ce pour quoi il a été véritable-ment formé : infiltrer l’ennemi, recueillirdes informations, frapper fort au besoinet disparaître… « Dans la nuit du 6 au 7 juin, puis durant les autres nuits, j’ai effectué des patrouilles derrière les lignesennemies, raconte Remi Dreyfus. Puis, avec un autre SAS, le sergent Paul Jarrige, arrivé à bord d’un autre planeur,nous avons multiplié les missions de repé-rage avant de regagner l’Angleterre à la mi-juillet, une fois le front stabilisé. » Aurepos quelques jours, ils seront ensuite parachutés à la mi-août entre Chalon-sur-Saône et Mâcon. Pour eux, la guerre est loin d’être terminée. ■ C. H.

Cadet de la France libre, Rémi

Dreyfus fut de ces quelques SAS

qui furent parachutés le 6 juin

1944 en Normandie.

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60/ Le Figaro Magazine / 31 mai 2019

E n c o u v e r t u re

Mobi l i s é en novem-bre 1939, Phil ippeAkar s’engage aprèsl’armistice à Corma-tin (Saône-et-Loire)

dans un chantier de la jeunesse, uneorganisation du gouvernement deVichy qui devient peu à peu l’une despépinières de la résistance.Marqué par la débâcle et l’effondre-ment sans précédent de l’arméefrançaise, il ne pense qu’à reprendreles armes. Nommé chef de groupejusqu’en 1941, cet ancien de l’écoledes Mines, né le 14 janvier 1919 àParis, choisit définitivement laFrance libre en novembre 1942.

Arrêté en Espagne le 29 novembre1942, après avoir franchi à pied lesPyrénées, il est conduit à la prison dePampelune, puis incarcéré au campde concentration de Miranda.Expulsé, il réussit à gagner Gibraltarle 17 avril 1943 et embarque unequinzaine de jours plus tard à borddu Santa Rosa. Le 4 juin, PhilippeAkar débarque à Greenock, enEcosse et s’engage dans les FFL àLondres le 16 juin. Volontaire pourservir dans les unités parachutistes,il est breveté à Ringway en août 1943et affecté au HQ squadron du3rd SAS commandé par le capitaineChateau-Jobert (alias Conan). Son

Philippe Akar

FRANÇAIS LIBRE ET SAS COMME SON FRÈRE,QUESTION DE FAMILLE

jeune frère Alain, né en 1924, rejointlui aussi les SAS.Nommé sous-lieutenant, sa forma-tion d’ingénieur des Mines lui per-met d’enseigner le sabotage et l’utili-sation des explosifs à l’ensemble del’unité. Parachuté en Saône-et-Loireen 1944, il participe notamment à lalibération de Montceau-les-Mineset de Montchanin. Le 10 août 1944,à Messey-sur-Grosne, il superviseavec les hommes de sa section lesabotage des voies de communica-tion empruntées par les Allemands.De retour en Ecosse pour entraînerles nouvelles recrues, il se bat ensuiteen Belgique puis en Hollande, dansle cadre de l’opération Amherst.Un souvenir amer puisqu’il estcapturé au combat par des élémentsde la première armée parachutisteallemande.

PARACHUTÉ TROP HAUT,TOUT SON STICK A ÉTÉ DISPERSÉ

« Notre stick a décollé de la base deShepherds Grove et la compagnie decommandement à laquelle j’apparte-nais avait reçu pour mission d’opérerd e p a rt e t d ’ a u t re d e l a ro u t ed’Hoogeveen et du canal d’Orange, sesouvient Philippe Akar. Les hom-mes ont bien été largués à l’endroitprévu près de Beilen, mais noussommes tombés entre un canal et laroute de Spier. Tout le stick a été dis-persé, un des nôtres s’est noyé et nousnous sommes trouvés dans l’incapa-cité de nous regrouper. » Tombé au nord du canal, PhilippeAkar ne peut franchir le pont pourrejoindre ses hommes et, après unelongue nuit passée dans l’eau glacée,il est finalement fait prisonnier.Pour lui, la dernière opération aéro-portée de la guerre en Europe setermine en Allemagne, où il assiste àl’écroulement du régime nazi. Untémoignage terrible qu’il a publié dans son livre Parachutiste au 3e SAS.Ma guerre 1939-1945 (Atlanteéditions, 2007). ■ C. H.

Retiré en Saône-et-Loire,

là où il a été parachuté en

1944, Philippe Akar

a été l’un des meilleurs

spécialistes en explosifs et

en sabotage du 3rd SAS.

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Pour les deux régiments SAS français, la guerre nes’arrête pas aux premières heures du Débarque-ment. Loin de là. Jusqu’à la fin du mois de sep-tembre 1944, ils continuent à mener de très durscombats en Bretagne et au sud de la Loire. Le

5 août 1944, l’escadron de jeeps, aérotransporté par pla-neurs, participe notamment à la libération de Vannes. Maisle bilan est lourd : sur 450 parachutistes, 70 sont tués et 187 blessés. Pour soutenir l’avance des Alliés vers Paris et empêcher les troupes allemandes de remonter vers le nord,les commandos franchissent ensuite la Loire où, appuyés par les FFI, ils harcèlent l’ennemi dans le Limousin, les monts du Lyonnais et en Saône-et-Loire. Puis les coups demain se poursuivent et quelques-uns prennent part à la libération de Paris, où les régiments sont réorganisés.

LE 1ER RPIMA EST LE DÉPOSITAIRE DES TRADITIONSDES SAS DE LA FRANCE LIBRE

Pendant l’hiver 1944, certains se battent dans les Ardennesbelges dans le cadre de l’opération Franklin. Début avril 1945, le 3rd SAS et le 4th SAS sont parachutés auxPays-Bas, lors de l’opération Amherst, pour ouvrir la voieà une division blindée canadienne et secourir les civils hol-landais. « La guerre terminée, les SAS sont rendus à l’arméefrançaise lors d’une cérémonie à Tarbes le 2 octobre 1945 »,raconte le commandant Matthias, un officier supérieur du1er régiment de parachutistes d’infanterie de marine (1er RPIMa), héritier direct des SAS de la France libre etfer de lance des forces spéciales de l’armée de terre, avec le13e régiment de dragons parachutistes (13e RDP) et le 4e régiment d’hélicoptères des forces spéciales (4e RHFS).« Au lendemain de la guerre en Europe, certains partent sebattre en Indochine, où une demi-brigade SAS est créée puisdissoute, d’autres rejoignent leurs foyers. La suite est une autre histoire. Mais, du débarquement en Normandie jus-qu’aux opérations menées aujourd’hui avec les différentes autres unités qui composent les forces spéciales françaises,en Afghanistan comme ces jours derniers au Burkina Faso

avec le commando Hubert de la Marine nationale, l’espritde combat des SAS de la France libre ne s’est jamais éteint.Leur devise, « Qui ose gagne », reste plus que jamais la nôtre. Leurs modes d’action rapide, leur goût de l’excellenceet leur volonté d’acquérir sans cesse de nouvelles formes decombat demeurent une source permanente d’inspiration. »Dans cet esprit, le lien avec les vétérans est sans cesse mis enavant. A l’image de René Mendiondo, un ancien du 3rd SASrécemment disparu, qui avait sauté en Bretagne et en Hol-lande, choisi pour être le parrain de la dernière promotion des jeunes engagés du 1er RPIMa. Gardienne de leur mé-moire, l’Association des familles des parachutistes SAS (Afpsas) fait aussi tout ce qu’elle peut pour transmettre leurépopée. « Parmi les quelque 900 SAS de la France libre breve-tés en Angleterre, subsistent aujourd’hui une trentaine de survi-vants dont un des derniers compagnons de la Libération, Edgard Tupët-Thomé, un grand-croix de la Légion d’honneur,Achille Muller, et un des derniers cadets de la France libre, Rémy Dreyfus, précise Jean-Pierre Brulon, un des vice-prési-dents de l’association et descendant de SAS. Des hommes hors du commun dont la vie pourrait être un exemple pour tousceux qui se posent un jour la question de l’engagement et du don de soi. » ■ Cyril Hofstein

1er RPIMa

HÉRITIER DE LA DEVISE “QUI OSE GAGNE”

Pour les commandos

du 1er RPIMa, Armand Bouilloux

et les autres vétérans incarnent

pour toujours « l’esprit SAS ».

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62/ Le Figaro Magazine / 31 mai 2019

E n c o u v e r t u re

“LE FIGARO HORS-SÉRIE” PRÉSENTE : LE JOUR LE PLUS LONGSoixante-quinze ans après le débarquement allié en Normandie,

la plus grande opération militaire du XXe siècle, Le Figaro Hors-série revient sur cette épopée de courage et de sang dans un numéro spécial exceptionnel.

« Le Jour le plus long », Le Figaro Hors-série, 164 p., 8,90 €. Disponible chez tous les marchands de journaux et sur www.figarostore.fr

Entreprise logistique d’unecomplexité inouïe, le débar-quement allié en Norman-die permit l’irruption surnotre sol de 256 000 soldats

alliés dès le jour J. Qui étaient ces combattants ? Habitué des enquêtes à échelle humaine, l’historien et journa-liste anglais Giles Milton restitue leur bravoure comme leurs épreuves. Son D-Day : les soldats du Débarquement (1)sent la poudre et la sueur, la fatigue toutautant. Les témoignages y nourrissent un récit de la même qualité que le clas-sique de Cornelius Ryan, Le Jour le pluslong (2). Parachutistes, combattants ausol, marins, aviateurs, résistants fran-çais, Milton n’oublie personne : les vain-cus allemands aussi ont eu leur part demalheur et de courage.Du courage, nos 177 compatriotes du commando Kieffer n’en manquaient certes pas. Seule unité française cons-tituée à participer directement à l’assautdes plages normandes, elle s’y couvrit de gloire. Chercheur associé à l’univer-sité de Caen, Stéphane Simonnet

LES PAGES DU DÉBARQUEMENTconsacre deux livres à ces héros. Nous, les hommes du commando Kieffer (3) rassemble les témoignages inédits de 21 d’entre eux, somme toujours pas-sionnante et souvent étonnante de tra-jectoires individuelles. Edition nouvelleet complétée, Les 177 Français du jour J(4) montrent leurs visages au travers dedizaines de photos. Des visages que le lecteur associera spontanément à ceux de leurs dignes héritiers d’aujourd’hui, Alain Bertoncello et Cédric de Pierre-pont, tués au Burkina Faso dans la nuitdu 9 au 10 mai derniers sous le béret vertdes commandos de marine en allant libérer nos compatriotes otages.Pour commander des soldats, il faut bien entendu des chefs. Déjà auteur d’une biographie de Montgomery, Daniel Feldmann s’attaque dans Ils ontconduit les Alliés à la victoire (5) au deuxième niveau du commandement, celui des généraux de corps d’armée voire d’armée. Des cinq portraits qu’il brosse, tous très fouillés et pleins d’ensei-gnements, l’un émerge particulière-ment : celui de l’Américain Alexander

Patch, qui combattit les Japonais avant d’affronter les Allemands. Au-delà de qualités opérationnelles et d’une clair-voyance remarquables, cet officier pos-sédait le sens de la diplomatie. Suffisam-ment pour coordonner les efforts de « stars » aussi égocentriques que notre de Lattre national ou le célèbre Patton (deux chefs dont son livre détaille d’ailleurs les points forts autant que les faiblesses). Avec Un reporter au cœur dela Libération (6), le journaliste à FranceTélévisions, Jean-Baptiste Pattier voit cette période cruciale sous le prisme deslettres personnelles et des émissions radio d’un correspondant de guerre canadien francophone, Marcel Ouimet,qu’il accompagne des plages norman-des jusqu’à Berlin, et même jusqu’au procès Pétain dans une France enfin face à elle-même. ■ Rémi Kauffer

(1) Noir sur Blanc, 560 p., 25 €. (2) Réédité en version illustrée, Ouest-France, 314 p., 28 €. (3) Tallandier, 320 p., 20,90 €. (4) Tallandier/Ministère de la Défense, 128 pages de photos, 19,90 €. (5) Perrin, 350 p., 24 €. (6) Armand Colin, 342 p., 22,90 €.

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LE DÉBARQUEMENT

Promesse d’une libération tant attendue, ledébarquement allié de Normandie est restédans les mémoires comme la plus formidableopération militaire du XXe siècle. À soixante-quinze ans de distance, Le Figaro Hors-Série

revient sur cette épopée de courage et de sangdans un numéro spécial. Au fil de ses 116 pages,il fait défiler les images du jour le plus long, lerécit heure par heure du Débarquement, lessecrets de l’opération – fruit d’un compromispolitique entre les Alliés – et l’entreprised’intoxication orchestrée avec succès auprèsde l’ennemi. Une cartographie détaillée descombats, une évocation poignante du martyreenduré par la Normandie et un dictionnairedes hommes du jour J, de Montgomery àEisenhower et de Rommel à Robert Capa,complètent ce numéro exceptionnel.

Ce numéro est une réédition revue et augmentée

du Figaro Hors-Série paru en mai 2004.

Actuellement disponiblechez votre marchand de journaux et sur www.figarostore.fr/hors-serie8,90

NUMÉRO

ANNIVERSAIRE

116 pages