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L’éco n°72 / du 16 au 31 août 2013 Dossier DOSSIER 25 Bimensuel de l’économie et de la finance Des magouilles De pro I l brasse des milliards en dépit d’une gestion financière calamiteuse, se caractérise par une remarquable aptitude à maquiller la fraude fiscale et par une habileté pratique pour décrocher sa part de la dépense publique tout en ne rendant de comptes à personne. Il ne s’agit plus, cette fois-ci, du commerce extérieur et de ces importateurs fraudeurs qui s’appuient sur des sociétés écrans pour passer au travers de tout contrôle, mais du football professionnel et de ces clubs aux standards de management et de gestion financière et comptable désastreuse. Des clubs ont adopté en toute hâte, en 2010, le professionnal- isme comme mode de gestion sans pour autant mettre un terme ni à l’amateurisme ni aux réflexes consubstantiels à l’économie de rente. Ils continuent, en dépit de leur statut de société par actions relevant du droit privé, à fonctionner selon l’ancienne horloge comme s’ils n’ont aucune intention de rompre le cordon ombilical qui les relie à l’Etat protecteur. Ils n’hésitent pas à faire entendre leurs lamentations inhérentes à la faiblesse de leurs ressources financières en dépit d’une contribution publique annuelle de 25 millions de dinars, entre autres, et à proposer en même temps des salaires démesurés dépassant la barre de 2 millions de dinars à des joueurs aux performances dérisoires. Ils fonctionnent, du coup, grâce à l’endettement dont le montant actuel donne le tournis sachant qu’en 2011, huit clubs de Ligue 1 ont accumulé, à eux seuls, une ardoise de 1,380 milliard de dinars. Une débâcle qui ne semble pas ébranler de manière sérieuse la FAF, le MJS et la LFP qui passent leur temps à relooker un projet voué, de par son mode de fonctionnement actuel, à l’échec. L’Eco a pénétré les dessous du football professionnel encore plus profonds et plus hermétiques que l’on croyait et met en lumière une partie de la face cachée de ce monde dans lequel se sont engouf- frés des magouilleurs de pro n L’Eco Gestion financière des clubs de football

De ag i e De - leconews.com · avec un capital minimum d’un million de dinars), pour une durée de 15 ans avec un intérêt symbolique de 1% avec bonification ... du Trésor public

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25Bimensuel de l’économie et de la finance

Des magouilles De pro

Il brasse des milliards en dépit d’une gestion financière

calamiteuse, se caractérise par une remarquable aptitude à

maquiller la fraude fiscale et par une habileté pratique pour

décrocher sa part de la dépense publique tout en ne rendant

de comptes à personne. Il ne s’agit plus, cette fois-ci, du commerce

extérieur et de ces importateurs fraudeurs qui s’appuient sur des

sociétés écrans pour passer au travers de tout contrôle, mais du

football professionnel et de ces clubs aux standards de management

et de gestion financière et comptable désastreuse.

Des clubs ont adopté en toute hâte, en 2010, le professionnal-

isme comme mode de gestion sans pour autant mettre un terme ni

à l’amateurisme ni aux réflexes consubstantiels à l’économie de

rente. Ils continuent, en dépit de leur statut de société par actions

relevant du droit privé, à fonctionner selon l’ancienne horloge

comme s’ils n’ont aucune intention de rompre le cordon ombilical

qui les relie à l’Etat protecteur. Ils n’hésitent pas à faire entendre

leurs lamentations inhérentes à la faiblesse de leurs ressources

financières en dépit d’une contribution publique annuelle de

25 millions de dinars, entre autres, et à proposer en même temps

des salaires démesurés dépassant la barre de 2 millions de dinars

à des joueurs aux performances dérisoires. Ils fonctionnent, du

coup, grâce à l’endettement dont le montant actuel donne le tournis

sachant qu’en 2011, huit clubs de Ligue 1 ont accumulé, à eux

seuls, une ardoise de 1,380 milliard de dinars. Une débâcle qui ne

semble pas ébranler de manière sérieuse la FAF, le MJS et la

LFP qui passent leur temps à relooker un projet voué, de par son

mode de fonctionnement actuel, à l’échec.

L’Eco a pénétré les dessous du football professionnel encore

plus profonds et plus hermétiques que l’on croyait et met en lumière

une partie de la face cachée de ce monde dans lequel se sont engouf-

frés des magouilleurs de pro n

L’Eco

Gestion financière des clubs de football

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Mesures d’accompagnement prises en 2010

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Une main généreUse Au lendemain de la qualification de l’équipe nationale au Mondial en

Afrique du Sud, l’Etat s’est engagé dans la mise en œuvre duprofessionnalisme dans le football. Une décision à travers laquelle les clubs de

football ont bénéficié de plusieurs mesures d’accompagnement, allant desabattements fiscaux à la prise en charge du financement de la réalisation

d’infrastructures sportives.

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prêt de 100  millions de dinars à chaqueclub constitué en société (SPA avec uncapital minimum de 100 000 DA, ou SPAavec un capital minimum d’un million dedinars), pour une durée de 15 ans avec unintérêt symbolique de 1% avec bonificationpublique et une période de grâce de dixannées pour le début du remboursement. Acet effet, le Trésor public a été autorisé àprendre en charge les intérêts pendant lapériode de grâce et la bonification des prêtsaccordés par les banques publiques auxclubs professionnels créés en sociétés. Letaux d’intérêt mis à la charge de ces socié-tés est de l’ordre de 1%, alors que la pério-de de grâce est déterminée par instructiondu Trésor public allant de trois à cinqannées, selon l’exigibilité des crédits et letaux d’intérêt fixé.

Deux hectares à 1 DA le mètre carré

Les clubs professionnels bénéficierontde la concession d'un terrain pour l'édifica-tion de leurs centres d’entraînement et deformation (terrains, vestiaires et commodi-tés), par l’octroi d’un terrain de 2 hectaresen concession par gré à gré et au prix sym-bolique d’un dinar le mètre carré, ainsiqu’une aide financière à hauteur de 80% ducoût de cette réalisation.

Il a été également décidé la créationd’un compte d’affectation spécial intitulé«Fonds de soutien public aux clubs profes-sionnels de football», au titre de la loi definances complémentaire 2010. Un fondsdont les recettes proviennent d’un prélève-ment de 1% sur les revenus des stadesréservés aux rencontres de l’équipe natio-nale et des clubs professionnels de foot-ball, d’une retenue de 2% faite sur les reve-nus de sponsoring de la fédération algé-

rienne, de l’équipe nationale et des clubsprofessionnels de football, d’une dotationdu budget de l’Etat qui n’est pas encorerendu public ainsi que les différents dons etlegs.

25 millions de dinars par club et par an

Ce Fonds de soutien public aux clubsprofessionnels de football, placé sous laresponsabilité du ministre de la Jeunesse etdes Sports, a pour mission de contribuer aufinancement du fonds de roulement du clubprofessionnel de football pour un montantde 25 millions de dinars annuellement àtitre exceptionnel et pour une période dequatre années (jusqu’à 2015). Toutefois, ila été indiqué aux clubs de consacrer 50%de ce financement à l’encadrement, la for-mation, la création d’écoles et de centresde formation, à la publicité ainsi qu’au per-fectionnement des connaissances des enca-dreurs de clubs sportifs.

Le Fonds de soutien public aux clubsprofessionnels de football a égalementpour objectif de la couverture des dépensesliées à la prise en charge de 50% des fraisde déplacement du club professionnel pourles matchs disputés à l’intérieur du pays età l’étranger. Il s’agit aussi de la couverturedes dépenses liées à l’acquisition d’auto-bus, à la rémunération d’un entraîneur pourchaque équipe de jeunes du club profes-sionnel mis à disposition et à la prise encharge totale des frais d’hébergement desjoueurs des jeunes catégories à l’occasiondes déplacements au titre des compétitionslocales.

Des exemptions fiscales jusqu’en 2015

Le concours des pouvoirs publics pourla réussite de la transition vers le profes-sionnalisme s’est également traduit par desexonérations fiscales au profit des clubs.Ainsi, à la faveur de l’ordonnance n°10-01du 26 août 2010, les produits et les plus-values de cession des actions et partssociales des clubs professionnels de foot-ball constitués en sociétés sont exemptésde l’impôt sur le revenu global (IRG) ou del’impôt sur le bénéfice des sociétés (IBS),ainsi que des droits d’enregistrement jus-qu’au 31 décembre 2015. En outre, lesclubs professionnels de football constituésen sociétés bénéficient d’une exemptiondes droits et taxes jusqu’au 31 décembre2013 sur l’acquisition d’équipements etmatériels sportifs. Toutefois, le bénéfice del’exemption des droits et taxes à l’importa-tion ne peut être consenti que lorsqu’il estdûment établi l’absence d’une productionlocale similaire n

H. M.

Par Hamid Mohandi

Il a été décidé de l'octroi d'un

prêt de 100 millions de dinars à

chaque club constitué en SPA.

Lors de la réunion du Conseil inter-ministériel du 21 avril 2009, l’Etata décidé d’apporter son soutien aux

clubs de football constitués en sociétés àtravers une série de contributions finan-cières et fiscales et poser ainsi les jalons duprofessionnalisme dans le football enAlgérie. Cet intérêt porté par les pouvoirspublics à la promotion du football devait setraduire par la mise en place des conditionstechniques et d’un environnement adminis-tratif et juridique approprié à la préparationdes clubs à ce passage vers la profession-nalisation. Cet accompagnement publicdevrait s’étaler jusqu’au 31 décembre2015.

Un crédit de 100 millions de dinars à 1% d’intérêt

Ainsi, il a été décidé de l'octroi d'un

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Parmi les dispositions contenues dans le cahier des charges du football professionnel

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Les finances des cLubs sous haute surveiLLance

Il est impératif pour le club d'avoir desressources financières suffisantes etcompatibles avec les exigences de lacompétition et en rapport avec ses activités, derégler toutes opérations financières par chèque

ou virement et de s'interdire, de surcroît, lamanipulation d'espèces sauf pour des régiesnécessaires aux menues dépenses,conformément aux dispositions législatives etréglementaires en vigueur.

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Les clubs professionnels de footballsont soumis à un cahier des chargesdont ils devront inéluctablement

s’accommoder sous peine d'être privés departicipation au championnat profession-nel. Ce document, encore sous embargo et

que nous avons pu consulter, impose unemyriade d’obligations financières et comp-tables devant permettre au club de passerd’une association vers une société commer-ciale soumise à toute la réglementation envigueur y afférente.

Ce fameux cahier des charges, quimarque le lancement de la transition vers laprofessionnalisation du football en Algérie,

renferme des conditions financières et desobligations d'ordres technique, organisa-tionnel, sécuritaire et administratif ; il doitêtre souscrit par tout club amateur désirantse hisser en professionnel. La transparencedans la gestion financière et comptable desclubs sportifs professionnels s’est taillé lapart du lion dans ce document, comme lesoulignent clairement les articles 14, 15,

Par Hamid Mohandi

Le club est tenu de procéder à lacomptabilisation régulière de toutes opérations

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16, 17 et 18. Ainsi, il est impératif pour leclub d'avoir des ressources financières suf-fisantes et compatibles avec les exigencesde la compétition et en rapport avec sesactivités, de régler toutes opérations finan-cières par chèque ou virement et de s'inter-dire, de surcroît, la manipulation d'espècessauf pour des régies nécessaires auxmenues dépenses conformément aux dispo-sitions législatives et réglementaires pré-vues en la matière. Il est également tenu deprocéder à la comptabilisation régulière detoutes les opérations et de se soumettre auxcontrôles sur pièce et sur place des organeset autorités de contrôle et de leurs représen-tants habilités à cet effet, en permettantnotamment à ces derniers d'avoir accès auxInformations comptables et financièresnécessaires à l'accomplissement de leurmission.

Pour des besoins de vérification de labonne gouvernance financière et comp-table, le club sportif professionnel s'engageà transmettre aux différentes instancesentrant dans la gestion du football profes-sionnel national une copie du bordereau dessalaires versés mensuellement, la déclara-tion des salaires et autres rémunérations

effectués auprès de l'administration fiscaleet des organismes de sécurité sociale, lasituation comptable approuvée par les ins-tances dirigeantes, le plan détaillé de finan-cement pluriannuel ainsi que le budgetannuel, les comptes et bilans dûment certi-fiés par un commissaire aux comptes agrée,les compte d'exploitation ainsi que tousdocuments comptables prévus par le codede commerce. Le club doit égalementtransmettre à ces ins-tances l'état des res-sources perçuesau titre du spon-soring, de lapublicité, dumécénat, desdons et legs,les livres d'in-ventaire etregistres légauxexigés par lecode de commer-ce. Il s'engage àétablir une feuillede recettes à l'occa-sion de chaque rencontre et surlaquelle il doit mentionner toutes les placesvendues et les recettes brutes.

Au volet inhérent à la protection desdroits du joueur, le club est dans l’obliga-tion de déclarer ses joueurs auprès de l’ad-ministration fiscale et des organismes d'as-surances sociales et de retraite et trans-mettre les déclarations des salaires à laFédération sportive nationale et à la Liguenationale sportive professionnelle. Le clubs'engage également à respecter les lois etrèglements en vigueur, notamment ceuxayant trait au droit du travail, à la sécuritésociale et aux sociétés commerciales. Toutetransaction doit être conforme à la législa-tion et à la réglementation en vigueur,comme le précise l’article 29 du cahier descharges.

Tout doit être passé au peigne fin par la CCCP

Pour ce qui est de la formation, lecahier des charges auquel sont soumis lesclubs professionnels de football yconsacre pas moins de quatre articles. Ils’agit, entre autres, de celui ayant trait àl’obligation faite aux clubs de disposerd'un centre de formation selon les condi-tions et modalités prévues par le décretexécutif n°09-97 du 22 février 2009fixant les conditions de création, l'organi-sation, le fonctionnement, l'agrément et lecontrôle des centres de formation destalents sportifs. A défaut, il s'engage àcréer un centre dans un délai de trois ans

à compter de la date de la constitution duclub.

En vertu de la réglementation envigueur, tous les clubs professionnels desLigues 1 et 2, ainsi que tout club accédantde la Ligue nationale de football amateur(LNFA) à la Ligue de football profession-nel (LFP) sont soumis à la juridiction dela Direction de contrôle et de gestionfinancière (DCGF) dont la principale

mission est d’assurer le contrôle juri-dique et finan-cier des clubsprofessionnels

et de s’assu-rer qu’ils ses o u m e t t e n taux condi-tions édictées

par les règle-ments générauxde la Fédérationalgérienne de

football (FAF) etaux obligations ducahier des charges

relatif à la professionnalisation de la pra-tique du football. Ce contrôle juridique etfinancier est assuré par un comité portantle nom de Commission de contrôle desclubs professionnels (CCCP) qui a pourmission d’assurer, entre autres, le contrô-le et la vérification des informationsfinancières produites par les clubs, des’assurer du respect des dispositionslégislatives et réglementaires relativesaux procédures de contrôle et à la produc-tion des documents y afférant, de contrô-ler la situation financière des clubs surpièce et/ou sur place en procédant à desenquêtes et vérifications diligentées par laFAF et de veiller au respect par les clubsdes clauses du cahier des charges. LaCCCP est habilitée à se prononcer sur larégularité et la sincérité des comptes arrê-tés par les clubs, sur leurs capacités finan-cières engagées dans le championnat pro-fessionnel. Cette instance est en chargeégalement de la collecte auprès des clubsde tous renseignements utiles aux procé-dures de contrôle, concernant les entitésse rattachant juridiquement ou économi-quement à eux.

Enfin, la CCCP est tenue de veiller aurespect par les clubs des clauses du cahierdes charges, de planifier les contrôles àeffectuer par son organe exécutif et depréparer tous documents et grilles de tra-vail pouvant faciliter le contrôle, l’analy-se et la compréhension du contenu descomptes des clubs n

H. M.

Le club s'engage à établir unefeuille de recettes à l'occasion dechaque rencontre, sur laquelle ildoit mentionner toutes les places

vendues et les recettes brutes.

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Les dessous du football professionnel

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Depuis que les clubs de football se sontconstitués en sociétés commerciales,on ne parle plus d’un simple sport,

mais d’une activité économique qui offre duspectacle. D’ailleurs, jamais autant d’argentn’a déferlé sur une pratique sportive enAlgérie que lorsque les pouvoirs publics ontdécidé de mettre le cap sur la professionnali-sation du football. L’Etat s’est engagé à assis-ter les clubs durant la phase transitoire en leurapportant un soutien financier jamais égalé.Une décision qui a aiguisé la cupidité des diri-geants de club qui se sont subitement conver-tis en hommes d’affaires pour accaparer l’ac-tionnariat majoritaire et orchestrer la transi-tion. En l’absence de systèmes de contrôlesusceptibles d’imposer la transparence dansla gestion financière et comptable des clubs,des irrégularités ont été commises et les ins-tances nationales qui gèrent les affaires du bal-lon rond continuent de rester de marbre ouplutôt réagissent avec une certaine souplesse.De la passivité qui pourrait s’expliquer par leretard qu’accusent les pouvoirs publics àhonorer leurs engagements en faveur de laprofessionnalisation du football. Mais il nefaut pas se voiler la face, le laisser-aller frôlel’exagération du moment où toutes les voiesse sont ouvertes sur les dérives financières etfiscales possibles. La déclaration tonitruantede Mustapha Dahleb, ancienne icône du foot-ball national, illustre parfaitement le mal quigangrène le jeu à onze en Algérie  : «On aoffert un projet de professionnalisme à desamateurs et cela ne pourra jamais tenir laroute.»

La situation, aujourd’hui, est confuse. Lesaffaires des clubs sont gérées de manière uni-latérale (généralement par l’actionnaire majo-ritaire) en l’absence d’un organigramme défi-ni comme dans une entreprise économique.Le manager général ou président du conseild’administration ou encore le P-DG assumentparfois plusieurs fonction en même temps  :directeur financier et comptable, responsabledu marketing et sélectionneur. Le cahier descharges régissant le football professionnel en

Algérie n’interdit pas cette pratique, comme leprécise l’article 36  : «L'organisation structu-relle peut être modulée selon la taille et lesressources du club sportif professionnel»,mais cela a donné lieu à une gestion financièreabracadabrante.

Des actionnaires en charognards Les dérapages sont encore mal mesurés et

il est difficile d'avoir des données précises carles organes de contrôle financier et comptabledes clubs professionnels de football n’ontjamais rendu publics leurs rapports. Pour ensavoir plus sur les manœuvres frauduleusesqui s’exercent en ce milieu, nous avons prisattache avec un cadre financier d’un club deLigue 1, qui a préféré garder l’anonymat. Cedernier nous a déclaré d’emblée : «Tout ce quej’ai appris en 30 années de travail en tant quecadre financier n’a pu me servir une fois quej’ai intégré le milieu footballistique. Rien neva. Les défaillances sont à tous les niveaux.Elles touchent tout ce qui a rapport avec lesressources financières du club. Tout se déroulede manière illégale et si on applique la régle-mentation en vigueur, certains responsables seretrouveraient, sans exagérer, en prison.» Lapremière anomalie, aux dires de ce directeurfinancier en poste, réside dans l’actionnariat.Le capital social des sociétés sportives paractions en Algérie est très minime car l’apportdes actionnaires n’est pas aussi importantqu’il devrait l’être. Selon lui, dans le clubdans lequel il travaille, durant les premièresannées du professionnalisme, l’apport de l’ac-tionnaire majoritaire était de l’ordre de800  000 dinars. Une somme qui ne couvremême pas les frais d’un déplacement en inter-ne de l’équipe. Le concours financier insigni-fiant des actionnaires, renchérit-il, pousseainsi les clubs à contracter des prêts. «Pisencore, certains actionnaires sont toujours enposte bien qu’ils n’aient donné aucun soudepuis trois ans d’activité. Ces personnes doi-vent être retirées de l’actionnariat, mais ilssont toujours-là. Ils attendent comme des cha-rognards l’arrivée des aides financières del’Etat ou les apports d’une entreprise de préfé-rence publique pour en tirer profit», a-t-ildéploré.

Par Maria BenyaminaDevenu un business

avec l’instauration du

professionnalisme en

Algérie, le football

brasse des milliards en

toute opacité sans pour

autant préoccuper les

instances censées

contrôler aussi bien les

recettes que les dépenses

des clubs sportifs. Un

cadre financier d’un

important club

témoigne de l’opacité

qui prime sur la gestion

financière et livre aux

lecteurs de L’Eco les

manœuvres frauduleuses

qui s’opèrent

impunément dans le

foot professionnel

algérien.

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ActionnAires véreux, trAnsferts illicites,magouilles et surfacturation

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Des transferts illicites de l’argent du CSAà la SSPA

Les clubs sportifs amateurs (CSA) reçoi-

vent des subventions de la direction de la jeu-

nesse, des sports et des loisirs (DJSL) pour les

besoins de la gestion des autres disciplines

sportives, à l’exception du football. Mais

concrètement, ces aides financières vont direc-

tement dans les comptes des SSPA à titre de

prêt. «C’est une infraction à la réglementation,

mais tout le monde continue à le faire tant

qu’il n’y a pas un véritable contrôle au niveau

de la LFP et la FAF», dit notre interlocuteur.

Les accointances suspectes entre clubet sponsor

Le sponsor joue un rôle substantiel dans le

financement d’un club de foot. En affichant sur

le maillot le nom de la marque ou sur les pan-

neaux publicitaires du stade, le club empoche

des millions. Mais les révélations de ce cadre

financier avec qui nous avons une longue

entrevue démontrent que tout ce qui est lié au

football en Algérie semble être entaché d’irré-

gularités. «Durant l’une des saisons précé-

dentes, un sponsor s’est engagé à financernotre club à hauteur de 4 millions de dinars, encontrepartie du flocage de son logo sur lesmaillots des joueurs. Mais dans les pourparlers,les deux hommes (le sponsor et le président duclub) se sont entendus pour mentionner ledouble sur la facture du partenariat afin detromper le fisc. Ce trou de 4 millions de dinarsn’a pas été comblé au moment de l’établisse-ment du bilan financier et cela a constituéd’ailleurs l’une des raisons pour laquelle nousne l’avons pas transmis aux instances concer-nées», a-t-il avoué.

Des bilans jamais transmisPoursuivant les révélations, notre interlocu-

teur nous a fait savoir que son club n’a renduaucun bilan financier à la LFP ou la FAFdepuis le lancement du professionnalisme. «Jepeux vous dire que cela est de même pour lamajorité des autres clubs car si les bilansétaient transmis, plusieurs dépassements etanomalies dans la gestion financière et comp-table seraient constatés, ce qu’évitent farouche-ment les dirigeants de clubs en s’ingéniant àcréer des subterfuges et des parades pour

esquiver le contrôles des instances», dit-il sans

ambages.

Des factures qui frisent le ridiculeLa gestion financière et comptable de cer-

tains clubs professionnels de football frise le

ridicule en l’absence d’instances susceptibles

d’avoir un droit de regard sur les recettes et les

dépenses et soumettre les clubs n’ayant pas une

situation financière correcte à de lourdes sanc-

tions. Cela est confirmé par une autre révéla-

tion de notre interlocuteur qui dit avoir consul-

té récemment une facture établie par la direc-

tion d’un club professionnel du centre du pays

et il a constaté que les joueurs ont consommé

des sandwichs de chawarma au prix de

900  DA l’unité, lors d’un déplacement de

l’équipe fanion à l’est du pays. «Non seule-

ment un joueur professionnel ne devrait pas

prendre un sandwich comme déjeuner, mais le

prix réel de ce genre de sandwich ne dépasse

pas, dans le pire des cas, les 300 DA», s’excla-

me ce gestionnaire financier avant de lancer

une dernière sentence : «C’est aberrant.» n

M. B.

ActionnAires véreux, trAnsferts illicites,magouilles et surfacturation

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Kheireddine Zetchi, président du Paradou Athletic Club

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«Nous alloNs vers uNe faillitetotale du football algérieN»

L’Eco : pensez-vous que lesnouvelles mesures introduites dansla loi sur le sport, adoptéerécemment par le Parlement,permettront un développement réeldu professionnalisme en Algérie ? Kheireddine Zetchi  : nous avons

pris connaissance des différentes dispo-sitions proposées par le ministère de laJeunesse et des Sports. Des mesures quiont été longuement débattues par lacommission parlementaire del’Assemblée. Mais il est certain que les

mesures de cette nouvelle loi ne permet-tront pas, à elles seules, au football pro-fessionnel de se développer, voire desortir de sa léthargie. Les premiers textesont mis en place un arsenal juridique etréglementaire qui a permis de lancer lesbases du professionnalisme. Mais laréussite du professionnalisme est soumi-se à d’autres paramètres indépendants dela législation.

Quels sont ces paramètres ? Il me semble que nous sommes allés

trop vite vers un professionnalisme pourlequel nous n’étions pas préparés et au

sujet duquel aucun débat n’a été engagé.Les fondements et les bases du profes-sionnalisme n’ont jamais été discutés parles spécialistes. Ce manque d’étude,cette mauvaise préparation, a provoqué,même si l’on ne veut pas l’avouer, unesituation dramatique.

La précédente loi, celle adoptée en2004, prévoyait une phase transitoirepour permettre justementl’émergence du professionnalisme…La loi 04-10, qui a permis de poser

les fondements du professionnalisme, abien été adoptée en 2004. Mais les textes

Réalisé par Sofiane Ahmed Bey

Kheireddine Zetchi est l’undes principaux acteurs dufootball en Algérie. Leprésident du ParadouAthletic Club dresse unconstat sans appel de lasituation du championnatnational professionnel.Pour lui, il est impératifde trouver des solutionsurgentes pour freinerl’endettement de latrentaine de sociétéssportives créées depuis2010. Sinon, le footballalgérien se dirige droit versune faillite totale.

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Kheireddine Zetchi

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d’application n’ont été pris qu’en 2006.Puis il a fallu attendre 2010 pour assisterau lancement officiel du championnat defootball professionnel. Je pense que nousaurions dû profiter pleinement de cettepériode de transition, notamment entre2006 et 2007. Il aurait été égalementimportant d’associer les professionnelsdu secteur, le Forum des présidents declubs, la Fédération algérienne de foot-ball ainsi que certaines institutions, dontles ministères des Finances, du Travail.Il n’y a pas eu de travail de réflexion.Nous n’avons pas mis en place un modè-le de professionnalisme qui réponde à laréalité socioéconomique de l’Algérie.

Aujourd’hui, après trois d’expérienceprofessionnelle dans le monde du foot-ball algérien, nous constatons que latrentaine de sociétés sportives crééesdepuis 2010 ont cumulé les déficits. Ilfaut avouer que nous sommes actuelle-ment dans une situation plus grave quecelle de 2010.

Nous sommes face à un championnatdit professionnel avec des sociétés beau-coup plus endettées et toujours aussi malorganisées. En définitive, le footballalgérien est en train de dépérir.

Vous êtes à la tête d’un club qui aopté pour le professionnalisme. Vousavez beaucoup investi dans leParadou AC. Pouvez-vous présentervos investissements ? Il faut savoir que nous nous sommes

orientés, depuis quelques années, vers laformation. L’essentiel de nos investisse-ments est consacré à la formation. Cettenouvelle politique nous a permis deréduire considérablement la masse sala-riale puisque nous faisons aujourd’huiconfiance à des jeunes qui sont issus denotre académie.

Notre objectif est de mettre en placeun modèle de club formateur qui pourraits’autofinancer grâce au produit de cetteformation. Et, pourquoi pas, générer desprofits et des résultats positifs grâce auxtransferts de joueurs.

Quelles sont les sources definancement auxquelles vous avez euaccès ces dernières années ? Durant les deux années où nous évo-

luions dans en seconde division, leParadou AC a bénéficié du Fonds desoutien au professionnalisme. Nousouvrons droit aux subventions de lacommune, de la direction de la jeunesseet des sports. Bien entendu, le ParadouAC continue de vivre grâce à l’apport

financier de ses dirigeants.

Etes-vous pour la révision des règlesqui régissent les droits deretransmission télévisuels des matchsde football du championnatnational ? Aujourd’hui, hormis l’ENTV, aucune

autre chaîne n’est intéressée par cesdroits. Il serait naïf de croire que les télé-visions étrangères se bousculeraient pourdécrocher les droits du championnatalgérien. Pour que ces droits deviennentréellement une source de financementpour les clubs professionnels, il faudraitavant tout mettre notre championnat auxnormes. Les stades doivent devenir desscènes de spectacle. Pour l’heure, per-sonne n’irait miser un dinar sur notrechampionnat. L’ENTV le fait dans leseul but d’aider le football algérien.

La nouvelle loi permet auxinvestisseurs étrangers d’entrer dansle capital des clubs professionnelsalgériens. Cette mesure va-t-ellebooster le niveau dufootball national ? La possibilité offerte aux étrangers

d’investir dans le football algérien estune bonne chose. Mais pas il ne faut pasoublier que la règle des 49/51% risquecependant d’être très restrictive pour cesinvestisseurs. Je vois mal une sociétéétrangère investir en Algérie et accepterle diktat de l’autre partie. Il faut savoirque les quelques clubs qui ont tentéd’ouvrir leur capital aux investisseursalgériens n’ont pas vu grand monde frap-

per au portillon. Nous n’arrivons pas à

reconnaître que personne ne s’intéresse

au football algérien. Le retour sur inves-

tissement n’est nullement garanti.

Le modèle que vous tentez de mettre

en place au sein du Paradou AC

pourrait intéresser un investisseur

étranger…

C’est possible. La réussite de notre

modèle nécessite du temps. Nous en

sommes actuellement à notre sixième

année de travail au sein de l’Académie.

Je pense que les premiers résultats

devraient être palpables dans un ou deux

ans. A partir de là, il sera possible de

mettre en place un partenariat avec des

sociétés étrangères.

Quelle est la forme commerciale la

plus adaptée pour les sociétés

sportives professionnelles ?

La forme juridique de la société par

action est bonne car en matière de gou-

vernance, elle est gérée par un conseil

d’administration. Cette forme est effica-

ce et moderne. Le problème n’est pas là.

A mon avis, il faut surtout réfléchir à un

modèle de professionnalisme adapté à

l’Algérie. Il faut stopper l’hémorragie, le

déficit des clubs augmente chaque sai-

son.

Vous prédisez une faillite du

football…

Parfaitement, nous allons vers une

faillite totale du football algérien. Nous

sommes en train de masquer la réalité.

Le modèle appliqué au football algérien

est le même qui a été bâti par des book-

makers qui ont voulu faire croire qu’il

était possible de financer le développe-

ment grâce à l’endettement. Des pays

comme l’Espagne, la Grèce, l’Italie ou

encore la France ont vécu au-dessus de

leurs moyens. Lorsque tout a explosé,

ces pays ses sont retrouvés à genoux.

C’est ce qui se passe avec le football

algérien  : ceux qui ont conçu le modèle

actuel de professionnalisme sont en train

de maquiller leur échec en réussite. Les

dettes des clubs augmentent chaque

année malgré les opérations de renfloue-

ment décidées par de grandes entreprises

publiques. Les clubs dépensent des cen-

taines de milliards en échange de rien. Il

est préférable de tout arrêter aujourd’hui

et de changer en urgence de stratégie n

S. A. B.

Il faut avouer que nous sommes

actuellement dans une situation

plus grave que celle de 2010.

Bimensuel de l’économie et de la finance34

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Les dirigeants de club s’insurgent

L’éco n°72 / du 16 au 31 août 2013

Ala faveur de la loi de financescomplémentaire pour 2010, lespouvoirs publics ont pris une

série de mesures devant accompagnerles clubs dans leur transformationd’associations vers des sociétéscommerciales.

Ces mesures qui incluent des sub-ventions, prises en charge, prêts à tauxbonifié, octroi de bus, attribution d’as-siettes de terrain et construction decentres de formation tardent à seconcrétiser. Les dirigeants de clubsincombent la responsabilité aux pou-voirs publics. Pour en savoir plus,nous avons pris attache avec deux pré-sidents de clubs choisis pour leur dis-ponibilité en cette période caractériséepar les stages de préparation, les trans-ferts et la paperasse administrative.

Azzedine Gana (SSPA-CRB) : «La situation du club ne répond à aucune logique»

L’actuel président du conseil d’ad-ministration de la SSPA-CRB,Azzedine Gana, affirme qu’aucunchangement n’est à constater depuisl’avènement du professionnalisme etque la politique du bricolage continue.«Je suis en poste depuis le début de lasaison 2011-2012 et j’ai été surpris parle fonctionnement de ces sociétés. Je

suis un gérant d’une entreprise privéede travaux publics depuis plusieursannées et je peux vous assurer que lefonctionnement des sociétés sportivesest abracadabrant», a-t-il affirméd’emblée. Au départ, l’Etat s’est enga-

gé à accompagner les clubs durant lescinq premières années, un paramètrepris en compte par cet opérateur pourtracer son plan de travail. Mais au fildu temps, les engagements des pou-voirs publics ne sont toujours pasconcrétisés.

«Nous étions alors dans l’obliga-tion de travailler avec les moyens dubord, raison pour laquelle les chosesne tournent pas rond», dit-il avant depréciser qu’il est actionnaire à 4%

dans une société (SSPA-CRB) où lecapital social n’excède pas un millionsde dinars et en deux saisons il a dûdépenser sur ses propres ressources200 millions de dinars.

Autres anomalies qui ont poussérécemment cet opérateur économiqueà jeter le tablier et présenter sa démis-sion : les anciennes dettes contractéesavant le lancement du professionnalis-me. «Nous nous sommes entenduspour que le club sportif amateur(CSA) honore ses dettes et non pas leSSPA.

Sauf que, au final, à cause des arrié-rés impayés d’anciens joueurs etentraîneurs, c’est le compte de laSSPA qui a été gelé.

Cette situation ne répond à aucunelogique et ne favorise nullement laréussite du professionnalisme», regret-te notre interlocuteur qui insiste sur lefait que les pouvoirs publics et les ins-tances sportives n’ont rien mis enplace afin que les clubs restructurentleur organisation et leur gestion.

Hassen Hammar (SSPA-ESS) :«Nous sommes toujours en stand-by»

Même son de cloche chez le prési-dent de l’ESS, Hassen Hammar, quidit que les clubs professionnels sontlaissés pour compte durant une pério-de cruciale qui est la phase transitoire.

Par Maria Benyamina

Entre les pouvoirs publics et les dirigeants de clubs professionnels, c’est le bras de fer.Chacun verse son venin sur l’autre en l’accusant d’être un boulet pour l’instauration du

professionnalisme : si les premiers continuent de distiller des promessesd’accompagnement pour la phase de transition, les seconds estiment que ces promesses

sont destinées beaucoup plus à saupoudrer la gabegie qu’à remédier au mal qui gangrènele football, du moment où ces engagements ne sont toujours pas concrétisés.

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«L’état doit tenir ses engagements»

Azzedine Gana

L’éco n°72 / du 16 au 31 août 2013

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Bimensuel de l’économie et de la finance

Aux dernières nouvelles, la SSPA-ESS vient de réaliser une expérienceinédite en Algérie en lançant, le 1er août dernier, sa propre chaîne de

télévision. L’Entente de Sétif réalise ainsi un pas géant dans le footballprofessionnel du moment où ce support médiatique permettra à l’AigleNoir de capter des annonceurs et, de surcroit, de disposer d’une ressourcefinancière stable devant permettre au club d’éviter tout genre de crisefinancière. La chaîne Essétif TV est disponible sur le satellite Nilesat àtravers la fréquence 12034, polarisation horizontale 27500 n M. B.

L’ESS lance sa propre chaîne de télévision

«On essaye de gérer la crise financièrequi secoue nos clubs comme on peut.On a attendu que les pouvoirs publicsnous offre l’aide promise, mais on n’arien vu venir trois ans après l’instaura-tion du professionnalisme.

On essai donc de gérer les choses demanière à limiter le mieux possible lesdettes et en faisant en sorte de ne pasaccuser beaucoup de retard dans lepaiement des joueurs», déplore le pre-mier responsable des Black Eagle.

Pour lui, il est inadmissible d’exi-

ger d’un club de s’en tenir au cahierdes charges sans pour autant lui mettreles moyens nécessaires pour s’enaccommoder.

«Les clubs n’étaient pas préparéspour se lancer dans le professionnalis-me, alors comment voulez-vous qu’ilsse tiennent à ce fameux cahier descharges», se demande-t-il.

«On dit que les assiettes de terrainposent problème au niveau de la capi-tale avec la présence de 7 clubs, maisqu’en est-il de Sétif, où il n’y a quel’ESS et le MCEE ? Qu’en est-il aussid’autres wilayas qui n’en ont qu’unseul ? C’est la même chose partout.Les pouvoirs publics n’ont pas tenuleurs engagements.

Tout est encore en stand-by et leschoses risquent de prendre encore dutemps», déplore encore HassenHammar, qui est à la tête de l’uniqueclub professionnel à préparer, àchaque début de saison, un budgetprévisionnel et éviter ainsi tous lesfrais supplémentaires et inutiles. Améditer n

M. B.

L’argent du bus détourné

pour les salaires

Selon une source proche de la SSPA-CRB, le club belouizadi a bénéficiéd’une enveloppe financière de 12 millions de dinars destinée initialement àl’achat d’un bus, au titre des mesures d’accompagnement des pouvoirspublics au profit des clubs professionnels. Mais cet argent aurait été utilisépour la régularisation des salaires des joueurs qui menaçaient, alors, derecourir à un mouvement de grève n M. B.

Hassan Hammar

Stade du 20 Août

L’éco n°72 / du 16 au 31 août 2013

Professionnalisme

Bimensuel de l’économie et de la finance36

leS AncienS footbAlleURS SceptiqUeS

Azzedine RAhim, Ancien

inteRnAtionAl de l’USm AlgeRHocine Yahi, ancien international du CR Belouizdad

«Il est vrai que le professionnalisme n’est qu’à ses balbutiements,mais on ne doit pas perdre encore du temps. On doit s’adapteret faire preuve de patience, car tout cela sera dans notre intérêtet celui de notre football national. Si l’on veut que leprofessionnalisme soit une réussite, on doit le fonder sur debonnes bases et prendre tous les volets en considération. Il estvrai que nous avons accusé un grand retard pour lancer ceprojet, mais l’essentiel actuellement c’est qu’on a fait le premierpas, en attendant de peaufiner le reste.»

M. B.

«Il est encore trop tôt pour faire un bilan,surtout que cette expérience n’en estqu’à son début. La preuve, aucunchangement concret n’a eu lieu et,jusqu’à maintenant, on ne connaît leprofessionnalisme que de nom. Il nousfaudra dix ans au minimum pour pouvoirfaire les constats et bilans. L’implicationdans le professionnalisme ne s’appuiepas, uniquement, sur le volet financier, lesmoyens humains et les infrastructuresmais aussi par d’autres aspects,beaucoup plus importants» n

Maria Benyamina

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Le lancement à la hâte du professionnalisme dans le football suscite devives controverses dans le milieu du sport roi. D’anciennes stars du

football national, avec lesquelles nous nous sommes entretenus, sombrentdans le pessimisme et ne croient plus à ce projet confié à des personnes

intruses à la discipline.

L’éco n°72 / du 16 au 31 août 2013

Professionnalisme

Bimensuel de l’économie et de la finance 37

leS AncienS footbAlleURS SceptiqUeS Fodil Megharia, ancien internationalde l’ASO Chlef«A mon avis, l’une desraisons qui font que leprofessionnalisme chez noustarde à réussir, c’est qu’il aitété imposé par la FiFA et nerésulte pas du choix libre despouvoirs publics. Ce que jene comprends pas, c’estque les responsablesalgériens savaient depuis2005 que cela allait entreren vigueur dès 2010, maispersonne n’a bougé pourpréparer le terrain. Onattend toujours la dernièreminute pour commencer àtravailler. Le résultat est là, etce qui vient dans laprécipitation est toujoursvoué à l’échec. On n’esttoujours pas sortis del’auberge…» n

M. B.

Belaid Hachaïchi, ancien-viceprésident du CRB

«Comme tout projet quivient tout juste d’êtrelancé, il y a toujours desimperfections. Mais leproblème c’est que lesresponsables du footballnational ont tendance às’adapter à cettesituation et laissent leschoses traîner. Certainsdisent qu’il fautrestructurer les clubs, moije dirais qu’il faut lesstructurer, parce qu’il n’aya rien qui tourne rondpour le moment» n

M. B.

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mAhmoUd gUendoUz, Ancien

inteRnAtionAl dU nAhd

«Quand le démarrage d’un projet estfaux, il est automatiquement voué àl’échec. Cela est le cas pour leprofessionnalisme. On l’a donné à despersonnes qui ne s’y connaissent pas.C’est vraiment du n’importe quoi. Oncontinue à bricoler et cela ne mèneranulle part. Ce qu’il faut mettre en placedans l’immédiat, c’est une feuille deroute pour refaire tout ce qui a été faitjusqu’à l’heure. Toutefois, il faut confier lamission à des gens compétents et non àdes intrus» n

M. B.

Bimensuel de l’économie et de la finance38

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Ils dépassent la barre de 3 millions de dinars

L’éco n°72 / du 16 au 31 août 2013

Depuis le fameux transfert du joueurTahraoui de l’ASO à l’USM Blida en2004 pour la somme record, à

l’époque, de 15 millions de dinars, le marchédes transferts ne cesse de s’emballer à l’auned’une surenchère générée par une concurrencede plus en plus effrénée des clubs. Le phéno-mène ne touche pas uniquement les joueurs,mais aussi des entraîneurs étrangers aux par-cours méconnus viennent profiter de cettemanne financière qui circule librement dans lefootball professionnel algérien sans pourautant être mise sous quelconque contrôle.

Les observateurs se disent surpris, àchaque fois, d’entendre parler de salaires decertains joueurs qui dépassent pour la plupart1 million de dinars au moment où les clubsprésentent une situation financière et comp-

table déficitaire et trainent, de par une gestioncatastrophique, de très lourdes dettes. Les res-ponsables ne sont pas autant inquiétés que lebureau fédéral de la FAF qui continue à mul-tiplier ses appels envers les clubs afin qu’ilsmaîtrisent leurs masses salariales et stabilisentles salaires des joueurs dans des proportionsacceptables. Mais les appels restent, de touteévidence, inaudibles. Pis encore, des clubs sepermettre d’offrir des mensualités astrono-miques à des joueurs recrutés pour chauffer lebanc de touche.

L’USM Alger qui bénéficie de l’apportfinancier du groupe privé de bâtiment ETRHBHaddad, recrute chaque année les meilleursjoueurs du championnat pour affaiblir lesautres clubs et mettre toutes les chances deson côté pour être champion.

A cet effet, le club met la barre très hautesur ces concurrents en offrant des salairesfaramineux aux joueurs dont certains se rem-

plissent les poches sans fournir le moindreeffort en contrepartie. Ils n’ont que quelquesminutes de temps de jeu et pourtant ils sontroyalement rémunérés. Il ne faut pas s’étonneralors de voir la masse salariale de l’USMAlger durant la saison écoulée dépasser les 41

Par Maria Benyamina

En dépit d’une trésorerie chancelante, les dirigeants des clubs professionnels cassentleur tirelire afin de conserver leurs meilleurs joueurs et en attirer d’autres. Ils

proposent ainsi des salaires mirobolants aussi bien pour les joueurs que pour lesentraineurs pour constituer, au final, une équipe compétitive. Des salaires à faire

pâlir médecins, ingénieurs et les plus hauts fonctionnaires de l’Etat.

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De gros salaires

pour Des petits clubs

Désignation Saison Ancien club Nouveau club Ancien salaire(dinars)

Nouveausalaire(dinars)

KhaledLemmouchia

2011/2012 ESS USMA 1,2 million 4,5 millions

LamineZemmamouche

2012/ 2013 MCA USMA 1,5 million 2 millions

Amine Aoudia 2011/2012 Zamalek ESS 1,8 million 2,5 millions

AbderrahmaneHechoud

2012/2013 ESS MCA 1,2 million 3,4 millions

Sabri Gharbi 2013/2014 ASO MCA 800 000 2,5 millions

Habib Belaid 2013/2014 FC Sedan MCA 1,3 million 2,5 millions

VadidHalilhodzic

Juin 2011 Côte d’Ivoire Algérie 5 millions 6,8 millions

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Bimensuel de l’économie et de la finance

millions de dinars par mois.La saison dernière, le joueur le mieux payé

n’était autre que le latéral droit du MCA,Abderrahmane Hechoud, qui, en venant del’ES Sétif, a signé pour un salaire mensuel de3,4 millions de dinars.

Une année auparavant, c’était KhaledLemmouchia qui avait défrayé la chroniqueen signant pour 4,5 millions de dinars parmois avec l’USM Alger. Cette «chasse autalon» à coup de milliards n’est pas seulementl’apanage des clubs qui s’assoient sur desmannes très conséquentes ; les clubs à faiblestrésorerie sont aussi dans la contrainte desuivre le rythme imposé sous peine de seretrouver sans effectif et, par ricochet, inca-pables de s’engager dans la compétition.

Cette contrainte a mis au pied du mur cer-tains clubs qui n’ont pas pu honorer leursengagements envers leurs salariés.

L’on dénombre 108 plaintes déposées lasaison passée par des joueurs auprès de lachambre de résolution des litiges pour dessalaires impayés. Partant de ce constat qui faitque les clubs ne dégagent pas suffisammentde revenus pour assumer les salaires démen-tiels des joueurs, certaines voix se sont éle-vées pour appeler à leur plafonnement, maispour l’instant la proposition ne semble pastrouver d’écho n

M. B.

Une saignée pour la CNAS Les salaires des joueurs, qui ont atteint ces dernières années des niveauxsans précédent, dépassant pour la majorité la barre de 1 millions de dinars,auront de lourdes répercussions sur la Caisse nationale des Assurancessociales (CNAS) qui doit rembourser le joueurs dans le cas d’un congémaladie sachant que le risque de blessure (accident de travail) estomniprésent que ce soit en entrainement ou en match officiel.

Des échecs cuisants encompétitions internationalesL’argent qui coule à flots sur le football professionnel n’a pas épargné lesclubs de leur faillite dans les compétitions internationales. La performancesur le terrain ne suit pas les liasses de billets octroyés mensuellement à nosjoueurs qui n’arrivent même à se faire des places de titulaires en sélectionnationale. Pis encore, le dernier succès d’un club algérien en compétitioninternationale remonte à 1990 pour la Ligue des champions d’Afrique et à2002 pour la Coupe de la CAF. Des succès signés par le même club, àsavoir la JS Kabylie.

Du liquide pour échapper au fiscSelon le cahier des charges auquel sont soumis les clubs professionnels, ilest impératif de régler toutes opérations financières par chèque ouvirement. Les clubs sont ainsi tenus de s'interdire la manipulation d'espècessauf pour des régies nécessaires aux menues dépenses conformément auxdispositions législatives et réglementaires en vigueur prévues en la matière.Mais dans les faits, les joueurs et les responsables de clubs continuent detraiter en espèces afin d’échapper au fisc.

Entraîneurs, ces boucsémissaires qui brassent desmilliardsEn l’absence de résultats, les dirigeants de clubs opèrent des changementsau niveau de la barre technique en évinçant généralement l’entraîneur. Unefaçon, aux yeux de ces dirigeants, de désamorcer la crise qui secoue leclub et calmer de surcroit les supporters. C’est cette attitude bien ancréedans les mœurs de noc clubs qui exhortent les entraineurs à négocier descontrats très juteux. Mais le limogeage d’un technicien signifie égalementindemnisation de celui-ci conformément aux clauses du contrat. D’ailleurs,les plus demandés changent deux à trois clubs par saison.

Des lettres de libération pour renflouer les caissesLe marché des transferts ne profite pas seulement aux joueurs etentraineurs, les clubs tirent aussi leur épingle de jeu dans le cas où le joueursollicité est toujours sous contrat. Dans une telle situation, les négociationss’ouvrent à tous les clubs et systématiquement le plus offrant sera retenu.Mais le transfert ne se fera qu’une fois le joueur réussi à obtenir sa lettre delibération. Un document indispensable pour qu’un footballeur puisse mettreses services au profit d’un autre club outre que celui dans lequel il évolue.Le coût de ce fameux sésame est fixé au gré du dirigeant de club et peutdépasser dans certains cas la barre des 100 millions de dinars, à l’instar deDjediat lorsqu’il a été transféré du AC Paradou vers l’ES Sétif. Par ailleurs,le club recruteur doit, outre la transaction sur le transfert, verser égalementdes indemnités de formation lorsque le joueur sollicité signe son premiercontrat professionnel n H. M.

Vadid Halilhodzic (au centre),entraÎneur de la sélection nationale

Bimensuel de l’économie et de la finance40

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Salaires impayés, détournements et t

L’éco n°72 / du 16 au 31 août 2013

Quand le dirigeant drible le joueur

Affiliés à des sociétés sportives paractions (SSPA), les joueurs profes-sionnels sont devenus employés et

donc sommés de signer leur engagement à tra-vers un contrat de travail devant comporterleurs droits et obligations. Ces nouveaux sala-riés doivent être au courant de la réglementa-tion régissant toute entreprise commerciale enactivité afin de ne pas se retrouver un jour vic-time d’une escroquerie ou, pis encore, frau-deur sans le savoir devant un tribunal. Maisdécidément, les joueurs ne sont pas prêts àchanger leurs habitudes, ils naviguent àl'aveugle. Ce qui laisse la porte grande ouver-te aux dirigeants de club qui font des affairessur le dos des joueurs.

«Mon salaire est-il brut ou net ?»Depuis 2010, le salaire négocié sur la base

de la prime de signature ne fait plus foi, lesjoueurs sont sommés de négocier un salairemensuel bien défini. Mais l’ancienne méthodeconsistant à scinder la prime de signature endeux ou plusieurs tranches est toujours d’ac-tualité. Elle est encore en pratique, bien quesur le contrat, le joueur et son responsables’accordent pour ne mentionner que la nou-velle méthode de rémunération. A titre illus-tratif, le joueur qui négocie une prime designature de 12 millions de dinars devrait voircelle-ci partagée sur 12 mois. Dès lors, lejoueur devrait voir mentionné sur son contratun salaire mensuel de 1 millions de dinars.Mais, ce salaire est-il brut ou net ?

Nous avons posé la question à un cadred’un club du Centre, pensionnaire de la Ligue1, qui nous a fait savoir que la rémunérationselon le contrat-type des joueurs doit être cal-culée sur la base d’un salaire brut.L’employeur déduit ensuite les charges sala-riales et sociales (CNAS et IRG) du salairebrut pour calculer le salaire net à payer. Maisle hic, explique ce responsable, est ces chargessont bel et bien ponctionnées, mais elles nesont, dans la plupart des cas, jamais reverséesà la CNAS et au fisc. Une situation qui a faitbouger la Ligue de football professionnel(LFP) qui a saisi officiellement les clubs desLigues 1 et 2 afin qu’ils transmettent la situa-tion exhaustive des déclarations de leurs sala-riés aux agences CNAS à partir du mois

Par Maria Benyamina D’un niveau d’instruction souvent très faible, la majoritédes footballeurs professionnels algériens ignorent leursdroits et la réglementation en vigueur. Certains dirigeantsde club peu scrupuleux n’hésitent pas à tirer profit decette situation à travers des manœuvres malsaines.

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d’août 2010. Les clubs vont-ils se soumettre àcette obligation ?

Des ardoises à régler vis-à-vis du fisc et de la CNAS

Plusieurs joueurs ont saisi la Commissionde résolution des litiges (CRL) après avoirdécouvert qu’ils ne sont pas déclarés à laCNAS bien que les déductions aient été faitessur leurs salaires. Ils ont eu gain de cause,mais les clubs persistent dans cette manœuvre.Récemment, révèle notre interlocuteur, unclub algérois a déboursé 5 millions de dinarspour assainir sa situation vis-à-vis de la caissed’assurance. Pour la saison prochaine, lesclubs sont sommés de déposer leurs dossiersd’engagement accompagnés des états del’IRG et de la CNAS de chaque joueur, depuis2010, sous peine de voir le dossier d’engage-ment rejeté et le club rétrogradé en divisionamateur. «Suite à cette nouvelle obligation,notre club a commencé à régler son ardoisequi s’élève à plus de 9 millions de dinars, maisdans les clubs où les salaires de joueurs sontexorbitants, la somme à payer devrait êtremultipliée par deux, voire plus», a-t-il affirmé.A cet effet, l’on se demande par quel tour demagie les clubs vont-ils honorer leurs engage-ments en termes de charges sociales sachantque les salaires avaient atteint un seuil intolé-rable ces dernières années, à moins que lesdirigeants de club trouvent une parade commeils ont l’habitude de le faire devant des ins-tances aussi passives que les nôtres.

Fausse déclaration de salaireDans la crainte de rester sans club, les

joueurs en fin de contrat, notamment ceuxayant un niveau de qualification peu appré-ciable, se plient facilement aux exigences desclubs. Cela se passe généralement vers la finde la période des transferts. Une situation quimet l’employeur en position de force et le

joueur en position de subir les règles de jeu deson futur employeur. L’une des exigences lesplus répandues est sans doute la fausse décla-ration de salaire. Un joueur, explique ce mêmeresponsable, s’est entendu avec un présidentsur un salaire mensuel de 1 millions de dinars.Mais le président a exigé de ne mentionner surle contrat que 500 000 dinars afin de réduireles charges à payer au fisc et à la CNAS.

Autrement dit, quand le joueur touche 2millions de dinars, cela revient à croire que lejoueur a perçu deux mensualités en mêmetemps. Erreur ! Cette pratique n'est ni plus nimoins qu'une arnaque. Le joueur a reçu auxyeux de la loi quatre mensualités. Certainsdirigeants de club recourent à cette pratiquemalsaine qui continue de faire des victimes.D’ailleurs, plusieurs joueurs ont déposé plain-te contre leurs dirigeants, mais au final, ils ontété déboutés par la Commission de résolutiondes litiges.

Des joueurs paient les frais de contratsantidatés

Certains dirigeants de club n’hésitent pas àjouer en marge de la légalité en procédant àdes stratagèmes frauduleux pour s’assurer lerecrutement d’un joueur de haut niveau avantmême la fin de son contrat avec le club danslequel il évolue. A cet effet, ces dirigeantsrecourent à des contrats antidatés, c’est-à-direportant une date postérieure à celle de sa noti-fication.

Selon la réglementation en vigueur, il estinterdit au joueur d’être lié par contrat à deuxclubs différents en même temps. Il s’agit d’unfaux et usage de faux dont les auteurs risquentla prison ou une lourde sanction financière.Tout le monde se rappelle du scandale dujoueur Fahem Ouslati, signataires de deuxcontrats avec le CRB et la JSK, ce qui lui acoûté une sanction de 6 mois et une carrièrecompromise alors qu’il était annoncé comme

Salaires impayés, détournements et transactions illicites

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Quand le dirigeant drible le joueur

Bimensuel de l’économie et de la finance

une étoile montante du football national. Lasanction a frappé seulement le joueur !

Où va l’argent du désistement de salaires ?

Quand un joueur est lié par contrat avec unclub, il est soumis à une lettre de libération deson employeur dans le cas où il désire s’enga-ger ailleurs. Pour avoir ce fameux sésame dontle prix est souvent très élevé, le joueur est sou-vent obligé de se désister de ses mensualitésdes mois restants avant que son contrat arriveà son terme. Mais, lorsqu’aucun document n'aété établi entre les deux parties, ce qui estrécurrent, le joueur est souvent victime d’es-croquerie.

Le cadre avec lequel nous nous sommesentretenus a cité un cas qui s’est produit auniveau de son club  : un joueur s’est engagéavec le président pour se désister de six men-sualités pour obtenir en contrepartie sa lettrede libération. «Une fois le joueur libéré, j’aiété surpris d’avoir entre les mains un docu-ment où il est mentionné que ces mensualitésont été versées sur le compte du joueur, ce quin’est pas vrai. La somme récupérée est géné-ralement reversée dans la gestion du club,mais il n’y a aucun document pour le prou-ver», a-t-il expliqué.

Transactions de transfert de main en main

S’agissant des transferts des joueurs duchampionnat local à l’étranger, ou le contraire,il y a beaucoup à dire et des magouilles à lapelle. Quand un joueur du cru est transféré àl’étranger, le club qui le recrute doit faire untransfert d’argent de compte à compte de lasomme dont bénéficiera le club initial. Mais leproblème qui se pose ici, c’est que la majoritédes clubs algériens ne disposent pas de comp-te unique destiné à abriter leurs ressources endevises et produits des instances internatio-nales, ce qui contraint certains, notammentceux n’ayant pas d’expérience dans de tellestransactions, à effectuer la transaction de mainen main. D’ailleurs, durant le mercato estival2012-2013, le père de l’ancien joueur duMCO, Youcef Belaili, a été interpellé par lapolice des frontières à l’aéroport HouariBoumediène en possession de 230 000 eurosreprésentant une tranche du montant du trans-fert de son fils à l’ES Tunis, estimé à 440 000euros n M. B.

Récemment un club algérois a déboursé 5 millions de dinars pourassainir sa situation vis-à-vis des Assurances sociales

Bimensuel de l’économie et de la finance42

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Les 32 clubs professionnels traînent de lourdes ardoises

L’éco n°72 / du 16 au 31 août 2013

Trois ans après le lancement duprofessionnalisme, les clubs algé-riens de football se figent dans

une situation intermédiaire. Ils ne sont,dans leur ensemble, ni clubs amateurs nisociétés par actions. Car il est évidentqu'ils ne veulent pas perdre les subven-tions de l’Etat en mettant le pied dans leprofessionnalisme qui exige d’énormesmoyens financiers. Mais ont-ils le choixdevant un projet décrété par l’instanceinternationale du football, en l’occurren-

ce la FIFA ? Du coup, ces clubs essayentde s’adapter à leur nouvel environnementsans pour autant accompagner cettemutation par une gestion financièrerationnelle.

Les salaires démesurés des joueursprêtent à croire que ces clubs profession-nels bénéficient d’une manne financièreinépuisable, mais en réalité tout cela n’estque superficiel et trompeur. Leurs faiblesressources financières les poussent à s'en-detter pour rester dans la compétition.

Selon l’examen comptable et financierdes clubs professionnels pour l’exercice

2011 entériné dans l’unique rapport parudans la presse (exclusivité du quotidienLiberté) de la Direction nationale decontrôle de gestion (DNCG), les clubs nedisposent d’aucune viabilité financière etsont dans l’ensemble en faillite, cumulantde très lourdes dettes. Ce rapport, d’uneampleur sans précédent, qui met enlumière la gestion irrationnelle des clubsprofessionnels, devrait interpeler les res-ponsables du football national pourredresser la situation. Mais de toute évi-dence ces couacs financiers et comp-tables ne préoccupent ni la FAF, ni laLFP, ni encore les gestionnaires de ces

Par Hamid Mohandi

Hormis les contributions de l’Etat au titre des mesures d’accompagnement etl’apport insignifiant des actionnaires et sponsors, les 32 clubs professionnels peinent

à attirer les capitaux devant assurer leur fonctionnement. Ils croulent sous delourdes dettes dont le montant global donne le tournis : 8 clubs de Ligue 1, à eux

seuls, partagent une ardoise de plus de 1, 380 milliard de dinars.

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Qui va éponger les dettes ?

Le processus de professionnalisation du football amorcé en 2010fait l’objet de critiques de nature et d’origine très diverses non

seulement pour son volet sportif et financier, mais aussi pour sonvolet juridique qui offre un autre témoignage de la façon parlaquelle a été confectionné ce projet de professionnalisation.Les textes de référence sur lesquels a été fondé leprofessionnalisme en Algérie permettent aux clubs sportifsamateurs (CSA) de se constituer en actionnaires dans la sociétésportive par actions. Ce qui représente une infraction à laréglementation en vigueur étant donné que les CSA, dans leursstatuts et au regard de la loi 12-06 du 12 janvier 2012 relativeaux associations, sont des associations à but non lucratif. Tirantprofit de cette bourde juridique, les présidents de club ont pu ainsimaintenir leurs postes et devenir dans la grande majorité des casactionnaires majoritaires dans les SSPA n H. M.

AssociAtions à but non lucrAtif transformées en actionnaires

L’éco n°72 / du 16 au 31 août 2013

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Bimensuel de l’économie et de la finance

clubs qui continuent à cumuler une massesalariale astronomique. Selon le rapportde la DNCG, six clubs de Ligue 1 n’ontpas transmis leurs comptes sociaux del’exercice 2011. Il s’agit du MC Oran, laJSM Béjaïa, l’ASO Chlef, le CSConstantine, l’USM El-Harrach et la JSKabylie. Cette dernière n’a pas transmisses bilans pour les deux années consécu-tives 2010 et 2011, ce qui fait que le cluble plus titré en Algérie est considéréecomme défaillant.

Le rapport révèle par ailleurs que les 8clubs ayant transmis leurs bilans cumu-lent plus 1,380 milliards de dinars(1.384.189.283 DA) de dettes. L’ardoisedu CR Belouizdad, à titre illustratif,dépasse les 410 millions de dinars(410.188.795 DA), l’USM Alger acontracté une dette de plus de 329 mil-lions de dinars (329.492.567 DA), alorsque le MC Alger traîne plus de 160 mil-lions de dinars (160.860.592 DA).L’endettement de l’USMA, précise ledocument, est constitué principalementdes dettes fiscales et parafiscales, alors

qu’il est constitué à hauteur de 67% desalaires pour le MCA. Durant le mêmeexercice, seul MC El Eulma a réalisé unrésultat net positif de l’ordre de 14 mil-lions de dinars (14.016.078 DA), alorsque les autres équipes trainent des résul-tats nets négatifs allant de 1 607 DA pourJS Saoura à 151 millions de dinars pour leCRB. Le rapport a fait ressortir que seuls4 clubs, à savoir l’USMA, ESS, MCEE etla JS Saoura, ont réalisé des actifs netspositifs.

Il est à signaler, toutefois, qu’en dépitde leurs situations financière et comp-table déficitaires, tous les clubs ont prispart au championnat et ce, aux dépens desobjectifs du professionnalisme, tandisque les clubs n’ayant pas transmis leurscomptes sociaux n’ont pas été inquiétésdu tout.

Des entreprises publiques en sauveteurs

Afin de redresser la situation et portersecours aux clubs professionnels qui sontactuellement en proie à une crise finan-cière aigue, les pouvoirs publics ont déci-dé d’agir en laissant toute latitude auxentreprises publiques d’entrer dans l’ac-tionnariat des sociétés sportives paractions (SSPA).

C’est ainsi que la compagnie nationaledes hydrocarbures Sonatrach, à traversses filiales, a racheté quatre clubs de l’éli-te, à savoir le MC Alger, le CSConstantine, la JS Saoura et le MC Oran,et certaines rumeurs laissent entendreque la CNEP-Banque et le groupe deBTPH Cosider sont en passe de finaliseravec respectivement le CR Belouizdad etla JS Kabylie. Mais si le réengagement dela firme publique dans le financement dufoot était salvateur pour les clubs bénéfi-ciaires, les autres équipes ont jugé la déci-sion «néquitable et injuste» du momentqu’il s’agit d’argent public. L’on sedemande d’ailleurs qui va dans ce caséponger les dettes de ces clubs…n

H. M.

Qui va éponger les dettes ? Petite primepour une si chèrecompétitionOutre le recrutement qui exige une tirelirebien étoffée, les clubs professionnelsdoivent s’acquitter des droitsd’engagement en championnat et faireface aux différents frais des 30 rencontresque compte la compétition. Toutes cescharges pour une misérable prime dechampionnat accordée seulement auvainqueur qui était de l’ordre de 5millions de dinars lors de la premièresaison du professionnalisme (2010-2011)avant d’être doublée pour les deuxsaisons suivantes. Elle est ainsi inférieureà celle de la Coupe d’Algérie dont lacagnotte s’élève à 50 millions de dinarspour seulement six matchs disputés.

un professionnalismesans infrastructuresAyant tendance à renverser le coursnormal des choses, les responsables dufootball en Algérie se sont empressés àlancer le professionnalisme sans pourautant mettre au préalable les moyensindispensables pour sa réussite, enl’occurrence les infrastructures sportives.L’Algérie accuse en effet de sérieuxretards en termes de stades et centres depréparation. Les efforts consentis en lamatière par les pouvoirs publics restentconfinés dans la réhabilitation decertaines infrastructures, alors que leschantiers ouverts pour la plupart dans lacadre du Plan de soutien à la croissanceéconomique tournent toujours au ralenti etles taux d’avancement des travaux nedépassent pas les 30% pour l’ensembledes projets. Ce manque criant eninfrastructures, faut-il le préciser, influenégativement sur les revenus de labilletterie, mais surtout sur les droits deretransmission Tv qui sont, sous d’autrescieux, la première source de financementdu football. Il a aussi un impactretentissant sur la trésorerie des clubs quise retrouvent contraints de suivre leursstages d’intersaison à l’étranger,notamment en Tunisie et au Maroc. Lesfrais qui en découlent peuvent atteindreles 9 millions de dinars pour un club decalibre moyen n

H. M.

Mohamed Raouraoua, président de la FAF

Bimensuel de l’économie et de la finance44

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Rémunération d’un manager de joueur professionnel

L’éco n°72 / du 16 au 31 août 2013

Appelés également managers, cesintermédiaires ont depuis quelquesannées le vent en poupe en Algérie.

Raouf Léo Emassi est un ressortissantcamerounais qui exerce le métier depuisune dizaine d’années. Il est aussi le gestion-naire des intérêts et de l’image de sonemployeur. Mais ses attributions peuventaller plus loin pour inclure égalementl’orientation et l’accompagnement dujoueur dans tout litige liant celui-ci à uneautre partie.

Les clubs algériens font régulièrementrecours à ces «vendeurs de talon» que cesoit pour le recrutement de joueurs locauxou étrangers. Pour mieux cerner cette pro-fession par laquelle le joueur professionnelmet ses performances au service d’un cluben contrepartie d’une transaction financièreappelée communément prime de signature,nous nous sommes entretenus avec unmanager qui s’occupe essentiellement dutransfert de joueurs étrangers vers et à par-tir de l’Algérie. Nous avons abordé, aveccet ancien footballeur camerounais, qui

détient une procuration délivrée par uneagence française pour exercer ce métier, lesniveaux astronomiques des primes designature et leur impact sur les commis-sions que les agents de joueurs perçoivent.Mais en professionnel avéré, Raouf LéoEmassi dira d’emblée  : «Le joueur n’estguère une marchandise dont le prix est fixéd’avance. Il s’agit plutôt d’une affaireconfidentielle traitée entre le club, le joueuret les agents. Il se peut qu’une négociationfasse l’objet d’une rumeur médiatique,mais ça reste toujours une supposition ouune estimation ou bien une déclarationerronée faite de façon malintentionnée. Carla transaction sur le transfert d’un joueurest confidentielle, elle ne doit pas être uneinformation à rendre publique.» Pour lui,le coût des transferts de joueurs sont sou-vent exagérés ou encore sous-évalués et ilen est de même pour la rémunération desagents sportifs. «Généralement, la commis-sion représente 10% du revenu de la saisonsportive d’un joueur. Si un joueur perçoitune mensualité de 500 000 DA net, soit 5millions de dinars en dix mois, l’agent tou-chera une commission d’environ un moispar rapport au gain annuel du joueur, soitune valeur équivalente à 500  000  DA»,

explique-t-il avant d’ajouter que «dans cer-tains cas, le taux peut atteindre 15%. Toutdépend des charges confiées à l’agent et dela façon avec laquelle le dossier est traité».

Ce manager qui a réussi le transfertd’une vingtaine de joueurs dont celui deJoseph Yannick N'Djeng vers la JSMBéjaïa puis l'Espérance sportive de Tunis,l’Ivoirien Rémi Adiko vers l’ES Sétif etensuite vers Zamalek SC (Egypte) – a indi-qué que les procédures de transfert transi-tent par les fédérations de football, mais lesdémarches diffèrent en fonction de l’enga-gement du joueur avec son ancien club.«Au moment du transfert, le joueur, s’il estlibre de tout contrat, a le droit d’entamer lesnégociations avec le club de son choix,mais s’il est toujours sous contrat avec leclub dans lequel il évolue  ; d’autres para-mètres entrent en jeu en fonction du joueuret ou du club à manifester sa volonté d’ef-fectuer le transfert», a-t-il expliqué. Etd’ajouter que la transaction est fixée enfonction du talent, des performances, del’âge et du palmarès du footballeur  : «Lahausse des primes de signature de joueursn’a pas d’autre d’explication que celleayant trait aux qualités du joueur» n

L. M.

Par Lynda Mellak

La transaction relative autransfert d’un footballeurjeune et performant peutatteindre des niveaux sansprécédent, notamment lorsquecelui-ci est sollicité parplusieurs clubs alors qu’il esttoujours sous contrat avecl’équipe dans laquelle ilévolue. Il est ainsi racheté parle club le plus nanti. Et c’estle cas partout dans le monde,le plus offrant l’emporte.

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La commission varie entre

10 et 15% sur Les transferts

Slimani et Belkalem ont signé pour des clubs européens

Bimensuel de l’économie et de la finance 45

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Yacine Ould Moussa, économiste et ancien dirigeant sportif

L’éco n°72 / du 16 au 31 août 2013

Le sport est devenu otage de quelques groupes d’intérêt

Un mouvement sportif où délinquants de tout poil, affairistes et autres prédateurs se sontengouffrés pour prendre en main les destinées du sport de performance (ou du moins ce qu’il en

reste). Il est à se demander où est la performance dans tout ce fatras et ce gâchis. Entre la puissancede l’argent et les forces du marché, le constat d’échec que fait cet économiste est sans appel.

L’Eco : sur instruction de la FIFA,l’Algérie a entamé le processus depassage vers le professionnalisme deson football. Quatre années après, latransition est toujours la. Pourquoi ? Yacine Ould Moussa  : la situation

générale du sport et de sa pratique, sonorganisation, son fonctionnement, sonfinancement par le budget et par le mar-

ché, son encadrement institutionnel,managérial et technique, sa stratégie, sonrôle dans l’éducation et la socialisationdes individus, de la jeunesse et descitoyens sont à revoir complètement, defond en comble.

Depuis les années 1990 à nos jours,c'est-à-dire depuis la réforme sportive, lesport algérien n’a fait que péricliter, sansvision, sans démarche intégrée, sans éva-luation objective des programmes, des

hommes et des structures, sans instru-ments d’intervention appropriés, sansconcertation institutionnelle et citoyenne.Avec le phénomène de la crise sécuritaireet identitaire et l’émergence de «cultures»et de comportements étrangers à notrepays, le corps est devenu tabou dans unesociété autrefois ouverte au progrès et à lamodernité. Le sport est devenu l’apanage

Réalisé par Samira Bourbia

«Il faut s’Interroger sur les salaIresdes entraîneurs, notamment étrangers»

Suite en page 46

Bimensuel de l’économie et de la finance46

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de quelques groupes d’intérêts, certainsaffichés d’autres cachés, d’individus quin’ont aucune capacité, il faut bien lereconnaitre, à imaginer une dynamiqueou une vision quelconque au profit de lajeunesse algérienne, de son éducation, deson émancipation et de sa réorientationinternationale.

Si vous voulez des chiffres qui illus-trent cette triste situation, il n’y a qu’à sedemander combien des 8 millions d’en-fants algériens font du sport, combiend’étudiants sur plus de 1,2 million d’étu-diants pratiquent une activité sportive.Tous les types de sport ont connu desdérives graves portant atteinte soit à leurexistence même, soit à leur fonctionne-ment ou à leur utilité sociale.

Aujourd’hui, le sport n’est qu’uneactivité «cosmétique», d’apparat,concentrant l’attention des médias, dequelques sponsors et milieux interlopesparfois profitant au plan sportif , matérielet financier à une poignée de  «privilé-giés» et d’individus sans impact réel surla société en général comparé à l’ampleurdes besoins réels et potentiels de la popu-lation.

L’Etat, certes, continue à financer laréalisation des infrastructures, la forma-tion de l’encadrement technique, mais ilfaut bien reconnaître qu’il s’est forte-ment désengagé de ses missions de puis-sance publique en matière d’orientation,d’encadrement et de contrôle du dévelop-pement du sport dans le pays sous l’alibiqu’il faille que le sport relève de l’initia-tive privée, à la charge de la société civi-le et des «forces du marché» tant pour lesport de compétition que pour, depuistrois ans, le «sport spectacle» assimiléindûment à ce pseudo-professionnalismequi n’est autre qu’un «amateurisme mar-ron» coûteux pour la collectivité et desurcroît sans contrepartie durable etstructurante pour le mouvement sportifnational.

En réalité, on ne met pas en place leprofessionnalisme sportif sur des ruines,des effets d’annonce et de fuite en avantavec un copier-coller des dispositionsd’un cahier des charges édicté par uneorganisation internationale.

A fortiori lorsqu’on sait que le foot-ball, comme nombre de sports, nécessitela réunion de nombreux facteurs exo-gènes telle que l’organisation et le fonc-tionnement de l’économie, le niveau deconcurrence, la place du sport dans lasociété et dans le système éducatif danstous ses paliers (du primaire jusqu’àl’universitaire) et bien d’autre préalables

institutionnels et juridiques.

Vous dites que c’est sur injonction de

la FIFA que nous avons lancé le profes-

sionnalisme, je n’en suis pas si sûr, car

sur le principe, il était possible de négo-

cier des délais et des modalités comme

avec l’OMC ou l’Union européenne,

pour préparer le sport algérien à un

meilleur niveau de vision et d’organisa-

tion et à la perspective du professionna-

lisme sur des bases sérieuses et pérennes,

transformant la professionnalisation de

ce segment du football en locomotive en

«success story» au profit du sport natio-

nal. Je crains que l’appétit et l’intérêt des

uns et des autres, au niveau interne et

externe, ainsi que les stratégies indivi-

duelles ont pris le pas sur le besoin impé-

rieux de concevoir et de conduire des

actions de fond. Quel paradoxe quant on

voit les ressources financières mobilisées

et dépensées au profit d’une minorité

d’Algériens !

En fait, pour être franc, il s’agit d’éco-

nomie de marché où les entreprises sont

le produit «spontané» d’effet d’aubaine

et de tissus relationnels où les critères

économiques, de compétence, d’efficaci-

té et de prise de risques pluriels sont tota-

lement évacués au profit des notions

d’appartenance, d’allégeance qui sont

consubstantiels à l’économie de rente.

En économie de marché, beaucoup

chez nous font preuve d’amnésie volon-

taire ou d’ignorance. Les entreprises sont

contraintes de faire feu de tout bois au

niveau de leur visibilité et de leur com-

munication pour asseoir leur image de

marque, leur notoriété, augmenter leurs

parts de marché et faire face à la concur-

rence. Elles recourent alors au sponso-

ring et au mécénat pour réaliser tous ces

objectifs et s’engagent ainsi dans le

financement d’entités et d’organisations

sportives : clubs professionnels, associa-

tions, ou des évenements récurrentes ou

exceptionnels sportifs tels championnat

nationaux, internationaux, tournois, mee-

tings etc.

Avons-nous une économie organisée

selon ces canons, standards et critères de

l’économie de marché  ? Loin s’en faut,

nous ne sommes pas passés, à ce que je

sache, d’une économie de pénurie de pro-

duits à une économie de pénurie de

clients.

La seule pénurie est celle de l’imagi-

nation et du courage pour avancer et faire

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RL’éco n°72 / du 16 au 31 août 2013

Yacine Ould MoussaSuite de la page 45

Bimensuel de l’économie et de la finance 47

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avancer la jeunesse algérienne et le sportnational. Ce qui explique, sans le justifier,que nous n’avons nous une masse critiqued’entreprise et d’annonceurs en mesure defournir des recettes publicitaires auxmédias et aux clubs professionnels ou envoie de l’être.

Autre question : avons-nous un paysa-ge médiatique et un marché publicitai-re tels qu’ils puissent s’inté-resser et notam-ment financer lesport profession-nel à travers lesdroits de télévisionet l’apport desannonceurs  ? Laréponse est une foisde plus non.

Nous avons,comme vous le savez,mis à part la télévisionpublique, des télévisonsoffshore et des journauxeux-mêmes en quête derecettes publicitaires pourassurer leur survie ou leurvie selon la position occupé dans l’échi-quier national des rapports de force entregroupes d’intérêt visibles ou discrets.

Enfin, dernière question  : qu’offre,comme spectacle, notre pseudo-profes-sionnalisme dans nos stades au grandpublic et aux médias pour devenir un pro-duit marchand avec une offre et unedemande solvable.

Je laisse la réponse aux techniciens del’art et je prends à témoin les phénomènesnégatifs et dérives qui agitent le microcos-me du football dit professionnel, vio-lences, atteinte à l’éthique sportive, pas deformation  ? Précarité des techniciens etdes structures, etc.

A l’exception de l’USMA et, à undegré moindre quelques-uns, les clubsde football n’arrivent toujours pas aattirer des investisseurs susceptiblesde prendre en charge leurprofessionnalisation. Croyez-vous quec’est l’Etat qui n’a pas mis en placeun environnement adéquat ? Pour des raisons historiques et de poli-

tique économique qu’il serait trop long dedévelopper ici, la rigidité de notre écono-mie, la faible diversification de ses struc-tures de production , la succession desdifférentes politiques publiques orientéssur la gestion de problèmes conjecturelsen lieu et place de recherche de solutionsstructurelles.

Aussi ce sont quelques grandes entre-prises publiques et privées se comptant

sur les doigts d’une main qui se sont lan-cées dans le sport, plus des raisons denotoriété ou d’impératif d’intérêt publicréel mais peu affiché ou, pas du tout, pourservir leur stratégie commerciale ou decroissance au vu de leur forte positiondominante sur leurs marchés respectifs.

Dès lors, il faut s’in-terroger sur la volontéet la capacité dumonde économique etdes nos entreprises àcontribuer au finan-

cement du sport etdu sport profes-sionnel et defaçon plus largeau financementd ’ a c t i o n sc i t o y e n n e sdans unesociété pour-tant marquée

par une forte tra-dition communautaire et un

socle de comportements solidaires.Par ailleurs, chez nous, les anciens

champions ou dirigeants émérites ne sontpas toujours reconnus et ne sont pas aidéspour contribuer à capitaliser et trans-mettre leur savoir faire et expérience. Deplus, beaucoup de champions à leur tour,il faut également le dire, une fois assisdans la vie au plan matériel, ne font rienpour la discipline qui les a faits roi. Ils«ne renvoient pas l’ascenseur» au mouve-ment sportif comme le font beaucoup enEurope, en Afrique… les exemples nemanquent pas.

Croyez-vous qu’il y ait risque deblanchiment d’argent dansl’investissement dans le football, quiest un créneau pas encore rentable ? Le blanchiment d’argent dans notre

pays présente, faut-il le rappeler, un tauxd’imposition des plus bas du Bassin médi-terranéen, ce qui laisse de la place pourgénérer de l’épargne et des encaissesoisives, et ce, faute d’une politique puis-sante d’encouragement aux investisse-ments productifs notamment hors hydro-carbures et sans prendre en considérationla part du marché informel.

L’évasion fiscale et le détournement derentes de situation peuvent trouver dans lefootball un exutoire valorisant et prospèremais il faut garder raison, les gains dansles autres formes d’investissements sontautrement plus rémunérateurs, plus juteuxet moins visibles.

Cependant, il faut s’interroger sur lessalaires des entraîneurs notamment étran-

gers dans un pays de contrôle de changes

et sur les salaires des joueurs.

Selon vous, la gestion financière desclubs sportifs professionnels est-elleréellement transparente ? Sont-ils enharmonie avec la réglementationfinancière et comptable en vigueur ? Je ne le crois pas car, le cadre d’orga-

nisation du sport professionnel, mis à part

pour un ou deux clubs professionnels,

n’est pas en conforme aux pratiques ou

plutôt ces dernières sont encore loin des

critères et standards de gestion, de mana-

gement, de transparence comptable et

financière, de réglementation du travail,

de contractualisation des relations de tra-

vail, de protection sociale, nos clubs ne

sont plus des club amateurs mais ne sont

pas encore des entreprises soumises au

simple code de commerce et aux rigueurs

des règles de management. C’est trop

rigide pour trop de comportements peu

transparents. Il y a un problème de

contrôle et de sanction qui est posé

depuis des années non seulement sur

l’origine des fonds que sur leur utilisa-

tion. Par ailleurs, on ne s’improvise diri-

geant et responsable d’entreprise ou de

club professionnel lorsque on n’a aucune

connaissance en management, ni culture

ni expérience dans le monde du sport ou

que l’on a été habitué à manipuler l’ar-

gent public sans obligation de résultat.

Les salaires des joueurs ont atteintdes seuils astronomiques cesdernières années sans qu’il ait uneindustrie sportive permettant derenflouer les caisses. Quel estl’impact sur les clubs de football eux-mêmes et sur la CNAS dans le cas ducongé de maladie pour un joueurdont le salaire dépasse les 3 millionsde dinars ?Tout le monde a constaté les salaires

des joueurs annoncés par les clubs dans

les médias et en même temps leur diffi-

culté à disposer d’aires d’entrainement.

Comment expliquer le coût des transferts

et les salaires et les lamentations éter-

nelles relatives à la trésorerie des clubs

sauf pour quelques uns qui sont adossés à

de grandes entreprises publiques ou pri-

vées et bénéficiant de généreux sponsors,

le plus souvent au niveau de la capitale. A

l’intérieur du pays, il y a un vrai problè-

me d’égalité de chances pour promouvoir

le professionnalisme. Les charges fiscales

et sociales seraient insoutenables pour les

clubs et les caisses de Sécurité sociale

même si les cotisations seraient propor-

tionnelles à ces salaires n

S. B.

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L’éco n°72 / du 16 au 31 août 2013

La seule pénurie est celle de

l’imagination et du courage

pour avancer et faire avancer

la jeunesse algérienne et le

sport national.

Bimensuel de l’économie et de la finance48

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Pour mettre un terme à la gabegie et à la corruption dans le secteur sportif

Toutefois, le vide qui caracté-rise cette loi est relatif aufait qu’elle ne fait

pas obligation aux sociétéssportives de faire approu-ver les comptes par uncommissaire aux comptes. Unesituation qui a engendré touteforme de dépassements en matièred’utilisation des deniers publics. Pis, on s’en souvient, et cela reste

pour le moment le cas, si l’onexcepte quelques fédérations,même lorsqu’ils sont contestés parleurs pairs en raison de leur échec,les membres des bureaux fédérauxs’arrangent toujours pour se fairereconduire en usant de lobbiesqu’ils se constitués.

Il faut signaler que c’est la disci-pline footballistique qui est la plustouchée par ce phénomène de cor-ruption et de détournement dedeniers publics, voire même del’argent du sponsoring ou encoredes dons provenant de férus de telou tel club. Ce qui s’appelle, enlangage juridique, «abus de bienssociaux».

Même les joueurs s’y sont mis.En général, c’est la période du mer-cato qui est la plus propice pour

L’éco n°72 / du 16 au 31 août 2013

Par Faouzia Ababsa

Les cLubs tenus de décLarer Leurs comptesPendant des années, les fédérations sportives et les clubs qu’elles dirigent

activaient dans l’impunité la plus totale. Usant et abusant de l’argent qui leurétait versé à titre de subventions par l’Etat, sans qu’ils aient un jour à rendrecompte de son utilisation. Alors qu’ils sont assujettis par l’article 63 de la loirelative à l’étude physique et sportive de 2004 à présenter le bilan financier.

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R C’est la discipline la plus touchée par le phénomène dela corruption et du détournement de deniers publics

L’éco n°72 / du 16 au 31 août 2013

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Bimensuel de l’économie et de la finance

Fédération. On nous a distribuésdes cadeaux après tirage au sort.Certains joueurs ont eu des télévi-seurs, d’autres des réfrigérateurs,en plus de cela, on nous a remis desbons d’achat de Sonacome pourl’acquisition de véhicules que l’ona payé de nos poches», a affirmé ily a quelques jours l’ancien interna-tional Lakhdar Belloumi. C’est direqu’à l’époque, seuls comptaient leprivilège et l’honneur de faire par-tie de l’équipe nationale et d’évo-luer dans la cour des grands.

C’est donc pour mettre fin à lagabegie, la corruption, l’entente surles matchs, la dissimulation de fac-tures et au détournement de l’argentdu sport que le département de M.Tahmi a élaboré un texte amendantcelui de 2004. Ainsi, dans le voletrelatif au financement, il seradésormais fait obligation aux clubs,fédérations, comité olympique,comité national paralympique,ligues sportives, clubs et associa-tions sportives «de présenter leurbilan moral et financier ainsi quetout document se rapportant à leurfonctionnement et à leur gestion surtoute réquisition de l’administra-tion chargée des sports». Comme ilest fait obligation aux ligues, clubset associations sportifs, après latenue de leurs assemblées généralesrespectives, de «présenter leur bilanmoral et financier ainsi que leurcomptabilité annuellement à lafédération sportive nationale àlaquelle ils sont affiliés. Ils sontdans l’obligation de tenir desregistres comptables et des registresd’inventaire». Mieux encore, lanouvelle loi les oblige à faire certi-fier leurs comptes par un commis-saire aux comptes. Et, certainementéchaudé par les fausses déclarationset les fausses certifications, leministère de la Jeunesse et desSports se réserve le droit, selon letexte, de «procéder à la désignationd’experts chargés de l’audit finan-cier des fédérations sportives natio-nales, des ligues, clubs et associa-

tions bénéficiaires d’aides et de

subventions de l’Etat et des collec-

tivités locales». Aux termes de l’ar-

ticle 155 de la loi, «toute fédération

sportive nationale, ligue sportive,

club ou associations doivent procé-

der chacune à l’ouverture d’un

compte unique destiné à abriter

leurs ressources en devises et pro-

duits des instances internationales

et d’un autre compte destiné à abri-

ter les subventions et autres contri-

butions publiques, ses ressources

propres ainsi que les contributions

des sponsors et donateurs».

Par ailleurs, pour éviter les mou-

vements d’argent et le chantage en

matière d’évolution des joueurs, le

document interdit «tout transfert

d’une subvention publique accor-

dée à un club sportif amateur vers

un club sportif professionnel».

Enfin, des dispositions pénales sont

prévues pour tout manquement ou

non-respect de la loi. A l’instar de

l’article 218 qui prévoit des peines

de prison allant de 2 à 10  ans et

d’une amende de 200 000 à un mil-

lion de dinars pour celui qui, «dans

le but de modifier le déroulement

d’une compétition ou manifestation

sportive en violation des règle-

ments et des normes qui la régis-

sent, offre ou promet d’offrir direc-

tement ou indirectement des pré-

sents, des dons ou tout autre avan-

tage matériel et financier à toute

personne, notamment le joueur,

l’entraîneur, l’arbitre, le jury, l’or-

ganisateur, le dirigeant sportif

bénévole élu, le dirigeant de société

sportive commerciale, le manager

ou le personnel d’encadrement

sportif».

Reste à savoir maintenant si ce

texte sera appliqué dans ses

moindres dispositions. Tant il est

vrai que l’Algérie dispose des

meilleures lois mais qui ne font pas

l’objet d’application et encore

moins de contrôle d’application n

F. A.

réaliser des ristournes. Ce n’est pastout. Certains joueurs n’hésitent pasà user de chantage en exigeant dessommes astronomiques pour jouerdans l’équipe nationale.

Il y avait les bons deSonacome comme seulerécompense

Il fut un temps où les équipesnationales disputaient des matchspour les couleurs nationales, maisaussi pour le sport. «Lorsqu’on estrentrés de la Coupe du monde de1982 qui s’est déroulée en Espagne,après la défaite que l’on a infligée àl’Allemagne, nous n’avons reçuaucun sou de la part de la

Bimensuel de l’économie et de la finance50

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Nouvelle législation

Le législateur a revu les modalités decréation et de gestion des clubssportifs professionnels. Des modi-

fications introduites dans la loi relative àl’organisation et au développement de laformation et des activités physiques etsportives adoptée par les deux Chambresdu Parlement lors de la session de prin-temps. Il est constaté en premier lieu lasuppression du statut de «club sportif semi-professionnel», un concept introduit dansla loi d’août 2004. Les pouvoirs publicsestiment aujourd’hui utile d’aller directe-ment vers le professionnalisme après unepériode de transition qui aura duré unedizaine d’années. Pour ce qui est du clubsportif professionnel, sa définition a sensi-blement changé. Voici celle de 2004 : «Leclub sportif professionnel a notammentpour objet l'organisation de manifestationset compétitions sportives payantes et l'em-ploi d'un encadrement et d'athlètes contrerémunération ainsi que toutes activitéscommerciales liées à son objet» ; et celle de2013  : «Le club sportif professionnel apour objet, notamment l’amélioration de sacompétitivité économique et sportive ainsique celle de ses sportifs à travers sa partici-pation à des manifestations et compétitionssportives payantes et l’emploi d’un enca-drement et de sportifs en contrepartie d’unerémunération ainsi que toutes activitéscommerciales liées à son objet.» Nousassistons donc à l’intégration de la notionde «compétitivité économique».

Pour ce qui est de la forme commercia-le, rien n’a changé puisque les clubs profes-

sionnels pourront se constituer enEntreprise unipersonnelle sportive à res-ponsabilité limitée (EUSRL), en Sociétésportive à responsabilité limitée (SSARL)ou en Société sportive par actions (SSPA).«Les sociétés prévues ci-dessus sont régiespar les dispositions du code de commerce,les dispositions de la présente loi ainsi quepar leur statut qui doit fixer notamment lesmodalités d’organisation des sociétés sus-citées et la nature des apports», précise l’ar-ticle 59 de la loi.

Une des principales nouveautés de cetexte est de permettre aux capitaux étran-gers d’investir dans les clubs profession-nels. Une disposition inscrite dans l’alinéa2 de l’article 62 : «Les sociétés étrangèrespeuvent être actionnaires ou associées d’unclub sportif professionnel conformément àla législation en vigueur.» La précision«conformément à la législation en vigueur»signifie que les étrangers ne pourraientdétenir plus de 49% des actions. Le législa-teur a même prévu une autre dispositionpour permettre aux nationaux de garder lamajorité du capital social. «En cas d’aug-mentation de leur capital social, soit par

émission de nouvelles actions ou de partssociales, soit par augmentation de la valeurdes actions ou des parts sociales, les assem-blées générales d’actionnaires ou d’asso-ciés des sociétés sportives commercialesdoivent accepter toutes nouvelles souscrip-tions émanant de personnes de nationalitéalgérienne, physiques ou morales afind’augmenter les ressources de la société etgarantir sa viabilité», lit-on dans l’article65. En attendant l’instauration du profes-sionnalisme, les pouvoirs publics ont prévudes mesures d’accompagnement pour sou-tenir les clubs. Ainsi, ces sociétés sportivespourront, durant une période de cinq ans,«bénéficier de l’aide et de la contributionde l’Etat et des collectivités locales. Cetteaide est accordée sous forme, notammentde concours financiers, de mise à disposi-tion de personnels d’encadrement, d’ex-ploitation d’infrastructures sportives, d’ac-cès au foncier et de bénéfices de prêts ban-caires». Mais il est évident que les facilitéset aides de l’Etat ne bénéficieront qu’auxclubs de football. Le football, seul sport enAlgérie à avoir les capacités de s’engagerdans le professionnalisme n S. A. B

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Par Sofiane Ahmed Bey

Les sociétés sportives dorénavant ouvertes aux capitaux étrangers

Dans la nouvelle loi sur l’organisation et le développement de la formation et des activitésphysiques et sportives, il est prévu l’intégration de la notion de «compétitivité économique».Pour ce qui est de la forme commerciale, rien n’a changé puisque les clubs professionnels

pourront se constituer en Entreprise unipersonnelle sportive à responsabilité limitée(EUSRL), en Société sportive à responsabilité limitée (SSARL) ou en Société sportive paractions (SSPA). Le texte autorise par ailleurs, dans une certaine limite, la participation de

capitaux étrangers dans les sociétés sportives professionnelles.

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Il est prévu l’intégration de la notion de «compétitivité économique»

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Mohamed Tahmi, ministre de la Jeunesse et des Sports

«La compLaisance doit cesser»

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Le club professionnel est une entreprise, ce n’est pas une association à caractèreamateur. Le ministre de la Jeunesse et des Sports, Mohamed Tahmi, insiste sur

davantage de rigueur et de transparence dans la gestion des clubs. Les clubsprofessionnels, assure le ministre, ne seront plus traités avec souplesse, toute dérive à

la législation sera sanctionnée par des amendes ou des peines de prison.

L’Eco : quels sont les efforts entrepris,par votre ministère pour le développementdu football, sport roi en Algérie? Mohamed Tahmi : le sport de manière

générale est une priorité de l’Etat. Notre dépar-tement œuvre pour la promotion du sport demasse et du sport de haut niveau. Le footballétant le sport roi, il occupe donc une placeimportante. Le ministère œuvre, à travers lesdifférentes fédérations, particulièrement lafédération du football, pour le développementde la pratique du football au niveau de la basede la manière la plus large et aussi au niveau desclubs de performances pour avoir une élite etdes équipes nationales représentatives du paysdans les manifestations internationales. Pourcela, il faut avoir une politique qui nécessite aupréalable une organisation et ensuite mettre enplace les moyens appropriés.

Car nous avons pris conscience que la réus-site de cette politique est foncièrement tributai-re d’une bonne organisation étant donné que lesmoyens existent, mais, souvent, ne sont pas uti-lisés à bon escient. Aujourd’hui nous disposonsdes moyens suffisant pour la réorganisation defootball. C’est d’ailleurs ce que nous entrepre-nons depuis trois ans à travers la professionna-lisation du football qui devrait être réussi defaçon à ce qu’il soit la locomotive des autresdisciplines sportives. Aujourd’hui le football estpratiquement financé à tous les niveaux et àpresque 100%. Nous souhaitons dans l’aveniravoir l’apport des opérateurs économiques pourque cette pratique sportive passe à une vitessesupérieure. En sommes, la contribution del’Etat au développement du football en Algérieest tout d’abord une politique sportive nationalet ensuite la mise en place des moyens néces-saires et indispensable à sa réussite.

Réalisé par Lynda Melak et Hamid Mohandi Mohamed Tahmi

Suite en page 52

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Les pouvoirs publics ont pris des mesuresd’accompagnement et des facilitationspour le compte des clubs de football afinde réussir la transition vers leprofessionnalisme. Quatre années sesont écoulées et les engagements pasconcrétisés. Peut-on savoir où réside leproblème ? Désolé de vous contredire, mais je dois

vous signaler que nous avons tenu à tous nosengagements bien que certains ont été retar-dés. Je le confirme encore une fois, tous lesengagements étaient respectés. Nous avonsdécidé d’octroyer aux clubs un prêt de 100millions de dinars sur quinze ans avec un tauxexceptionnel de 1% et un remboursement quine démarrera qu’à la dixième année. Il s’agitd’un prêt destiné à l’investissement et pas aufonctionnement. Mais malheureusement,aucun club n’a fait la demande à ce jour. Peut-être que le moment n’est pas encore propice ?Les clubs n’ont pas encore d’assiettes fon-cières ou de projets d’investissement  ?S’agissant du financement des fonds de roule-ment des clubs professionnels de football esti-mé à 25 millions de dinars, cet argent a étéaffecté aux différents clubs pour la premièreet deuxième année, tandis que les échéancessont en cours pour ce qui est de la troisièmeannée. Mais cette contribution financière nepeut être débloquée que sur la base d’un bilanfinancier. Les clubs réfractaires à la présenta-tion du bilan financier de l’exercice précédentne peuvent pas prétendre à cette aide. C’est del’argent public qu’il s’agit, il est assujetti àplusieurs paramètres dont la présentation desbilans. Mais d’une manière générale, presquetous les clubs ont bénéficiés de cette aide surles trois premières années. Pour ce qui est duremboursement des frais de déplacement del’équipe séniors et les frais de déplacement ycompris la restauration et l’hébergement deséquipes de jeunes, nous n’avons pas fui nosengagements. Nous procédons au rembourse-ment à chaque fois que le club présente sondossier et tout retard dans la procédure est liésystématiquement au retard qu’accusent lesclubs pour préparer et transmettre leurs dos-siers. Toujours au titre des mesures d’accom-pagnement, chaque club a aussi droit à uneassiette foncière pour la construction decentre d’entrainement et de formation.L’opération est en cours. La procédure a trèsbien avancée du moment où l’ensemble desclubs disposent aujourd’hui d’assiette fonciè-re. Il était convenu au départ à ce que l’Etatfinance à hauteur de 80% et le club finance à20%. Mais après réflexion, nous avons déci-dé de proposer au gouvernement lors d’unconseil interministériel qui se tiendra dans lesprochaines semaines de porter le financementpublic à100% afin que les terrains et lescentres de formation resteront la propriété del’Etat dans le cas où la société commerciale

est mise en faillite. La construction de cescentres de formations que nous allons mettreà la disposition des 32 clubs professionnelssera ainsi affectée exclusivement à l’Etat.L’opération devrait commencer avant la finde l’année en cours et pour tous les clubs pro-fessionnels.

Autres aides de l’Etat concerne l’exonéra-tion de taxe pour l’importation des équipe-ments sportifs. Cette opération n’a pu êtreconcrétisée par ce qu’aucun club n’a importédu matériel spécifique. Ainsi et de manièregénérale, les engagements de l’Etat ont étérespectés. A titre d’exemple, l’aide de l’étatne s’étalera plus sur trois ans mais sur huit ans.

Peut-on instaurer le professionnalismesans l’apport des opérateurs économiquesdans un contexte marqué par la fragilitéfinancière des entreprises ? Je suis totalement d’accord, mais il faut

dire aussi que l’environnement économiqueest en train de changer aujourd’hui en Algérie.Nous avons de plus en plus d’entreprises sol-vables et solides. L’investissement dans lesport n’est pas uniquement limité aux équipe-ments sportifs, les horizons sont désormaisélargis. D’ailleurs, en dépit de toutes les diffi-cultés, nos clubs arrivent à dénicher les finan-cements suffisants pour leur fonctionnementet il suffit de voir les salaires des joueurs pour

savoir que l’argent n’a jamais poser problème.Mais dans les faits, nous aimerons bien voirces opérateurs économiques investissent dansle football pour leur savoir-faire et pas unique-ment pour fructifier leur argent. Donc, ce quireste aujourd’hui c’est de régulariser et d’or-ganiser tout ça à travers la mise en placed’une industrie autour du football comme cefait ailleurs. Mais tout cela est subordonné à lagestion de ces clubs qui devrait être similaireà celle des sociétés commerciales.

Les instances ayant pour mission decontrôler la gestion financière etcomptable traitent avec une certainessouplesse les clubs professionnels à telleenseigne que certains clubs netransmettent pas leurs bilans. S’agit-il duprix à payer de cette transition brute versle professionnalisme?L’environnement juridique approprié pour

la mise en place du professionnalisme dans lefootball existe. Les clubs sont de surcroittenus à le prendre en compte et à le respecter.Ils se sont constitués en sociétés commer-ciales, alors ils sont dans l’impératif de secomporter comme tel et conformément à lalégislation régissant ce genre de société.Donc, ils sont dans l’obligation de transmettredans les délais les bilans financiers et comp-tables aux différentes instances. La gestion

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Mohamed TahmiSuite de la page 51

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doit être rigoureuse. On ne peut gérer un clubde football sans passer par la bonne gouvernan-ce qui caractérise les entreprises solvables quifonctionnent. La rigueur dans la gestion est pri-mordiale. Cette complaisance donc doit cesser.Tous les clubs devraient être sur le même piedd’égalité devant la loi. Les clubs devraient êtretraités comme des entreprises économiques au

sens large du terme. La nouvelle loi sur l’orga-nisation et le développement de la formation etdes activités physiques et sportives, dans sonvolet inhérent au football, impose un mode defonctionnement respectueux des lois. La réus-site du professionnalisme passe inéluctable-ment par une gestion rigoureuse des denierspublics, recettes et dépenses et de tous ce quientoure la vie d’un club professionnel. On nepeut pas se hisser en professionnel avec unesprit amateur. Pas de complaisance, pas dedérogation. La loi s’applique pour tout lemonde. Se sont des sociétés commerciales etdonc sommées à se tenir au cadre réglementai-re et légal. Un club qui ne remet pas son bilans’expose aux mesures disciplinaires et répres-sives appropriées qui seront déterminées dansla prochaine loi. Ainsi, il ne pourrait plus pré-tendre à s’engager dans une compétition, toutclub qui ne transmit pas son bilan aux instancesconcernées. La précédente loi régissant le foot-ball professionnel n’évoquait pas la période detransition, ce qui a entravé en quelque sorte leprocessus. Elle stipulait uniquement que leclub professionnel ne pouvait pas prétendre àl’aide de l’Etat. Une décision qui a été modifiéeà l’issu d’un conseil interministériel tenu enmars 2010 d’une façon à ce que ces clubs rece-vront exceptionnellement l’aide de l’Etat.

La prochaine loi dont la publication dans leJournal Officiel interviendra incessammentdétermine clairement la période de transition etofficialise également l’aide de l’Etat. Partant delà, personne n’est sensés ignorer la loi. Chacunassumera ses responsabilités et toutes dérivesseront sanctionnées par des amendes ou despeines de prison.

La direction nationale de contrôle degestion (DNCG) a été dissoute avec la findu championnat et la Commission deContrôle des Clubs Professionnels(CCCP) n’est pas encore installée.Comment allez-vous procéder pour lecontrôle financier et comptable desclubs professionnels? Ces instances ne dépendent pas du ministè-

re. En parlant du respect des lois, je voulais direle code de commerce et l’arsenal juridiqueauquel est soumise une société commerciale.Maintenant, il y a un autre contrôle qui se faitau niveau des fédérations à travers cette direc-tion. Cette dernière doit faire son travail par ceque c’est elle qui détermine si le club peut s’en-gager ou non en début de saison sportive. Elledoit alors jouer son rôle et il n’y a aucune rai-son pour qu’elle failli à sa mission.

Les trois premières années où il y avait desflottements sont se écoulée. Maintenant, onpassera dès l’année prochaine à une gestionstricte et rigoureuse du mode de fonctionne-ment de ces clubs, faute de quoi, on s’éternise-ra dans la période de transition.

La loi doit s’appliquer dans toute sa rigueurpour qu’on puisse réussir le professionnalisme.

Un club n’aura plus le droit d’avoir plusieurscomptes sauf sur autorisation et il est somméde régler toutes opérations financières parchèque ou virement, ce qui va lui interdire depayer un joueur en espèce. Ce sont en sommesquelques mesures qui devront normaliser lasituation et contraindre ces clubs à se transfor-mer de manière globale en véritable entreprise.Au risque de me répéter, le club professionnelc’est une entreprise, ce n’est pas une associa-tion à caractère amateur.

Plusieurs clubs se sont endettés après lepassage au professionnalisme. A combienestimez-vous le montant global des detteset est-ce que les pouvoirs publics vont-ilsassainir leur situation? Il n’est pas question du tout que l’Etat pro-

cède à l’assainissement des dettes des clubsd’assainir les dettes. Les pouvoirs publics n’ontabsolument rien avoir. Cet endettement est dû àune gestion et elle relève exclusivement de laresponsabilité des gestionnaires. C’est à euxd’en trouver les solutions. Ceci dit, le niveaud’endettement des clubs, à mon avis, n’est pasaussi important puisqu’ils continuent de recru-ter à coup de centaines de millions de dinars. Lasituation n’est donc pas aussi catastrophiquecomme laisseraient prétendre certaines voix quise plaignent étant habitué à l’assistance finan-cière de l’Etat. L’aide des pouvoirs publics serésume aux mesures d’accompagnement citéesauparavant. S’agissant de l’ardoise des dettesaccumulées par les clubs, l’estimation ne peutêtre faite que sur la base d’un bilan détaillé etdéposé. Chose que beaucoup de clubs ne l’ontpas fait. C’est un problème interne qui doit êtrerégler à l’intérieur des clubs. Le ministère n’apas à s’immiscer dans la gestion des problèmesinternes des clubs.

L’Equipe nationale est en train de fairedes prouesses avec à la clé une éventuellequalification au mondial. Combiencoûtent les Verts au Trésor public ? L’Etat dépense peu dans la prise en charge

de l’EN de football car celle-ci est gérée d’unemanière très professionnelle. Elle dispose deplusieurs ressources dont celles ayant trait ausponsoring. Elle a des partenaires et des spon-sors qui lui assurent d’importants revenus.Pratiquement, elle ne fonctionne que grâce ausponsoring. Ceci dit, l’Etat octroie une subven-tion à la FAF consacrée à la préparation deséquipes nationale et du championnat. Mais ellen’inclue pas les primes de matchs et les salairesdes joueurs et entraineurs qui relèvent ded’autres ressources. Et nous souhaitons que lesclubs fonctionnent de cette manière à traversl’instauration du professionnalisme. Les entre-prises s’investissent dans le monde du sport àtravers, notamment, le sponsoring. Mais jepense que ce n’est pas assez, par ce qu’il man-quait le cadre réglementaire approprié n

L. M./H. M.

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Pas de complaisance,

pas de dérogation. La loi

s’applique à tout le monde.

Nedjma, le plus grand sponsor du foot

Outre le handball, le cyclisme, le ten-nis, les rallyes automobiles et autresévènements sportifs, Nedjma s’avère

l’opérateur économique le plus offensif enmatière de sponsoring et de marketing sportifen s’offrant la visibilité de l’Equipe nationaleet des plus prestigieux clubs de football pro-fessionnels algériens. Ses premières actionsde sponsoring remontent à l’année 2008 avecla conclusion d’un partenariat avec laFédération algérienne de football (FAF) etaujourd’hui elle frappe de son empreinte toutce qui est foot. A cet effet, Nedjma poursuitson soutien et encouragement à l’équipe natio-nale en prévision de sa participation à laCoupe du monde 2014 au Brésil avec le slo-gan «Nedjma dima maâ le football algérien»et ce, à la faveur d’une convention de sponso-ring signée avec la FAF en mars 2009. Cetavenant comprend en effet le soutien à l’équi-pe nationale durant toutes les rencontres deséliminatoires de la Coupe du monde 2014 touten gardant l’exclusivité sectorielle du sponso-

ring de la Coupe d’Algérie, des arbitres ainsique les droits d’exploitation de l’image del’EN dans son ensemble, des joueurs interna-tionaux individuellement et du sélectionneurnational.

Nedjma sponsorise également la JSKabylie, le CR Belouizdad, la JSM Béjaïa, leMC Oran, le CA Bordj Bou Arréridj, le MC ElEulma, l’USM Annaba, l’ASO Chlef,l’USMH et le CS Constantine. Ces actionssalutaires, engagées au moment où le sport-roicommençait à perdre de sa vitalité, ont gran-dement ravivé cette pratique sportive populai-re. Nedjma a réussi ainsi à renforcer sa noto-riété en se rapprochant encore plus desAlgériens à travers le soutien indéfectiblequ’elle apporte à leur sport favori. A titre illus-tratif, l’opérateur de téléphonie aurait consa-cré une enveloppe financière annuelle de 150millions de dinars au profit de l’EN et de laFAF et entre 70 et 110 millions de dinars pourles dix clubs professionnels qu’il sponsorisesur les 4 milliards de dinars consacrés audéveloppement du sport. Ce montant, faut-il lepréciser, ne prend pas en compte les cam-pagnes de communication réalisées dans ledomaine du sport (affichage, spots télévisés etradiophoniques).

Cette étroite relation avec le football a per-mis à Nedjma de se familiariser davantageavec les Algériens qui ont adopté ses slogansqui sont devenus de véritables hymnes spor-tifs entonnés dans les stades par les suppor-teurs, à l’image de «Maâk yal kKhadra, maâkya Dzaïr». Même si la stratégie de Nedjma estdominée par le football, son champ de sponso-ring sportif reste ouvert à toutes les disci-plines. L’opérateur est intéressé par d’autressports et reste ouvert à toute proposition tantqu’elles vont dans le sens de ses valeurs et deson image de marque. Mais en tant qu’entre-prise de haut standing dotée d’un managementtrès professionnel, elle subordonne préalable-ment tout projet de sponsoring à des études etévaluations de propositions de partenariatainsi qu’à des négociations afin de trouver lameilleure formule de soutien bénéfique auxdeux parties, notamment en termes de retourd’image n

L. M.

Par Lynda Mellak Devenu en peu de temps

une référence en matière

de sponsoring sportif,

l'opérateur de téléphonie

Nedjma réserve, à

l’horizon 2014, une

cagnotte d’un peu plus de

4 milliards de dinars

pour l’émergence du

sport de haut niveau en

Algérie.

4 milliards de dinarsmobilisés d’ici 2014

Nedjma s’avère l’opérateur économique le plus offensifen matière de sponsoring et de marketing sportif

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