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Ressources de géographie pour les enseignants Océans et mondialisation De la mer à l’assiette : présentation de la filière halieutique dans le Monde Publié le 06/07/2014 Auteur(s) : Yvanne Bouvet, Maître de conférences, Université de Bretagne Occidentale - Brest, EA 2219 Géoarchitecture, ISHS. SOMMAIRE 1. Des ressources fragiles mal partagées 2. Une activité en fin de révolution ? 3. Des poissons et des hommes La pêche et l’aquaculture ont une fonction essentielle, celle de nourrir l'humanité, toujours plus nombreuse. L’originalité du secteur halieutique [1] est qu’il repose sur une activité de cueillette voire de chasse, utilisant les ressources vivantes (animaux et végétaux) de l’hydrosphère (eaux salées, saumâtres ou douces). L’enjeu majeur de l’activité halieutique est de participer à la sécurité alimentaire mondiale, tout en préservant le fragile équilibre entre les ressources et les besoins en protéines animales pour l’alimentation humaine. L’activité de pêche est présente dans toutes les mers du globe, des mers arctiques autour des îles Aléoutiennes (pêche au crabe géant d’Arctique), aux mers australes des îles Kerguelen (pêches de krill). L'aquaculture se pratique essentiellement dans les mers, rades, baies, estuaires, lagunes, proches des zones habitées. Les littoraux accueillent une grande partie de l’activité halieutique, autour de points d’armement de navires, de déchargement puis de transformation et de consommation des produits pêchés. Les espaces littoraux, déjà très sollicités par les activités humaines, peuvent ainsi devenir des espaces de conflits d’usage tant à terre qu’en mer. La pêche et l’aquaculture forment un secteur économique qui fournit travail et ressources à près de 55 millions de personnes dans le monde, nombre en augmentation constante et rapide. Les productions de richesses diffèrent fortement entre la pêche vivrière et la pêche organisée en activité économique, capitaliste voire financière. Les modes d’appropriation des ressources halieutiques génèrent des heurts entre pêcheurs et autour des accès aux zones de pêche ou d’aquaculture. La pêche et l’aquaculture fournissent une part de plus en plus importante de l'alimentation humaine. Comme ceux de l'agriculture, les produits de la pêche sont fortement intégrés à des processus de transformation et d’échanges et soumis à une standardisation des modes de consommation promue par l’industrie agro-alimentaire. Les conditions de mise sur le marché des produits marins construisent des systèmes économiques où la redistribution de la valeur ajoutée est loin d’être équitable. De la mer à l’assiette : présentation de la filière halieutique dans le Mo... http://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/dossiers-... 1 sur 23 12/07/2015 04:37

De La Mer à l’Assiette _ Présentation de La Filière Halieutique Dans Le Monde — Géoconfluences

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Océans et mondialisation

De la mer à l’assiette : présentation de la filière

halieutique dans le MondePublié le 06/07/2014Auteur(s) : Yvanne Bouvet, Maître de conférences, Université de BretagneOccidentale - Brest, EA 2219 Géoarchitecture, ISHS.

SOMMAIRE

1. Des ressources fragiles mal partagées2. Une activité en fin de révolution ?3. Des poissons et des hommes

La pêche et l’aquaculture ont une fonction essentielle, celle de nourrir l'humanité, toujoursplus nombreuse. L’originalité du secteur halieutique [1] est qu’il repose sur une activité decueillette voire de chasse, utilisant les ressources vivantes (animaux et végétaux) del’hydrosphère (eaux salées, saumâtres ou douces). L’enjeu majeur de l’activité halieutiqueest de participer à la sécurité alimentaire mondiale, tout en préservant le fragile équilibreentre les ressources et les besoins en protéines animales pour l’alimentation humaine.L’activité de pêche est présente dans toutes les mers du globe, des mers arctiques autourdes îles Aléoutiennes (pêche au crabe géant d’Arctique), aux mers australes des îlesKerguelen (pêches de krill). L'aquaculture se pratique essentiellement dans les mers,rades, baies, estuaires, lagunes, proches des zones habitées. Les littoraux accueillent unegrande partie de l’activité halieutique, autour de points d’armement de navires, dedéchargement puis de transformation et de consommation des produits pêchés. Lesespaces littoraux, déjà très sollicités par les activités humaines, peuvent ainsi devenir desespaces de conflits d’usage tant à terre qu’en mer.La pêche et l’aquaculture forment un secteur économique qui fournit travail et ressources àprès de 55 millions de personnes dans le monde, nombre en augmentation constante etrapide. Les productions de richesses diffèrent fortement entre la pêche vivrière et la pêcheorganisée en activité économique, capitaliste voire financière. Les modes d’appropriation des ressources halieutiques génèrent des heurts entre pêcheurs et autour des accèsaux zones de pêche ou d’aquaculture.La pêche et l’aquaculture fournissent une part de plus en plus importante de l'alimentationhumaine. Comme ceux de l'agriculture, les produits de la pêche sont fortement intégrés àdes processus de transformation et d’échanges et soumis à une standardisation desmodes de consommation promue par l’industrie agro-alimentaire. Les conditions de misesur le marché des produits marins construisent des systèmes économiques où laredistribution de la valeur ajoutée est loin d’être équitable.

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Comment s'organise l’activité halieutique dans le monde ? Il s'agit d'abord de présenter lesgrandes zones de pêche à travers les ressources, leur répartition et les métiers de lapêche. Puis les dynamiques de l'activité de la pêche et de l'aquaculture conduiront àexaminer la difficile question de la raréfaction de la ressource. Enfin l'étude des acteursprincipaux que sont les pêcheurs, et des échanges économiques générés par la pêchedébouchera sur une approche géo-systémique à même de faciliter la compréhension del’activité de pêche.

1. Des ressources fragiles mal partagées

Selon les dernières analyses de la FAO(Food and Agriculture Organization), quirecense et publie les données sur lespêches et l'aquaculture dans le monde [2],l’ensemble des productions aquatiques aatteint 154 millions de tonnes (Mt), dontprès de 100 Mt issues du milieu marin et63 Mt provenant de l’aquaculture, faisantapparaître le poisson comme un alimentsecondaire dans l’alimentation humaine[3]. Alors qu’il représente presque latotalité de l’hydrosphère, l’espacemaritime ne participe que pour deux tiersà la production : c'est que l’océanreprésente un milieu souvent hostile etdifficile à maîtriser .

Production et répartition de

l'activité halieutique

1.1. Des zones océaniques privilégiées

La pêche, présente sur toutes les mers du globe, ne s'y pratique ni dans les mêmesconditions, ni avec les mêmes résultats. Les mers épicontinentales plus accessibles etlocalisées près de grands foyers de peuplement possèdent un avantage certain.

La répartition de la production halieutique dans les zones océaniques se caractérise parune prédominance du Pacifique, suivi de l’Atlantique et de l’océan Indien, conforme à lasuperficie de ces océans. À plus petite échelle, la répartition en latitude des océans et leur proximité des zones de peuplement expliquent la plus forte production du Pacifiquenord-ouest bordant la Chine, le Japon et la Russie (22 Mt), suivi du Pacifique sud-est (12Mt) longeant l’Amérique du Sud, puis du Pacifique centre-ouest (11,5 Mt) et de l’Océanindien oriental (7,2 Mt) qui baignent les mers des péninsules asiatiques. L’Atlantiquenord-est ne produit que 8 Mt. L’Atlantique nord-ouest (2 Mt) et le Pacifique nord-est (3 Mt),bien que plus modestes, jouent un rôle important dans l’approvisionnement de l’Amériquedu Nord.Les mers tempérées boréales sont fortement exploitées car elles bordent des continentsqui ont développé la pêche en mer depuis des siècles, et, depuis le XXème siècle, unepêche industrielle d'espèces de poissons endémiques (lieu d’Alaska, hareng et gadidé del’Atlantique) en réponse à une demande croissante des populations. Cette exploitation desressources provoque une stagnation voire une baisse de la production, notamment enAtlantique nord-ouest avec la chute des captures de morue.

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La production de la pêche maritime

par zone océanique en 2011

La production dans l’Atlantique nord subitune chute effective depuis le début du XXIème siècle en Atlantique nord-est,

mer où pêchent principalement lesflottilles européennes, ainsi qu'en

Atlantique nord-ouest (moindre ressourceet restriction d’accès sur les pêcheries demorue, dès les années 1970). À l'opposé,la production de l’océan Indien progresse,surtout grâce à la pêche des thonidés [4].

Comparaison de l’évolution de la

production dans 3 zones

océaniques

Les eaux tempérées australes, plus éloignées des zones de peuplement, notamment dansle Pacifique, sont moins exploitées, à l'exception des côtes d’Amérique du sud, au large duChili, du Pérou et de l'Équateur où sont pêchés les petits pélagiques comme l’anchois.Dans les eaux froides voisines de l’océan Antarctique, s'installent des pêcheries trèsspécifiques de krill ou de poissons de grands fonds.Les eaux tropicales fournissent, quant à elles, de plus en plus de captures, suite à la miseen exploitation par les grandes puissances halieutiques de nouveaux espaces et denouvelles espèces, comme les thons et les crevettes.

1.2. Des ressources à conquérir

L’étendue de l’océan mondial est considérable, puisqu’avec plus de 361 millions de km², iloccupe 70 % de la planète. Pourtant, ses eaux ont une faible productivité primaire etfournissent seulement 2 % de l’alimentation humaine (Carré, 2008) et 6,5 % des protéinesconsommées dans le monde (FAO, 2013). Dans le milieu marin comme sur terre, le cyclebiologique repose sur la photosynthèse, grâce au phytoplancton à l’origine de la chaînealimentaire constituée de nombreux prédateurs dont le pêcheur. Le rendement de lachaîne alimentaire est très faible et les chercheurs en biologie marine animale (Miossev,1989) s’accordent pour dire que, malgré une forte production en phytoplancton (qui secompterait en milliards de tonnes), le segment intéressant les pêcheurs ne dépasse pas100 à 120 Mt, soit le niveau déjà atteint aujourd'hui par la pêche et l'aquaculture marine.Comprendre la pêche, c’est s’intéresser aux milieux de vie des espèces aquatiques et auxfacteurs environnementaux déterminant leur reproduction, leur croissance et leursmigrations. La température de l’eau, la salinité, la teneur en nutriments, en oxygène…influent sur la distribution des populations marines. Les pratiques et pollutions d’origineanthropique peuvent perturber la chaîne alimentaire des espèces marines et ralentir leur

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développement [5]. Il reste beaucoup à comprendre sur les milieux et modes de vie desespèces marines, difficilement observables. On continue à découvrir des espèces ou toutau moins à les faire entrer dans le circuit de consommation, pendant que d’autresdisparaissent.

En mer, la faune et la flore sont répartiesselon une zonation verticale (avec laprofondeur viennent le froid, le sombre etle manque de nutriments) et une zonationhorizontale ou méridienne (la biomassemarine diminue avec l'éloignement descôtes, car les sels nutritifs sontessentiellement d’origine tellurique). Lesespaces les plus riches sont donc lesplates-formes continentales d'oùproviennent les neuf dixièmes de laproduction halieutique. C'est pourquoil’hémisphère nord est privilégié puisque lamajorité des continents s’y trouvent,soumis pour l’essentiel à un climattempéré qui favorise la productionprimaire.

Les courants marins sont aussi des sources de mélange de nutriments, notamment à leur rencontre, là où lecontact de masses d’eau de température,de salinité, de densité différentes, forme etdéplace les fronts hydrologiques et créedes brassages verticaux. Ces zones sonttrès poissonneuses. Les courants côtiersfroids qui longent les continents fontremonter à la surface (« upwelling ») deseaux chargées de nutriments et créent cequ’on nomme parfois un « bloom » phyto-planctonique saisonnier entraînant ledéveloppement d’une riche biomassemarine, essentiellement composée depetits pélagiques, qui viennent nourrird’autres poissons. Parmi cesphénomènes, le plus important est celui de la côte pacifique de l’Amérique du Sud, exploité par les Péruviens et lesChiliens autour des pêcheries d’anchois.

Courants marins et anomalies

thermiques

Complément : le classement des espèces pêchées

1.3. Une production spécialisée

Bien connaître l’espèce ciblée est pour le pêcheur une garantie de savoir la débusquer etla capturer. Pour aller chercher la morue ou l’anchois, les engins de capture sont différents.

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On parle souvent de « métier » pour définir l’espèce pêchée associé à l’engin utilisé. Ondistingue deux catégories de métiers, celui des arts dormants, qui sont des engins passifsoù les poissons viennent se piéger, et celui des arts traînants, qui sont des engins actifs oùl’on « chasse » le poisson. Les arts dormants peuvent être calés sur le fond, voire fixés à lacôte, ou dériver au gré des courants : le filet droit, le casier, les lignes avec hameçons sontd’utilisation courante pour presque toutes les espèces. Les arts traînants sont tractés par lebateau (dragues, chaluts, lignes) ou effectuent des encerclements (sennes) ; ils exigentune forte puissance des bateaux de pêche, pour tracter les engins et remonter le poissoncapturé. L’essentiel des captures s’effectue à moins de 500 mètres de profondeur, sur leplateau continental et le haut du talus ; les techniques actuelles de pêche ne permettentpas de pêcher au-delà de 1 200 mètres de profondeur, même si certains essais ont pu sefaire à de plus grandes profondeurs (notamment avec les palangres de fond).

Les engins de pêche ne capturent pas forcément les animaux pour lesquels ils sontemployés, malgré les systèmes électroniques de détection et de suivi de capture de plusen plus sophistiqués. Les captures « accessoires » sont composées d’autres espècesvivant dans les mêmes eaux (baudroie au lieu de cabillaud) ou de poissons immatures,trop petits (la sélectivité de la taille des mailles de chalut ou de senne ne vaut que pour lespremiers poissons arrivés, les suivants sont coincés dans la masse [6]) ou les deux à lafois (capture de solettes ou merluchons [7] lors du chalutage de langoustines). Les chalutss’avèrent des systèmes peu sélectifs surtout lorsque plusieurs espèces et plusieurs taillesde poissons cohabitent (on parle alors de pêcherie plurispécifique), et la chance laisséeaux petits poissons est bien mince même si tous les règlements sont respectés (taille desmailles, mailles carrées,..). Les filets et les lignes sont plus sélectifs si l’orientation desmailles et la taille des filets et des hameçons sont respectées, surtout pour les prises dejuvéniles, déjà moins pour les captures d’espèces accessoires. Ces deux types d’enginsfacilitent le tri « au fond plutôt que sur le pont » et réduisent les captures de poissons troppetits, encore immatures et qui ne se sont pas reproduits.

Quelques engins de pêche Production et espèces produites

en 2011

La production mondiale est dominée par les poissons marins qui forment les trois quartsdes captures. Malgré la diversification en cours depuis 20 ans, les pêches mondialesexploitent un nombre réduit d'espèces : la moitié de la production repose sur 70 espèces[8]. Une dizaine d’espèces seulement dépassent le million de tonnes avec une fortereprésentation des pélagiques : petits pélagiques (anchois, hareng, maquereau,poutassou, pilchard et sardine) et thons (listao, albacore). La production de poissonsblancs s'appuie sur le lieu de l’Alaska, la morue de l’Atlantique, et, depuis quelquesannées, sur un poisson des grands fonds, le poisson-sabre. Une telle spécialisation rend lesystème productif vulnérable à des variations climatiques [9].

La domination de la production par les espèces pélagiques est liée au développement despêches minotières depuis les années 1970, véritable ruée vers les petits poissons,

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nombreux et à reproduction rapide, destinés à la fabrication de farine et d’huile, ce qui leur vaut souvent le nom de poisson-fourrage. Ces petits pélagiques sont destinés à nourrirles animaux d’élevage terrestre (porc, volaille) ou maritime (saumon). La présence desgrands pélagiques comme les thonidés est liée à la mise en pêcheries des océanstropicaux par les grandes pêches thonières en réponse à la baisse de productivité despoissons blancs issus des pêcheries traditionnelles (Atlantique nord). L’amélioration destechniques de capture (chalut pélagique, senne, …) et des navires adaptés (chalutierspêche-arrière ou thoniers-senneurs) contribue à l’expansion des pêches mondiales avecdes modifications de la part respective des espèces produites.

Fileyeurs côtiers et chalutiers pêche-arrière de Br etagne

Clichés : Bouvet Y., 20131. Navires hauturiers du Guilvinec

2 et 3. Chaluts sur enrouleurs4. Fileyeur côtier à pont couvert

2. Une activité en fin de révolution ?

L'inégale répartition de l'activité halieutique dans le monde ne reproduit pas l'inégaleprésence de la ressource. En effet, la demande économique et sociale, les habitudesalimentaires, les moyens techniques de capture et de distribution diffèrent d’un pays àl’autre, d’une communauté à l’autre. À proximité d’une ressource marine, certainescommunautés s’organisent pour l’utiliser, d’autres non [10].

2.1. Un poisson mondial

La carte ci-après montre la concentration de la production en Asie, suivie de l’Amérique du

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Sud et de l’Europe. En 2011, le bilan statistique de la FAO montre que plus des 8/10èmede la production sont assurés par 25 pays, et 60 % des captures par seulement 10 pays.Ce sont les pays disposant d’un plateau et/ou d’un talus continental et abritant les grandsfoyers de peuplement qui sont les principaux producteurs halieutiques.

La géographie de la production halieutique s’est diversifiée. Si les pays industrialisés ontlongtemps dominé la production mondiale (Japon, États-Unis, Europe, URSS) car ilspossédaient les moyens techniques de production, de transformation et decommercialisation des produits, ils se font rattraper et dépasser par des pays émergents, àpartir de 1985. Deux facteurs explicatifs peuvent être avancés. Le premier est la mise enœuvre du Droit de la Mer [11] instituant les zones économiques exclusives (ZEE) quidéterminent une appartenance nationale aux ressources vivantes ou minérales dans lalimite des 200 milles nautiques (environ 370 km) depuis la côte. Cette mesure a eu poureffet de développer des flottilles nationales, et de soumettre l'accès des flottilles étrangèresà des droits de pêche. Souvent, les nouvelles flottes de pêche nationales sont aidées parles armements des pays industrialisés en échange de l’accès de leur flotte aux espaces etressources maritimes « nationalisés ». Des transferts de technologies s’opèrent tant pouraméliorer les flottilles de pêche que pour les activités de transformation, avec à la clef, ladélocalisation de certaines activités portuaires : c'est ainsi que nombre de conserverieseuropéennes se sont installées en Afrique occidentale (proximité de la ressource, maind’œuvre abondante et peu chère). Le deuxième facteur a déjà été évoqué puisqu’il s’agitdu développement de la pêche minotière et de pêcheries spécialisées dans l’exploitationdes petits pélagiques.

Les pays producteurs halieutiques

en 2011 Les premiers pays producteurs en

2011 et la place de l’Asie

L’Asie reste le continent le plus gros producteur, avec la moitié de la production mondiale.Le Japon, grand pays producteur et consommateur, est aujourd’hui relayé par d’autrespays qui produisent pour répondre à la demande intérieure ou pour assurer des entrées dedevises en exportant leur production. La Chine est devenue le premier acteur de laproduction mondiale, atteignant plus de 15 Mt depuis 2010 contre 9 Mt en 1980. Avec lecomplément des importants volumes aquacoles (plus de 33 Mt), c'est désormais un tiersdes productions mondiales qu'assure la Chine. Les Amériques sont le deuxième continentproducteur avec la forte présence du Pérou et du Chili et bien sûr des Etats-Unis dont laproduction est très diversifiée. Le Mexique, l’Argentine et le Brésil sont devenus desproducteurs incontournables, capables d’exporter en raison de leur faible consommationnationale, et décidés à concéder des droits de pêche à des flottilles étrangères. L’Europereste un important pôle de production et de consommation, mais la politique européennecommune de gestion et de mise en valeur des produits de la mer ne saurait occulter ladispersion des moyens et des résultats. Le continent africain enregistre peu de

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progression, à l'exception de quelques pays comme le Maroc et l’Afrique du Sud. Les eauxafricaines restent le terrain de redéploiement des flottilles européennes et asiatiques auxtermes de droits de pêche souvent liés à des transferts de technologies et de redevances.Ces accords sont souvent peu adaptés aux contextes locaux, puisque les redevances nevont guère vers les populations littorales qui en ont besoin et l’absence d’autorité decontrôle laisse penser que ces accords vendent surtout des « droits au pillage » à desflottilles industrielles qui menacent l’existence de la pêche côtière et artisanale (Le Roux etNoël, 2010, Bignoumba, 2010).

2.2. La longue conquête halieutique d'un océan « fi ni »

La production halieutique a été multipliée par 7 en un demi-siècle. La lecture des phasesde son évolution nourrit une forte inquiétude pour les temps à venir.

De 1950 au milieu des années 1970, levolume de production progresse de 20 à60 Mt. À l'issue de la Seconde Guerremondiale, les flottilles reconstruites despays développés pêchent dans des stocksabondants, qui ont pu se reconstituerdurant le conflit. Puis intervient lamodernisation des flottilles, qui passe parde nouvelles techniques de pêche(chalutage par l’arrière, senne plusgrande), l'augmentation de la taille desnavires qui permet de stocker plus depoisson et la capacité des bateaux-usinesà transformer en mer (congélation,conserverie). C’est le temps de laprospection et de la mise en productionde nouvelles pêcheries par déploiement des flottilles industriellesdes pays du Nord vers les eaux du TiersMonde, encore libres d’accès. On a alorspu parler de Révolution halieutique paranalogie avec la Révolution verte.Parallèlement, la demande s'accroît, quece soit la consommation humaine quis'ouvre aux surgelés, ou l’alimentationanimale (porcs, poulets, poissons) quiabsorbe farine et huile.

Évolution de la production

mondiale de la pêche et de

l’aquaculture (1950-2011)

Après les crises pétrolières de la décennie 1970, la progression se ralentit nettement. Lespêcheries traditionnelles, en Atlantique et dans le Pacifique [12], s'essoufflent. La flambéedes prix de l’énergie conduit plusieurs flottilles à arrêter l’exploitation de pêcherieslointaines devenues non rentables. Le modèle économique précédent de l’industrie despêches est remis en cause et on assiste à des regroupements d’armements et à desdélocalisations de flottilles qui se rapprochent des pêcheries et des zones de premièretransformation. Malgré tout, grâce à une plus grande diversification des espèces, laproduction continue d’augmenter pour atteindre 80 Mt au milieu des années 1980. Laproduction se stabilise depuis 1990 autour de 85 Mt, avec des hausses et des baissesliées aux effets d’El Niño sur la présence de l’anchois du Pérou.

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A partir des années 1990, les captures stagnent mais l’aquaculture se développe. Avec 60Mt produites en 2010 pour l’alimentation humaine (soit 41% de la production totale) dontprès de 20 Mt issues de la mer, l’aquaculture confirme son dynamisme et le rôlefondamental qu’elle joue dans l’apport de protéines animales. On évoque une Révolutionaquacole car la production a été multipliée par 12 depuis 1980, en liaison avec la maîtrisedes cycles complets de vie, dont la reproduction en milieu fermé. Si l’élevage de carpes eneau douce et la conchyliculture existent depuis longtemps, la culture d’espèces marines estplus récente, spécialisée sur quelques espèces de poissons mais aussi de mollusques, decrevettes et d’algues.

L’Asie assure les 9/10ème de laproduction aquacole mondiale, avec laChine comme premier producteur (36,7 Mt) [13]. Si le Japon reste le premierproducteur d’algues alimentaires, laculture de la crevette s’est développéedans presque tous les pays d’Asietropicale, mais aussi en Amérique etAfrique tropicales, souvent encomplément de la pêche. Les nouveauxpays halieutiques prennent leur essorcomme l’Indonésie, l’Inde, le Myanmar, lesPhilippines.Les poissons d’eau douce (la carpe, letilapias et le poisson-chat surtout)l'emportent avec 33,7 Mt. Les salmonidésreprésentent l’essentiel des poissonsdiadromes, suivis des anguilles et desesturgeons (pour le caviar) ; le saumon,qu’il soit d’Atlantique ou du Pacifique selimite aux eaux froides tempérées etfournit aujourd’hui une productionsupérieure de très loin à celle de la pêche (1% seulement du saumon de l’Atlantiqueest « sauvage »). De la même manière,plus de la moitié (55%) des crevettes demer sont élevées et composent 70% de laproduction de crustacés. La production demollusques (14 Mt) est diversifiée, entreespèces traditionnelles (moules, huîtres),nouvelles espèces en forte croissance(palourdes, coques) et soutien à desespèces fragilisées par une trop fortepêche (coquille Saint-Jacques) [14]. Lapisciculture marine s’intéresse à desespèces à haute valeur ajoutée (bars,dorades, turbots) et fonde de grandsespoirs dans l’élevage de la morue et duthon rouge.S'il a pu apparaître comme une possibilitéde compenser le déclin de la pêche, le

Production et producteurs

aquacoles en 2010

Ferme aquacole au Viet Nam

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développement de l’aquaculture rencontreactuellement des limites qui leralentissent. Quelques épizooties etmarées noires ont montré la vulnérabilitéde cette production. En même temps,l’aquaculture est dévoreuse d’espaceslittoraux, déjà très convoités par d'autresactivités, et peut avoir un impact négatifsur certains milieux (mangroves) etcertaines espèces sauvages.

Quand toutes les mers du monde semblent avoir été explorées, et toutes les espècesutilisées, quand l’océan apparaît comme fini, s'ouvre pour la pêche une période demenaces sociales, économiques et écologiques qui invite à une mise en place de mesuresde gestion et d’encadrement de la pêche.

2.3. La difficile gestion des pêches

Pour assurer une pêche durable, lagestion de la ressource et desprélèvements est nécessaire. À cet effet,les biologistes marins chargés d’estimerl’importance de la ressource vivantemesurent des « stocks », c’est-à-dire lapartie exploitable d’une population depoissons. Un stock est composé depoissons adultes de plusieurs cohortes,autrement dit des poissons de la mêmeclasse d’âge. Un stock évolue en fonctiondu nombre de recrues qui y entrent, de lamortalité naturelle et du prélèvement faitpar la pêche, qu’on nomme l’effort depêche. L’âge de reproduction etl’espérance de vie ont une incidence surl'effectif du stock. Ainsi, l’espérance de vied’une crevette ou d’un anchois et faible (3ans) mais ils se reproduisent dès lapremière année, alors qu’une morue peutvivre une dizaine d’années mais ne sereproduit que vers 3 ou 4 ans. Lesespèces pélagiques ont des espérancesde vie plus courtes que les espècesdémersales ou benthiques ; les capturesde poissons de grands fonds s’effectuentsur des espèces à métabolisme lent, sereproduisant tard (un poisson-sabre ne sereproduit qu’à 10 ans).

Cycle de vie d’une cohorte

Une pêcherie durable, c’est un espace où le stock prélevé n’endommage pas la bonnesanté de la population et permet l’entrée d’une cohorte de recrues au moins égale à l’effort

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de pêche. C’est l’importance du groupe de géniteurs qui détermine la viabilité de laressource. La rentabilité de la production halieutique repose donc sur le recrutement denouveaux géniteurs et sur la croissance de chaque cohorte. Il appartient aux pêcheurs degérer le prélèvement pour ne pas déstabiliser le renouvellement régulier de la populationqui permet de pérenniser leur activité ; on parle alors de stock pleinement exploité quiassure un niveau de production optimale équilibrée. Mais si, pour maintenir leur niveau devie, ou pour assurer une rentabilité financière supérieure aux investisseurs, les pêcheursaugmentent l'effort de pêche, ils réduisent le nombre d’individus arrivant à maturitésexuelle et provoquent une surexploitation.

Pour déterminer le niveau d’exploitationoptimal, la FAO rassemble les suivis desstocks produits par l’ensemble desbiologistes marins. En 2009, 57% desstocks sont pleinement exploités, 30%sont surexploités et 13% seulement sontsous-exploités. L'augmentation du nombrede stocks surexploités inquiète par sesconséquences écologiques (risque dedisparition d’espèces), mais aussi par lesmenaces qu'elle fait peser sur le sort despopulations littorales qui vivent de cetteactivité, sur l’équilibre de certaineséconomies nationales et sur la sécuritéalimentaire mondiale.

Seule la mise en place d’une gestionraisonnée des pêches peut préserver lesstocks fortement ou surexploités. Si cetimpératif peut être entendu dans les paysoù les lois sont respectées et là où lapêche se fait dans des eaux sous autoriténationale [15], il n'en est de même ni dansles régions où les instances de contrôlesont absentes ni dans les eauxinternationales où vivent les grandspoissons migrateurs (thons, requins). Lesmesures actuellement en cours portentsur des réductions de captures dejuvéniles et de captures accessoires (tailledes mailles, des hameçons), sur la miseen place d'aires marines protégées [16].Cette limitation de l’effort de pêche nepeut aller sans prise en compte desconséquences économiques et sociales(réduction de la flottille et du nombre depêcheurs, concentration d’entreprises …).

Évolution de l’état des stocks de

l’océan mondial (1974-2009)

3. Des poissons et des hommes

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La production des pêches stagne voire diminue, celle de l’aquaculture décolle. Cetteaugmentation globale de la production n’assure pas pour autant une meilleure répartitionde la consommation dans l’ensemble du monde à la fois parce que le poisson n’est pasprésent dans toutes les mers du globe, que l'effacité des techniques des pêcheurs est trèsdissemblable et que les échanges internationaux modifient l’accès aux produits.

3.1. Des pêcheurs et des bateaux

La pêche et l’aquaculture sont aujourd’hui l’activité de près de 55 millions d'hommes et defemmes (15% de femmes, estimation de la FAO), dont 7 millions sont des travailleursoccasionnels (pêcheurs saisonniers qui exercent une autre activité, souvent agricole,activité elle-même saisonnière). On connaît assez mal ces populations qui représententpourtant 4,2% des 1,3 milliards d’actifs du secteur primaire. Cette population de pêcheurscontinue de croître (2,1% par an depuis 2005 selon la FAO), plus vite que la populationmondiale (1,2% par an) et que la population agricole (0,5% par an).La majorité des pêcheurs vit dans les pays en développement : en Asie (87%), en Afrique(7%), en Amérique latine (4%) où leur nombre continue de progresser, en lien surtout avecle développement de l’aquaculture. En Asie, la progression du nombre d’aquaculteurs est10 fois supérieure à celle du nombre des pêcheurs entre 1990 et 2000 et 3 fois supérieureentre 2000 et 2010. A l’inverse, en Europe et en Amérique du Nord, qui comptentseulement pour 2% des effectifs en 2010, soit 1,5 point de moins qu’en 1990, le nombre depêcheurs ne cesse de baisser - à un rythme de 2% par an sur les dix dernières années enEurope, et le nombre d'aquaculteurs se stabilise.

Pêcheurs et aquaculteurs par région du monde (en mi lliers de personnes)

1990 2000 2010

pêcheursdont

aquaculteurspêcheurs

dontaquaculteurs

pêcheursdont

aquaculteursAfrique 1 917 2 3 899 84 3 955 150Asie 26 675 3 772 36 752 10 036 47 857 16 078Europe 645 32 752 84 634 85Amériquelatine &Caraîbes

1 169 69 1 407 191 1 974 248

Amérique duNord

385 - 343 - 342 4

Océanie 67 2 74 5 76 6TOTAL 30 948 3 877 43 227 10 400 54 838 16 571

Source : F.A.O. 2013

L’emploi dans le secteur pêche recule dans les « vieux » pays halieutiques (Europe,Amérique du Nord, Japon) quand il progresse dans les pays « neufs ». Ainsi, la France, leRoyaume Uni, le Japon ont perdu près de la moitié de leurs pêcheurs entre 1990 et 2010,soit près de 170 000 au Japon, 13 000 en France et 12 000 au Royaume-Uni. La mise enœuvre de technologies performantes qui réduisent le besoin de main d’œuvre mais aussila volonté politique de s'attaquer à la surcapacité de la flottille de pêche, afin de diminuerl’effort de pêche et rendre l’activité halieutique durable, expliquent en grande partie ledéclin des effectifs.

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La forte productivité par pêcheur des pays du Nord résulte du fort degré d’industrialisation(navires de plus grande taille, fortement motorisés) et contraste avec la faible productivitédes petits producteurs aux modestes embarcations du Sud. Ainsi, la Norvège tout enperdant plus de la moitié de ses navires (passant de 13 000 à 6 300 unités entre 2000 et2010) conserve 95 % de sa puissance, passant de 1,321 à 1,25 millions de kW, et gardedonc sa capacité de capture tout en ayant perdu près de 8 000 pêcheurs.

La productivité par personne

(pêcheur et aquaculteur) en 2010

Caractéristiques des flottilles de

pêche dans le monde

Pour comprendre ces évolutions, il faut regarder la répartition et la constitution des flottillesde pêche. La flottille mondiale qui compte plus de 4 millions de bateaux, se répartit entrel’Asie (73 % de la flottille), suivie de l’Afrique (11 %), l’Amérique latine et les Caraïbes (8 %)puis l’Europe et l’Amérique du Nord (3 % chacune). La motorisation et la taille des bateauxpeuvent permettre d’évaluer le niveau de technicité et le niveau d’investissement financierdu secteur. Les petits bateaux (moins de 12 mètres) représentent 85 % de la flottemondiale et sont majoritaires dans toutes les régions du monde, même si leur proportiondiminue en Europe [17], en Amérique du Nord et en Océanie tout en constituant plus des3/4 de la flotte. Ces embarcations opèrent à proximité des côtes et représentent le cœur del’activité de pêche sur les littoraux autour d’activités artisanales et vivrières qui assurentdes revenus (ou des apports de nourriture) pour la famille proche ou étendue.

Passer à des bateaux motorisés (le moteur est l’équipement qui vient en premier quand lapirogue est amortie), puis à des bateaux plus grands demande un investissement financiertant pour le bateau lui-même que pour les engins de pêche associés. Cela exige aussi desconnaissances et des équipages plus aguerris pour affronter des mers plus lointaines etsouvent plus hostiles. Enfin, il est nécessaire de disposer d'équipements portuaires pours’approvisionner en carburant, en glace, pour décharger les captures, et surtoutcommercialiser le produit de la pêche.

3.2. Une consommation internationale

Le poisson est une denrée très périssable et, pour entrer dans l’offre alimentaire, il doitrapidement être transporté et transformé et/ou conditionné afin d’être vendu au meilleur

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prix. Il peut se présenter sous différentes formes (frais, séché, salé, fumé, réfrigéré,congelé, lyophilisé, en conserve…) qui lui confèrent une plus ou moins grande valeur :généralement plus un poisson est frais, voire vivant, plus son prix est élevé. Laconsommation humaine directe représente près de 86 % de la production, soit plus de 128Mt en 2010, et la part du poisson transformé est devenue majoritaire. La transformation dupoisson en huile et farine pour l’alimentation animale recule en pourcentage, car ellen'apporte qu'une faible valeur ajoutée aux captures.

Les modes de consommation varient d’une région du monde à l’autre. Si l’Amérique latineproduit et utilise beaucoup de farines et d’huiles non alimentaires, notamment pour lesélevages de saumons du Chili et de crevettes en Équateur, c’est une région assez peuichtyophage, où la consommation se fait en frais ou réfrigéré, dans les espaces à proximitédes ports de débarquement. Les populations d’Afrique salent mais surtout sèchent etfument beaucoup le poisson, n’ayant pas toujours accès à la conservation réfrigérée. EnEurope et en Amérique du Nord, on transforme les deux tiers des poissons destinés àl’alimentation humaine, soit par congélation, soit par appertisation. Et c’est en Asie et enAfrique que l’on consomme le plus de poisson frais, voire vivant en Asie et dans les pays àforte communauté asiatique (Amérique du Nord).

Formes de commercialisation du

poisson

Clichés : Bouvet Y, Bernard N., DesseR.-P.

1. Poisson vivant (Viet Nam)2 et 3. Poisson frais à Porto (Portugal)4 et 5. Poisson séché à Lomé (Togo)

6. Poisson en conserve (France)

L'utilisation de la production

halieutique et son évolution

A l’instar des méthodes de pêche, les techniques de conservation et de transformation dupoisson ont beaucoup progressé pour maintenir en bon état le poisson devenu produit dela mer. Ainsi, de nombreuses innovations dans le domaine de la réfrigération, de lafabrique de glace (en écailles) et du transport permettent de distribuer le poisson à l’étatfrais ou vivant [18]. Les besoins en énergie, en eau potable, en transport nécessitent decoûteuses infrastructures, respectant les règles sanitaires tout au long de la chaîne dedistribution du poisson, de la mer jusqu’à l’assiette.Les produits transformés sont nés de la volonté de préserver la ressource alimentaire de la

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dégradation ; le séchage, le fumage, le salage ont été des modes de conservation utilisésdepuis longtemps et qui ont permis aux produits de la mer de conquérir les espacescontinentaux (Besançon, 1965 & Noël, 2013). L'appertisation et la conserve, à partir de lafin du XIXème siècle, puis la surgélation au XXème siècle, ont fait triompher les produitstransformés, en Europe et en Amérique du Nord. Tout est alors mis en œuvre pour créerdes produits à haute valeur ajoutée, qu’ils soient frais, congelés, panés, fumés ou enconserve mais surtout prêts à consommer et de qualité uniforme, quitte à perdre de leursaveur. Pour faire face à la demande qu’elle a elle-même générée, l’industrie alimentairese rapproche des lieux de pêche pour assurer la transformation des poissons (Afrique pourles conserveurs européens), y trouvant une main d’œuvre bon marché.La surgélation en mer a bouleversé la géographie de la transformation, grâce aux navires-usines qui traitent le poisson dès sa sortie du filet, et qui fabriquent une matière « première» de chair sans arête, qui peut subir une nouvelle transformation (fabrication de platscuisinés) voire une autre congélation avant d’entrer sur le marché de vente et deconsommation. Cette double-surgélation (ou double frozen) permet de construire descircuits d’approvisionnement, de transformation et de commercialisation à l'échellemondiale, en fonction des espèces et du produit à fabriquer, du coût de la main-d’œuvreutilisée et des transports. Par exemple, des poissons entiers congelés provenant desmarchés européens et nord-américains sont expédiés en Asie (Chine, mais surtoutVietnam et Inde) pour le filetage et le conditionnement avant d’être réintroduits sur lesmarchés d’origine (Druais, 2004). Le poisson ainsi stabilisé devient un produit pluséchangeable qui participe à la mondialisation croissante de la filière pêche.Le contrôle des circuits d’approvisionnement mondiaux est de plus en plus réalisé parl’aval de la filière et les distributeurs. Cette intégration du secteur halieutique au commerceinternational est liée à tout un ensemble de facteurs : la demande croissante (liée àl’augmentation de la population et l'amélioration des conditions de vie et d’alimentation), lesinnovations technologiques (assurant transformation, conditionnement et transport), lamondialisation des systèmes alimentaires (on veut manger de tout, partout) et surtout lalibéralisation des politiques commerciales. La transformation du poisson (filetage etconserve) s'est déplacée vers la Chine, la Thaïlande et le Vietnam qui prennent placeparmi les premiers pays exportateurs grâce au faible coût de leur main-d'oeuvre. En 2011,les 56 Mt (équivalent poids vif) d'exportations de produits de la mer ont généré 125milliards de dollars US, soit en valeur 10 % des produits agricoles échangés dans lemonde et 1 % du commerce mondial.

Les principaux pays responsables

des échanges commerciaux des

produits halieutiques en 2010

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Les importations de produits de la

mer pour 3 continents

Le déséquilibre et l’interdépendance entre les pays du Nord (Europe, Amérique du Nord,Japon), importateurs, et les pays du Sud (Asie, Amérique latine, Afrique), exportateurs,sont flagrants : les deux tiers des exportations des pays en voie de développement sont àdestination des pays développés. La Chine est à la fois le premier producteur et le premierexportateur mondial de poisson, même si ses importations ne cessent d’augmenter poursatisfaire une demande intérieure croissante en produits de la mer du fait del’augmentation du niveau de vie et de la globalisation des habitudes alimentaires.

L’Europe demeure le plus grand marché de produits halieutiques avec 40% desimportations mondiales originaires de toutes les régions du globe, mais aussi d’échangesentre les pays européens. La situation de dépendance extérieure de l’Union Européennepour sa consommation de produits de la mer est liée à deux grandes causes. La premièretient à l’augmentation de la demande intérieure de la part d'une population de plus en plusichtyophage. La deuxième est liée à la politique commune des pêches (Europe bleue) qui aconstruit des mesures de gestion et de restriction des activités de pêche pour préserver etreconstituer les stocks de poissons de la mer communautaire (Atlantique nord-est), tout endéveloppant l’activité aquacole.

Le commerce international qui s’est construit sur les produits marins depuis une vingtained’années rend fort complexe l’analyse d’un secteur qui repose pour l’essentiel sur uneactivité artisanale portée par une multitude d’acteurs, de métiers et d’espaces différents.Une approche par les espaces utilisés, créés, partagés par cette filière peut être une aide àla compréhension de ce secteur.

3.3. Un géo-système halieutique

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La rencontre entre un socio-système (les acteursde l’exploitation et de l’utilisation des produitshalieutiques) et un écosystème (les milieuxmaritimes et leurs ressources) génère un systèmehalieutique reposant sur des éléments variés,produisant des biens et fabriquant des espaceshalieutiques [18]. Ainsi, le système halieutiqueintègre des éléments biologiques (production de la biomasse), physiques (mouvements desmasses océaniques), techniques (engins decaptures, navires, transformation), économiques(coopération, partenariats commerciaux,libéralisme), sociaux (populations maritimes,modes de consommation, distribution), culturels(tradition maritime, pratique ichtyophage),juridiques (droit de la mer, de pêche, activitésillégales) et bien sûr politiques (équilibresterritoriaux, disponibilité alimentaire). Ce système se crée en fonction des interactionsentre ces différents éléments, qui sont liés par desmécanismes de flux, d’adaptation, d’ajustement,de régulation et qui évoluent dans le temps pourconstruire des espaces halieutiques. On peut alorsparler d'un géo-système halieutique qui s’appuiesur un espace de production, un espace dedistribution et de consommation et un espacestructurant, les ports, lieux d’organisation de l’activité halieutique en tant qu'interface entreespace maritime, espace littoral et espacecontinental.

Système et espaces

halieutiques

Cette approche systémique invite à décrire l’espace halieutique autour de trois espaces :- un avant-pays maritime : les pêcheries ou concessions aquacoles où sont prélevées lesressources,- un pôle d’organisation : le port de pêche, point de débarquement des captures, lieu depremière transformation et vente, et aussi point d’armement des navires, de recrutement etde formation des équipages, d’organisation et de gestion de la pêche, de constructionsociale et culturelle,- un arrière-pays continental : les zones de distribution, de transformation et deconsommation des produits de la mer.Si certains espaces halieutiques sont simples car liés à une espèce et une région littorale,la mondialisation de la filière halieutique augmente les distances et opacifie les flux qui lesrelient. Les espaces halieutiques sont de plus en plus multipolaires, avec des pêcheriesmulti-spécifiques, des marchés d’approvisionnement concentrés et des consommateurs quioublient parfois l'origine marine et sauvage des poissons.

Conclusion

La progression spectaculaire de la production halieutique depuis le milieu du XXème sièclea permis de répondre à l’un des enjeux contemporains majeurs, celui de la sécuritéalimentaire. L’offre alimentaire en produits halieutiques est passée en 60 ans de 6 à 18,8

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kg par an et par habitant, offrant un accès aux protéines animales plus important maisinégalement réparti. L’augmentation de la production s’est faite grâce à une améliorationdes techniques de captures, à une extension des zones de pêche puis, dans un deuxièmetemps, par le développement de l’aquaculture. Cette expansion s’est réalisée aux dépensd’une ressource vivante dont les producteurs ne maîtrisent pas le renouvellement. Depuispresqu’un siècle, la pression croissante sur les espèces marines menace l’existence denombre d’entre elles (baleines, requins, thons,…). Le nombre de pêcheurs etd’aquaculteurs ne cesse d’augmenter pour atteindre près de 55 millions d’actifs en 2010,soit 25 millions de plus qu’en 1990. La durabilité de ces activités est très clairement poséeet les conflits de partage de la ressource sont multiples.Combien de temps durera l’équilibre actuellement positif entre la biomasse marine et lesbesoins en protéines animales d’une population humaine toujours plus importante ? Sonten jeu l’ensemble de la filière qui compte la pêche et l’aquaculture, ainsi que l’ensembledes activités auxiliaires (transformation, conditionnement, commercialisation, constructionet entretien des bateaux, ports, formation, recherche, administration et gestion…), soit 10 à12% de la population mondiale. Les géographes interrogent aussi les équilibres territoriauxrégionaux. Le littoral est extrêmement sollicité par presque toutes les activités humaines,dès lors quelle place convient-il de laisser à l’activité pêche et aquaculture en mer et surles espaces côtiers ? Selon les modes de production, les ressources et les marchés,quelques espaces peuvent apparaître fortement liées à l’activité halieutique mais rarementuniquement bâtis par elle. C’est au cas par cas qu’on peut tenter de caractériser cesterritoires de la pêche et plus encore ceux de l’aquaculture et de les relier aux activitésvoisines. L’autre enjeu est celui du partage des ressources et des dividendes qui en sontissus entre les pays consommateurs et les pays en développement producteurs etexportateurs souvent contre la volonté de leurs propres populations. La question d'uneautre mondialisation est posée.

Notes

[1] Du grec halieutikos, qui a trait à la pêche, le terme peut s'étendre, selon certainsauteurs, à la production aquatique. C'est le cas dans le présent article.

[2] FAO, 2013, La situation mondiale des pêches et de l’aquaculture, 2012, Rome, 241pages.

[3] Il faut comparer la production annuelle de poisson (terme générique pour désigner lesproduits d’origine halieutique) aux 2030 Mt de céréales, 1500 Mt de fruits, légumes ettubercules, 245 Mt de viandes, 54 Mt d’œufs et 600 Mt de produits laitiers (Carré, 2008).

[4] À partir de la fin des années 1970, face à la stagnation voire la diminution de laproduction en Atlantique nord (passant de 4 à 2 Mt en Atlantique nord), les flottilleseuropéennes se sont reportées sur d’autres zones de pêche : l’Atlantique sud, au large del’Argentine, autour des îles Malouines, pour les chalutiers industriels espagnols et le Golfede Guinée et l’Océan indien pour les thoniers-senneurs espagnols et français.

[5] Voir les conclusions du troisième symposium sur l’acidification des océans, réuni àMonterey (Californie), septembre 2012, montrant les conséquences des activitéshumaines sur le plancton et les coquillages : IGBP, IOC, SCOR (2013). Ocean AcidificationSummary for Policymakers. Third Symposium on the Ocean in a High-CO2 World.International Geosphere-Biosphere Programme, Stockholm, Sweden).

[6] En 2001, dans les 500 tonnes de lançons (petits pélagiques servant à fabriquer de la

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farine) d’une cargaison d’un navire danois le « Benny Dorthe » ayant pêché en Mer du Nord, 125 tonnes étaient en fait des églefins juvéniles (poissons blancs), espècealors très surveillée car étant en danger. (source : The Telegraph, 22 octobre 2001).

[7] La solette est une sole qui n’a pas atteint la maturité sexuelle, et ne s’est pas reproduite; elle est juvénile. Le merluchon est le juvénile du merlu. Ces noms construits comme des diminutifs, donnent l’impression que ce sont d’autres espèces qui sont pêchées mais cen’est pas le cas.

[8] La FAO a recueilli en 2010 des statistiques pour près de 1550 espèces différentes, soit12% de plus qu’en 2000.

[9] Le meilleur exemple est celui de l’anchois du Pérou qui connaît de fortes variations deproduction selon la présence et l’intensité du phénomène El Niño dans le long des côtes del’Amérique du Sud.

[10] Le Gabon est un pays qui se nourrit avec son espace continental et laisse les eaux,pourtant poissonneuses, aux populations migrantes des pays frontaliers (Bignoumba,1995).

[11] Convention des Nations Unies de Montego Bay signée en 1982. Jusqu’à cette date, lamer étaient considérée comme appartenant à tous ou tout au moins à ceux qui pouvaientse l’approprier. On limitait ainsi l’espace maritime national à la portée des canons.

[12] Entre 1970 et 1973, le débarquement des anchois au Pérou chute de plus de 10millions de tonnes, passant sous la barre des 2 millions. En 1983 et 1984, aucune capturesignificative d’anchois péruvien n’est signalée à tel point que les biologistes pensent quel’espèce est éteinte. Depuis, le petit poisson est revenu, avec des variations interannuellesde captures spectaculaires : 9 Mt en 1994, puis 1 Mt en 1998, puis à nouveau 9 Mt en2000… En 2010, la production était de 4.2 Mt et elle est estimée à 8.2 Mt en 2011.

[13] Le développement de l’activité aquacole en Chine a permis de lutter contre la faim etla pauvreté dans les campagnes chinoises, en créant une véritable filière entrant dansl’économie de marché et en valorisant les espaces les plus adéquates (Hishamunda &Subasinghe, 2003).

[14] Voir sur le site d’IFREMER, la page sur l'aquaculture de la coquille Saint-Jacques enrade de Brest.

[15] L’Union européenne a mis en place tout un corpus de réglementations et de partagedes stocks qui est en ce sens exemplaire, même si l’Europe bleue n’aplanit pas lesnombreuses difficultés économiques et sociales du secteur des pêches.

[16] Les aires marines protégées (AMP) sont des zones où les ressources bénéficientd'une protection spécifique. Elles associent les activités humaines, en les pérennisant dansune gestion durable avec une recherche de compromis entre contraintes écologiques etéconomiques. Voir la carte mondiale des aires marines protégées en 2013.

[17] En France en 2012, les bateaux de moins de 12 mètres représentent 80% de la flottesur un total de 4578 bateaux (source : INSEE, 2013).

[18] Voir Corlay, J.-P., 1993, « L’espace halieutique existe, je l’ai rencontré…», Nantes,Cahiers nantais, n°40.

Pour compléter :

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Ressources bibliographiques

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Pour aller plus loin :

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Sitographie :

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Filmographie :

DRUAIS (S), 2004, Quel poisson pour demain ?, film documentaire, 52 minutes, diffusionLa Chaine Parlementaire, un extrait.

Yvanne BOUVET,Maître de conférences, Université de Bretagne Occidentale - Brest, EA 2219

Géoarchitecture, ISHS

conception et réalisation de la page web : Marie-Christine Doceul,

pour Géoconfluences, le 30 juin 2014

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Yvanne Bouvet, « De la mer à l’assiette : présentation de la filière halieutique dans leMonde », Géoconfluences, 2014, mis en ligne le 7 juillet 2014URL : http://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/dossiers-thematiques/oceans-et-mondialisation/corpus-documentaire/de-la-mer-a-l2019assiette-presentation-de-la-filiere-halieutique-dans-le-monde

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