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Institut Roger Guilbert Certificat d’Aptitude Pédagogique. « Cours de Méthodologie » DE LA MULTICULTURALITE A L’INTERCULTUREL EN MILIEU SCOLAIRE

De la multiculturalité à l'Interculturel 5

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Institut Roger Guilbert

Certificat d’Aptitude Pédagogique.

« Cours de Méthodologie  »

DE LA MULTICULTURALITE A L’INTERCULTUREL EN MILIEU SCOLAIRE

Promoteur : Mme Halbart

Etudiant : Jean-Marie Bertrand

Année académique 2006 – 2007

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Remerciement

Je tiens à exprimer ma reconnaissance à l’ensemble des personnes qui ont contribuée, par leur présence, à la réalisation de ce travail

Je remercie

- Mme Halbart pour ses judicieux conseils et pour l’empathie qu’elle a montrée à ses élèves durant ses cours.

- Mon épouse qui a supporté les nombreuses absences et les soirées de veille.

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TABLE DES MATIERES

1. INTRODUCTION GENERALE...........................................................................4

2. DEFINITIONS :.....................................................................................................5

A. Immigrés, étrangers, allochtones : de qui parle-t-on ?.......................................5

B. Le concept de culture.........................................................................................6

C. Les concepts de multi culturalité et d'inter culturalité :.....................................6

D. Des sociétés multiculturelles aux sociétés interculturelles................................7

3. CONTEXTE HISTORIQUE..................................................................................8

A. Histoire de l'immigration en Belgique...............................................................8

B. Politique d’intégration des immigrés en Belgique depuis les années '80 ........10

4. PARTIE PRATIQUE...........................................................................................12

A. Atelier de découverte de bandes dessinées......................................................13

Qu'est-ce que « Valeurs communes »?.................................................................13

Les Bandes Dessinées choisies............................................................................14

B. La comparaison entre les situations proposées et le vécu personnel des élèves17

C. Atelier : écriture des paroles de slam et de karakoé.........................................17

5. EN GUISE DE CONCLUSIONS........................................................................18

6. BIBLIOGRAPHIE...............................................................................................18

7. WEBOGRAPHIE.................................................................................................18

Annexe 1 : Préparation écrite d'une animation............................................................19

Annexe 2 : Consignes données aux élèves...................................................................21

Annexe 3 : Texte personnel..........................................................................................22

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1. INTRODUCTION GENERALE

La Belgique dans laquelle je suis né, où je vis et que je veux contribuer à construire est un pays ouvert aux différentes cultures, c'est-à-dire un pays qui permet à des personnes de différentes cultures de vivre dans un climat d’ouverture, de tolérance, de rencontre et de respect mutuel.

Bien sur, les différences de culture, de langue, de religion, de tradition, peuvent provoquer des frictions, mais elles peuvent être surtout sources de richesse pour toute société qui accepte, reconnaît et valorise ces différences. La diversité culturelle et le dialogue Interculturel se basent sur le respect mutuel et le respect de la différence ainsi que le respect de valeurs communes qui fondent notre démocratie afin d’amener chaque femme et chaque homme à vivre les uns avec les autres en égalité de droits et de devoirs.

D’emblée, je veux préciser que je considère qu’il ne faut pas réduire la culture à la religion, l’interculturel à l’inter-religieux : d’autres dimensions doivent être prises en compte: la langue, la mémoire, l’histoire, les arts, les identités plurielles des jeunes issus de l’immigration, entre autres.

Cela implique l’acceptation de la présence, et donc la reconnaissance, des différents groupes culturels qui composent notre société, et en particulier l’acceptation de la présence de minorités culturelles qu’il convient de traiter avec dignité et respect.

D’une manière générale, cette reconnaissance des minorités culturelles s’appuie sur une vision universaliste de l’humanité et de la citoyenneté. Elle se fonde sur des principes démocratiques : l’égalité de tous les citoyens - en dignité et en droit -, et en particulier l’égalité hommes/femmes, le principe de non-discrimination et la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie. Elle implique aussi la promotion des droits multiples, celui de s’inscrire dans l’école de son choix, le droit au logement et à un emploi.

La défense de la diversité culturelle est liée au refus des points de vue “communautaristes” qui veulent enfermer radicalement les personnes dans leurs particularismes culturels et les encadrer dans un groupe totalement replié sur lui-même. Dans une démocratie, les citoyens au-delà des différences culturelles - et cultuelles - sont liés entre eux par des intérêts sociaux, des engagements politiques, des réalités culturelles qui sont communs à tous et qui transcendent les origines religieuses ou culturelles.

Cette approche permet d’éviter que se vive, au niveau des relations interpersonnelles ce que d’aucuns qualifient, au niveau de nos civilisations, de chocs culturels1.

Cependant, pour que chacun puisse faire valoir ses droits dans ce domaine, il est essentiel de prendre conscience de sa propre identité culturelle, cette prise de conscience pouvant être favorisée, j’en suis convaincu, par l’expression de type artistique.

La pratique artistique permet de se connaître, et, apprendre à se connaître, c’est également apprendre à reconnaître l’autre tant dans ses ressemblances que dans ses différences. Pour ma part, j’aime appliquer dans ma propre vie et la relation à autrui

1 Samuel HUNTINGTON Le Choc des civilisations. Odille Jacobs. 2000

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cette simple phrase : Utiliser nos points communs pour nous rapprocher et profiter de nos différences pour nous enrichir.

En tant qu’éducateur, il m’appartient de contribuer à ce que les adolescents avec lesquels je suis amené à travailler puissent exprimer leur identité culturelle. De plus, intégrer cette expression dans une production commune peut symboliser, pour eux, le passage de la simple addition de vécus culturels différents à leur mise en commun et à l’émergence d’une création commune interculturelle.

Après avoir abordé les aspects théoriques (définitions) et historique des relations multiculturelles en Belgique francophone, j’expliquerai comment j’envisage de créer un contexte propice à la mise en pratique de cette attitude dans un contexte scolaire.

2. DEFINITIONS :

A. Immigrés, étrangers, allochtones : de qui parle-t-on ? 2

De plus en plus souvent, des termes tels qu’ « immigrés », « étrangers » ou « allochtones » sont utilisés pour désigner le même phénomène, sans faire de différence. Mais il peut être intéressant de se demander ce que signifient ces termes, quelles sont leurs différences et, surtout leurs implications politiques ?

Tout d’abord, il faut préciser qu’au niveau juridique, le terme d’immigré n’existe pas. Seul celui d’ « étranger » est défini. Au regard de la loi, il existe des Belges et des étrangers, c’est-à-dire ceux ayant une autre nationalité.

Par contre, dans l’usage courant et politique, le terme d’immigré est très souvent utilisé. Un « immigré » est un étranger entrant et s’installant dans un pays d’accueil. Par rapport à son propre pays, il est un émigré (il l’a quitté pour s’installer à l’étranger).

L’émigration et l’immigration sont donc deux phénomènes liés à la migration d’un individu, selon le pays de référence (de départ ou d’accueil). Il est donc impropre de désigner en tant qu’immigré quelqu’un étant né dans le pays et n’ayant donc jamais migré.

Pourtant, à partir des années 1970-80, la catégorie « immigré » apparaît dans le débat politique et en vient à désigner un individu d’origine étrangère, généralement marocain, turque et/ou musulman. Peu importe que l’individu soit Belge et né en Belgique, il reste, dans les discours et les représentations, un descendant d’immigré ou un « immigré de seconde génération ». La question de l’immigration en vient donc à se confondre, de façon erronée, avec celle de l’intégration de populations différentes culturellement et religieusement.

C’est encore ces termes que j’ai été moi-même amené à utiliser lorsque, en tant qu’animateur de rue, je travaillais dans les années 1990 avec des adolescents issus de l’immigration

De plus, le terme d’allochtone est très utilisé, à partir des années 1990, dans la Communauté flamande et la Région flamande. Est « autochtone » toute personne qui avait la nationalité belge à la naissance ; est « allochtone » toute personne, de

2 Espace citoyenhttp://www.espace-citoyen.be/site/index.php?EsId=1&Module=mod-produit&Indice=1-55-28

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nationalité belge ou non, qui n’avait pas la nationalité belge à la naissance. Ainsi, des jeunes nés en Belgique de parents étrangers sont des allochtones. Encore une fois, c’est l’origine de l’individu qui domine et ce dernier est enfermé dans sa catégorie d’appartenance. D’ailleurs, ceux qui ont acquis la nationalité belge par naturalisation sont souvent appelés les « nouveaux belges ».

Pour éviter les amalgames, le rapport de la Commission interculturelle de 20053

propose d’abandonner les termes d’immigré ou d’allochtone et propose celui de minorité culturelle pour souligner la commune appartenance à la Belgique malgré les différences culturelles.

B. Le concept de culture 4

La culture est importante pour l’existence de chacun d’entre nous. Elle consiste en un tout complexe de connaissances, de représentations, d’images et de valeurs que nous acquérons en tant que membres d’une société donnée.

La structure de notre personnalité est étroitement dépendante de cette culture. La culture “fabrique” les êtres humains que nous sommes car sans le cadre intellectuel, imaginaire et normatif qu’elle nous offre, nous ne pourrions ni agir, ni penser, ni rêver.

La culture n’existe cependant qu’à travers des cultures singulières qui sont autant de réalités mouvantes et complexes, presque insaisissables. Ainsi, une culture ne se réduit jamais à un seul élément mais est toujours la combinaison de plusieurs d’entre eux: langue, territoire, religion, histoire, coutume, droit, art, savoir, etc.

En particulier, comme je l’ai déjà dit, il ne faut pas réduire le culturel au cultuel ou au religieux. Par exemple, il est fréquent qu’on confonde culture arabe et religion musulmane. Le lien est certes étroit (l’arabe est la langue sacrée de l’islam mais il existe des Arabes non-musulmans (chrétiens, juifs, non-croyants) et une grande majorité de musulmans est composée de non-arabes (Turcs, Iraniens, Africains, etc.). On pourrait d’ailleurs en dire autant du christianisme et de l’Europe.

C. Les concepts de multi culturalité et d'inter culturalité :

Le terme « multiculturel » peut être défini comme " un ensemble de plusieurs cultures dans un même espace donné. " 5

3 Voir « Commission du Dialogue interculturel ». Rapport final et Livre des auditions. Commission du Dialogue Interculturel. Edouard DELRUELLE et Rik TORFS, Rapporteurs de la Commission. 2005 P41En mai 2005, la Commission du Dialogue interculturel a publié un rapport final rendant compte de ses travaux. Cette commission avait été mise en place par le gouvernement fédéral, en février 2004. L'objectif du Dialogue Interculturel était de faire le point sur les questions liées à la société multiculturelle telle qu'elle se développe en Belgique, comme d'ailleurs partout en Europe. Et cela sans tabou et sans langue de bois. Sans éviter les questions 'dérangeantes', mais sans non plus se laisser aveugler par des éléments trop médiatiques (voile, terrorisme, contexte international …) qui, certes importants, occultent parfois la réalité quotidienne du 'vivre ensemble'.4 Rapport final de la Commission du Dialogue interculturel. 5 Méthodes et outils pédagogiques utilisés dans les formations à la démarche interculturelle  : http://www.cofrimi.com/manuel_dalia.pdf . Edité par un Collectif français et réalisé en partenariat avec un partenaire belge « Lire et Ecrire » en Wallonie, ce manuel est à destination ou à usage des formateurs et des intervenants sociaux travaillant dans le domaine des demandeurs d’asiles.

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Le terme « interculturel » peut être défini au niveau étymologique : " inter " veut dire " entre " et « interculturel » signifie " entre deux cultures ". Ce terme va donc évoquer l’échange, l’entrecroisement, le mélange entre des cultures. Il se rencontre dès qu’il y a mise en présence de visions différentes, de réactions différentes entre deux personnes qui doivent être interprétées, comprises (ou mal comprises). C’est la reconnaissance et le respect de l’autre dans son altérité.

La relation interculturelle est ce qui émerge d'une rencontre entre deux ou plusieurs personnes et/ou groupes de cultures différentes.

L’approche interculturelle est une méthode de communication et d’appréhension pertinente. Cette approche est une forme de va-et-vient entre soi et l’autre. Elle exige le principe de l’interaction perpétuelle entre son cadre de référence et celui d’autrui. Elle demande une attitude d’ouverture qui va provoquer l’émergence d’un nouveau regard, d’une pratique perméable aux changements.

D. Des sociétés multiculturelles aux sociétés interculturelles 6

A première vue, les expressions de «société multiculturelle» et de «société interculturelle» semblent similaires ; pourtant, elles ne sont pas synonymes, des différences importantes existent entre elles

Les sociétés multiculturelles sont différentes cultures et groupes nationaux, ethniques et religieux vivant sur le même territoire, Mais n'ayant pas forcément des contacts. Dans ce cadre, la différence est souvent perçue négativement et constitue la principale justification de la discrimination. Les minorités peuvent éventuellement être tolérées de manière passive, mais jamais acceptées ou appréciées. La loi, qui prévoit éventuellement des droits pour mettre un terme aux pratiques discriminatoires, n'est pas toujours appliquée uniformément.

Les sociétés interculturelles sont différentes cultures et groupes nationaux, ethniques et religieux vivant sur le même territoire et entretenant des relations ouvertes d'interaction, avec des échanges et la reconnaissance mutuelle de leurs modes de vie et valeurs respectives. Il s'agit dans ce cas d'un processus de tolérance active et de maintien de relations équitables au sein desquelles chacun a la même importance : il n'y a ni personnes supérieures ou inférieures, ni personnes meilleures ou plus mauvaises...

Pour ma part, je pense que le passage de l’un à l’autre peut être favorisé par le fait de créer des choses ensembles, de développer des projets communs qui intègrent des éléments appartenant à plusieurs cultures. Cela peut se faire dans les domaines de la cuisine, de la musique, de la danse, … bref, me semble-t-il, dans tout domaine qui induit une part de créativité et dans lequel chacun peut s’enrichir de l’apport de tous.

6 Kit Pédagogique : Tous différents, tous égaux http://eycb.coe.int/edupack/fr_07.html

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3. CONTEXTE HISTORIQUE

A. Histoire de l'immigration en Belgique 7

Le site « Espace citoyen » propose un dossier clair dont je vous propose quelques extraits. J’ai corroboré ces données avec celles proposées par le Rapport final de la Commission du Dialogue interculturel. 8

L’immigration au 19esiècle

La Belgique du 19e siècle est plus un pays d’émigration que d’immigration : il y a davantage de Belges résidant à l’étranger (surtout en France) que d’étrangers résidant en Belgique : en 1890, la Belgique compte moins de 3% d’étrangers, provenant essentiellement des pays frontaliers (France, Allemagne, Pays-Bas, Luxembourg). Ils constituent une population très diverse qui regroupe des artisans, des commerçants, du personnel de maison, etc.

Après la première guerre mondiale

Après avoir surtout été une terre d’émigration, la Belgique devient une terre d’accueil à partir de la première guerre mondiale, quand les mines de charbon et la métallurgie ont un besoin important de main d’œuvre. A chaque période de croissance économique, l’État va faire appel aux étrangers, tandis que les crises économiques déclenchent une fermeture des frontières ou un durcissement des conditions d’accès.

Dans ces secteurs de production, le travail est dur et fatiguant et les Belges commencent à s’en détourner. Les travailleurs viennent tout d’abord de France, puis des campagnes pauvres de Pologne, d’Italie et d’Afrique du Nord. Cette immigration se concentre surtout dans les zones industrielles wallonnes.

Émergence d’une politique d’immigration

Avec la crise économique des années 1930, plusieurs ouvriers se retrouvent au chômage et certains sont renvoyés dans leur pays. Pour limiter l’arrivée de main-d’œuvre étrangère, un arrêté royal de 1936 instaure l’obligation du permis de travail (pour le travailleur étranger et son futur employeur). Le raisonnement « chômeurs = migrants étrangers » n’est donc pas nouveau !

Mais après la seconde guerre mondiale, la Belgique doit reconstruire son économie, et notamment son secteur minier. L’État gère alors le recrutement de travailleurs à l’étranger, en signant des accords avec différents pays et en organisant de véritables convois de travailleurs. Le premier accord est signé en 1946 avec l’Italie et le nombre d’Italiens en Belgique ne cessera d’augmenter, malgré des conditions de vie difficiles et des catastrophes minières (A Marcinelle en 1956, plus de 260 mineurs perdent la vie, dont 136 Italiens).

7 Espace Citoyen :http://www.espace-citoyen.be/site/index.php?EsId=1&Module=mod-produit&Indice=1-55-278 Rapport final de la Commission du Dialogue interculturel De P95 à P105

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Les Golden Sixties ou l’âge d’or de l’immigration dans les années 1960

A partir de la fin des années 1950, la croissance économique de la Belgique s’amplifie et suscite un fort besoin de main-d’œuvre. Les pays de recrutement se multiplient et les secteurs d’embauche se diversifient (secteur du bâtiment, secteur tertiaire, etc.). La Belgique signe plusieurs accords (Espagne : 1956, Grèce :1957, Maroc et Turquie : 1964, Tunisie :1969, Algérie et Yougoslavie : 1970).

La première destination de ces migrants n’est plus la Wallonie mais Bruxelles. En 1970, la Belgique compte 7% d’étrangers mais la Région de Bruxelles-Capitale en dénombre 16%. De plus, le gouvernement décide de mettre en place une politique encourageant l’immigration familiale et le regroupement familial (l’arrivée du conjoint et/ou des enfants de l’immigré), pour stabiliser la main-d’œuvre et contrer la baisse de la fécondité. Le pays passe ainsi d’une « immigration de travail » à une « immigration de peuplement ». Mais la politique n’est pas toujours cohérente puisque, dès que la situation économique est mauvaise, l’immigration est stoppée ou restreinte.

La fin de l’immigration de travail

En 1974, après la première grande crise pétrolière, l’État belge met fin au recrutement de main-d’œuvre étrangère. Le permis de travail n’est accordé qu’aux étrangers ayant des qualifications non disponibles dans le pays. Pourtant, le nombre d’immigrés ne ralentit pas, surtout en provenance du Maroc et de la Turquie.

La législation en matière de regroupement familial, le statut d’étudiant étranger et le droit d’asile sont des éléments qui permettent le maintien de ce flux migratoire. En même temps, plusieurs étrangers sont régularisés et obtiennent la nationalité belge. En 1984, la nationalité est accordée aux enfants de couple mixte et, en 1991, aux enfants de la «troisième génération ». La première loi permet la naturalisation de 75.000 enfants (dont 1/3 étaient Italiens) et la seconde concernerait entre 25 et 40.000 personnes. Depuis 2001, tout étranger résidant légalement depuis 7 ans sur le territoire peut acquérir la nationalité belge ; faisant ainsi de la Belgique l’un des pays les plus ouverts à la naturalisation des étrangers.

La situation actuelle en quelques chiffres

Aujourd’hui, le pourcentage d’étrangers atteint plus de 8% en Belgique et 28% dans la Région de Bruxelles-Capitale. Les plus nombreux sont les Italiens (environ 190.000), les Français (110.000), les Néerlandais (92.000), les Marocains (90.000), les Turcs (45.000) et les Espagnols (44.000). Ces six nationalités réunissent plus de 70% des étrangers en Belgique. Ils sont concentrés dans les anciennes zones minières (Mons, Charleroi, etc.), les grandes agglomérations (Bruxelles, Anvers, Gand) et les zones frontalières.

Commentaires :

La Belgique est donc passée d’une immigration basée sur le travail et organisée en fonction de besoins ponctuels de main-d’œuvre à une immigration basée sur d’autres motivations : l’intérêt de l’Etat belge pour l’ « intégration » des populations issues de l’immigration est contemporain de l’arrêt de l’immigration de travail en 1974.

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Jusqu’alors, la présence immigrée avait été pensée, tant par les pouvoirs publics que par les immigrés eux-mêmes, comme temporaire. L’immigré était aux yeux de tous, et à ses propres yeux, le «non-national» dont la présence dans le pays était justifiée pour un temps. Le travail fournissait le sens et la justification de cette présence temporaire dont le retour au pays était le terme.

Dorénavant, l’immigration devra être envisagée en termes d’accueil à long terme.

B. Politique d’intégration des immigrés en Belgique depuis les années '80 9

Continuons à suivre le site « Espace citoyen »

Donner un aperçu de la politique d’intégration en faveur des immigrés en Belgique est un exercice difficile tant les différentes institutions (pouvoir fédéral, communautaire et régional) ont des pouvoirs spécifiques. Globalement, l’État se préoccupe de cette question à partir des années 1980 mais depuis 1993, la politique est régionalisée et la situation diffère fortement entre la partie flamande et la partie wallonne de la Belgique.

Émergence de la politique d’intégration

Pendant longtemps, la politique d’immigration se résume au fait de contrôler les entrées et les sorties du territoire en fonction des besoins économiques de main d’œuvre en Belgique. Dans les années 1970, plusieurs revendications émergent en faveur de l’intégration des étrangers. Deux conceptions de l’intégration s’opposent alors : celle valorisant la citoyenneté (par le droit de vote) et celle privilégiant la nationalité (par la naturalisation). La loi Gol de 1984 privilégie la seconde conception, tout en limitant les flux d’entrée et d’installation (limitation du regroupement familial, réduction du droit à l’aide sociale, etc.). A partir de 1980, « l’accueil et l’intégration des immigrés » devient une matière attribuée aux Communautés.

Définition de la politique

Suite aux élections communales de 1988, au cours desquels le parti d’extrême droite Vlaams Blok a fait une importante percée, le gouvernement constitue un Commissariat royal à la politique des immigrés (CRPI). Son premier rapport définit la politique d’intégration, qui se situe entre la politique d’assimilation à la française (qui refuse de reconnaître les différences ethniques ou culturelles au nom du principe d’égalité) et une politique pluriethnique à l’anglo-saxonne (qui reconnaît les communautés culturelles et met en œuvre des politiques spécifiques pour chacune d’elles). La politique d’intégration s’élabore autour de deux principes : insertion individuelle par naturalisation (faciliter l’obtention de la nationalité belge) et traitement des problèmes économiques et sociaux (lutter contre la pauvreté et l’exclusion des populations immigrées). Le rapport est adopté en 1990 et servira de base aux politiques qui suivront.

Renouveau des politiques9 Espace citoyenhttp://www.espace-citoyen.be/site/index.php?EsId=1&Module=mod-produit&Indice=1-55-30

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Suite aux révoltes urbaines de 1991 à Forest, le gouvernement créé le Fonds d’impulsion pour la politique des immigrés. Trois priorités sont énoncées : favoriser l’intégration sociale des immigrés, prévenir les discriminations et instaurer un dialogue interculturel. Les politiques sont réalisées en partenariat avec les communes et les associations. Les actions soutenues concernent prioritairement la prévention de la petite délinquance, le décrochage scolaire (« écoles des devoirs ») et l’insertion professionnelle. En 1993, le Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme est créé avec pour mission de combattre toute forme de discrimination fondée sur la race, la couleur, l’ascendance, l’origine ou la nationalité.

Au niveau législatif, en plus de l’ouverture du code de la nationalité (2000) et de l’accès des étrangers au droit de vote aux élections communales (1998 pour les Européens et 2004 pour les non-Européens), sont progressivement supprimées les discriminations à l’emploi (en fonction de la nationalité) en matière d’accès à la fonction publique (1991), d’accès à l’ensemble des emplois publics (1994) et à l’emploi privé (1995).

Des politiques différenciées

Au-delà de la politique fédérale, se dégagent deux positions différentes entre les francophones et les flamands, que ce soit au niveau des Communautés et des Régions (officiellement, ce sont les Régions qui gèrent la politique d’intégration depuis 1993). Les premiers, influencés par le modèle français, ne veulent pas que les étrangers se constituent en minorités ethnico-culturelles et privilégient une politique sociale, basée sur des territoires (elle vise les démunis de façon générale). Les seconds, influencés par le modèle des Pays-Bas, veulent donner une place particulière aux « allochtones » et mettent en place une politique d’intégration, basée sur des populations-cibles.

Par exemple, en ce qui concerne la politique éducative, la Communauté française institue les zones d’éducation prioritaire (1991), pendant que la Communauté flamande prévoit l’encadrement des élèves allochtones dans les centres PMS (psycho-médicaux-sociaux) selon leur origine ethnique (1996). La politique mise en place concernant les immigrés tend donc à différer fortement entre la partie wallonne et flamande du pays.

Commentaires :

1. Ainsi, l’occident, et plus particulièrement, le territoire de la Belgique devient de plus en plus une terre d’accueil et de rencontre pour de multiples communautés culturelles. Ceci me fait dire, en accord avec Huntington (2005), que « Dans le long terme, il faudra faire appel à d'autres mesures. L'Occident devra de plus en plus s'accommoder des civilisations modernes non-occidentales, dont la puissance rejoint celle de l'Occident, mais dont les valeurs et les intérêts diffèrent significativement des siens. Cela demandera à l'Occident de développer une bien meilleure compréhension des principes religieux et philosophiques de base, qui sous-tendent les autres civilisations et la façon dont les peuples de ces civilisations envisagent leurs propres intérêts. Cela demandera un effort pour identifier les éléments communs entre les autres civilisations et l'Occident. Pour le futur tel qu'il est envisageable, il n'y aura pas

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de civilisation universelle, mais, à la place, un monde fait de civilisations différentes, chacune ayant à apprendre à coexister avec les autres. »10

2. Dans notre société occidentale, l’une de celles qui donnent le plus de liberté dans la pratique de tous les cultes, il faut rechercher non pas l’  « intégration des minorités étrangères » mais la cohésion sociale. On pourrait encore à la rigueur parler d’intégration s’il s’agissait d’un seul groupe allochtone à intégrer, mais à l’heure actuelle, nous sommes confrontés à une multitude de groupes étrangers (arabes, turcs, est-européens, asiatiques, …), et nous devons tous apprendre à vivre ensemble. C’est pourquoi il est préférable de parler de cohésion sociale entre les différentes cultures présentes sur un territoire donnée, y compris la culture des autochtones.

3. « Beaucoup d’élèves issus de l’immigration portent une identité abîmée.» 11 Cette situation provient du fait qu’ils ont des difficultés à devoir assumer des identités plurielles. Parmi eux, beaucoup sont dépourvus d’outils pour aborder des questions telles que la conception de la société, les règles de vie collective, les choix individuels par rapport aux traditions et aux poids culturels. Ces carences constituent un frein à` leur pleine participation à la construction d’un projet de société commun.

Ces jeunes sont tiraillés entre deux cultures, deux identités sociales, deux modes de vie, deux cadres de références, qui produisent des tensions internes dans les choix, les voies à suivre, ainsi que des difficultés de reconnaissance. Nombre de ces jeunes sont enfermés dans des positions contradictoires: ils sont sommés d’incarner la modernité et l’intégration et chargés, en même temps, de personnifier l’authenticité et la fidélité à la tradition.

Je pense qu’il est important, pour ces jeunes, de pouvoir exprimer de façon constructive et positive ces différentes tensions qui les traversent et influencent inconsciemment leurs réactions et comportement.

4. PARTIE PRATIQUE

Mon expérience durant mon stage en milieu scolaire m’a confronté aux difficultés que l’on peut rencontrer lorsque l’on veut faire parler les élèves sur des sujets qui les concernent de trop près.

Je me suis alors demandé comment je pourrais faire pour amener les élèves à exprimer leurs ressentis et leur vécu personnel en ce qui concerne le domaine des relations interculturelles ?

En effectuant des recherches bibliographiques au Centre Bruxellois d’Action Interculturelle, j’ai mis la main sur une série de 5 bandes dessinées qui ont été conçues justement pour évoquer différents sujets et concepts en liaison avec les difficultés de l’interculturalité.

J’ai alors proposé, à deux reprises, d’utiliser ces documents dans le cadre d’échanges de réflexions en sous-groupes, ceci se faisant durant des périodes de fourches.

10 Samuel HUNTINGTON Le Choc des civilisations. Odille Jacobs. 2000. 11 Basé sur des témoignages de jeunes évoqués par le Rapport final de la Commission du Dialogue interculturel. 2005. P38.

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Je me suis alors heurté à la difficulté d’éveiller, chez les élèves, un intérêt, pour une matière qui, même si elle est censée les toucher de très près, reste encore très « scolaire » à leurs yeux, et donc, « ennuyeuse ».

J’ai compris, alors, qu’il faudrait placer cette activité dans un cadre plus large dont voici, en quelques lignes, la teneur :

Il s’agit de proposer à des élèves du secondaire de participer à l’élaboration, sous la forme de slam et/ou de karakoé , de l’expression de vécus personnels concernant la diversité culturelle

Le slam consiste à déclamer, avec ou non un support musical, un texte poétique original. J’entends par karaoké le « détournement » de chansons populaire, autrement dit la production de textes originaux chantés sur des musiques connues.

Ce projet pourrait se dérouler en quatre temps :

a) La découverte de différentes situations problématiques présentées sous formes de bandes dessinées conçues à cet effet

b) La comparaison entre les situations proposées et le vécu personnel des élèves

c) La narration, sous la forme de textes de slam ou de karaoké, de ce vécu.

d) L’organisation d’un concours au sein de l’école avec publication, des meilleurs textes et, s’il y a assez de textes, organisation d’un spectacle de fin d’année.

A. Atelier de découverte de bandes dessinées

Je me propose d’utiliser trois bandes dessinées qui ont été spécialement conçues pour aborder avec des adolescents la problématique et les valeurs concernées par l’interculturalité dans le cadre d’un projet européen intitulé « Valeurs communes ».

Qu'est-ce que « Valeurs communes »?12

C’est le nom d’une collection de bandes dessinées à caractère pédagogique soutenue par la Commission européenne dans le cadre du programme INTI (Intégration des immigrés).

Le projet « Valeurs communes » a pour but de promouvoir la culture de la paix à travers la confrontation et le dialogue entre les religions et les cultures qui sont à l'œuvre en Europe. Les actions du projet prévoient d'engager les élèves, les enseignants et la population civile de quatre pays européens dans une réflexion concernant les valeurs communes aux différents systèmes de pensées, en utilisant la bande dessinée comme outil de communication et de développement.

Le projet Valeurs communes veut promouvoir la connaissance interculturelle à travers la bande dessinée. Cette expression artistique a été choisie comme le moyen de

12 Valeurs communes http://www.valeurscommunes.org/

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communication le plus efficace, afin de communiquer les résultats du projet dans le cadre de la société civile, en s'adressant en particulier aux élèves des collèges et des écoles supérieures. Grâce à la réalisation de 5 bandes dessinées et d'un guide didactique composée par des parcours thématiques, les lecteurs sont encouragés tout le long du parcours à réfléchir sur l'importance du dialogue interculturel et à valoriser l'Autre.

Cette collection de bandes dessinées a pour but de relever l’existence de plusieurs valeurs fondamentales à la base des principales religions et de la pensée laïque, dont la connaissance peut encourager le respect réciproque et la cohésion sociale. S’adressant principalement aux jeunes, en particulier aux adolescents et aux préadolescents.

Le projet s’est bâti autour de la bande dessinée, une manière attrayante pour communiquer des concepts clés.

- Le pardon comme forme suprême de l’amour

- la non-violence

- le respect de l’autre

- le partage

- et la non-discrimination

sont les cinq valeurs communes aux différentes religions et à la pensée laïque qui ont été définies. Elles ont inspiré autant de récits en prose, adaptés ensuite en scénarios pour bandes dessinées dont la réalisation a été confiée à des dessinateurs professionnels de l’association L’Afrique dessinée.

Les Bandes Dessinées choisies

01. L'appel

Résumé

Dans la Ville, on célèbre la "Journée de l'Entente". Concerts, compétitions et confettis sont de rigueur. C'est la fête. Mais une fête forcée. La Ville est divisée en plusieurs zones en fonction de l'appartenance religieuse des habitants. Mais la fête devient un lieu de carnage et de l’expression absurde de la haine. La guerre intestine est déclarée et la ville se retrouve divisée en camps ennemis.

4 ans passent.

Etchoki, un metteur en scène âgé lance des messages au vent, des ballons dans le ciel comme des bouteilles à la mer. Il lance un appel aux acteurs et actrices qui, malgré le contexte, accepteraient de monter une pièce de théâtre sur le thème du pardon et de la réconciliation. qui sont des étapes essentielles pour le dialogue et la réconciliation...

Norman, qui a perdu ses parents durant les émeutes, et Nautille, une amie, répondent à cet appel, traverse les clivages de la ville et rejoignent la troupe.

L’écriture du texte et les répétitions demandent aux acteurs eux-mêmes d’évoluer dans leurs opinions : Si les religions peuvent être des vecteurs de divisions, elles peuvent aussi être, lorsque leur message n’est pas détourné, l’occasion d’une réunion à travers les vérités universelles qu’elles véhiculent : Maîtrise, paix et compassion

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pour le bouddhisme, espérance et tension vers l’inaccompli pour le judaïsme, liberté, service du prochain pour le christianisme, grandeur et sens de la transcendance pour l’islam, qualité de l’instant et autonomie pour la laïcité.

La Bande dessinée se termine sur le rassemblement du public venu de toutes les parties de la ville.

Les valeurs communes entre les religions et la conception laïque présentées dans la bande dessinée et dans cette unité sont l'amour et le pardon.

Le thème de société abordé est l'intégration religions / société.

L'Appel illustre un parcours de réconciliation. : le pardon, forme particulière de l'amour, est un des piliers de la paix. Car il n'y a pas de paix sans justice et il n'y a pas de justice sans pardon. Comme le dit Jacques Rifflet: " C'est dans le pardon et dans le partage des passions, des convictions et donc des interrogations que l'homme se grandit ".13

L'Appel souligne en outre l'importance de la solidarité et de la parole pour désamorcer les fractures entre les peuples. Le pardon réciproque est un élément indispensable pour la collaboration dans un contexte multiconfessionnel caractérisé par la difficulté de communication.

Thématiques rencontrées

L'amour et le pardon dans la pensée laïque et religieuse

Le pardon est indispensable aux hommes

Des parcours de pardon

Le partage des convictions

La religion divise-t-elle les hommes?

La confrontation entre différences

02. Hisham et Yseult

Résumé :

Hisham est un réfugié africain de 14 ans issu d’une famille cultivée mais démunie. Yseult est la fille d’un européen riche et xénophobe. Pour pouvoir se « fréquenter », ils devront faire face aux réactions intolérantes de la part d’un voyou de rue et à la réaction raciste d’un des parents.

Hisham sera amené, lui, à se montré tolérant et non-violent.

La valeur commune entre les religions et la conception laïque présentée dans la bande dessinée et dans cette unité est le respect de l'Autre. Le thème de société abordé est le principe d'intégration sociale.

Thématiques rencontrées:

Le respect de l’Autre dans sa différence : son milieu socio-économique, son lieu de naissance, sa culture, la couleur de sa peau, sa religion.

La compréhension de l'Autre au-delà des appartenances religieuses

13 Jacques RIFFLET Les mondes du sacre Edité par Mols

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La non-violence et la non-discrimination

L’Europe en tant que société multiculturelle et multi religieuse

La cohabitation, le « vivre ensemble »

hisham et Yseult parle du respect de l'Autre (qu'il soit d'une génération ou d'une race différente) et du principe d'intégration sociale en tant que paradigme de l'ouverture à l'Autre. Celui-ci permet de définir l'humanité par son unité : les hommes sont unis en tant que tels par-delà les différences de culture, de couleur de la peau ou de religion.

Ces concepts impliquent la non-violence et la non-discrimination. Les aventures du héros montrent comment on passe d'un sentiment à son contraire : vengeance/pardon, xénophobie/acceptation de l'Autre. Ce qui prouve bien que ces valeurs peuvent s'acquérir.

L'exposé

Dans le lycée d'une petite ville de province, quelque part dans le centre de la douce France, une classe, confrontée au problème de la discrimination, s'interroge sur les solutions proposées par les religions, la pensée laïque et la politique pour contrer ce phénomène.

Le professeur demande à ses élèves de confessions religieuses et de cultures différentes de réaliser un travail en sous-groupe sur le thème de la beauté exprimée à travers les courants religieux.

Pour arriver à travailler ensemble, ils devront dépasser leurs propres freins, ainsi que les réactions intolérantes de leurs parents respectifs.

Dans cette bande dessinée, on retrouve les thèmes suivants : les notions de double culture et de double appartenance, le dilemme existentiel de l'identité et du métissage. Ce dilemme n'est pas spécifique aux personnes issues de l'immigration : la condition humaine est la même partout.

Dans L'exposé, le dilemme existentiel de l'identité et du métissage est présenté comme n’étant pas spécifique aux personnes issues de l'immigration seule car la condition humaine est la même partout. Ce volet cherche à mettre en valeur le parcours qui, de la connaissance, en passant par la compréhension, mène au respect entre les hommes - un respect qui diffère de la simple tolérance. Seule la reconnaissance de l'autre, en effet, peut engendrer l'amour et le respect.

Thématiques abordées:

La non-discrimination dans la conception laïque

Les religions, la laïcité et la non-discrimination

Les causes de rupture

La collaboration entre civilisations

Appartenances, identités, intégration

L'attitude des parents.

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B. La comparaison entre les situations proposées et le vécu personnel des élèves

1) Je me propose de travailler de la manière suivante 14:

1. Répartir la classe en groupes de 3 ou 4 élèves

2. Proposer à chaque groupe de lire une partie de l’histoire et de résumer l’intrigue pour les autres groupes

3. Après chaque récit, pratiquer un dialogue orienté sur les thèmes évoqués

4. A la fin de l’histoire, faire un dernier tour de commentaires

2) Attitude de l’éducateur

Il me semble important, en tant qu’éducateur, d’avoir une attitude d’ouverture à l’autre dans toutes les facettes de mon identité (inscrite à la fois dans un vécu personnel et dans une histoire collective). Je me suis aussi efforcé de développé la capacité d’entrer véritablement en contact avec les élèves, ceci afin de pouvoir les considérer avant tout comme interlocuteurs en tant que personne et non uniquement comme demandeur de services.

Pour arriver à cela, je considère que, en fonction du cadre d’intervention, je dois arriver à donner la possibilité à chaque personne d’exprimer qui elle est de manière à faire des liens avec ce que sont les autres.

Il faut ainsi:

- Faire preuve d'empathie et d'écoute ;

- Développer sa capacité de décentration et connaître ses propres codes de références

(en regard des croyances, des rites, des codes…) pour sortir de l'ethnocentrisme

- S’impliquer soi-même dans l’échange.

C. Atelier : écriture des paroles de slam et de karakoé

Les élèves sont amenés à élaborer des textes de slam et de karaoké à partir des réflexions qu’ils ont pu élaborer en comparant le contenu des bandes dessinées et celui de leur propre vécu.

Raconter les événements que nous avons vécu ou auxquels nous avons participé permet de pratiquer un retour sur ces événements, sur la façon dont nous avons réagi, les raisons, pulsions ou émotions qui nous ont traversées et fait agir.

Progressivement, nous construisons une nouvelle représentation de nous même, plus riche, plus complète, plus exacte.

L’expression artistique de cette nouvelle représentation permettra aux élèves de se l’approprier davantage encore.

14 Voir annexe 1  : « Préparation écrite d'une animation » pour la façon dont ces ateliers seront organisés.

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Cela d’autant plus si les élèves peuvent avoir l’occasion de participer à un concours et de présenter leur production lors d’une soirée de fin d’études. Il n’existe rien de tel qu’un peu de valorisation pour motiver des individus à participer à un projet collectif.

5. EN GUISE DE CONCLUSIONS

Pour moi, un élément culturel n’a vraiment de l’importance pour une personne que si celle-ci a, ou reçoit, les moyens de se l’approprier. Autrement dit, lorsque l’on parle d’ « intégration », l’on ne devrait jamais penser aux personnes (dans le sens où celle-ci devrait faire des efforts pour s’intégrer), mais bien à la culture (ou plutôt, aux cultures) que chacun se doit d’essayer d’intégrer, cette culture que l’Autre, c'est-à-dire celui qui est différent de nous, nous propose dans le cadre d’un échange culturel.

6. BIBLIOGRAPHIE

Samuel HUNTINGTON Le Choc des civilisations. Odille Jacobs. 2000.

Commission du Dialogue interculturel. Rapport final et Livre des auditions. Commission du Dialogue Interculturel. Edouard Delruelle et Rik Torfs, Rapporteurs de la Commission. 2005.

Jacques RIFFLET Les mondes du sacré Edité par Mols

BD Hisham et Yseult : A partir d'une nouvelle originale de Carl Norac, Adaptation scénario de la bande dessinée par Christophe N'GALLE EDIMO, Dessin et couleur de Simon Pierre MBUMBO

BD L'exposé : A partir de la nouvelle originale d'Abdourahman WABERI, Schoelcher, Schéhérazade, Saïd et les autres. Adaptation scénario bande dessinée par Christophe N'GALLE EDIMO. Dessin: CHRISANY

BD L’Appel   : A partir d'une nouvelle originale de Pascale FONTENEAUAdaptation scénario de la bande dessinée par Christophe N'GALLE EDIMODessin et couleur de Pat MASIONI

7. WEBOGRAPHIE

Valeurs communes

http://www.valeurscommunes.org/home.php?lingua=fr

Méthodes et outils pédagogiques utilisés dans les formations à la démarche interculturelle :

http://www.cofrimi.com/manuel_dalia.pdf . Edité par un Collectif français et réalisé en partenariat avec un partenaire belge « Lire et Ecrire » en Wallonie, ce manuel est à destination ou à usage des formateurs et des intervenants sociaux travaillant dans le domaine des demandeurs d’asiles.

Espace citoyen

http://www.espace-citoyen.be/site/index.php?EsId=1

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Annexe 1 : Préparation écrite d'une animation

Animation de  BERTRAND JEAN-MARIE

Classe 3 ou 4ième Technique ou Educateur (15 ans). 16 élèves.

Titre  Lecture et commentaires d’une bande dessinée

Compétence Echanges de réflexions sur « la multiculturaliré, le « vivre-ensemble », la non-violence.

Objectif opérationnel  Faire réfléchir les étudiants sur certains thèmes sociaux : Racisme, Non-violence, 

Pré-requis  Savoir lire

Référence bibliographique  Guide pédagogique : « Valeurs Communes »

Bandes dessinées :

Hisham et Yseult.

C. NORAC, C.N. EDIMO, S.MBUMBO

L'appel

CHRISTOPHE N'GALLE EDIMO

DESSIN ET COULEUR DE PAT MASIONI

Gestion du tableau : Au centre, les informations sur les personnages de la BD

A gauche, des informations données par les élèves sur eux-mêmes.

Document et matériel participant - Des photocopies de la bande dessinée

Phase d’accroche

Matière Méthodologie

La France de « tous » les français : identification, par les élèves, de ce qui est adaptable à la Belgique.

Ecoute de « Ma France à moi » de Diams

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Phase d’apprentissage

Matière Méthodologie

Pratique : lecture d’une histoire de bande dessinée en sous-groupe.

But : écoute et dialogue

1. Répartir la classe en groupes de 3 ou 4 élèves

2. Proposer à chaque groupe de lire une partie de l’histoire et de résumer l’intrigue pour les autres groupes

Phase d’évaluation / synthèse

Matière Méthodologie

Avis, représentations, histoire personnelle des élèves.

3. Après chaque récit, pratiquer un dialogue orienté sur les thèmes évoqués

4. A la fin de l’histoire, faire un dernier tour de commentaires.

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Annexe 2 : Consignes données aux élèves

1. Lisez, en sous-groupes, la partie de la bande dessinée que vous avez reçue.

2. Notez les éléments suivants :

- Quels sont les noms des personnages ?

- Comment sont les personnages ? Quelles sont leurs caractéristiques ?

- Quelles sont les informations que vous pouvez trouver à leur sujet ?

- Qu’arrive-t-il à ces personnages ?

3. Echangez librement avec la classe entière

- En ce qui concerne les caractéristiques des personnages et la comparaison que vous pourriez-vous faire vous-même. (ressemblances / différences)

- A propos des événements qui sont relatés. (vécus similaires)

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Annexe 3 : Texte personnel

Lorsque l’on demande à quelqu’un de faire quelque chose, il faudrait que l’on soit toujours prêt à faire soi-même cette même chose. C’est en tout cas une philosophie que j’essaye d’appliquer le plus souvent possible. Voici donc un texte de slam que j’ai moi-même écrit.

11. Je te salue Patrie

En ce début de siècle, je me sens citoyenEnfin, l'homme nouveau participe au Destin

S'associant l'un à l'autre les habitants du mondeRedécouvrent, ainsi, comment former la Ronde

Il faut être vigilant. L'instant va être crucialLe choix se pose ainsi : Le bois ou le métal

Ou, d'une autre manière, Entre homme ou animalLa société sera civile ou féodale

Il nous faut préférer famille à dynastieNous sommes tous des frères d'une seule et même patrie

Qui les englobent toutes d'un halo lumineuxJ'ai nommé notre terre, notre planète bleue

Nous en sommes les cellules et nous formons son corpsEnsemble on est meilleur et on ne s'amélioreQu'en accord avec l'Autre, celui qui, différent

Nous apporte sa richesse en nous requestionnant

Certains croient détenir la vérité suprêmeEn déployant bien haut étendards et emblèmes

Diviser pour régner, voilà quelle est leur loiDehors les étrangers. Que chacun vive chez soi !

Chimère que tout cela. Ils se trompent de cibleFustigeant du regard cet étranger paisibleQui ne veut qu'exister. Vivre à nos côtésEnrichir notre vie de son précieux passé

Leur crainte vient d'ailleurs. D'une source cachéeQu'une recherche intérieure devrait leur révélerIls refusent seulement de se remettre en doute

Et, d'ainsi, reconnaître qu'ils se trompent de route

Pourtant, derrière leurs ombres, brille encore la lumièreQui existe en chacun de diverses manières

Leur haine prend racine dans leur ego géant

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Qui résiste, encore, à l'Amour Dissolvant

Il s'accroche où il peut, même s'il sent la finL'égoïsme est mort. Revient Samaritain

Tu as montré la voie qu'ils refusent de voirIl faudra leur montrer que c'est l'unique espoir

L'Entraide Charitable entre diverses culturesServira de ferments à la Nation-future

Patriote du monde, oubliez vos querellesEt, ainsi, retrouvons l'Amour Fraternel

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