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De la nature du disciple sincère et du Šayvéridique Extrait des parties 2 et 3 du Chapitre IV de Jawāhiru-l-Maʿānī الرحيمنٰ الرحمه+ل ال بسمTraduit par Samir Hariche 2 e Partie. Des caractéristiques et de l’état du disciple. Concernant les caractéristiques du disciple, son état et ce qui le coupe de son éducateur (ustāḏ), sache que nous avons interrogé notre Maître Sīdī Amad at-Tijānī — qu’Allāh soit satisfait de lui ! — sur plusieurs choses, dont certaines traitant de cette question. Voici le texte même de la question : Ô Maître ! Qu’Allāh soit satisfait de vous jusqu’au comble de la satisfaction et qu’Il réjouisse les musulmans en rallongeant votre séjour et votre temps ici-bas ! Quelle serait votre réponse à une question portant sur la nature du disciple sincère ? Comment peut-il échapper de façon certaine au risque qui le guette de tomber en disgrâce aux yeux de son Šay? Peut-il cheminer sur la voie et recevoir l’éducation spirituelle avant même que de rencontrer un Šayvéridique ? Comment peut-il, avec une sincère détermination, être sauvé de façon permanente de la colère de son Seigneur ? Et qu’en est-il de celui qu’Allāh a favorisé en lui faisant rencontrer la joie de son cœur et en lui dévoilant que ce Šaysera son tuteur et son éducateur ? Doit-il alors se soumettre tout entier et s’en remettre complètement à lui, le suivant dans toutes les indications qu’il lui adresse, sans même le contredire un seul instant dans ce qu’il lui ordonne ou conseille, sans même lui demander « Pourquoi ? », lorsqu’il croit voir une contradiction entre l’indication du Šayet la Loi du Prophète — qu’Allāh répande sur lui Sa Grâce et Sa Paix ! — ? Ou doit-il au contraire le mettre à l’épreuve et exiger de lui qu’il présente ses lettres de créance et ses preuves, faute de quoi l’aspirant pourrait être égaré par les égarés égareurs croisant son chemin ? En eet, si l’on dit — ô Maître ! — que l’aspirant doit se soumettre au Šaydès sa première rencontre avec lui, par la simple raison que celui-ci prétend en être un, disant qu’il peut dispenser l’éducation spirituelle (tarbiyya) et guider dans l’élévation spirituelle (tarqiyya) au moyen de son regard et de son état, ne risque-t-on pas de voir par la suite, que ce soit tôt ou tard, ce qui inrme ses prétentions ? Et celui qui opte pour la mise à l’épreuve et à l’essai, doit craindre pour lui-même, risquant le bannissement et l’expulsion de la Présence du Roi, le Tout-pourvoyeur. Par ailleurs, quel est le critère permettant d’identier le gnostique, car de nos jours il peut se cacher derrière les beaux habits, les banquets et les ornements ? Pouvez-vous donner des éclaircissements satisfaisants et fournis sur la nature du Šayparfait et celle du disciple sincère et accompli ? Est- ce que la recherche d’un Šayest une obligation légale individuelle touchant tout musulman, de telle sorte qu’il serait obligatoire pour tout un chacun de chercher un Šaypouvant le mener jusqu’à Allāh le Très-Haut après avoir terminé l’apprentissage des diérentes obligations religieuses ? Ou bien s’agit-il d’une obligation ne touchant que certaines personnes à l’exclusion des autres ? Et s’il s’agit d’une obligation individuelle, pouvez-vous nous éclairer dans quel sens ? Et s’il s’agit d’une obligation pour certains à l’exclusion des autres, pouvez-nous éclairer également en quel sens ? Que la Paix revienne sur vous, ainsi que la Miséricorde d’Allāh. sur 12 1

De La Vraie Nature Du Disciple Et Du Šayẖ

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Extrait de Jawahir al-Ma'ani

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  • De la nature du disciple sincre et du ay vridique Extrait des parties 2 et 3 du Chapitre IV de Jawhiru-l-Man

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    Traduit par Samir Hariche

    2e Partie. Des caractristiques et de ltat du disciple. Concernant les caractristiques du disciple, son tat et ce qui le coupe de son ducateur (ust),

    sache que nous avons interrog notre Matre Sd Amad at-Tijn quAllh soit satisfait de lui ! sur plusieurs choses, dont certaines traitant de cette question. Voici le texte mme de la question : Matre ! QuAllh soit satisfait de vous jusquau comble de la satisfaction et quIl rjouisse les musulmans en rallongeant votre sjour et votre temps ici-bas ! Quelle serait votre rponse une question portant sur la nature du disciple sincre ? Comment peut-il chapper de faon certaine au risque qui le guette de tomber en disgrce aux yeux de son ay ? Peut-il cheminer sur la voie et recevoir lducation spirituelle avant mme que de rencontrer un ay vridique ? Comment peut-il, avec une sincre dtermination, tre sauv de faon permanente de la colre de son Seigneur ? Et quen est-il de celui quAllh a favoris en lui faisant rencontrer la joie de son cur et en lui dvoilant que ce ay sera son tuteur et son ducateur ? Doit-il alors se soumettre tout entier et sen remettre compltement lui, le suivant dans toutes les indications quil lui adresse, sans mme le contredire un seul instant dans ce quil lui ordonne ou conseille, sans mme lui demander Pourquoi ?, lorsquil croit voir une contradiction entre lindication du ay et la Loi du Prophte quAllh rpande sur lui Sa Grce et Sa Paix ! ? Ou doit-il au contraire le mettre lpreuve et exiger de lui quil prsente ses lettres de crance et ses preuves, faute de quoi laspirant pourrait tre gar par les gars gareurs croisant son chemin ? En effet, si lon dit Matre ! que laspirant doit se soumettre au ay ds sa premire rencontre avec lui, par la simple raison que celui-ci prtend en tre un, disant quil peut dispenser lducation spirituelle (tarbiyya) et guider dans llvation spirituelle (tarqiyya) au moyen de son regard et de son tat, ne risque-t-on pas de voir par la suite, que ce soit tt ou tard, ce qui infirme ses prtentions ? Et celui qui opte pour la mise lpreuve et lessai, doit craindre pour lui-mme, risquant le bannissement et lexpulsion de la Prsence du Roi, le Tout-pourvoyeur. Par ailleurs, quel est le critre permettant didentifier le gnostique, car de nos jours il peut se cacher derrire les beaux habits, les banquets et les ornements ? Pouvez-vous donner des claircissements satisfaisants et fournis sur la nature du ay parfait et celle du disciple sincre et accompli ? Est-ce que la recherche dun ay est une obligation lgale individuelle touchant tout musulman, de telle sorte quil serait obligatoire pour tout un chacun de chercher un ay pouvant le mener jusqu Allh le Trs-Haut aprs avoir termin lapprentissage des diffrentes obligations religieuses ? Ou bien sagit-il dune obligation ne touchant que certaines personnes lexclusion des autres ? Et sil sagit dune obligation individuelle, pouvez-vous nous clairer dans quel sens ? Et sil sagit dune obligation pour certains lexclusion des autres, pouvez-nous clairer galement en quel sens ? Que la Paix revienne sur vous, ainsi que la Misricorde dAllh.

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  • Notre Matre quAllh soit satisfait de lui ! a rpondu ces questions. Voici le texte de sa rponse :

    Sache quAllh taide par lassistance de Son Esprit ! que laspirant sincre (al-murd a-diq) est celui qui est conscient de la majest de la Divine Seigneurie et de ce que Celle-ci exige comme devoirs pour toute crature, du point de vue du rang de Sa Divinit, comme par exemple lobligation pour tout serviteur de sefforcer continuellement dans lobissance et labaissement face Allh, lamour perptuel pour Lui et Sa magnification, la soumission envers Lui et lorientation exclusive du cur vers Lui avec amour et dtermination, de telle sorte que le serviteur na dautre objectif ni de but que Lui. Il doit donc tre conscient que tout ce qui existe en dehors dAllh est semblable un mirage dans une plaine dsertique, dans laquelle lassoiff croit percevoir de leau. Cependant, quand il sen approche, il ne trouve rien.

    Laspirant sincre doit assimiler tout cela, savoir quil doit se dtourner perptuellement de tout pour sorienter vers la Prsence Divine, et tre convaincu de la bassesse de sa personne, de linfortune de son tat et du mal de son me, dans le sens o celle-ci ne fait que sopposer la Prsence Divine dans tous ses mouvements et bafouer les droits du Seigneur dans toutes ses vellits. Finalement, il doit tre conscient du risque dtre dmotiv et dcourag dans le respect des droits que le Vrai a sur lui, ayant pris dune part la mesure de la servitude et de la biensance que lui impose le Trs-Haut, et connaissant dautre part la tendance naturelle de lme rechercher le repos, poursuivre ses dsirs et se dtourner du Crateur de la Terre et des Cieux. En effet, la vie de lego tourne uniquement autour de ces proccupations.

    Laspirant sincre doit aussi tre conscient de son impuissance radicale pouvoir redresser cette me incitatrice au mal et la faire retourner la Prsence Divine en lui tant ses passions et ses dsirs. Il sait galement que sil demeure dans cet tat, avec cette me, il mritera la colre et laversion dAllh dans le prsent et dans lavenir, ainsi quune dure punition et un chtiment permanent et ternel nayant ni fin ni limite. Son cur doit trembler en pensant au piteux tat dans lequel il se trouve et ltrange maladie dont il souffre et dont il na pas le remde. Il ne peut se satisfaire de la compagnie de cette me dont nous avons dcrit ltat et qui mrite la colre et laversion dAllh, alors que dun autre ct, il ne dispose daucun moyen pour changer son tat impur en faisant accder et demeurer son me dans la Prsence Divine.

    Sachant cela, laspirant doit sarmer de sincrit et de dtermination, faire preuve de srieux et ne mnager aucun effort pour trouver un mdecin pouvant le gurir de sa mystrieuse maladie et lui indiquer un remde qui lui apporte sant et gurison complte.

    Tel est laspirant sincre (al-murd a-diq). Quant celui qui ne manifeste pas ces qualits prcites, il sagit tout simplement dun prtendant (lib), et de rien dautre. Son me stant attache quelque chose, il la recherche, et il se peut quil la trouve ou quil ne la trouve pas. Mais laspirant sincre, en raison mme de sa sincrit, peut trouver son ay avant mme que de commencer le chercher, car lassistance du Vrai qui lui a octroy la connaissance intime de son tat dont nous venons de parler , le guide ensuite vers le ay parfait, le met en prsence du ay accompli, place dans son cur lamour et la vnration pour ce Matre, de telle sorte quils sont lis par lagrment et le respect mutuels. Allh ouvre alors ce disciple la porte de laccs

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  • Sa Prsence, puisquune fois que lassistance du Vrai sprend de quelquun, Elle lattire vers Lui dune puissante attraction laquelle rien ni personne ne peut mettre un terme.

    Laspirant sincre doit donc chercher un Matre en ayant conscience de son tat susmentionn, tant proccup exclusivement par cette recherche, ignorant tout ce qui ne relve pas de cet objectif et ne soccupant que de lobjet de sa qute. Telle est la sincrit vraiment utile, celle qui permet dchapper la perdition qui le guette.

    Cependant, avant de rencontrer son ay, laspirant sincre devra sadonner rgulirement au ikr et la prire sur le Prophte quAllh le bnisse et lui donne Sa Paix ! , en faisant preuve dune grande prsence desprit, mditant autant quil le peut sur le sens des formules quil rcite, ayant la profonde conviction que le Prophte quAllh le bnisse et lui donne Sa Paix ! est assis devant lui. Il doit galement sloigner continuellement et autant quil le peut de toutes les passions et les vellits de lme, tout en sempressant de raliser des prires surrogatoires suscitant lagrment dAllh le Trs-Haut. Ces prires sont bien connues, ainsi que leurs temps : il sagit par exemple des prires de u, davant et daprs le uhr, davant le Ar, daprs le Marib, daprs le I, daprs stre rveill et davant le Fajr dans la dernire partie de la nuit. Cependant, il devra les raliser avec modration, donnant la priorit au ikr et la prire sur le Prophte quAllh le bnisse et lui donne Sa Paix ! , car, en effet, le ikr et la prire sur le Prophte quAllh le bnisse et lui donne Sa Paix ! constituent les cls ouvrant les trsors de tous les biens, avec la condition quil sisole lors de linvocation, quil rduise la quantit de nourriture et deau consommes, quil jene quelque peu, quil vite de parler pour des frivolits et quil ralise dautres choses mentionnes dans les livres des Gens de la Voie.

    Mais attention ! Il ne faut pas mlanger diffrentes invocations, ni mditer sur les paroles des Soufis, car personne ayant suivi cette mthode na jamais russi. Il doit se limiter une seule formule dinvocation et sy tenir, une seule direction et persvrer, et une seule voie lui servant dappui solide. Tel est le cheminement et lducation de laspirant sincre avant de rencontrer son ay.

    Ensuite, il doit partir en qute du ay parfait, car comme a dit amam : Laspirant sincre ne regarde mme pas vers ce qui nest pas son but. Laspirant sincre ne se met pas en mouvement pour autre chose que son but. Laspirant sincre ne se soucie nullement de ce qui nest pas son but. Telles sont les caractristiques et ltat de laspirant.

    Quant ce qui le coupe de son ducateur, il y a plusieurs lments. Notre Matre Amad at-Tijn quAllh soit satisfait de lui ! a dit :

    Il y a plusieurs raisons loignant et coupant le disciple de son ay. Parmi ces raisons, on peut citer : les vellits de lme, le fait de se dtourner du ay par le cur ou la langue, lembarras du disciple face un acte ou une parole du ay ne seyant pas sa condition de gnostique et manifestant sa condition trop humaine (al-baariyya), ou encore la disparition dans le cur du disciple de tout respect et vnration envers le ay.

    Les vellits de lme peuvent porter sur la vie dici-bas ou sur celle de lau-del, peu importe, car on ne doit rencontrer et accompagner un ay que pour Allh le Trs-Haut, et rien dautre. Le compagnonnage avec un ay peut tre de deux sortes :

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  • 1) Ou bien le disciple le prend comme son Matre disant : Cet homme est un Saint dAllh. Je le prends comme Matre pour me rapprocher dAllh. Le secret de cette attitude se trouve mentionn dans le ad quds rapport par le Prophte quAllh rpande sur lui Sa Grce et Sa Paix ! , dans lequel Allh dit : Celui qui sattaque Moi dans la personne dun Saint, Je lui dclare la guerre. Ce ad implique cet autre sens : Celui qui sattache Moi dans la personne dun Saint, pour la simple raison que celui-ci est lun de Mes Saints, Je llis et fais de lui un Saint son tour. Tel est le secret suprme ravissant les disciples jusqu la Prsence dAllh le Trs-Haut.

    2) Ou bien le disciple sait objectivement que le ay est lun des serviteurs de la Prsence Divine. De mme, il est pleinement conscient de ce que cette Prsence exige en termes de biensances, ainsi que des dangers qui guettent tous ceux qui voudraient sy aventurer en ayant un objectif et un but inadquats ou corrompus. Sachant cela, il accompagne un ay pour que celui-ci lui indique la voie suivre pour se rapprocher dAllh et accder Lui.

    Le compagnonnage vritable ne peut avoir lieu que dans ces deux cas-l. Celui qui prend un ay pour une autre raison que les deux mentionnes, perdra la vie dici-bas et la vie dernire.

    Lorsque tu sais cela, tu sais galement que le Seigneur le Trs-Haut ne doit pas tre divinis et ador pour un but en particulier, mais parce quIl mrite de ltre pour ce quIl est en Lui-mme, pour Ses nobles et sublimes Attributs et Ses Noms lumineux. Telle est ladoration suprme. De mme, laspirant ne doit pas prendre un ay pour un but en particulier, mais pour accder son tour la saintet par le fait de le suivre, et pour apprendre de lui la biensance agre et les dangers qui guettent le serviteur dans la Prsence Divine. En effet, toute obissance aux passions, mme sil sagit de quelque chose de louable, est considr comme une cause de disgrce au sein de la Prsence Divine.

    Cest pour cette raison que les uy ont t enjoints dempcher svrement leurs disciples de suivre les passions, mme pour des choses sans importance, car laspirant, au moment o il suit sa passion, devient mcrant de manire explicite et non pas seulement implicite, dans la mesure o il rige sa passion en Dieu et quil dsobit et soppose au commandement de son Seigneur. Dans cet tat, il adore rellement un autre que Dieu et na donc plus rien voir avec Dieu. Si dans cet tat, il dit : Pas de dieu si ce nest Dieu, la langue de la vrit lui rpond :Tu mens. Tu es plutt un associateur !. A ce propos, le Prophte quAllh rpande sur lui Sa Grce et Sa Paix ! a dit : Parmi les divinits autres quAllh tant adores sous la vote du Ciel, nulle nest plus grande que la passion que lon suit.

    Sachant cela, le disciple ne doit pas se vexer cause de son ay et ses sentiments ne doivent pas changer son gard, lorsque celui-ci ne se conforme pas ses passions, car certes le ay connat mieux que son disciple ce qui est bon et mauvais pour lui. Le disciple ignore en ralit tout de cela. Et sil demande son ay quelque chose, quoi que ce soit, et que celui-ci ne laide pas en cela et sy refuse, il doit savoir que cest dans son intrt, pour le prserver des maux qui pourraient le toucher. Par la suite, sil lui arrive frquemment dtre contrari par les dcisions du ay dans des cas semblables, il sera banni de la Prsence Divine et coup du ay. Et si finalement il se fche contre son ay aprs que ses sentiments son gard aient chang, il sera coup dfinitivement et irrmdiablement du ay, sans aucune possibilit de retour.

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  • Quant au fait de se dtourner du ay par le cur ou la langue, il sagit l dune pe tranchante coupant le lien entre le ay et son disciple. Que celui-ci vite donc tout prix de critiquer son ay de quelque faon que ce soit !

    Et si les dires ou les actes du ay ne sont pas conformes la connaissance acquise ou inspire que possde le disciple, il doit nanmoins se souvenir quil y a entre le ay et son Seigneur des subtilits quil ignore, et que cest en vertu de ces subtilits que le ay agit. Et si dans lun de ses actes, le ay contrevient la forme extrieure de la Loi, le disciple doit savoir que le ay se conforme quand mme la Loi du point de vue de son sens interne, dune faon inconnue du reste des cratures.

    Quant lembarras du disciple face un acte ou une parole du ay manifestant sa condition trop humaine (al-baariyya), il ne provient que de son ignorance propos dAllh le Trs-Haut et du rang des cratures. Allh le Trs-Haut Se manifeste toutes Ses cratures selon leur rang en leur donnant des commandements et des dcrets spcifiques quIl ne manifeste pas dans les autres rangs. Cette manifestation se concrtise parfois sous une forme parfaite par rapport la Sagesse Divine, et parfois sous une forme imparfaite par rapport la Sagesse Divine. Partant, cette manifestation, mme si elle apparat sous une forme imparfaite par rapport la Sagesse Divine, doit se manifester, sans que la crature, dans le rang quelle occupe, puisse refuser de manifester ces dfauts, car ce commandement provient de la Volont Seigneuriale. Et si la Volont dAllh sattache quelque chose, il est impossible de la modifier.

    Il est donc ncessaire, par cette Volont, que ltre de tout gnostique manifeste quelque dfaut. Il peut manifester ces dfauts de faon parfaite, cest--dire en vertu des subtilits existant entre lui et son Seigneur, ou de faon imparfaite, cest--dire pleinement conscient quil sagit l de dfauts. Dans toutes ces manifestations, il na dautre possibilit que de contempler lOrdre Divin, qui sapplique lui de faon implacable et invincible, sans quil ait la possibilit de sy refuser.

    Quand le disciple voit chez son ay ce qui relve dune condition trop humaine, que ce soit pour quelque chose en rapport avec la Loi ou mme la simple dignit, quil se remmore ce que nous venons de dire ici et il saura que tout cela ne fait pas sortir son ay de la Prsence de son Seigneur, ni lui fait pas perdre sa proximit, ni diminue la perfection de sa biensance.

    Sachant cela, le disciple ne doit nullement rejeter son ay quand il voit en lui les signes dune condition trop humaine . Tout disciple cherchant un ay demande sattacher lun des rangs des cratures dans le but de se rapprocher dAllh et daccder Sa Prsence. Mais il souhaite en mme temps que ce rang ne manifeste aucun dfaut ! Son tat lui crie pourtant : Tu ne pourras parvenir la Prsence dAllh le Trs-Haut, car tout rang parmi les rangs des cratures doit manifester un dfaut. La perfection ne peut apparatre comme telle, cest--dire dpourvue de toute imperfection dans sa substance, son essence et sa forme, que dans trois rangs :

    1) Le rang des Messagers, 2) Le rang des Prophtes, 3) Le rang des Ples. Dans ces trois rangs, on ne peut trouver aucune imperfection. Quant au reste des rangs, la

    plupart des cratures manifestent le plus souvent limperfection et rarement la perfection. Et si les cratures des trois rangs prcits semblent manifester une imperfection aux yeux de certaines

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  • personnes, ce nest que par leur ignorance, car ce quils considrent comme une imperfection constitue en ralit le comble de la perfection. A cela renvoie la parole du Prophte quAllh rpande sur lui Sa Grce et Sa Paix ! : Que pensent les gens qui prtendent se priver de choses que je fais ? Par Allh ! Je suis celui qui connat Dieu le mieux et celui qui Le craint le plus parmi eux tous.

    Quant la disparition dans le cur du disciple de tout respect et vnration envers le ay, il sagit l, parmi les choses coupant dAllh, de la plus grande. Elle se manifeste par le fait que le disciple ne montre plus dintrt ni de considration envers ce que son ay lui ordonne ou lui interdit.

    Et parmi les plus grandes conditions reliant le disciple son ay, il y a le fait de ne lui associer personne dans son amour pour lui, ni dans la vnration, ni dans la demande dassistance, ni dans lorientation exclusive du cur vers lui. Tout cela peut tre dduit partir la Loi du Prophte quAllh rpande sur lui Sa Grce et Sa Paix ! En effet, quiconque considre comme quivalents le rang du Prophte quAllh rpande sur lui Sa Grce et Sa Paix ! et celui dun autre Prophte ou Messager, par rapport lamour, la vnration, la demande dassistance, lorientation exclusive du cur vers lui et la lgislation, doit craindre de mourir mcrant, moins quil ne soit atteint in extremis par une assistance seigneuriale, en raison de la prexistence de lAmour Divin envers sa personne.

    Comprenant cela, le disciple doit tre avec son ay comme sil tait avec le Prophte quAllh rpande sur lui Sa Grce et Sa Paix ! concernant la vnration, lamour, la demande dassistance et lorientation exclusive du cur vers lui. Et il ne doit considrer personne comme quivalent son ay, ni lui associer un autre ay, car parmi les choses coupant dAllh, lune des plus grandes rside dans le fait dattribuer la raison de son ouverture spirituelle et de ses secrets un autre que son propre ay.

    La raison en est que les lumires divines, qui se dversent sur le serviteur en apportant secrets, tats, connaissances, sciences et lvation de station en station, toutes ces lumires restent attaches leur origine, qui nest autre que la Prsence Divine. Cest l quelles naissent et se dveloppent. Tout ay parmi les Gens dAllh possde sa Prsence exclusive quil ne partage avec personne dautre. Lorsquune lumire mane de sa Prsence portant ce que nous avons mentionn et quelle est attribue la Prsence Divine de quelquun dautre, cette lumire se froisse, senvole et retourne sa source. Cela est illustr dans la Sagesse Divine par ce quAllh a dcrt dans Son Livre propos de lattribution de lenfant son pre : Appelez-les du nom de leurs pres. Cela est plus quitable auprs dAllh (Cor 33:5). Ainsi, quiconque attribue une lumire une autre Prsence Divine que la sienne, aura transgress les biensances dans son rapport la Prsence du Vrai et aura menti propos dAllh, alors que la Prsence naccepte aucunement le mensonge. Cest pour cette raison quune telle personne sera bannie de la Prsence et prive des dons quelle avait reus. QuAllh nous en prserve !

    Voil ce que notre ay Amad at-Tijn quAllh soit satisfait de lui ! nous a dict, de ses propres mots, dans une seule runion.

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  • Nous trouvons judicieux de citer maintenant quelques vers provenant du pome rim en r de lImm a-ar quAllh soit satisfait de lui ! pour le mettre en rapport avec les paroles de notre Matre quAllh soit satisfait de lui ! sur les conditions de la voie. Voici le pome :

    Ne taventures pas sur la voie avant dtre convaincu que tel Matre est Un vritable ducateur et que nul son poque ne le dpasse.

    Car celui qui regarde un autre que son ay sera rprim. On dira celui qui dsire aller ailleurs : Ny vas pas !.

    Si ton me aspire la pauvret spirituelle rejette Ses passions et vite-les comme on vite un mal.

    Place ton me, tant quelle est encore enfant, sur le giron du ay. Ainsi elle naura Aucune possibilit de fuir lamour et lautorit du ay, car non sevre.

    Quant celui qui ne se caractrise pas par le contrle de soi-mme, Quil nespre pas humer les parfums de la pauvret spirituelle.

    Ne toppose jamais lui, car il est capable de dtruire son disciple en labandonnant.

    Celui qui critique sans avoir de connaissance Voit lessence mme de la perfection comme une imperfection sans le savoir.

    Celui qui ne partage pas lavis de son Matre Demeurera dans les flammes de la Braise pour cette contestation.

    La personne doue de raison nest satisfaite que de son ducateur, mme si celui-ci Commet une erreur aussi loigne de la vrit que la nuit lest de laube claire.

    Tu ne dois connatre personne dautre que ton ay dans sa Prsence. Ne regarde vers personne dautre, mme du coin de lil.

    Ne parle pas en sa prsence, sauf sil ty invite. Et mme ainsi, limite-toi quelques mots.

    Ne lve pas ta voix sur la sienne, Ne crie pas comme si tu tais dans un dsert.

    Devant lui, ne tassois pas en tailleur. Ne dcouvre pas tes jambes. Empresse-toi de les couvrir !

    Ne tassois pas sur un tapis en sa prsence, Car ton unique souci alors est de servir le bon serviteur dAllh,

    Et le tapis du soufi est sa maison de repos. Le vrai nid est lenvol pour quitter le nid. Accours vers lui pour tous tes problmes,

    Tu y trouveras un soutien victorieux. Et ne sois pas de ceux qui font le bien en sa prsence,

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  • Puis le mal en son absence, moins dtre sur le point de revenir au bien, Car celui qui atteint un degr important par la sincrit de son repentir,

    Ne voit que des dfauts dans ses actes, alors quen ralit il en a t innocent. Voici ce que nous voulions citer de ce bni pome rim en r. QuAllh rpande Sa Grce et

    Sa Paix sur notre seigneur Muammad, ainsi que sur sa Famille et ses Compagnons ! 3e Partie. De la nature du ay qui mrite dtre suivi dans tous ses dires et ses actes.

    Sache que notre Matre quAllh soit satisfait de lui ! , ayant t interrog sur la nature du ay qui est parvenu la Prsence Divine (a-ay al-wil), a rpondu ainsi :

    Sur la question de savoir quelle est la nature du ay accompli, on peut dire quil sagit de celui dont tous les voiles ont t levs pour laisser place une contemplation (naar) parfaite de la Prsence Divine, contemplation que lon peut dfinir comme intuitive, confirmative et certaine.

    La premire tape est la mise en prsence (muara), qui consiste en lapparition (mulaa) des ralits essentielles derrire un voile pais. Vient ensuite le dvoilement (mukafa), qui consiste en lapparition des ralits essentielles derrire un voile fin. Vient ensuite la vision (muhada), qui consiste en la manifestation (tajall) des ralits sans quil y ait de voile, mais avec une certaine limitation (uiyya). Puis vient la contemplation (muyana), qui consiste en lapparition des vrits essentielles sans voile ni limitation, sans quil reste de perception ni de trace dautrui, ni mme daltrit. Telle est la station de lcrasement, de lannihilation, du tassement et de lextinction de lextinction. Il ny a ds lors que contemplation du Vrai, dans le Vrai, pour le Vrai et par le Vrai.

    Il ne reste quAllh, rien dautre que Lui, Il ny a l personne quon ait rejoint, ni mme quelquun qui soit arriv.

    Enfin, il vit de la vie vritable, identifiant la diffrence entre toutes les stations spirituelles moyennant la connaissance de leurs particularits, implications, obligations et devoirs. Il doit galement savoir quelle Prsence correspond chaque station, quelle est sa raison dtre, quelle est sa finalit et o elle mne. Telle est la station du serviteur matrisant son tre propre et renfermant en lui-mme la connaissance exprientielle (awqiyya), intuitive et certaine de tous ses secrets et particularits, ainsi que de ce quest la Prsence Divine et de ce que Celle-ci comporte comme grandeur, majest, hautes qualits et perfection.

    Le dtenteur de cette station est celui que les gens recherchent jusqu lpuisement. Mais il doit encore possder, mises part ces qualits, une autorisation parfaite en provenance du Vrai le Trs-Haut, une autorisation particulire (in ) qui lui permette de guider Ses serviteurs, les prendre en charge et les diriger vers la Prsence Divine.

    Voil le ay qui mrite dtre suivi, celui quavait en vue le Prophte quAllh rpande sur lui Sa Grce et Sa Paix ! lorsquil a dit Ab Juayfa : Interroge les savants, frquente les sages et sois le compagnons des grands. Cest le dtenteur de cette station qui est appel ici grand.

    Lorsque le disciple rencontre un ay possdant ces qualits, il est de son devoir de se jeter entre ses mains comme un mort entre les mains de son laveur. Il ne doit avoir ds lors ni choix, ni volont, et ne chercher ni profits, ni bnfices. Il multipliera ses efforts pour se sauver de la mer

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  • dinfortune dans laquelle il est noy et accder une puret parfaite, qui seule peut tre obtenue par la contemplation de la Prsence Divine et le fait de se dtourner de tout ce qui est autre quElle, en abandonnant tout choix et tout objectif en dehors de ceux-l.

    Et quand son ay lui indique ou lui ordonne quelque chose, il doit faire attention ne pas lui poser de questions comme : pourquoi, comment, quel propos, pour quelle raison, etc., car elles constituent la cause de la rpulsion et du bannissement. Il faut que le disciple croie que le ay connat mieux ce qui est bien pour lui, ayant la certitude que, o que le mne le ay, ce sera toujours et en tout pour Allh et par Allh, dans le but de le faire sortir des tnbres de son me et de ses passions.

    Quant au ay possdant ces qualits, comment peut-on le rencontrer, ou mme lidentifier ? La rponse est que les uy possdant ces qualits sont nombreux. La plupart dentre eux vivent dans de grandes villes. Cest l quils sinstallent le plus souvent. Quant au fait de les identifier et de les rencontrer, cest sans doute une affaire difficile, plus dure que dobtenir le Souffre Rouge, car ils se mlent aux gens du commun, en adoptant leur apparence et en suivant leur condition. Celui qui veut les questionner au sujet des uy, ils sen dbarrassent et le chassent en lui jurant ne rien savoir ce propos.

    La raison qui les oblige agir de la sorte est que lordre du monde sest corrompu par la Volont du Vrai le Trs-Haut, Volont qui ne peut tre abolie par personne. De nos jours, les hommes dans leur ensemble ne sefforcent que de satisfaire leurs dsirs et leurs passions, en se dtournant de la Prsence Divine et de ce quElle exige comme devoirs et biensance. Quant aux gens du commun, de nos jours, ils ne sintressent aux Saints que pour de mauvaises raisons, comme par exemple tirer profit de la vie dici-bas, de ses plaisirs et dlices, ou encore tre tout simplement sauvs des malheurs et des calamits pouvant les toucher dans cette vie, alors que dun autre ct ils persistent et sobstinent faire tout ce qui peut causer leur perte et leur malheur parmi les pchs majeurs et les transgressions nayant dautre fin que la demeure de perdition pour ceux qui les commettent. Ils sont incapables dabandonner cet tat qui est le leur et de retourner la Prsence Divine.

    Lorsque le gnostique comprend ltat des gens du commun, il se cache deux et les vite par tous les moyens et en tout tat. Paradoxalement, ceci devrait les amener habiter dans les dserts et les endroits solitaires. Mais le Vrai a voulu deux quils restent parmi les gens du commun, habitant parmi eux, et ce pour des raisons voulues par le Vrai le Trs-Haut. Cest ce quAllh a dcrt pour eux et nul ne peut sopposer Son Dcret. Les gnostiques nont donc trouv aucune issue pour quitter les gens du commun et se rfugier dans les dserts et les endroits solitaires. Et ce, comme nous lavons dit, en raison de ce quAllh a dcrt pour eux, sans quils puissent y chapper, ni mme rformer les gens du commun pour les ramener la Prsence Divine. Ils vivent donc parmi eux comme quelquun se trouvant au sein dune assemble didiots qui lui jettent des pierres : il lui est demand de faire preuve de patience et de rsider parmi eux en subissant leur supplice. Cest pour cette raison que les gnostiques se cachent du commun et les refoulent par tous les moyens. Et si par malheur certains de ces gens hument, derrire leurs voiles, lodeur de la saintet chez ces gnostiques, ils sefforcent de les suivre, mais pour que ceux-ci satisfassent leurs dsirs mondains.

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  • Ds lors, les gnostiques se mlent aux gens du commun en imitant leurs tats pour ne pas tre reconnus du vulgaire. Ils font alors semblant de commettre ladultre, duser de mensonges pervers, de boire de lalcool, de tuer des gens innocents et autres choses parmi les crimes les plus abominables qui obligent considrer celui qui les commet comme mritant la colre dAllh. Cependant, il faut bien souligner que les actes que feignent de raliser les gnostiques ne sont que des apparences en provenance du monde invisible, nayant aucune ralit effective. Ce ne sont que des reprsentations imaginaires que peroivent comme vraies les autres personnes. Par ces apparences, ils semblent raliser ce qui est contraire la Loi, alors quen ralit il nen est rien. Ils se cachent ainsi des gens du commun pour prserver leur station et tre plus libres dans leurs biensances.

    Sachant cela, on comprend que les gens sincres se mlent aux menteurs de ce point de vue-l, sans quil soit possible de distinguer les uns des autres. Il ny a donc aucun moyen didentifier le gnostique accompli dune manire formelle, si ce nest dans un seul et unique cas, savoir lorsquil se montre sous une forme parfaitement conforme la Loi, comme cest le cas pour quelques uy parmi les parfaits. Celui qui apparat sous cette forme et prtend tre un ay peut tre identifi comme tel en fonction des critres suivants :

    1) Il guide vers Allh le Trs-Haut, indiquant quelle est la voie de retour vers Lui ; 2) Il fait preuve dascse vis--vis de la vie dici-bas et de ses gens, en leur montrant toute son

    indiffrence ; 3) Les signes de louverture spirituelle (fat) se manifestent chez certains de ses disciples. Si laspirant trouve un ay se prsentant sous ces attributs, quil se jette entre ses mains, pour

    ainsi dire ds leur premire rencontre. Cependant, bien entendu, il est obligatoire pour laspirant, avant de se jeter entre les mains dun tel ay, de sinformer au pralable de sa rputation auprs de gens dignes de foi, comme ses disciples et ses voisins. Si ces renseignements confirment ce quil sait du ay, quil devienne son compagnon. Sinon, quil sen abstienne.

    Par ailleurs, celui qui notre poque souhaite rencontrer un ay, mais na aucun moyen den trouver un vritable et craint donc de tomber dans les filets des menteurs, na qu se tourner vers Allh faisant preuve dune sincrit imperturbable, dun attachement permanent par le cur et dune soumission continuelle envers Lui en Le suppliant de lui montrer un vrai ay accompli pouvant le faire sortir de son angoisse et le guider vers Allh, en Lui demandant de le rendre apte obir son ay jusqu pouvoir se noyer dans son ocan. Il ny a aucun moyen didentifier un ay si ce nest celui-l.

    Mais mieux encore que tout cela, plus important, plus utile, plus efficace et plus lev pour faire parvenir son but laspirant qui narrive pas rencontrer un ay parfait, il y a le fait de sadonner continuellement et autant que le temps le permet, la rcitation des prires sur le Prophte quAllh rpande sur lui Sa Grce et Sa Paix ! , en faisant preuve de biensance et de prsence du cur. Il doit simaginer que le Prophte quAllh rpande sur lui Sa Grce et Sa Paix ! est assis l devant lui et persvrer dans cette pratique. Ainsi, celui qui persvre de la sorte, nayant dautre proccupation que de parvenir Allh le Trs-Haut, tant comme lhomme assoiff qui na dautre proccupation que de parvenir boire de leau, celui-l donc, Allh le prend par la main et le ravit vers Lui. Alors, Il peut le guider vers un ay parfait qui le prendra en

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  • charge ; ou Il peut lui envoyer Son Prophte quAllh rpande sur lui Sa Grce et Sa Paix ! pour que celui-ci lui transmette lducation spirituelle ; ou Il peut encore lui donner une ouverture spirituelle, lui permettre laccs Sa Prsence et lever pour lui tous les voiles, en raison de son assiduit dans la rcitation de la prire sur Son bien-aim quAllh rpande sur lui Sa Grce et Sa Paix ! En effet, la prire sur le Prophte quAllh rpande sur lui Sa Grce et Sa Paix ! constitue le moyen le plus important pour accder la Prsence dAllh le Trs-Haut. Personne cherchant laccs Allh et stant attel cette voie na jamais t du.

    Quant la question de tester le ay et de juger ses actes et ses tats, on ny parviendra aucunement ! Personne na jamais russi en procdant de la sorte, car toutes les portes menant Allh le Trs-Haut finissent par se fermer. Si quelquun suivait cette mthode en y soumettant toutes les cratures, Allh lui ferait voir les signes de limperfection chez chacune dentre elles et ne serait donc laise avec aucune delles.

    Quant la question de croire au ay, il sagit dune affaire divine quAllh place dans les curs. Celui qui possde cette confiance ne peut abandonner son ay, mme sil le voit commettre mille pchs. De plus, si le disciple est sincre, il ne verra de son ay que ce qui rassure son cur, en guise de rcompense pour sa sincrit. Et il ne tombera que sur un ay vridique. Par contre, celui qui a un mauvais cur et cherche un Matre, il ne remarquera que les choses ngatives et imparfaites, qui lamneront sloigner et fuir tous les uy quil rencontre.

    Quant la question de la recherche du ay, savoir si cest une obligation lgale pour tout un chacun ou pour certaines personnes seulement et quelle en est la raison, on peut dire que, du point de vue de la Loi, la recherche du ay nest pas lgalement obligatoire, dans le sens o chercher un ay nimplique pas ncessairement une rcompense, ni une punition si on ne le fait pas. Il ny a rien de tel dans la Loi rvle. Cependant, on peut dire que la recherche dun ay est une ncessit du point de vue de la raison naturelle, tout comme il est ncessaire lassoiff de boire de leau, car sil nen recherche pas, il mourra. Pour lui, cette recherche sera une ncessit du point de vue de la raison naturelle. Et si on a parle de la ncessit de chercher un ay du point de vue de la raison naturelle, cest par rapport au fait que les gens ont t crs pour adorer Allh et sorienter vers la Prsence Divine en se dtournant de tout ce qui est autre que Lui. De son ct, laspirant connat les obstacles et les difficults qui se trouvent en lui-mme et qui lempcheront de slancer vers la Prsence Divine. De mme, il reconnat quil est incapable de rsister son me comme il le voudrait et comme lexigent les devoirs et les biensances ncessaires pour entrer dans la Prsence Divine. Et il sait aussi quil na nul refuge ni sauvegarde le protgeant dAllh sil reste seul avec son ego, suivant sa passion et se dtournant dAllh le Trs-Haut.

    De ce point de vue-l, la recherche dun ay parfait sera pour lui ncessaire. Mais cette ncessit sera de lordre de la raison naturelle, ntant pas tablie sur une source lgale rvle, car il ny a dans ces sources lgales rvles que ce qui concerne laccomplissement extrieur et intrieur des devoirs quont tous les serviteurs envers Allh le Trs-Haut. Et du point de vue de la Loi rvle, nulle excuse pouvant exempter de laccomplissement de ces devoirs nest envisage. Ainsi, dans ce domaine, nulle excuse nest tolre pour celui qui ne peut pas matriser ses passions et combattre son ego, car la Loi rvl soccupe dordonner certaines choses en interdisant de les ngliger, sous peine dtre puni pour cela.

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  • Quant la recherche dun ay, elle ne relve pas de la Loi rvle et nul ay nimpose cela aux gens, en dehors de la recherche dun ay en sciences islamiques, qui puisse enseigner les prceptes de la Loi rvle en ce qui concerne les obligations et les interdits, ce quil faut faire et ne pas faire. Quant ce genre de ay, toute personne ignorant sa religion devra le rechercher de faon lgalement obligatoire, sans quil lui soit permis de sen passer.

    Quant aux autres types de uy, rien dans la Loi rvle noblige en chercher un. Cependant, comme on la dit, ce sera une ncessit du point de vue de la raison naturelle, comme dans le cas dun malade gravement souffrant, incapable de trouver un traitement par lui-mme et prsentant un tat de sant qui ne cesse de se dtriorer. On dira alors : Sil veut rester dans cet tat, quil reste dans cet tat. Mais sil veut sortir de cet tat et se rtablir compltement, on lui dira : Tu dois chercher un mdecin comptent, connaissant bien la maladie et son origine, ainsi que le traitement pouvant la supprimer, son mode dadministration, sa quantit, sa qualit, le moment et ltat de la prise.

    Et que la Paix soit sur vous !

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