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8/3/2019 De l´origine 9pag
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8/3/2019 De l´origine 9pag
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REVUE BENEDlCTmE,
la chute du royaume wisigoth, mais i1 incline visiblernent ales
dater avant le VIe siecle, et meme avant Ie IV e siecle, Pour
appuyer ceUe opinion audacieuse, il fait remarquer, d'une part,
que les messes de S. jerome, de S. Augustin n'apparaissent que
clans quelques rares manuscrits , d'autre part, que les grands evequesespagnols du VIe et au VIle siecle ne figurent nulle part dans
ces recueils, Taus les offices Iiturgiques sont consacres aux grands
mysteres de la vie et de Ia mort du Christ et a la gloire de ses
martyrs '.On pardonnera a l'heureux editeur de ces monuments si long-
temps inconnus Ie desir fort naturel de leur attribuer une antiquite
venerable. II existe bien quelques notices isolees et surtout quel-
ques biographies qui attribuent a piusieurs eveques du sixieme et
du septierne siecle la composition de certaines messes, mais il
paraissait impossible de determiner quelles messes i ts avaient redi-
gees, on ignorait meme si ces compositions de S. Eugene et de ses
successeurs etaient parvenues jusqu'a nous,
Cependant il existe un ecrit adresse en 792 ou 793 par les e v e -'lues adoptianistes d'Espagne aux eveques de Gaule, d'Aquitaine et
d'Autriche 2 qui permettait de resoudre en partie le probleme,
Cet te lettre editee deja quatre fois est restee inconnue i\ D. Ferotin.
Elle a ete publiee en 1777 par Froben dans son edition des
ceuvres d'Alcuin, d' O U elle a ete reimprimee dans Migne (101,
c. 1321 et sui v.). En 1860, Ad. Helfferich l'a editee en appendice ason livre Der mestgotische Arianismus, apres l'avoir de nouveau
collationnee sur le manuscrit de Tolede, Ie meme qui a scrvi aFroben 3. Enfin elle a paru dans les Monurnenta Germaniac histo-
rica (Coneilia, t. II, p. III et suiv.) d'apres Ie memc manuscrit de
Tolede 4 et une copie de Burriel conservee a Madrid. Cet ecrit est
a comparer avec la lettre adressee en 799 a Alcuin par Elipand,
eveque de Tolede et chef des adoptianistes s Cette seconde lettre
elle-meme n'a pas encore re<{ul'attention qu'elle rnerite, et D. Fe-
1. Sacrameniaire, p. XlV et XV.
2. Dans la Real.En.cyclopiidit Iii,' prote.f,Lntische Theoloqi», S· t'iditioH, I, p, 181,
ligne 49, Hauck dit: • an die Bischbte VOD Gallien, Aquitannien und Ast arlen, » Est-ceuue dist raction on bien nne correct ion tacite qui veut li re A,t1""ie au l ieu de A1,str;e? La
correction ne me paral t pas fondee,3. Eeliferich, p. 136, a ern, rnais it tort, que ce n'etait pas Ie mernc manuscrit.
!. Lors du voyage d'Heliferich, le manuscrit etait cote 6,lG ; plus lard il re~ut lacote 14,23.
. ~ . EUe est cdi tec d~t lS Froben 1, 868; Mig-ne 96,870, Mon. {Tam, rna; JiJplst, Karo-
I" " (Ie," I I, 301 ct SUlV. .Jecite cet te lctt re , " ins; que Ja precedentc d' ''pres lcs "Vun"", .Ger"" Hist, II est extremcmcut probable qu' Elipalld a redig6 In Iettre collective del 'u n 7~2~
,DB L ORIGINE DE TEXTES LITURGIQUES MOZARABES. 423
rotin, qui la cite, aurait pu en tirer plus de profit pour resoudre la
question de l'origine du sacramentaire mozarabe, Un troisierne
ecri~, adresse en 798 par Felix d'Urgel a Alcuin, contenait aussi des
citations de la liturgie mozarabe OUfiguraient les mots adoptio et
adopiioi hominis. Malheureusement, cet ecrit est perdu, nous ne leconnaissons que par la reponse d'Alcuin l. .
Dans leur lettre collective de ran 792 les eveques adoptianistes
parlent a deux reprises des textes liturgiques qu'ils alleguent en
faveur de leur heresie, La premiere fois ils citent quatre formules
qu'ils attribuent aux trois eveques de Toledo, Eugene, Ildephonse
et Julien, sans faire de distinction.
Item precessores nostri Eugenius , Hildefonsus, Iul ianus, Toletane sedis
antistites, in suis dogmatibus ita dixerunt :
I. in missam de cena Domini: Qui per adobtivi horninis passionem
dum suo non indulgit corpori, nostro dernurn, id est iterum, non pepercit,
2. et alibi! Qui pietati tuae per adobtivi hominis passionem quasi quas·dam in presentis populi adquisitione manubias, quum non exibueri t e celo,
exibuerit e triumpho, et quum non abuerit divinitas inmutabilis pugnam,
abuerit fragili tas adsumta victoriam,
3. et in missam de ascensione Domini: Odie sal bator noster post adobe
tionem carnis sedem repetit deitatis, •
4. it em in missam defunctorum: Quos fecis ti adobt ioni part icipes iubeas
heredi tati tue esse consortes '.
Plus loin les evcques resument leurs arguments tires des Peres
et, cette fois, ils attribuent a chacun des eveques toletains un texte
special:
Credimus ... Lsecundum Eugeniurn, qui dicit; Qui per adobt ivi hominispassionem, dum suo non indulgit corpori, nostro demum, id est iterurn,
non pepercit,
z. secundum Hiklefonsum, qui dicit: Odie post adobtionem carnis
sedem repetit deitatis,
3. secundum Iulianum, qui dicit: Quos Iecisti adobtioni participes
iubeas hereditati tue esse consortes 3.
La seconde formula, tiree de la messe du jeudi apres Paques,
n'est pas reprise, et la critique interne seule doit decider auquel
des trois auteurs cites il convient de l'attribuer. On n'hesitera pas,
je crois, a Ia mettre au compte d'Eugene ; l'expression per adobtivi
hominis passionem qui He 50 trouve que dans ces deux messes estun argument suffisant,
L Alcuin rCfutc cet eer it dang ses "1,h',"',<1<S F.li",,"II' l ibri VIi et par te des citation
liturgi'!"es 1.VII, 13 CMigllc 101, 221.).. '
2. O. u., r. 113.
3. O.C. , n.II,
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REVUE BENEDICTINE.
Plus tard Elipand parcourut avec plus de soin son sacramentaire
et y trouva de nouveaux arguments en faveur de ses opinions. Il
les enumere dans sa Iettre a Alcuin.
I terum testimonia sanctorum Patrurn venerabilium Toleto deservientium
in missarum oraculis edita sic dicunt :I. In missa de coena Domini: Qui per adoptivi hominis passionern,
dum suo non indulger corpori, nostro demum, id est iterum, non pepercit;
2. item in missa de tertia feria paschae ; Respice, Domine, tuorum fide-lium multitudinem, quam per adoptionis gratiam filio tuo facere dignatus
es coheredem ;
3' item in missa de quinta feria paschae : Praecess it quidem in adoptione
don urn, sed adhuc restat in conversatione iudicium ;
4. item ibi: Dignum et iustum est, salutare nobis atque conveniens
gratias agere, laudes impendere, intellegere munera, vota deferre tibi,
omnipotens pater, et Iesu Christo filio tuo, domino nostro, qui pietati tuae
per adoptivi hominis passionem quasi quasdam in praesenti s popul i aquisi-
tione manu bias, cum non exierit e caelo, exhibuerit e triumpho ;5. item in missa de ascensione Domini; Hodie salvator noster per
adoptionern earn is sedem repetiit deitatis, hodie hominem suum intulit
patri, quem obtulit passioni, hunc exaltans in caelis, quem humiliaverat in
infernis, his visurus gloriam qui viderat sepulturam ;
6, item in missa saneti Sperati : Ingeniti patris unigenite, filius Dei,
Spiritui sancto coaeternus et consubstantialis, qui ab aree sed is aethereaehuius mundi infima petens adoptivi hominis non horruisti vestimentum
sumere carnis, et ad liberationern fidelium non es dedignatus in forma
servi, salva divini tate, in s tatera appendere crucis et perferre exitiurn $US-
tulit mortis;
7. item in missa defunctorum : Domine Iesu Christe, qui vera es vita
credentium, tibi pro defunctis fidelibus sacrificium istud offerimus,obsecrantes ut regenerationis fonte purgatos et temptationibus mundi
exernptos beatorum numero digneris inserere, et quos fecisti adoptionis
participes, iubeas hereditit is tuae esse consortes.
Nam ipsi canimus in vigilia paschae, beato Isidore dicente: Induit car-
nem, sed non exuit maiestatem ; nostram substantiam expetens, sed
propriam non relinquens "
Remarquons d'abord que Ia derniere formule liturgique ne con-
tinue pas l'enumeration commencee ; Elipand ne l'introduit pas
par item, mais il commence nne phrase nouvelle. C'est qu'il ne veut
pas attribuer la patemite de ce texte aux eveques de Tolede, mais
a Isidore de Seville. Il est impossible de donner un autre sens auxmots <I beato Isidoro dicente », et je ne comprends pas comment
Dr Ferotin a pu omettre le grand eveque de Seville dans sa liste
des auteurs de la liturgic mozarabe et ecrire : «on remarquera qu'il
1. EpMt. Karolini aevi, II, p. 305.
DE L'ORIGINE DE TEXTES LITURGIQUES MOZARABES. 425
n'est pas question de saint Isidore» ,. Cette derniere citation e:t
empruntee a la benediction de la lampe qui avait lieu Ie Samedi-
Saint. II est it remarquer que ce texte .venu de Seville etait en
usage it TolMe des l'epoque d'Elipand.
Les sept exemples qui precedent sont empruntes a six messes,qui sont l'ceuvre des « . venerables Peres de Tolede I}; Nons savons
deja par la lettre de ran 79 2 que quatre de ces messes etaient
attribuees a Eugene, a Ildephonse et a Julien. On soupconne aussi-
t6t que les deux autres messes seront aussi leur ceuvre, et ce
soupc_;on s e change en certitude morale, quand on constate que
dans la liste des auteurs de formules liturgiques mozarabes i1n'y a
que trois toletains, ceux que nous venous de nom mer. Or, ces
messes sont presque toutes consacrees s aux grands mysteres de la
vie et de la mort du Christ Ii, une est composee en l 'honneur d'un
vieux martyr, Speratus ; on voit ce que valent les arguments
allegues pour etablir 1ahaute antiquite du Sacramentaire.J 'irai plus
loin encore et, dut-on m'opposer l'autorite de Florez, de Lesley et
de tous ceux «qui ont pris la peine d'etudier serieusement cette
question », je n'hesite pas it ajouter : si toutes les messes citees par
Elipand sont l'ceuvre de ces trois eveques de la seconde moitie du
VIle siecle, on ne peut se soustraire a l'impression que la majeure
partie du missel doit etre leur CEUVre.
On se demandera peut-etre quelle foi meritent ces attributions
donnees par Elipand. 11[aut signaler iei LInenotable difference qui
separe 1a liturgie mozarabe de toutes Ies autres. Les recueils litur-
giques sont le plus souveIi.t anonymes, quelquefois ils portent un
nom d'auteur, un seul nom, celui de quelque grand eveque, et i1
convient de n'accepter ce nom qu'avec les plus gran des reserves.
Tantot, en effet, cette attribution est trap recente pour meriter
creance ; tan tot elle a de solides racines dans la tradition, mais ne
tient pas compte des remaniements et des additions qu'a subis le
recuei1 primitif, et on presente comme l'ceuvre d'un personnage ce
qui est Ie travail de plusieurs siecles,
La tradition visigothique s'offre a nous dans de meilleures condi-
tions. Les eveques espagnols du VIne siecle savent que leurs
formules ne sent pas composees par un seul homme, ils ont con-science qu'elles sont, en grande partie, l'ceuvre de trois eveques
qui se sont succede sur le siege de Tolede, un siecle auparavant ;
et dans ce travail successif ils distinguent meme la part de
1. Sacrameniaire, p. XL
Revue Benedictine.
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REVUE BENEDICTINE.
chacun 1. En outre, Elipand attribue une formule solennelle, non aun de ses glorieux predecesseurs de Tolede, mais a un eveque de
Seville. Cette precision inspire confiance ; eUe ne peut s'expliquer,
me semble-t-il, par uue simple tradition, mais ilfaut supposer qu'a
cette epoque les rnanuscrits liturgiques indiquaient, au moins pourquelques pieces, les noms des auteurs. Cette solution devient plus
probable encore quand on voit, un siecle plus tard, Samson de
Cordoue citer des parties d'une messe qu'il attribue it Ildephonse "'.
Je m'etais arrete it cette explication, quand je trouvai dans Arevalo
un fait positif qui la mettait a l'abri de tout doute: «Saeculo IX
ineunte creditur composita missa quae in Missali veteri Barcino-
nensi legitur die 6 Novembris S. Seoeri episcopi ei martyris a
Joanne episcopo composita UT IN TITULO DICITUR, de qua videri
potest Florezius Hisp. sacr. tom. XXIX, p. 76 D 3.
En dehors des deux lettres adoptianistes, il ya quelques autres
documents qui nous font connaitre les noms de ceux qui compo-
serent des messes mozarabes. Comme il fallait s'y attendre, ce
sont les eveques de Tolede qui sont surtout nommes.
Vers la fin du VIlle siecle, Cixila dans sa biographie de S, Ilde-
phonse 4 rapporte ce qui suit:
a) Etant encore abbe du monastere de S. Come et S. Damien,
Ildephonse composa deux messes en l'honneur des patrons de
I'abbaye,
b) II cornposa l'Alleluiaticum «Speciosa facta est, etc, II et
d'autres morceaux pour la messe de sainte Leocadie,
c) « Superveniente die sanctae et semper virginis Mariae ante tres diestribus diebus Iitanias peregit e t missarn superscriptam, quae in eius laude
decantaretur, perfecit , quae est sept ima D.
La messe de SS. Come et Damien publiee par Ferotin est tres
probablement une de celles qui furent redigees par IIdephonse,
plusieurs expressions rappellent bien son style. Nous avons une
messe de Ste Leocadie, mais comme le verset de l'Alleluia n'y figure
pas, on n' est pas sur q u' elle soit d'Jldephonse. Par contre, nous
connaissons avec certi tude 1a messe composee en l'honneur de
Notre-Dame, c'est evidemment la messe Erigamus quaeso (Sacra-
mentaire, col. 50), celle qui dans plusieurs manuscrits suit imme-
1. Daus SQn ecrit perdu Felix att .ribua itaussi a plusicurs cveques espaguols les textes
l iturg iq l ies qu' Il c it ait ; « pruesules quoque Hispaniarum inducis quo~ tu orthodoxosdicis D rcpond Alcui i1.
2. ~1i!;llC 9 6, 7 5> l.
3, ) ligflc i ll, ,, 7\ ',
4. lUignc 9'j · I?d suiv .
DE L'ORIGINE DE TEXTES LITURGIQUES MOZARABES. 427
J,1
ij
,_ . - . /
diatement un autre ecrit dIldephonse, le Liber de virginitale
perpetua sanctae Mariae t. Dans deux manuscrits de Silos, dont un
e~t presenteroent au British l!luseum, le Liber de virginitate est
divise en SIX Iecons, ce qui explique les paroles 6nigmatiques de
Ci~ila : « missam ... quae est septima ». Cette division en six: lecons
~OIt rem_onter au m?ins au VIlle siecle ; probablement ces Iecons
s appelaient-elles enssze, comme dans Ie manuscrit 35.7 de Tolede.
A la fin du IX' siecle, Samson de Cordoue cite, comme j'ai dit,
deux formules d'une missa cotidiana et les attribue a Julien de
Tolede. Cette messe, connue deja par l'edition de Lesley, a 6te
retrouvee p~r D, Ferotin sous un titre qui do it etre celui que
S~m:on aval~ sou;, les yeux, et qui etait suivi d'une indication qui
faisait connaitre I auteur de Ia messe,
Sans doute, le Sacramentaire doit avoir garde un bon nombre de
formules plus anciennes, 11 doit y avoir encore de ces messes
ecrites « eleganti sensu et aperto sermone » par l' eveque Pierre deLerida vers Ia fin du Vc siecle 2. Mgr Batiffol vient de signaler les
deux messes de S. Saturnin, qui ont probablement une origine tolo-
sane, et ne peuvent, par consequent etre posterieures au ye siecle,
quand Toulouse etait encore wisigothique 3.. ..
------~1..Je ll.e sais que! ,mauvai~ sO;i a,cte jete sur cette messe que ni D. F,(h·otin, ni D.
~{~n~~m personue n ~s~ arnvf a decouvrir , D.Ferotiu Sacrameniaire. p. XVI, en note,identifie Ia messe rcdtg,,~. pal:. ",,,,ut'lldl'phullge avec 1« rnesse ]i}J'ceUentissimo kuic (col.
592) et ajoute : «QUOlqU 11 nous ait, iite conserve dans trois mallu8crits d'origiue diife-rente, le texte de cette mense u'e st pas facile ,\ etablir , " Or , la messe Ex,'e llenti"<simo
ne se trouve que dans un ruauuserit. D. ilIorlll, Rer, Bh,,:d., XXX (1913), p. IH,
propose la messe Omm» stlla", (col. 400) qui sa trouve, ell eITeL,d",nH trois manuserits
et o~_coustate que ses var iautcs out cause beaucoup de peiue il j'cditeur.}'robal.J1crnent
D. Fe ronn I~Hneme a vouiu dcs;~ner '~e tte nle%c. Jc fe rai remarque r iel que le cexte
du nouvel edt teur lal~se ~:aucoup a deslT.cr. Dans l'oraison Alia nous l tsons . « indignis
q~u:smnus ~nnue nobis . Eius f~yor~ '". enpe de nugis s ive merito crnundar id~ propriis})e,. e~lnote. «Forte legend~m. ludlgUIS qucsurnus unnue tu nobis eius favore c ripi de
llUg" etc. le ms a = . enple. » 11 n'y a pas a chercher de correct .ion, Jes manuscrits ue
sont pas corro iupus ; J I but seulement div iser couvcnabieruent les mots et l ire: « Indi-
gIl lS. quesumus ~nnue u,~b.is eius f ;nor, :, tueri p ie de uugis etc ." Dans l 'ora .ison Pus t
n"m,n" 11faut.hre.: «N,SI quod sola vIrgo post. parturitium mansit » au lieu de « ntsiquod sola. Mana \,l l"gopost parturitionem sola mansit ))' Dans l'Inlalio D I'" ti it1 . 3 . 1 ' : d '1 ' . . ~ , , . t;:1."0 lD SUl
~ manuscrit D. 3 e olede et imprrme : Nonuul lj s mirucula dare Iuvist .i per vitam,
81gn~ per mortem, ,P0rtent.a per adsnmptiouem. Alios uamque poten ter resuscitas post
c~r~lS .de,fe~tum, alias ..er~ C?NTRA NAMQliE per mentis excessum, dumque alios reddi-di~tt dlssn,,_'les etc. 1> ce qUI n a aucun seus, I I Iaut corriger cornme sui t avec le manus.
crit G «altos vero coutranas n (voici le temoiglla~e des autr es mos· eM tr .B
d r _ L . . . . . • - • ."l" alU.Lns I
concrcmans ~ Ittoll <.le.Lesley). A travers ce mot rare , inconnu " Forcellini et au grandThes(WT~$hnguae lattnae, on devine Ie verbe frauGais contramdre, Plus loin, je pro.
pose de Iire a"l 'e~pJeoll~sme du pronom • ADC(orcaographe espsguole de Ilane) Cariatus
a qua. natus est . i llarn ibidem ferre, unc (=bunc) Christus e. quo di lec tu s cs t hie iliumlnaUSlsse» au l ieu de .. au Christus ... au Christus ... »
2. S, Isidore, de viri~ illustrib"/.ls (Migne 82, 1090).
3. Eu,lletin d'a,wienn~ litttTatU1"€ et d'aTCIuJQI~gie ckretiennes, I II (1913), p . 236.
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D'autres messes furent ajoutees plus tard. Nous avons vu qu'un
eveque nornrne Jean composa une messe en I'honneur de S. Severe.
Alvar de Cordoue cite une priere composee par un de ses contem-
porains, maitre Vincent x ; cette priere en trois sentences semble
avoir ete la triple benedictio qui ienninait la messe mozarabe, AuX· siecle, Salvus, abbe d'Albelda, ecrivit egalement des messes et
des poesies Iiturgiques, mats on ignore ce qu'elles sont devenues 2.
Je resume les principales conclusions de cette premiere partie:
1° Ies anciens manuscrits Iiturgiques mozarabes presentaient cette
particularite interessante qu'ils indiquaient assez souvent les noms
de ceux qui composerent les pieces li turgiques; 2° il ya six.ou sept
messes que nous pouvons attribuer avec confiance les unes aEugene, d'autres a Ildephonse, d'autres encore a Julien de ToIMe;
beaucoup d'autres messes doivent €:tre leur oeuvre, mais les pre-
mieres doivent etre Ie point de depart pour faire Ie triage; 3° il Y
a une solennelle benediction de la lampe que nous avons le droit
d'attribuer a S. Isidore de Seville; 40 des Ie VIII- siecle, cette bene-
diction venue de Seville etait incorporee avec les messes toletaines
dans une merne liturgie.
II. - Int(~gl'lte et ortbodoxte des messes mozarabes,
Les citations d'Elipand ont pose un double probleme : la liturgic
mozarabe est-elle orthodoxe ou adoptianiste; les adoptianistes ont-
ils cite exacternent leurs livres Ii turgiques ou les ont-ils corrompus?
Le parti pris des theologiens est tel qu'ils ont sans cesse m e r e ces
deux questions, pourtant bien distinctes. Aussi longtemps que les
citations n'etaient pas retrouvees dans les manuscrits, OIl n'hesitait
pas a leur trouver un sens heretique, mais on s'empressait d'ajouter
qu'elles avaient ete faussees par Elipand. A peine retrouvees, elles
deviennent a la fois orthodoxes et authentiques. Alcuin est Ie pre-
mier qui a lance Ia facile et injurieuse insinuation que les textes
etaient faux. D. Ferotin sera vraisemblablement Ie dernier a repe-
ter cette accusation; dans sa preface au Liber ordinum, il disait
d'Elipand : <1 Ce prelat, iI n'est pas trop temeraire de le croire,
s'appuyait pour soutenir des erreurs sur des textes de sa compo-
sition et qui disparurent avec lui. II ne m'a pas ete possible d'enretrouver la trace dans Ies nombreux rnanuscrits que j'ai etudies aTolede, a Madrid et ailleurs 3,» CeUe etrange affirmation etait
1. 1 1 1 igJ\e, ! > l , en, '2, Aut onio, Hib!",t/,,'ra In'pana vel1l', 1,518,
3. Lioer (trdhl'u"!,~p. XIT.
DE L'ORIGINB DE TEXTES LITURG!QUES MOZARABES. 429
dementie d'avanee, Fleury avait pris la precaution de demander
des renseignements a Tolede et avait recu la reponse que les textes
des adoptianistes se trouvaient reellement dans les manuscrits 1<
Helfferich les avait Ius egalement et publics tout au long dans son
livre2. A U J ·
ourd'hui tous Ies textes sont connus et personne waces- ,"a Dieu, n'a songe a dire que nos mannscrits peuvent tous deriver
des exemplaires corrompus par Elipand, On admet, au contraire,
que les divergences qui se trouvent dans Ie missel imprime par
Ximenes sont des corrections destinees .a ecarter tout soupr.ond'adoptianisme, j
Parmi les citations d'Elipand, il n'y a qu'une phrase qui presente
quelques difficultes,
ELIPAND
Qui per adoptivi hominis passio-
nem, dum suo non induJgit corpori
nostro de mum id est iterum non
pepercit.
a) IIfaut preferer la variante per adoptivi hominis passionem qui
seule donne un sens satisfaisant ; c'est dans sa passion, non dans
son incarnation, que le Christ n'a pas epargne son corps. Des lors
il est permis de soup90nner que la variante per adoptionem natiui-
tatis sue est une variante destinee a ecarter I'expression adoptivus
homo, plus malsonnante que le mot adoptio , .
b) Dans la lettre de 792 aussi bien que dans celle de 799 sont
ajoutes les mots id est iterum. Tai peine a croire que cette interpo-
lation se trouvait dans les missels d'Elipand et je prefers y voirtine glose ajoutee par l'eveque de Tolede. Il avait la mauvaise habi-
tude d'ajouter de ces parentheses explicatives, comme on peut voir
par ses citations patristiques. Alcuin n'a pas soupconne que ces
mots etaient ajoutes par Elipand et il declare que la phrase n'a
aucun sens .
. c) Gains a eonj~cture que primitivement il n'y avait pas de nega-
t~on avant pepercl! 3. HefeIe 4 et Hauck 5 ont adopte cette correc-
tion, IIfaut avouer qu'en supprimant cette negation, on obtient
un sens excellent: Ie Christ est mort pour ~~pier nos peches, par
SACRAMENTAIRE.
Qui per adoptionem nativitatis
sue, ?um suo 'non indulgit corpori,
nostro demum !)OU pepercit,
1. Histoire rooliri<utiq'U, 1. XLIV, section 57.
2. P. 95-97. A defaut du Iivre.assez rare, de Helfferich, D. Ferottn aura it pu trouver
~ renselgnemeat dans lea ouvrages; cites ci-dessous, de Gams,de Hefele. de Haock etd autres encore peut-etre, '
3. Kirckeng&chUJht~ to01t Spa,nitm, II, 2, p. 212.
4. C~UmguchiellU, 2· edition, III, p. 651.
5. KircMttg~MAiDht~ Deutlckland$, 2" edition, n,p, 288, n. 6.
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430 RBVUE BENEDICTINE,
co~s.equent, en se livrant aux souffrances il nous a epargne les
chat:ments ~ui n.ous menacaient. Cependant ·la conjecture me
parait plus ingenieuse que solide, Elipand lisait certainernent la
negation, puisque Alcuin la reproduit dans sa reponse. Le sacra-
ill:ll:alf; de Toled.e d~ IX· siecle l'a egalement, La phrase incri-
rr;-I~een est p~s ~enuee de sens ; elle exprirne une idee fort juste
d ou l~s adoptla:ll~tes ont tire des conclusions outrees : quae capitis
sunt, id est Christi, referuntur ad corpus id est Ecclesiam I.
L'illtegrite des citations d'Elipand est 'hors de doute : il est moins
facile de decider jusqu'a quel point elles appuyaient' ses erreurs.
Les eveques reunis a Francfort les ont severement jugees : cette
litur~ie h~retique, disent-ils, a appele sur l'Espagne Ie chatiment
de 1m.vas~on arabe 2. AIcuin est plus indulgent et trouve que quel-
ques ,cItatIOns sont susceptibles d'un sens orthodoxe J, D..Ferotin
les declare toutes inoffensives et, pour Ie dernontrer il tire de son
Liber ordinum quelques formules qui employent les expressionso.rthodoxes adsumptus homo, adsumpta caro ; d'autres prieres Con-
tiennent des protestations centre les erreurs adoptianistes 4, Evi-
d;mment, la question ne peut se resoudre ainsi, II faudrait prouver
d :bord que ces formules orthodoxes au Liber ordinum sont des
~emes auteu:s que. c;lIes qui sent l'objet du litige, ensuite qu'elles
n ont pas ete corngees apres coup pour faire disparaitre les mots
~alson.na~ts. Dois-je ~jouter, que s'il y a des prieres qui blament
I adoptianisme, eIles nsquent fort d'etre posterieures au VIllesiecle ?
~our rna part, je me rallierais volontiers a l'opinion de Hauck
q~l trouve dans ces expressions l'echo d'une theologie arrieree s.
LEs~agne n'.avait pas, suivi Ie progres du dogme christologique,
ell~ s .~ttard~lt e~core a des conceptions et a des formules qui au
IV siecle n aurarent pas provoque de scandals. Seulement Ie tort
~es ado~ti~nistes etait de s'enteter sur ces expressions qui, en vieil-lissant, etaient devenues heretiques,-~-~----- - ----~~~--_·~T
1. Cf. Hauck, o. C., p, 295, n, 4.
2. « Sequitur in eodem libello vestro : Item pruecessores nostr] E,wenius e~ ' eter
q.uae mepareutum restrorum dictis posuistis, ut manitestum sit omnib"uo qll~ieg ~ab~:_a
tetS parellut.esB e t ut ?otum sit omnibus uncle vas tradi ti s it is in munus inC:deli llm > M ~ " :crm, ist.; oncil ia, II, p. J . J . ? _ • ~ •
3. A ticer Sl<S El'I'''lul" "', I. 11 7 M igno II)I 2" ') ll~' 1 ,. F 'I· .1~ < . . . . ' , . _ + I.' _ ,V~. t;:tJOn( an...a CD: : 1 est plus, ..vLrc
j: ' pl aesules Hispaniarum ... Inhis quae posuist i oratiouibus inriubitanter heretici
e58P, ignoscuntnr )1(Mlf!II" lUI, 221' : ) ,
4. S"'."·aml'nillir~, p, XXXI ct suiv,
C o . O. c., p. 2~8 re t suiv.
DE L'ORIGINE DE TEXTES LITURGIQUES MOZARABES, 431
III. - Les prects rythmiques.
La liturgic mozarabe contient un grand nornbre de preces qui se
. recitaient ou plutot se chantaient aux jours de jefme et de fune-
railles. Elles cornmencent par une supplication qui sert d'antienne :
elle est inspiree souvent par quelque texte du psautier, on en repe-
tail la derniere partie apres chaque strophe comme un refrain. II
semble que l'antienne complete etait repetee a la fin. Les preces
s'appellent parfois miserationes, sans doute parce que Ie refrain
consistait souvent dans uue des formules et miserere, Deus mise-
rere, placare et miserere ou une autre du, meme genre. Quelquefois
les premieres lettres des strophes se suivaient dans l'ordre de I'al-
ph abet ; on appelait cette priere abicidaria. .
Cette priere litanique ou dialoguee se retrouve dans toutes les
liturgies, en Orient comme en Occident. Les diacres etaient gene-
ralement charges de cette recitation. Sans parler de l'Orient, O U cetusage existe encore, nons avons pour la Gaule le temoignage de
saint Germain de Paris, pour l'Espagne celui de saint Isidore de
Seville I.A Rome, le prechantre fut substitue d'assez bonne heure
au diacre, pour cette fonction cornme pour d'autres analogues z.
Les manuscrits gallicans n'ont conserve aucun texte de cette priere
dialoguee, S I ron excepte deux formules dont nous parlerons tout al'henre. Par centre, nons en avons un bon nombre dans le rnissel et
surtout dans le breviair e mozarabe, On peut lire dans Duchesne
des preas tirees de livres ambrosiens et irlandais, ainsi que des
remarques judicieuses sur leur parente avec des litanies grecques.Nul doute, apres cela, que la litanie diaconale, comme telle, ne
soit de la plus haute antiquite. 1 1 n'est pas si facile de dire a quelle
epoque rernontent ces preces que nous lisons dans les livres rnoza-
rabes, Les gouts Iitteraires ont varie ; on a pu, meme a plusieurs
reprises, reinplacer les formules vieillies par d'autres plus confer-
mes a la mode du jour. 11serait etonnant, toutefois, si aucuue Iita-
nie ne nous etait conservee de la peri ode qui fut nge d'or de la
liturgie rnozarabe et qui, comprenant to.ut un siecle, s' etend assez
exactement de ran 590 a ran 690; il serait plus etonnant encore
si la plupart avaient ete composees au Xe siecle.
Le quatrieme concile de Tolede, celebre en 633, condamne dans
son canon 71'abus de ne pas tenir de reunion liturgique le Ven-
dredi-Saint, puis 11 explique quel office il faut faire: 0: oportet
1. Pour S. Germain . .oyez le texte cite par Duchesne, O";(jiMS du culie chretien,
4' ~ditiolJ, p. 1~8; pour S . Isidore cf. De officii», l.I I, c.
2. Duchesne, o , c.) p. 101.
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432
eodem die mysterium crucis ... praedicari atque indulgentiam crimi-
num clara voce ornnern populum postulare I », Or, nons Iisons dans
le manuscrit 35, 5 de Tolede un office du Vendredi-Saint qui
repond ~,merveille a cette prescription du concile 2. Apres la lec-
ture de l'evangile Ie diacre erie indulgentirz, ~_quai toutle clerge etle peuple reunis repondent a genom!: trois cents fois ind,tlgentia.
Puis le diacre apres nne invitation a Ia priere, commence une Eta-
nie rythmique,
Procedat ab altissimo
Succurrat nobis miseris, etc.
Apres ehaque vers Ie peuple repond i1zduigeniia. ArIeS Ia pre-
miere strophe le pontife recite une collecte et on erie cent fob
mdulgentia. Puis Ie diacre chante la deuxieme strophe.
Nos patri reconciliet
Christi confirmet gratise , etc,
at tout le monde repond a chaque vel'S indulgentia. Cette strophe
est suivie de cent cris indulgentia et d'une troisieme strophe du
meme genre. eette ceremonie a grand effet doit etre anci~i1ne ; elk
he peut eire posterieure au concile de 633, e1le lui est meme ante-
rieure, car le concile n'a pas cree cet office du Vendredi-Saint, mais
il a etendu sa celebration a certaines eglises qui ne I'avaient pas
encore. A 1a rigueur, on pourrait supposer que Ia reponse du peuple
est ancienne et que les paroles du diacre ont varie au cours d e stemps; mais c'est l a une hypothese violente, qu'on n'admettra pas
si elle n'est appuyee sur des arguments solides. .Un grand nombre des preas mozarabes sont rythmiques et leur
etude vient de reveler a M.W. Meyer une technique nouvelle dans la
construction du vers et dans l'arrangement de Ia strophe 3. Le 'savant
professeur de Gottingen s'est acquis une celebrite par ses decouver-
tes dans le domaine de la rythmique et je n'ai pas l'intentiom de le
suivre dans ses analyses des preces mozarahesr je ne m'occuperai
que de l origine de ces textes, question qui aux yeux de M. Meyer
lui-memo est Ia question capitaIe : « La rythrnique de ces chants
dit-il, est un phenomene tout nouveau dans la Iitterature d'Espa-
gne. Elle est aussi un phenomena rare et nouveau dans revolution
de la poesie au moyen-age et i l sera difficile d'assigner a ces chants~~--- '-~.--- . - - - . . . . . . _ _ _ _ , _ . - ~ . --~~, .... . . . . . . _ _ _ _ _ _ _ . - - ..~-~--~-----LMansi.
2. Ferotin, Sacram.entai,·e, p. 731; le m e me texte est dang Ie rnissel t 'dite par Lesleyp.171. '
: ,. Ueber di e ryt 1w<i tch~" PrCI!C.<el" mnw,1"abisc!uJI Liturgie dans lea Na~M-iohle".
der J{' G~sell.<chaf/"n ZIf· GotMn.qen, PlIilJdst. Klasy, 1913,p.ln.222.
DB r,'OmGWE DB TEX'I"ES UTURGiQUES MOZARABES. -433
p . " l r place dans l'histoire de Ia litteraturel.» Un.fait semble devoir
resoudre Ia difficulte, Deux preces du missel mozarabe se retrou-
vent dens le celebre saeramentaire gallican ecrit au VIle ou au
VI!Ie siecle. Mais le ·texte mozarabe contient des strophes qui
manquent dans le texte gallican, Ces strophes ont-elles ete ajouteesen Espagne ou bien ont-elles cite supprimees en France? On voit
que pour trancher Ia question de la date et du lieu de composition
de ces chants, il n'est pas sans interet de discuter le lien qui unit
les strophes mozarabes au reste du morceau, De ces deux: prieres
[e discuterai d'abord celle qui est susceptible d'une solution eertaine.
J'imprime la forme mozarabe (= M) et je donne en note Ies
variantes de la forme gallicane (= G). Je neglige les variantes
d'orthographe et j'omets le refrain apres ehaque strophe.
Insidiati sun; mihi adversarii mei magis gratis
Tu pate! eanctamiserere et libera me
z , Portatus sum ut agnus innocens id victimam
captus ab inimicis ut avis in muscipulam
2, Aperuerunt omnes ora sua contra me
dentibus frcmuerunt querentes deglutire me
3. Sibilaures clamabant et movebant capita
rractantes de me falsa -proferre testimonia
4. Suspensi crud damnant fixum davis fer reis
venditum a Iudeis pro triginta argenteis
5. in latera confossus gladio horrifico
illico fluit latex cum sauguine innoxio
6. Omnes inundaverunt quasi aque super medimersum in sepulcro adposuerunt lapidem
7. Confusa. palluerunt cuncra celi sidera
dies obtenebratur cum vidit pat! dominum
8. S ic Iudeorum turba ceca diff identia
deposcunt a Pilato milites pro custodia
9. Tunc milites dividunt vestem mearn sortibus
cernentes in me flagra iniusta et sevissima
10. lotende pie pater 'et succurre miseris
pro quibus tam acerbis a:f ficior suppl iciis
1. muscipola, 3. proferre falsum te!timonium. o . honorifico ilBc con.e.uit
aqua. G. aleut aqua. 7-9. omittit. 10. adfljgor.
II me parait evident que les trois strophes qu'on ne trouve pas
dans M ne sont pas une interpolation. Je n'insisterai pas sur ce
detail que ces strophes sont correctes au point de yue de la ryth-
I. O.0 ., p. 210.
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434 REVUE BENEDICTINE.
rnique. II y a un argument peremptoire, decisif, Les premieres
Iettres des six premieres strophes forment I'acrostiche PASSlO.
Mais il ya une septieme strophe, commune a Get a M, indubita-
bIement authentique, qui montre que l'acrostiche est incornplet.
Si ron ne connaissait que la forme G, il faudrait deja supposer quedes strophes ont disparu, car une poesie acrostiche avec une
strophe supplementaire qui ne compte pas serait une veritable mon-
struosite. La forme M nous permet de retrouver l'acrostiche com-
plet PASSIO CHRISTI. Est-ce a dire que trois strophes HRIont
disparu ? C'est possible, c'est probable; les copistes ne se sont pas
toujours aperifus qu'i ls avaient affaire a des acrostiches et ont cru
pouvoir omettre des vers, sans nuire a la beaute de l'ensemble, Mais
iIn 'est peut-etre pas necessaire de supposer cette perte. D'abord la
strophe H n'est pas indispensable, l'auteur a pu ecrire cnsti.
Ensuite Ies espagnols faisaient usage de ce genre de contraction
que Traube appelle hebraisante, ils ecrivaient toutes au presque
toutes les consonnes et laissaient tomber les voyelles a l'interieur
du mot: et ces lois de la contraction etaient pour eux S l vivantes
qu'ils creaient bien souvent des abreviations nouvelles dont on
reconnait aussit6t 1e pays d'origine ,. De me-me qu'il ecrivait
apstls et apsis, epscps et epscs, prsr et non prsbtr etc., un poete
espagnol, sachant qu'il fallait ecrire en abrege les noms divins, a pu
concevoir la contraction crsti et peut-etre merne csti. Si l'acrostiche
PASSIO CSTI etait complet, ce serait la preuve Ia plus certaine
qu'il est d'origine espagnole. En tout cas, ce n'est pas par hasard,
comme le suppose 1 \ - 1 . Meyer, que dans la forme mozarabe lesstrophes CSTl suivent Ie mot PASSIO. Contraction bizarre ou
residu d'un texte autrefois plus complet, ces lettres signifient
CHRISTI.
Supposons qu'il n'y a pas de contraction, qu'il manque deux ou
trois strophes, il reste tres probable que cette priere a ete composee
en Espagne. Car I) le sacramentaire de Bobbio n' e st pas un livre
gallican « pur », il a subi dans une large mesure l'inftuence de
liturgies etrangeres, non settlement de la liturgie romaine, mais
encore de 1a liturgie mozarabe ; c 'est un t emoin suspect 2. 2 ) Quand
on compare les deux formes G et M on voit que M l' emporte sur
l'autre comme ayant le texte le plus pur et Ie plus complet; d'ou iI
1.Traube, Nomina Mcrae (Quellen und. Unters. ~ur lateinische Pkilolvgie des Nu·tel·
alters, t. U, p. 24G).
2. Cf. I'article b o lo • • oiglle de D. Wilmart dans le Dictionnai:r~ d'arcke%gie citro.
Lieune ct de lii1l1ogir l l, col . 939·962.L'auteur croi t, lui aussi , que Ie Bobiensc a. recu
d'Espagne ses Preas.
DE L'ORIGINE DE TEXTES LITURGIQUES MQZARABES, 435
devient extrernement probable que le 'manuscrit de Bobbio l'a
emprunte a un livre mozarabe. 3) On ignore dans quelle forme
etaient concues les litanies diaconales gallicanes; en tout cas, la
pcesie Portatus sum ne ressemble guere a ce que nons connaissons
des litanies ambrosiennes et irlandaises, tandis qu'elle a des affini-
tes etroites avec beaucoup d'autres preces du repertoire mozarabe
tant pour le rythrne que pour la strophique.
M. Meyer ne veut admettre ni l'origine espagnole de toute Ia
piece, ni l'authenticite des strophes 7 a 9. Voici les arguments qu'i l
allegue :
1° La strophe 7 brise l'ordre chronologique, eIle relate un evene-
ment anterieur a la mise au tombeau dont il est parle a Ia strophe 6,
il en est de merne de la strophe 9. Mais il est perrnis a des poetes
de ne pas suivre l'ordrc rigoureux de I'histoire, D'ailleurs la
strophe 10rompt, elle aussi, l'ordre chronologique, et M. Meyer
ne songera pas, je suppose, a la supprirner ou a la deplacer.2° Cette priere est mise par le poete dans la bouche du Christ,
tandis que dans les autres preces mozarabes, c'est l'homme, le
pecheur repentant qui parle a Dieu, Cela prouverait tout au plus
que ce chant n'est pas du memo auteur que Ies autres preces.
Le second chant A patre missus que nous trouvons dans le
missel de Bobbie me parait du meme auteur que le premier Porta-
tus SUJJl I. La tradition manuscrite de ees deux pieces est la meme ;
l'introduction est coo9tle exactementdc Ia merne facon : elle
s'inspire du psautier ; les refrains se ressemblent aussi et s'adressent
expliciternent a Dieu le Pere ; dans run comrne dans 1'autre c'estle Christ qui parle et tous deux se terminent par une priere adres-
see au Pere et ernpruntee it l'evangile de saint Luc. C'est pourquoi
je eonclus que Ie missel de Bobbio a pulse aussi cette seconde piece
dans la liturgic mozarabe et je soupCfonne qu'ici encore il a Iaisse
tomber quelques strophes. D'autre part j'avoue que l'avant-demisre
strophe de M rornpt desagreablernent le discours et que les mots
ostendi in vietima sont peu clairs. Cela permettrait de supposer que
les copistes ont mal copie le texte mozarabe, qu'ils ont peut-etre
ornis une ou plusieurs strophes, qu'ils ont peut-etre ajoute la sep-
tieme strophe. Mais tout ce1a ne prouve pas que ce chant n'a pas
e t e compose en Espagne.
M. Meyer m'ecrit qu'il serait important pour l'histoire de la
L Le Iecteur trouvera les deux formes de cetre seconde piece dans les editions rill
mis s e1 de Bobbio etdans Ie n:i:"pl r.. \"wr"b" de Lesley. 11. ]\feyer lea imprime dana son
:l.rtlde de mnniere il. hi re voir au r ,r~ml~r roup do-il l es var iantes,
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436
poesie rythmique de demontrer que Ies prieres Portaius sum et A
patre missus sent d'origine espagnole « das ware cine Merkwurdig-
keit ersten Ranges », J'ose esperer que la preuve est faite. Le
savant professeur de Gottingen esquissait ainsi l'evolution de cette
poesie. La strophique que revelent CG S deux: pieces est une rareteavant l'inventionrles sequences, et, a en juger par les rnateriaux
dont nous disposons, on ne pent placer cette rarete qu'en France.
Plus tard, Notker de S. Gall composa ses sequences, et cet art
nouveau se repandit rapidement, surtout en France. Un espagnol
du Xe siecle s'inspira de ces sequences pour composer des chants
d'une strophique W1 peu plus simple, que ron introduisit plus tan!
dans la Iiturgie mozarabe,
Les theories doivent se plier aux faits. C'est en Espagne, et pas
plus tard que le VIle siecle, que furent composes les deux chants
Portatus et A patre. II est peu vraisemblable que ce furent la les
premiers essais de ce genre: on ne commence pas par faire desacrostiches, on ne songe a ces tours de force que quand on a deja
une certaine habitude de la versification. Quant aux autres preces
rythmiques, elles ont plus de parente avec les deux pieces dont nous
venons de parler qu'avec les sequences de Notker, et je ne vois
.aucun motif ni de descendre au Xc siecle pour expliquer leur
composition, ni Galler chercher en France les modeles qui les ont
inspirees.
D. DE BRUYNE
L ' I N D E X L IT U R G I Q U E D E S A IN T - T H IE R R Y .
LAbibliotheque municipale de Reirns conserve au commence-
ment d'un manuscrit proven ant de Saint- Thierry un fragment
liturgique qui n'a pas encore recu I'attention dont il est digne,
bien qu'il ait 6t6 publie par M. H. Loriquet I il Y aura tantot dix
·ans. Ce sont deux feuillets en ecriture de Corbie qui nous rendent
une portion de la table d'un sacramentaire g6Iasien analogue - ou
plutot it peu pres identique - au celebre manuscrit 316 du fonds
de la reine Christine. Celui-ci ne doit done pas etre considere
cornme un exemplaire unique, et nous pouvons desormais con-
troler, pour une part, sa composition. Averti de l'existence de
l'index gelasien de Saint-Thierry, M. Edmund Bishop m'a faitremarquer justement que Ie cas rappelait celui du manuscrit insu- .
laire de Fulda rencontre jadis par Wicelius et dont on sait mainte-
nant que le missel de Stowe, aujourd'hui seul de son espece, etait
un doublet ". Nous sommes trop disposes, dans les etudes d'histoire
aussi bien qu'en celles qui ant pour objet l'ancienne litterature, a .faire tenir tout le passe dans les pauvres debris qui nous en sont
parvenus: il faudrait n'oublier jamais que ce qui nous echappe est
immense, que nous travaillons dans les tenebres en tatonnant,
guides par quelques points d'or. Heureux sommes-nous quand ces
feux tremblants se multiplient et prennent un plus vif eclat.
Je donnerai uue edition diplomatique des feuillets de Reims avec
quelques observations relatives a . la teneur du texte et un a p p a r a -tus litteraire au seront notees les differences du manuscrit de Ia
Reine. Auparavant, je presenterai le manuscrit de Saint-Thierry et
marquerai Ie caractere de l' ecriture du 'fragment; pour conclure,
je discuterai rapidement les principales donnees liturgiques en jeu,
Le rnanuscrit de Reims no 8 (C. 142) est un petit in-quarto 3 de
III feuillets qui remonte tel quel- sauf la couverture en yean
L I)zt"Zogue gcn-;raZ des ".an><Sf'1'its de.. bibliotMques p"bliql1~$ de France. Departe-mmt, t. "XXXVI 11, 1901, p.l0 S~.
2 . L'obscrva tlou est de M.R. j)lSHOl! l ui -merne : The BMk vJ Cern. eJi/e(1 by D,A.B.
KU1"PEHS. LUurgic" I NO/.I·, p. 235 s, (1902), CL1"h . Jourmal o f t luoZag;cal S tudies, t. ViI,
1906.190,;, p. 126 $,,130 (The lAtany of sa in ts - in the Slouie ",i$sal); d. D_L. GOUGAUD,
art. Liiuroies celtique« dll ])ic/;I>1.na;T~ d'"rc/l""logie cliritierr.ne et de l iiurg"· , t. 11,
2- partie, col . 2915.
3. j1 JUe'l·cLte 260 x 18V.