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Remerciements
Cette thèse a été réalisée entre 2005 et 2008 au Laboratoire Matériaux et Durabilité des
Constructions de Toulouse (LMDC).
Je tiens, tout d’abord, à remercier mes directeurs de thèse, Myriam CARCASSES et Alain
SELLIER, pour leurs grandes compétences scientifiques, les valeurs humaines que nous parta-
geons, leur soutien dans les moments difficiles, mais aussi pour la confiance, l’autonomie et la
liberté qu’ils m’ont accordées dans la conduite de mes recherches. Je leur dois beaucoup dans la
réussite de ce travail.
Je souhaite exprimer mes remerciements aux directeurs du LMDC, Ginette ARLIGUIE et
son successeur Gilles ESCADEILLAS, pour m’avoir accueilli au sein du laboratoire et soutenu
pendant ces trois années de thèse.
Je remercie mes rapporteurs de thèse, Jean-Michel TORRENTI et Ahmed LOUKILI, dont
les remarques pertinentes et constructives feront avancer mes travaux de recherche.
Merci également à Christian CREMONA et Lars-Olof NILSSON pour leur participation à
mon jury de thèse et leurs éclairages de spécialistes sur mon travail.
Ce travail de thèse a été motivé par deux collaborations. Je tiens à remercier Abdellah
CHOUKIR et Mustapha HAFIDI, du Laboratoire Public d’Etudes et d’Essais (LPEE) du MA-
ROC, d’avoir initié une coopération scientifique mais également d’avoir été présent à mon jury
du thèse. Je remercie également toute l’équipe du LPEE, rencontrée à Casablanca, pour leur ac-
cueil et leur disponibilité. La seconde collaboration, au sein du projet ANR APPLET, me permet
de remercier l’ensemble des participants du GT1 pour leur sympathie et leur professionnalisme.
Je voudrais remercier les membres du LMDC, le personnel technique et administratif, ainsi
que les doctorants. Un merci tout particulier au service chimie. Un grand merci à mes collègues
de bureau, devenus des amis au fil de ces années.
Des années d’études pour arriver jusque là. . . Une grande aventure humaine commencée à
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ii Remerciements
Brive puis Limoges, Marseille, Rennes, Paris et enfin, Toulouse. Une histoire de rencontres. Du
fond du coeur, merci à vous tous, mes amis.
Enfin, je tiens à exprimer mes remerciements à toute ma famille. Un immense merci à mafamille la plus proche qui a toujours été présente et avec laquelle je partage tant de bonheur :
mes parents, Jacques et Patricia, qui m’ont offert l’opportunité de poursuivre des études, mon
frère Alexandre, pour avoir toujours été un exemple, Anne et Baptiste.
Mes derniers remerciements vont à Sandra, avec qui j’ai déjà tellement partagé, mon premier
soutien dans ce travail. L’avenir est à nous.
Une pensée émue à ceux qui ne sont plus là et qui n’auraient pas été peu fiers de lire ce
manuscrit. . .
For those about to rock (I salute you). . .
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iv TABLE DES MATIÈRES
1.5.1.3 Remarques sur les réseaux bayésiens . . . . . . . . . . . . . . . . 471.5.2 Exemple d’application . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
1.5.2.1 Identification des variables aléatoires . . . . . . . . . . . . . . . . 481.5.2.2 Construction du réseau bayésien . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
1.5.2.3 Utilisation du ŕeseau bayésien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
2 Développement de la méthodologie 55
2.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 552.2 Algorithme probabiliste . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
2.2.1 Méthode du gradient pro jeté avec contrôle d’erreur . . . . . . . . . . . . . 562.2.1.1 Présentation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
2.2.1.2 Mise en oeuvre et ŕesultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 602.2.2 Validation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
2.2.2.1 Exemple 1 : durabilité en milieu marin . . . . . . . . . . . . . . 632.2.2.2 Benchmark 1 : oscillateur dynamique . . . . . . . . . . . . . . . 67
2.2.2.3 Benchmark 2 : cylindre nervuré . . . . . . . . . . . . . . . . . . 692.3 Modèle déterministe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
2.3.1 Immersion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 722.3.1.1 Présentation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 722.3.1.2 Mise en oeuvre et ŕesultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
2.3.2 Validation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 772.3.2.1 Comparaison avec un modèle physique multi-espèces . . . . . . . 772.3.2.2 Validation expérimentale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
3 Les variables aléatoires 87
3.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
3.2 Détermination des densités de probabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 893.2.1 Coefficient de diffusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90
3.2.1.1 Ciment CEM I . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 903.2.1.2 Ciment CEM I avec additions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98
3.2.2 Isotherme d’interaction des chlorures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1063.2.2.1 Ciment CEM I . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1063.2.2.2 Ciment CEM I avec additions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1113.2.2.3 Compléments . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115
3.2.3 Autres variables aléatoires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1153.2.3.1 Porosité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1163.2.3.2 Enrobage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117
3.3 Actualisation bayésienne des densités de probabilité . . . . . . . . . . . . . . . . 1183.3.1 Présentation du réseau bayésien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
3.3.1.1 Construction du réseau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1183.3.1.2 Modèle de diffusion associé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121
3.3.2 Méthodes d’actualisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1223.3.2.1 Actualisation directe par le coefficient de diffusion . . . . . . . . 1223.3.2.2 Actualisation indirecte par les profils expérimentaux . . . . . . . 128
4 Application probabiliste 135
4.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1354.2 Aspects ŕeglementaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137
4.2.1 Dimensionnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1374.2.1.1 Classe d’exposition et durée d’utilisation . . . . . . . . . . . . . 137
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Table des figures
1 Pont Gimsøystraumen en Norvège, histogramme du coefficient de diffusion mesurédepuis des carottages en superstructure [Fluge, 2001] . . . . . . . . . . . . . . . . 1
1.1 Conditions d’exposition en environnement marin [CEB, 1989] . . . . . . . . . . . 61.2 Diagramme potentiel-pH simplifíe du fer à 25̊ C [Pourbaix, 1963] . . . . . . . . . 7
1.3 Processus électrochimique de corrosion par les chlorures [Baron et Ollivier, 1992] 71.4 loi de distribution de la concentration critique en chlorures totaux pour un béton
CEM I, en immersion, de E /C =0,5 [Izquierdo et al., 2004] . . . . . . . . . . . . . 9
1.5 Allure classique d’une isotherme d’intéraction [Nguyen, 2006] . . . . . . . . . . . 141.6 Représentation du flux de chlorures dans le béton . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
1.7 Exemple de prédiction de profils en chlorures dans le béton . . . . . . . . . . . . 171.8 Organigramme des modèles de diffusion des chlorures . . . . . . . . . . . . . . . . 20
1.9 Organigramme des méthodes de mesure du coefficient de diffusion des chlorures . 211.10 Principe de la cellule de diffusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
1.11 Evolution du flux de chlorures en aval . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 221.12 Principe de l’essai d’immersion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
1.13 Profil en chlorures dans le béton après immersion . . . . . . . . . . . . . . . . . . 241.14 Principe de la cellule de migration . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
1.15 Front d’avancement des chlorures en migration . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 271.16 Schéma de principe de la méthode NT Build 192 [NTBuild192, 1999] . . . . . . . 28
1.17 Mesure du front d’avancement des chlorures [NTBuild192, 1999] . . . . . . . . . 281.18 Point d’inflexion du front de chlorures en migration . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
1.19 Densités de probabilité d’une loi normale et log-normale de même moyenne etécart-type . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
1.20 Représentation du problème probabiliste . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
1.21 Illustration de la méthode de Monte-Carlo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 391.22 Illustration du passage de l’espace physique à l’espace réduit . . . . . . . . . . . 40
1.23 Transformation d’une loi de distribution en loi normale centŕee réduite . . . . . . 411.24 Représentation de l’indice de fiabilité β dans l’espace réduit . . . . . . . . . . . . 42
1.25 Correspondance β et P f . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 431.26 Graphe causal (exemple d’application d’un réseau bayésien) . . . . . . . . . . . . 49
1.27 Réseau bayésien (exemple d’application d’un réseau bayésien) . . . . . . . . . . . 511.28 Réseau bayésien (exemple d’application d’un réseau bayésien) . . . . . . . . . . . 52
1.29 Observation sur xr (exemple d’application d’un réseau bayésien) . . . . . . . . . 531.30 Observations sur C (xr, T ) et xr (exemple d’application d’un réseau bayésien) . . 53
2.1 Illustration d’une itération de l’algorithme de Rackwitz-Fiessler . . . . . . . . . . 56
2.2 Organigramme de l’algorithme GPACE [Nguyen, 2007] . . . . . . . . . . . . . . . 61
2.3 Oscillateur non linéaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 672.4 Oscillateur non linéaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
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viii TABLE DES FIGURES
2.5 Discrétisation spatiale de l’élément de béton . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
2.6 Profils en chlorures obtenus par Immersion et MsDiff après 200 jours d’immersion 80
2.7 Profil en chlorures totaux expérimentaux et obtenus par Immersion pour un mor-tier de CEM I . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
2.8 Plateforme offshore Brent B . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83
2.9 Profils expérimentaux en chlorures totaux et profil obtenu par Immersion pourun béton de CEM I . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84
2.10 Profils en chlorures totaux obtenus par Immersion avec variation du coefficientde diffusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
3.1 Evolution du coefficient de diffusion apparent en migration en fonction du rapportE/C pour un béton de ciment CEM I [Tang, 1997] . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
3.2 Degŕe d’hydratation final d’un CEM I pour diverses valeurs de E /C [Waller, 1999] 92
3.3 Loi d’évolution du coefficient de diffusion effectif des chlorures pour une pâte de
ciment CEM I en fonction de sa porosité p pâte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 933.4 Loi d’évolution du coefficient de diffusion effectif sur pâte en fonction de la porositéde la pâte de ciment p pâte pour un ciment CEM I, et comparaison avec les résultatsexpérimentaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
3.5 Histogramme de l’erreur du modèle élémentaire sur le calcul du coefficient dediffusion effectif des chlorures E rrD pour un matériau de CEM I . . . . . . . . . 97
3.6 Evolution relative du coefficient de diffusion effectif en fonction du taux de rem-placement de ciment CEM I en fumées de silice [Song et al., 2007] . . . . . . . . 99
3.7 Histogramme de l’erreur du modèle élémentaire sur le calcul du coefficient dediffusion effectif des chlorures ErrDf s pour un matériau de CEM I avec fuméesde silice . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
3.8 Isothermes de fixation des chlorures obtenues sur des hydratessynth́etiśes [Hirao et al., 2005] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106
3.9 Comparaison entre les quantités mesuŕees de chlorures fixés et le modèleélémentaire proposé pour l’isotherme de fixation . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110
3.10 Histogramme de l’erreur du modèle élémentaire sur le calcul des chlorures fixésErrC pour un matériau de CEM I . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110
3.11 Histogramme de l’erreur du modèle élémentaire sur le calcul des chlorures fixésErrCf s pour un matériau de CEM I avec fumées de silice . . . . . . . . . . . . . 114
3.12 Pont Barra au Portugal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
3.13 Réseau bayésien associé à la durabilité des bétons en environnement marin . . . 1 1 9
3.14 Histogramme du coefficient de diffusion effectif du béton C50/60 mesuré en régimetransitoire sous champ électrique pour le projet APPLET . . . . . . . . . . . . . 123
3.15 Réseau bayésien associé au béton C50/60 du projet APPLET . . . . . . . . . . . 124
3.16 Vraisemblance d’observation de l’histogramme du coefficient de diffusion effectif béton C50/60 du projet APPLET . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125
3.17 Comparaison de l’actualisation effectuée avec le béton C50/60 du projet APPLETsuivant la confiance accordée aux résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126
3.18 Histogramme du coefficient de diffusion apparent du béton F6 mesuré en régimetransitoire sous champ électrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128
3.19 Profils expérimentaux du béton 1-40L exposé à l’eau de mer [Tang, 1997] etprédiction du modèle simplifié . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129
3.20 Réseau bayésien associé au béton 1-40L . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1303.21 Vraisemblance des observations sur les profils en chlorures à l’abscisse 1,5 cm . . 131
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Liste des tableaux
1.1 Concentrations critiques en chlorures totaux pour un béton deCEM I [Izquierdo et al., 2004] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.2 Etapes de la construction d’un réseau bayésien [Näım et al., 2007] . . . . . . . . 46
1.3 Distributions a priori (exemple d’application d’un réseau bayésien) . . . . . . . . 49
1.4 Résultats expérimentaux sur la concentration en chlorures totaux à l’enrobage(exemple d’application d’un réseau bayésien) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
2.1 Paramètres des variables aléatoires du problème de durabilité pour la validationde la méthode GPACE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
2.2 Paramètres de la variable intermédiaire pour le problème de durabilité pour lavalidation de la méthode GPACE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
2.3 Résultats de l’algorithme GPACE pour le problème de durabilité . . . . . . . . . 67
2.4 Caractéristiques des variables aléatoires de l’oscillateur dynamique . . . . . . . . 68
2.5 Résultats de l’algorithme GPACE pour l’oscillateur dynamique . . . . . . . . . . 68
2.6 Caractéristiques des variables aléatoires du cylindre nervuré . . . . . . . . . . . . 70
2.7 Résultats de l’algorithme GPACE pour le cylindre nervuré . . . . . . . . . . . . . 712.8 Composition du béton d’étude pour comparaison Immersion -MsDiff . . . . . . . 78
2.9 Composition de Bogue du ciment CEM I 52,5 R pour comparaison Immersion -MsDiff . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78
2.10 Données d’entrée des modèles pour la comparaison Immersion -MsDiff . . . . . . 79
2.11 Composition du mortier pour comparaison entre Immersion et les donnéesexpérimentales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
2.12 Composition chimique du ciment CEM I 52,5 PM ES pour comparaison entreImmersion et les données expérimentales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
2.13 Données d’entrée du mortier de CEM I pour la prédiction avec Immersion . . . . 81
2.14 Composition du béton pour comparaison entre Immersion et les données
expérimentales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 832.15 Données d’entrée du béton de CEM I pour la prédiction avec Immersion . . . . . 84
3.1 Composition des bétons de CEM I étudiés [Tang, 1997] . . . . . . . . . . . . . . 90
3.2 Comparaison entre le modèle élémentaire et les données expérimentales issues debétons de CEM I [Tang, 1997] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94
3.3 Comparaison entre le modèle élémentaire et les données expérimentales issues depâtes ciment de CEM I [Richet et al., 1996] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
3.4 Comparaison entre le modèle élémentaire et les données expérimentales issues depâtes de ciment de CEM I [Mejlhede Jensen et al., 1999] . . . . . . . . . . . . . . 96
3.5 Comparaison entre le modèle élémentaire et les données expérimentales issues de
pâtes de ciment de CEM I [Ngala et al., 1995] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 963.6 Composition des bétons de CEM I avec fumées de silice étudiés [Tang, 1997] . . . 101
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xii LISTE DES TABLEAUX
3.7 Composition des bétons de CEM I avec fumées de silice étudiés [Hooton et al., 1997]102
3.8 Composition des bétons de CEM I avec fumées de siliceétudíes [Baroghel-Bouny et al., 2002] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102
3.9 Comparaison entre le modèle élémentaire et les données expérimentales issues debétons de CEM I avec fumées de silice [Tang, 1997] . . . . . . . . . . . . . . . . . 103
3.10 Comparaison entre le modèle élémentaire et les données expérimentales issues debétons de CEM I avec fumées de silice [Hooton et al., 1997] . . . . . . . . . . . . 103
3.11 Comparaison entre le modèle élémentaire et les données expérimentales issues debétons de CEM I avec fumées de silice [Baroghel-Bouny et al., 2002] [Djerbi, 2007] 104
3.12 Comparaison entre le modèle élémentaire et les données expérimentales issues depâtes ciment de CEM I avec fumées de silice [Bentz et al., 2000] . . . . . . . . . . 104
3.13 Comparaison entre le modèle élémentaire et les données expérimentales issues depâtes ciment de CEM I avec fumées de silice [Mejlhede Jensen et al., 1999] . . . . 104
3.14 Composition chimique des ciments CEM I 52,5 PM ES [Nguyen, 2006],42,5 [Bigas, 1994], « HS65 » et « EZ375 » [Larsen, 1998], 52,5N [Arliguie et Hornain, 2007] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108
3.15 Composition des matériaux de CEM I étudiés [Nguyen, 2006] [Bigas, 1994][Larsen, 1998] [Arliguie et Hornain, 2007] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108
3.16 Comparaison entre le modèle élémentaire et les données expérimentales is-sues de mat́eriaux de CEM I [Nguyen, 2006] [Bigas, 1994] [Larsen, 1998][Arliguie et Hornain, 2007] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109
3.17 Composition des matériaux de CEM I avec fumées de silice étudiés [Larsen, 1998][Dizayee et al., 2007] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112
3.18 Comparaison entre le modèle élémentaire et les données expérimentales issues dematériaux de CEM I avec fumées de silice [Larsen, 1998] [Dizayee et al., 2007] . . 113
3.19 Composition du béton C50/60 du tunnel de l’autoroute A86 pour le projet APPLET1223.20 Constantes du réseau bayésien sur le béton C50/60 du tunnel de l’autoroute A86pour le projet APPLET . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125
3.21 Composition du béton F6 pour le chantier de rénovation à Casablanca . . . . . . 127
3.22 Composition du béton 1-40L exposé à l’eau de mer [Tang, 1997] . . . . . . . . . . 129
3.23 Composition minéralogique du ciment CEM I du béton 1-40L [Tang, 1997] . . . . 129
3.24 Constantes du réseau bayésien associées au béton 1-40L . . . . . . . . . . . . . . 130
3.25 Chlorures totaux mesurés dans le béton 1-40L à 1,5 cm après un an d’exposition 130
4.1 Classes d’exposition XS1, XS2 et XS3 [AFNOR, 2004] . . . . . . . . . . . . . . . 137
4.2 Définition des classes de conséquences [AFNOR, 2003] . . . . . . . . . . . . . . . 139
4.3 Indice de fiabilit́e β minimum / Probabilité de défaillance P f maximum, selon laclasse de fiabilité [AFNOR, 2003] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 140
4.4 Spécifications relatives aux bétons immergés dans l’eau de mer . . . . . . . . . . 141
4.5 Spécifications relatives aux ciments CEM I PM et CEM II/A PM [AFNOR, 2001] 141
4.6 Modulation de la classe structurale pour la classe d’exposition XS2 [AFNOR, 2005]143
4.7 Valeurs de cmin,dur pour la durabilité en classe d’exposition XS2 [AFNOR, 2005] 143
4.8 Composition du béton de CEM I étudíe dans l’exemple d’application de laméthodologie probabiliste [Codina et al., 2008] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 144
4.9 Composition chimique du ciment CEM I 52,5 PM ES CP2 pour l’exemple d’ap-plication de la méthodologie probabiliste . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 145
4.10 Caractéristiques des bétons à l’état durci [Codina et al., 2008] . . . . . . . . . . . 145
4.11 Propriétés physico-chimiques des bétons pour l’exemple d’application de laméthodologie probabiliste . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146
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Introduction générale
La durabilité constitue l’une des préoccupations essentielles dans la conception, la réalisation
ou l’entretien des ouvrages de génie civil. La corrosion des armatures est la principale cause de
dégradation des structures en béton armé et la plus importante en termes de coûts de réparation.
La pénétration d’agents agressifs dans le béton, notamment les chlorures en environnement
marin, conduit à l’amorçage et au développement du processus de corrosion. Afin d’assurer une
durabilité minimum, la nouvelle norme NF EN 206-1 établit des prescriptions réglementaires
de formulation des bétons en fonction de l’agressivité des conditions environnementales définies
sous forme de classes d’exposition.
Compte tenu des nouvelles exigences de durée de vie des ouvrages d’importance économique
et stratégique, la prédiction de la durée de vie des ouvrages est un véritable enjeu. Les outils de
prédiction permettent de quantifier la longévité des futures réalisations et d’aider à la formulation
des bétons en exigeant des performances sur ses caractéristiques physico-chimiques.
Fig. 1 – Pont Gimsøystraumen en Norvège, histogramme du coefficient de diffusion mesuŕedepuis des carottages en superstructure [Fluge, 2001]
Cependant, les conditions de fabrication et de mise en oeuvre sur chantier conduisent
inévitablement à observer une fluctuation des propriétés de durabilité du béton, comme l’illustre
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2 Introduction générale
l’histogramme des valeurs expérimentales de coefficient de diffusion sur la figure 1 [Fluge, 2001].
La variabilité des actions ou encore des paramètres géométriques du matériau, comme l’enrobage,
doit également être prise en compte.
Les modèles de durabilité utilisent des valeurs fixes comme données d’entrée. Ces valeurs
sont, la plupart du temps, issues d’une moyenne sur deux ou trois essais afin de déterminer des
témoins de durée de vie, comme par exemple un profil en chlorures. Ces modèles déterministes ne
tiennent pas compte de la variabilité observée et n’expliquent donc pas l’apparition progressive
de dégradations.
D’un point de vue mécanique, les concepteurs d’ouvrages préviennent les dangers socio-
économiques liés aux différentes sources d’aléa (résistance des matériaux, charges, géométrie. . .)
en leur associant des valeurs de références et des coefficients partiels de sécurité proposés dans
les règlements de calcul semi-probabilistes. La calibration de ces règles communes provient d’une
approche théorique plus complète issue des méthodes de la mécanique probabiliste. Elles s’arti-
culent suivant quatre étapes pluri-disciplinaires successives [Lemaire, 2008] :
1. la fiabilité identifie les différents scénarios de défaillance à explorer,
2. la mécanique, transformée ici en physico-chimie, analyse le comportement des matériaux
et des structures pour dégager un modèle de comportement, l’implanter numériquement,
identifier les données nécessaires et construire une fonction de performance associée,
3. la statistique extrait des données pour les modéliser sous forme de variables aléatoires,
4. et les probabilités gèrent le transfert des incertitudes en proposant des méthodes de calcul
du risque et des outils d’interprétation.
En constante amélioration, les techniques employées font largement leurs preuves dans la
modélisation de l’incertain. Les outils simplifiés semi-probabilistes en découlant sont également
familiers aux ingénieurs des bureaux d’études. Dans ce contexte, l’objectif du présent travail de
thèse est de développer et transposer à la durabilité des bétons en environnement marin cette
méthodologie en quatre points permettant d’aboutir à un dimensionnement probabiliste complet
en proposant des règles de calcul simplifiées.
Dans cette perspective, le premier chapitre de ce manuscrit est consacré à une revue biblio-
graphique des connaissances nécessaires à la mise en place de la méthodologie. A cet effet, les
phénomènes physico-chimiques de pénétration des chlorures et les essais de mesure des grandeurs
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3 Introduction générale
physiques associées sont rappelés. Les outils fondamentaux de probabilité, classés en quatre ni-
veaux, sont développés en vue de déterminer la méthode la plus adaptée à l’objectif. Enfin,
outre les éléments de statistique habituels, la méthode d’actualisation par réseau bayésien est
pŕesentée.
Le modèle de diffusion des chlorures et l’algorithme probabiliste, présentés dans le chapitre 2
de cette étude, sont développés pour être suffisamment robustes mais également économiques.
Leur couplage fait en effet appel à des temps de calcul qui peuvent s’avérer très longs. Les
données d’entrée du modèle de diffusion sont réduites et sélectionnées pour leur signification
physique. La méthode probabiliste proposée sollicite a minima le modèle de diffusion.
Le chapitre 3 est consacré aux variables aléatoires, et notamment à leur collecte, leur in-
terprétation et leur traitement, afin de proposer une base de données réaliste. Le réseau bayésien
associé au problème de diffusion est construit pour offrir un outil d’actualisation des données
recueillies. Enfin, après un bilan sur la réglementation, le dernier chapitre est consacré à l’ap-
plication de la méthodologie. Un modèle simplifié est proposé avec les valeurs représentatives et
les coefficients de sécurité associés.
En plus de la modélisation physico-chimique et probabiliste, l’acquisition de données réalistes
pour les variables aléatoires constitue un point important du développement. Ce travail de thèse
s’inscrit dans une participation au projet ANR APPLET et une collaboration avec le Laboratoire
LPEE du Maroc qui ont permis d’explorer également les aspects probabilistes expérimentaux.
L’objectif principal de cette étude est d’appliquer les méthodes de la mécanique probabiliste,
jusqu’aux outils semi-probabilistes pour une utilisation en ingénierie. L’avancement des connais-
sances sur la physico-chimie des bétons en environnement marin a permis d’envisager un tel
travail. La complexité des phénomènes mis en jeu et les recherches toujours actives conduisent
néanmoins à réduire le champ d’application de la méthodologie. La restriction la plus impor-
tante concerne la classe d’environnement : seules les parties immergées dans l’eau de mer sont
concernées. Toutes les étapes sont, en revanche, franchies afin de prouver la faisabilité complète
de la méthodologie et la transposition des outils probabilistes de mécanique à la durabilité.
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Chapitre 1
Connaissances préliminaires
1.1 Introduction
Les connaissances préliminaires au développement de la méthodologie de dimensionnement
probabiliste de la durabilité des bétons sont développées au cours de ce chapitre. Les aspects
physico-chimiques fondamentaux de la pénétration des chlorures dans le béton sont récapitulés
dans une première partie. Une synthèse et une classification des modèles associés sont proposées
pour faciliter le choix du modèle déterministe le plus adapté à une utilisation probabiliste. Face
à leur nombre important, les techniques de mesure du coefficient de diffusion des chlorures sont
également inventoriées dans la deuxième partie. Un récapitulatif est présenté pour comprendre
quelle grandeur est mesurée et comment. Cette étape est nécessaire afin de synthétiser correcte-
ment les données expérimentales, construire une base de données cohérente et proposer des lois
de distribution réalistes. Les deux parties suivantes sont consacrées à la présentation des outils
de fiabilité pour mener des prédictions probabilistes, avec une étude plus détaillée des méthodes
dites de niveau 2. Pour la gestion et l’actualisation des bases de données, un outil statistique
adapté est exposé dans son fonctionnement et ses applications : les réseaux bayésiens.
1.2 Aspects physico-chimiques et modélisation de la pénétration
des chlorures dans le béton
L’objet de cette partie est de présenter succinctement les phénomènes physico-chimiques
de la pénétration des chlorures dans le béton. Le rôle des chlorures sur la dépassivation des
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6 Connaissances préliminaires
armatures est tout d’abord exposé. Les aspects théoriques de la pénétration des chlorures sont
ensuite étudiés. Une revue rapide des différents modèles de prédiction existants est également
effectuée.
1.2.1 La corrosion des armatures par les ions chlorures
1.2.1.1 Dépassivation des armatures
Les ions chlorures constituent un facteur important de risque pour le béton armé : ils
pénètrent, en effet, dans le béton et peuvent provoquer la corrosion des armatures. Ces chlo-
rures, d’origine externe, sont présents dans les ouvrages en environnement marin ou lorsque des
sels de déverglaçage sont utilisés. Les conditions d’exposition de la structure sont des éléments
prépondérants dans le mécanisme de dégradation. Suivant le type d’exposition, différents
mécanismes de transports des ions chlorures sont considérés. En environnement marin par
exemple(figure 1.1), on distingue les zones submergées, pour lesquelles le béton est saturé ce
qui conduit à un transport des chlorures uniquement par diffusion, de celles où le transport se
fait par diffusion et convection lorsque le béton n’est que partiellement saturé (zone de marnage
par exemple).
Fig. 1.1 – Conditions d’exposition en environnement marin [CEB, 1989]
Dans des conditions normales, les armatures enrobées de béton sont protégées de la corro-
sion par un phénomène de passivation qui résulte de la création, à la surface du métal, d’une
pellicule de ferrite Fe2O3. En effet, grâce aux réactions d’hydratation du ciment, le pH de la
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7 Connaissances préliminaires
solution interstitielle du béton sain est de l’ordre de 13 à 13,5, ce qui maintient l’acier dans un
état de passivation. La passivation des armatures s’illustre par le diagramme de Pourbaix (fi-
gure 1.2) pour le système Fe-H2
O. Trois domaines thermodynamiques sont présents en fonction
du potentiel électro-chimique de l’acier et du pH environnant : immunité, corrosion (formation
des ions Fe2+) et passivation (correspondant à un film passif de Fe3O4 ou Fe2O3).
Fig. 1.2 – Diagramme potentiel-pH simplifié du fer à 25̊ C [Pourbaix, 1963]
En présence de trop d’ions chlorures dans le béton, la corrosion des aciers est observée
(figure 1.3). Ils modifient la morphologie de la couche passive en donnant des ions FeCl3
− ouFeCl2 (Fe + 3Cl
− ⇒ FeCl3− + 2e− ou/et Fe2+ + 2Cl− ⇒ FeCl2) qui consomment les ionsOH− présents (FeCl3− + 2OH− ⇒ Fe(OH)2 + 3Cl− ou/et FeCl2 + 2H2O ⇒ Fe(OH)2 + 2HCl).Les électrons libérés par la réaction d’oxydation se déplacent à travers le métal jusqu’aux sites
cathodiques. D’après les réactions précédentes, le processus conduit à une diminution du pH et
à un recyclage des ions chlore.
Fig. 1.3 – Processus électrochimique de corrosion par les chlorures [Baron et Ollivier, 1992]
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8 Connaissances préliminaires
Les produits de corrosion occupent un volume plusieurs fois supérieur au volume initial de
l’acier. Leur formation, lorsqu’elle a atteint un volume suffisant, peut alors entrâıner une fissura-
tion du béton (généralement, un facìes caractéristique est observé, parallèlement à la direction du
lit d’armatures) puis son éclatement ou son feuilletage. En termes de caractéristiques mécaniques,
la corrosion crée une diminution de la section d’acier mais surtout une perte d’adhérence acier-
b́eton.
1.2.1.2 Seuil d’amorçage de la corrosion
Le processus de dépassivation des aciers est amorcé lorsque le front de pénétration des chlo-
rures a traversé le béton d’enrobage et atteint le premier lit d’armatures : la corrosion devient
alors possible lorsque leur concentration dépasse un certain seuil, appelé concentration critique.
Il est difficile de définir précisément cette concentration critique susceptible d’amorcer la
corrosion des armatures. Les données publiées par différents auteurs montrent que ce seuil peut
varier de façon importante, de l’ordre de 0,35 à 3 % de chlorures totaux par rapport à la masse de
ciment [Alonso et al., 2000], [Glass et Buenfeld, 1997]. L’influence de différents facteurs comme
la composition du béton, la teneur en C3A, le rapport E/C , l’humidité relative, la température,
la microstructure en contact avec l’acier et l’état de surface de l’acier sont autant de facteurs à
cette variabilité.
Nous verrons dans la partie 1.2.2.3 que les chlorures se décomposent en trois types : les
chlorures libres, les chlorures liés (ceux qui se fixent à la matrice cimentaire) et les chlorures
totaux. Remarquons que les critères retenus concernent souvent la concentration en chlorures
totaux. Un crit̀ere exprimé en chlorures libres serait plus pertinent puisque ce sont eux qui
conduisent à la corrosion des armatures. Les ciments fixant beaucoup de chlorures peuvent
notamment être discriminés par un critère en chlorures totaux alors qu’ils seront favorisés par
un seuil en chlorures libres. Cependant, la mesure expérimentale des chlorures libres est plus
délicate que celle des chlorures totaux (incertitude importante sur le type de chlorures mesurés
sauf pour les chlorures totaux), d’où un critère en chlorures totaux plus fiable et, par conséquent,
plus utilisé.
Compte tenu de ces observations, l’utilisation de la borne inf́erieure (0,4 % de chlorures
totaux par rapport à la masse de ciment) est la plus souvent retenue. Cependant, pour une
approche plus fine, différentes valeurs de concentrations critiques ont été également proposées,
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9 Connaissances préliminaires
grâce à une large revue bibliographique, en fonction des conditions environnementales et du type
de béton [Izquierdo et al., 2004]. Ainsi, une concentration critique plus importante est obtenue
en immersion (1,5 % pour un béton CEM I de E/C =0,5) qu’en condition aérienne ou avec
l’utilisation de sels de déverglaçage (0,5 % pour le même béton).
Un autre crit̀ere d’amorçage de la corrosion utiliśe est le rapport [Cl−]/[OH−]≥0.6[Haussman, 1967]. Plus ce rapport est élevé, plus la vitesse de corrosion est grande. Un rap-
port compris entre 0,6 et 1 conduit généralement à la concentration critique en chlorures. Cette
relation permet de prendre en compte les interactions entre la carbonatation (diminution du
pH) et la pénétration des chlorures (augmentation de la concentration en chlorures libres).
D’un point de vue statistique, un coefficient de variation de 30 % est estimé
[Izquierdo et al., 2004] pour ce dernier crit̀ere. Des lois de distribution pour les concentrations
limites en chlorures ont été également proposées. En immersion par exemple, pour un béton
CEM I et un rapport E/C de 0,5, une loi log-normale de valeur moyenne 1,5 % (chlorures to-
taux en masse de ciment) et de coefficient de variation 35 % est présent́ee sur la figure 1.4. Ces
résultats ont été obtenus par simulation de Monte-Carlo sur une loi empirique identifiée entre
le potentiel électrochimique des armatures et la concentration critique en chlorures totaux dans
des mortiers [Izquierdo et al., 2004] .
Fig. 1.4 – loi de distribution de la concentration critique en chlorures totaux pour un bétonCEM I, en immersion, de E /C =0,5 [Izquierdo et al., 2004]
Ces mêmes traitements statistiques de mesures potentiostatiques ont permis un classement en
fonction de l’environnement et de la composition de matériaux de CEM I [Izquierdo et al., 2004].
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10 Connaissances préliminaires
Les lois de distribution sont récapitulées dans le tableau 1.1.
Environnement E/C Moyenne Coefficient de Distribution
(% de ciment) variation (%)Immersion 0,5 1,5 35 Log-normaleImmersion 0,4 2,0 35 Log-normaleImmersion 0,3 2,2 35 Log-normale
Autres 0,5 0,5 30 Log-normaleAutres 0,4 0,6 30 Log-normaleAutres 0,3 0,8 30 Log-normale
Tab. 1.1 – Concentrations critiques en chlorures totaux pour un béton deCEM I [Izquierdo et al., 2004]
1.2.2 Description phénoménologique de la pénétration des chlorures
La pénétration des chlorures nécessite la présence d’une phase liquide. En milieu saturé,
ou partiellement satuŕe mais avec interconnection de la phase liquide du béton poreux, les
ions chlorures pénètrent dans le béton par diffusion. La diffusion résulte de l’agitation aléatoire
d’espèces soumises à un gradient de potentiel chimique. Pour les parements soumis à des cycles
d’humidification et de séchage (zone de marnage ou sels de déverglaçage), les chlorures pénètrent
tout d’abord par absorption capillaire et migrent avec la phase liquide par convection dans la zone
concernée. Leur progression se fait ensuite par diffusion dans la partie à saturation constante.
1.2.2.1 La diffusion moléculaire
L’approche classique de la diffusion dans les matériaux poreux commence par la loi de Fick.
Pour une solution contenant une espèce chimique, le déplacement naturel se fait des régions
de forte concentration vers les régions à concentration plus faible jusqu’à un éventuel équilibre
pour lequel la solution redevient homogène. La loi mathématique décrivant ce phénomène est
formalisée par Adolf Fick en 1855 qui définit le flux unidimensionnel J (mol/m2.s) comme suit :
J = −D ∂c∂x
(1.1)
avec D le coefficient de diffusion de l’espèce considérée (m2/s), c sa concentration (mol/m3)
et x la position (m). C’est donc le gradient de concentration qui est le moteur de la diffusion, le
signe négatif indiquant que le flux est dirigé dans la direction des faibles concentrations. Cette
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11 Connaissances préliminaires
relation s’écrit pour le transport moléculaire dans la solution contenue dans un pore du béton :
J ∗ = −D∗∂c
∂x (1.2)
A priori, D∗ est relié à D par la géométrie du pore dont la complexité conduit à des pa-
ramètres difficiles à quantifier et à mesurer, comme la tortuosité. Il est donc préférable d’utiliser
un flux d’espèce global à l’échelle du matériau poreux, qui s’écrit alors :
J e = −De ∂c∂x
(1.3)
où J e est le flux effectif (mol/m2.s) et De le coefficient de diffusion effectif (m2/s). Le coeffi-
cient de diffusion effectif dépend donc de l’espèce diffusante, du solide poreux et de la solution
contenue dans les pores. Rappelons les deux hypothèses permettant d’écrire le flux de chlorures
à travers le béton par la loi de Fick : la solution des pores est idéale (infiniment diluée) et les
espèces chimiques sont considérées comme des particules électriquement neutres.
1.2.2.2 La diffusion ionique
Il est largement reconnu maintenant que la loi de Fick est une simplification du transport
des chlorures puisque la solution interstitielle des bétons est fortement concentrée en différentes
espèces ioniques. Un champ électrique local se forme entre les différentes espèces ioniques. La
combinaison entre le potentiel chimique d’une espèce et le potentiel électrostatique formé est
appelée potentiel électrochimique, qui s’applique aux espèces électriquement chargées, et s’écrit
pour une espèce i :
µ̃i = µi + ziF ϕ = µ0i + RT ln(ai) + ziF ϕ (1.4)
où µi est le potentiel chimique qui s’exprime par le potentiel chimique standard µ0i et l’activité
chimique ai, R la constante des gaz parfaits (8,31 J/mol.K), T la température (K), zi la valence,
F la constante de Faraday (9,65.104 C/mol), et ϕ le potentiel électrique (Volt). Le flux de l’espèce
ionique s’exprime par le gradient du potentiel électrochimique :
J i = − DiRT
ci∇µ̃i (1.5)
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12 Connaissances préliminaires
où Di est son coefficient de diffusion et ci sa concentration. Dans le cas unidimensionnel on
obtient :
J i = −ciDiRT
RT
∂ ln(ai)
∂x + ziF
∂ϕ
∂x
= −Di
ciDi
ai
∂ai∂x
+ ziciF
RT
∂ϕ
∂x
(1.6)
Or, l’activité ai est reliée à la concentration ci par le coefficient d’activité γ i (ai=γ ici).
L’́equation 1.6 devient par conséquent :
J i = −Di ∂ci∂x
1 +
∂ ln(γ i)
∂ ln(ci)
− ciDi ziF
RT
∂ϕ
∂x (1.7)
Ou encore :
J i = −Di
∂ci∂x
+ ci∂ ln(γ i)
∂x +
ziF
RT ci
∂ϕ
∂x
(1.8)
Dans l’équation 1.8, le flux est lié à trois termes : le gradient de diffusion, l’activité chimique et
le gradient de potentiel électrique, tous n’influant pas dans le même sens. L’influence de l’activité
chimique (solution non idéale) reste négligeable sur le flux ionique [Tang, 1999] [Truc, 2000]. En
conservant cette dernière hypothèse, l’équation 1.8, plus connue sous le nom de relation de
Nernst-Planck, peut s’écrire pour un milieu poreux saturé :
J e,i = −De,i
∂ci∂x
+ ziF
RT ci
∂ϕ
∂x
(1.9)
où J e,i est le flux effectif de l’espèce i, De,i son coefficient de diffusion effectif. On remarque que
si le potentiel électrique est négligé, la première loi de Fick est retrouvée. Le champ électrique
local E (volt/m), créé par le mouvement des différentes espèces ioniques, dérive du potentiel
électrique ϕ :
E = ∂ϕ
∂x (1.10)
L’équation de courant et la condition d’électroneutralité permettent de le calculer :
∂ϕ
∂x = −RT
F ziDi
∂ci∂x
z2i Dici (1.11)D’une façon différente, en utilisant l’équation de Poisson grâce à la permittivité diélectrique
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13 Connaissances préliminaires
du béton (ne donnant a priori pas la même solution), le calcul devient :
∂ 2ϕ
∂ 2x +
F
zici
= 0 (1.12)
1.2.2.3 Interactions des chlorures
Lors de la diffusion des chlorures dans le béton, une partie des ions chlorures réagit avec les
hydrates de la pâte de ciment. Il convient en conséquence de distinguer trois types de chlorures :
les chlorures libres (c) sous forme ionique dans la solution interstitielle, les chlorures liés (cb),
fixés par le béton, et enfin les chlorures totaux (ct) qui constituent la somme des chlorures libres
et liés. Dès lors, on a :
ct = c + cb (1.13)
A priori, seuls les chlorures libres peuvent diffuser et jouer un rôle actif dans le processus de
dépassivation et de corrosion des armatures. Cependant, comme nous l’avons vu précédemment,
les seuils d’amorçage de la corrosion sont souvent exprimés en chlorures totaux pour des commo-
dités expérimentales et plus rarement en chlorures libres ([Cl−]/[OH−]≥0.6). Il apparaı̂t que lafixation des chlorures est très importante puisqu’elle reflète la capacité du béton à piéger les chlo-
rures et conditionne donc la quantité de chlorures libres disponibles pour initier la dégradation.
En travaillant avec les chlorures libres ou totaux pour les critères d’amorçage, il faut quoiqu’il
en soit connaı̂tre la capacité de fixation par le matériau.
Les chlorures liés dans un matériau cimentaire sont soit adsorbés sur les parois solides dans les
pores (fixation physique), soit liés chimiquement dans la matrice cimentaire par réaction avec cer-
tains composés (fixation chimique). Parmi les principaux composants d’un ciment Portland, les
aluminates tricalciques (C3A) et les aluminoferrites tetracalciques (C4AF) sont responsables de
la fixation chimique. Ils forment, en effet, respectivement des monochloroaluminates de calcium
hydrat́es (ou sel de Friedel C3A.CaCl2.10H2O) et des monochloroferrites de calcium hydrat́es
(C3F.CaCl2.10H2O) [Taylor, 2004]. La quantité de sulfates présents dans le ciment tend à réduire
cette fixation chimique. En réagissant avec les aluminates par formation de sulfoaluminates de
calcium, la fixation des chlorures est diminuée.
La fixation physique est caractérisée par la surface offerte par les pores et la nature des hy-
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14 Connaissances préliminaires
drates : les silicates de calcium hydratés (CSH, produits de l’hydratation des silicates tricalciques
et bicalciques C3S et C2S). Ainsi, la capacité de fixation physique dépend du rapport CaO/SiO2
des CSH : un rapport faible conduit à une plus faible fixation car la charge positive à la surface
des pores est plus petite [Beaudoin et al., 1990].
Les chlorures liés (C b) sont fonction des chlorures libres (c) suivant une courbe appelée
isotherme d’interaction : C b=f(c). Conventionnellement, les concentrations sont rapportées aux
quantités qui les contiennent : en mol/kg de solide pour C b et en mol/m3 de solution interstitielle
pour c. D’un point de vue expérimental, la détermination de l’isotherme d’interaction peut se
faire de plusieurs façons. La première consiste à mesurer la quantité de chlorures consommés
par des morceaux de béton concassés (entre 0 et 2,5 mm) et immergés dans des solutions de
chlorures à différentes concentrations [Tang et Nilsson, 1993]. A l’obtention de l’équilibre chi-
mique, le dosage des solutions permet de connâıtre la nouvelle concentration et d’en déduire par
différence la concentration en chlorures fixés. Une autre méthode consiste à établir deux profils
en chlorures après immersion d’un échantillon dans une solution chlorée. Après grignotage, le
profil en chlorures totaux est établi par attaque à l’acide nitrique et celui en chlorures libres par
une attaque à l’eau.
Fig. 1.5 – Allure classique d’une isotherme d’intéraction [Nguyen, 2006]
Du point de vue mathématique, les interactions sont souvent exprimées par la somme de deux
fonctions, l’isotherme de type Langmuir corrigée par une fonction puissance de type Freundlich :
C b = α1β 1c1 + β 1c
+ α2cβ 2 (1.14)
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15 Connaissances préliminaires
où α1, α2, β 1 et β 2 sont des coefficients déterminés par calage aux résultats expérimentaux.
La figure 1.5 représente l’allure classique d’une isotherme d’interaction obtenue sur un mortier
de CEM I par calage sur les points expérimentaux entre 0 et 20 g/l [Nguyen, 2006]. Certains
auteurs considèrent également que l’isotherme est linéaire pour une simplification ultérieure des
calculs de prédiction comme nous le verrons dans la partie 1.2.3.
1.2.2.4 Equation de conservation en milieu saturé
Considérons un éĺement de volume dV de béton saturé, de section S et d’épaisseur dx, soumis
à un flux de chlorures unidimensionnel. Pour écrire l’équation de conservation des chlorures, il
est possible de travailler avec les chlorures libres ou les chlorures totaux.
Fig. 1.6 – Représentation du flux de chlorures dans le béton
Si l’on raisonne en termes de chlorures totaux C t (mol/m3 de béton), il n’existe pas de terme
source dans ce volume élémentaire, donc la variation de concentration en chlorures totaux dans
le temps est égale à la différence entre le flux effectif entrant Je x et le flux effectif sortant J e x+dx
(mol/m2.s)(figure 1.6). L’équation de conservation de chlorures totaux s’écrit par conséquent :
∂C t∂t
Sdx = (J e x − J e x+dx) S (1.15)
Ce qui permet de poser alors :
∂C t∂t
= −∂J e∂x
(1.16)
Si on exprime la quantité de chlorures totaux C t
(mol/m3 de béton) en fonction des chlorures
liés C B et des chlorures libres C , et en introduisant les notations déjà respectivement proposées
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16 Connaissances préliminaires
C b (mol/kg de solide) et c (mol/m3 de solution), on obtient :
C t = C B + C = ρdC b + pc (1.17)
où ρd est la masse volumique sèche du béton (kg/m3) et p sa porosité. L’équation de conser-
vation devient :
∂c
∂t
p + ρd
∂C b∂c
= −∂J e
∂x (1.18)
Dans le cas de la diffusion moléculaire, le flux de chlorures s’exprime par l’équation 1.3 et il
peut être déduit :
∂c
∂t =
De
p + ρd∂C b∂c
∂ 2c
∂x2 = Da
∂ 2c
∂x2 (1.19)
L’équation 1.19 est la seconde loi de Fick, qui fait apparâıtre le coefficient de diffusion
apparent Da (m2/s). Da est fonction du coefficient de diffusion effectif et de l’isotherme de
fixation des chlorures. Cette isotherme n’étant pas linéaire, elle dépend donc de la concentration
en chlorures.
1.2.3 Prédiction de la durabilité
Nous avons vu précédemment que la dépassivation des aciers est amorcée lorsque les chlorures
traversent le béton d’enrobage. Au fur et à mesure du temps, les chlorures progressent dans le
béton et atteignent le premier lit d’armatures à hauteur d’un certain seuil, appelé concentration
critique . Si l’état limite considéré est l’initiation de la corrosion, prédire la durabilité consiste à
connaı̂tre la durée d’exposition aux chlorures nécessaire pour que la concentration critique soit
atteinte au niveau des aciers. La figure 1.7 illustre la prédiction d’évolution du profil en chlorures
dans le temps d’un béton immergé dans l’eau de mer.
Les modèles de prédiction permettent de calculer un profil en chlorures à un temps d’expo-
sition donné. Ils peuvent être classés suivant la description physique du transport des chlorures
retenue, comme exposé dans la partie précédente, à partir de la loi de Fick ou de la relation
de Nernst-Planck. Un bref passage en revue de différents modèles existants va être effectué
dans le paragraphe suivant. Pour plus de détails sur les références complètes et la nature des
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17 Connaissances préliminaires
modèles cités, notamment sur les données d’entrée exactes, les résultats en sortie ou encore les
solutions mathématiques employées, des revues détaillées ont déjà ét́e effectúees [AFGC, 2004],
[ChlorTest, 2004], [Khitab, 2005].
Fig. 1.7 – Exemple de prédiction de profils en chlorures dans le béton
1.2.3.1 Modèles fondés sur la loi de Fick
Ces modèles sont décrits par la première loi de Fick. Ceci signifie que les autres espèces
chimiques présentes dans la solution interstitielle du béton n’influencent pas le flux des chlorures.
La résolution mathématique se fait alors par la seconde loi de Fick (voir équation 1.19). C’est le
coefficient de coefficient apparent Da qui conditionne la résolution ; il dépend du coefficient de
diffusion effectif, de la porosité, de la masse volumique et de la pente de l’isotherme d’interaction.
Tous ces paramètres dépendent a priori du temps t (évolution de la microstructure pendant
l’hydratation), de la position dans le béton x (effet du béton de peau pour les trois premiers,
évolution de la concentration en chlorures libres donc changement de pente pour l’isotherme
d’interaction), de la température T . Les modèles fondés sur la loi de Fick se distinguent les uns
des autres suivant la méthode de résolution retenue, analytique ou numérique, et la dépendance
à t, x, et T des paramètres physiques du béton. Ces modèles peuvent en conséquence être classés
suivant leur degré de complexité.
Le modèle le plus simple consiste à définir tous les paramètres constants ainsi que les condi-
tions aux limites. En considérant également le béton comme un milieu semi-infini, l’équation 1.19
possède alors une solution analytique qui s’exprime par la fonction erreur complémentaire erfc .
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18 Connaissances préliminaires
L’équation de prédiction du profil en chlorure est la suivante :
C (x, t) = C i + (C s − C i) erfc x2 Da (t − tex) (1.20)où C est la concentration en chlorures, C s la concentration à la surface du béton, C i la
concentration initiale dans le béton, t l’âge du béton et tex l’âge de mise en exposition aux chlo-
rures. Cette relation peut s’exprimer en chlorures libres ou totaux (valable car Da est constant
donc l’isotherme de fixation est linéaire). En 1970, Collepardi [Collepardi et al., 1970] proposa
ce modèle qui fut largement appliqué jusqu’en 1990 pour la facilité de son utilisation et sa
transparence pour n’importe quel utilisateur.
Cependant, il a été constaté par le retour d’expériences que ce modèle surestime la
pénétration des chlorures puisque le coefficient de diffusion apparent diminue dans le temps,
ce qui constitue le point le plus critiquable du modèle. Il reste néanmoins largement utilisé sous
des formes plus ou moins évoluées pour lesquelles Da est dépendant du temps ainsi que C s au
travers de divers termes correctifs. Ces modèles sont souvent qualifiés d’empiriques puisque la
fonction erfc n’est alors plus une solution mathématique correcte de la seconde loi de Fick. Pour
les modèles les plus sophistiqués, la signification et l’utilisation des paramètres correctifs n’est
pas toujours facile à comprendre et ils doivent donc être clairement définis pour que l’utilisateur
tire parti au mieux de ces modèles. Peuvent être cités dans les modèles empiriques : False ERFC,
Meljbro-Poulsen, Hetek, LEO, DuraCrete, SELMER et JSCE.
La résolution de l’équation 1.19, en prenant en compte la dépendance temporelle et/ou
spatiale des paramètres physiques, des conditions aux limites ou encore la non-linéarité de
l’isotherme de fixation des chlorures, peut être obtenue par méthodes numériques. Plusieurs
modèles proposent ce type de résolution suivant différents schémas numériques. Notons alors
que le nombre de paramètres physiques nécessaires à l’entrée du modèle augmentent notamment
si l’isotherme d’interaction est prise en compte. Cependant, les données d’entrée restent des pa-
ramètres directement mesurables par des essais (porosité à l’eau, coefficient de diffusion effectif
ou apparent, isotherme de fixation des chlorures) ayant fait l’objet de nombreuses études et dont
les protocoles expérimentaux sont connus. Ainsi, les données d’entrée ont une signification phy-
sique et leur nombre n’est pas si important en regard des termes correctifs et des paramètres de
calage nécessaires aux modèles empiriques. Seront cités pour ces modèles numériques : Life-365,
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19 Connaissances préliminaires
ClinConc, LERM.
1.2.3.2 Modèles fondés sur la relation de Nernst-Planck
Pour une description plus complète des phénomènes mis en jeu et notamment la création
d’un champ électrique dans la solution interstitielle par les espèces ioniques, le flux de chlorures
peut être décrit par la relation de Nernst-Planck. L’utilisation de cette relation nécessite alors
une approche multi-espèces pour la résolution du problème puisqu’il existe un terme de couplage
dans l’équation 1.9, le champ électrique. Il est créé par les espèces ioniques de signes opposés,
de telle sorte que les ions les plus rapides sont ralentis et les plus lents accélérés.
La sortie du modèle n’est plus uniquement le profil en chlorures, mais également le profil de
toutes les espèces retenues. Ces profils sont obtenus par résolution numérique de l’équation de
conservation de chaque espèce. Les espèces prises en compte sont au minimum les ions les plus
présents dans la solution interstitielle : Na+, K+, Cl− et OH−. Peuvent être également ajoutées
les réactions de dissolution et précipitations des hydrates en présence en utilisant leur constante
d’équilibre pour rendre le problème encore plus complet.
Bien que proposant la description physique la plus juste des phénomènes physiques des
mécanismes de diffusion, le nombre de données d’entrée pour ces modèles est très important
et de nombreux paramètres ne sont plus mesurés mais évalués grâce à certaines hypothèses.
Par exemple, il semble, en effet, difficile de mesurer les coefficients de diffusion de toutes les
espèces en présence. Ces modèles sont donc très complexes et restent difficilement utilisables
actuellement dans un autre contexte que celui de la recherche. De nombreux détails sont traités
ce qui rend l’évaluation de l’exactitude et de la pertinence des résultats difficile pour la majorité
des utilisateurs. Au titre de ces modèles numériques fondés sur la relation de Nernst-Planck
seront cités notamment : MsDiff, Stadium, Johannesson, Li and Page, ou encore celui développé
au LEPTAB de La Rochelle.
1.2.3.3 Récapitulatif
Tous les types de modèles existants ont été présentés rapidement du plus simple au plus
complexe suivant la description physique et l’approche de résolution retenue. De façon ǵenérale,
ces modèles sont valables en milieu saturé bien que la prise en compte de la non-saturation soit
utilisée dans certains modèles où un terme de convection a été ajouté (modèles du LERM ou du
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20 Connaissances préliminaires
LEPTAB).
Ces modèles peuvent être également classés d’un autre point de vue : les modèles empiriques
basés uniquement sur la résolution de la seconde loi de Fick et les modèles physiques où letransport des chlorures est complété par des équations provenant des mécanismes physiques
(isotherme d’interaction, champ électrique, équilibres chimiques. . .). La figure 1.8 propose un
organigramme récapitulatif des modèles de diffusion existants.
Fig. 1.8 – Organigramme des modèles de diffusion des chlorures
1.3 Mesure du coefficient de diffusion des chlorures
En plus des propriétés physiques élémentaires, la porosité et la masse volumique par exemple,
le coefficient de diffusion est un paramètre fondamental pour décrire la pénétration des chlorures
dans les matériaux cimentaires comme le béton. De nombreuses méthodes expérimentales ont
été développées ces dernières années pour comprendre les phénomènes de transport des chlo-
rures, mesurer le coefficient de diffusion et prédire la durabilité potentielle d’une structure. La
complexité des paramètres physico-chimiques du béton et le besoin des ingénieurs d’un outil
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21 Connaissances préliminaires
de mesure toujours plus rapide sont à l’origine du développement de nouvelles méthodes ou de
l’amélioration des anciennes.
Il est important de définir correctement la grandeur mesurée et de connaı̂tre précisément
ses conditions de mesure expérimentale. Selon les processus utilisés de diffusion et de migration,
avec intégration ou non des intéractions chimiques, deux types de coefficients de diffusion ont
ét́e ainsi définis, le coefficient de diffusion apparent Da, et le coefficient de diffusion effectif De.
Les essais sont systématiquement réalisés en conditions saturées et sans gradient de pression
pour que seul le phénomène diffusif intervienne. La solution de saturation contient généralement
de l’eau de chaux ou de l’hydroxyde de sodium et de l’hydroxyde de potassium (NaOH et KOH)
pour limiter la modification du pH et des équilibres chimiques. De plus, les différents dispositifs
de mesure utilisent des compartiments contenants, hormis les chlorures, une solution support à
base de NaOH et/ou KOH pour éviter au maximum la lixiviation des alcalins du béton.
Le schéma suivant 1.9 propose une synthèse des méthodes de mesure et des coefficients de
diffusion obtenus, découpée en quatre axes, correspondants à la diffusion seule, la diffusion et la
migration, le régime stationnaire ou le régime transitoire. L’objet de cette partie est de présenter
rapidement les différentes méthodes de mesure des deux coefficients de diffusion.
Fig. 1.9 – Organigramme des méthodes de mesure du coefficient de diffusion des chlorures
1.3.1 Mesure en diffusion naturelle
1.3.1.1 Essai de diffusion en ŕegime stationnaire
Un échantillon de béton saturé est disposé entre deux compartiments de concentrations en
chlorures différentes, le plus souvent nulle dans le compartiment aval. Sous l’effet du gradient
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22 Connaissances préliminaires
de concentration de part et d’autre de l’éprouvette, les chlorures diffusent au travers de celle-ci
de l’amont vers l’aval. Cet essai est plus communément appelé essai de diffusion. Le gradient de
concentration est maintenu constant en renouvelant régulièrement les solutions dans les com-
partiments. Le dispositif est présenté schématiquement sur la figure 1.10.
Fig. 1.10 – Principe de la cellule de diffusion
Par dosages chimiques réguliers du compartiment aval, le flux de chlorures au travers de
l’échantillon est mesuré. La figure 1.11 présente la courbe d’évolution avec le temps de la quan-
tit́e cumuĺee W (mol) de chlorures ayant pénétré dans le compartiment aval (A est la surface
exposée de l’échantillon (m2), L son épaisseur (m), et cup la concentration en chlorure à l’amont
(mol/m3)).
Fig. 1.11 – Evolution du flux de chlorures en aval
Le régime permanent apparaı̂t au bout d’un certain temps d’essai et se traduit par la partie
linéaire de la courbe. Le flux constant (∆W /A.∆t) permet de calculer le coefficient de diffusion
effectif en utilisant la première loi de Fick :
J e = DecupL
(1.21)
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23 Connaissances préliminaires
avec J e le flux effectif en régime stationnaire (mol/m2.s) et De le coefficient de diffusion
effectif (m2/s). Le coefficient de diffusion est, en conséquence, la pente de la partie linéaire de
la courbe figure 1.11. Il s’agit d’une simplification puisque l’expression du flux par la première
loi de Fick est incomplète. Il faudrait connaı̂tre le champ électrique local créé par les espèces
ioniques en présence pour l’exprimer avec l’équation de Nernst-Planck. Les valeurs obtenues
dépendent donc de la concentration cup et du cation associé à Cl−.
La durée de cet essai est fonction de l’épaisseur de l’échantillon et des caractéristiques du
béton comme le type de ciment (la capacité de fixation augmente la durée du régime transitoire),
le rapport E /C , la taille des granulats. . . Cependant, le délai d’obtention du régime permanent
est très long, plus d’un an pour un échantillon d’un béton ordinaire de 3 cm d’épaisseur.
1.3.1.2 Essai de diffusion en ŕegime transitoire
Pour diminuer la durée de l’essai de diffusion, deux possibilités sont envisageables : évaluer
le coefficient de diffusion en régime transitoire et/ou augmenter le gradient de concentration
en augmentant cup. Un échantillon de béton saturé est placé en immersion dans une solution à
forte concentration en chlorures. La différence fondamentale avec l’essai précédent provient de la
mesure : au lieu d’étudier le flux de chlorures, c’est le profil de concentration en chlorures dans
l’́echantillon qui est déterminé à un instant donné. Cet essai est souvent appelé essai d’immersion.
Le principe est décrit sur la figure 1.12.
Fig. 1.12 – Principe de l’essai d’immersion
Pour mener cet essai, un échantillon de béton, généralement cylindrique, est rendu étanche
sur toutes les surfaces sauf une des bases par laquelle la diffusion des chlorures va intervenir.
Cette étanchéité est nécessaire pour assurer une pénétration unidimensionnelle des chlorures. La
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24 Connaissances préliminaires
surface accessible est exposée à une solution salée pendant une durée déterminée. La méthode
nordique NT Build 443 [NTBuild443, 1995] recommande une immersion minimale de 35 jours
dans une solution de chlorures de sodium à 165g/l, tandis que la procédure AASHTO T259
[AASHTOT259, 1980] prévoit une durée de 90 jours et une solution de NaCl à 3 % (30g/l).
A la fin de la période d’exposition, le profil de concentration en chlorures est déterminé comme
indiqué sur la figure 1.13. De la poudre de l’échantillon est collectée à différentes profondeurs
par grignotage puis les chlorures totaux sont mesurés par dosage titrimétrique de la solution
contenant les chlorures solubles à l’acide.
Fig. 1.13 – Profil en chlorures dans le béton après immersion
A partir de ce profil, la solution analytique de la seconde loi de Fick en milieu semi infini est
ajustée au profil expérimental (figure 1.13) où trois paramètres de calage sont nécessaires dont
le coefficient de diffusion recherché :
C (x, t) = C i + (C s − C i) erfc x
2
Da(t − tex) (1.22)avec C (x, t) la quantité de chlorures totaux (mol/kg de béton) au temps t (s) et à l’abscisse
x (m), C s la concentration en surface de l’échantillon (mol/kg de béton), C i la concentration
initiale dans l’échantillon (mol/kg de béton), Da le coefficient de diffusion apparent (m2/s), et
tex la durée de l’immersion (s).
Le coefficient de diffusion mesuŕe n’est donc pas le même que dans l’essai de diffusion
pŕećedent, où il s’agissait du coefficient de diffusion effectif De, puisqu’il prend en compte non
seulement la microstructure du béton mais aussi la capacité de fixation des chlorures. La loi
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25 Connaissances préliminaires
de Fick est utilisée avec la limite qu’elle sous-tend : une description incomplète des transferts
ioniques. De plus, le coefficient de diffusion apparent est considéré comme constant ce qui est
vrai seulement si le matériau est homogène, non-évolutif et l’isotherme de fixation linéaire ; ce
dernier point étant le plus discutable. L’avantage principal de cet essai est d’être une bonne
simulation des conditions d’exposition réelles avec une durée d’essai acceptable. Cependant, la
procédure d’obtention du profil en chlorures par grignotage et dosages chimiques est très longue
et fastidieuse.
1.3.2 Mesure sous champ électrique
Le processus de diffusion reste un processus lent pour lequel l’essai de diffusion et l’essai
d’immersion ne sont pas satisfaisants pour un béton au jeune âge (évolution de la microstructure
pendant la durée de l’essai) ou encore en cas de besoin d’un résultat rapide (nombreux essais,
comparaison de différents bétons. . .). Des essais de migrations ont été développés afin d’accélérer
le transport des chlorures. Il s’agit d’appliquer une différence de potentiel de part et d’autre
de l’échantillon de béton par l’intermédiaire d’électrodes. Sous l’influence du champ électrique
créé, le mouvement des chlorures, ainsi que celui des autres espèces ioniques, est accéléré vers
l’électrode de signe opposé.
1.3.2.1 Essai de migration en régime stationnaire
Le principe de l’essai est identique à celui de la cellule de diffusion avec en plus la mise
en place des électrodes fixées sur les deux faces de l’échantillon et reliées à un générateur de
tension. L’éprouvette de béton saturé est placée entre les deux compartiments amont, contenant
la solution salée et la cathode (signe négatif), et aval, sans chlorures et contenant l’anode (signe
positif). Sous l’effet du champ électrique, les chlorures migrent de la cathode vers l’anode. Le
dispositif est présenté schématiquement sur la figure 1.14.
Le générateur de tension est réglé le plus souvent dans ce type d’essai afin d’obtenir un
champ électrique de l’ordre de 4 V/cm (soit 12 V pour un échantillon de 3 cm). Cette valeur reste
suffisante pour obtenir une bonne accélération du mouvement des chlorures mais n’est pas trop
élevée afin d’éviter une augmentation excessive de la température et l’apparition de perturbations
au niveau des électrodes, notamment la formation d’hypochlorite [Prince et al., 1999].
L’exploitation se fait là aussi en régime stationnaire comme pour l’essai de diffusion. Par
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26 Connaissances préliminaires
dosage régulier du compartiment aval, la quantité de chlorures ayant traversé l’échantillon est
calculée. Les résultats obtenus sont du même type que ceux de la figure 1.11, l’échelle de temps
étant beaucoup plus courte puisque le régime devient permanent au bout de quelques jours.
Fig. 1.14 – Principe de la cellule de migration
Dès que ce régime est atteint, c’est-à-dire que le flux devient constant, le coefficient de
diffusion peut être déterminé à partir de la relation de Nernst-Planck. En écartant le terme
diffusif, et en considérant que le potentiel électrique local n’est dû qu’à la différence de potentiel
appliquée à l’éprouvette, le coefficient de diffusion flux de chlorures s’écrit :
J e = DecupF U
RT L (1.23)
où J e est le flux effectif en régime stationnaire mesuré dans le compartiment aval (mol/m2.s),
De le coefficient de diffusion effectif (m2/s), cup la concentration en chlorure en amont (mol/m
3),
F la constante de Faraday (96500 J/V.mol), T la température (K), U la différence de potentiel
entre les deux surfaces de l’éprouvette (V), et L son épaisseur (m). Une autre exploitation de
l’essai consiste à suivre l’appauvrissement en chlorures dans le compartiment amont, le coefficient
de diffusion étant calculé à partir du flux amont [Truc et al., 2000]. Cette méthode présente
l’avantage de réduire encore plus la durée de l’essai puisque le régime permanent est atteint
plus rapidement dans le compartiment amont, et de rendre possible la mesure du coefficient de
diffusion sur des bétons déjà contaminés par les chlorures.
Afin d’éviter les opérations fastidieuses de dosage des chlorures, en amont ou en aval, on
pourra exploiter l’évolution des courants électriques durant l’essai d’électrodiffusion, à condition
de mener l’essai en deux étapes : une chronoampérométrie avec la solution de base (NaOH+KOH)
et une autre après ajout de NaCl à l’amont de la cellule [Amiri et al., 2001]. La démarche consiste
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27 Connaissances préliminaires
à extraire le courant dû au transport des chlorures et d’en calculer le flux en régime stationnaire,
donc le coefficient de diffusion [Arliguie et Hornain, 2007]. Néanmoins, les inconvénients de durée
d’essai subsistent puisque l’exploitation se fait en régime stationnaire.
1.3.2.2 Essai de migration en régime transitoire
Le dernier essai présenté ici est le plus rapide puisqu’il combine à la fois l’utilisation d’un
champ électrique et l’exploitation en régime non permanent. Il présente le principal avantage de
fournir un résultat au bout de 24 heures. Le principe est de mettre en place une éprouvette de
béton saturé entre deux compartiments de solution amont et aval avec deux électrodes disposées
sur chaque face du béton. Sous l’influence du champ électrique créé, les chlorures se déplacent
par migration de la cathode à l’anode. Pendant le régime transitoire, les chlorures traversent
l’échantillon en formant un front avançant à vitesse constante. Le régime permanent est atteint
lorsque la concentration en chlorures est constante dans l’échantillon. La figure 1.15 illustre le
profil de concentration en chlorures dans l’échantillon pendant l’essai de migration.
Fig. 1.15 – Front d’avancement des chlorures en migration
L’essai exposé ici a été développé par Tang et Nilsson [Tang et Nilsson, 1992] et fait l’objet
de la norme NT Build 492 [NTBuild192, 1999]. La figure 1.16 présente le matériel utilisé. Le
compartiment amont contient une solution de chlorure de sodium à 10 % en masse (environ 2
M ou 110 g/l) et en aval une solution d’hydroxyde de sodium à 0,3 M. L’éprouvette de béton
est saturée à l’eau de chaux.
Au début de l’essai, une différence de potentiel de 30 V est appliquée à l’échantillon de 5 cm
d’épaisseur. La tension est ensuite ajustée en fonction de la qualité du béton de telle sorte qu’au
bout de 24 heures (temps de l’essai), le front de pénétration n’atteigne pas l’extrémité de sortie
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28 Connaissances préliminaires
de l’éprouvette. La qualité du béton est évaluée sur la base de la mesure du courant traversant
l’échantillon à l’application des 30 V.
Fig. 1.16 – Schéma de principe de la méthode NT Build 192 [NTBuild192, 1999]
A la fin de l’essai, l’éprouvette est rompue par fendage et la profondeur de pénétration
des chlorures, notée xd, est mesurée par pulvérisation d’un révélateur, le nitrate d’argent. La
figure 1.17 présente le calcul de xd, moyenne de 7 mesures xdi, après pulvérisation de l’AgNO3.
Fig. 1.17 – Mesure du front d’avancement des chlorures [NTBuild192, 1999]
La théorie pour l’exploitation du résultat est un peu plus complexe et sous-entend un certain
nombre d’hypothèses. Rappelons l’équation de conservation des chlorures dans le béton saturé à
l’échelle d’un volume élémentaire représentatif, où p, ρd, c et C b sont respectivement la porosité
ouverte, la masse volumique sèche (kg/m3), la concentration en chlorures libres (mol/m3) et la
quantité de chlorures fixés (mol/kg de matériau sec) :
∂ (ρdC b)
∂t +
∂ ( pc)
∂t = −∂J e
∂x (1.24)
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