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Déclaration de NRAN à Maputo au sujet de la REDD Le réseau NON à la REDD en Afrique (NRAN) s’est réuni ici à Maputo au Mozambique les 26 et 27 août 2013 à l’occasion d’un atelier international sur la REDD. Les participants du Mozambique ainsi que d’autres pays d’Afrique, d’Amérique du Nord et du Sud ont délibéré sur les implications du mécanisme de Réduction des Emissions issues de la Déforestation et de la Dégradation des forêts (REDD) en Afrique et par extension dans les pays du Sud. Nous reconnaissons la décision prise à la réunion de Tunis en mars 2013 relative au besoin d’une plate-forme NON à la REDD afin d’éduquer et d’informer les communautés et les gouvernements des pays en développement sur les impacts de la REDD sous toutes ses formes. Nous considérons que les gouvernements africains ont été pris en embuscade par les offres et promesses d’un financement du développement au-travers du mécanisme REDD, et les ont acceptées sans faire preuve d’esprit critique et sans organiser les consultations nécessaires. Nous apprécions la participation des représentants gouvernementaux et des fonctionnaires issus de diverses administrations à la discussion sur la REDD, mais déplorons la position des gouvernements africains telle qu’ils l’ont présentée, à savoir qu’en dépit du catalogue de preuves contre la REDD, ces gouvernements tiennent à donner le feu vert à la REDD. Nous, soussignés, avons constaté et exprimé ce qui suit : 1. La REDD a été conçue comme une échappatoire pour les pollueurs des pays industrialisés afin de leur permettre de continuer à polluer en pensant que cela serait compensé ailleurs par les forêts, 2. La REDD ne réduit pas les émissions ; c’est tout simplement un projet d’échanges de crédits-carbone, 3. La REDD ne met pas fin à la déforestation mais retarde, déplace ou même encourage la conversion des forêts par des plantations d’arbres en monoculture, 4. La REDD et les projets du même type conduisent au déplacement de communautés dépendant des forêts, à la servitude, aux assassinats, à la répression et autres abus des droits de l’homme,

Déclaration de Maputo Sur la REDD

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Déclaration de Maputo Sur la REDD

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Page 1: Déclaration de Maputo Sur la REDD

Déclaration de NRAN à Maputo au sujet de la REDD

Le réseau NON à la REDD en Afrique (NRAN) s’est réuni ici à Maputo au Mozambique les 26 et 27 août 2013 à l’occasion d’un atelier international sur la REDD. Les participants du Mozambique ainsi que d’autres pays d’Afrique, d’Amérique du Nord et du Sud ont délibéré sur les implications du mécanisme de Réduction des Emissions issues de la Déforestation et de la Dégradation des forêts (REDD) en Afrique et par extension dans les pays du Sud.

Nous reconnaissons la décision prise à la réunion de Tunis en mars 2013 relative au besoin d’une plate-forme NON à la REDD afin d’éduquer et d’informer les communautés et les gouvernements des pays en développement sur les impacts de la REDD sous toutes ses formes.

Nous considérons que les gouvernements africains ont été pris en embuscade par les offres et promesses d’un financement du développement au-travers du mécanisme REDD, et les ont acceptées sans faire preuve d’esprit critique et sans organiser les consultations nécessaires.

Nous apprécions la participation des représentants gouvernementaux et des fonctionnaires issus de diverses administrations à la discussion sur la REDD, mais déplorons la position des gouvernements africains telle qu’ils l’ont présentée, à savoir qu’en dépit du catalogue de preuves contre la REDD, ces gouvernements tiennent à donner le feu vert à la REDD.

Nous, soussignés, avons constaté et exprimé ce qui suit :

1. La REDD a été conçue comme une échappatoire pour les pollueurs des pays industrialisés afin de leur permettre de continuer à polluer en pensant que cela serait compensé ailleurs par les forêts,

2. La REDD ne réduit pas les émissions ; c’est tout simplement un projet d’échanges de crédits-carbone,

3. La REDD ne met pas fin à la déforestation mais retarde, déplace ou même encourage la conversion des forêts par des plantations d’arbres en monoculture,

4. La REDD et les projets du même type conduisent au déplacement de communautés dépendant des forêts, à la servitude, aux assassinats, à la répression et autres abus des droits de l’homme,

Page 2: Déclaration de Maputo Sur la REDD

5. Une grande partie des terres et des forêts africaines a déjà été repérée et envisagée pour y mener des projets REDD et des projets de crédits-carbone, ou est prévue pour être vendue aux enchères à des intérêts privés,

6. La REDD favorise les entreprises d’exploitation forestière et l’industrie agroalimentaire,

7. Les projets de la REDD ont été présentés à la hâte aux gouvernements de pays en voie de développement avec peu d’opportunités de consultation nationale et locale et avec des promesses de financement du développement,

8. La REDD représente une menace majeure pour la sécurité des terres, de la nourriture et de l’eau en Afrique puisqu’il s’agit d’accaparement de terres à l’échelle continentale.

Compte-tenu de ce qui précède ainsi que d’autres considérations, l’atelier a déclaré que :

1. Les gouvernements doivent prendre des mesures pour protéger nos forêts de la déforestation et de la dégradation ; et ce sans compter sur des crédits-carbone,

2. Les industries et pays polluants doivent stopper les émissions à la source et ne pas reporter la charge sur d’autres pays,

3. La demande et la surconsommation sont les causes majeures de la déforestation et doivent être réduites à des niveaux viables,

4. Les gouvernements doivent améliorer la gestion faible et inefficace du secteur forestier et s’assurer que les communautés dépendant de la forêt soient dûment consultées et que leur consentement soit obtenu en ce qui concerne les agissements sur leurs forêts et les ressources forestières,

5. Les gouvernements doivent faciliter et soutenir une nouvelle voie de développement qui ne soit pas fondée sur la conversion des forêts,

6. Les gouvernements doivent envisager des alternatives de développement basées sur les capacités historiques des communautés locales et ne collaborer seulement avec des investisseurs sur des projets conçus par ces communautés plutôt que d’accepter des projets de développement conçus ailleurs et pour satisfaire essentiellement les intérêts d’autres parties,

7. Les gouvernements africains ont le devoir de protéger les ressources de leurs nations et de protéger de la recolonisation les gens et les ressources dont ils sont responsables.

Liste des signataires:

Mozambique

1. Justiça Ambiental / Friends of the Earth Mozambique 2. AAAJC (Associação de Assistência e Apoio Juridico ás Comunidades Rurais/

Association for Support and Legal Assistance for Communities), Tete, Mozambique 3. Calisto André Nais – fermier local de Mabu, Zambézia province, Mozambique 4. Adolfo Muressama – fermier local de Mabu, Zambézia province, Mozambique 5. Manito Coutinho – ACODEMUZO et fermier local, Quelimane, Zambézia province,

Mozambique

Page 3: Déclaration de Maputo Sur la REDD

6. União Provincial de Camponeses (UPC, Provincial Farmers Union) de la province de Niassa, Mozambique

7. UPC de la province de Cabo Delgado, Mozambique 8. UPC de la province de Nampula, Mozambique 9. UPC de la province de Tete, Mozambique 10. UPC de la province de Zambezia, Mozambique 11. UPC de la province de Sofala, Mozambique 12. UPC de la province de Gaza, Mozambique 13. UPC de la province de Maputo, Mozambique 14. Engenharia sem Fronteira (Engineers without Borders), Maputo 15. Kutsemba, Matutuine, Maputo province, Mozambique 16. FONGA (Forum das ONGs de Gaza / Forum of NGOs of Gaza), province de Gaza,

Mozambique 17. FBO-Plataforma Inter-Relgiosa para Governação Participativa 18. Boaventura Monjane 19. Renaldo C. João 20. Mateus Costa Santos 21. Mussa Chaleque

Régional & International

22. Oilwatch International 23. Oilwatch Afrique 24. Friends of the Earth International 25. Friends of the Earth Afrique 26. Environmental Rights Action / Friends of the Earth Nigéria 27. La Via Campesina Afrique 28. La Via Campesina, Brésil 29. Health of Mother Earth Foundation, Nigéria 30. Indigenous Environmental Network, USA 31. Global Forest Coalition 32. Movimento de la Juventude Kuna (Movement of Youth of Kuna), Panama 33. earthlife Africa, Afrique du Sud 34. Timberwatch, Afrique du Sud 35. Rainforest Resource and Development Centre (RRDC), Nigéria 36. The Rules, Kenya / Afrique du Sud 37. World Rainforest Movement 38. Movimento Sem Terra (MST / Landless Peoples Movement), Brésil 39. Centre for Civil Society, Afrique du Sud 40. Forum of African Investigative Reporters, Afrique du Sud 41. African Biodiversity Network (ABN), Nairobi 42. International Political Forum 43. Juddy Blessol Wambui, Kenya 44. Cassandra Smithies, Chercheur, USA