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D E C O U V E R T E D ' U N G I S E M E N T DE M A M M I F E R E S DU M I O C E N E M O Y E N

A C O L L E T - R E D O N , PRES S A I N T - C A N N A T ( B O U C H E S - D U - R H O N E , F R A N C E ) •

L I S T E F A U N I Q U E , I M P L I C A T I O N S S T R A T I G R A P H I Q U E S ET P A L E O G E O G R A P H I Q U E S .

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R. JULLIEN*, C. GUERIN**, M. HUGUENEY** et P. MEIN**

R6sum~

La riche faune d6couverte fi Collet-Redon (B.d.R.) regroupe fi la fois des mammif~res de grande taille et des micromammif+res ;son fige astaracien oblige fi reconsid~rer celui de la formation stratifi6e dans laquelle elle se trouve. Les petites esp+ces, montrant des affinit6s avec celles de Suisse et d'Allemagne du Sud, mettent en 6vidence le r61e de filtre jou6 par lamer rhodanienne au Miocene, filtre qui ne laisse passer que les mammif6res de grande taille.

Abstract

The rich fauna from Collet-Redon (B.d.R.) has yielded together big and small mammals of an astaracian age, which enables us to reconsider the age of the containing geological formation. The little species show some affinities with those of the Swiss and South-German deposits and demonstrate the filter effect of the Rhodanian Miocene sea, which was permitting only the crossing of the big mammals.

Introduction

Lors de travaux entrepris par la Compagnie du Canal de Provence, ies terrassements ont entailld la colline de Collet-Redon, au NE de Saint-Cannat (Bouches-du-Rh6ne) - feuille Salon-de-Provence au 50 000e, IGN XXXI-43: Dans des lentilles marneuses irr6guli~res, intercal6es dans un calcaire lacustre, des restes importants de grands mammif~res attir~rent l'attention de l'6quipe du Mus6um de Marseille qui prit toutes dispositions pour prdserver le site et programmer une campagne de fouilles.

Des pr61~vements pr61iminaires ont permis de recueillir 6galement des micromammif~res et de dresser, d~s pr6sent, une liste faunique apportant des pr6cisions sur l'~ge du gisement.

*Museum d'Histoire naturelle, Palais Longchamp - 13004 Marseille, France.

** Centre de Pat6ontologie stratigraphique et pal~o6cologie assoei6 au C.N.R.S. (L.A. 11), Universit~ Claude-Bernard, 15 - 43 Bd du 11 novembre - 69621 Villeurbanne, France.

G6obios nO 12 - fasc. 2 p. 297 - 301, 1 pl. Lyon, avril 1979

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Chelonia Crocodilia Squamata : Viperidae

Anguidae

Reptilia

Anoura Amphibia

Limicole Galliforme petit Pass6riforme

A yes

Insectirora Soricidae indet. Talpidae : Proscapanus sansaniensis GAILLARD Erinaceidae : Galerix (Parasorex J socialis yon MEYER

Galerix (Galerix} sp. : une M 2 de taille notablement plus faible que celle de G. stehlini (GAIL- LARD).

Rodentia Cricetidae :

- Megacricetodon aft'. gregarius (SCHAUB) (pl. 1, fig. 1 - 6) : la population tr~s abondante (d~j~ une soixan- taine de dents) de cette localit~ est morphologiquement identique h ceUe du gisement d'Anwill (Suisse), bien clue pr~sen- tant une taiUe l~g~rement sup6rieure ; cette forme de grande taille, caract~ris6e par des M 1 ~ ant~roconide ~ peine fissur6, des m~solophides courts, des molaires sup6rieures fi ~perons parastylaires tr~s d6velopp~s, n'a pas ~t6 s6par~e de M. grega- rius par B. Engesser (1). I1 nous semble cependant qu'il s'agit d'une lign~e tout fi fait diff~rente de celle du M. gregarius - type, de la Grive (Is~re) et qui serait issue par ~volution du Megacricetodon bavaricus FAHLBUSCH (2) : elle m~riterait un nouveau nora sp~cifique.

- Democricetodon --,,freisingensis FAHLBUSCH _(Pl~ 1, fig. 7 - 8) : cette esp+ce se distingue de D. gaiUardi (SCHAUB) par la bilobation de I ant~roconide et l'absence d ectom~solophide fi la M 1 ; les M 1 sont d~pourvues d'ant~ro- lophule et les m~solophes, bien que longs, sont tr~s bas comme sur diverses dents de Giggenhausen (2).

- Democricetodon brevis (SCHAUB) : un fragment ant~rieur de M 1 est rapport6 ~ cette esp~ce compte tenu de sa petite taille.

Sciuridae : ? Spermophilinus sp. Gliridae : Peridyromys hamadryas (MAJOR)

Lagomorpha Ochotonidae : Prolagus oeningensis (KOENIG)

Carnivora fissipeda Ursidae, Hemicyoninae : Plithocyon sp. Nous attribuons ~ ce genre une rang6e dentaire inf6rieure gauche avec I1, I2, I3, C, P4' MI ' M2' M3 " La canine

est aussi puissante et aigu6 que ceUe d'un Hemicyon sansaniensis ; longueur au collet = 20,5 m m ; largeur = 14 mm. La P4, dot6e d'un net cingulum, poss6de, dans son plan sagittal, un cone accessoire en plus de la pointe principale ; L = 16,5 m m ; 1 = 9 ram. La M 1 a son m6taconide tr6s peu distinct du protoconide et le bord post6rieur de ces deux pointes se confond tr6s vite (pl. 1, fig. 9) ; l 'entoconide, beaucoup plus basque l 'hypoconide, est peu net ; L= 28,8 mm;

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1 = 14,8 mm. M 2 est bien ursoide avec routes ses cuspides visibles ;L = 20 m m ;1 = 15 mm. M 3 ovalaire en vue occlusale, tr6s basse, montre des cuspides distinctes ; L = 13 m m ; 1 = 11 ram.

Plithocyon est connu g Sansan et La Grive ; le genre est d'$ge astaracien, zones MN 6 ~ MN 8 [(3), (4) et (5)].

Proboscidea Mastodontidae : Gomphotherium angustidens (CUVIER) : d6fenses.

Perissodactyla

Rhinocerotidae : - Brachypotherium sp. : une P3 gauche, assez us~e, avec un cingulum labial continu (pl. 1, fig. 10) ; L =41 m m ;

1 = 28,5 mm. La morphologie est typique du genre (6) ; une d~termination sp~cifique est impossiblesur une seule dent mais les dimensions concordent mieux avec les individus de La Grive qu'avec ceu× de l'Orl~anien.

- Aceratherium simorrense (LARTET) : une p3 droite, tr~s us~e, large de 40 mm, montre le profil d 'ectolophe caract~ristique (6) et l 'existence d 'un cingulum lingual continu. Un fragment de M 3 gauche, dont la largeur anatomique est de 45 ram, et une incisive sup~rieure appartiennent ~ la m~me esp~ce et peut-~tre au m6me individu.

L'esp~ce est connue depuis Sansan (MN6) et dure jusqu'au Vall~sien sup~rieur.

Artiodactyla Suidae : Conohyus simorrensis (LARTET) : M 1 droite LagomeiTcidae : Lagomeryx cf. parvulus (ROGER) : P4 gauche

Conclusion

L'ensemble des mammif~res et sp~cialement les micromammif~res indiquent un ~ge correspondant fi la zone MN8, c'est-~-dire au sommet de l'Astaracien [(4) et (5)], ce qui repr~sente approximativement 12 millions d'ann6es et, d'apr~s l '~tat actuel des correlations, le Serravallien sup~rieur.

I1 est particuli~rement int~ressant de noter que le Megacricetodon est pratiquement identique fi la forme d'Anwill mais different de celui de La Grive L3, pourtant de m~me ~ge ; de m~me, les autres cric~tid~s de Collet-Redon appartien- nent tous fi des lign~es rencontr~es en Suisse et dam la molasse du Sud de l'Allemagne, lign~es diff~rentes de celles existant dam le bassin rhodanien sud-occidental et le Languedoc-Roussillon (Vieux-Collonges, La Grive, Sansan, La Grenati~re). Ceci apporte la preuve de la barri~re g~ographique constitute, ~ l '~poque, par la met rhodanienne, barri~re large de quelques dizaines de kilom~tres seulement, suffisante pour les micromammif~res mais franchissable par les grosses formes comme le Brachypotherium.

D'autres gisements fi micromammif~res ont d~jfi ~t~ trouv~s dans ce secteur : S~pulture Chr~tien, Champ-de- Mathieu [(7) et (8)] et Aiguines (9) ; les deux premiers (MN4) sont net tement plus anciens clue Collet-Redon; le dernier

peine plus ancien seulement (limite MN6 - MN7) montre d~jfi l 'existence d'une province faunique diff~rente de celle de la ValiSe du RhOne sud-occidentale, puisque le Megacricetodon rencontr~ appartient h la lign~e germanique jusqu'alors inconnue en France ; toutefois le degr~ d'~volution du Megacricetodon d'Aiguines permet d'affirmer clue ce niveau est plus ancien que ceux d'Anwill et de Collet-Redon.

Cos d~couvertes vont ~galement permettre de reconsid~rer et d'affiner les connaissances de stratigraphie locale et la pal~og~ographie de ta Provence m~ridionale, puisque, jusqu'alors, la formation qui renferme le gisement ~tait cartogra- phi~e comme Helv~tien matin (m2).

Du point de rue pal~oclimatique, l 'abondance relativement tr~s grande de Megacricetodon, la presence d'oiseaux limicoles, de nombreux batraciens et crocodiliens vont tous dam le sens de l 'existence d'un climat chaud et humide,

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indications corrobor6es par la pr6sence du Brachypotherium ; la raret6 des Glirid6s et Sciurid6s laisserait pr6sumer un paysage peu bois6 et donc, sans doute, mar6cageux.

Enfin, la pr6sence sur le front de taille d'os de grandes dimensions, sectionn6s par les travaux, donne fi penser qu'une fouille s6rieuse permettra de d6gager des ossements complets et de reconstituer 1¢ squelette des grands mammi- f6res et la taphonomie du site. D'ores et d6jfi, on peut pressentir que le gisement de Collet-Redon, du fait de la prdsence simultan6e de mat6riel bien conserv6 de grands et petits mammif6res et de ses apports stratigraphiques et pal6og6ographi- ques, prendra une place tr~s importante parmi les gisements mioc6nes d'Europe occidentale.

R6f6rences bibliographiques

(1) ENGESSER B. - Ber. Naturforsch. Ges. Basel, 1972, B. 28, p. 37 - 363. (2) FAHLBUSCH V. Abh. bayer. Akad. Wissensch., 1964, N.F., H. 118,136 p. (3) GINSBURG L. - Bull. Soc. g~ol. Ft. Paris, 1955,6e s6r., V, p. 85 - 99. (4) MEIN P. - P r o c . 1/1 th Congr. R. CM.N.S., Bratislava, 1976. (5) FAHLBUSCH V. -Newsl. Stratigr., Berlin, 1976, B. 5 (2/3), p. 160- 167. (6) GUERIN C. - Thkse, 1979,/t paraRre. (7) GUERIN C. & MEIN P. - Docum. Lab. G~ol. Univ. Lyon, 1971, H.S., p. 131 - 170. (8) MEIN P., TRUC G. & DEMARCQ G. - C.R. Acad. Sci. Paris, 1971, D, 273, p. 566- 568. (9) GIGOT P., MEIN P. & TRUC G. - Gdobios, Lyon, 1976, 9, 6, p. 795 - 799.

P L A N C H E 1

Fig. 1 - 6 - Megacricetodon aff. gregarius (SCHAUB). 1 : M 1 g. (2,08 x 1,35) ; 2 : M 2 g. (1,50 x 1,30) ; 3 " M 3 g. (1,02 x 1,13) ;4 • M 1 g. (1,95 x 1,14) ;5 :M 2 d. invers6e (1,53 x 1,29) ; 6 : M 3 g. (1,30 x 1,12 ).

Fig. 7 - 8 - Democricetodon freisingensis FAHLBUSCH. 1 3 1 2 7 :maxil laireg. avecM " (M = 1 , 9 4 x l , 3 1 ;M = l , 5 1 x l , 3 7 ; M 3 = 1 , 1 0 x l , 0 9 ) ; 8 : M l g . ( 1 , 9 5 x l , 2 3 ).

Fig. 9 - Plithocyon sp. M 1 g. (28,8 x 14,8) ; a = v u e occlusale, b = face interne.

Fig. 10 - Brachypotherium sp. P3 g" (41 x 28,5) en vue occlusale.

Les mensurations sont exprim6es en millim~tres sous la forme longueur x largeur.

G6obios N ° 1 2 - fa se . 2

PI. 1 R. Jullien, C. Gu6rin, M. Hugueney et P. Mein

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