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RDV à 14h Sophie écrasa le mégot dans le cendrier, elle en était à sa quatrième cigarette en deux heures, elle vérifia encore une fois son portable, pas de message. Mathieu, son fiancé lui avait donné rendez-vous à 14h au bar de Choisy, juste en bas de chez elle. Il était 16 heures et toujours aucune nouvelle. Elle avait l’habitude de ses retards et ne s’en inquiétait pas tant que ça. Ils s’étaient disputés la veille, il avait fini par claquer la porte pour aller passer la nuit chez un de ses amis. Elle avait passé le reste de la soirée à pleurer, et n’avait quasiment pas fermé l’œil de la nuit. Elle s’était levé migraineuse et vers 11 h, jute avant qu’elle ne reçoive le SMS : « RDV à 14h au bar de Choisy. » Elle ne savait pas trop comment prendre son message du matin. Etait- ce bon signe ou mauvais ? Pourquoi ne pas se voir directement chez elle ? Elle avait du mal à le comprendre par moment, mais peu lui importait, elle l’aimait et elle avait bien l’intention de régler cette histoire stupide pour laquelle ils s’étaient disputés. Elle s’était donc préparée et était descendue au bar à l’heure fixée. Il n’y avait personne mais elle n’avait pas été étonnée, Mathieu n’était pas du genre ponctuel. Le clocher de l’église sonnait la demie de 16h00 quand la voiture bleue de la gendarmerie s’arrêta devant le bar. Sophie n’y fit pas vraiment attention, jusqu’à ce que la voix de son frère lui fasse lever les yeux : « J’allais chez toi justement. » Il portait son uniforme et avait la mine grave, le genre qui n’annonçait rien de bon. Un coup d’œil au véhicule garé non loin, lui apprit que son co-équipier attendait à l’intérieur, il était donc en service. Il s’assit et enleva son képi, il ne semblait pas dans son assiette, et elle commença sentir l’angoisse l’envahir. « Pourquoi ? » demanda-t-elle d’une voix tremblante. « Il y a eu un accident sur la 34 entre Mouroux et Coulommiers… Un choc frontal entre deux véhicules. Mathieu… Je suis désolée sœurette. » Le sol sembla s’effondrer sous ses pieds, les larmes jaillirent sans contrôle. Elle s’effondra. Mathieu ne pouvait pas être mort, ce n’était pas possible, ils devaient se marier dans 3 mois, leur future maison était presque achetée. Ils avaient des projets ! Non !! Ce n’était pas possible. Elle se leva en catastrophe, renversa sa chaise sans s’en rendre compte, elle devait aller chez

Défi voyage dans le temps - Oskarya - Rdv à 14h

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RDV à 14h

Sophie écrasa le mégot dans le cendrier, elle en était à sa quatrième cigarette en deux heures, elle vérifia encore une fois son portable, pas de message. Mathieu, son fiancé lui avait donné rendez-vous à 14h au bar de Choisy, juste en bas de chez elle. Il était 16 heures et toujours aucune nouvelle. Elle avait l’habitude de ses retards et ne s’en inquiétait pas tant que ça. Ils s’étaient disputés la veille, il avait fini par claquer la porte pour aller passer la nuit chez un de ses amis. Elle avait passé le reste de la soirée à pleurer, et n’avait quasiment pas fermé l’œil de la nuit. Elle s’était levé migraineuse et vers 11 h, jute avant qu’elle ne reçoive le SMS :« RDV à 14h au bar de Choisy. »

Elle ne savait pas trop comment prendre son message du matin. Etait-ce bon signe ou mauvais ? Pourquoi ne pas se voir directement chez elle ? Elle avait du mal à le comprendre par moment, mais peu lui importait, elle l’aimait et elle avait bien l’intention de régler cette histoire stupide pour laquelle ils s’étaient disputés. Elle s’était donc préparée et était descendue au bar à l’heure fixée. Il n’y avait personne mais elle n’avait pas été étonnée, Mathieu n’était pas du genre ponctuel.

Le clocher de l’église sonnait la demie de 16h00 quand la voiture bleue de la gendarmerie s’arrêta devant le bar. Sophie n’y fit pas vraiment attention, jusqu’à ce que la voix de son frère lui fasse lever les yeux :« J’allais chez toi justement. »Il portait son uniforme et avait la mine grave, le genre qui n’annonçait rien de bon. Un coup d’œil au véhicule garé non loin, lui apprit que son co-équipier attendait à l’intérieur, il était donc en service. Il s’assit et enleva son képi, il ne semblait pas dans son assiette, et elle commença sentir l’angoisse l’envahir.« Pourquoi ? » demanda-t-elle d’une voix tremblante. « Il y a eu un accident sur la 34 entre Mouroux et Coulommiers… Un choc frontal entre deux véhicules. Mathieu… Je suis désolée sœurette. »

Le sol sembla s’effondrer sous ses pieds, les larmes jaillirent sans contrôle. Elle s’effondra. Mathieu ne pouvait pas être mort, ce n’était pas possible, ils devaient se marier dans 3 mois, leur future maison était presque achetée. Ils avaient des projets ! Non !! Ce n’était pas possible. Elle se leva en catastrophe, renversa sa chaise sans s’en rendre compte, elle devait aller chez elle, elle étouffait sur cette terrasse de bar. Son frère tenta de la retenir, mais elle se dégagea. La vue brouillée par les larmes elle s’élança droit devant elle, traversant la rue sans même prendre le temps de vérifier si la voie était libre. Elle entendit bien le klaxon mais l’ignora, continuant sa course droit devant elle. Quand la voiture la percuta, elle n’eut que le temps de remercier le ciel de mettre fin à sa souffrance avant de sombrer dans l’obscurité.

La douleur la réveilla. Machinalement elle chercha son téléphone portable sur la table de chevet. 11h02. Les souvenirs de la veille étaient encore trop vivaces. Elle se recroquevilla sous sa couverture, ne pas se lever, ne plus exister. Elle se mit à pleurer. La sonnerie du téléphone, annonçant un sms retentit. Elle tenta de l’ignorer, mais la programmation du rappel était activée, et la sonnerie retentirait toutes les 2 minutes tant qu’elle n’aurait pas ouvert le message. A la troisième, elle se décida à sortir son bras de sous son abri de fortune. Un message de condoléances sûrement, et ce ne serait surement que le premier d’une longue série. En soupirant elle regarda le nom de l’expéditeur, et faillit s’étouffer : Mathieu. Si c’était une blague elle était de mauvais goût ! Elle l’ouvrit en promettant l’enfer au plaisantin. « RDV à 14h au bar de Choisy. »

Super un bug au niveau de son opérateur. Elle rejeta le téléphone au fond du lit et repris sa position fœtale. Mais sa migraine persistait et elle finit par se lever pour prendre un cachet. Elle alluma la

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télévision en passant et se rendit dans la cuisine chercher un doliprane et mettre la cafetière en route. Elle tournait en rond, ouvrait les placards pour les refermer aussitôt, ouvrit le frigo et resta de longues seconde à en contempler le contenu sans rien y prendre. Elle ne savait même pas ce qu’elle cherchait. Elle finit par se servir une tasse de café et alla s’assoir sur le canapé. Ses yeux rivés sur l’écran, la télévision était sur une chaîne d’info en continu. Elle regardait sans vraiment faire attention à ce qui défilait à l’écran, quand une petite alarme se déclencha au fin fond de son cerveau. Quelque chose clochait. Elle se concentra un peu plus, ne voyant pas le souci, il était question de politique et… soudain elle vit, et changea de chaîne pour vérifier. En haut à droite la date annoncée du jour : 15 juillet 2015. Idem sur l’autre chaîne. C’était impossible, nous étions le 16 juillet, le lendemain de l’accident qui lui avait eu lieu le 15. Elle alla chercher son téléphone portable, sur l’écran d’accueil était affiché : 15 juillet 2015, 12h37. Tremblante elle envoya un message à son frère :« On est quelle date ? »La réponse ne se fit pas attendre :« Arrête de boire sister, on est le 15 juillet »

Elle laissa tomber le portable sur la moquette. Le 15 juillet !? Ça voulait dire que l’accident n’avait pas encore eu lieu et qu’elle pouvait encore stopper l’horreur ! Elle ne réfléchit pas plus, elle n’avait pas une minute à perdre. Elle ramassa le téléphone et pianota fébrilement un sms à Mathieu, elle dû s’y reprendre à deux fois tellement elle tremblait :« Reste chez toi. Ne bouge pas. C’est moi qui viens. »Réponse immédiate :« NON ! 14h au bar. »Elle appuya sur la touche appel, elle devait le convaincre de ne pas prendre la voiture. Bien-sûr il ne répondit pas et le répondeur se mis en route :« Ne prends pas la voiture, je t’en supplie, j’arrive ! » elle hurla presque le message tellement elle se sentait frustrée de ne pouvoir lui parler

Il ne lui restait qu’une solution. Il était presque 13h00 si elle se dépêchait elle pourrait arriver avant qu’il ne parte de chez de lui. Elle attrapa les clefs de la voiture sans même prendre le temps de se changer et descendit en courant les deux étages qui la séparaient du garage.

Sur la nationale, elle se fit bien la réflexion qu’elle roulait trop vite, mais sa vie ne lui semblait pas plus importante que ça, elle devait sauver Mathieu quoique ça lui en coûte. Elle coupa un virage, doubla sur une ligne blanche, grilla un feu rouge, klaxonna un vélo, et dépassa les 120 km/h, avant de se trouver coincée derrière un tracteur à la sortie de Coulommiers. Les choses s’enchaînèrent alors à une vitesse folle, elle passa la 4ème pour prendre la puissance et déboîta. Si on lui avait demandé comment ça s’était passé, elle aurait assuré qu’aucun véhicule n’arrivait en face.

Pourtant, ce ne serait qu’un mensonge de personne trop pressée pour voir la réalité en face : Car elle eut le temps de reconnaître la vieille Opel Corsa bleue de Mathieu juste avant le choc frontal.