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1 MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR & DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE UNIVERSITE MENTOURI FACULTE DES SCIENCES DE LA TERRE, DE L’AMENAGEMENT DU TERRITOIRE DEPARTEMENT D’ARCHITECTURE ET D’URBANISME N° d’ordre................ Série......................... THESE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME DE DOCTORAT D’ETAT OPTION : ARCHITECTURE Présentée par Mr Djamel DEKOUMI THEME Sous la direction du Professeur des Universités : Dr Hamza ZEGHLACH. Jury d’Examen: Président : Mr. Kaddour BOUKHEMIS, Pr. Université d’Annaba. Encadreur : Mr. Hamza ZEGHLACH, Pr. Université de Sétif. Membre : Mr. Djamel RAHAM, Pr. Université de Constantine. Membre : Mr. Bachir RIBOUH, M.C. Université de Constantine. Membre : Mr. Belkacem LABII, M.C. Université de Constantine. Soutenu le 22 Novembre 2007 POUR UNE NOUVELLE POLITIQUE DE CONSERVATION DE L’ENVIRONNEMENT HISTORIQUE BATI ALGERIEN : - CAS DE CONSTANTINE -

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MINISTERE DE LENSEIGNEMENT SUPERIEUR & DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE

UNIVERSITE MENTOURIFACULTE DES SCIENCES DE LA TERRE, DE LAMENAGEMENT DU TERRITOIRE DEPARTEMENT DARCHITECTURE ET DURBANISME N dordre................ Srie.........................

THESEPOUR LOBTENTION DU DIPLOME DE DOCTORAT DETAT OPTION : ARCHITECTURE Prsente par Mr Djamel DEKOUMI THEME

POUR UNE NOUVELLE POLITIQUE DE CONSERVATION DE LENVIRONNEMENT HISTORIQUE BATI ALGERIEN : - CAS DE CONSTANTINE -

Sous la direction du Professeur des Universits : Dr Hamza ZEGHLACH. Jury dExamen: Prsident : Mr. Kaddour BOUKHEMIS, Pr. Universit dAnnaba.

Encadreur : Mr. Hamza ZEGHLACH, Pr. Universit de Stif. Membre Membre Membre : Mr. Djamel RAHAM, Pr. Universit de Constantine. : Mr. Bachir RIBOUH, M.C. Universit de Constantine. : Mr. Belkacem LABII, M.C. Universit de Constantine.

Soutenu le 22 Novembre 20071

TABLE DES MATIERES 2

INTRODUCTION GENERALE.1. Introduction......01 2. Etat de lenvironnement historique bti.......02 3. Elments de problmatique......06 4. Gense de la crise.....07 A. Origine.......07 B. Causes........07 1 - substitution de la population....09 2 phnomne social (citadinit).....10 3 facteurs naturels......11 4 pauvret du cadre bti propos(actuel).......12 5 cadre juridique inappropri (objet de notre recherche).......13 5. Intrt de recherche......14 6. Objectifs de recherche..........16 7. Structure de recherche......17 Rfrences....21

CHAPITRE I : LA CONSERVATION DANS LE CONTEXTE THEORIQUE.Introduction....23 1. Les concepts de la Conservation.....23 A. La Conservation......23 B. Les Oprations.....25 1. La Rhabilitation.....26 2..La restauration / restauration immobilire......27 3. La rnovation / rnovation urbaine.........28 4. La restructuration / restructuration urbaine.....30 5. Lamnagement urbain........32 6. La rorganisation urbaine....32 2. Notion de Patrimoine....323

A - Le Patrimoine....32 B - Le Monument .......36 C - Monument historique .......38 D - Monument vivant .................38 E - Monument mort38 F- Ensemble historique...38 G - Ville historique.............39 3. Terminologie spcifique....39 A Espace central...39 B Centre ville....39 C Centre urbain....40 D - Mdina..40 E- Casbah....40 F- Ksar / Qasr......42 4. Terminologie Gnral.......42 A. Culture et Symbolique.....42 B. Civilisation...43 C. Tradition/ modernit47 1. Tradition..47 2. Modernit....50 D. Symbole / Symbolisme....52 E. Historicisme.....53 F. Historisme....54 G. Historicit54 Conclusion...55 Rfrences56

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CHAPITRE II : LA CONSERVATION DANS LE CONTEXTE INTERNATIONAL. Introduction.....59 Section 1 : Chartes et Recommandations. Introduction.....60 A. Les chartes. 1. Charte dAthnes.62 2..Charte de Venise..63 3. Charte de Florence...64 B. Recommandations. A - Tunis (1966).65 B Nairobi (1976)...66 Conclusion...68 Section 2 : Exemples de conservation. Introduction.70 1. La France.70 2. Le Royaume Uni..90 3. La Pologne....103 Conclusion.125 Rfrences..126

CHAPITRE III : LA CONSERVATION DANS LE CONTEXTE ALGERIEN Introduction...128 Section 1 : La Lgislation. A. Notions gnrales de droit129 B. Le Droit algrien de la protection du patrimoine.132 1. Cadre juridique du patrimoine...133 2. Gense de la lgislation sur le patrimoine monumental historique...133 a. Lordonnance n 67/281.134 b. Le dcret lgislatif n 94/07...1405

c. La loi n 98/04143 d. Le patrimoine architectural et urbanistique...152 e. Textes rglementaires prvus par la loi 98/04...157 3. Inventaire des textes juridique. Textes juridiques..158 Textes rglementaires..159

Section 2 : Gestion et application. 1. Les instruments et organismes de gestion et de control....161 A. Protection par les instruments durbanisme...161 B. Les organismes...163 2. Les tentatives de rcupration...166 A. Opration de restructuration et de rnovation de la ville de Constantine...166 B. Opration de rhabilitation..169 3. Les mouvements associatifs......171 Conclusion.171 Rfrences......173

CHAPITRE IV : Cas dtude, Constantine. Introduction...174 1. Constantine travers les crits..174 1. Historique..176 2. Evolution urbaine de la ville.177 3. Avant lpoque Ottomane.................................................................................................177 Section A : Epoque Ottomane. A. Evolution urbaine...181 B. Typologie du bti....182 C. Techniques et matriaux de construction...............187 D. Le patrimoine architectural et urbanistique....191 Section B : Epoque coloniale A. Evolution Urbaine...2026

B. Typologie du bti210 C. Techniques et matriaux de construction....213 D. Le patrimoine architectural et urbanistique216 Conclusion244 Rfrences.250

CONCLUSION GENERALE. A. Conclusion ..254 B. Ncessit de rfrence..256 C. Pour une politique de conservation..258 Rfrences.....265

BIBLIOGRAPHIE GENERALE..........266 Liste des planches (photos). Liste des illustrations. ANNEXES. ANNEXE I : Ordonnance 67/251 du 20 dcembre 1967, relative aux fouilles et la protection des sites et monuments historiques et naturels. ANNEXE II : Dcret lgislatif n 94-07 du 7 Dhou El Hidja 1414 correspondant au 18 mai 1994 relatif aux conditions de la protection architecturale et lexercice de la profession darchitecte. ANNEXE III : Loi n 98/04 du 20 Safar 1419 correspondant au 15 juin 1998 relative la protection du patrimoine culturel.

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INTRODUCTION GENERALE...8

1. INTRODUCTION LAlgrie possde un immense patrimoine historique dune porte universelle qui, malheureusement, est en train de dprir au vu et au su de tout le monde. Des richesses irremplaables, qui sont en pril, la dgradation puis la disparition de leurs lments les plus caractristiques sacclre dans lindiffrence quasi-totale (1). Cette mme indiffrence qui engendre toutes sortes de mutilations et de dgradations irrversibles notre patrimoine. Ajout cela, une production du cadre bti ne rpondant aucunement aux aspirations des algriens, ni leur besoins rels. Car ds lindpendance, ltat algrien a opt (afin de pallier une demande pressante) pour une technologie de construction essentiellement importe, pratiquant ainsi une occidentalisation dmesure quant lutilisation des normes, des formes des modules et des matriaux de construction. Ce qui notre sens engendra un dsordre non seulement visuel au niveau de notre environnement, mais aussi culturel et surtout social, en plus dune grande dpendance technologique et conomique. Limpacte de ces choix politiques ( travers les diffrents plans nationaux de dveloppement) se ressent nos jours dans notre socit, car de toute vidence une technologie qui renie lidentit locale, ne peut en aucun cas, prendre en considration notre hritage social, culturel, architectural Ainsi, en plus du fait que la crise de lhabitat samplifie et saggrave chaque jour encore plus, lAlgrie est en train de perdre son plus prcieux hritage architectural et urbanistique. Ce qui est notre sens, irrationnel et illogique, mme si tout un chacun sait quavec ses potentialits, lAlgrie pourrait aisment rsoudre ses problmes. Il est en fait grand temps que ce vritable problme soit trait avec une srieuse objectivit. Car cest juste titre, la responsabilit morale de chaque responsable : architectes, urbanistes, historien de lart, sociologues, juristes, conomistes, artistes, dcideurs ainsi que toute autre personne concerne par lenvironnement historique algrien, de prendre des initiatives appropries.

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2. ETAT DE LENVIRONNEMENT HISTORIQUE BATI Ou lenvironnement historique bti dans tous ses tats ! El Watan (supplment) du 16 avril 1997 (2) : On les appelle lehdjar Guelma, massacre officiel de monuments (vestiges) datant des poques, numides, romaines, ottomanes et plus rcemment, coloniale. La menace du bton Tlemcen, le bton avance grands pas risquant ainsi dengloutir tout un patrimoine sans aucune raction des pouvoirs publics. Etat critique des sites historiques Bejaia, manque de moyens et de matriels dune part et lenclin bafouer la lgislation et rglementation en la matire par ceux qui sont censs les appliquer dautre part. Le sort peu enviable du palais du Bey Oran, anarchie, monstruosit, des projets alentours et de la dchance programme SOS Mascara, le patrimoine local se trouve tre en proie lusure du temps, lincurie ambiante, voire la dprdation et vou une disparition certaine mettant en pril les repres physique et matriels de lhistoire. La grande mosque dAlger, le plus vieux monument historique dAlger, dfigur par la construction dun parking adjacent. La mmoire en lambeaux, un constat des plus amers, mettant en cause les institutions de ltat qui sont en fait les principales causes des agressions notre patrimoine archologique A partir dune lecture rapide de ces articles, il est en fait, trs ais de faire un bilan sur ltat de notre environnement historique bti. La dgradation de ce dernier, en gnral et de la mdina en particulier, nest pas seulement daprs Ouagueni Y. (3) due lincurie, mais plutt plusieurs facteurs concordants, et le plus souvent, le rsultat dactes dendommagements intentionnels de la part de lusager. Comportement qui, aussi paradoxale que cela puisse paratre, rpond une logique trs simple : le fait dtre domicili dans la vieille ville pourrait donner lieu lavantage dobtenir un logement social , notamment, quand la maison occupe menace ruine. Ce qui fait quune partie importante des maisons sert, la main de lhomme aidant, de10

prtexte pour affirmer sa condition sociale prcaire et se faire prvaloir afin de bnficier du recasement dans un appartement prfabriqu la priphrie. La valeur marchande du bien acquis est incontestablement hors de la porte du cadre moyen. Il arrive mme, que danciennes maisons de familles se transforment en immeubles de rapport. Pour en tirer profit, les propritaires nhsitent pas multiplier les cloisonnements (sous location) pour obtenir le plus grand nombre possible de chambres (bioutes), qui en suite sont loues des locataires, souvent des familles nombreuses. Ainsi, habiter la vieille ville, est devenu, par la force des choses, une forme dinvestissement, tant pratique dans les bidonvilles, que les pouvoirs publiques ont involontairement encourag. Les quartiers anciens sont aujourdhui devenus des quartiers populaires, de plus en plus dlaisss. Ils sont considrs comme lieux de logement de la pauvret et de la misre. the medina had been transformed from a citadel of urbanity to a city-center gheto. (4) De belles maisons et de belles architectures sont en train de tomber en ruines. Quand au tissu colonial, il a, en un premier temps, permis de loger, au lendemain de lindpendance, une grande partie de la population arrivant en ville. Mais contrairement au tissu traditionnel, ltat gnral des constructions de ce dernier, reste relativement passable, voir mme, acceptable ou en bon tat dans certaines parties (le cas des difices publiques en particulier).

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Etat des lieux (1).

Planche N 01 : Source Photos, auteur & Mr. Gharbi Lakhdar.12

Etat des lieux (2).

Planche N 02 : Source Photos, Mr. Gharbi Lakhdar.13

3. ELEMENTS DE PROBLEMATIQUE La conservation est un concept reconnu, vital quant la survie du patrimoine historique gnralement et celle du patrimoine historique bti en particulier. Mais qui reste hlas, relativement peu rpandu dans les pays arabo-musulmans ainsi que ceux du tiers-monde et notamment en Algrie. La protection du patrimoine historique ny est pas apprcie sa juste valeur. Cest l, lune des causes essentielles de la dgradation des villes et cits historiques et de lenvironnement bti dune manire gnrale dans ces mmes pays. En ce qui concerne lAlgrie et dans le cadre de la conservation de son cadre bti historique, plusieurs tudes et recherches ont t ralises, telles que :

Sauvegarde de la Casbah dAlger (ralise par le COMEDOR dAlgeren1972). Sauvegarde de la mdina de Constantine (ralise par lURBACO de Constantine en 1984) Restructuration des Ksour Mais malheureusement, trs peu de dcisions ont t prises, les propositions tant ou trop thoriques, empiriques ou pas trs ralistes, ajout cela une certaine inertie et un dfaitisme affich de la part des autorits et dun cadre juridique trs en de de la ralit du terrain. Ainsi donc, et malgr le fait que lAlgrie possde un immense patrimoine historique dune porte universelle, ce dernier reste malheureusement trs mal exploit, pire encore, il est en train de dprir une vitesse incontrlable, voir mme irrmdiable. La prise en charge de ce patrimoine, ncessiterait en plus dun cadre juridique en adquation avec la ralit du terrain, une expertise approprie et des moyens techniques et financiers consquents. . The challenge is to define what gives lasting identity to parts of such towns and to assess the extent to which the new can be absorbed sympathetically among the old . (5)

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4. GENESE DE LA QUESTION A. ORIGINE La crise actuelle possde en toute vidence une origine et qui, notre sens, pris de lampleur avec le phnomne des bien vacants . Tel que rapport par Djilali Benamrane (6), ce mme phnomne qui, surtout dans les grands ensembles immobiliers dhabitations abandonnes par la colonie franaise la veille de lindpendance, a donn lieux de fausses impressions de grandes possibilits et de non moins grandes disponibilits en matire de logements. Pendant quelques annes, les besoins en logements trouvaient une rponse, particulirement au niveau des grandes villes, du fait de la disponibilit de ces mmes logements dits biens vacants . Lexode rural aidant, la crise de logement fut invitable. Aussi, nous assistmes entre autre des phnomnes tels que : Entassement de la population de plus en plus intolrable. Rduction de plus en plus insupportable de lespace vital habitable. Disparition progressive dlments de confort et de la qualit de la ville telles lintimit, la cohsion, lharmonie, la communication Destruction, terme, des liens familiaux classiques avec des rpercussions certaines sur la qualit du dveloppement social Ainsi, laugmentation de la population dans les villes anciennes serait due, lorigine, lafflux de gens qui abandonnent la campagne (zones rurales) et noffrant pour ainsi dire aucun intrt pour le site, dune part ; et dune autre part, il reste gnralement vrai que le dveloppement rapide de toute population est gnralement prjudiciable la survie des villes historiques lexemple, entre autre, de la Casbah d Alger et la Mdina de Constantine. B. CAUSES A lissu du choix technologique, notamment dans le btiment (dans les annes 70), une crise du logement est apparue et la spculation immobilire a rendu le logements inaccessible pour les faibles revenus.15

Des quartiers nouveaux ont t construits depuis cette priode par laction de ltat. Des habitations collectives construites en hauteur, sous forme dimmeubles dont les appartements sont loues aux citoyens. Mais la croissance de la population a fait que la crise du logement est toujours aussi importante. A cot de cela, larrive dune population rurale la recherche de travail, a favoris le phnomne de bidonvilisation de la mdina. Peu peu la pression dmographique ft telle que lhabitat lui-mme ayant perdu son contenu traditionnel se transforma en une coquille misrable, dgrade (il nest pas ncessaire de souligner que ces populations dorigine rurales essentiellement), ntaient pas du tout prpares habiter une demeure en mdina et la consquence immdiate fut la dtrioration de cette dernire. Ainsi, les bois teints, les faences, les ferronneries dart, les marbres travaills, zellige, les lments de larchitecture elle-mme sont dtruits ou mme vendu. La mdina se vend en pices dtaches (7). A loppos, de nombreuses interventions ont dnonc ce mal sans pour autant proposer de solutions adquates, et mme si elles lont fait avec force, elles sont restes lettre morte ! En dernier lieu, il ressort que lexode rural est la principale cause de la crise : Il est dans ce sens ais de constater qu travers lhistoire, lAlgrie enregistra plusieurs mouvements migratoires de population, qui eurent essentiellement lieu, de la campagne (zone rurale), vers la ville (zone urbaine). Ces mmes mouvements, et grce au phnomne push and pull (rpulsion attraction) (8), peuvent tre classs en deux catgories distinctes : a - mouvements volontaires : suite une politique coloniale (lois foncires et dpossessions des fellahs). Les premiers mouvements furent enregistrs pendant la premire guerre mondiale (9), et prirent cependant encore plus dampleur par la suite. En crant cette situation, les autorits de lpoque voulaient arriver entre autre : - transfrer les terrains appartenant aux indignes (autochtones) des colons frachement arrivs (allochtones). - crer une main-duvre (principalement agricole) abondante et bon march. - contrler (plus tard) la population male dans les grandes villes en utilisant des centres de regroupement

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b - mouvements involontaires : enregistrs lindpendance et causs par : - le retour de la population exile pendant la guerre, des zones frontalires. - les populations rurales dmunies voulant sinstaller en ville pour profiter de nouvelles conditions de vie telles que : coles pour leurs enfants. meilleure couverture sanitaire. plus grandes opportunits de travail. proximit des services et facilits communautaires. opportunits habiter un logement dcent aprs le dpart massif des colons. Ils furent ensuite amplifis par les diffrentes politiques (plans de dveloppement), ainsi que le choix technologique (industrialisation), qui savrrent notre sens

inappropris. Cet aspect de la question a t abord dans notre thse de magistre (10). Par la suite, la crise du logement aidant, cet exode perdure nos jours, ce phnomne viendra sajouter dautres et non des moindres que nous citerons par chronologie : 1 - substitution de la population Ce phnomne pris place juste aprs lindpendance, et fut caractris par le dpart massif des europens et la ncessit de les remplacer dans les diffrentes activits quils occupaient (11). Ainsi, ce phnomne en engendra un autre, celui du reclassement social (12) grce auquel, chaque couche sociale grimpe dune catgorie spatiale : la bourgeoisie de la mdina se dplaa vers les quartiers rsidentiels (tel que Bellevue). la classe moyenne rcupra lespace libr par ces derniers. Les biens vacants furent quant eux rcuprs par les habitants des quartiers prcaires, alors que ceux de la mdina, par les nouveaux immigrants (population dorigine essentiellement rurale imparfaitement intgre).

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2 phnomne social (citadinit) La socit algrienne actuelle comme rapporte par Boutefnouchet M (13) dans son analyse, est caractrise par de profondes mutations, situes au niveau de lindividu, de la famille, et de la ville. De telle manire que les rapports sociaux en sont transforms. Ainsi donc, cette dernire a volu dune faon irrversible durant la priode coloniale. Sa composition et ses caractristiques actuelles, ne sont plus celles davant. Elles fonctionnent sous de nouvelles formes qui crent non seulement de nouveaux quilibres, mais aussi et surtout, de nouveaux dsquilibres . Ces nouvelles formes sont surtout lies la relation : Ville / Campagne (urbain / rural), ce qui a fait apparatre une autre forme de dsquilibres sociaux au sein mme de la ville. Consquences directes de ce phnomne, sont apparues deux types de personnalits : Urbaine / Rurale, quIbn Khaldoun, avait de son temps dj oppos : hadhari / badaoui, dans sa thorie du Umran. Il avait dans ce sens indiqu le processus de citadinisation du bdoui. En fait, ce dernier ne pouvait devenir citadin quau bout de la 3me gnration, travers un long processus (diffrentes tapes) de transition. Ainsi, toutes les caractristiques, essentielles pour le rural (immigrant), sont transposes en ville, o le rythme de vie est trs rapide et les rapports sociaux rationaliss, le voisinage trs dense, et la libert trs rduite quant lorganisation du cadre de vie de lespace. De cela, dcoule des problmes urbains, notamment pour le respect du voisin et pour lorganisation collective de lespace et du cadre de vie. Lancien citadin se trouve de facto, isol dans sa propre ville, du fait dune nouvelle population et aussi celle qui continue darriver de faon rgulire dans la ville. Ainsi donc, et pour mieux se situer, il est plus que ncessaire de se poser la question : faudrait-il redfinir le concept de citadinit ? Ou bien le remplacer par celui durbanit ? Et cet effet, M. Boutefnouchet (14) dfinit : Le citadin : comme habitant dune cit, dans laquelle chaque lment est en harmonie avec lensemble selon une logique dhirarchisation sociale et spatiale, qui nexistent plus en fait.

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Lurbain : comme nouvel habitant des villes, locataire dans une agglomration o les lments urbains sont accols les uns aux autres au gr dune logique fonctionnelle et rationnelle, o rien nest sa place de faon dfinitive. En dernire analyse, le citadin ancien ne sert plus de modles aujourdhui, aux nouvelles masses urbaines migres en majorit presque absolue depuis moins de 25 ans dans les villes. Le changement des modes de vie a fortement contribu la dcadence des villes anciennes. 3 facteurs naturels Parmi les facteurs naturels lorigine de la dgradation du cadre bti historique, nous citerons : a. le vieillissement des constructions, car celui dun difice, affecte la fois les matriaux et leur structure, la transformation des premiers qui nest pas toujours prjudiciable, a pour agent principal un solvant : leau, dont laction favorise des changes uniques, do laltration de la matire. b. laction de leau, qui par infiltration, vhicule des agents chimiques, les transporte au loin avec le produit de leurs ractions. Elle favorise la prolifration des microbes, des vers et dinsectes... Sous laction de la chaleur, les ractions sacclrent, leau svapore, les cristallisations se succdent, la structure est en lutte permanente contre les variations atmosphriques. Ainsi, il y a des dfaillances du sol et des matriaux do intervention de larchitecte une seconde fois. Au dpart, larchitecte conoit son difice selon un certain mcanisme. Celui-ci est rellement anim de mouvements dont lamplitude est rduite quelques centimes de millimtre mais qui mettent en jeux des efforts considrables. A la longue, le mcanisme se drgle parce que les limites dans lesquelles il pouvait jouer, samenuisent progressivement. Les contraintes excessives se produisent provoquant une dfaillance de la matire et conduisant la ruine. c. les catastrophes naturelles, car Constantine se trouve dans une zone activit sismique, ce qui travers le temps eut un effet remarquable sur le bti. Ajout cela, une19

instabilit importante des terrains anciennement construits. Ainsi, nous assistons actuellement des glissements majeurs de terrains. 4 pauvret du cadre bti propos (actuel) En ce qui concerne le cadre bti, lAlgrie, comme cit prcdemment, a utilis ds les premires annes de lindpendance une technologie essentiellement importe, ce qui la men tout droit vers une dpendance presque totale envers loccident. Il sen suivi une occidentalisation outrance dans lutilisation des normes de confort et des matriaux de construction, ne rpondant nullement aux exigences ni aux aspirations des utilisateurs. Ainsi et comme rsultat, les cits nouvelles se retrouvent sans me, o prolifrent des constructions impersonnelles; tout en tant sous quipes en quipements commerciaux, sociaux, et culturels ; engendrant ainsi, un chaos visuel , si lon peut dire ; des cits sans mes ni caractre. On ne saura jamais trop qui blmer, larchitecte ou ladministration qui a pu accepter un projet o le type de plan masse est entam son point extrme de supportabilit, avec rptition systmatique des btiments et des faades, rduction la cte minima rglementaire des prospects, crant ainsi, une vritable ambiance concentrationnaire de la cit. Ou comme la rsum Le Corbusier Un domaine bti neuf et envahissant, immonde, cocasse, gouget, mchant et laid, souillant paysages, villes et curs . (15) Cette situation se rpercuta dune manire directe sur la socit algrienne, tout en crant un srie de situations conflictuelles plus importantes les unes que les autres, notamment : mergence de nouveaux rapports et de nouveaux dsquilibres, dans les pratiques sociales locales. dsintressement presque total de lenvironnement historique bti, de la part dabords des autorits puis de celle du citoyen. marginalisation de larchitecture traditionnelle au niveau des pratiques architecturales. dprciation du vocabulaire relatif au patrimoine architectural notamment. dperdition de la main duvre qualifie dans les pratiques des techniques et matriaux de constructions traditionnels

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5 cadre juridique inappropri (objet de notre recherche) Dans ce domaine, et depuis lindpendance, lAlgrie na produit que trs peu de textes de loi se rapportant la sauvegarde de son patrimoine (16). Ainsi, les seules lois pouvant tre cites comme repres sont : lordonnance n 67/281 du 20 dcembre 1967, relative aux fouilles et la protection des sites et monuments historiques et naturels et qui ne fut en fait, quune reconduction des textes existants et datant de lpoque coloniale, avec cependant quelques ramnagements. le dcret lgislatif n 94/07 du 18 mai 1994, relatif aux conditions de la production architecturale et lexercice de la profession darchitecte, mais qui na fait quvoquer le patrimoine architectural sans propositions concrtes. la loi 98/04 du 15 juin 1998, relative la protection du patrimoine culturel (dernire en date), qui sest voulue relativement plus complte, mais qui comprend cependant elle aussi des faiblesses ainsi que des dfaillances. Cet aspect de la question reste cependant vital lenvironnement historique bti. Car en fait, sans un cadre juridique adquat, toute proposition, intervention, ou mme rflexion, deviendrait caduque et sans effet. Le rsultat en est que les textes produits sont gnralement en inadquation avec la ralit du terrain, lexemple du legs colonial qui na jusqu nos jours pas t explicitement reconnu comme faisant partie du patrimoine architectural ni urbanistique national. Pire encore, certains monuments (difices) ont tout simplement t dmolis sous prtexte quils reprsentaient des symboles de la prsence coloniale ! Lexemple le plus difiant ft celui du Casino Constantine (dmoli dans les annes 60). Ce legs sil venait tre reconnut, deviendrait srement une source dinspiration et un rfrent majeur. Rcemment, un dbut deffort a t consenti pour lamlioration de notre environnement historique bti (loi n 98/04). Mais malgr cela, ces mmes efforts sembles tre insuffisants, car en fait, les lois produites restent inadquates, voire mme, insuffisantes dans certains de leurs aspects; en plus dune apathie affiche des pouvoirs publics se traduisant par de trs rares actions.21

5. INTERET DE RECHERCHE Le patrimoine historique est gnralement ou presque toujours assimil aux monuments et sites historiques. Cette conception est hrite de la vision coloniale pour essentiellement deux raisons: 1. En 1930, n'ont t retenus que les lments (monuments et sites) qui pouvaient justifier et servir la prsence du colonisateur europen. Ce qui avait amen exclure par la slection et la censure toute une frange de notre histoire, 2. Conception errone du patrimoine monumentale, fonde non pas sur le tmoignage qui est la valeur intrinsque de tout monument (au sens large) et qui risque de crer un amalgame dangereux et fortement prjudiciable pour le patrimoine historique savoir: le grandiose et l'historiquement remarquable. Cette conception n'allait en fait disparatre qu' partir de la seconde moiti du XXme sicle, pour enfin voluer le sens rel du patrimoine historique, d'abord par une jurisprudence puis par une requalification du monument opre par la charte de Venise. Le territoire algrien a t fortement marqu dans son espace et ses hommes durant prs de trois millnaires par les civilisations qui se sont succdes et superposes. Cette richesse ne peut-tre prise en considration que dans une vision trs largie et une conception qui prenne obligatoirement en compte tous les constituants du patrimoine historique, savoir: - L'espace et donc la mise en forme de celui-ci, - Le besoin et la pratique qui a gnr cet espace, - Les rapports qu'entretiennent les hommes avec cet espace. - Le cadre juridique grant lensemble. Le monument historique se trouve donc affect d'une valeur autre que la matire qui le constitue et qui reste uniquement une apparence et non l'essence. Le monument historique restitue un vcu, une somme d'existences de gnrations lies un pass qui intgre en plus du savoir faire en construction, les rapport avec tout un environnement, les rapports sociaux, les rapports conomiques et les rapports idologiques. Le tout indissociablement avec l'homme et le territoire qu'il occupe. L'poque actuelle, o les intrts pour d'autres valeurs protger du comportement effrn et destructeur de l'homme du XXme sicle, suppose une vision globale du22

patrimoine. Il ne faut plus uniquement et d'une manire slective percevoir le fait culturel comme un fait unidimensionnel mais largir cette vision le plus possible. Cet largissement doit ncessairement intgrer outre ce qui est conomiquement utile (les ressources naturelles notamment) mais aussi ce qui peut contribuer au dveloppement de l'homme dans toute sa multiplicit. Le monument historique est ainsi une valeur certaine. Il ne peut tre tel que dans un contexte global, civilisationnel, o tous les lments sont intgrs de faon active et positive; l'conomique, le social et le culturel. Le monument historique a besoin d'voluer dans un environnement o l'histoire de l'homme est la valeur et l'existence du tout : c'est l'environnement historique. Un environnement qui entretienne des rapports actifs avec tout ce qui fait la vie de l'homme. Constantine est un exemple difiant de cette nouvelle ralit culturelle. L'espace historique est fortement vcu dans sa dimension sociale, prennise par des pratiques lies l'espace, au vcu antrieur qui passe outre les pierres et le temps, dans sa dimension conomique et mme dans sa dimension urbaine si caractristique.

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6. OBJECTIF DE RECHERCHE Il est notre sens vident que malgr la destruction et la perte dune partie relativement importante de notre hritage architectural, beaucoup reste cependant faire pour garantir de srieuses actions de protection et dune prise en charge consquente de ce mme patrimoine, tel que : Redfinition du patrimoine et de ses composantes, tout en faisant ressortir des distinctions claires quant aux diffrentes oprations de conservation

(rhabilitation, restauration, rnovation). Se rfrer srieusement au patrimoine universel, et cela travers les chartes, recommandations Redfinition du cadre juridique grant notre environnement historique bti. Inventorisation minutieuse et dtaille des diffrentes composantes de cet environnement.

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7. STRUCTURE DE RECHERCHE Cette recherche a t base sur une analyse dtaille de la situation de lenvironnement historique bti en Algrie. Ce mme environnement que nous considrons comme hritage dans sa totalit, sans distinction aucune, et qui est entrain de dprir grand pas au vu et au su de tout le monde. La prsente recherche se divise en quatre chapitres distincts: Introduction gnrale. O nous avons essay de faire ressortir ltat actuel de notre environnement historique bti, avec tous ses aspects ngatifs, de lAlgrie en gnral, et de celui de Constantine en particulier. Le problme tant pos, nous nous sommes ainsi pench sur les origines de la crise, et les facteurs ayant notre sens engendr cet tat de dgradation. Pour enfin, faire ressortir la cause principale, qui se trouve tre la dfaillance et linadquation du cadre juridique grant ce patrimoine. Chapitre un : la conservation dans le contexte thorique : Ce chapitre indispensable la comprhension et lutilisation future dune terminologie spcifique au patrimoine historique en gnral et de celle du patrimoine architectural et urbanistique en particulier. Il se divise implicitement en quatre groupes distincts : 1. dans le premier, nous avons essay de dvelopper le concept de conservation travers les diffrentes oprations ayant trait cette dernire (rhabilitation, restauration, rnovation, restructuration). 2. dans le deuxime, est dfini le patrimoine, dans le but dune meilleure matrise. Pour ensuite la complter par dautres, non moins importantes dfinitions (monuments, ensembles historiques...). 3. le troisime concerne une srie de termes appropris concernant larchitecture traditionnelle (Mdina, Casbah, Ksour). 4. le quatrime groupe quant lui, aborde une srie de dfinitions gnrales en relation avec le thme (culture, tradition, modernit, symbole).25

Cette

terminologie ainsi toffe nous permettra de prendre conscience de notre

environnement historique bti, et darriver comprendre les diffrentes significations de ce dernier (formes architecturales, urbanistiques). Ainsi, le choix pour une option ou alternative plus approprie serait plus grand et plus adquat. Chapitre deux : la conservation dans le contexte juridique international. Pour situer lexprience Algrienne dans le domaine de la conservation de son patrimoine, nous avons jug ncessaire dtudier le contexte international, et ce dabords, travers les diffrentes chartes et recommandations, puis travers des cas dtudes. Section A : Concerne donc, les chartes dAthnes, de Venise et de Florence (les espaces verts), puis les recommandations internationales (Nairobi, Tunis), dictes sous lgide de lUNESCO, de lICOMOS, de lICOM), et qui serviront comme repres notre analyse. Section B : Dans cette section, notre choix sest port sur trois exemples internationaux (avec cas dtude), tous trois, pays dEurope et ayant une exprience aussi riche que varie dans le domaine de la conservation, ainsi que dans le processus de prise de dcision. Il sagit en fait, de trois contextes politiques diffrentes, en loccurrence, le Royaume Uni, la France, et la Pologne. Chapitre trois : la conservation dans le contexte juridique national. Dans ce chapitre nous avons essay danalyser le cadre juridique qui gre notre environnement historique bti ou en dautres termes notre patrimoine, afin de faire ressortir aussi bien les aspects positifs que ngatifs pour dventuelles interventions (propositions, recommandations). Il a t aussi partag (divis) en deux sections : Section A : Dans cette section, il a t dvelopp un des aspects de la question qui se trouve tre notre sens, le plus important. Dans ce sens, nous avons tent de dvelopper une tude dtaille sur les lois, textes et rglements juridiques rgissant ce domaine (avec ventuellement possibilit de rajustement). Ces mmes lois qui devraient tre plus ralistes,26

plus pratiques et plus consistantes. Elles devraient notre sens tre beaucoup plus actives que passives comme cela en est le cas actuellement. Elles devraient en fait tre le fruit dune plus grande concertation entre spcialistes (architectes, urbanistes, sociologues, conomistes), et non seulement celui de juristes. Section B : Cette partie se trouve tre complmentaire la premire, elle fait ressortir notamment le rle gnralement trs discret, incomplet voir mme ngatif des organismes en charge de la gestion de ce mme patrimoine Chapitre quatre : le cas dtude : Constantine. Pour illustrer la ralit du terrain, nous avons choisi notre ville natale Constantine qui linstar des autres villes historiques algriennes souffre dun laiss aller total. Lenvironnement historique de la ville se dgrade une vitesse insense, et cela dans une totale indiffrence! Aprs avoir situ la ville dans son contexte historique qui nest cependant pas des moindres (trs riche en vnements), nous avons essay travers une analyse historique dexemples trs reprsentatifs, en loccurrence : Avant lpoque Ottomane. Lpoques Ottomane (Section A). Lpoque coloniale (Section B). Afin de : dresser un rpertoire dlments (repres) architectoniques, un chantillon reprsentatif de la richesse et diversit de lhritage que recle la ville faire ressortir les aspects positifs de ce dernier. Un accent a cependant t dlibrment mis sur la partie coloniale, car nous avons jug que cette dernire a t et est toujours le parent pauvre de notre patrimoine. Un hritage vivant, qui nest pas reconnu (explicitement) comme tel par notre lgislation, ni par nos autorits locales, ni mme par le grand publique.

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Conclusion gnrale : Il est en fait, grand temps que ce problme soit trait avec toute objectivit. Car cest juste titre, la responsabilit morale de chaque responsable : architecte urbaniste conomiste sociologue juriste dcideur.et toute autre personne concerne par lenvironnement historique bti algrien, de prendre des initiatives appropries. Il est notre sens vident que malgr la destruction et la perte dune partie de notre hritage architectural, beaucoup reste cependant faire pour garantir de srieuses actions de protection et dune prise en charge consquente de ce mme patrimoine, tel que : - Redfinition du patrimoine et de ses composantes, tout en introduisant des distinctions claires quant aux diffrentes oprations de conservation (rhabilitation, restauration, rnovation). - Srieuses rfrences au patrimoine international (mondial), travers les chartes, recommandations . - Redfinition du cadre juridique grant notre environnement historique bti. - Classement minutieux et dtaill des diffrentes composantes de ce patrimoine. Dans ce sens, le patrimoine historique bti, et notamment les tissus urbains anciens, au lieu dtre un fardeau pour les autorits, pourraient bien devenir une prcieuse alternative. Enfin, comme complment majeur et non des moindres la recherche et pour renforcer la politique de conservation de lenvironnement historique bti, nous esprons enfin que ce

travail nous mnera vers : - une politique de conservation plus approprie, plus palpable et par consquent, plus apprciable. - Un changement dattitude des autorits (dcideurs) envers ce phnomne. - Une prise de conscience du grand publique par rapport ce problme. Ce mme grand publique qui devrait tre le premier et principal concern, car en fait, les diffrents concepts et politiques de conservation seraient un non-sens et sans effet aucun pour une population mal informe et mal sensibilise.

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REFERENCES

1 G. H. Bailly, Le patrimoine architectural. 1975. Ed. Delta Vevey, p. 7. 2 El Watan, 18 avril, journe mondiale du patrimoine, 16 avril 1997. Quotidien national (supplment). 3 Y. Ouagueni, Ville hier, Mdina aujourdhui : La cohabitation physique sur fond de permanence culturelle. Communication, Tanger, 1996. 4 R. Lawless, Planners, Architects and People 1984. In an Exhibition on the Arab Architecture : Past and Present , 1984. Ed. Antony Hutt, University of Durham, England, p. 36. 5 J. Antoniou, Compatible Architecture in the Arab City 1984. In an Exhibition on the Arab Architecture : Past and Present , 1984. Ed. Antony Hutt, University of Durham, England, p. 47. 6 D. Benamrane, Crise de lhabitat Perspective et dveloppement socialiste 1980. Ed. SNED. Alger, p. 16,17. 7 J. El Kafi, Prsence de la mdina dans trame urbaine de Tunis, 1968. Deuxime colloque sur ltude de la conservation, de restauration et de ranimation des ensembles historiques . Tunis, le 09- 16 avril 1968. 8 V.F. Costello, Urbanisation in the Middle-East 1977. Ed. Camridge University Press, Great Britain, p. 42-43. 9 H. Haddouche, Les grandes familles constantinoises Grandeur et Dcadence -1999. Mmoire de magistre en Sociologie du dveloppement. Institut des Sciences sociales, Universit Mentouri Constantine, p. 17-18. 10 D. Dekoumi, Analysis of the Algerian housing shortage and the the urban crisis Case of Constantine.- 1983. M. Phil. In Architecture thesis, Newcastle Upon Tyne, Great Britain. 11 A. Benachenhou, Lexode rural en Algrie. 1979. Ed. En. A.P., Alger, p. 9.

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12 M. Cte, LAlgrie ou lespace retourn. 1988. Ed. Flammarion, p. 259. 13 - M. Boutefnouchet, Systme social et changement social en Algrie.- n ddition 1905. Ed. O.P.U., Alger, p. 46. 14 Ibid, p. 46. 15 Le Corbusier, Entretien avec les tudiants des coles darchitecture - (1957). Editions de minuit, France. 16 Y. Ouagueni, Ltat du patrimoine un constat mitig. Communication I.C.O.M.O.S., Algrie.

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CHAPITRE I...31

LA CONSERVATION DANS LE CONTEXTE THEORIQUE.INTRODUCTION

Comme pralable notre recherche, nous avons essay de dvelopper laspect thorique du concept de la conservation. Aspect, essentiel la comprhension de lobjet de recherche, mais qui est malheureusement mal matris. Car de part notre modeste exprience, nous avons pu constater que la terminologie couramment usite pose souvent problme. Un constat quelque peu amer, mais qui reste facilement vrifiable travers : le langage tenu par nos tudiants en architecture. les termes utiliss dans les diffrents documents administratifs officiels.... les dfinitions donnes par les textes juridiques et qui restent souvent insuffisantes voire mme ambigus Pour ce faire, notre choix sest port sur une terminologie approprie au sujet de recherche, et travers laquelle il serait plus ais de saisir entre autres choses, la signification des diffrentes formes architecturales et des ensembles urbains dans toute leur complexit, ainsi que les actions entreprendre pour une meilleure prise en charge de ces derniers. Dans ce sens, et entre autre tche, il conviendrait de rtablir une distinction claire et nette entre les diffrentes oprations, telles que la rnovation, la restauration, la rhabilitation, pour ne citer que celles-ci, et de replacer le concept de conservation dans un contexte thoriques plus large 1. CONCEPTS DE LA CONSERVATION A - La conservation Quest-ce que la conservation ? Selon L. Bnvolo (1) : Conserver un centre historique signifie avant tout, protger ou reconstruire un rapport stable entre population et cadre physique qui est sa caractristique primaire.

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La doctrine italienne de la conservation intgre, propose par L.Bnvolo peut tre rsume en quatre (04) points : 1 Analyse scientifique du patrimoine existant pour ladapter aux besoins des habitants. 2 Limitation des nouvelles expansions. 3 Interventions publiques et conventionnes avec le secteur priv, comme garantie dun juste loyer. 4 Rutilisation des palais abandonns et des couvents ferms. La sauvegarde ? Selon le principe de sauvegarde de lUN.E.S.C.O. (2), par sauvegarde, on entend lidentification, la protection, la conservation, la restauration, la rhabilitation, lentretien et la revalorisation de lensemble historique et de son environnement. Chaque ensemble historique ou traditionnel et son environnement devraient tre considrs dans leurs globalit comme un tout cohrent dont lquilibre et le caractre spcifique dpendant de la synthse des lments qui le composent et qui comprennent les activits humaines ainsi que les btiments, la structure spatiale et les zones denvironnement. La prservation : Terme synonyme de sauvegarde, dfinit comme action globale consistant assurer la protection du patrimoine architectural et naturel contre laction destructrice des hommes, par une lgislation approprie, et sa conservation dans le temps laide de techniques dentretien, de consolidation et de restauration (3). Gense du concept de conservation. En ralit, ce fut en Europe quune prise de conscience de lintrt des monuments, sest manifeste tout au dbut du 19 sicle (4). A cet effet, peuvent tre cits des exemples, tels que : - la France, o suite aux dgradations des poques de rvolution, il y a eut une tentative dorganisation de la conservation des monuments en 1793. Puis la cration du service des monuments historiques par le roi Louis Philip, en 1830.

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- Le Danemark, qui ds 1807 institua une intervention mthodique de ltat par la cration dune commission royale pour la conservation des antiquits Ainsi donc, sest dvelopp trs tt en Europe, la notion de monument historique. Mais il aura fallut attendre le dbut du 20 sicle pour voir une lgislation prcise sur la protection des difices historiques. Cette dernire, qui pour parer au plus urgent, ne sintressa en premier lieu quaux monuments importants sans pour autant sintress leurs abords. Il a en effet t prvu leur classement ainsi que leur protection lgale mais pas leur cadre bti ou naturel. A partir de 1925 se dveloppa la notion de site paysager (gnralement site naturel). Puis, peu peu dans le but de contrler lvolution dun difice ancien, on en arriva la protection densembles, mais seulement en tant quaccompagnement dun monument class et non pas en raison de leur valeur propre. Ce nest quaprs la seconde guerre mondiale et suite aux destructions massives, que la protection des sites slargit aux ensembles entiers, aux villages, aux paysages qui les entourent. Vers cette priode, un dbut de lgislation de sauvegarde des ensembles historiques commena effectivement tre labore, soutenue par une opinion publique de plus en plus sensibilise et des associations de plus en plus influentes. Ainsi, de la conservation du monument isol, on en est venu la conservation de tout un ensemble. Conservation has not to do with the major monuments, but also with the range of buildings that give identity to many styles of architecture []. Very often, it is the grouping of such buildings that gives caracter to an area, rather than one individual masterpiece of design. (5) B. Les oprations Les oprations dinterventions sur le tissu existant comprenant des actions de rnovation, de restructuration, de rhabilitation et de restauration, ont t dfinies par la lgislation Algrienne dans son article 2 (6).

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1. La rhabilitation Selon le dictionnaire de lurbanisme et de lamnagement (7), la rhabilitation est un ensemble de travaux visant transformer un local, un immeuble ou un quartier en lui rendant des caractristiques qui les rendent propres au logement dun mnage dans des conditions satisfaisantes de confort et dhabitabilit, tout en assurant de faon durable la remise en tat du gros uvre et en conservant les caractristiques architecturales majeures des btiments. Cette opration est considre comme une amlioration de lhabitat, mais en ralit cest une opration plus pousse. Elle peut en fait comporter la restructuration interne dun logement, voire mme la division dun immeuble en appartements pour adapter des exigences de taille ; en particulier, linstallation dun ascenseur, la rfection des toitures, le ravalement et la consolidation des faadesetc. Elle suppose un respect du caractre architectural du btiment, elle soppose la restauration qui implique un retour ltat initial, au moins des faades et toitures. Elle consiste modifier un immeuble ou groupe dimmeubles ou dquipement en vue de leur donner les commodits essentielles et ncessaires aux besoins de base des locataires ou dutilisateurs (alimentation en eau, lectricit, sanitaires). Ce type dopration peut conduire une redistribution interne des locaux, le souci majeur tant lamlioration des conditions dhabitat (8). Par extension, une telle opration concerne aussi, lenvironnement immdiat des constructions par lamlioration des infrastructures, traitement des espaces ncessaires la rhabilitation de ces immeubles, mais sans remettre en cause les servitudes dinfrastructure initiales, sinon laction devient une opration de restructuration. Cest aussi, une opration qui consiste en la modification dun immeuble ou dun groupe dimmeubles ou dquipements en vue de leur donner les commodits essentielles (9). Elle peut aussi tre une opration qui consiste maintenir le ou les immeubles en place et procder un assainissement, un quipement, une mise en tat de ce ou ces immeubles. Il existe deux types de rhabilitation : rhabilitation lourde qui consiste maintenir le gros uvre et renouveler tout le reste (toiture, plancher, lectricit, sanitaires, chauffage).35

rhabilitation lgre qui est une opration correspondant en fait lexcution un moment prcis de tous les travaux dentretient qui nont pas t raliss pendant de nombreuses annes (protection du btiment contre linfiltration deau, quipement pour rpondre aux critres actuels du confort, renforcement de la scurit lectrique (10). Elle ne serait en fait quune forme allge de la restauration (11). 2. La restauration / restauration immobilire Dorigine latine, Restauratio qui dsigne : renouvellement, rfection... - cest laction de restaurer, rparer, remettre la chose en bon tat premier. - rtablir en son tat ancien ou en sa forme premire. - rparer en respectant ltat primitif, le style... (12). Le dictionnaire de lurbanisme et de lamnagement, dfini la restauration comme une opration qui consiste rendre, au moyen de techniques appropries, leurs intgrit toutes les parties layant perdue, dune uvre dart et en particulier, dun difice ou dun ensemble ddifices (13). Un terme qui semploie davantage dans le contexte des btiments historiques o la rnovation est faite lancienne. Ce type dopration se caractrise par une mise en valeur en gnral dimmeubles ou groupes dimmeubles prsentant un intrt architectural ou artistique. Elle concerne le plus souvent des immeubles immobiliers classs conformment la lgislation spcifique (ordonnance N 67/281 du 20 dcembre 1967). Elle saccompagne en gnral dune rhabilitation des immeubles (14) Cest aussi lopration intermdiaire entre la rhabilitation et la rnovation. Cest la mise en valeur dun ensemble immobilier existant, immeuble isol, lot..., prsentant un intrt historique ou architectural pouvant comporter parfois des modifications importantes de ltat des lieux. La restauration met laccent sur la sauvegarde, la restitution et la mise en valeur densembles et dlments ponctuels de grand intrt urbanistique et architectural. Ou encore, et daprs la charte de Venise dans son Art. 9 (voir chap. III) : la restauration est une opration qui doit garder un caractre exceptionnel. Elle a pour but de conserver et de36

rvler les valeurs esthtiques et historiques du monument et se fonde sur le respect de la substance ancienne et de documents authentiques. Elle sarrte l o commence lhypothse, sur le plan des reconstitutions conjecturales, tout travail de complment reconnu indispensable pour raisons esthtiques ou techniques relve de la composition architecturale et portera la marque de notre temps. La restauration sera toujours prcde et accompagne dune tude archologique et historique du monument. Alors que pour le droit de lurbanisme Franais, la restauration est une opration qui vise avant tout rgnrer les tissus anciens prsentant un intrt historique, artistique ou culturel, dans le respect de la trame existante, et de larchitecture des btiments qui doit simplement tre remise en tat(15). La restauration immobilire : Est une opration permettant la mise en valeur dimmeuble ou de groupes dimmeubles prsentant un intrt architectural ou historique, sans prjudice des dispositions contenues dans lordonnance N 67/281 du 20 dcembre 1967 (16) La restauration immobilire possde deux objectifs majeurs : a- la mise en valeur des quartiers anciens. b- la mise aux normes dhabitabilit des logements. 3. La rnovation / rnovation urbaine Dorigine latine Rnovatio dsigne laction de remettre neuf quelque chose. Amliorer en donnant une forme nouvelle, moderne, remettre neuf (17). Ces aires sont particulirement riches en tmoignages historiques et artistiques. Le dictionnaire de lurbanisme et de lamnagement (18) la dfinit comme une opration densemble qui concerne la totalit, ou lessentiel, du bti dun secteur. Elle peut tre motive par la mauvaise qualit des btiments. par leur inadaptation. par leur insuffisante occupation au sol, ou par leur inadaptation la circulation automobile.

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Laction de rnovation saccompagne de celle de la restauration qui elle, met laccent sur la sauvegarde, la restitution et la mise en valeur densembles et dlments ponctuels de grand intrt urbanistique. Est une opration physique qui ne doit pas changer le caractre principal du quartier. Elle est relative une intervention profonde sur le tissu urbain. Elle peut comporter la destruction dimmeubles vtustes et la construction sur le mme site dimmeubles normaux de mme nature (19). Quant au droit de lurbanisme Franais, il la dfini comme une opration ayant pour objet de restituer aux anciens centres urbains dgrads par le manque dentretien ou les constructions Daprs le dcret n 83/684 du 26 novembre 1983 : Article 2 : La rnovation urbaine : Est une opration physique qui sans modifier le caractre principal dun quartier, constitue une intervention profonde sur le tissu urbain existant pouvant comporter : o La destruction dimmeubles vtustes. o La reconstruction sur le mme site dimmeubles de mme nature. Cest lensemble des dispositions et des actions administratives, juridiques, financires, techniques arrtes en vue de raliser la remise en tat, la requalification et le ramnagement du cadre bti spatial dune zone ancienne ou dune zone dgrade sans modifications majeures du caractre de lespace social et du tissu et de la qualit architecturale de lenvironnement. La rnovation restauration met laccent sur la sauvegarde et la mise en valeur de laspect spatial physique dune aire urbaine particulirement riche en tmoignages historiques, culturels et architecturaux (20). Linstruction gnrale du 08/11/1959 dfinit la rnovation urbaine comme suit : La rnovation urbaine na pas seulement pour objet de reloger dans les immeubles sains, les familles qui dprissent physiquement ou moralement dans des taudis.

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Elle ambitionne aussi de restituer au centre-ville lorsquils ont t dgrads par un manque dentretien, et par des constructions dsordonnes une structure et une architecture dsignes de notre temps. La rnovation urbaine est aussi un terme gnrique dsignant toute opration dadaptation du bti aux normes contemporaines, allant de la dmolition systmatique (rnovation bulldozer) la prise en compte des habitants et de lhabitat (rnovation douce) (21). Alors que le droit de lurbanisme Franais, la dfini comme opration ayant pour objet de restituer aux anciens centres urbains dgrads par le manque dentretien ou les constructions anarchiques, une structure et une architecture compatible avec les exigences de lhygine et de lesthtique (22). La rnovation-restauration quant elle, met laccent sur la sauvegarde et la mise en valeur de lespace spatial et physique dune aire urbaine particulirement riche en tmoignages historiques, culturels et architecturaux (23). 4. La restructuration / restructuration urbaine Il sagit dune opration plus large que la prcdente dans la mesure o elle est relative une intervention sur les voiries et rseaux divers et limplantation de nouveaux quipements. Cette opration peut comporter une destruction partielle dlots ainsi que la modification des caractristiques du quartier, notamment, par des transferts dactivit et de raffectation des btiments (24). Elle reprsente lensemble des dispositions et des actions (soit des actions administratives ou techniques), pour intervenir dans certaines parties de la ville existante figurant normalement dans un instrument de planification physique. La politique de restructuration se doit de rpondre aux exigences de rcupration et de meilleure utilisation de lespace urbain bases sur les changements qui se manifestent au niveau des activits conomiques et du comportement social... 2 Cest la rorganisation dun ensemble urbain envisage dans lamnagement et les dispositions de ses positions.

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3 Une opration durbanisme portant sur linfrastructure et sur les quipements qui constituent lossature mme de lagglomration en cause et qui est susceptible den modifier profondment la structure. 4 Cest lensemble des dispositions et des actions qui sont finalises afin de transformer un espace urbain en lui donnant une organisation diffrente des fonctions urbaines prexistantes ou en les remplaant partiellement ou totalement par des fonctions tout fait nouvelles. Cette organisation peut se traduire par une variation de populations et de densits par lapplication dune normative et dune consommation du sol diffrentes. Il sagirait l entre autre, dindiquer et de justifier travers quels outils de connaissance et dinvestigation on peut parvenir dterminer ; dune part le type damnagement appropri la situation tudie et dfinir la politique dintervention correspondante ses objectifs, ses moyens et ses structures daction, et dautre part, tre en mesure de prciser et dlaborer les solutions physiques et spatiales envisages (25). 5 Lensemble des dispositions et des actions arrtes pour transformer un espace urbain dans ses composantes a-spatiales et spatiales, cest--dire pour donner une organisation diffrentes aux fonctions urbaines existantes ou en introduisant des fonctions nouvelles. Cet espace urbain est matrialis dans une structure nouvelle de distribution et dagencement des divers composants prvus pour laire urbaine dintervention (26). La restructuration urbaine : Est une opration qui consiste en une intervention sur les voiries et rseaux divers et en une implantation de nouveaux quipements (27). Elle peut comporter : o Une destruction partielle dlots, o Une modification des caractristiques du quartier par des transferts dactivits de toute nature, o La dsaffectation des btiments en vue dune autre utilisation. Une politique de restructuration urbaine se devrait de rpondre aux exigences de rcupration et de meilleures utilisations de lespace urbain. Objectif qui peut tre poursuivi 40

travers la redfinition du cadre bti spatial et de sa configuration, la redistribution des densits de population, demplois, des services, eu gard des changements qui se manifestent au plan des activits conomiques, du comportement social et des interrelations intervenant dans lespace urbain existant et entre celui-ci et lurbanisation nouvelle. 5. Lamnagement urbain Lamnagement urbain, de manire gnrale, recouvre lventail des interventions

couramment pratiques dans lespace socio physique urbain pour amliorer son organisation, son fonctionnement et son dveloppement : la rhabilitation, la rnovation, la restructuration et lextension urbaine. La notion damnagement urbain garde une signification suffisamment large pour comprendre toutes les actions qui sont ncessaires une politique urbaine qui veuille faire demeurer la ville un organisme vivant et unitaire o lancien et le nouveau puissent coexister harmonieusement et dynamiquement des niveaux compatibles de qualit (28). 6. La rorganisation urbaine Daprs A.Zucchelli (29), cest lensemble dopration et de dispositions envisages court terme pour un territoire urbain et visant amliorer les conditions dorganisation, dutilisation et de fonctionnement de lespace socio-physique urbain existant et ce au niveau de lhabitat, des infrastructures, des activits et des quipements. Les actions de nature socio-spatiale peuvent comporter des dmolitions et des constructions, des amnagements de terrains, des rectifications de voirie, etc. ; les actions de nature a-spatiales revtent un caractre politico administratif et de gestion et peuvent rglementer diversement les conditions de droulement des activits et des changes et les modes dutilisation de lespace et du cadre bti. 2. NOTIONS DE PATRIMOINE A. Le patrimoine Quest-ce que le Patrimoine :1.

Bien qui vient du pre et de la mre. Bien commun dune collectivit, dun groupe

humain, considr comme un hritage transmis par les anctres.41

2.

Hritage du pass, qui a besoin dtre vcu (30).

Le patrimoine, daprs lencyclopdie (31), est li lhritage qui est linstrument lgal, institutionnel, ou mieux, le vhicule social des donnes en question : biens, terres, constructions, objets. Mais les espces patrimoniales sont moins une proprit quune possession, et une possession qui prcde et suit le dtenteur actuel. Do la possibilit de reports de lindividuel au familial (intervention du droit danesse, actions de sauvetage...), du national linternational (quand lU.N.E.S.C.O. intervient pour aider Venise par exemple). La notion de patrimoine est donc facile dplacer. Elle associe en effet une certaine valeur de caractre traditionnel son objet. Au cur de cette catgorie apparat la notion anthropologique de sacrifice. Le patrimoine est ce dont la prservation demande des sacrifices, ce dont la perte signifie un sacrifice. Un exemple socio-historique permet peut-tre daller plus loin : les Romains de lpoque classique conservaient pieusement sur le Germale (une des cimes du Palatin) une cabane de chaume quils appelaient cabane de Romulus . Des fouilles menes en 1948 ont retrouv des vestiges de cet habitat. Larchologie a donc rejoint et confirm une affirmation traditionnelle. La vieille cabane tait le symbole patrimonial type : elle reprsentait tout un ge, les usages dun pass lointain, sans la connaissance duquel la grandeur de Rome ne pouvait tre perue. La vue de cette architecture nave, primitive, remplissait la conscience, et dautant plus fortement que, comme les historiens lont remarqu, les cendres des morts taient places dans des rcipients dargile qui figuraient des huttes. On pourrait donc penser que, dun point de vue gntique, le premier lment du patrimoine sidentifie une fondation, associe une pratique funraire. Cest la racine mme du phnomne : la perptuation de ce qui fournit un encadrement la vie humaine, grce un symbole dorigine et un rite des morts. La notion, dans sa profondeur, ne parat pas pouvoir tre dissocie de ces relations lmentaires. Une rflexion srieuse demanderait quon recherche si, dans la conscience des individus attachs une terre ancestrale, des provinciaux sensibles leur originalit et ses manifestations, des nationaux ragissant aux menaces qui psent sur un difice cher entre tous, il ny a pas, troitement associe la notion de ce bien qui nous dpasse, celle dun modle de vie quil symbolise. Mais la rponse ne sera pas simple. Dans toute civilisation, il existe un principe inverse, une force centrifuge qui peut se manifester par une vasion hors des frontires ou par une dilapidation des objets les plus chers. Il vaudrait la peine dentreprendre une description42

typique de la destruction et de ses ressorts. Par intrt, on dsorganise un domaine, on vend un tableau. Par aversion, on abolit un vieux quartier, que remplacera une structure moderne . Le mpris et lignorance sont ici des phnomnes si peu anodins quils sont constamment entretenus par dautres proccupations. Et puis, lusure, le dplacement sont la loi de tous les biens. Par dfinition, le patrimoine comporte une perte, un affaiblissement constant. Sans les altrations et les menaces, une prise de conscience srieuse na pas lieu, tant la persistance des liens culturels est naturellement goste. Les ressorts de lvolution, qui a suscit lextension croissante de la notion de patrimoine, sont divers et peut-tre contradictoires. Ds 1980, JeanPierre Babelon et Andr Chastel ont propos de distinguer cinq facteurs historiques du phnomne : o le fait monarchique, o le fait religieux, o le fait national, o le fait administratif, o le fait scientifique (Revue de lart, no 49). Au dpart, il y a des reliques, larrive, un savoir archologique et ethnologique. Les rflexes ancestraux et les proccupations modernes se heurtent ; sacralis ou lacis, le culte du patrimoine suscite des passions et des rejets ; il doit finalement tre repens chaque gnration. La notion de patrimoine sest donc transforme, elle recouvre pour nous lensemble des facteurs, situations, objets, qui donnent un visage au lieu : ralisations de larchitecture ou du site, de la cristallisation urbaine ou de la sculpture, et nous devons les considrer comme autant duvres dart. Tel est bien le sens du problme pos par la notion mme de patrimoine : une interrogation permanente, puisquil nous faut savoir ce quexige la prservation, ce que signifie la ruine de cette entit qui exprime le poids de lhistorique dans notre prsent. Le Patrimoine Architectural ? La fin du XIXe sicle a vu slargir la notion de protection du patrimoine historique et culturel. En effet, la charte de Venise de 1964 a lutt contre lide de protection de (Monuments/Objets).43

Ces derniers nont de valeur que sils sont placs dans un contexte plus large, cest dire, quon considre non seulement les monuments, mais galement tout lenvironnement entre autres, lhabitat et les communes rurales ainsi que les structures anciennes de lamnagement traditionnel du territoire. a Suivant la charte dAthnes Le IVme Congrs International dArchitecture Moderne appel plus tard Charte dAthnes a pris certaines rsolutions notamment sur les quartiers historiques rglementant la protection, non seulement des monuments, mais aussi des ensembles urbains. Les monuments historiques (monuments uniques ou ensembles urbains) doivent tre respects, notamment : Sils sont lexpression pure dune culture antrieure et sils rpondent un intrt gnral. Si leur conservation nentrane pas le sacrifice des populations devant y habiter dans des conditions malsaines. Sil est possible de remdier leur prsence prjudiciable au dveloppement de la ville, par le dtournement de la circulation ou par un dplacement du centre vital de la ville. Par contre, lors du 1e Congrs International des Architectes et des techniciens des monuments historiques runis Athnes en 1931, les conservateurs ne demandaient protection que pour les monuments de valeur historique ou artistique particulire. b La charte de Venise Les principes de la Charte dAthnes ont t rexamins et approfondis lors du 2me Congrs International des Architectes et des techniciens des monuments historiques, runis Venise du 25 au 31 Mai 1964. Dans le nouveau document obtenu, on dfinit dans larticle premier, la notion de monument historique comme comprenant La cration architecturale isole aussi bien que le site urbain ou rural, qui porte un tmoignage dune civilisation particulire, dune volution significative ou dun vnement historique.

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Elle stend non seulement aux grandes crations mais aussi aux oeuvres modestes qui ont acquis avec le temps une signification culturelle. c LUNESCO Par contre, lors de la confrence gnrale des Nations Unies pour lducation, la science et la culture, runit Paris du 17 octobre au 21 novembre 1972, en sa dix septime session, dfinit le Patrimoine Culturel comme tant : Les monuments : oeuvres architecturales, de sculpture ou de peinture monumentale, lments ou structures de caractre archologique, inscriptions, grottes et groupes dlments qui ont une valeur universelle exceptionnelle du point de vue de lhistoire, de lart ou de la science. Les ensembles : groupes de constructions, isoles ou runies qui en raison de leur architecture, de leur unit, ou de leur intgration dans le paysage, ont une valeur universelle exceptionnelle du point de vue de lhistoire, de lart ou de la science. Les sites : uvres de lhomme ou uvres conjugues de lhomme et de la nature ainsi que les zone y compris les sites archologiques qui ont une valeur universelle exceptionnelle du point de vue historique, esthtique, ethnologique ou anthropologique. B. Le monument Quest-ce quun monument : Ouvrage darchitecture ou de sculpture destin perptuer le souvenir dun personnage ou dun vnement. Edifice remarquable par sa beaut ou son anciennet. uvre importante digne de durer. Ouvrage darchitecture ou sculpture destin perptuer le souvenir dun vnement (32). Daprs lencyclopdie (33), cest un difice remarquable par sa beaut ou son anciennet. uvre importante digne de durer uvre cre de la main de lhomme et difie dans le but prcis de conserver toujours prsent et vivant dans la conscience des gnrations futures le souvenir de telle action ou telle destine : cette dfinition du monument historique45

dAlos Riegl, lauteur du Culte moderne des monuments, souligne quun monument est une construction et non pas un lment naturel. Le monument historique combine donc lintemporalit du support avec luniversalit et lhistoricit du message, diffrent du patrimoine national par deux traits spcifiques : o par sa rfrence privilgie lhistoire humaine, qui carte les phnomnes naturels, o par sa monumentalit qui exclut le ftiche ou la relique au profit dobjets plus visibles conformment dailleurs au premier sens du latin monre, avertir . Des conceptions tout la fois esthtiques et thiques font de cette notion un enjeu toujours problmatique. Si la construction de monuments commmoratifs remonte des temps reculs, leur perception comme monuments historiques, autrement dit comme investis dune valeur de remmoration, napparat gure avant la Renaissance, lorsque commena se manifester, en Italie, le souci de conserver les uvres de lAntiquit. Mais cest par la volont de conservation des uvres de lAncien Rgime, menaces par le vandalisme rvolutionnaire dnonc par labb Grgoire dans son Rapport (1794), que la notion prend forme et quune sensibilisation progressive la cause des monuments historiques apparat (Considrations morales sur la destruction des uvres dart, notamment travers les crits de : Quincy, 1815, (dans Quatremre), ou encore ceux de Victor Hugo, 1825, dans Guerre aux dmolisseurs). En 1830, un poste dinspecteur gnral des monuments historiques est cr en France, qui fut confi Ludovic Vitet, puis Prosper Mrime et en 1837 une Commission des monuments historiques. Or le souci de conservation implique diffrentes missions : il faut inventorier les objets protger, ensuite les restaurer et pour certains dentre eux les conserver dans des muses, ( lexemple du muse du patrimoine en France). La notion de monument historique fut soumise une continuelle extension. Chronologique dabord : des uvres de lAntiquit on est pass celles du Moyen ge, rhabilites sous limpulsion de Viollet-le-Duc, puis aux productions des priodes moderne et contemporaine. Mais lextension du concept touche galement au principe de dlimitation de lobjet, lorsquon passe de 1unicum la srie, lensemble ou mme au contexte, dans lesquels la valeur nat non plus de lunicit mais de la rptition ou de laccumulation des lments. Enfin la protection sest peu peu tendue des objets appartenant aux domaines de lindustrie, des transports, du commerce. Larchologie et lhistoire de lart ont fait peu peu une place lhistoire du folklore puis lethnologie. Ce nouveau patrimoine est le dernier tmoignage en date de cette46

constante extension de la notion de monument historique. Le pouvoir de dfinition appartient en dernire instance ladministration comptente ainsi quaux instances internationales telles que lICOMOS (Conseil international des monuments et sites) C Monument historique ? Cest la Charte de Venise qui a approfondie la notion de monuments historiques. Il sagit en fait de toute cration architecturale, isole ou groupe, qui porte tmoignage dune civilisation particulire, dune volution significative ou dun vnement historique . Dans le terme toute cration , nous verrons aussi bien les grandes crations que les uvres modestes qui ont acquis avec le temps, une signification culturelle. Dfinition qui dautre part sadapte parfaitement au contexte des mdinas algriennes et en particulier celui de ville de Constantine. D Monument vivant ? Dune manire gnrale, le monument vivant, peut tre dfini comme suit (daprs) : a) Charles Buls : Il ny a pas ncessairement conflit entre le respect des formes archologiques et les exigences de lusage (34). b) L. Cloquet : celui-ci a une vie actuelle et doit saccaparer son usage, sauf le respect d sa beaut, il faut quil dure, mais il faut aussi quil serve (35) E Monument mort ? Il y a des monuments qui sont morts, en ce sens quils appartiennent en quelque sorte au pass, quils ne peuvent plus prtendre subsister que comme des souvenirs dpoques teintes comme purs documents dart. Tels sont les exemples, les temples de lantique Egypte et de la Grce, les ruines de Pompey et les amphithtres romains, qui appartiennent des civilisations disparues et jamais plus ne seront rendus leur usage origine. F Ensemble historique ? Cest en ralit, tout groupement de constructions constituant une agglomration qui, par son homognit comme par son unit architecturale et esthtique, prsente par elle-mme un intrt historique, archologique ou artistique (36).

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G Ville historique ? Une ville historique est le reflet des collectivits humaines qui ont vcu dans ce milieu, faonn et perfectionn par la main des hommes, et qui y ont laiss des traces matrielles de leurs habitudes. Les villes qui ont pu survivre, en tout ou en partie, avec ce caractre dans leur unit denvironnement, sont des villes de type historique. 3. TERMINOLOGIE SPECIFIQUE A Espace central Dans une dfinition gnrale de A. Zucchelli (37), le terme centre ou espace central identifie un lieu la fois lment de rfrence spatiale et visuelle et point privilgi des changes entre individus. Ce lieu dusage minemment collectif, se diffrencie de lenvironnement par la nature des activits qui sy droulent et par la configuration du bti et de lespace ; ces deux lments agissant avec un pouvoir en plus de la satisfaction constant sur la psychologie des individus B Centre ville Toujours daprs A. Zucchelli (38), le centre ville est lespace central par excellence, parfois concidant avec le centre gomtrique de la ville dont il peut constituer aussi la partie la plus ancienne et le noyau formateur de sa structure et de sa morphologie. Du point de vue de son rle et de sa signification, la centre ville est en mme temps : le point focal du rle politique et social exerc par les pouvoirs publiques sur la vie des citoyens ; le point condensateur et propulseur des changes sociaux, conomiques et culturels ; le point de loffre slective de biens et des services rares et de qualit suprieur ; le point de cumulation et de reprsentation des contenus idologiques et symboliques (prsents et passs) dune classe, dune socit, dune civilisation et ce exprim par la configuration spatiale ou, autrement dit, par larchitecture des lieux construits. Du point de vue de ces composantes physiques et spatiales, le centre ville peut tre dfini comme : un ensemble dquipements de nature diverses et en nombre variable, selon limportance48

de la population et lentreprise de la ville, intgr souvent dhabitations, desservi par un systme daxes routiers, de places, despaces verts daccompagnement et distribu sur une surface aux limites plus ou moins marques. C Centre urbain Cest lensemble des quipements socio-cuturels, de loisirs, administratifs, commerciaux frquentation non quotidienne, ainsi la production et la population La configuration physique et spatiale du centre urbain est caractrise par une forte concentration des activits et du bti et par une densit importante dinfrastructures de transport et de communication (39). D. Mdina Daprs lencyclopdie (40), serait de larabe Madina , la ville, ce terme a t adopt par les socits occidentales pour dsigner les villes arabes anciennes et la spcificit de leurs structures spatiales Lespace de la mdina peut tre caractris par la structure de lenclos qui rend compte aussi bien de lorganisation de la ville globale que de celle de la mosque ou de la maison dhabitation. Il peut galement tre dfini par lopposition entre ses rues marchandes (souks), objets urbains autonomes, dessinant des axes continus et les rues sinueuses en impasses de ses quartiers dhabitation. Aujourdhui, la mdina se trouve la fois revendiques et valorises comme symbole dune spcificit culturelle, et menace de lintrieur, sous limpacte dun double processus. Dune part, progressivement dserte par ses anciennes couches urbaines, au profit de priphries amnages loccidentale, elle est envahie par lafflux de nouvelles populations rurales. Dautre part, sous couvert de modernisation et dassainissement, les programmes dtat et la spculation dtruisent, ventrent et dnaturent danciennes mdinas que les instances de conservation, nationales et internationales, souhaiteraient prserver dans leur intgrit. E. Casbah De larabe (el Kassaba), dsigna lorigine, dans loccident musulman, le cur dun pays ou dune ville. Il survit jusqu nos jours en Espagne sous la forme Alcazaba et au49

Portugal sous celle dAlcaova et rentre dans la composition dun grand nombre de toponymies. Le mot a t francis depuis prs dun sicle et demi sous la forme casbah gnralement accepte par les dictionnaires. Trs tt, il est utilis pour un chteau fortifi , rsidence dun pouvoir au centre dune rgion ou dune cit. La casbah est dabords une citadelle relie lenceinte dune ville fortifie, dont elle reste suffisamment indpendante pour constituer un rduit de dfense capable de poursuivre la rsistance ou pour servir au gouvernement, qui, le plus souvent, au moyen ge sigera la citadelle Un dernier stade de cette volution est reprsent par lpoque coloniale quand ce terme dsigna lensemble de la ville autochtone par opposition celle des europens, notamment Alger. Au Xme sicle, daprs le gographe Al-Muqadassi, la casbah dsigne le centre administratif de nimporte quelle entit administrative ou gographique. Le terme se rfre une fonction gnrale et non une situation prcise note Andr Miquel. Quelquefois, la position de la casbah se confond avec celle dun tablissement militaire plus ancien ; souvent elle domine la ville ou la plaine du haut dune position leve ; elle peut aussi sappuyer sur un cours deau, une falaise, ou un front de mer. En Espagne musulmane, le terme dsigne, dans une agglomration urbaine, lemplacement des organes dadministration. Une porte unique coude simple ou double relie la casbah la ville quelle dfend ou dont elle sisole Il existe souvent une poterne qui permet de communiquer directement avec la campagne et de recevoir ainsi ravitaillement et renforts. Tel est le type des casbahs que les califes de Cordoue levrent dans la pninsule ibrique et de celles que les Almoravides difirent au Maghreb et notamment Marrakech pour dfendre leur empire. A partir du XIIIme sicle sous les Mrinides de Fs, les Abdalwadides de Tlemcen et des Hafsides de Tunis, le sens slargit, les arabes insistent sur lquivalence de la casbah (Kasaba) avec Qala orientale. Le terme sapplique un ensemble fortifi de caractre urbain qui comprend lintrieur de sa muraille, le palais du souverain ou de son reprsentant, les demeures des proches et des clients, ainsi que des mosques, des bains, la caserne des gardes du corps, les services du trsor, des magasins et un march, sans oublier la prison. A lintrieur de cet ensemble, un vaste espace tait rserv laccueil de la population lors des crmonies et des ftes ; il servait aussi aux exercices questres du prince et de son entourage.

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A partir du XVIme sicle, le mot dsigne aussi les petites forteresses qui sont construites travers le pays pour assurer la scurit sur le territoire chrifien. Selon les matriaux de construction dont dispose la rgion o elle est implante, la casbah est en pierres de taille, en moellons ou en pis. Lorsque les murs sont en pis, ils sont flanqus de saillants la plupart du temps rectangulaire ou carrs. En plaine, le plan est gnralement un quadrilatre assez rgulier, tandis quen montagne il pouse les possibilits de dfense offertes par le relief. F. Ksar / Qasr Inspir du Castellum romain ou byzantin et construit en plaine, le qasr se prsente comme une forteresse de plan carr dont les cts varient de soixante soixante-quinze mtres et dont les angles sont renforcs par de puissantes tours de flanquement intermdiaire. Lentre se fait par une porte monumentale que protgent deux lments saillants. A lintrieur, des logements de plusieurs pices sordonnent, sur deux tages, autour dune vaste cour carre. Au rez-de-chausse. Une grande salle de rception, un petit bain et une mosque. Ces palais sont dcors de fresques et de stuc sculpt. Le terme Qasr a connu une volution semblable au mot chteau : dsignant dabords un ouvrage fortifi, il sapplique ensuite aux rsidences situes hors des murs. En Espagne, le mot qasr se trouve dans la toponymie sous la forme dAlcazar pour dsigner un ouvrage fortifi. En pays berbre, sous la forme Ksar ou le pluriel Ksour, il dsigne un village entour dune muraille. 4. TERMILOGIE GENERALE A Culture et Symbolique Le symbolique est dfinit par lencyclopdie (41) comme signifiant culturellement du moment quon ltudie comme une combinaison spcifique dlments transhistoriques. La recherche qui a pour objet les pratiques symboliques dun groupe social quel quil soit, devient opratoire lorsquelle parvient redonner des instruments conceptuels rendant intelligibles la combinaison et lorganisation des pratiques symboliques dans leurs rapports avec des questions mettant en jeu lensemble de la socit, comme la structure de classes dans les socits de type industriel. Questionner le symbolique, consiste donc linterroger dune part sous langle de la fonctionnalit : quoi sert tel trait culturel dans les rapports de51

force ?, et ainsi est rendu visible ce qui, dans le symbolique, est intelligible en tant quidologie, dautre part, sous langle de la cohrence et de la systmaticit de lunivers social. En effet, sauf si lon tudie les priodes de crise aigu que peut traverser une socit, il est possible de rendre cohrent, comme culture, un quilibre provisoire entre les rapports de forces idologiques. Cet quilibre provisoire ayant lui-mme une force culturelle qui possde sa propre autonomie, produit des effets spcifiques que lon ne peut rapporter automatiquement ni lidologie dominante, ni lidologie domine. On peut ainsi reprer et rendre intelligible un trait culturel des classes populaires vis--vis de lducation. B. Civilisation Le mot civilisation est employ en des sens trs varis et souvent fort imprcis. Dune manire gnrale, on peut classer sous trois rubriques les significations qui lui sont attribues explicitement ou implicitement. 1- Premirement, dans le langage le plus courant, le terme de civilisation est associ un jugement de valeur et qualifie favorablement les socits propos desquelles on lemploi. Il suppose alors quil y ait, inversement, des peuples non civiliss ou sauvages. Le verbe civiliser en est la preuve, et de ce verbe, drive aussi un sens particulier du substantif qui dsigne alors laction de civiliser. 2- La civilisation est, en deuxime lieu, un certain aspect de la vie sociale. Il y a des manifestations de lexistence collective qui peuvent tre appeles phnomnes de civilisation ou qui, si elles se concrtisent dans des institutions et des productions, sont nommes uvres de civilisation, alors que certaines autres ne mritent videmment pas dentrer dans cette catgorie. 3- Enfin, le mot civilisation sapplique un ensemble de peuples ou de socits. Ainsi, ct de la civilisation qui est un degr lev dvolution ou un ensemble de traits caractristiques, il y a les diverses civilisations qui possdent ces caractres et en tirent une personnalit propre qui leur donne une place dtermine dans lhistoire ou dans lensemble des populations un moment donn. Cette troisime signification du mot est donc lie lune ou lautre des deux premires et en est lobjectivation, ou si lon prfre, cest elle qui rend le concept opratoire dans lanalyse de la ralit sociale. Il faudrait donc ou bien faire un choix entre les deux premiers sens ou bien les concilier,52

en tout cas les prciser. Cela suppose dabord quon sentende sur le contexte dans lequel on emploie le mot et quon prcise les rapports entre civilisation et culture. Car il est facile de voir que, dans tous ses sens, la civilisation apparat comme un type particulier de culture, ou comme un aspect de celle-ci. Les deux notions mesurent plus ou moins un cart entre la nature et lacquis social. Il faut pourtant les distinguer lune de lautre. Cela suppose quaprs avoir situ la civilisation dans le champ culturel on prcise dans la mesure du possible les critres auxquels on la reconnat, soit en tant qutape volutive, soit comme aspect de la vie sociale. Cest cette tche que, dans diverses branches des sciences sociales, on sest appliqu avec plus ou moins de succs et de manire plus ou moins cohrente. Le contexte culturel Lhistoire du mot civilisation montre que, tout dabord, conformment dailleurs ltymologie, il a dsign ce qui pouvait sparer les peuples les plus volus des autres. La civilisation est en somme, la caractristique de ceux qui emploient ce mot, qui en ont la conception. Il a donc tout naturellement t employ dans un contexte colonialiste, voire imprialiste, pour dsigner la culture europenne, occidentale, comme tant suprieure aux autres, dune manire absolue. Mais, ds ce moment, il ntait pas clair que la civilisation ft un certain type de culture ou bien la culture vritable. Il faut en outre, signaler que ces divers vocables peuvent tre employs dans un sens purement sociologique, ou bien dans une perspective plutt psychologique ou

psychosociologique. Ainsi, on peut parler dun homme cultiv ou civilis, ce qui indique videmment quil a t form, duqu par la socit, mais en mme temps nous rappelle que cette dernire est une ralit vcue par les individus. Mais, plus encore que la psychologie et la sociologie, lanthropologie a conduit diverses tentatives dont lobjet tait daffranchir la notion de civilisation de tout jugement de valeur. Il faut reconnatre que sur ce point, elle ny est pas parvenue aussi aisment quen ce qui concerne la culture. Car il est assez facile de faire admettre que tout peuple a sa culture propre, celle-ci constituant en somme tout ce que lducation, quelle quelle soit, transmet aux individus. Mais, moins didentifier purement et simplement culture et civilisation, on est plus embarrass pour appliquer ce dernier terme toute espce de socit. Cependant, cest vers cet usage que tendent les anthropologues, ce qui les conduit dcouper au sein du systme culturel, ou bien ct de lui, un domaine de la vie sociale et de sa projection sur les individus qui prsente des caractristiques particulires. De ce point de vue, on peut dire, avec Lucien Febvre, quil existe deux notions de civilisation,53

lune pragmatique qui est discriminatoire, et lautre scientifique, selon laquelle tout groupe humain a sa civilisation. Or il est clair que la diffrence entre ces deux utilisations dun mme mot tient un changement de perspective. Dans un cas, on se place dans une situation comparative, gocentrique, et aussi dans une perspective volutionniste : le degr de civilisation ou non-civilisation suppose que la socit dont on parle est place un certain niveau dans le cours dune volution linaire. Il y a donc l un sens dynamique du mot, celuici se rfrant alors au dveloppement progressif des fonctions sociales. Critres volutifs Lorsquon fait de la civilisation la marque dun certain degr du progrs de lhumanit, il faut pouvoir dire quoi lon reconnat quun peuple ou une socit est rang parmi les civiliss ou les non civiliss. Cette dmarche nest pas seulement linverse de celle qui consiste dfinir les socits ou la mentalit archaque. En effet, suivant les critres que lon cite, il peut se faire que certains peuples soient la fois archaques et civiliss, ou bien encore inversement, on peut estimer quil y a un hiatus dans le processus volutif entre larchasme pur et la civilisation proprement dite. Il faut donc partir de la civilisation elle-mme et non de son oppos pour en reprer les traits distinctifs. Trs souvent, les sociologues et les anthropologues ont cherch les ramener un seul, en estimant que le fait datteindre un certain niveau dans un domaine bien dtermin de la vie sociale suffit assurer laccs la vie civilise sous toutes ses formes. Autrement dit, la recherche du critre se ramne souvent ici celle du phnomne le plus significatif du progrs social. Et, pour tre opratoire, il importe quil soit relativement facile observer et quil permette lapprciation de sa gradation, sinon quantitativement, du moins qualitativement. Ce type de critre a permis quelques anthropologues de tenter une conciliation entre lobjectivit scientifique excluant tout jugement de valeur et la perspective volutive. Ainsi, pour Beals et Hoijer, il ny a pas entre les cultures civilises et les cultures non civilises de diffrence qualitative qui soit susceptible dentraner une apprciation ncessairement laudative des premires, mais simplement une diffrence quantitative dans leur contenu et la complexit de leur structure. Il nen reste pas moins difficile de dire partir de quel degr de diversification une socit peut tre dite civilise. La dlimitation dans une srie volutive continue reste arbitraire. Aussi bien a-t-on cherch un lment morphologique qui, au lieu dtre seulement plus54

dvelopp ici et moins l, soit prsent un stade, absent un autre. Et de ce point de vue, le critre le plus souvent utilis est celui de lurbanisation. Particulirement accentue par Gordon Childe, lassimilation de la vie civilise lavnement du phnomne urbain a t si souvent accepte par les savants quil est devenu courant de traiter des phnomnes de civilisation sous la rubrique rvolution urbaine , celle-ci constituant en somme la coupure entre la civilisation et tout ce qui la prcde dans lhistoire culturelle des peuples. Dans lesprit de Gordon Childe, le processus durbanisation nest certes pas la caractristique unique de lessor des civilisations, mais il en est le rsultat et le symbole. Il y a donc une civilisation prurbaine ; mais elle ne prend quensuite, avec lapparition des villes, son sens vritable. Cest ainsi que, dans lhistoire de lhumanit, laube de la civilisation qui se manifeste ds le dbut du Nolithique fait place la civilisation proprement dite lorsque apparaissent les premires villes en Msopotamie. Puis lurbanisation se poursuit et stend partir de trois foyers de civilisation qui, lge du bronze, sont outre le prcdent, la valle du Nil et celle de lIndus. Cest dailleurs ce moment que, selon Gordo