24
Demande effective et loi de Say La demande effective est la demande anticipée par les entrepreneurs. Ces derniers calculent la production qu'ils doivent réaliser afin d'offrir la quantité optimale de biens et de services demandée par les agents économiques. Le sous-emploi des facteurs de production est selon Keynes dû au fait que les entrepreneurs ont des anticipations pessimistes et sous-estiment la demande effective . Keynes à la différence de Jean- Baptiste Say et des néo-classiques ne raisonne pas dans le cadre d'une « parfaite rationalité des agents et... d'une information parfaite sur la situation présente et future 3 » aussi la demande effective dépend de prévisions d'agents qui peuvent ne pas conduire au plein emploi. Demande effective et marché du travail Pour Keynes, le salaire n'est pas seulement un coût, c'est aussi un déterminant important de la demande. Par ailleurs, pour Keynes, le mécanisme des prix sur le marché du travail n'aboutit pas usuellement au plein emploi d'où l'introduction de la notion de chômage involontaire. Pour les classiques, l'offre de travail par les salariés dépend du salaire réel w/p. S'il y a du chômage c'est que le salaire réel w/p (w salaire nominal et p indice des prix) est supérieur à la productivité marginale du travail PmL. Le chômage ne peut être que volontaire c'est-à-dire venant du refus de travailler au nouveau salaire d'équilibre. Pour Keynes au contraire le refus des salariés de voir leur salaire baisser est finalement une bonne chose car elle évite une spirale déflationniste 4 . Pour Keynes, les salaires nominaux w ne peuvent pas baisser pour plusieurs raisons : o il y a une viscosité des salaires nominaux liés à la négociation des contrats 4 ; o une baisse des salaires nominaux entraînerait une contraction de la demande qui provoquerait à son tour une baisse de la production. Alors que pour Jean-Baptiste Say l'offre crée sa propre demande 5 . Pour Keynes, une demande effective insuffisante va déterminer une offre qui ne correspondra pas à une situation de plein emploi. « le seul fait qu'il existe une insuffisance de la demande effective peut arrêter et arrête souvent l'augmentation de l'emploi avant qu'il ait atteint son maximum » 6 . De sorte que pour lui le chômage peut être involontaire. Toutefois Keynes ne récuse pas totalement la théorie classique 7 . En effet, s'il ne croit, ni possible, ni souhaitable une baisse du salaire nominal w, la baisse du salaire réel w/p suite à une montée de l'inflation symbolisée par une hausse de p est pour lui possible N 1 . Cela conduira le courant de la synthèse néo-classique à utiliser la courbe de Phillips dans le cadre d'arbitrages entre inflation et chômage. Salaire, coût du travail Créé le : lundi 23 novembre 2009 - Dernière mise à jour : mardi 24 novembre 2009 par Jean-Paul Simonnet Sommaire Les deux dimensions du salaire Salaire nominal et salaire réel Le salaire : prix de marché ou convention Du salaire au coût réel du travail Dans le langage courant, le salaire c’est la rémunération du travail, c’est donc à la fois un revenu et un coût. La rémunération du travail salarié est un coût pour l’entreprise, c’est le coût salarial, alors que le salarié retient comme rémunération de son travail ce qu’il perçoit effectivement, son salaire net. Les deux dimensions du salaire 1

Demande Effective Et Loi de Say

  • Upload
    msfet

  • View
    520

  • Download
    1

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Demande Effective Et Loi de Say

Demande effective et loi de SayLa demande effective est la demande anticipée par les entrepreneurs. Ces derniers calculent la production qu'ils doivent réaliser afin d'offrir la quantité optimale de biens et de services demandée par les agents économiques. Le sous-emploi des facteurs de production est selon Keynes dû au fait que les entrepreneurs ont des anticipations pessimistes et sous-estiment la demande effective. Keynes à la différence de Jean-Baptiste Say et des néo-classiques ne raisonne pas dans le cadre d'une « parfaite rationalité des agents et... d'une information parfaite sur la situation présente et future3 » aussi la demande effective dépend de prévisions d'agents qui peuvent ne pas conduire au plein emploi.Demande effective et marché du travailPour Keynes, le salaire n'est pas seulement un coût, c'est aussi un déterminant important de la demande. Par ailleurs, pour Keynes, le mécanisme des prix sur le marché du travail n'aboutit pas usuellement au plein emploi d'où l'introduction de la notion de chômage involontaire.

Pour les classiques, l'offre de travail par les salariés dépend du salaire réel w/p. S'il y a du chômage c'est que le salaire réel w/p (w salaire nominal et p indice des prix) est supérieur à la productivité marginale du travail PmL. Le chômage ne peut être que volontaire c'est-à-dire venant du refus de travailler au nouveau salaire d'équilibre. Pour Keynes au contraire le refus des salariés de voir leur salaire baisser est finalement une bonne chose car elle évite une spirale déflationniste4.

Pour Keynes, les salaires nominaux w ne peuvent pas baisser pour plusieurs raisons : o il y a une viscosité des salaires nominaux liés à la négociation des contrats4 ;o une baisse des salaires nominaux entraînerait une contraction de la demande qui provoquerait à son tour une

baisse de la production. Alors que pour Jean-Baptiste Say l'offre crée sa propre demande5. Pour Keynes, une demande effective insuffisante va déterminer une offre qui ne correspondra pas à une situation de plein emploi. « le seul fait qu'il existe une insuffisance de la demande effective peut arrêter et arrête souvent l'augmentation de l'emploi avant qu'il ait atteint son maximum »6. De sorte que pour lui le chômage peut être involontaire.

Toutefois Keynes ne récuse pas totalement la théorie classique7. En effet, s'il ne croit, ni possible, ni souhaitable une baisse du salaire nominal w, la baisse du salaire réel w/p suite à une montée de l'inflation symbolisée par une hausse de p est pour lui possibleN 1. Cela conduira le courant de la synthèse néo-classique à utiliser la courbe de Phillips dans le cadre d'arbitrages entre inflation et chômage.

Salaire, coût du travail

Créé le : lundi 23 novembre 2009 - Dernière mise à jour : mardi 24 novembre 2009 par Jean-Paul Simonnet   Sommaire  

Les deux dimensions du salaire Salaire nominal et salaire réel Le salaire   : prix de marché ou convention Du salaire au coût réel du travail

Dans le langage courant, le salaire c’est la rémunération du travail, c’est donc à la fois un revenu et un coût. La rémunération du travail salarié est un coût pour l’entreprise, c’est le coût salarial, alors que le salarié retient comme rémunération de son travail ce qu’il perçoit effectivement, son salaire net. Les deux dimensions du salaireLa différence entre les deux approches et importante comme le montre le schéma suivant :

Le salaire net c’est le salaire perçu par le salarié, il figure en bas de la feuille de paye.Le salaire net est obtenu :- en ajoutant au salaire brut de base les différentes primes attribuées aux salariés et les majorations éventuelles pour les heures supplémentaires - en déduisant les cotisations sociales et la CSG (contribution sociale généralisée) qui sont à la charge du salarié.Le coût salarial pour l’employeur est obtenu en ajoutant au salaire brut, les cotisations sociales patronales et les charges professionnelles (taxe d’apprentissage, dépenses de comité d’entreprise, participation aux bénéfices...).L’écart entre salaire net et le coût salarial varie suivant le type d’entreprises (toutes n’ont pas le même régime de cotisations sociales ni les mêmes obligations) mais il est assez important puisqu’il peut représenter 60 % du coût salarial.Le coût salarial est constitué par l’ensemble des dépenses qui incombent à l’entreprise pour l’emploi d’un salarié. Il se répartit en :

1

Page 2: Demande Effective Et Loi de Say

salaires bruts différents avantages salariaux

o avantages en nature (formation professionnelle, frais de transport, frais de logement, œuvres sociales...)o participation [1]o intéressement [2]

cotisations patronales.Des précisions chiffrées sur le site de l’URSSAF à cette adresse. Pour une présentation des obligations légales en relation avec le salaire voir cette page sur le site des prud’hommes de l’Isère.Illustration : du salaire super brut au salaire net pour un salarié soumis au régime général percevant un salaire brut mensuel de 3200 euros [3].Les taux appliqués sont en vigueur depuis le 1er juillet 2009 et le plafond de salaire est égal à 2859 euros. [4].

Sur la totalité du salaire Sur la part plafonnée

Cotisation patronale 3200 x 20,1% = 643,2 2859 x 8,4% = 240,15 [5]

Cotisation salariale 3200 x 0,85% = 27,2 2859 x 6,65% = 190,12

Contribution socialegénéralisée [6]

3200 x 7,5% = 240

Contribution au remboursementde la dette sociale [7]

3200 x 0,5% = 16

Ainsi, alors que le salarié perçoit 2726 euros l’employeur verse au total 4083 euros ! L’écart est assez grand pour rendre le dialogue difficile entre employeurs et salariés. Lorsque les employeurs demandent un allègement des charges le salarié ne doit pas oublier que le financement de la protection sociale est assuré par les cotisations salariales et patronales et il faut bien comprendre que toute réduction de cotisations patronales conduirait à une diminution des prestations versées aux salariés à moins d’augmenter les cotisations salariales ou de trouver un autre financement. Les prélèvements sociaux ne sont pas les seules dépenses entraînées par l’utilisation de la main d’œuvre, il y a aussi des prélèvements fiscaux comme "la taxe d’apprentissage et la contribution au développement de l’apprentissage", "la participation à la formation professionnelle continue" et pour les entreprises non soumises à la TVA, "la taxe sur les salaires".Il faut ajouter que le coût salarial varie en fonction de la taille de l’entreprise et de la branche d’activité parce que les obligations légales ne sont pas les mêmes. Le coût salarial moyen calculé pour des comparaisons internationales n’a de ce fait pas beaucoup de signification, il faudrait faire ces comparaisons par branche et par taille d’entreprise. Salaire nominal et salaire réelIl faut distinguer le salaire nominal et le salaire réel. [8] Le salaire nominal est le salaire exprimé en monnaie courante alors que le salaire réel exprime le pouvoir d’achat du salaire (c’est le salaire nominal déflaté). Dans l’analyse théorique des comportements des offreurs et des demandeurs de travail c’est le salaire réel qui est pris en considération, les employeurs et les salariés ne sont pas victimes de l’illusion monétaire, ils raisonnent en termes de pouvoir d’achat.Pour passer du salaire nominal au salaire réel exprimé aux prix d’une année de référence on applique la règle suivante :salaire réel = (salaire nominal / indice des prix) x 100

 Le salaire : prix de marché ou conventionLorsque la théorie économique aborde le salaire et le coût du travail elle le fait le plus souvent par référence au marché du travail : le salaire devient le prix du travail c’est à dire le résultat de la confrontation de l’offre et de la demande de travail.

le salaire est noté w comme wage, en fait il faudrait noter w/p parce que c’est le salaire réel (le pouvoir d’achat du salaire) et non pas le salire nominal qui est pris en compte par le salarié ou l’employeur.

L’offreur de travail offre plus volontiers son travail si on lui propose une rémunération plus élevée et le demandeur de travail (l’employeur) achète plus facilement du travail si celui-ci coûte moins cher. Ainsi les offres et les demandes individuelles de travail sont respectivement normalement croissantes et décroissantes. Le salaire d’équilibre c’est le salaire qui assure l’égalité entre l’offre totale et la demande totale de travail, ce qui revient à dire qu’au salaire d’équilibre tous ceux qui acceptent de travailler à ce salaire et tous ceux qui acceptent de payer ce salaire sont satisfaits.

2

Page 3: Demande Effective Et Loi de Say

Le graphique suivant montre une relation assez nette entre la croissance de l’emploi et l’évolution du salaire réel.Indicateurs de salaires et emploi marchand depuis 1990

Note : dans ce graphique on utilise comme déflateur du SMB et du SMPT l’indice des prix à la consommation (y compris tabac) de l’ensemble des ménages. Champ : France (SMPT), France métropolitaine (SMB, Emploi marchand non agricole). Sources : Insee, comptes nationaux et indice des prix ; Dares, enquête Acemo.Cette présentation est vivement critiquée par les auteurs qui refusent de considérer qu’il existe un marché du travail. Par exemple les économistes keynésiens rejettent l’idée d’une offre de travail dépendant du salaire réel. Selon eux, l’offre de travail est faiblement déterminée par le salaire réel, les salariés offrent leur travail parce qu’ils n’ont pas d’autre choix pour obtenir un revenu. C’est seulement lorsque tous ceux qui souhaitent travailler ont un emploi, c’est-à-dire lorsqu’il n’y a plus de chômeurs que l’offre de travail redevient sensible au salaire réel : pour décider de nouveaux travailleurs à offrir leur travail il faut proposer une rémunération plus élevée. De même une baisse du salaire réel provoquée par une forte inflation n’entraîne pas un retrait du marché du travail...Plus généralement l’observation des relations professionnelles montre que le salaire comporte une plus ou moins grande composante conventionnelle comme l’existence de grilles de salaires prévues dans les conventions collectives ou la réglementation de certains salaires comme le salaire minimum. On pense ici aux théories hétérodoxes, l’institutionnalisme, les analyses de l’cole de la régulation ou celles de la théorie des conventions. Mais, l’analyse microéconomique moderne intègre elle aussi cette idée de plusieurs manières, dans le cadre de la théorie du salaire d’efficience, de la théorie des contrats implicites, de la théorie du partage du profit et dans le modèle wage-setting / price-setting. Du salaire au coût réel du travailLe coût du travail se mesure de manière différente au moment de l’embauche du salarié et par la suite. Tout au long du processus de recrutement, plusieurs personnes de l’entreprise et/ou extérieures y consacrent du temps et donc de l’argent. A ces coûts, s’ajoutent les dépenses directes. Ces dernières peuvent être liées à un support médiatique (publication de l’offre d’emploi), à des frais de fonctionnement ou des coûts annexes, comme le coût d’un test. De même une embauche fait courir le risque d’un futur licenciement et celui-ci a un coût. [9]Pour comprendre la relation qui existe entre le salaire et l’emploi il faut aussi intégrer la productivité et la notion de coût réel du travail. Un travailleur payé 10 euros de l’heure qui produit 15 euros en une heure a un coût réel inférieur à celui d’un travailleur qui serait payé au même salaire (10 euros) mais qui ne produirait que 12 euros. Dans les comparaisons internationales de coût du travail il ne faut donc pas s’arrêter aux seules écarts de salaires, il faut aussi mesurer les écarts de productivité.La meilleure façon de lutter contre les délocalisations ce n’est pas forcément de réduire les salaires, il vaut mieux essayer d’élever la productivité.[1] La participation, versée dans les entreprises de plus de 50 salariés, bloquée pendant cinq ans, associe les salariés au fruit de la croissance, dès lors que l’entreprise dégage un résultat suffisant.[2] L’intéressement, facultatif, concerne toutes les entreprises et consiste à verser aux salariés une prime en fonction de la réalisation de certains objectifs. La prime d’intéressement peut être versée directement sous forme de revenu. Elle ne deviendra une épargne que si le salarié décide de la placer sur un plan d’épargne salariale (PES), support privilégié de l’épargne en entreprise depuis la loi du 19 février 2001, dite « loi Fabius ». Il est fréquent que les grandes entreprises proposent à la fois de la participation et de l’intéressement.[3] Pas d’avantages en nature, pas de primes, pas d’heures supplémentaires, pas d’intéressement ou/et participation.[4] Les cotisations "accidents de travail" ne sont pas reprises ici parce qu’elles sont différentes d’une activité à l’autre[5] Y compris la cotisation pour le logement[6] Calculée sur 97% du salaire[7] Calculée sur 97% du salaire[8] Les notations habituelles sont w pour le salaire nominale et w/p pour le salaire réel.[9] En application de loi portant modernisation du marché du travail du 25 juin 2008 le salarié qui justifie d’un an d’ancienneté dans l’entreprise a droit, en cas de rupture de son contrat à durée indéterminée, sauf s’il commet une faute grave ou lourde, à une indemnité légale de licenciement. Cette indemnité constitue un minimum légal auquel tout salarié peut prétendre, lorsque la convention collective applicable ne prévoit pas d’indemnité plus favorable. La loi portant modernisation du marché du travail prévoit que le montant de l’indemnité est identique pour les licenciements économiques et pour les licenciements pour motif personnel. Le décret n°2008-715 du 18 juillet 2008 fixe le montant de cette indemnité : elle ne peut être inférieure à 1/5 de mois de salaire par année d’ancienneté, auquel s’ajoutent 2/15 de mois par année au delà de 10 ans d’ancienneté.Équilibre du marché du travail, l’analyse traditionnelleCréé le : mardi 24 novembre 2009 - Dernière mise à jour : mardi 24 novembre 2009 par Simonnet Jean-Paul

3

Page 4: Demande Effective Et Loi de Say

  Sommaire   Le marché du travail dans les hypothèses habituelles Chômage d’équilibre et de déséquilibre

L’analyse économique traditionnelle traite le marché du travail comme le marché d’un produit. Une offre globale de travail et une demande globale de travail traduisent des décisions individuelles des offreurs (ceux qui proposent leur travail contre le versement d’un salaire) et des demandeurs (ceux qui veulent acheter du travail en payant un salaire). Le prix du travail c’est le salaire qui s’établit à un niveau plus ou moins élevé en fonction des comportements des offreurs et des demandeurs de travail. Cette manière de présenter la relation entre salaire et emploi se retrouve dans le sens commun : s’il y a peu de candidats pour un grand nombre de postes proposés on s’attend à ce que le salaire soit élevé et inversement. Dans la mesure ou le mécanisme du marché conduit normalement à un équilibre, si le marché du travail fonctionne bien il ne peut pas y avoir durablement d’écart entre les quantités de travail offertes et demandées, il ne peut pas y avoir de chômage autre qu’un chômage volontaire traduisant simplement le fait que certains salariés refusent de réduire leur prétention salariale pour s’adapter au salaire du marché. Pour rendre compte de la vie économique réelle, cette analyse doit procéder en trois temps : construire une représentation théorique montrant comment le marché du travail fonctionne, indiquer pourquoi dans ces conditions le chômage peut exister, aménager la présentation théorique initiale en modifiant les conditions dans lesquelles elle est censée fonctionner. Le marché du travail dans les hypothèses habituellesLa présentation du fonctionnement théorique du marché du travail relève de ce que les économistes appellent l’école néoclassique. Celle-ci fait du principe d’économicité le fondement du comportement humain. Les agents économiques se comportent rationnellement en cherchant la solution qui leur procure l’avantage le plus grand compte tenu des contraintes qu’ils subissent.Ainsi, des producteurs et des consommateurs semblables (ce qui permet de raisonner sur le comportement d’un agent représentatif) et libres, entrent en relation par l’échange, parce qu’ils souhaitent améliorer autant qu’il est possible de le faire, leur situation personnelle (principe de l’optimation sous contrainte). Lorsque cette position est atteinte et que les agents ne souhaitent plus s’en éloigner, on dit que l’économie a atteint un état d’équilibre.L’offre et la demande de travail sont confrontées sur le marché du travail parce qu’elles sont liées l’une et l’autre au niveau du salaire réel [1].

L’offre de travail résulte d’un arbitrage fait par le travailleur entre le travail et les loisirs. Le travailleur confronte le coût de l’effort [2] et le salaire réel (le gain qu’on peut en escompter) : les salariés choisissent de travailler tant que le pouvoir d’achat de leur rémunération est supérieur à la valeur monétaire de l’effort que leur demande le travail (calcul coûts/avantages). Ainsi, toutes choses égales par ailleurs, une augmentation du salaire rend le travail plus avantageux financièrement, ou ce qui revient au même, une augmentation du salaire rend le loisir plus coûteux : ne pas travailler c’est renoncer à une somme plus importante. L’offre de travail est une fonction croissante du salaire réel.Pour aller plus loin...La détermination de l’offre de travail se fait suivant la méthode habituelle d’analyse des choix du consommateur. Les deux biens entre lesquels le consommateurs doit choisir sont le revenu réel qui permet de consommer tous les biens et services, et le temps de loisir (temps de non travail).

La contrainte budgétaire traduit la liaison entre le revenu, le salaire qui est une donnée dans l’hypothèse de concurrence pure et parfaite, les autres composantes du revenu qui sont aussi des données, et le temps de travail. Soit N le nombre d’heures de travail, T le nombre d’heures disponibles pour le travail et les loisirs (T n’est pas égal à 24 heures parce qu’une partie du temps est occupée physiologiquement),L = (T - N) est le temps de loisir.La satisfaction du "consommateur-travailleur" est fonction de la quantité R de revenu et de la durée des loisirs L U = U (R, L)Graphiquement on peut construire des courbes d’indifférence entre loisir et consommation, les différentes courbes correspondent à des niveaux différents d’utilité. La dérivée de U par rapport à L est l’utilité marginale du loisir c’est à dire la variation de plaisir entraînée par une variation du temps de loisir disponible (désutilité du travail). La dérivée de U par rapport à R est l’utilité marginale du revenu. La substitution entre loisir (travail) et consommation se mesure à partir du taux marginal de substitution dR /

4

Page 5: Demande Effective Et Loi de Say

dL = - (U’L / U’R) On peut facilement construire la fonction d’offre de travail associant le taux de salaire réel et la quantité de travail rendant optimale la satisfaction du consommateur.

Dans l’hypothèse où il n’y a pas d’autre revenu que le revenu du travail, le revenu R est égal à w (T - L) Quand le temps de travail occupe tout le temps disponible, le revenu est maximum et vaut wT. Quand le temps de travail est nul, le revenu est lui aussi nul. Le point A est la situation la meilleure possible pour le consommateur-travailleur parce qu’elle rend maximum la satisfaction (qui dépend de R et de L) tout en restant possible compte tenu de la contrainte de revenu. Si le taux de salaire était moins élevé w’< w la droite de budget serait LR’ conduisant à la position B c’est à dire à un temps de travail plus court.Le résultat observé dépend en fait de la forme des courbes d’indifférence.

Si U1 devient U’1 alors la quantité de travail qui rend optimale le partage loisir travail est supérieure à la quantité qui prévalait pour un salaire plus élevé. La diminution du salaire impliquerait une augmentation de l’offre de travail.L’effet de substitution et l’effet revenu ont une importance variable et le résultat dépend de leur rôle relatif. Quand le taux de salaire augmente, le revenu augmente ce qui permet de réduire le temps de travail pour avoir un même revenu, mais quand le taux de salaire augmente, le prix du loisir, c’est à dire le manque à gagner résultant du non travail augmente aussi, ce qui provoquera une augmentation du temps de travail proposé (substitution du travail au loisir).L’offre de travail sera normale si l’effet de substitution l’emporte sur l’effet de revenu.Les observations empiriques déjà évoquées dans l’analyse descriptive du comportement d’activité montrent que dans les situations les plus habituelles dans les sociétés marchandes l’offre de travail est normale, mais pour des niveaux de rémunération élevés l’augmentation du taux de salaire horaire peut conduire à une réduction de la durée de travail offerte. Pour la plupart des salariés, le temps de travail n’est pas entièrement libre et l’analyse ne porte que sur les offres d’heures supplémentaires. On comprend par ailleurs aisément que la satisfaction des salariés qui souhaiteraient travailler moins ou travailler plus que la norme édictée est affectée par la fixation d’une durée légale de travail. Ces analyses permettent de traiter les effets de la fiscalité, des prestations sociales constituant un supplément de revenu indépendant du salaire et particulièrement des allocations versés aux chômeurs ou du versement d’un revenu minimum.L’offre globale de travail est égale à la somme des offres individuelles, elle est donc fonction croissante du taux de salaire réel.

La demande de travail provient des entreprises qui embauchent de la main d’œuvre en comparant ce que la valeur que le travailleur va apporter en plus, au coût supplémentaire lié à son embauche. Tant que le salarié

5

Page 6: Demande Effective Et Loi de Say

rapporte plus qu’il ne coûte, il est avantageux de l’employer. Les économistes disent que l’employeur compare la productivité marginale du travail et le salaire réel qu’il faut payer pour bénéficier de cette contribution du salarié. Tant que la productivité marginale du travail est supérieure au salaire réel l’employeur peut élever son profit en augmentant la quantité de travail qu’il utilise (donc sa demande de travail). La demande de travail augmente, toutes choses égales par ailleurs, lorsque le salaire réel diminue. La demande de travail est une fonction décroissante du salaire réel. Pour aller plus loin ...La demande de travail est déterminée par une procédure d’optimation traditionnelle de la combinaison productive. La quantité demandée de travail est fonction du prix relatif du capital et du travail et des productivités respectives des deux facteurs. L’employeur utilisera du travail supplémentaire jusqu’à ce que la quantité de travail soit telle que la productivité marginale du travail soit égale au taux de salaire réel (celui-ci est une donnée exogène en concurrence pure et parfaite). Pour des niveaux de salaire différents, l’employeur peut ainsi fixer les quantités de travail qu’il demandera. La fonction de demande de travail est décroissante. Coût du travail et demande de travail.Pour une entreprise particulière, c’est à dire au niveau microéconomique, produire plus conduit à choisir une nouvelle combinaison entre travail et capital.

Le producteur choisit - la combinaison entre capital et travail - le niveau de production permettant d’obtenir le profit maximum en comparant les coûts unitaires du travail et du capitalOn montre que le profit est maximum pour la quantité produite pour laquelle le prix du produit est égal au coût marginal.Le profit dépend : - de la quantité et du prix du produit = recettes - des quantités et des coûts unitaires du travail et du capital = dépenses

Le profit s’élève tant qu’une augmentation de la production entraîne une croissance des recettes plus grande que la croissance des dépenses. Une variation de la production entraîne une variation du profit. Elle est rendue possible par les variations des quantités de travail et de capital utilisées pour produire.

La variation du profit dépend du salaire, du prix du capital et des variations des quantités utilisées de travail et capital.

6

Page 7: Demande Effective Et Loi de Say

En rapportant cette variation du profit à la variation de la quantité produite on mesure le profit marginal

Le profit marginal mesure la variation du profit engendrée par la production d’une unité supplémentaire : c’est le profit rapporté par la dernière unité produite

Ce profit marginal est positif pour les productions pour lesquelles le prix est supérieur au coût marginal. Tant qu’il est positif le profit total augmente. Dès qu’il devient négatif le profit total diminue.

La quantité qu’il faut produire pour obtenir le profit maximum est telle que pour ce niveau de production le prix du produit est égal au coût marginal

En taux de croissance la relation devient

7

Page 8: Demande Effective Et Loi de Say

Toutes choses égales par ailleurs, le coût réel unitaire du travail diminue quand : - le salaire nominal diminue - les prix augmentent - la productivité du travail augmenteL’expression du profit peut être modifiée pour faire apparaître les coûts effectifs des facteurs de production

Toute tendance à la diminution du profit entraîne une réduction de la production et inversement. Une augmentation du coût réel du travail ou du capital réduit le profit donc réduit la production et modifie la quantité de travail et de capital utilisée.Toutes choses égales par ailleurs :La demande de travail diminue normalement lorsque : le salaire réel augmente plus vite que la productivité du travail (une augmentation du salaire réel correspond à une hausse du salaire nominal plus forte que celle des prix)La demande de travail peut diminuer lorsque : le prix réel du capital augmente plus vite que sa productivité (le prix réel du capital augmente si le prix des équipements augmente plus vite que ceux des produits) Mais cette situation peut aussi conduire à augmenter la demande de travail si le travail est substitué au capital.La demande de travail décroît quand le salaire réel augmente.

S’il existe un marché du travail sur lequel se rendent tous les offreurs et les demandeurs d’un type de travail particulier, il y aura une confrontation des offres et des demandes de chacun des offreurs et des demandeurs. Les offres et les demandes individuelles de travail deviendront une offre et une demande de marché. Les hypothèses théoriques nécessaires à la réalisation de l’équilibre sont nombreuses mais l’une d’entre-elles est essentielle. Il faut que les offreurs et les demandeurs ne se rencontrent pas directement, il n’y donc pas de négociation bilatérale. Il faut donc imaginer un agent de marché, un commissaire-priseur jouant le rôle de centralisateur d’informations en affichant (annonçant) des prix successifs à l’annonce d’un prix les offreurs et les demandeurs individuels vont répondre en indiquant les quantités qu’ils offrent ou demandent à ce prix tant qu’il y a un écart entre le total des offres et des demandes le commissaire-priseur corrige le prix en proposant un prix plus élevé ou plus bas Il baisse le prix si l’offre totale est supérieure à la demande totale et inversement il annonce un prix plus élevé si l’offre totale est inférieure à la demande totale. Le tatonnement s’arrète lorsque le prix proposé conduit à une offre totale égale à la demande totale. C’est seulement à ce moment que l’échange entre offreurs et demandeurs intervient. [3]Pour aller plus loin...Le taux de salaire d’équilibre permet d’égaliser l’offre et la demande de travail, et de ce fait, le chômage involontaire ne peuvent pas exister. En revanche chaque travailleur est libre de refuser un niveau du salaire qui lui permettrait de trouver un emploi, il peut être un chômeur volontaire. C’est pour cette raison que tous les éléments qui empêchent la réduction des salaires (salaire minimum) ou qui compensent la perte de salaire (allocations de chômage) sont dénoncés par les économistes libéraux comme responsables du chômage.

8

Page 9: Demande Effective Et Loi de Say

L’analyse repose sur l’hypothèse qu’il ne peut pas y avoir de contrainte de la demande de travail autre que le salaire.Même sans introduire l’idée d’une contrainte on peut mettre en doute le raisonnement en termes de marché du travail tel qu’il est décrit ci-dessus.En période de récession la demande de travail se déplace vers le bas et le salaire réel doit donc baisser, alors qu’en période d’expansion il doit s’élever pour la raison inverse. Or, les travaux statistiques ne montrent pas de liaison entre les salaires réels ou nominaux et les variations du PIB. De plus on constate que les démissions diminuent en période de récession alors qu’elles devraient augmenter.Cela conduit à faire deux remarques qui sont l’une et l’autre dans la perspective keynésienne, même si, et c’est important, le raisonnement keynésien d’origine, n’’est pas conduit dans ce cadre, puisque pour J.M. Keynes le marché du travail tel qu’il est présenté ici n’existe pas :

 la liaison entre coût du travail et demande de produits : le salaire n’est pas seulement un coût, c’est un revenu et à ce titre il influence la demande de produits .

 la rigidité des salaires : les travailleurs ne proposent que très rarement leurs services à des niveaux de salaire inférieurs à ceux qui prévalent au moment de la négociation de leur contratCes deux remarques peuvent être discutées rapidement ici, mais elles seront développées à l’occasion de la présentation détaillée de l’analyse keynésienne proprement dite.L’idée que la baisse du salaire influence la demande de produits est présente dans la théorie classique, mais la baisse du salaire réel modifie aussi l’offre de produits. Si la variation de la demande de produits est assez forte pour modifier les conditions de la production, l’ajustement du salaire réel ne conduit plus automatiquement à une disparition du chômage.

9

Page 10: Demande Effective Et Loi de Say

Dans l’hypothèse "classique" le chômage (CHO) qui résulte d’un salaire réel trop élevé, disparaît parce que le salaire réel s’ajuste. Dans l’hypothèse "keynésienne", la baisse du salaire réel entraînant le déplacement de la courbe de demande de travail ne fait pas forcément disparaître le travail.L’analyse en terme d’équilibres avec rationnements (ou équilibres à prix fixes) permet de dépasser cette hypothèse d’ajustement contrarié, parce qu’elle autorise des déséquilibres se propageant d’un marché à l’autre. Elle permet aussi d’introduire l’existence d’une rigidité à la baisse du taux de salaire réel, mais elle ne relève pas de la perspective classique.Pour rester dans le cadre de l’analyse microéconomique traditionnelle il faut envisager de nouvelles hypothèses permettant d’expliquer l’existence du chômage. Dans les années soixante-dix, les économistes néoclassiques ont repris l’analyse en termes de marché.[?Robert Lucas] et Leonard Rapping (1969) ont par exemple proposé de conserver l’hypothèse de flexibilité des salaires mais en en acceptant qu’ils soient mal anticipés par les offreurs de travail.

La récession ne modifie pas le comportement des salariés qui continuent à offrir leur travail sur la base de leurs anticipations. Le salaire réel du marché est inférieur au salaire anticipé (du fait de la réduction de l’activité et de la hausse des prix qui se maintient), la courbe de demande de travail est déplacée vers la gauche. Le salaire réel anticipé conduit à offrir la quantité O de travail, alors que le salaire réel de marché conduit à la demande de travail D. Tant que l’écart subsiste entre anticipations des salariés et salaire de marché l’offre de travail est excédentaire.Une autre tentative de retour à l’orthodoxie classique, plus radicale, repose sur l’idée suivante : les fluctuations du niveau d’emploi sont le reflet du déplacement de l’équilibre. L’augmentation de l’utilisation du facteur travail entre deux périodes peut s’expliquer soit par un déplacement vers la gauche de la courbe d’offre soit par un déplacement vers la droite de la courbe de demande de travail.

10

Page 11: Demande Effective Et Loi de Say

Dans les deux cas envisagés ici le niveau de l’emploi s’élève en réponse à ces variations, mais l’évolution du salaire réel n’est pas la même bien entendu. Les variations peuvent être le résultat de chocs contraires : le mouvement inverse peut aussi se produire dans l’hypothèse d’une baisse du niveau de l’emploi.Les modèles de cycles réels (RBC) qui sont développés dans les années 80 par les "nouveaux économistes classiques" utilisent cette approche.L’hypothèse de chocs réels reçus par une économie à l’équilibre permet de simuler des fluctuations de l’emploi. Les décisions individuelles rationnelles, répondent aux événements aléatoires affectant l’emploi (chocs de productivité résultant d’une innovation par exemple).Le modèle reprend l’analyse standard des choix intertemporels.Si on appelle n1 et n2 respectivement l’offre d’emploi avant et après la hausse du salaire réel (w1 passant à w2) à l’optimum (avec une fonction d’utilité concave) on montre que le rapport n1 / n2 est fonction du rapport w1 / w2. Si la hausse de salaire (et de productivité) est temporaire l’individu aura tendance à offrir plus de travail (si on retient l’hypothèse habituelle d’un effet de substitution plus puissant que l’effet de revenu).Pour présenter simplement cette analyse, [?Pierre-Alain Muet] reprend une méthode fréquente dans l’analyse néoclassique, l’hypothèse d’un individu représentatif qui serait à la fois producteur et consommateur : Robinson sur son île.Robinson est un individu rationnel qui partage son temps entre le travail consistant à récolter des noix de coco et le loisir. Si les noix de coco sont plus abondantes (choc technologique) le comportement de Robinson dépendra du caractère durable ou non du choc et de sa préférence pour le loisir aujourd’hui ou le loisir demain. - Si le choc est durable, Robinson va travailler moins et réduire ses investissements (plantation). - Si le choc est temporaire il a intérêt à investir aujourd’hui, c’est à dire ne pas consommer plus de noix de coco immédiatement mais au contraire, les planter pour augmenter sa consommation future. Il devra choisir cependant entre travailler moins en profitant de la plus grande disponibilité de noix de coco (effet revenu), et travailler plus aujourd’hui parce que la récolte est plus facile pour travailler moins demain quand elle sera difficile (effet substitution). Si l’effet de substitution l’emporte sur l’effet de revenu, Robinson va travailler plus, consommer plus et investir plus aujourd’hui afin de consommer plus demain en travaillant moins. Les chocs de productivité entraînent une évolution procyclique de l’emploi. Le chômage (le loisir de Robinson) diminue en période d’expansion et augmente en période de récession.Cette présentation permet de sauvegarder l’idée d’une économie en permanence en équilibre même lorsqu’elle connaît des cycles [4] les variations de l’emploi ne sont alors que le reflet des ajustements intertemporels des agents. Les conditions de son établissement sont cependant tellement discutables qu’elle doit être regardée comme un ultime développement d’un mode de raisonnement beaucoup plus que comme une description du fonctionnement des économies réelles d’aujourd’hui.Dans l’analyse néoclassique il existe donc un niveau de salaire réel qui permet d’égaliser l’offre à la demande de travail assurant ainsi et le plein-emploi.

11

Page 12: Demande Effective Et Loi de Say

Tout ce qui précède peut être retrouvé sous la forme d’une animation Le marché du travail selon le modèle néoclassique, proposée par [*Boris Adam*] (professeur de SES au lycée Marcel Gambier à Lisieux)  Chômage d’équilibre et de déséquilibreLe prix du travail (le salaire qui est à la fois un coût pour l’employeur et un revenu pour le salarié) résulte dans l’analyse précédente de l’arbitrage entre l’offre de travail des salariés et la demande des employeurs.Sur le marché du travail c’est le prix qui détermine les quantités ; c’est la variable d’ajustement.Une offre de travail trop importante provoquera une baisse des salaires, laquelle attirera les employeurs, l’équilibre étant ainsi rétabli. L’existence d’un chômage durable ne s’explique que par le manque de flexibilité des salaires. En effet, un salaire trop élevé alourdit le coût du travail et réduit la rentabilité des entreprises avec un partage de la valeur ajoutée qui lui est défavorable. N’ayant pas d’intérêt (de motivation) à produire davantage (ou autant), l’entreprise réduit l’embauche ou licencie les salariés les plus coûteux en termes de rentabilité, c’est à dire les emplois non qualifiés pour lesquels on peut penser que le salaire est plus élevé que leur productivité. Le chômage a pour origine un coût du travail trop élevé relativement à la productivité du travail.Ainsi pour les tenants de cette analyse, il ne peut y avoir de chômage durable si le salaire peut s’ajuster aux conditions du marché. Les chômeurs trouvent un emploi dès qu’ils acceptent de réduire leurs prétentions salariale en s’alignant sur celles de ceux qui ont un emploi.Dans cette analyse néoclassique, si le marché du travail fonctionne bien, les "chômeurs" sont simplement des candidats à un emploi ne souhaitant pas travailler aux niveaux de salaires proposés par les entreprises : ce sont des chômeurs volontaires puisqu’il suffirait qu’ils acceptent de travailler pour un salaire inférieur (le salaire d’équilibre) pour retrouver un emploi. Les "chômeurs" jugent ces niveaux de salaires insuffisants pour justifier leur acceptation des emplois. Ce sont bien des chômeurs puisqu’ils remplissent les trois conditions : ils sont en âge de travailler (être un actif potentiel), ils sont à la recherche d’un emploi, et ils sont sans emploi. Mais ils sont en situation d’attente volontairement : ils accepteront de travailler quand le salaire sera plus élevé. Les économistes disent que leur salaire de réservation est supérieur au salaire d’équilibre.On peut alors distinguer un chômage d’équilibre et un chômage de déséquilibre. [5].Le chômage d’équilibre est celui qui existe lorsque le salaire est à son niveau d’équilibre. Tous ceux qui sont prêts à travailler à ce niveau de salaire trouvent un emploi et tous les employeurs qui souhaitent embaucher à ce salaire peuvent le faire.

Sur ce graphique la courbe NO représente l’offre globale de travail (somme des offres individuelles de travail) en fonction du salaire réel et la courbe N, l’offre de travail maximale possible pour chaque niveau de salaire. L’écart entre les deux traduit le fait que certains salariés considèrent que le salaire proposé est inférieur à celui qui pourrait les décider à travailler. Les économistes parlent de salaire de réservation. Cet écart se réduit quand le salaire est très élevé et il est important lorsque le salaire est faible. Quand le marché du travail est équilibré, c’est-à-dire quand tous ceux qui sont prêts à travailler pour le niveau de salaire proposé

12

Page 13: Demande Effective Et Loi de Say

trouvent un emploi et quand tous ceux qui sont prêts à embaucher à ce niveau de salaire peuvent le faire, il n’y a pas de chômage involontaire, ou pour le dire autrement, il n’y a pas de chômage de déséquilibre (le salaire est à son niveau d’équilibre).

En revanche, il y a des salariés qui pourraient travailler et qui ne le font pas. C’est pour cela qu’on parle de chômage d’équilibre : même quand le salaire est à son niveau d’équilibre ce chômage existe parce que l’offre globale de travail ne se confond pas avec l’offre maximale de travail. Ici, le chômage d’équilibre est mesuré par l’écart entre l’offre globale de travail correspondant au salaire d’équilibre soit E* et l’offre de travail qui s’établirait si tous ceux qui sont susceptibles de travailler acceptaient de le faire, soit OMax.Si en plus, pour une raison ou pour une autre le salaire s’établit à un niveau supérieur au salaire d’équilibre, deux formes de chômage vont coexister puisque, à côté du chômage provoqué par un salaire trop élevé, chômage lié au déséquilibre du marché du travail, il y a aussi le chômage volontaire, le chômage de déséquilibre traduisant le comportement des offreurs de travail relativement à leur salaire de réservation.La distinction entre ces deux types de chômage est importante car s’il est possible de réduire le chômage de déséquilibre en facilitant l’ajustement des salaires (flexibilité salariale plus grande), cela ne permet pas de faire disparaître le chômage d’équilibre.Le chômage d’équilibre contient en fait trois composantes distinctes. - Un chômage frictionnel qui correspond simplement au fait que l’ajustement entre offre et demande de travail ne peut pas se faire immédiatement. Les emplois offerts et les emplois demandés ne sont pas forcément au même endroit ni du même type. Le problème de l’appariement entre offre et demande de travail a fait l’objet de développements théoriques que vous pouvez retrouver dans cet article. - Un chômage technologique qui correspond aux changements intervenants dans la structure des emplois sous l’effet des changements dans les structures de consommation et des changements dans les techniques de production. - Un chômage purement volontaire traduisant l’écart entre salire de réservation et salaire du marché du travail. Ces comportements de chômage volontaire sont différents d’une économie à une autre. Ils dépendent des caractéristiques du marché du travail et des institutions qui protègent plus ou moins les individus. Les conditions d’indemnisation du chômage, le système de protection sociale, la réglementation du marché du travail assurant une plus ou moins grande flexibilité, peuvent expliquer ces écarts. On prendra garde cependant de ne pas oublier que le salaire de réservation n’est pas sans fondement : le salarié estime le niveau de salaire auquel il acceptera de travailler en prenant en compte les dépenses de formation qu’il a engagées. Pour en savoir plus sur cette théorie du capital vous pouvez lire cet articleCe qui précède montre que pour chaque économie et pour une période donnée il existe un taux de chômage correspondant aux caractéristiques du marché du travail considéré. Ce taux de chômage peut être qualifié de deux manières : il peut être dit naturel pour souligner le fait que c’est celui qui s’établit lorsqu’on laisse fonctionner librement le marché, c’est-à-dire lorsque l’État n’intervient pas dans la négociation marchande, il peut aussi être dit structurel parce qu’il est déterminé par les structures de l’économie. Traditionnellement, la référence au taux de chômage naturel renvoie aux analyses de l’économiste américain Milton Friedman et au courant libéral, alors que le concept de taux de chômage structurel est utilisé plus largement. C’est le cas lorsqu’il faut faire une distinction entre le noyau dur du chômage, celui qui correspond à la croissance économique potentielle ou tendancielle, et le chômage observé qui s’écarte plus ou moins de ce noyau dur en raison des fluctuations conjoncturelles, un ralentissement de la croissance se traduit par une augmentation du nombre des chômeurs et inversement.

Pour en savoir plus sur ces concepts (taux de chômage naturel et taux de chômage structurel) vous pouvez lire cet article : Taux de chômage structurel, Taux de chômage d’équilibre, taux de chômage naturel, NAIRU   : de quoi s’agit-il   ? Dans cet article vous verrez qu’il existe au moins deux autres approches possibles du chômage d’équilibre, la première plutôt d’inspiration keynésienne définit le taux de chômage d’équilibre comme étant celui qui est compatible avec un taux d’inflation stabilisé (NAIRU, pour non accelerating inflation rate of unemployment) et la seconde construite à partir du comportement des salariés et des employeurs sur un marché du travail en concurrence imparfaite (analyse fixation des salires - fixation des prix ou WS-PS pour wage setting-price setting). Les deux analyses sont présentées dans cet article

13

Page 14: Demande Effective Et Loi de Say

[1] Comme les offreurs et les demandeurs de travail sont supposés être rationnels, ils sont capables de prendre en compte l’évolution des prix et ce qui les intéresse c’est le pouvoir d’achat du salaire, autrement dit ce que coûte réellement une heure de travail à l’employeur et ce que rapporte réellement une heure de travail au salarié. Il n’y a pas d’illusion monétaire. Pour expliquer comment une politique de relance peut provisoirement réduire le chômage, Milton Friedman introduira une asymétrie de comportement entre employeurs et salariés, ces derniers seraient victimes de l’illusion monétaire alors que les employeurs ne le sont pas. Cette analyse est présentée dans un autre article[2] Les économistes parlent de la désutilité du travail pour indiquer que le travail est une peine. Pour les tenants de la conception néoclassique, la nature humaine est ainsi faite, le seul avantage procurer par le travail c’est qu’il permet d’acquérir un revenu et de donner accès ainsi à une consommation plus importante susceptible de compenser la peine liée au travail.[3] En revenant sur cette hypothèse, Axel Leijonhufvud ouvrira un nouveau champ d’analyse, celui de la théorie des équilibres avec rationnements. Cette analyse est présentée dans un autre article.[4] Geneviève Grangeas et Jean-Marie Lepage "Économie de l’emploi" PUF 1993, pages 44 à 48. Pages 36 à 38 de “Le marché du travail”, Pierre Cahuc et André Zylberberg, De Boeck, 2001. “Salaire et emploi dans la théorie des cycles réels”, Jean-Olivier Hairault, dans « qu’a-t-on appris sur la relation salaire emploi depuis Keynes ? », Cahiers d’économie politique n° 34, L’Harmattan, 1999.[5] Voir par exemple le récent manuel de John Sloman, Principes d’économie, Pearson Education, 2008, pages 432 et suivantes.Le rejet de l’analyse dominante du marché du travailCréé le : mardi 24 novembre 2009 - Dernière mise à jour : lundi 14 décembre 2009 par Simonnet Jean-Paul   Sommaire  

La critique keynésienne de l’analyse "classique" La coexistence de formes différentes de chômage

Les systèmes d’emploi et de relations professionnelles qui peuvent être observés sont très éloignés des hypothèses indispensables pour que le modèle dominant soit applicable. Afin de corriger cet écart l’analyse économique du marché du travail a été aménagée par de nombreuses contributions introduisant les imperfections de la concurrence à travers leurs principales manifestations : asymétrie d’information, pouvoir de négociation, rationalité limitée, anticipations... Pour certains économistes, si cet effort est méritoire, il ne change rien à la position qu’ils adoptent : pour eux, la description d’un marché du travail confrontant une offre et une demande qui seraient toutes les deux principalement fonction du salaire réel est inacceptable. Ces auteurs peuvent être rangés d’une manière ou d’une autre sous la bannière keynésienne. Ils s’efforcent de montrer alors qu’il n’existe pas de mécanisme équilibrant offre et demande de travail par la variation du salaire et que dans ces conditions le chômage involontaire [1] peut exister, et que cette situation est plus fréquente que celle du plein-emploi dont on ne peut pas garantir qu’il correspond à un équilibre économique stable. L’explication qu’ils retiennent est centrée sur les relations qui s’établissent entre la demande de produits anticipée par les producteurs et le niveau d’emplois qui est nécessaire pour la production correspondantes soient réalisée. L’offre de travail est une composante passive de la définition du chômage. Si la demande de produits est forte, la demande de travail le sera aussi et pour une offre de travail donnée, le chômage sera faible. En revanche, si la demande de produits est faible, la demande de travail ne suffira pas à absorber l’offre de travail et il y aura des chômeurs involontaires. La critique keynésienne de l’analyse "classique"John Maynard Keynes publie son œuvre principale au lendemain de la crise de 1929 caractérisée par la montée du chômage et le désespoir des sans-emploi. Il lui semble, comme à beaucoup d’autres à cette date, qu’il n’est pas possible de s’en tenir à la conception dominante du chômage selon laquelle c’est le refus de laisser jouer la baisse du salaire réel qui explique le déséquilibre du marché de l’emploi : le chômage serait d’abord un chômage volontaire. Dans la « Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie » (dite la « Théorie générale ») publiée en 1936 Keynes s’efforce de montrer que le chômage peut-être involontaire et cela au delà de ce qui peut provenir des désajustements temporaires décrits comme chômage frictionnel.Sa critique se fonde sur deux idées principales : - on ne peut pas assimiler le marché du travail à celui des autres biens, de telle sorte que le salaire n’a pas le rôle régulateur traditionnellement attribué aux prix - la détermination du niveau de l’emploi s’explique par un enchaînement partant du marché des biens parce que les entreprises décident du niveau de l’emploi d’abord et avant tout à partir de la demande de produits qu’elles peuvent anticiper.

La détermination du chômage chez KeynesKeynes s’appuie sur le concept de la demande effective qui pour simplifier représente la demande solvable attendue, c’est à dire aussi bien la future demande de biens de consommation des ménages que celle de biens d’équipement (investissements) des entreprises. Pour en savoir plus sur la demande effective telle qu’elle est présentée par Keynes voir cet article et l’exposé détaillé dans celui-làC’est sur cette base que l’employeur estime la rentabilité de son investissement et il fait de même pour les décisions concernant l’emploi. Si la demande effective ne permet pas d’espérer une croissance de la production, il n’y aura ni investissement, ni création d’emplois. Si la demande effective diminue ou son évolution est ralentie, il peut même y avoir des suppressions d’emplois.

14

Page 15: Demande Effective Et Loi de Say

La présentation précédente implique que la demande de travail, au sens habituel du terme, n’est pas déterminée par le seul salaire réel ou par une comparaison des coûts respectifs du travail et du capital. Elle fait aussi référence aux anticipations des comportements des demandeurs de produits. Le salaire réel est un élément du coût de production, donc de l’offre globale, mais il n’est pas le résultat d’une confrontation entre l’offre et la demande de travail. « La quantité de main d’œuvre N que les entrepreneurs décident d’employer dépend de la somme de deux quantités : le montant qu’on s’attend à voir la communauté dépenser pour la consommation et le montant qu’on s’attend à voir consacrer à l’investissement nouveau. Cette somme est ce que nous avons appelé précédemment la demande effective ». De plus, et c’est essentiel, toutes les grandeurs étant anticipées, elles peuvent être différentes des grandeurs qui s’établiront réellement.Cela ne veut pas dire que Keynes refuse de considérer la position classique faisant de la demande de travail une fonction du taux de salaire réel. Au contraire même puisqu’il fait clairement entendre son acceptation de ce qu’il appelle le “premier postulat des classiques” : sur toute la courbe de demande de travail, il y a égalité entre le salaire réel et la productivité marginale du travail.Ce qui est nouveau chez Keynes c’est le traitement de cette relation. C’est le niveau de l’emploi qui détermine le salaire réel. Le niveau de l’emploi est lui même déterminé par le principe de la demande effective.Il y a ici une causalité simple contraire à la logique de l’interdépendance des marchés et de la détermination simultanée des quantités et des prix. Dans l’analyse classique, le salaire réel et le niveau d’emploi sont déterminés simultanément : il n’y a pas de causalité.L’offre de travail est déterminée par les comportements d’activité de la population active disponible. Les déterminants de l’offre de travail sont donc sont démographiques et culturels ou institutionnels. Pour Keynes l’influence du salaire sur les comportements est très différente de celle retenue par les classiques. Les variations du salaire réel ne déterminent plus l’offre de travail. c’est le rejet du “second postulat des classiques”. D’une part parce que les contrats de salaire portent sur le salaire nominal et non sur le salaire réel. D’autre part parce que le salaire nominal est rigide à la baisse, les salariés le défendant parce qu’il est l’expression immédiate de leur situation dans le rapport de forces qui les opposent aux employeurs. Selon Keynes, à court terme, les salaires ne s’ajustent pas aux quantités de travail demandées. Normalement, la réduction de la demande de travail entraînée par un ralentissement de l’activité devrait conduire les salariés à accepter une baisse du salaire. Ce n’est pas le cas selon Keynes. C’est cette rigidité qui pousse les salaires nominaux à la hausse, même si, à moyen et long terme, les salaires réels peuvent diminuer. Dans ce cas la baisse du salaire réel s’explique par une augmentation des prix plus rapide que celle du salaire nominal, et cela les salariés ne pevent pas toujours l’éviter car s’ils participent aux négociations fixant le salaire nominal ils ne sont pas en situation de fixer les prix. Les délais d’ajustement entre prix et salaires sont une source de rigidité des salaires réels, ils s’adaptent avec retard aux changements d’activité.Cependant Keynes admet que pour un niveau élevé d’emploi, l’embauche de nouveaux travailleurs et plus encore l’augmentation du temps de travail passent par une augmentation du salaire nominal. Ainsi l’analyse "classique" retrouve ses droits mais uniquement à l’approche du plein emploi.Cela ne veut donc pas dire qu’il n’y a pas de courbe d’offre de travail, car si tel était le cas la notion de chômage involontaire serait vidé de son sens. Si les salariés n’ont pas de désir, on ne peut pas dire que le volume de l’emploi ne leur convient pas. les salariés ont bien des souhaits précis en matière d’emploi (c’est une évidence) mais ces souhaits ne sont pas pris en compte : leur courbe d’offre de travail est ignorée largement par les employeurs. Il existe une forte asymétrie entre employeurs et salariés.Puisque les salaires sont rigides à la baisse, ce sont les quantités (le niveau de l’emploi) qui doivent s’adapter. Le chômage se développe dès que les employeurs n’ont plus besoin d’embaucher. On peut d’ailleurs ajouter que selon Keynes, comme l’emploi dépend de la demande la baisse des salaires ne changerait rien car elle réduirait le revenu (le salaire est perçu ici comme un revenu) et, par conséquent, la consommation donc la demande de produits adressée aux entreprises.

Pour la théorie keynésienne, les mécanismes du marché sont incapables d’enrayer le chômage involontaire.

La production s’accompagne bien d’une distribution équivalente de revenus mais ces revenus ne sont pas immédiatement et totalement transformés en dépenses. C’est le rejet de ce que les économistes appellent la loi des débouchés ou loi de Jean-Baptiste Say. La loi des débouchés énonce simplement qu’en produisant et en vendant son produit l’entrepreneur engage des dépenses (salaires, produits intermédiaires) et réalise un profit constituant des revenus. Comme l’épargne n’est qu’un report de consommation dans le temps, tout le revenu se transforme en dépenses absorbant la production. Cette théorie repose sur une conception particulière de la monnaie : c’est un simple instrument d’échange, elle n’est pas désirée pour elle même.L’apport décisif de Keynes est dans la liaison réalisée entre le fait qu’il n’y a aucune raison pour que le marché des biens soit systématiquement et en permanence en équilibre et l’existence d’un chômage involontaire. L’absence d’ajustement automatique du salaire nominal (qui n’est pas un prix de marché mais l’expression d’une convention) empêche que la mécanique néoclassique s’applique.Keynes pose clairement le lieu de sa rupture avec les économistes "classiques" en discutant la présentation de l’un de leurs représentants, Arthur Cecil Pigou. S’il accepte de faire de la demande de travail une fonction décroissante du salaire réel (premier postulat), Keynes refuse d’admettre que l’offre de travail est une fonction croissante du salaire réel (deuxième postulat). Dès lors il n’y a plus de marché du travail et le niveau de l’emploi déterminé par les entrepreneurs en fonction de leurs anticipations de demande, commande le niveau du chômage puisque l’offre de travail est relativement rigide.

15

Page 16: Demande Effective Et Loi de Say

 La coexistence de formes différentes de chômageEdmond Malinvaud propose une synthèse des idées keynésiennes et néoclassiques. - Le chômage traduit l’absence d’un mécanisme permettant de réaliser l’équilibre sur les différents marchés. Pour qu’un marché conduise à l’équilibre il faut que l’ajustement des quantités se fasse lorsque les prix annoncés ne sont pas au niveau d’équilibre. C’est le "commissaire priseur" (celui qui annonce le prix et qui le corrige en constatant le déséquilibre entre offre et demande) qui permet cet ajustement. Si ce commissaire priseur n’existe pas, les contrats sont conclus avant que l’équilibre soit réalisé et l’une des deux parties (offreurs ou demandeurs) sera rationnée (n’obtiendra pas ce qu’elle souhaite).Ainsi, deux types de chômage peuvent exister, qui doivent être traités différemment.

Marché du travail

Offre > Demande Offre < Demande

Marché des biens et services

Offre > DemandeChômage "keynésien"

Offre < DemandeChômage "classique"

Inflation contenue

- Si l’on est en présence d’un chômage keynésien, il convient de stimuler la demande de biens adressée aux entreprises : l’objectif est la création d’une dynamique demande-production-emploi. - D’un autre côté, pour résorber un chômage classique, il faut chercher en priorité à améliorer la rentabilité des entreprises : c’est la dynamique profit-production-emploi qui est alors privilégiée. Ces deux types de chômage nécessitent donc des remèdes différents voire opposés dans le domaine salarial. Cependant cette théorie se heurte à un problème : que faire dans la mesure où les deux types de chômage coexistent dans la réalité ? - Si le chômage français est de type keynésien au cours de la décennie 60, sa nature est plus classique au début des années 80. Dans la première moitié des années 90, les deux types de chômage coexistaient, traduisant par-là l’insuffisance de la demande globale et des taux d’intérêt réels trop élevés qui nuisaient à la rentabilité des entreprises. - Les économistes sont partagés quant au caractère principalement keynésien ou classique du chômage contemporain.On le comprend, l’enjeu de ces analyses n’est pas purement académique ; il conditionne aussi les choix de politique économique. - Si le diagnostic est celui d’un chômage keynésien, il faut appliquer les consignes de politique économique permettant de soutenir l’activité de manière à encourager les entreprises à embaucher. Confrontées à une demande anticipée plus importante, les entreprises vont utiliser plus de travail. C’est un raisonnement de ce type qui fonde les "politiques de relance". Il devient possible pour les pouvoirs publics de lutter contre le chômage par des interventions conjoncturelles. - Si le chômage est de type classique il ne sert à rien d’essayer de modifier la demande de travail par un changement d’anticipations des chefs d’entreprise. Le chômage classique traduit la rigidité des salaires qui empêche le salaire réel de revenir à un niveau compatible avec la productivité : s’il y a des chômeurs, c’est parce que le travail coûte trop cher.[1] Nous avons déjà rencontrer cette notion et il suffit de rappeler qu’elle désigne la situation de ceux qui sont prêts à accepter le salaire pratiqué sans que cela leur permette de trouver un emploi.Voici la liste de mots, de notions et d'éléments dont vous aurez besoin pour compléter le texte qui suit.

Pour compléter chaque espace, utilisez le menu déroulant et cliquez sur l'élément qui vous parait être le plus approprié.

Cliquez ensuite sur "correction". Vous pouvez utiliser "Aide" pour obtenir une lettre indice. Vous pouvez aussi cliquer sur "Indice" pour obtenir un indice. Bien sûr, vous perdrez des points si vous utilisez "Aide" ou "Indice"!

A vous de jouer !

16

Page 17: Demande Effective Et Loi de Say

   « La théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie »      crise      Etat      marché      néoclassiques      salaire d'équilibre      taux de salaire nominal      taux de salaire réel   

Pour les Indice, l’économie de marché est un système fondamentalement stable où toute possibilité de

Indice et écartée. En situation de concurrence pure et parfaite, des mécanismes d'ajustement automatiques doivent assurer la meilleure situation économique possible sans excédents ni pénuries.

Keynes ne partage pas ce point de vue et la Grande dépression des années 30 montrera que le

Indice livré à lui-même ne parvient pas à s’autoréguler ce qui remet fortement en cause les idées libérales. En effet, en 1936, dans son ouvrage

Indice, Keynes va chercher à démontrer qu’une économie au creux de la vague n’engendre pas forcément son propre redressement. Ainsi, la crise peut s’éterniser à moins que l’

Indice n’intervienne de manière ciblée pour inverser la situation.

La situation économique désastreuse aura des conséquences dramatique sur la situation de l'emploi avec une progression fulgurante du chômage remettant ainsi en cause l'approche libérale du fonctionnement du marché du travail !

Il faut rappeler que pour les économistes néoclassiques, les salaires peuvent varier à la hausse comme à la baisse ce qui permet au salaire d'équilibre de se fixer librement sur le marché du travail par confrontation de l'offre et de la demande de travail. Le

Indice offre ainsi une situation optimale car à ce niveau de salaire toute la force de travail disponible et prête à travailler à ce prix est utilisée. Pourtant Keynes refuse l'idée selon

laquelle la fixation du salaire nominal (ou Indice ) serait le résultat des mécanismes du marché. Selon lui, le taux de salaire nominal serait déterminé par des conventions passées entre syndicats de travailleurs et employeurs. Par ailleurs, le taux de salaire nominal serait inflexible à la baisse en raison des multiples pressions syndicales. Enfin, contrairement à ce qu'affirment les néoclassiques, les individus n'ajustent pas leur

comportement d'offre de travail en fonction du Indice (= salaire réel = pouvoir d'achat du salaire) mais en fonction du taux de salaire nominal car au moment de prendre un emploi, ils ne disposent pas des informations suffisantes pour mesurer l'impact d'une variation des prix sur leur salaire.

Contrairement à beaucoup d’idées reçues, Keynes n’est pas un anti-libéral prêt à en découdre à chaque fois que l’occasion se présente avec l’économie de marché et les sacro-saints principes libéraux. En définitive, Keynes est un libéral convaincu que le capitalisme et son environnement : l’économie de marché, sont viables mais ont parfois besoin d’être placées sous « antidépresseur ». D’ailleurs, tout au long de son œuvre, il n'aura de cesse que de proposer des solutions pour les préserver !La théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie »      crise      Etat      marché      néoclassiques      salaire d'équilibre      taux de salaire nominal      taux de salaire réel   

Pour les néoclassiques, l’économie de marché est un système fondamentalement stable où toute possibilité de crise et écartée. En situation de concurrence pure et parfaite, des mécanismes d'ajustement automatiques doivent assurer la meilleure situation économique possible sans excédents ni pénuries.

Keynes ne partage pas ce point de vue et la Grande dépression des années 30 montrera que le marché livré à lui-même ne parvient pas à s’autoréguler ce qui remet fortement en cause les idées libérales. En effet, en 1936, dans son ouvrage « La théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie », Keynes va chercher à démontrer qu’une économie au creux de la vague n’engendre pas forcément son propre redressement. Ainsi, la crise peut s’éterniser à moins que l’Etat n’intervienne de manière ciblée pour inverser la situation.

La situation économique désastreuse aura des conséquences dramatique sur la situation de l'emploi avec une progression fulgurante du chômage remettant ainsi en cause l'approche libérale du fonctionnement du marché du travail !

Il faut rappeler que pour les économistes néoclassiques, les salaires peuvent varier à la hausse comme à la baisse ce qui permet au salaire d'équilibre de se fixer librement sur le marché du travail par confrontation de l'offre et de la demande de travail. Le salaire d'équilibre offre ainsi une situation optimale car à ce niveau de salaire toute la force de travail disponible et prête à travailler à ce prix est utilisée. Pourtant Keynes refuse l'idée selon laquelle la fixation du salaire nominal (ou taux de salaire nominal ) serait le résultat des mécanismes du marché. Selon lui, le taux de salaire nominal serait déterminé par des conventions passées entre syndicats de travailleurs et employeurs. Par ailleurs, le taux de salaire nominal serait inflexible à la baisse en raison des multiples pressions syndicales. Enfin, contrairement à ce qu'affirment les néoclassiques, les individus n'ajustent pas leur comportement d'offre de travail en fonction du taux de salaire réel (= salaire réel = pouvoir d'achat du salaire) mais en fonction du taux de salaire nominal car au moment de prendre un emploi, ils ne disposent pas des informations suffisantes pour mesurer l'impact d'une

17

Page 18: Demande Effective Et Loi de Say

variation des prix sur leur salaire.

Contrairement à beaucoup d’idées reçues, Keynes n’est pas un anti-libéral prêt à en découdre à chaque fois que l’occasion se présente avec l’économie de marché et les sacro-saints principes libéraux. En définitive, Keynes est un libéral convaincu que le capitalisme et son environnement : l’économie de marché, sont viables mais ont parfois besoin d’être placées sous « antidépresseur ». D’ailleurs, tout au long de son œuvre, il n'aura de cesse que de proposer des solutions pour les préserver !Salaire nominal / Salaire réelLe salaire mentionné sur la feuille de paie est exprimé en monnaie. C’est le salaire nominal.Lorsque l’on veut faire des comparaisons dans le temps ou dans l’espace il faut mesurer le pouvoir d’achat du salaire nominal c’est-à-dire le salaire réel. Le salaire réel est une expression du salaire en monnaie constante (comme si les prix n’avaient pas varié pendant la période). Pour faire ce calcul on divise le salaire nominal en fin de période par l’indice des prix en fin de période et on multiplie le résultat par 100 (indice des prix pour l’année de base).Exemple : salaire nominal en 2005 = 1500 euros indice des prix en 2005 = 110 base 100 en 1998 salaire réel 2005 en euros de 1998 = (1500/110) x100 soit 1363 euros.

18