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Démocratisation des méthodologies de projet en France
Démocratisation des méthodologies de projet en France Page 0
Démocratisation des méthodologies de projet en France En quoi les méthodologies de projet peuvent, de manière complémentaire, améliorer la gestion d’un service et des projets informatiques ? 30/05/2010 Exia.Cesi Cindy Amiet
Amiet Cindy Exia.Cesi 2010
Démocratisation des méthodologies de projet en France Page 1
Sommaire
I) PREAMBULE .................................................................................................................................. 2
II) INTRODUCTION ............................................................................................................................. 3
III) ETAT DES LIEUX ............................................................................................................................. 5
1) EN FRANCE VS L’INTERNATIONAL : LES ENTREPRISES GRANDS COMPTES ....................................................... 5
2) PROBLEMES RENCONTRES ................................................................................................................. 8
IV) UN BESOIN DE CHANGEMENT ..................................................................................................... 11
1) LA PRISE DE CONSCIENCE : L’IMPASSE DES DSI .................................................................................... 11
2) EXPERIENCE D’UN SERVICE .............................................................................................................. 15
V) APPORTS DES METHODOLOGIES DE PROJET ............................................................................... 18
1) DEUX METHODOLOGIES : CMMI ET PMI ........................................................................................... 18
2) CORRELATION ENTRE LES PRATIQUES CMMI ET LES PROCESSUS PMI® ...................................................... 21
3) PARAMETRES DE MISE EN PLACE ....................................................................................................... 25
VI) EXPERIMENTATION ET PERSPECTIVES ......................................................................................... 27
1) UN TERRAIN D’EXPERIMENTATION .................................................................................................... 27
2) PERSPECTIVES : AUTRES METHODOLOGIES .......................................................................................... 31
VII) CONCLUSION ............................................................................................................................... 32
VIII) GLOSSAIRE .............................................................................................................................. 33
IX) BIBLIOGRAPHIE ........................................................................................................................... 34
X) ANNEXES ..................................................................................................................................... 36
1) ENQUETE D’UN CHEF DE PROJET SUR LES METHODOLOGIES DE PROJET ....................................................... 36
2) MATRICE PMI® ........................................................................................................................... 38
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I) Préambule Actuellement en troisième cycle Architecture en management des systèmes
d’informations, j’ai effectué mon cursus complet de cinq ans dans le centre Exia.Cesi.
J’ai tout d’abord obtenu le diplôme d’Analyste programmeur (Bac +2) puis de
Responsable en ingénierie des logiciels (Bac +4). Les quatre années ont été validées par
plusieurs stages en entreprise, lors desquels j’ai principalement été responsable des projets
qu’on m’a confiés, en effectuant l’analyse fonctionnelle et technique puis les
développements ainsi que l’intégration dans les systèmes d’information existants.
Mon dernier stage a débouché sur un CDD en parallèle de mes études, étant donné
que le projet consistait en la mise en place d’un progiciel de gestion adapté à une entreprise
de location et de services financiers. Au cours de mes différents contrats chez eux, j’ai
procédé à l’analyse métier, technique et financière du projet, puis au vu de l’ampleur des
développements, j’ai demandé à être assistée par des développeurs. J’ai alors pris en main la
gestion du projet dans son ensemble, sans avoir de réelle formation au préalable, bien que
mon cursus m’ait permis d’avoir des notions en pilotage de projet. J’ai alors compris la
nécessité d’avoir en main une méthodologie de projet, permettant de structurer chaque
phase et fournissant des outils et techniques pour chacune d’entre elles.
J’ai donc effectué ma cinquième année au sein du même centre, afin de préciser mes
aptitudes à la gestion de projet et ainsi justifier d’une première expérience ainsi que de
connaissances en méthodologies. Cette année de formation a comme fil rouge la
méthodologie PMI®, qui nous a été enseignée par un expert certifié PMP®.
Le but du dernier stage est de valider l’application de cette méthodologie au sein d’une
entreprise. Je participe alors à la mise en place de bonnes pratiques et suis confrontée aux
mêmes problèmes rencontrés dans tous les projets : la résistance au changement !
Suite à ces différentes expériences professionnelles, j’ai décidé de présenter une thèse
sur les méthodologies de projet en France, afin de compléter mes connaissances dans ce
vaste sujet et de présenter une corrélation entre deux méthodologies qui me semblent être
les plus bénéfiques dans les entreprises et le contexte d’aujourd’hui : CMMI et PMI®.
Par la suite, je souhaite me spécialiser dans la gestion de projet de développements
informatiques mettant en œuvre des processus qualité, puis créer ma propre structure dans
ce domaine.
« L'homme n'est rien d'autre que son projet, il n'existe que dans la mesure où il se réalise. »
Jean-Paul SARTRE
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II) Introduction "En décrétant le changement, l'immobilisme s'est mis en marche, et je ne sais plus comment l'arrêter."
Edgar FAURE, Déclaration en tant que Ministre de l'Education, 1968
Contexte
Au début des années 1980, un constat a été effectué sur des projets informatiques du
Département de la défense des Etats-Unis : seulement 2% avaient été utilisés tels que livrés
et 50% n’avaient pas été utilisés avec succès. A partir de là ont été mises en place des
méthodes pour évaluer les capacités des prestataires engagés pour ce type de projets,
permettant de choisir la maîtrise d’œuvre sur des indicateurs fondés. Les entreprises nord-
américaines ont été les premières à les appliquer, suivies des entreprises indiennes puis
européennes.
Aujourd’hui, les outils de gestion sont de plus en plus impliqués dans les services
administratifs et financiers ainsi que dans l’aide à la décision. Au sein des PME, leur mise en
place en interne est de plus en plus fréquente, suite à un trop grand nombre de pertes dues
à l’utilisation d’outils externes et génériques. Ces outils se doivent alors de répondre au
mieux aux besoins fonctionnels et stratégiques, c’est pourquoi ils nécessitent une gestion
plus claire et surtout suivie.
Que ces outils soient mis en place en interne ou choisis sur le marché, ils demandent
une mobilisation, souvent de longue durée, de ressources humaines et budgétaires. C’est
pourquoi les responsables de services doivent justifier de leurs besoins auprès de la
direction.
Depuis une dizaine d’années, on remarque une instauration progressive de différentes
méthodologies de projet au sein des entreprises grands comptes, principalement les sociétés
de services et d’intégration logicielle. On y retrouve les méthodes AGILE, avec Scrum ou
Lean, CMMI ou encore PMI®. Elles apportent toutes un aspect qualité, managérial ou
organisationnel et sont le plus souvent complémentaires. En effet, une fois une de ces
méthodologie intégrée, les besoins de résultats deviennent plus précis et certains
responsables préfèrent adapter leur application en fonction.
Problématiques
Ces constatations montrent une détermination des entreprises françaises à contrôler
leur gestion de projets informatiques à l’aide de bonnes pratiques, tout en se certifiant. Cela
leur permet non seulement de rester crédibles auprès des clients et utilisateurs, mais aussi
d’assurer une stabilité sur le long terme de leur service et du suivi de leurs projets.
Si les entreprises sont aujourd’hui convaincues par ces méthodologies de projet,
pourquoi se sont-elles démocratisées si tard en France ?
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Malgré de multiples preuves de leurs bénéfices, leur application au sein des services
n’est pas encore chose faite. Les managers informatiques ressentent pourtant ce besoin,
pourquoi sont-ils de plus en plus concernés par ces méthodologies ?
Objectifs
Cette thèse est destinée à montrer l’apport de deux méthodologies de projet prisées
et naturellement complémentaires.
J’exposerai dans un premier temps un état des lieux des entreprises françaises,
permettant d’amener dans un deuxième temps à la prise de conscience des directeurs de
systèmes d’informations. Afin d’étayer mes propos, j’utiliserai l’expérience d’un service
d’intégration logicielle avec l’exemple d’un projet qui a été abandonné, non pas pour des
raisons stratégiques mais réellement par manque de méthodes. Cet exemple sera complété
par différents témoignages de personnels directement intéressés par ces méthodes de
gestion de projet : le directeur du système d’information et le responsable qualité.
Dans un troisième temps, j’établirai une corrélation entre les deux méthodologies de
projet CMMI et PMI®. Elle sera complétée d’une parole d’expert senior CMMI, qui a bien
voulu répondre à une interview sur les apports de ces bonnes pratiques lors de ses
différentes expériences de mise en place de cette méthodologie. Afin de prouver leur
complémentarité, je les ai mises en œuvre en les adaptant à un projet de développement au
sein du service cité précédemment.
Plusieurs méthodologies existent, c’est pourquoi, afin de ne pas limiter les possibilités
aux deux que j’ai expérimentées lors de mon séjour en entreprise, j’ai souhaité identifier les
apports possibles des autres, peut-être plus adaptées au service que j’ai intégré. Je les
présenterai dans la dernière partie.
Limites et méthodologie
Le cadre de cette thèse est limité au fonctionnement des entreprises grands comptes
en France, en se concentrant sur la gestion de leur service informatique et de leurs projets.
Etant donné la récente prise de conscience des directeurs de systèmes d’informations, ce
mémoire prend en compte les éléments et évolutions depuis 2003. Le contenu de ce
document se base principalement sur des articles de presse (01net, Journaldunet, BPM
Channel et blogs de DSI), sur les guides (officiels ou non) des méthodologies étudiées et sur
plusieurs témoignages d’experts et de professionnels.
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III) Etat des lieux Avant de juger la réussite des projets informatiques, il faut préciser sur quels critères
nous devons les évaluer. Un projet pourra être considéré comme un succès s’il est effectué
dans les temps, que les budgets sont respectés et qu’il correspond aux spécifications
définies au départ.
1) En France vs l’international : les entreprises grands comptes
Depuis 2003, les constats internationaux révèlent des chiffres alarmants pour les
projets au sein des SSII1, dont les échecs répétitifs sont bel et bien prouvés. On parle même
d’exception pour un projet réussi. En effet, non seulement les objectifs fonctionnels sont
rarement atteints, mais les délais de mise en place sont tels que les budgets sont largement
dépassés.
D’après une étude réalisée par Standish Group2, le taux de réussite des projets en 2004
était seulement de 30%, 50% étaient livrés mais au moins un des critères n’était pas
respecté et 20% pouvaient être qualifiés d’échec (abandonnés, obsolètes ou jamais utilisés).
Les entreprises françaises spécialisées dans le pilotage de projets informatiques
expliquaient en 2003 que ce problème était dû au « boum » des demandes d’intégration,
entraînant les offres logicielles à se diversifier et les termes métier à se démultiplier, menant
ce monde à une complexification des systèmes informatiques que les gros acteurs n’ont pas
su gérer.
Bien que les chiffres diffusés soient de meilleur augure, les entreprises considèrent-
elles le succès d’un projet de la même manière ? Prennent-elles toutes les mêmes
paramètres et critères en compte ? On remarquera que ce n’est pas toujours le cas. Les
projets informatiques ont leur fidèle réputation d’être des gouffres financiers et ceci sur une
longue durée. Les mentalités ayant évoluées, les clients et utilisateurs s’attendent à un
dépassement des budgets et délais, donc les entreprises y portent moins d’attention.
Gezinus Hidding3 explique dans un article sur le site InfoBoom4 que le respect des
spécifications fonctionnelles est plus important que le dépassement des délais. On peut
même observer que pour certains projets, l’aspect budgétaire est à peine suivi, pouvant
impliquer des remises en question au cours du projet ou des dépassements conséquents du
budget ou des délais sans réelles justifications.
1 SSII : société de services. Dans ce document, les SSII citées ne seront que des grands comptes.
2 Standish Group est une société américaine effectuant des enquêtes et des rapports sur le management
de projets informatiques. L’étude est disponible à l’adresse suivante :
http://www.cs.nmt.edu/~cs328/reading/Standish.pdf
3 Gezinus Hidding est professeur dans une université de management à Chicago
4 Article datant de février 2010 : http://www.theinfoboom.com/fr/pov/expert/réduire-le-taux-déchec-
des-projets-it-grâce-à-un-leadership-à-valeur-ajoutée-change-leade?from=search
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Nous pouvons tout de même constater depuis ces dernières années une belle
évolution dans certains pays, notamment en Inde, où la plupart des projets sont une réelle
réussite. Cette observation se démontre grâce à une augmentation du chiffre d’affaires des
SSII indiennes et à une confiance accrue des entreprises internationales, comme Steria, dont
le président directeur général affirme en 2008 que « Certains projets informatiques sont
réalisés à hauteur de 70 % par nos ingénieurs en Inde car le taux de réussite des projets
informatiques menés par la SSII indienne est élevé »1.
En 2008, le constat a quelque peu évolué. IBM publie une étude réalisée auprès de
1500 directeurs informatiques qui révèle que les projets menés à l’aide de méthodologies
structurées augmentent leur taux de réussite jusqu’à 50%.
Un autre point permettant de mesurer l’état des projets informatiques est la
satisfaction des utilisateurs.
Pour tout acteur d’un service informatique, la satisfaction du demandeur, qu’il soit
utilisateur ou client2, est le but premier. Or, on constate3 que la plupart ne sont pas satisfaits
du service rendu. Pourquoi ?
Différentes raisons peuvent expliquer ce mécontentement. D’une part, le manque de
communication de la part du service auprès des utilisateurs provoque un questionnement
constant sur l’avancement du projet ou la compréhension des besoins fonctionnels. D’autre
part, les utilisateurs ont du mal à concevoir le fait que la mise en place d’un outil
informatique ne soit pas un système « tout automatisé ». Or, pour les traitements
complexes, même les solutions les plus optimisées demandent une action de la part de
l’utilisateur, ce qui provoque une sorte de frustration dans son attente d’automatisation.
De plus, il est fréquent que les utilisateurs se créent des outils complémentaires à
l’aide de logiciels bureautiques courants, afin de pallier à l’écart fonctionnel de la solution
face à son besoin réel. D’après une publication de 2008 sur le site bestpractices-si, cette
précision est une des réponses au problème des enquêtes de satisfaction utilisateurs, qui ne
sont pas toujours significatives.4
1 Article datant de 2008 concernant la nouvelle stratégie de développement de l’entreprise Steria suite à
une baisse des demandes de services informatiques : http://www.jdf.com/analyse-
financiere/2008/09/13/04012-20080913ARTHBD00149-steria-peut-tirer-son-epingle-du-jeu-dans-un-contexte-
difficile.php
2 Deux notions bien distinctes : dans le cas d’un service informatique interne, l’utilisateur est également
interne à la société, il n’achète pas le produit. Dans le cas d’une société de service, le client est celui qui achète
le produit et il est également utilisateur.
3 Constatation effectuée à partir de plusieurs articles sur http://www.bpm-channel.com
4 http://www.bestpractices-si.fr/index.php?option=com_content&task=view&id=42&Itemid=73
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Nous verrons en détail les problèmes rencontrés avec les utilisateurs plus loin dans ce
développement.
Suite à tous ces constats effectués par les entreprises françaises, les SSII ont décidé de
structurer leurs services et principalement leur pilotage de projets. Ces démarches étant
généralement longues et bien qu’elles aient été lancées pour la plupart en 2003, les
bénéfices ne sont pas encore visibles chez toutes les entreprises. D’après un article datant
de mai 2006, la majorité des SSII avaient comme objectif l’atteinte du niveau 3. Nous
retrouvons des exceptions au sein des entreprises grands comptes ayant anticipé cette
évolution vers le management par processus, comme IBM France, certifié niveau 5 en
novembre 20051 (niveau optimal de la certification CMMI, qui demande une démarche
d’amélioration constante de ses processus).
L’entreprise Standish Group mène régulièrement des enquêtes sur la gestion des
projets et en ressort des taux de réussite généraux. Bien que leurs enquêtes soient
controversées par certains acteurs2, leurs résultats sont tout de même parlants. Ci-dessous
un graphe représentant l’évolution des taux de réussite et d’échecs des projets
informatiques en France3 dans le temps.
On remarque sur ce graphe une baisse du taux d’échec et une remontée du taux de
réussite jusqu’en 2006, moment où les différents taux s’équilibrent. Si la tendance s’est
inversée, c’est principalement dû au contexte économique et malheureusement les
entreprises avaient fait des coupes de budget aux mauvais endroits.
1 Source IBM http://costkiller.net/actu/actu-IBM-CMMI5-niveau-CMMI-5-evaluation-activites-
developpement-maintenance-applications-logicielles.0512.htm
2 Méthodes d’enquête controversées car ne sont pas publiées. Certains estiment donc qu’elles ne sont
pas fiables.
3 Données récupérées des enquêtes de Standish Group reprises et commentées dans un document
hollandais de focus sur le management de projet http://www.few.vu.nl/~x/chaos/chaos.pdf.
0%
10%
20%
30%
40%
50%
60%
1995 2000 2004 2006 2009
Evolution des taux de succès des projets
Succès
Mitigés
Echec
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Nous pouvons en conclure qu’en ce qui concerne la qualité logicielle (réussite des
projets, satisfaction clients), trois secteurs géographiques ressortent aujourd’hui : les Etats-
Unis, l’Europe et l’Inde. Les Etats-Unis mettent en place différents outils de gestion de
projets et sont actifs dans ces démarches, mais chacun adapte ces pratiques en fonction de
son environnement. Il en résulte que les écarts de taux de réussite d’une entreprise à l’autre
sont encore importants, notamment en France, où ces taux restent bas. Les entreprises
françaises ont aujourd’hui été devancées par les entreprises indiennes ou nord-américaines
en ce qui concerne la qualité de gestion des projets informatiques, amenant rapidement à la
délocalisation des prestations de développement logiciel.
2) Problèmes rencontrés
« La perfection des moyens et la confusion des buts semblent caractériser notre époque. »
Albert EINSTEIN
Nous sommes dans une période où les entreprises sont apprenantes, les évolutions
organisationnelles et techniques sont constantes, il faut donc répondre à ces changements
tout en gardant une stabilité au sein des services.
La plupart des méthodologies de projet sont développées aux Etats-Unis par des
instituts spécialisés dans la recherche, ce qui prouve un désir et un besoin certain d’évoluer
sur la gestion par les processus. Cela devrait leur permettre d’avoir un temps d’avance sur
leur mise en place, or nous pouvons observer que ce ne sont pas forcément les mieux
positionnés en matière de maturité.
Pourquoi les projets les plus stratégiques sont ceux qui connaissent le plus d’échecs ?
Deux causes, deux responsables : le changement non assuré, des acteurs peu impliqués ;
direction absente et utilisateurs indisposés à accepter cette évolution.
Gestion du changement
L’évolution d’une solution informatique peut être vivement attendue, comme elle peut
sembler inutile.
Elle sera attendue par les utilisateurs soutenant une automatisation maximale de leurs
tâches et qui expriment alors des besoins en surabondance. Ils attendent alors un
changement radical de leur outil de gestion et des performances identiques aux gros
systèmes, que le service informatique ne pourra pas satisfaire à 100%. Ce dernier se
retrouve donc face à un dilemme de recadrage des besoins sans devoir procéder à des
coupures franches. Une fois livrée, la solution ne correspond pas aux attentes des
utilisateurs et demandera un effort accentué pour leur formation et leur adaptation.
Elle semblera inutile si l’application actuelle répond aux besoins des utilisateurs. En
effet, en modifiant les habitudes des utilisateurs, nous touchons à leur confort de travail,
provoquant la plupart du temps une réticence vis-à-vis du nouveau système. Si les raisons de
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cette évolution ne sont pas clairement exprimées aux utilisateurs, ils resteront dans
l’incompréhension (« Pourquoi changer ? ») et ne seront pas disposés à s’adapter à la
solution fournie.
Dans les deux cas, des utilisateurs non préparés au changement deviennent des
utilisateurs insatisfaits potentiels.
L’erreur principale des entreprises jusqu’à ces dernières années, a été de subir le
changement, ou de ne l’appliquer qu’à la qualité ou aux principes d’administration, sans
prendre en compte un autre facteur important : le manque de maturité des utilisateurs.
Philippe RIGAIL présente les raisons de ce dilemme sur son site web en définissant l’étape
cruciale d’un projet informatique : « De l’expression à l’analyse des besoins dans les systèmes
d’information »1. Bien que publié en 2001, on observe que cet article reste d’actualité
lorsque des études sont encore effectuées en 2010 pour prouver que la gestion du
changement est la clé de réussite des projets2.
Nous pouvons conclure avec certitude que gérer le changement n’est pas seulement
bénéfique pour le projet en cours, mais apporte également une facilité de communication
pour les projets à venir et augmente ainsi la satisfaction des utilisateurs. Les entreprises
doivent alors miser sur un échange constant entre le service informatique et les utilisateurs
finals pour s’assurer de la réussite de leurs projets.
En parallèle, les pratiques de gestion de projet conseillent la mise en place de gestion
du changement et pour cela proposent des directives afin d’atteindre des objectifs
d’adaptation plus certains.
Manque d’expérience
Un autre problème majeur qui accentue l’échec des projets est une mauvaise
intégration des compétences au niveau du pilotage de projets.
Les ingénieurs techniques sont souvent promus en tant que chef de projet grâce à une
libération de ce poste suite à un départ à la retraite ou imprévu. L’avantage de ces situations
est que l’ingénieur technique est plus capable de déterminer les délais de développement ou
de mettre en place une architecture technique adaptée aux besoins de la solution.
L’inconvénient est, justement, leur expertise technique. Ils manquent généralement de
formation au pilotage de projet et ne l’initialiseront pas de la même manière qu’un
informaticien doté de la double compétence technique-management.
1 Article publié dans la revue La Valeur http://www.formes-et-technologies.com/publications.html#ch3
2 Société Audaxis http://www.audaxis.com/Actualites/La-gestion-du-changement-cle-de-reussite-d-un-
projet-ERP
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Comme le précise Nathan Y. HATTAB lors de son interview1, l’inexpérience du chef de
projet entraîne une imprécision du contenu et des limites du projet lors de l’établissement
des spécifications, amenant le projet à un dérapage budgétaire ou dans le temps, voire à un
échec. L’expert pensera à la solution technique et non à l’aspect métier, l’empêchant de
garder une vision d’ensemble sur le projet et ainsi prévoir et anticiper les risques.
Un bon développeur n’est pas nécessairement un bon chef de projet. Le problème
s’amplifie en inversant la phrase : un chef de projet doit être un bon développeur, afin
d’anticiper les délais, de suivre l’avancement technique du projet et d’obtenir le respect des
développeurs. De plus, ce sont le plus souvent les meilleurs développeurs qui sont amenés à
devenir chefs de projet, alors qu’ils ne souhaitent pas forcément être confrontés à toutes les
problématiques liées à leur nouveau poste.
Etre développeur et être chef de projet ne demandent pas les mêmes compétences, et
là encore, les entreprises doivent prendre une décision stratégique et non « personnelle »
dans le choix de leurs chefs de projet, car nous rencontrons très vite des exemples illustrant
le principe de Peter : « Dans une hiérarchie, tout employé a tendance à s’élever à son niveau
d’incompétence. ».
C’est alors que tout employé promu à un poste de chef de projet doit être formé aux
bonnes pratiques de gestion de projet, afin de balayer tous les domaines auxquels son poste
est rattaché.
Un échange sur le forum du site developpez.net développe cette problématique avec
différents témoignages de professionnels et expérimentés, dans lequel il ressort
effectivement que dans la plupart des entreprises, les développeurs deviennent chefs de
projet malgré eux (parfois même ne sont pas techniciens à la base), ou simplement par fierté
d’intitulé de poste (« consultant, chef de projet, architecte » sont des termes plus gratifiant
que « développeur informatique »).
Pour conclure ce point concernant le décalage des compétences, je citerai Nathan
HATTAB : « La certification des chefs de projets informatiques sera un symptôme révélateur
de la maturité des métiers de l’informatique et des systèmes d’information ».
1 Interview de Nathan Y. HATTAB, consultant en systèmes d’information :
http://www.afai.asso.fr/index.php?m=76
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IV) Un besoin de changement
1) La prise de conscience : L’impasse des DSI
« Nous avons choisi de faire de la qualité parce que la chance est devenue trop chère »
Cédric FOULON – PMP - Evaluateur CMMI - Certifié ITIL
On a pu constater dans le chapitre précédent que l’insatisfaction des utilisateurs était
souvent due à un dérapage des fonctionnalités attendues. L’échec des projets est également
évalué sur les dépassements de délais ou de budgets. Pourquoi parle-t-on de manque de
crédibilité des DSI dans les entreprises françaises ?
On peut considérer qu’un projet se construit en quatre étapes avec les utilisateurs :
l’avant-projet, l’exécution, la vérification du contenu et l’après-projet. En impliquant les
utilisateurs finals lors de ces étapes, le risque de dérapage est moins grand. Or, aujourd’hui,
les reporting des projets sont principalement effectués en interne, les utilisateurs manquent
de visibilité sur les décisions d’implémentation des fonctionnalités, sur l’avancement du
projet et sur l’utilisation finale des solutions. Comme expliqué précédemment, la gestion du
changement n’est pas toujours assurée, provoquant alors des demandes de nouvelles
fonctionnalités à la volée ou des redéveloppements non prévus.
Lors du 12ème Salon des Solutions et Améliorations des performances en 2005
(SisQual1), le problème du mécontentement des utilisateurs est posé par la société ADELI. Il
en ressort principalement des problèmes de communication : incompréhension des
documents qu’ils doivent valider, manque de visibilité au cours de la vie du projet pour les
utilisateurs et pour la direction ou encore l’absence de suivi des processus qualité.
Dans une interview faite par Bernard Paquin en décembre 2009, Alain Gresse,
directeur informatique, explique que la mise en place d’une gestion du changement n’a pas
seulement permis une réussite accrue de leurs projets, mais également de « sortir le service
informatique de sa cave »2, se rapprocher des autres services et ainsi mieux comprendre les
besoins exprimés.
En ce qui concerne le périmètre fonctionnel des projets, prenons en exemple les
projets ERP. On peut constater des écarts significatifs entre les livrables attendus au
lancement du projet et ceux constatés à la fin, prouvant bien que le périmètre a évolué lors
1 Compte rendu de la présentation accessible via ftp : ftp://ftp2.adeli.org/adeli/lalettre/l61p6.pdf
2 Interview d’Alain Gresse par Bernard Paquin est disponible à l’adresse suivante :
http://www.paperjam.lu/archives/2010/01/1112_Techno_Alter_Domus/index.html
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de la mise en place. Ci-dessous une source de erp-infos.com1 qui montre la progression des
livrables et de leurs état au cours de la vie d’un projet spécifique jusqu’à une certaine date.
Les zones colorées permettent de visualiser facilement les écarts entre chaque états :
planifié, en cours de développement, en attente de validation (développé mais non testé),
sous réserve de validation (modifications à apporter) et validé. Leur épaisseur apporte des
informations complémentaires sur l’avancement du projet. Par exemple, l’épaississement de
la zone « Attente de validation » analysée en parallèle d’une faible croissance des livrables
validés, permet de déduire que le projet avance lentement et prend du retard. De plus, si on
compare le nombre de livrables planifiés au début du projet et le nombre validés à la date
arrêtée, on remarque bien un accroissement significatif des livrables attendus.
Cela démontre les manques de cadrages fonctionnels des projets tout au long de leur
cycle de vie, ce qui aura systématiquement des impacts sur leur planification et donc sur
leurs coûts.
La communication est un aspect sur lequel les directeurs de systèmes d’information
ont réagi du fait de dérapages trop fréquents des projets. Il leur faut maintenant intégrer
cette notion à leur service, leur permettant de s’assurer d’une équipe communicante auprès
des utilisateurs, tout en gardant le recul que demande leur place de DSI.
Afin que le service suive les instructions de communication sur le projet avec les
utilisateurs, le DSI devra s’appuyer sur des méthodes concrètes et qui ont été prouvées
comme bénéfiques.
Dans la plupart des entreprises grands comptes, la direction ne s’adresse jamais
directement au personnel informatique, certains même les dénigrent et sous-estiment les
1 http://www.erp-infos.com/info_article/m/976/des-methodes-et-des-outils-pour-assurer-la-reussite-
des-projets.html#top_article
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problèmes qu’ils rencontrent. Le DSI doit avoir le rôle d’intermédiaire « tampon » entre son
service et la direction en remontant les différentes informations concernant les projets. Pour
cela, il doit obtenir des données concrètes de ses chefs de projet (durée, budget) et avoir
une visibilité sur le long terme afin de défendre ses projets et surtout son service.
Le contexte économique a principalement eu des impacts négatifs, notamment des
réductions de ressources humaines et financières, amenant à un ralentissement des projets
et donc une insatisfaction des clients. Le problème est que, par manque de budget, la
Direction n’autorise pas le déblocage de ressources s’il n’a pas accès à des justifications et
des données valables pour lui permettre d’évaluer les coûts et bénéfices monétaires des
projets.
De plus, il est bien connu que les projets informatiques dépassent les budgets prévus
pour différentes raisons. D’une part, l’initiateur du projet estimera les coûts à la baisse pour
s’assurer qu’il sera accepté. D’autre part, le budget est estimé pour un périmètre défini du
projet, qui a souvent tendance à être modifié au cours de sa mise en place, donc le budget
dérape également. Enfin, les chefs de projet manquent souvent de méthodologie et ne
remarquent pas toujours la dérive des coûts, la Direction est alors prévenue au dernier
moment et doit négocier pour obtenir une augmentation du budget alloué.
En reprenant l’exemple des ERP, on observe un pourcentage élevé en écarts de budget
et de délais. Une étude effectuée entre 2005 et 20101, sur un panel très large d’entreprises
(toutes les tailles et tous les continents), constate qu’en Europe, 57% des projets ERP
prennent plus de temps que prévu et 54% coûtent plus cher que prévu. En plus d’avoir la
réputation d’être un gouffre financier pour les entreprises, le retour sur investissement de
l’installation d’un ERP est difficilement mesurable, ou n’est pas calculé du tout par les DSI,
pour les raisons citées précédemment.
1 Article de février 2010 traitant des ERP : http://www.erp-infos.com/info_article/m/920/2010-erp-
report-du-panorama-consulting-group.html#top_article
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Démocratisation des méthodologies de projet en France Page 14
Ci-dessous les résultats d’un autre point de l’étude réalisée, permettant de visualiser
les bénéfices de deux types de solutions : les ERP traditionnels et le SaaS1.
En moyenne, les deux solutions consomment le même budget du chiffre d’affaires et
satisfont la direction au même degré, à hauteur de 50%, pour une atteinte des objectifs
d’utilisation bien différente (20% d’écart). Quant au respect du budget, la solution ERP
traditionnelle reste la mieux placée avec 40% des projets restant dans le cadre de ce qui a
été planifié, contre 30% pour les projets SaaS.
Ces chiffres, bien qu’alarmants, se sont améliorés par rapport à l’étude de 2008, ceci
grâce au contexte économique qui a obligé les entreprises à mieux suivre les processus de
mise en place et donc réduire les retards et augmentations de budgets.
Pour cela, il a fallu instaurer des indicateurs et des tableaux de bord réguliers afin
d’obtenir des données concrètes sur l’avancement des projets. La Direction, à l’aide de ces
justifications plus précises acceptera plus facilement le lancement de projets ou l’attribution
de ressources.
Depuis 2003, les SSII françaises prennent conscience de leur retard sur les entreprises
indiennes, déjà à de hauts niveaux de maturité, et agissent activement dans l’application des
méthodologies de projet, notamment CMMI dans les services informatiques.
La DSI se doit donc d’assurer d’une part la satisfaction des utilisateurs en ouvrant le
service informatique aux autres pôles de l’entreprise, et d’autre part crédibiliser ses besoins
1 SaaS : Software As A Service. Solution proposant de s’abonner à un service plutôt que d’acheter une
licence, solutions full-web. Les clients ne paient pas pour posséder le logiciel mais pour l’utiliser
(http://fr.wikipedia.org)
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Démocratisation des méthodologies de projet en France Page 15
et ses choix auprès de la direction. C’est pour ces raisons que, ces dernières années, les
méthodologies de projet se démocratisent dans les entreprises françaises.
2) Expérience d’un service
Le service informatique au sein duquel j’ai pu expérimenter l’apport des
méthodologies de projet met en place CMMI depuis deux ans. Ils souhaitent se certifier
niveau 2 à la fin de l’année.
Avant CMMI : interviews
Comment était organisé ce service avant cette décision ? Pour répondre à cette
question, j’ai interviewé le DSI et le responsable qualité1, les chefs de projet ont répondu à
une enquête publiée sur le web à l’adresse suivante http://www.mon-enquete-
enligne.fr/index.php?sid=69745&lang=fr.
Le DSI était à l’époque responsable du service développement, le responsable qualité
était chef de projet et avait principalement des tâches de développeur. Ils appelaient « chef
de projet » celui qui mettait en place la solution : recueil des besoins, développement et
livraison. Le responsable du service avait la place d’un directeur de projet, il était garant de
tous les projets lancés.
Il en ressort que, jusqu’à ce que les bonnes pratiques commencent à être mises en
place, les projets étaient suivis à l’aveuglette, bien que des outils de gestion de temps
étaient déjà utilisés. « Lorsque les utilisateurs avaient une demande ? Ils me la faisaient à la
machine à café » répond le DSI avec un peu de sarcasme, ils n’étaient ensuite en rien
impliqués dans le suivi du projet et finalement « ne découvraient une partie de ce qu’ils
avaient demandé qu’une fois la solution livrée » (responsable qualité).
Les projets n’étant ni chiffrés, ni cadrés, les utilisateurs pouvaient compléter leur
demande à leur bon vouloir. Le cycle de vie des projets à ce moment là est décrit par le DSI
de la manière suivante : « on fait, on voit, on ajuste ».
Lorsque je leur demande quels étaient les écarts qui ressortaient le plus, les deux me
répondent « on ne cadrait pas les projets, on ne faisait pas d’enquête utilisateurs, on ne
pouvait pas savoir s’il existait des écarts ». En précisant alors ma question sur le nombre de
projets abandonnés, la réponse est plus précise avec des exemples de projets qui ont été
abandonnés, après deux ou six mois de spécifications. On en arrive à la conclusion d’un
projet abandonné sur 37 lancés. Mais ce chiffre n’est pas significatif, il faudrait pouvoir
mesurer le temps perdu sur la redéfinition des besoins, les redéveloppements, le débogage
ou la refonte complète d’une solution qui semblait pourtant répondre aux attentes des
utilisateurs finals pour se rendre compte des écarts réels.
1 Les rôles cités des acteurs sont actuels. Avant CMMI, ils occupaient une autre place.
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Démocratisation des méthodologies de projet en France Page 16
Il y a trois ans, le responsable de service a été promu en tant que DSI. Il était conscient
qu’il y avait urgence de faire évoluer leur gestion de projet et de l’amener à être plus
structurée. C’est alors qu’il s’est renseigné sur les différentes méthodologies existantes et en
a conclu que CMMI était une des plus ordonnée et surtout la plus souple lors de son
application. Pour le responsable qualité, il en ressort que cette décision a été prise pour la
satisfaction du client et de la direction : réduction des coûts et des délais grâce au chiffrage
et à l’optimisation des tâches.
Transition du service : Exemple d’un projet
Un projet qui a été abandonné en cours de développement prouve différents
problèmes lors du pilotage de ce projet. Celui que je prendrais comme exemple est un projet
qui a pourtant été le projet pilote de la mise en place des bonnes pratiques CMMI au sein du
service. Il fait ressortir d’autres points qui mènent les projets à l’échec que je développerai
dans ce chapitre.
Ce projet date de 2008 et concernait le service Paie. Une application devait être
développée en interne pour remplacer un outil créé par une utilisatrice sous le logiciel
Microsoft Access®. Les interlocuteurs DSI ont alors suivi les bonnes pratiques conseillées par
l’accompagnateur sénior CMMI. Le chef de projet a étudié l’existant et recueilli les besoins
auprès des utilisateurs concernés. Avec son développeur, ils ont mené plusieurs réunions
auprès des utilisateurs afin de valider les livrables attendus pour le projet et ont rédigé un
document contenant les spécifications fonctionnelles.
Lors de la validation des spécifications avec l’utilisateur, l’équipe a pris conscience que
le périmètre du projet n’était pas correctement défini et ce qui devait être repris à iso-
fonctionnalités n’avait pas été ciblé par rapport à l’objectif principal. Cette réunion a duré
beaucoup plus de temps que prévu, pour finalement aboutir sur le fait que les spécifications
étaient à redéfinir.
De plus, ils ont été confrontés à une résistance au changement catégorique de
l’utilisateur clé. En effet, ce dernier étant celui qui avait mis en place la solution temporaire
pour pallier au manque d’outil de gestion de la paie, il ne trouvait pas de corrélation entre la
nouvelle solution et l’existante. Bien que l’équipe projet ait travaillé sur les maquettes en
prenant soin de garder le même esprit, il n’a pas accepté la volonté du service de faire
évoluer son outil.
Le projet a été planifié sur deux mois. Les allers-retours de validation des spécifications
prenant du temps, l’équipe a pris la décision de commencer les développements. Les délais
se sont étirés jusqu’à six mois calendaires1, sans arriver à aucun accord, la direction a donc
décidé d’arrêter ce projet qui n’aboutirait manifestement à rien.
1 Ne pas confondre 6 mois hommes et 6 mois calendaires. L’équipe travaillait en parallèle sur d’autres
projets.
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Démocratisation des méthodologies de projet en France Page 17
En tout, 37 jours ont été consommés sur ce projet, dont 17 de développement.
Aujourd’hui, le projet n’a toujours pas été relancé et le service paie continue à utiliser
l’outil Access®. La DSI prépare le changement différemment, en intégrant l’évolution de
l’outil au sein d’autres projets, par exemple la génération de documents à partir de l’outil
principal de gestion est une de ses fonctionnalités phares. Bien que ce nouveau projet
concerne cet utilisateur, il ne s’implique toujours pas dans la mise en place.
Le problème rencontré sur ce projet ne vient pas directement du service informatique,
mais de l’utilisateur clé. La résistance au changement reste quelque chose à prévoir et gérer,
surtout quand les personnes concernées sont connues pour ne pas s’impliquer dans les
projets.
Il y a donc eu un manquement de l’équipe au niveau de l’analyse des parties prenantes
et la manière de communiquer sur le contenu et ce qu’ils pouvaient apporter au bon
déroulement du projet, étape qui était manifestement nécessaire.
Nous pouvons conclure de cette expérience que, bien qu’en suivant des bonnes
pratiques, les projets n’aboutissent pas forcément et la notion humaine est primordiale dans
les démarches de lancement d’un projet.
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Démocratisation des méthodologies de projet en France Page 18
V) Apports des méthodologies de projet
1) Deux méthodologies : CMMI et PMI
Qu’est-ce que CMMI ?
CMM, Capability Maturity Model, est un guide de bonnes pratiques qui a été créé en
1984 aux Etats-Unis dans le but d’améliorer et optimiser les processus mis en œuvre dans
leurs équipes de développement logiciel. Afin de prendre en compte les aspects systèmes et
intégration logiciels, il a évolué en CMMi (Capability Maturity Model Integrated) en 2000.
Nous en sommes aujourd’hui à la version 1.2. CMMI certifie un service.
Ce modèle est divisé en cinq niveaux de maturité (initial, discipliné, ajusté, géré,
optimisé) et concerne tous les aspects du cycle de vie d’un projet. Ils permettent de définir
des processus communs et renouvelables pour accomplir les tâches de gestion de projet.
Les processus CMMI sont regroupés en trois constellations1 : acquisition,
développement et services et comportent seize processus communs. Ci-dessous un schéma
représentant la répartition par constellation des 36 processus qui composent ce modèle:
Chaque constellation est subdivisée en vingt-deux domaines de processus, chacun
constitue un faisceau de pratiques liées et qui, une fois mises en application collectivement,
satisfont à un ensemble d’objectifs considérés comme importants pour l’amélioration de ce
domaine.
1 Constellation : terme spécifique CMMI représentant une catégorie pour les domaines de processus
Commun: 16 processus
Services : 8 processus
Acquisition : 6 processus
Développement : 6 processus
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Démocratisation des méthodologies de projet en France Page 19
Sur ce schéma, une représentation des
différents niveaux du modèle CMMI. Les
niveaux en majuscules sont les composants
requis pour l’application des bonnes
pratiques.
Ces objectifs peuvent être spécifiques
(unique et requis pour satisfaire au
domaine de processus) ou génériques
(s’applique à différents domaines de
processus). Les objectifs sont réalisés grâce
à des pratiques spécifiques ou génériques,
qui sont des composants attendus
permettant de satisfaire à un ou des
objectifs.
La démarche CMMI peut s’aborder de deux manières différentes : représentation
étagée et représentation continue. La différence se situe là où seront évalués les processus.
La représentation étagée emploie des niveaux de maturité, qui seront évalués sur
l’application des domaines de processus. La représentation continue recourt à des niveaux
d’aptitude évalués sur les objectifs et pratiques spécifiques et requis.
On retrouve dans le tableau ci-dessous les domaines de processus par niveaux.
Niveau 2 Gestion de projet définie et appliquée
Gestion des exigences Planification de projet Suivi et surveillance du projet Management de la sous-traitance Assurance qualité Gestion de la configuration
Niveau 3 Processus étendus à l’ensemble de l’organisation
Gestion des risques Programmes de formation Management des processus (organisation des projets) Gestion logicielle intégrée (intégration des produits) Ingénierie logicielle (mise en place technique) Coordination (revue de pairs, tests, validation)
Niveau 4 Processus établis et maintenus
Report de la performance (mesures)
Niveau 5 Amélioration continue
Innovation de l’organisation et technologies Causes déterminées et défauts rétablis
DOMAINE DE
PROCESSUS
OBJECTIFS
SPÉCIFIQUES
PRATIQUES
SPÉCIFIQUES
Produits d'activité
Sous pratiques
Objectifs génériques
Pratiques génériques
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Démocratisation des méthodologies de projet en France Page 20
Qu’est ce que PMI® ?
PMI® est l’acronyme de Project Management Institute. C’est une association
professionnelle fondée en 1969. Ce consensus international a rédigé un référentiel, le
PMBOK® (Project Management Body Of Knowledge), contenant les meilleures pratiques de
gestion de projet. On parle alors de la méthodologie PMI®. La certification PMI® est délivrée
à une personne.
Le PMBOK® (4ème édition en 2008) définit les fondamentaux du management de projet,
entres autres : les différentes structures organisationnelles, où se situe la gestion de projet
dans une entreprise, ce qu’elle est et le rôle que doit tenir le chef de projet au sein de son
équipe. Il établit également des règles de savoir-vivre et de savoir-être qui doivent être
respectées sous peine de risquer de perdre sa certification.
Ce référentiel enseigne principalement que la gestion de projet est divisée en 42
processus, répartis dans une matrice sur la base de neuf domaines de connaissances et cinq
groupes de processus qui sont :
Domaines de
connaissance
Intégration, contenu, délais, coûts, qualité, ressources humaines,
communication, risques, approvisionnements
Groupes de
processus
Initialisation (2 processus), planification (20 processus), exécution (8
processus), surveillance et maîtrise (10 processus), clôture (2 processus)
Vous trouverez la matrice complète en annexe.
Chaque processus comporte un ensemble d’entrées (ce qui agit sur le processus ou ce
qui est nécessaire pour mener le travail), d’outils et techniques (la manière de faire le travail)
et de sorties (ce qui est créé : documents, livrables, planning et le produit du projet).
Les sorties d’un processus sont généralement les entrées d’un autre, permettant de
mener le cycle de vie du projet de manière structurée. Ci-dessous un cycle de vie type
représenté par les groupes de processus PMI® (source : PMBOK®).
•Entrées p1
•Outils et techniques p1
Processes p1
•Entrées p2
•Outils et techniques p2
•Sorties p2
Processus p2
Sorties p1
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Démocratisation des méthodologies de projet en France Page 21
Le nuage représente l’association entre les processus d’exécution et de surveillance et
maîtrise, ces deux groupes de processus étant indissociables dans la pratique, il existe un
retour constant lors de demandes de modifications sur le livrable en cours de mise en place.
2) Corrélation entre les pratiques CMMI et les processus PMI®
CMMI et PMI® sont les deux normes les plus en vue en terme de qualité logicielle. Ces
méthodologies ne dictent pas un chemin type à adopter, mais offrent des bonnes pratiques
de management et de suivi de projet. Comme le précise Dave Nielsen dans son article
« CMM and the PMBOK »1, personne n’a établi de référentiel corrélant CMMI et PMI®, c’est
ce que je souhaite développer dans la partie qui suit. Par souci de clarté, la corrélation se
fera à partir de processus PMI® et seront définis dans un tableau ceux pour lesquels il existe
un rapprochement possible.
Le niveau 1 est la base de toute entreprise de développement logiciel et le PMBOK®
demande un minimum de mise en place de gestion de projet, il n’y aura donc pas matière à
établir de corrélations. Nous ne pouvons établir de rapprochement qu’à partir du niveau 2
de CMMI.
Les niveaux 4 et 5 définissent comment maintenir et améliorer les processus mis en
place. PMI® ne concerne pas cet aspect de CMMI, mais seulement l’aspect pilotage, ils ne
sont donc pas à corréler avec les processus PMI®. Nous trouverons dans ce tableau les
pratiques CMMI de niveaux 2 et 3 ayant une corrélation avec PMI®.
Les codes utilisés dans le tableau sont les suivants : - DP : domaine de processus
1 Article disponible à http://www.pmhut.com/cmm-and-the-pmbok, traduit et interprété en français par
Michel Operto http://dantotsupm.wordpress.com/2010/04/12/cmmi-et-le-pmbok/
InitialisationDéfinir un nouveau projet ou
phase
PlanificationEtablir le contenu et les tâches
requises pour atteindre les objectifs
Mise en oeuvre d'un planning
ExécutionMise en oeuvre du travail
planifié
Surveillance & maîtrise
Vérifier, revoir et réguler l'avancement et les
performances
ClôtureFinaliser toutes les activités pour clore formellement le
projet ou phase
Anomalies
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Démocratisation des méthodologies de projet en France Page 22
- SP : pratique spécifique - SG : pratique générique
Processus PMI® Corrélation CMMI Produits communs
Recueillir les
exigences
Identifier les parties
prenantes
DP : Gestion des exigences (REQM),
SP : Obtenir une compréhension et
un engagement sur les exigences.
Niveau 2
Ensemble des exigences suite
à une analyse par rapport
aux critères, liste des
fournisseurs d’exigences
appropriés
Développer le plan
de management
DP Planification de projet (PP) niveau
2. Permet de rassembler dans un
même plan les estimations, les
ressources, les engagements,
l’échéancier et l’analyse des risques
De plus, ce processus comprend,
tout comme pour PMI®, différentes
pratiques :
DP : Gestion de la configuration (CM)
niveau 2, Gestion des exigences pour
la SP Gérer les modifications aux
exigences niveau 2, Mesure et
analyse pour la SG Aligner les
activités de mesure et d’analyse
niveau 2
Sortie : Plan projet
Sorties subsidiaires :
Documentation des
exigences et des décisions
aux exigences
Matrice de traçabilité et
système de suivi des
exigences
Indicateurs de performance
(délais, coûts, qualité)
Définir le contenu DP Solution technique (TS), SG
Sélectionner les solutions de
composants de produit niveau 3.
Cette pratique est spécifique à un
projet de développement.
Le contenu concernera la
solution technique mise en
place.
Définir les activités DP Solution technique (TS), SG Faire
la conception : comment concevoir le
produit et analyser le « make-or-
buy ». Cette pratique est également
spécifique à un projet de
développement. Niveau 3.
Sorties : contenu du projet
(solutions possibles,
maquettes, relations avec les
exigences, données
techniques, manuels
utilisateur, …)
Planifier les risques
Identifier, analyser
et prévoir une
réponse aux risques
DP Gestion des risques (RSKM)
niveau 3.
Sorties : Plan de
management des
risques contenant la liste des
sources, des catégories, leur
priorisation et exigences
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Démocratisation des méthodologies de projet en France Page 23
Processus PMI® Corrélation CMMI Produits communs
d’évaluation ; plan
d’atténuation, réponses aux
risques
Planifier la qualité DP Définition du processus
organisationnel, qui demande de
mettre en place une ligne
directionnelle de travail sous un
processus homogène dans toute
l’organisation.
Sorties : processus
standards, description des
cycles de vie adaptés aux
situations
Groupe de
processus :
Exécution
DP Gestion de projet intégrée (IPM +
IPPD) a comme but de maintenir le
projet et l’implication des parties
prenantes. Les pratiques demandent
de suivre l’exécution avec les plans
comme base, gérer les parties
prenantes, constituer l’équipe projet
et assurer la collaboration
Niveau 3.
Entrées : actifs
organisationnels, plan projet
et autres plans
Sorties : mises à jour des
actifs organisationnels, plans
intégrés, disponibilités et
attributions des ressources,
produits d’activité
Vérifier le contenu DP Validation et Vérification niveau
3. Propose des pratiques pour se
préparer à la validation en
établissant l’environnement et les
procédures de validation avant de la
réaliser pour ensuite analyser les
résultats.
Entrées : contenu du projet
(spécifications et exigences)
Sorties : environnement de
tests, procédures, critères,
résultats et rapports
Revues par les pairs.
Contrôler le contenu
Contrôler les coûts
Reporter la
performance
DP Mesure et analyse (MA), SG
Fournir des résultats de mesure
Les pratiques permettront d’analyser
les indicateurs définis
précédemment et de les
communiquer aux parties prenantes
concernées.
Niveau 2
Entrée des processus : plan
projet
Sorties : résultat des tests du
produit, analyse des résultats
et conseils pour
l’interprétation
Surveiller le travail
sur le projet
DP Surveillance et contrôle (PMC)
Toutes les pratiques englobent les 4
Entrée des processus : plan
projet, plan d’assurance
qualité, plan de gestion des
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Démocratisation des méthodologies de projet en France Page 24
Processus PMI® Corrélation CMMI Produits communs
Surveiller les risques
Exécuter les
modifications
processus PMI® cités. En effet, ce
domaine de processus permettra de
surveiller le projet dans sa globalité :
délais, risques et modifications tout
en prenant en compte le plan qualité
Niveau 2
risques
Sorties : performances du
projet, écarts, surveillance
des risques, revues de projet,
actions correctives à mener
Exécuter le contrôle
qualité
DP Assurance qualité processus et
produit (PPQA)
Ce domaine de processus définit
comment évaluer des processus et
des produits et les communiquer
Niveau 2
Entrée : plan d’assurance
qualité
Sorties : rapports
d’évaluation, actions
correctives
Groupe de
processus :
Approvisionnements
DP : Gestion des accords avec les
fournisseurs (SAM)
Niveau 2
Liste des types d’acquisitions
pour les produits et
composants
Planifier et établir les
contrats et accords
Rapports d’activité des
fournisseurs
Résultats des tests
d’acceptation
Les domaines de processus faisant partie de la constellation CMMI Gestion des
processus (à partir du niveau 3), proposent de planifier, mettre en œuvre et déployer des
améliorations aux processus standards définis au sein de la structure (Focalisation sur le
processus organisationnel) ou encore de former les services impliqués dans la mise en place
des bonnes pratiques (Formation organisationnelle). Ces pratiques sont englobées dans tous
les processus du PMBOK® qui ont comme entrée et sortie systématiques les actifs
organisationnels de la structure. Ces domaines de processus sont donc transversaux à la
matrice PMI®.
Les domaines de processus CMMI non adaptables à PMI® ne sont pas listés. Ces deux
méthodologies n’ont pas les mêmes objectifs et sont complémentaires. Par exemple, nous
retrouverons un domaine de processus CMMI de niveau 3, Analyse et prise de décision, qui
implique de documenter les lignes directrices de prise de décision et des solutions possibles.
Ce domaine concerne une fonction de support, ce qui ne fait pas partie du contexte de la
méthodologie PMI®.
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Démocratisation des méthodologies de projet en France Page 25
3) Paramètres de mise en place Paramètres généraux (adaptabilité, coûts, délais)
La méthodologie CMMI permet une flexibilité d’adaptation, d’une part par sa division
en constellations permettant de sélectionner quel domaine du service ou de la structure on
souhaite faire évoluer, d’autre part par ses deux représentations qui permettent d’adopter
son propre rythme d’avancement.
Quant à la méthodologie PMI®, elle ne certifie pas un service mais une personne.
L’expert pourra alors adapter l’application de cette méthode en fonction du service dans
lequel il est intégré et aux types de projets qui lui sont confiés.
Là où réside la différence entre les entreprises grands comptes et les PME est dans
l’impact qu’auront les coûts de cette mise en place et le retour sur investissement une fois
CMMI mis en place. Un programme d’amélioration CMMI peut demander un effort de 1 à
5% du budget pour le service concerné. Pour les SSII grands comptes, cet effort sera bien
plus amorti car mieux distribué, alors que dans les PME, il sera plus localisé et donc paraîtra
comme un investissement bien plus important. Les experts et consultants CMMI parlent
d’une mise en place sur 18 mois pour un seul niveau à un coût d’environ 1500€ par an et par
personne.1
Selon une étude de 2006, le retour sur investissement est, quant à lui, réellement
bénéfique car il peut atteindre un ratio de 4:1 en moyenne sur 2 à 5 ans, en termes de coûts,
de délais, de productivité (35%) et de qualité (39% de réduction des défauts post-
installation).2 En comparant ce retour sur investissement avec les données de dépassement
de budget sur les projets informatiques (189% de l’estimation initiale), il ressort de façon
évidente que le coût de mise en place de méthodologies de projet est rapidement
rentabilisé.
Bien que les DSI aient conscience d’un besoin fort de ces méthodologies, la direction
n’a pas toujours les données nécessaires pour accepter de les mettre en place. On se
confronte alors au même problème que pour l’attribution des ressources et de la baisse des
budgets accordés aux projets informatiques.
Résistance au changement
Quelle que soit la méthodologie adoptée, comme pour tous projets, la résistance au
changement est une contrainte non négligeable. Plus elle vient de la « haute » hiérarchie,
plus elle aura un impact fort. D’après une enquête que j’ai effectuée auprès d’experts CMMI,
il ressort que la Direction n’est pas assez impliquée dans la mise en place de bonnes
1 Selon une FAQ d’un site d’expert http://www.qprime.fr/faq/index.php et un article de 01net
http://www.01net.com/article/246136.html
2 Etude de Diane L. Gibson, Dennis R. Goldenson et Keith Kost à l’adresse suivante
http://www.sei.cmu.edu/reports/06tr004.pdf
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Démocratisation des méthodologies de projet en France Page 26
pratiques, amenant à une démotivation des équipes vis-à-vis du programme d’amélioration
entamé.
L’accompagnateur CMMI de la structure dans laquelle je travaille insiste sur ce fait :
« Le problème majeur réside dans une implication insuffisante de la Direction. Souvent, ce
sont des organisations qui cherchent le niveau pour une raison d’enjeu commercial. Elles
n’ont pas pris conscience qu’une évolution de processus doit être fortement accompagnée
par la Direction. ».
Cela vient certainement du fait qu’ils manquent de recul sur ces méthodes et pensent
que seul le service doit être actif pour une réussite du projet. N’ayant également pas de
retour sur les bénéfices engendrés, ils n’en comprennent donc pas l’intérêt principal :
augmenter la productivité et la satisfaction du client. Il faut donc axer son intervention sur la
Direction et prioriser des indicateurs relevant de leur domaine de compétence
Mais les intervenants CMMI n’ont, la plupart du temps, qu’un rôle d’accompagnateur
et ne peuvent donc pas s’impliquer dans le bon déroulement de l’application des pratiques.
Cela serait pourtant une solution pour permettre aux directions autre que celle du service
informatique de prendre conscience des besoins en méthodologie de pilotage de projet. Les
différentes réponses aux enquêtes mettent en avant que si ces derniers étaient moins
« mous », les projets d’amélioration échoueraient certainement moins.
Nous pouvons en conclure que la résistance au changement dans ce genre de projet ne
concerne pas seulement les acteurs directs mais également la Direction. Malgré
l’intervention d’experts dans les programmes d’évolution, ils ne restent que spectateurs de
l’application des pratiques enseignées, l’amélioration ne peut donc venir que d’une prise de
conscience interne.
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Démocratisation des méthodologies de projet en France Page 27
VI) Expérimentation et perspectives
1) Un terrain d’expérimentation
Ce chapitre permet de citer un projet auquel on a adapté PMI® sur des pratiques
CMMI. L’exemple présentera surtout les points suivants : quelles pratiques CMMI et PMI®
ont été mises en place ? Comment ont-elles été adaptées ?
Le service dans lequel j’ai effectué mon expérimentation met en place depuis peu
certaines des pratiques CMMI, ce qui a bouleversé leurs méthodes de travail. Une fois le
service intégré, j’ai souhaité leur faire aborder ce qu’ils considéraient être des contraintes en
une méthode simplement structurée et leur permettant de simplifier leur organisation et
leur suivi.
Le projet pris en exemple ici est un de ceux qui servira de projet pilote à mon objectif
d’intégration des méthodes : leurs pratiques CMMI définies à l’aide de PMI®.
Les pratiques CMMI
Tout projet est défini sur un cycle de vie. Avant son lancement, il existe une phase
d’avant-projet, qui permet de le chiffrer de manière macro et ainsi d’obtenir un accord de la
part du comité de projet.
Une fois le projet accordé par rapport au budget et aux ressources nécessaires, un chef
de projet est nommé pour démarrer l’étude fonctionnelle : expression des besoins,
spécifications fonctionnelles, maquettes et planification des délais.
Au cours du développement, plusieurs documents sont suivis : une revue de pairs
(documentation technique), le suivi de la configuration (mise à jour d’un fichier commun) et,
si un contrôle de l’assurance qualité est planifié, les résultats de cet audit seront classés dans
le dossier du projet.
Un tableau de bord est mis à jour chaque semaine afin d’être présenté en réunion, où
sont conviés tous les chefs de projet, le DSI et le responsable qualité. Au cours de ces
réunions sont abordés les problèmes rencontrés lors des développements, avec les
utilisateurs ou au moment de la livraison. Des solutions peuvent être apportées après avoir
discuté en commun des impacts possibles sur les autres projets ou le système
d’informations.
On aborde ensuite une phase de tests, qui sont effectués par le chef de projet en
environnement de développement, puis de correctifs sur un des lots ou le projet dans son
intégralité.
Une fois qu’il ne ressort plus que des bugs mineurs et si le projet atteint son échéance,
la livraison en lots peut être effectuée. Elle sera suivie d’une formation de l’utilisateur, à qui
sera délivré un manuel d’utilisation.
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Démocratisation des méthodologies de projet en France Page 28
Une fois le procès verbal de réception signé, une enquête de satisfaction du
déroulement du projet est envoyée à l’utilisateur (gestion du projet, réponse aux attentes,
communication avec le SI, …). Le projet et sa documentation peuvent être archivés.
Ci-dessous le déroulement d’un projet tel qu’exécuté dans le service. Les chevrons
principaux représentent les phases, les autres détaillent ces phases en livrables et actions à
mener au cours du projet.
En modélisant ce cycle de vie, on remarque qu’il correspond de très près à la
modélisation des groupes de processus PMI®.
Un projet expérimenté
Le projet que j’ai pu expérimenter en tant que chef de projet au sein de cette structure
est un projet purement stratégique, ce qui m’a permis de mettre en avant les activités PMI®.
Afin de mener à bien ce projet, j’ai rapproché leur adaptation des bonnes pratiques
CMMI (livrables, actions) aux processus PMI® comme décrit dans le tableau suivant. Seules
les phases que j’ai entamées y sont représentées.
Les phases CMMI (colonne 1) correspondent à celles du cycle de vie du projet et les
documents (colonne 2) à des résultats d’actions à mener. En dessous de chacune des
corrélations avec PMI® (colonnes 3 et 4), une courte explication de ce rapprochement est
donnée.
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Démocratisation des méthodologies de projet en France Page 29
Phase CMMI Document CMMI Processus PMI® Document PMI®
Avant projet Expression des besoins
Initialisation Charte de projet
L’expression des besoins est le document qui formalise la demande du projet et qui est validé après divers échanges entre l’utilisateur et le SI. La charte de projet est le document qui autorise formellement le projet et qui documente les exigences initiales.
Cadrage Référentiel des exigences
Planification / Contenu : Recueillir les exigences
Documentation des exigences
Le référentiel des exigences constitue le point de départ de la définition du contenu du projet et liste les exigences, permettant de lister les besoins nécessaires des parties prenantes.
Cadrage Dossier de spécifications générales
Planification / Contenu : Définir le contenu, la structure de découpage
Enoncé du contenu du projet
Le Dossier de spécifications générales contient, tout comme l’énoncé du contenu du projet, une description complète du contenu du projet, les livrables nécessaires à la réussite du projet, le WBS1 et les aspects fonctionnels et techniques.
Cadrage Feuille de chiffrage Planification / Délais : Définir et séquencer les activités
Enoncé du contenu du projet
La feuille de chiffrage permet de lister les activités et de déterminer leur durée, permettant par la suite de planifier le projet dans un outil spécifique. PMI® prévoit cela dans l’énoncé du contenu du projet.
Planification WBS Planification / Contenu : Créer la structure de découpage du projet
Référence de base du contenu
Le WBS est intégré au dossier de spécifications générales dans l’organisation du service et à la référence de base du contenu pour PMI®. Il permet de subdiviser les livrables et le travail du projet en composants plus petits et plus faciles à maîtriser.
Planification Plan projet Planification / Intégration : Développer le plan de management du projet
Plan de management du projet
Le plan projet correspond au plan de management du projet consiste à documenter les actions nécessaires à la définition, préparation, intégration et coordination de tous les plans subsidiaires, y compris la gestion de la configuration
Apports sur le projet
1 WBS : structure de découpage du projet
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Démocratisation des méthodologies de projet en France Page 30
Ce projet concerne le pointage des heures effectuées par du personnel vacataire, les
utilisateurs impliqués font partie de la direction, des services ressources humaines et paie.
Une analyse plus poussée des parties prenantes était donc nécessaire pour communiquer de
façon constructive sur leurs besoins. Ce processus n’étant pas formalisé au sein du service, il
n’existait aucun historique sur leurs échanges lors de précédents projets. J’ai donc procédé à
cette analyse et établit un registre des parties prenantes contenant les rôles, le degré
d’implication de chacun et les points qui me semblaient importants sur la manière de les
aborder. Nous avons alors pu prévoir une réunion qui a mené à différent échanges et un
accord.
Après avoir appliqué la phase de cadrage concernant les besoins et exigences, j’ai
procédé à la planification. Pour cette phase, les pratiques internes définissent qu’il faut
découper le projet en lots, puis planifier dans un outil mis en place en interne. Ceci fait, je
me suis rendu compte qu’avec les différents projets que je gérais en parallèle, je n’avais pas
assez de recul sur l’avancement du projet, exceptée une liste de tâche comprenant leur
durée. Sous les conseils d’une chef de projet, j’ai donc utilisé un outil open-source de
planification afin d’établir un échéancier.
Aujourd’hui les développements ont commencé, le périmètre semble clair pour le
développeur, il manque seulement certains documents concernant les actifs
organisationnels techniques.
Je ne peux aujourd’hui pas aller plus loin dans l’analyse, le projet n’étant avancé qu’à
30% de son développement.
Apports sur le service
De l’expérience de ce projet, bien que peu avancé, nous pouvons tout de même en
tirer les conclusions suivantes :
- Le registre des parties prenantes doit être systématiquement complété pour
permettre aux différents acteurs du projet de communiquer de manière
constructive
- Le dossier des spécifications générales ne devrait pas contenir l’intégralité du
contenu du projet, certaines parties comme l’aspect technique devraient être
séparées de l’aspect fonctionnel, afin de permettre à toute personne non-
informaticienne de valider ce dossier après y avoir réellement porté de l’intérêt.
C’est pour cela qu’il faut bien cibler les moyens de communication et les
implications de chacune des parties prenantes
- Lister les activités et les chiffrer ne suffit pas pour le bon suivi du projet, un outil de
planification (outils conseillés dans le PMBOK®) est nécessaire pour s’assurer de la
visibilité totale des projets mis en place en parallèle.
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Démocratisation des méthodologies de projet en France Page 31
2) Perspectives : Autres méthodologies
Il existe d’autres méthodologies qui sont aujourd’hui plus appliquées dans les
entreprises, dont les méthodes Agiles avec Scrum et Extreme Programming ou encore Lean,
basée sur le principe Agile. Ces méthodes sont principalement axées autour du bénéfice de
l’utilisateur.
Les méthodes Agiles ont comme valeur principale de mettre en avant les personnes
avant les processus, demandant alors une réactivité au changement plus poussées que les
autres méthodes, notamment dans les petites équipes, qui doivent alors agir collectivement.
La méthode Scrum fait référence au rugby : lors d’une faute en cours de jeu, il doit avoir lieu
une reprise qui permet de remettre l’équipe sur le bon rail à l’aide d’un effort collectif. La
méthode Extreme Programming demande un fonctionnement en binôme et un cycle court
et itératif. La gestion des projets est également collective et les développeurs s’attribuent
eux-mêmes leurs tâches, après une analyse d’un premier scénario définit par le client final.
L’interview effectuée auprès du DSI m’a permis de comprendre pourquoi il avait choisi
CMMI : pour sa flexibilité d’adaptation, mais surtout pour les contraintes qu’elles imposent
aux demandeurs, contrairement aux méthodes Agiles, qui nécessitent trop de proximité
avec le client.
En effet, après plusieurs années d’expérience où l’utilisateur final faisait des demandes
peu explicites et ne se rendait ensuite plus disponible pour l’équipe de développement lors
de la définition de leurs besoins, ils ont décidé de ne plus laisser autant de liberté aux
utilisateurs et ainsi de cadrer leurs demandes. Le niveau 2 de CMMI a donc été leur décision
finale pour pallier à ce problème de demandes excessives.
On retrouve sur plusieurs sites web, notamment sur le blog de Claude Aubry, où un
article est consacré à l’association de CMMI avec la méthode Scrum1, qu’il n’est pas conseillé
d’associer ces deux méthodologies bien opposées dans leurs principes : une permet d’avoir
des bénéfices sur le long terme, alors que l’autre met en avant la satisfaction client mais
obtient des bénéfices au sein de l’équipe à court terme seulement.
Nous pouvons par contre retrouver une méthodologie qui regroupe CMMI et PMI® : la
méthode OPM3, pour Organizational Project Management Maturity Model. Elle a été
développée par le consensus PMI® et représente son propre modèle de maturité structuré.
Même s’il contient les mêmes niveaux que CMMI, le contexte de ce référentiel est la gestion
de projet organisationnelle alors que CMMI est axé sur la gestion des projets de systèmes et
logiciels.
1 Blog « Scrum, Agilité et Rock’n’Roll… » dont l’article à l’adresse suivante
http://www.aubryconseil.com/post/Scrum-CMMI,-niveau-2,-niveau-5
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Démocratisation des méthodologies de projet en France Page 32
VII) Conclusion Pour conclure, je dirais que les entreprises européennes sont en retard sur la mise en
place de méthodologies de projets, mais après une forte prise de conscience grâce à une
ouverture sur les entreprises indiennes ou nord-américaines, elles sont en cours de mutation
d’un point de vue de la qualité de leurs services. Je doute pourtant encore beaucoup de la
compréhension des DSI sur les méthodologies de projet et leur bénéfice réel.
Pour la mise en place de CMMI, les témoignages parlent de 18 mois par niveau. Il est
vrai qu’en prenant ces témoignages au premier degré, on parlera de 6 ans pour être au
meilleur niveau de CMMI. Il faut donc garder en tête que ce n’est qu’un guide de bonnes
pratiques et il ne s’agit pas d’être le « meilleur », bien que certains ne le mettent en place
que pour une image commerciale.
Or, la gestion de projet par processus doit réellement devenir un principe
incontournable et devrait être pris en compte tout au long du cycle de vie du projet. Cela
permettrait aux entreprises de voir les bénéfices plus rapidement et éviter aux équipes de
dériver des bonnes pratiques. C’est pourquoi le rôle des accompagnateurs est primordial
dans la réponse qu’ils apporteront aux structures dans lesquelles ils interviennent, afin
d’optimiser la qualité des développements à l’aide d’un programme d’amélioration adapté.
Il faut alors prendre conscience que piloter la qualité d’un projet en continu permet de
s’améliorer sur le court et le long terme, tant que les services apprennent de leurs erreurs. Il
y aura alors un bénéfice notable sur les impacts techniques, humains et financiers.
On retrouve un large choix de méthodologie, qui se complètent, s’imbriquent ou se
ressemblent. La méthodologie PMI® regroupe, comme Agile, plusieurs référentiels. On y
retrouvera OPM3 par exemple, qui propose un modèle de maturité (tel CMMI) plus léger et
adapté au PMBOK®.
Tout au long du développement de cette thèse, j’ai remarqué sur différents sites et
blogs que les termes utilisés pour définir les projets informatiques (en 2003 ou en 2010)
étaient très souvent extrêmes et négatifs. Bien que la plupart des experts aient pris
conscience que ce manque de pilotage de la qualité affectait directement les ressources de
l’entreprise, ils n’apportent pas de critiques réellement constructives. D’autres experts
publient des articles au cours de l’année 2010 en se basant sur des chiffres de 2004, qui ont
pourtant évolué ! Faut-il alors se demander si eux-mêmes, critiquant l’immobilisme des
entreprises ou la lourdeur des pratiques (d’ailleurs prouvées comme adaptables) sur
d’anciennes bases, n’ont pas également besoin d’ouvrir leur esprit à de nouvelles
perspectives… Comme le dit Friedrich NIETZSCHE :
« Aussitôt qu'on nous montre quelque chose d'ancien dans une innovation, nous sommes apaisés »
Friedrich NIETZSCHE
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Démocratisation des méthodologies de projet en France Page 33
VIII) Glossaire Ce glossaire définit les termes spécifiques utilisés dans le document et reprend les
définitions déjà annotées en bas de page.
- Projet : Un projet est un effort temporaire entrepris pour créer un produit, un
service ou un résultat unique. Un projet est temporaire, il a un début fini et une fin
définie
- Processus : Ensemble d'activités corrélées ou interactives qui transforme des
éléments d'entrée en éléments de sortie
- Livrables : Produits ou composants du projet créés par les processus et comportant
une échéance de livraison
- ERP : Enterprise Resource Planning, progiciel de gestion intégrée
- SaaS : Software As A Service. Solution proposant de s’abonner à un service plutôt
que d’acheter une licence, solutions full-web. Les clients ne paient pas pour
posséder le logiciel mais pour l’utiliser
- DSI : Directeur du système d’information
- CMMI : Capacity Maturity Model Integration
- PMI® : Project Management Institute
- PMBOK® : Project Management Body Of Knowledge
- SSII : Société de Services en Ingénierie Informatique
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Démocratisation des méthodologies de projet en France Page 34
IX) Bibliographie Cette bibliographie reprend les sites principaux utilisés lors de mes recherches. Tous
ceux que je cite dans le développement sont annotés en bas de page.
Général
- Document de présentation de la société Acadys, société suisse de management de
projet : http://www.project-management.ch/pages/DocumentsSoireesDebat/SD06-
01-25.pdf. Ce document m’a guidé tout au long du développement de cette thèse.
Satisfaction utilisateurs
- Article web montrant que la satisfaction des utilisateurs peut-être due à une
mauvaise connaissance de l’outil mis en place. http://www.e-
marketing.fr/Marketing-Magazine/Article/Intranet-une-visibilite-encore-floue-10833-
1.htm
Gestion du changement
- Article traitant de la gestion du changement ou l’art de prendre en compte la
dimension humaine http://www.jrcoaching.fr/coaching/gestion-du-changement.php
- La gestion du changement est la clé de la réussite d’un projet ERP
http://www.audaxis.com/Actualites/La-gestion-du-changement-cle-de-reussite-d-un-
projet-ERP
- Article du site La documentation française, de Pascal CHARPENTIER avec comme axe
principal un pilier des formes de management : La gestion du changement dans les
organisations, qui souligne qu’elle est aussi importante que le fondement du projet
lors d’une modification assez radicale des systèmes de gestion.
- Interview d’Alain GRESSE datant d’octobre 2009 concernant l’évolution des services
de son entreprise Alter Domus vers le conseil en conduite de changement : « La
gestion du changement représente 80% du succès d'un projet informatique »
http://www.paperjam.lu/archives/2010/01/1112_Techno_Alter_Domus/index.html
- Interview de Nathan Y. HATTAB expliquant l’échec des projets informatiques
« Pourquoi tant de projets informatiques échouent ? ». Cette publication ne
comporte pas de dates, je considère donc qu’une partie n’est pas exploitable dans ce
contexte, mais le contenu relativement complet cadre avec l’état des lieux effectué
sur les problèmes rencontrés. L’interview se trouve à l’adresse suivante :
http://www.afai.asso.fr/index.php?m=76
- http://www.webzinemaker.com/admi/m9/page.php3?num_web=3648&rubr=4&id=
246593
Manque d’expérience des CDP
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- Echanges à l’adresse http://www.developpez.net/forums/d829864/general-
developpement/conception/methodes/gestion-projet/pourquoi-sacharner-mettre-
meilleurs-developpeurs-gestion-projet/
- Article assez radical sur codingly.com http://codingly.com/2008/12/29/degage-sale-
programmeur/
L’impasse des DSI
- Compte-rendu de la présentation du 12ème salon des Solutions et Amélioration des
Performances par la société ADELI ftp://ftp2.adeli.org/adeli/lalettre/l61p6.pdf
Méthodologies
- PMBOK® 4th Edition - ANSI
- Support de formation de M. Rodriguez
- CMMI 2ème édition, version 1.2 – PEARSON Education
- Site spécialisé dans le management de projet http://www.12manage.com
- Corrélation des méthodologies :
o http://www.aubryconseil.com/post/Scrum-CMMI,-niveau-2,-niveau-5
o http://www.pmhut.com/cmm-and-the-pmbok
- ROI des méthodologies http://www.sei.cmu.edu/reports/06tr004.pdf
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Démocratisation des méthodologies de projet en France Page 36
X) Annexes
1) Enquête d’un chef de projet sur les méthodologies de projet
1. Quel est votre parcours ?
Ecole d'ingénieur généraliste, option TIC, 6 ans en SSI (en tant que développeur) et 4 ans en
tant que chef de projet
2. Aujourd’hui, votre activité principale consiste en quoi ?
La gestion de projets informatiques (étude, specs, planif, suivi, formation, rédaction de docs
utilisateurs)
3. Avez-vous participé à la mise en place de méthodologies de projet ? Pas vraiment. Au départ les décisions étaient imposées. Ensuite expliquées mais pas de
demande de participation active de la part des chefs de projet.
Un accompagnement (1 à 2j en tout) qui ressemblait plus à un audit...une formation de 1 à
2j sur les outils.
4. Si oui, lesquelles ?
CMMI
5. Comment gériez-vous vos projets avant la mise en place de cette méthodologie ?
Planif faite, refaite, re-refaite, puis re-re-refaite par le CDP1 (puis le DSI) régulièrement...
Causes : retards et prise en compte en urgence de nouveaux projets pas prévus...
Un suivi au fil de l'eau avec le développeur. Peu de formalisation.
Pour le reste :
Réunions avec le client, réalisation d'une maquette, puis développements avec des
changements constants, présentation du projet une fois fini, souvent des changements à
réaliser, documentation utilisateur.
6. Comment avez-vous vécu ce changement ?
Pas évident du fait qu'on nous impose sans nous expliquer. Quand on a fait bac+5, on
s'attendrait à être plus impliqué (mode collaboratif, pas directif ET pseudo délégatif) !
7. Avez-vous compris pourquoi la décision de mettre en place des bonnes pratiques a été prise et maintenue ?
Oui, mais pas tout de suite. il a fallu prendre conscience de ce qui se faisait "ailleurs", de
suivre une formation pour comprendre le pourquoi du comment, les problématiques...
8. Vous êtes-vous senti à l’aise avec ces pratiques ?
Non, car on nous impose de produire des documents sans nous expliquer à quoi cela doit/va
servir, de donner des chiffres sans savoir connaître leur utilité (du coup, on ne sait pas bien
"comment" remplir les informations demandées).
On n’a jamais eu de retour sur le fond : On a produit un doc. Personne ne nous a dit si c'est
ce qui était attendu... car personne ne l'a lu... cf "adapté à la cuisine, on nous donne des
renseignements sur comment le cuisinier s'y est pris, mais on ne sait rien sur le contenu de
l'assiette". Là c'est pareil.
Trop de nouvelles choses à intégrer d'un coup.... Trop de changements sur les modèles à
utiliser et sur la nature des docs à produire (quels docs?) au départ malgré la décision de
1 CDP : chef de projet
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Démocratisation des méthodologies de projet en France Page 37
garder les mêmes versions des outils... au sein d'un cycle interne.
9. Quels bénéfices sur votre gestion de projet avez-vous remarqué une fois les pratiques prises en main ?
Pouvoir mieux quantifier l'avancement, mieux suivre le projet à l’aide de quelques
indicateurs, poser des limites pour éviter un dérapage total des projets. Mais si les
développeurs ne jouent pas le jeu, on a l'impression de tout suivre dans le brouillard, de
faire des mesures avec une marge d'erreur de 50% (température mesurée : 23,4° +- 10°!!!).
je n’ai pas encore pris en main tous les outils et ni à finir le cadrage avant le début des
développements... Mais j'espère que ça donnera quelque chose sur le prochain projet,
maintenant que les pratiques sont mieux prises en main.
10. Sur les projets en général ?
Pas de bénéfices immédiats.
On peut quand même constater moins de changements de cap sur les développements à
faire, c'est plus documenté.
Le problème est que les petits projets qui ont un impacte sur le contenu de projets qu'on
vient de mettre en place sont sans docs...--> docs obsolètes
11. Les utilisateurs / clients ont-ils ressenti un changement sur le suivi et l’accompagnement dans vos projets ?
Pour beaucoup, ces processus réduisent la souplesse, causent une augmentation des délais
pour un nouveau projet, voire un refus de le réaliser faute de moyens (ce qui peut être
justifié de notre côté).
Je ne suis pas sûre qu'ils en voient encore les aspects positifs. Pour eux, tout est plus long,
plus compliqué... Ils ont du mal à exprimer ses besoins, donc s'ils s'aperçoivent en cours de
projet qu'il y a des choses à modifier, on leur dit que ce sera pris en compte dans un 2ème
lot... Une incompréhension de plus.
12. L’intégration de nouvelles compétences a-t-elle été facilitée par la suite ?
Oui un peu. Moins de culture de l'oral, plus de docs. D'où une plus grande autonomie
possible des nouveaux à leur arrivée.
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2) Matrice PMI® Initialisation
(2 processus) Planification (20 processus)
Exécution (8 processus)
Surveillance & maîtrise (10 processus)
Clôture (2 processus)
4. Intégration 4.1 Develop project charter
4.2. Develop project management plan
4.3 Direct & manage project execution
4.4 Monitor & control project work 4.5 Perform integrated change control
4.6 Close project or phase
5. Contenu 5.1 Recueillir les exigences 5.2 Définir le contenu 5.3 Créer la structure de découpage du projet
5.4 Verify scope 5.5 Control scope
6. Délais 6.1 Define activities 6.2 Sequence activities 6.3 Estimate Activity Resources 6.4 Estimate activity duration 6.5 Develop schedule
6.6 Control schedule
7. Coûts 7.1 Estimate costs 7.2 Determine budget
7.3 Control costs
8. Qualité 8.1 Plan quality 8.2 Perform quality assurance
8.3 Perform quality control
9. Ressources humaines 9.1 Develop human resources plan
9.2 Acquire project team 9.3 Develop project team 9.4 Manage project team
10. Communications 10.1 Identify stakeholders
10.2 Plan communications 10.3 Distribute information 10.4 Manage stakeholders expectations
10.5 Report performance
11. Risques 11.1 Plan risk management 11.2 Identify risks 11.3 Perform qualitative risk analysis 11.4 Perform quantitative risk analysis 11.5 Plan risk responses
11.6 Monitor & control risks
12. Approvisionnement 12.1 Plan procurements 12.2 Conduct procurements 12.3 Administer procurements
12.4 Close procurements
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