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denEden | Vers simples

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(avec pages à parer soi-même)

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POUR UN POÈTE

I.« Qui a dit cela ? » Aucun écho à la voix qui m’appelle.L’aimant dit mon nom.Aussitôt – je me mets à parler, éperdument.Voilà que je parle couramment la langue de l’aimé, ma volubilité comble sa bouche encore tout juste entr’ouverte. Je cherche ses lèvres, le lissé de ses dents.

II.Une question erre, hanteentre toi et moi :question à fin errante, une erreur sans fin.

Nous, nous sommes là.

III. L’aimant est privé du secret qu’il a tout donné déjà. Le secret, ton immense, est tout livré ici, à moi qui n’ai pu le retenir, moi qui l’avais déjà oublié une fois.Il m’a été donné pour garder l’oubli.

IV.La déception est l’amour même. La déception est l’amour du poème devenu poème.

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L’ÉMOUVANT

l’opaque de ce corps qui en masque l’obscur et le lumineux

qui est le corpsqui dans ce corps-làversla relative de moins, en moins de force avance.

Poser l’espace du poème.L’espace le corps qui,Posé immobile,Avance, très articulé,Une aire.

qui dans le poème qui est étranglé par l’axe entre l’espaceet le corps qui estla matière peut-être

qui fait très attention à elle dans le poème

et il faut qui sinon qui on ne peut pas l’aimer qui n’entendet la fuite est terrible pour la matière même du poème

L’espace la lumière contemporainsQue le poème rassembleDe dehorsEt que la matière luitMaintenant l’installation.

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TRAÎNE

La chronologie est vernie,

la variation de la coulisse,- archi-litotique vis -un tic du mouvementémouvant au possible

imprévurecherché.

Une actrice exhumée à proximitéau balancier mesurése prend dans la figureau moins vingt-quatre ans d’avance,quelque chose de comparable en le casà tenir sa tête (film, chevelure piquant un vent)comme barde l’automobile vivement à 240(ou é ‘ à – clavier second),qui ?dont l’air modique.

Dans une foule s’écarte de profil,corridor réglé,faste fantomatique,la traîne.

L’allée Dirige Silence.

Le poème traîne.

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JE NACH BELIEBEN. EIN WORT VON IMRE KERTÉSZ (1990)

Rien ne laissera que je songe aux campagnesQue bat dans une, Geist, quelque son étourdiD’être attraite aux rives de cette terre qui, nonQue d’être superbe, m’y fit toucher le sol, rien.

Or le front aux fenêtres, je crois chaque fois seuleDe compter la rengaine que tu connais par cœurSous les haillons du luxe, le très-ancien cœurDes vierges, des mamans, des sœurs et des jumelles.

Des destins nous tairons : le monde aille aussi commeIl plaira à lui en face, dans l’exorbitante chute acide.Loin de là-bas, ici, tel tu appareille ! Et j’y suis, ou j’en

Suis, Musique ! Les sons sont accablants comme lesChers enfants que nul n’a tenus et que l’oreille chercheSachant pourtant, et toujours, qu’il n’y avait rien pour elle.

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L’HEURE PLUS LENTE

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Répondre à, répondre de. C’est un effet latent dans le poème. Labile noirci.

On dirait qu’ils parlent ensemble, vous ne trouvez pas ? Là, on discerne une figure – c’est vous.

On frappe – peu.

La première phrase du poème infini murmure encore, fredonne, c’est indescriptible d’abord et, si nu, c’est le sens en entier du poème.

Quel, tellement sans expressivité (intenté).

Comment faire du poème ?Il semble l’éviter. L’enjeu, évidemment.

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Le plus désolant, c’est l’ombrage du poème à la ligne.

C’est la neige (l’heure est lente comme la neige) et tout ce qu’on pose sous la première ligne fait des plis du poème dans l’autre sens,je veux dire du poème neige.

Sa seule chance aussi.

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Tu commences, c’est la question embarquée dans le poème.

La moindre des choses est de ne considérer que tous les espoirs où nous allons, à ce pont croisé dans le poème, où nous nous croisons, la vie du poème (quoi) – seront.

Je rapproche le poème. Tu n’as pas idée comme je le vois de loin mieux que toi. Où tu t’éloignes est dans le poème le point ou toi du poème qui s’évade.

Mais ma question n’est pas : comment fait le poème.

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Il est d’une jalousie ! C’est le paradoxe.

Il y a une théorie du poème dont le jeu du ping-pong donne encore une idée trop charmante.Je me souviens d’une chansonqui avait de l’allant ?

Ou est-ce moi que tu traînes à ma placesense less processventilée.

Dis-le carrément, on peutdu moinspas mêmepas toujours

-anti que tu défis inné.

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À VIF

Sanguignol, le cœur endélicé.Plus âpre que la lente rixe,le crissement du cœur sus-pendu aux lèvres- rivén’a cessede côté de front aux tempes la tête chaude àla gorge aux mains et encorela gorges émailléecoated forward.

Les larmesnoie-Narcisse,le plateau des lamesle plus exact, à même – nous sommes :devenus – pelés vivants.

Vaillent que vaillent les rivaux,les interdits riverains,la maille à partirest finelarge finie à la mainà la gorge inclinéemesurée au reste immensée.

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Un à part soi vielleichtkaum möglich,für welche : uns Weichedazwischen.

Allongeurcomptant bien tous les tours de spirale d’hier pas de cadeau,rongeur qui détache la lisière,tu n’as pas peur pour moi.Il paraît à la lettre pressantd’aimer pathomathele sang blancqui saigne à blanc un peu impeut-être dans l’absence de tempsencore entretoi-moi, à chevalen effet.

On n’apprend que de tous les côtésà la foide toi d’elle de tous ceux que j’aime amène

une fois je suis sortie en boîteune foison n’en réchappe pas d’un mal pareilet tous les trésors de la boîtecloc-clignote claudiquant en cloque-déclic– après l’accident de voiture, Giacometti était fier que ça se voit, sa clodo-clebsi-dédication ; dans ses vieux jours, B.A.C.H. trouve une rivière surprenante à son joujou – sont les petits caillous qu’on jette devant

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– est-ce qu’il entend ? Les oiseaux à coucher dehorsfont coller l’oreille au solil faudrait adorer la volière mais plaît-il sans questionon s’échinec’est ici la révolutionil vole le cœur à la bouchequi dérobe ces délices à cœur volet croisé –

ces traits horsà même

– tout l’exercice du poids est làle chant du caillou du gravier sous un passuspenduen public.

Même déboîtée, la lettre ne fait le grand écart elle est formellement interditeperpéti-peton-pétu-ellementelle ne veutne voudraitreste petit vaurienrien redire

– évidemment, comment est-ce qu’on écriraitlà-dessus,sur là qu’elle se libère, la lettre,au lit, pas si sûrela fin déjà-delà, la belle dentqu’on a dû être mortmordu,du plus beau morse étoilé

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jurant de rendre les phrases terribles qui jettent la pierre,

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qui sur cette pierre font Rome, échafaudant d’une détestable haine des colifichets de petits cailloux, les phrases des pères qui trouvent sale le commerce ou, satisfaits, font leur défaite du « Il n’y a pas d’amour après Auschwitz. »

rendre les : caillou is caillou chant genou

sa di sale l’amare

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EN BOULE

Ce n’est pas que tu roulesCe n’est pas qu’elle est saoule,La voiture est partieEn boule.

Tous les chemins sont bonsJusqu’au dernier rayonCe n’est pas ton affaire,Garçon.

Il y a un accidentTu voles tout le tempsEt si c’est maintenant,Tant pis.

Il reste un peu de toiDans plus que cet émoi,Dans la charpie du cœurEt toi

Et toi et moi de malheurEn boule dans cette peurQui vole notre bonheurAussi.

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À Alain Veinstein

Hop,

surprise,qu’au milieu de la nuit, le bois du grand pendule craque, quoi de plus habituel ?

Est-ce le bruit de la porte de l’Ange du bizarre si on se trouve surpris ?

Est-il bien légitime de se souvenir qu’ « on se surprend à sourire » quand on n’a plus que le sourire en soi, mais bien un

souvenir, un souvenir lointain,

dans une galerie au plus profond d’une âme tristeaux colonnes de malachite, de Saint-Pétersbourg et de Gogol ?

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LE RELEVÉ DES PAS

Tu sais que je ne suis pas morte ni du vivant seulement, fortune du retour lié au relevé des

pas. Pas toi, sauve toi !

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phlox en cinq lettres– flamme en grec

un fluide imagine la combustionil la lui faut(c’est la phlogistique,qu’est-ce que nous en savons, là ?),phlox imagine

(C’est une lettre, mon chéri,avec un titreen cinq lettresun mot.)The plan with a man.

Patiemment dévider phlox,Rendre phlox à sa ressemblanceTouchanteça se perd doucement dans l’airà blanc– on peut déjà dire ça.

Il a traversé une longue faille pour pousser ses fleurs qui ébullitionnent enfin au sommet aplaties contre l’air. La tige ressemble à celle des lys que portent dans les tableaux des anges, qui s’avancent tenant entre leurs doigts précis le ploiement feuillu d’une offrande – silencieuse.

Mais la tige du phlox est, régulièrement, particulière : les feuilles poussent opposées par palier et montent au quart, au quart de tour. Il ne

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manque que quatre autres tiges pour faire le coin de quatre échelles.

Mais nous ne cherchons pas à fixer son échelle.

À saute-moutonEn avant !On n’attend pas à côté du téléphone, mais, tu sais, pour moi, petite, GOD était une téléphoniste de profil, penchée à son tableau, fichant en communication une vie, transférant les appels.

Bonjour Mademoiselle, ici lesisdeux fois troisà Villiers-Louis,j’aimerais le hop !

Flocks, ce moutonnement surabondanten panicule,ce tâtonnement sessiledirect

d’un seul jetentre le mot et la choseentre le sexe des causes.

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CALLIGRAMME

À Zine Bounabi

L’Y grec du sourcier *Est fréquent dans le texteDe ton amitiéDe timonier

Car c’est bien de l’eau,Car c’est bien du bleu,Car c’est bien d’êtreSans se connaître aussi.

Dos au soleil t’imagine ;Tu vois venir, ma Zine,Le détail qui s’abriteDans le chaos du cœur.

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C’est un amour uniqueDes choses qui te porteDans un détail uniqueQui redouble de soin

Car comme tu aimes bienTu me consoles bienDes tristesses passagèresOù souvent j’erre.

Et si ça bruit, machine,C’est ton détail d’imageQui imagine d’êtreQui imagine d’être.

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XBO DE DOMINIQUE FOURCADE

De face il faudra alterner le poème.C’est l’attache du poème, la tâche du poème.

Un poème avance aborder nuavec la double signature de ses ailes, arrachées

comme la guise d’avenirqui est la démarche du poème battu

d’avance.

La fidélité du poème est une rivalité infime,la fidélité du poème est une rivalité infinie

de l’expression dansl’expression sensible, certainement, c’est un

retournement pivotaltemp o du poème

pour voirpur voir

– pas pour voir pur voir, mais aveugle.Le poème initial est impressionné net.

O cécité.

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AUTRES CIEUX

Sur l’autre versant du poète égaré,de l’amoureux absolu de l’absolu des cieux,des cercles d’infini (du septième, du huitième)partagés dans l’unique, pour un seulil faut encore trancher. Il est infiniment fini, mon amour,et ce qui s’infinitn’est à lui que par moi, qui suis mortelle comme lui.

Nous sommes donc obligés,

et à nos enfants d’abord,qui viendront ensuite de toutes nos actions.

La diérèse est fugace.C’est une déliaison remise à d’autres voixqui liront peut-être un peut-êtreoù pour nous n’est qu’un acte, qui s’épuise dans les corps,et dont la diction dissimule l’effort,où pour nous n’est qu’un acte, qui s’épuise dans l’effortet dont la diction dissimule les corps.

Si c’est un impouvoir, il n’a de résumé.

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D’UN TRAIT

À Jacques DerridaÀ Jean-Clet Martin

À Nicolas Zurstrassen

Entre les langues pour Jean-Clet Martin,puisqu’il n’y a qu’une et que sur une dunele sable s’écoule dans un seul temps

mais tripartite, comme le présent, l’avenir, le révolu…et la jetée qui est dessus comme le temps qui passe, immobile,

d’une voie fourchée dès l’origine, et par quoi ? Par ce qui l’arrime à perte de vue,par des poussières de néant nu et clair,lumineuses intuitions de l’instant

d’entretien, comme quoi mon NicolasZurstrassen vous conduit à quelques nouveaux faits de pensée, d’attente, de surplomb, qui vous siéent et répondent, car le temps

n’est pas long, du répondre et du ton de la réponse elle-même répondant à mille voix du passé lue entre les langues non communes, éclatantes, inescamotées

d’aucune autre trace. Un retour à la ligne, une confiance, sans testament, bien sûr.

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SUR UN AIR DE CITHARE(Sonnet)

Sur un air de cithareAllons nous promenerC’est vraiment tout un artDe voir les peupliers.

En bordure de ce champLes peupliers balancentUne douce chansonEt c’est toute une danse.

Point de mélancolie,J’écoute le silence ;Les feuilles écrasées

Ont bien une ironieEt cet arbre datéRappelle mon pays.

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EN LANGAGE FLEURI

Sens ma vie, mon chéri,Car après point n’y serai.D’un coup de balai à étoilesDisparue comme un voile

Déchiré parmi les nuages,Je n’en sais pas plus, maisSi après point n’y serai…

Sens ma vie, mon chéri,C’est une drôle d’idée, bien sûr,De le dire comme ça par écrit,Mais tu connais quoi qui soit pur

Amour ? Une danse peut-êtreSur notre musique par les mêmes oreilles ?C’est possible ; qui peut connaîtreMieux son miel qu’une abeille ?

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AINSI ET

Ainsi et seulement qui est l’espace de ce corps quiadieuviveclartésimplementeu-ropéennement grecquec’est-à-direet re

-

dites “à mon amour” à moiles feuilles tombéesça crève l’écranmonamourdes choses comme çadunpaysdalexandreplus ancienduneque le désert croîtrêvedeverremonchéri

au présent maintenantatonepixelpiquescèleoumonamourchapeau

comme s’il n’y avait que toi.

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L’AUTREFOIS

À Michel DeguyÀ Jean-Christophe Bailly

Au cœur même du secret sans secret,Les éloignés, les plus proches, les enfantsEt premièrement la plus lointaine,Ils sont tout en elle, en-dehors d’elle.

Une grâce, le poème efficace.J’entendais l’italique, l’inclinationPortée, l’adhésion du son (sens) quiFait dans l’ellipse un langage

Cru, lumineux et secret, ton nomDe lettres neutres, enfin le sien aussi,Le nom de celle, le nom de maternelle,

L’Italie du poème, son lieu sûr,La douceur. Elle est moi quand je parleOu toi, l’Azur, la hantise, le pêché et la mort.

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comme s’il n’y avait que toi