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Brèves Concours d’urbanisme durable, les lauréats GIE Anjou urbanisme durable, le site P. 3 Opération Le Courtil Saint-Mathurin à Bouvron (Loire-Atlantique) P. 10 N°56 Avril 2012 Densité : et si c’était la vie ? La publication trimestrielle du Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement de Maine-et-Loire (CAUE) et de la Maison de l’Architecture, des Territoires et du Paysage (MATP)

Densité : et si c'était la vie ?

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Imago n°56 - Avril 2012

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Page 1: Densité : et si c'était la vie ?

BrèvesConcours d’urbanisme durable, les lauréats

GIE Anjou urbanisme durable, le siteP. 3

OpérationLe Courtil Saint-Mathurin à Bouvron

(Loire-Atlantique)P. 10

N°56Avril2012

Densité :et si c’était la vie ?

La publication trimestrielle du Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement de Maine-et-Loire (CAUE) et de la Maison de l’Architecture, des Territoires et du Paysage (MATP)

Page 2: Densité : et si c'était la vie ?

PREMIER ENVOL DESPIONNIERS DE L’AVIATIONÀ L’AÉROPOSTALE

Le centenaire du Circuit d’An-jou (1912-2012), 1er grand prix de l’aéro-club de France entre Angers, Cholet et Saumur, est l’occasion de revenir sur l’es-sor de l’aviation en Anjou et… ailleurs. C’est rendre hommage à des pilotes d’exception tels Jean Mermoz, Jean Guillaumet ou Antoine de Saint-Exupéry qui ont écrit une page magnifique de l’histoire de l’aviation : celle de l’aéropostale. Du 23 avril au 6 mai 2012Conférence : 24 avril 2012Théatre : 24 et 26 avril 2012

TERRITOIRES AUGMENTÉS

Présentation des travaux des étudiants de l’EPCC Tours An-gers Le Mans site des Beaux-Arts d’Angers, réalisés dans le cadre de l’atelier “Installation vidéo” encadré par Isabelle Lé-vénez et Alain Declercq, artistes et enseignants. Dans le sillage de l’artiste Thierry Fournier et du critique Gérard Wajcman, les propositions interrogent la ques-tion de la fenêtre dans l’art à partir du site de l’ancienne école d’aviation d’Angers grâce à des dispositifs tels que l’installation et la vidéo.Du 21 mai au 3 juin 2012

L’ABRI À BRICOLES

Pour sa 5e édition, le festival Petites Machines à Habiter or-ganisé par le CAUE de la Sarthe s’intéresse à l’abri de jardin. Le défi lancé aux concepteurs est simple et ambitieux : concevoir un prototype d’abri de jardin réalisable par le grand public en auto-construction, tout en privilé-giant des matériaux sains ou de récupération.Du 14 juin au 3 août 2012

312 avenue René Gasnier - 49100 ANGERStél. 02.41.22.99.99 / courriel : [email protected]

Lieu d’exposition ouvert du lundi au vendredi de 9 h à 12 h 30et de 14 h à 18 h, le dimanche de 14 h à 18 h.

AGENDA

D epuis que le Grenelle de l’Environnement a confirmé la nécessité de mieux concevoir les nouveaux quar-tiers d’habitations, un débat récurrent anime les ren-contres d’élus, celui de la densité. L’idée de construi-re sur de petites parcelles et de concevoir ainsi des

quartiers compacts, est mal comprise et, pour certains d’entre nous, inacceptable, notamment en milieu rural. L’obligation d’inté-grer l’économie du foncier et la lutte contre l’étalement urbain dans le Schéma de Cohérence Territorial représente l’une des difficultés rencontrées dans l’élaboration de ce document d’urbanisme. Un consensus est difficile à dégager.

Mais peut-être sommes-nous face à un faux problème ? Peut-être que l’épouvantail de la “densité” s’agite à partir d’une idée as-sez approximative de ce que le mot sous-entend. Densité ne serait pas promiscuité, densité n’induirait pas absence d’intimité, densité ne serait pas synonyme d’insécurité, densité ne serait pas mère de tous les vices, source de tension sociale et urbaine. La ville ne serait pas qu’une accumulation, les habitants étant les uns sur les autres. La densité ne serait pas le contraire de l’épanouissement individuel nécessaire à l’équilibre de chacun.

Car, à y regarder de plus près, la qualité de la vie dans les bourgs et les hameaux, au plus profond de la campagne, s’établit dans un cadre bâti dense, les maisons accolées les unes contre les autres et constituant la rue, le quartier, le village tout entier. La densité des bourgs est bien supérieure à celle des lotissements des années 1970. Il y fait pourtant bon vivre.

Le rejet de la densité est sans doute l’héritage d’un mode d’ha-biter la campagne, apparu dans les années 60 et qui privilégiait l’habitat individuel acheté sur le catalogue des marchands de mai-sons. Cette typologie supposait (et suppose toujours) l’implanta-tion du bâti au milieu d’une parcelle de bonne taille et dessine ainsi un paysage de “champ de maisons” très consommatrice de fon-cier, de réseaux et affranchie de toute considération sur la qualité du “vivre ensemble”. La maison sur sa parcelle, entourée d’une haute haie de conifères persistants, seule au monde !

Aujourd’hui, les temps ont changé et “l’individualisme” d’il y a trente ans laisse place à la prise de conscience que les gestes les plus anodins de la vie quotidienne peuvent avoir des effets à l’échelle planétaire ; c’est “l’effet papillon”. Il en est de la densité comme des autres évolutions, une nécessité objective nécessitant d’être réfléchie et maîtrisée.

Ce numéro d’IMAGO ouvre le débat sur cette question récur-rente. Peut-on concilier densité et qualité de la vie ? Je vous en souhaite bonne lecture et vous invite à poursuivre ce point de vue par l’échange au sein des nombreux rendez-vous proposés par la Maison de l’Architecture, des Territoires et du Paysage.

ProGrAmmE mATP

HERBES EN VILLE

L’exposition “Herbes en ville” a pour objectif de faire changer notre regard et nos pratiques vis-à-vis de ces herbes qui n’ont de mauvaise que leur réputation. Maison de l’Environnement Parc de loisirs du Lac de Maine Angersjusqu’au 1er mai 2012

PARIS, LA MÉTROPOLEET SES PROjETS

La nouvelle exposition perma-nente du Pavillon de l’Arsenal consacre plus de 800 m2 à l’histoire, l’actualité et au deve-nir de la métropole parisienne au travers de plus de 1 000 documents d’archives, photos, cartes, plans, films et d’une maquette numérique de 37 m2 : Paris, métropole 2020 Pavillon de l’Arsenal21 Boulevard Morland 75004 Pariswww.pavillon-arsenal.com

VERS DE NOUVEAUXLOGEMENTS SOCIAUX 2

Prolongement de l’exposition “Vers de nouveaux logementssociaux”, ouverte depuis 2009 et qui a fait l’objet d’une publi-cation déjà rééditée. Cité de l’architectureet du patrimoine1 place du Trocadéro 75116 Paris

jOURNÉES DU PATRIMOINE DE PAYS ET DES MOULINS

Thème de cette 15e édition : “cuisine, terroirs et savoir-faire”. Autour du patrimoine bâti : moulins, fermes, pigeon-niers, halles de marché, fours à pain, caves... mais aussi du patrimoine naturel (potagers, vergers, vignobles...) ou bien encore des arts de la table, des productions agricoles, des métiers de bouche…www.journeedupatrimoinedepays.comLes 16 et 17 juin 2012

FESTIVAL DES jARDINSDE CHAUMONT-SUR-LOIRE

21e Festival International des Jardins sur le thème “Jardins des délices, jardins des délires”www.domaine-chaumont.frDu 25 avril au 21 oct. 2012

Gilles LEROYConseiller général de BeaupréauPrésident du CAUE de Maine-et-Loire

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ÉDITo

SOMMAIRE

AGENDA / En Maine-et-Loire et ailleurs ................................................................. P.2PROGRAMME MATP / Avril-juin 2012 .................................................................... P.2BRèVES / Concours d’urbanisme durable / Anjou urbanisme durable ................ P.3DOSSIER / Densité et qualité de vie ........................................................................ P.4OPÉRATION / Le Courtil Saint-Mathurin à Bouvron (Loire-Atlantique)................. P.10DÉCOUVERTE / Paysages du Layon..................................................................... P.12

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ExPOsiTiOns

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LES IMMEUBLES“HAUSSMANNIENS”

Michaël DARIN, architecte, en-seignant à l’ENSA StrasbourgL’avènement de ce type de bâti remonte à la fin du xviiie siècle et à l’invention de l’appartement. À partir du début du xxe siècle, il mue, puis disparaît, sous l’ef-fet des changements touchant l’agencement des appartements et l’organisation du bâtiment. Pendant cette période, l’allure des immeubles dits haussman-niens fluctue au rythme des changements de goût et donc des phases stylistiques.jeudi 5 avril 2012 à 18h30

L’HISTOIRE DE L’AVIATION

Annie CHAUVEAU,ComédienneConférence inaugurale de l’ex-position “Premier envol des pionniers de l’aviation à l’aéro-postale”.Mardi 24 avril 2012 à 18 h

L’HABITAT SOCIAL(1850-1914)CONSTRUIRE L’UTOPIE ?

Hélène FROUARD, historien-ne, ingénieure de recherche au CNRSLe xixe siècle est avant tout le siècle de la “question sociale”. Sidérés par les conditions de vie désastreuses d’une classe ouvrière en pleine expansion, li-béraux, socialistes, utopistes ou chrétiens sociaux tentent d’ap-porter des solutions. jeudi 3 mai 2012 à 18h30

VISÉES CRITIQUES

Thierry FOURNIER, artiste, enseignant à l’ENSA de NancyConférence inaugurale de l’ex-position “Territoires augmentés”jeudi 24 mai 2012 à 18 h

LA MAISON INDIVIDUELLEAU XXe SIèCLE

Anne DEBARRE,Architecte, enseignanteà l’ENSA Paris-MalaquaisTout au long du xxe siècle, la maison individuelle aura suscité

espoirs et désespoirs. Aussi des propositions de formes alterna-tives ont-elles jalonné ce siècle, des habitats qui pourraient tout à la fois offrir les qualités et pallier les nuisances de la maison indi-viduelle.jeudi 7 juin 2012 à 18h30

PREMIER ENVOL

Sur les traces du Circuit d’Anjou, le Théâtre de l’Équinoxe fait naturellement escale dans l’an-cienne école d’aviation d’Angers avec son spectacle “Premier envol”. Une aviatrice de l’aéro-postale raconte les meilleures anecdotes qui font la légende de l’aéropostale.Mardi 24 avril à 14h00jeudi 26 avril 2012 à 20h00Tarifs : 10 € / 7 € réduit(scolaires, étudiants, deman-deurs d’emplois). Réservation et retrait des billets au CAUE à partir du lundi 2 avril.Avec le soutien de la ville d’Angers

Itinéraire pédagogiqueLjUBLjANA, SLOVÉNIE

Capitale slovène depuis 1991, Ljubljana possède un exception-nel patrimoine architectural. La ville adopte le visage d’une ville moderne avec les opérations ur-baines et architecturales de Jože Plecnik (1872-1957) qui remo-dèle les rives de la Ljubljanica et livre un ensemble d’équipements et d’espaces publics. Aujourd’hui, la jeune génération d’architectes s’inscrit dans les recherches d’une architecture écologique et économique et revendique une écriture contemporaine.Itinéraire pédagogique organisé par l’URCAUE des Pays de la Loire, organisme de formation, en collaboration avec le CAUE de Maine-et-Loire.Inscription auprès du CAUE31 mai au 3 juin 2012

312 avenue René Gasnier - 49100 ANGERStél. 02.41.22.99.99 / courriel : [email protected]

Lieu d’exposition ouvert du lundi au vendredi de 9 h à 12 h 30et de 14 h à 18 h, le dimanche de 14 h à 18 h.

ProGrAmmE mATPP3

BrèvEs

Dans le cadre de sa mission de formation, le CAUE propose chaque année, en partenariatavec l’Association des Maires de Maine-et-Loire,un programme de formations destiné aux élus.

Renseignements et inscriptions auprès de Véronique LEBOUVIER / Tél. : 02 41 22 99 94 - mail : [email protected] / Programme consultable sur le site : www.caue49.com

GIE ANjOU URBANISME DURABLELE SITE En ligne depuis janvier 2012, le site www.anjouurbanismedurable.fr créé par le GIE Anjou Urbanisme Durable regroupant le CAUE de Maine-et-Loire et la Sodemel est un outil destiné aux collectivités por-teuses d’un projet d’urbanisme. Il présen-te par ailleurs les projets des concours d’urbanisme durable, la première édition 2009 et la récente édition 2010-2011.

www.anjouurbanismedurable.fr

CONCOURS URBANISME DURABLE LES LAURéATSLa soirée de remise des prix de l’édition 2010-2011 du concours d’urbanisme durable s’est déroulée le 28 février dernier à la Maison de l’Architecture, des Territoires et du Paysage. Le prix a été décerné au projet de la commune du May-sur-Èvre pour le site de la Baronnerie, conçu par l’équipe Sixième Rue architecte, De Long en Large paysagiste et ECR environnement. Une mention a récompensé le projet de restructuration du centre-bourg de la commune de Villevêque proposé par l’équipe F.au architecte, Guillaume Sevin Paysages et Ingé-Infra. Cette 2e édition du concours organisée par le Conseil général, le CAUE et la Sodemel a concerné 20 projets répartis sur 19 communes : Les Alleuds, Beauvau, Daumeray, étriché, Faye-d’Anjou, Fougeré, Gennes, Ingrandes-sur-Loire, La Jubaudière, Liré, Le May-sur-Evre, Neuvy-en-Mauges, Roussay,Saint-Germain-sur-Moine, Tiercé, Tigné, Valanjou, Vern-d’Anjou et Villevêque.

EXTRAIT DU PROGRAMME 2012Réduire la facture énergétique de la commune 11/04/2012

Intervenir en public (3 jours) 18/04/2012

Urbanisme de projet : boîte à outils 25/04/2012

Restauration scolaire : faut-il animer le temps du repas ? 27/04/2012

Urbanisme et intercommunalités 03/05/2012

Gérer un équipement sportif 04/05/2012

L’accessibilité des bâtiments et des espaces publics 11/05/2012

Élaborer son journal municipal (1/2) 22/05/2012

Créer un nouveau quartier 25/05/2012

Utiliser les ressources de l’internet 30/05/2012

Valoriser le patrimoine historique de la commune 01/06/2012

Élaborer son journal municipal (2/2) 05/06/2012

Mettre en valeur et sécuriser ses espaces publics 07/06/2012

Gestion du temps (1/2) 15/06/2012

Vers un fleurissement durable dans les communes 21/06/2012

Principales règles en matière de publicité sur le territoire communal 22/06/2012

Gestion du temps (2/2) 29/06/2012

Conduire des politiques locales pour les jeunes (12-17 ans) 29/06/2012

INTERNET

Logements Jurčkova à Ljubljanaen Slovénie - Enota, architectes

ÉVÉnEMEnT

VOYAGE

COnFÉREnCEs

Page 4: Densité : et si c'était la vie ?

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De ce qui est dense…

En 2008, la Biennale internationale d’Ar-chitecture de Venise avait pour thème “Eve-ryville”, consacré aux questions de la densité des capitales et mégapoles mondiales. C’était l’occasion de proposer des représentations questionnant la définition même de la densité et notre rapport de société vis-à-vis de celle-ci. La définition choisie comme fil conducteur de cette manifestation est proposée par les socio-logues et les urbanistes du grand territoire. La densité est ainsi le nombre de personnes sur une surface donnée, exprimée généralement en km2. Ainsi la salle 11 de cette Biennale

proposait pour plusieurs capitales du globe une représentation en maquette de ce rapport, tel un diagramme en 3D. Quel choc était de constater que notre chère Paris, ville dense par excellence dans notre culture européenne, est bien peu de chose en rapport aux villes asiati-ques (Tokyo, Pékin) ou sud-américaines (Rio, Mexico). Alors on relativise en se disant qu’en réalité Paris ne possède pas ou peu d’immeu-bles habités de très grande hauteur en rapport à des villes asiatiques. Qu’en est-il de new-York ? si sa densité est l’équivalent au triple de nos villes européennes, elle est toutefois très loin, malgré son statut de mégalopole, derrière les villes asiatiques et sud-américaines. Une

autre explication semble être à l’origine de cet écart considérable, celle de la composition “familiale”. Plusieurs générations peuvent vi-vre sous le même toit contrairement à nos cel-lules familiales occidentales. Cette définition de la densité est alors fluctuante et évolue se-lon les évolutions de la société dans la notion de “famille”. Elle ne peut donc être un objec-tif à atteindre en termes de projet urbain. Une habitation peut réunir sur une même surface un couple, une famille de 4 personnes ou plus, sur une période courte. C’est une variable du projet urbain et non un objectif ou une valeur absolue de densité.

L’autre définition couramment employée en urbanisme correspond au rapport entre le nombre de logements sur une surface donnée, exprimée généralement en hectare. Ainsi 20 logements/hectare ou 60 logements/hectare sont prononcés telles des valeurs absolues d’une densité nécessaire à mettre en œuvre dans le développement d’un territoire écono-me en espace. Nous retrouvons ici la définition indiquée dans le dictionnaire et empruntée au domaine de la physique : la densité est un rap-port entre le volume et la masse. Le volume étant notre territoire exprimé en hectare

DossIEr

Skyline nocturne à Tokyo

Densité et

L’urbanisme durable, la création d’éco-quartier ou l’approche environnementale de l’urbanisme sont aujourd’hui entrés dans les mœurs habituelles des élus et de leurs urbanistes. Plus une commande

n’échappe à cette ambition vertueuse. Tout le monde est d’accord pour économiser l’énergie, protéger l’atmosphère, contribuer à la lutte contre le réchauffement climatique, économiser l’eau, limiter l’impact de la circulation automo-bile, favoriser les déplacements doux, contribuer à la mixité sociale, contraindre les tendances à l’étalement urbain, in-citer au renouvellement urbain, etc. Un point de résistance peut toutefois tout contrarier : l’allergie persistante à l’idée de densité ! L’homme n’est pas fait pour vivre exagérément groupé, il aspire à l’espace, à l’aisance, sa liberté est syno-nyme de distanciation par rapport à l’autre et d’intimité.

Page 5: Densité : et si c'était la vie ?

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et la masse correspondant à la surface des logements construits synthétisés sous forme de typologie. Doit-on comprendre cette va-leur comme absolue ou en terme de moyenne ou d’objectif à atteindre ? Qu’en est-il de la retranscription physique, matérielle de cette valeur ? Qu’est ce qu’une forte densité ? Diffi-cile de répondre à ces interrogations lorsque le projet urbain ancre ces données en un lieu fait de génie et de poésie parfois.

Reprenons la définition du dictionnaire, la densité comme rapport entre le volume et la masse. Belle définition résonnant comme un manifeste d’une qualité urbaine : le rapport entre le plein et le vide, le bâti et le non bâti, l’architecture et le paysage, le logement et l’es-pace public. La densité est urbanité. Elle fait la ville. La densité est alors physiquement pré-sente dans les formes urbaines dans son équi-libre entre les hauteurs, les volumes, l’étroites-se, le diffus, l’homogène, l’hétérogène, entre le construit et le lieu. Elle compose l’espace de la ville et en fait son identité.

Une densité perçue ou sensible existe donc et constitue l’enjeu de faire la ville. Paris sem-ble dense avec son front bâti à l’alignement des rues sur des parcelles étroites en rapport

à la hauteur construite. La densité peut même être vertigineuse dans les ruelles de Venise où les palais se développent sur de grande hauteurs en lien avec de minuscule rues. Cer-tains quartiers de Tokyo ou Pékin semblent a contrario moins denses par leur volumineux building dissocié des uns des autres, ouvrant sur de larges artères de circulation. nos petits bourgs n’ont rien à envier à ces villes en terme de densité perçue. ils ont à leur échelle, ce rapport entre le volume et la masse, une cer-taine densité qu’il ne faut pas renier mais qu’il faut re-construire. Généralement, le nombre de logements à l’hectare est très nettement supérieur aux chiffres énoncés dans les docu-ments d’urbanisme. Osons alors des maisons implantées sur de petites parcelles plus ou moins étroites pour fabriquer un morceau de ville à l’échelle de nos bourgs. Cette densité, ce rapport entre le volume et la masse, restera physiquement ancrée dans son territoire.

VLn

La densité, un retouraux sources même de la ruralité

Le discours, maintenant commun, sur la nécessité de la densité, malgré tous les argu-ments qui l’accompagnent, se heurte toujours à la réticence de ceux qui partagent notam-

ment l’idée que le choix de vivre en milieu ru-ral suppose celui de construire sur une grande parcelle, avec le maximum de liberté. il y aurait lieu de ne pas confondre habitat rural et habitat urbain.

On peut parfaitement comprendre cette ar-gumentation qui associe aussi ce mode d’ha-biter au développement de l’économie rurale et donc de sa survie. Condition nécessaire au maintien du dernier commerce ou à la conti-nuité d’une activité scolaire. La demande so-ciale de la famille qui cherche à s’implanter en deuxième ou troisième couronne de l’ag-glomération où par ailleurs elle exerce son activité professionnelle, serait fondée sur un besoin d’espace, une économie du foncier et un mode d’habiter promue par le pavillonnai-re. Une maison en rez-de-chaussée, si possible sur sous-sol, au milieu d’une parcelle entourée de clôtures végétales opaques. Cette aspiration née au début des années 1970, a généré le pay-sage que l’on connaît à la périphérie de tous les bourgs ruraux de notre département.

il n’est pas question ici d’en condamner le principe, il est le choix de deux générations de Français et reste sans doute profondément fondé dans les racines rurales d’une popula-tion qui a toujours eu du mal à se faire à la ville et à une densité comprise comme promis-cuité. il est aussi à mettre en relation avec le statut de la propriété privée qui, en France plus qu’ailleurs, est une vertu cardinale.

DossIEr : DENsITÉ ET quAlITÉ DE lA vIE

« […] La densité ne suffit pas. Elle apporte des solutions sectorielles mais elle ne fait pas une ville, un quartier où il ferait bon vivre. Il faut mélanger les densités, apporter de la complexité. On introduit ainsi l’intensité.»

“Densité, intensité, créativité, durabilité”,Dominique Bidou dans la revue Urbanisme n° 362 sept-oct 2008

Skyline nocturne à Tokyo

Densité et qualité de la vie

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Reste qu’objectivement, quel que soit le lieu d’implantation de l’habitat, que ce soit dans la ville, en sa périphérie où à la campagne, une égale recherche de performances thermi-ques et environnementales est à rechercher. Le fait d’habiter le milieu rural ne justifie pas de concevoir un habitat énergétivore. Le goût pour les grands espaces n’excuse pas la contri-bution à une forme urbaine peu soucieuse de hiérarchisation des déplacements, de qualifi-cation de l’espace public, de mixité urbaine et sociale. L’attirance pour une implantation loin de la ville ne peut ignorer le coût des trans-ports (et leurs effets en termes d’émission de gaz à effet de serre) ou celui des réseaux et des équipements induits par la dispersion des populations. Ces fonctions sont sociétales et en rien attachées à un secteur d’urbanisation particulier. Le bénéfice d’un foncier moins onéreux doit être évalué en rapport avec ces coûts directs ou indirects.

Loin de freiner la vitalité du milieu rural, les schémas de Cohérence Territorial (sCoT) peu à peu mis en place et couvrant l’ensem-

ble de notre département attestent bien de cette prise de conscience. Même s’ils les pon-dèrent en fonction des polarités, chacun des sCoT suppose un renforcement de la densité des secteurs dédiés à l’habitat parce que ces documents d’urbanisme, conformément aux Grenelles de l’environnement, ont entre autres fonctions de lutter contre l’étalement urbain et la diminution des emprises agricoles ou fores-tières.

Cette vocation est au cœur des préoccu-pations de l’espace rural et de son économie. On comprend mal alors que la question de la densité ne soit pas comprise comme un atout pour la ruralité, un retour à des valeurs d’épar-gne foncière ancestrales, fondatrices de la morphologie des bourgs et des hameaux et un moyen de palier l’érosion du développement de l’économie agricole.

BL

Faire émerger la ville durabledes quartiers pavillonnaires

La loi solidarité et Renouvellement Urbain du 13 décembre 2000, en complément des lois Voynet et Chevènement de 1999 sur l’aména-gement du territoire et sur la décentralisation, s’attache tout particulièrement à la maîtrise de l’étalement urbain en faveur d’un développe-ment durable. Cet objectif incite à plus de

DossIEr : DENsITÉ ET quAlITÉ DE lA vIE

SCoT, DOO et Densité (Art. L122-1-5)

• Dans des secteurs qu’il délimite en prenant en compte leur desserte par les transports collectifs, l’existence d’équipements collectifs et des pro-tections environnementales ou agricoles, il peut déterminer la valeur au-dessous de laquelle ne peut être fixée la densité maximale de construc-tion résultant de l’application de l’ensemble des régles définies par le PLU ou du document en tenant lieu (*).

• Dans ces secteurs, les règles des PLU et des documents d’urbanisme en tenant lieu (*) qui seraient contraire aux normes minimales de hau-teur, d’emprise au sol et d’occupation des sols fixées par le DOO cessent de s’appliquer passé un délai de 24 mois à compter de la publication du schéma, de sa révision ou de sa modification.

Le DOO peut, sous réserve d’une justification particulière, définir des secteurs, situés à proxi-mité des transports collectifs existants ou pro-grammés, dans lesquels les plans locaux d’urba-nisme doivent imposer une densité minimale de construction.

De manière générale, les objectifs de densité dé-finis dans les SCoT s’imposent aux PLU et PLUI qui doivent également respecter les objectifs de mixité en matière de logements.

(*) : plan de sauvegarde et de mise en valeur (PSMV), POS, ancien PAZ des ZAC sauf carte communale

PLU et densité (Art. L123-1-5)

Le règlement peut “dans des secteurs situés à proximité des transports collectifs existants ou programmés, imposer dans des secteurs qu’il délimite une densité minimale des construc-tions”.

Ces objectifs de densité et de mixité peuvent êre déclinés dans un projet urbain à travers les Orientations d’Aménagement et de Programma-tion (O.A.P.).

En résumé, ce qu’il faut retenir à propos de la densité :

• Extension des possibilités ouvertes aux SCoT d’imposer aux PLU des règles d’urba-nisation conditionnelle.• Possibilité de définir des normes précises relatives à la densité d’occupation de l’es-pace.• Possibilité de fixer des niveaux de densité au-dessous desquels les PLU ne pourront pas descendre.• Possibilité de définir des secteurs dans lesquels les PLU doivent imposer une densité minimale de construction.

EXTRAITS GRENELLE II ET DENSITÉ

André Rossinot, Maire de Nancy

Maisons indivuelles SOCLOVA - Saint-jean-de-Linières - Sylvain Gastebois, architecte

Projet d’aménagement de Bel-Air aux Alleuds - Gilles Garos, paysagiste mandataire - Sarah Forny, architecte - GCA Ingénierie, BET VRD

Page 7: Densité : et si c'était la vie ?

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densité d’où l’abandon des lotissements étalés, consommateurs de foncier, au profit des lotissements denses. La maison indivi-duelle groupée s’impose petit à petit comme typologie capable de concilier aspirations des Français à habiter un logement individuel et limite de l’étalement urbain et des coûts qu’il engendre en termes de foncier, d’équipements, de services et de réseaux.

Tout en pensant différemment les nou-veaux quartiers d’habitation, ne faut-il pas en parallèle réinvestir les quartiers pavillonnai-res existants en profitant de leur potentiel en renouvellement urbain ? Peut-on reprendre ce tissu lâche existant pour le densifier répondant ainsi à l’évolution des modes de vie de ses habi-tants et résoudre du même coup la consomma-tion des terres agricoles ? Ce sont les questions que pose le programme de recherche BiMBY (“Build in my Backyard”) dont la proposition repose sur le redécoupage parcellaire, solution dont les avantages sont d’ordre économique, environnemental et social.

Pour passer de la théorie à la pratique, la condition sine qua non est de permettre à cha-cun des acteurs concernés de trouver un avan-tage à la division parcellaire et en premier lieu, les habitants dont le cadre de vie est ame-né à changer. Le lotissement représente encore aujourd’hui le “quartier tranquille” ce qui fait dire que “l’hypothèse de la densification (est) une boîte de Pandore”. Pour ne pas en arriver là, il est essentiel d’appréhender la division parcellaire comme une possibilité d’évolution liée aux projets des habitants : se donner la possibilité de se construire une petite maison tout en restant dans le même quartier lorsque

les enfants seront partis, diviser la par-celle pour une seconde construction

et rester à proximité des enfants en cas de divorce, rapprocher un mem-bre vieillissant de la famille, réali-

ser un placement en louant un petit studio construit dans son jardin et

financer ainsi les études de ses enfants, diminuer la surface de la parcelle qu’on ne

peut plus entretenir… qui sont autant de si-tuations que les porteurs de projets BIMBY ont identifiés en interrogeant les populations

potentiellement concernées. La possibilité de division parcellaire offre à l’habitant une plus grande liberté d’évolution de son patrimoine foncier (au détriment du patrimoine bâti et du cadre de vie diront certains) tandis que la collectivité profite de cette production de nou-veaux terrains à bâtir sans étalement urbain, déjà équipés et viabilisés, en plus d’une mixité

sociale auparavant gommée par la stricte ré-partition égalitaire des surfaces parcellaires.

Cependant, les difficultés qui s’opposent au redécoupage parcellaire sont nombreuses et la première est sûrement celle de la réglementa-tion. Le lotissement s’appuie sur un cahier des charges de droit privé et des règles d’urbanis-me de droit public : surface minimale de par-

DossIEr : DENsITÉ ET quAlITÉ DE lA vIE

Imago : Village Anjou constitue une expérience architecturale et urbaine. Pouvez-vous rappeler sa genèse et le contexte d’arrivée des premiers habi-tants à la fin des années 1960 ?

jPD : La création de Village Anjou s’in-tègre dans le projet de ZAC de la Rose-raie lancée en 1962 par la ville d’Angers sur d’anciennes terres horticoles. Un concours national d’architectes est lancé pour concevoir des maisons individuelles au coût maîtrisé grâce à des procédés in-dustrialisés. Les architectes parisiens An-drault et Parat conçoivent un village type. Un premier village similaire au nôtre est ainsi réalisé à Saint-Michel-sur-Orge en région parisienne. A Angers, les premiers habitants emmé-nagent en décembre 1967. L’accès au crédit est alors difficile, mais sur les deux tranches de construction, tous les pa-villons sont vendus. La promotion du village est assurée par le CIPA et le Cottage angevin. 169 maisons avec 15 typologies sont proposées ; pour la viabilité du projet, 5 modèles identiques minimum doivent être réalisés. Les par-celles font entre 300 et 400 m2, chaque maison dispose d’un petit jardin et d’un garage. Les ingénieurs travaillant chez Bull revenant des Etats-Unis ont été sé-duits par l’unique modèle à toit terrasse !

I : Quelles sont les évolutions sociolo-giques de la population du quartier ?

jPD : Il y a au départ de nombreux en-seignants et des ingénieurs de chez Bull. Mais de nouvelles familles avec des en-fants sont arrivées, des enfants des pre-miers habitants sont aussi venus s’instal-ler. La population est aujourd’hui vieillis-sante, à l’image de celle de la société. Le sentiment d’appartenance à un groupe s’est un peu dilué au fil du temps, l’indivi-

dualisme a repris ses droits. Nous avons réalisé, il y a quelques années un recen-sement qui est aujourd’hui obsolète, on ne connaît pas finement le profil des actuels propriétaires, notamment les nouveaux.

I : Quel est le statut initial et actuel du quartier, comment est-il géré ?

jPD : L’opération a été réalisée par le CIPA et le Cottage angevin, mais rapidement les propriétaires se sont organisés en association syndicale, cette dernière est créée en avril 1968. Un cahier des char-ges et un règlement encadrent la gestion du quartier. Ainsi l’association s’occupe de la gestion des espaces verts communs et surtout des réseaux, et notamment ce-lui du chauffage. L’une des innovations réside alors dans les réseaux enterrés et le chauffage urbain, via la chaufferie de la Roseraie. Une galerie technique regroupe les réseaux de chauffage, électriques et de télédistribution. La ville gère la voirie et les espaces limitrophes. La gestion ad-ministrative confiée jusqu’à aujourd’hui au service Conseil Logement vouée à dispa-raître sera prochainement confiée à une agence.

I : Un quartier d’habitat évolue au cours de 40 années, comment l’association gère-t-elle ces évolutions nécessaires tout en préservant l’homogénéité ini-tiale ?

jPD : Chaque propriétaire est tenu d’appli-quer le cahier des charges pour tout projet d’extension, de clôtures… et d’informer au préalable l’association. Mais l’association n’a pu empêcher certains aménagements peu respectueux du quartier, voire dom-mageables pour le voisinage. Une pro-cédure de contentieux est d’ailleurs en cours. Heureusement le quartier conserve encore son identité.

Jean-Pierre DEJOUY, président de l’associa-tion syndicale Village Anjou revient sur la genèse et l’évolution du Village Anjou, quartier angevin dont les innovations font échos aux actuelles réflexions urbaines sur les nouveaux quar-tiers d’habitat.

Maisons indivuelles SOCLOVA - Saint-jean-de-Linières - Sylvain Gastebois, architecte

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celle, marge de recul du bâti, hauteur, pente et sens de sa toiture, coefficient d’emprise au sol… qui sont autant de règles qui fabriquent la faible densité. Lors de la révision du PLU, il est nécessaire dans un premier temps de s’as-surer de la cohérence de ces documents et de prévoir au cahier des charges du lotissement son évolution ce qui n’a pas été fait ou peu fait jusqu’ici avec pour conséquence de figer dans le temps ces territoires urbanisés. Plutôt que de considérer les lotissements comme des zo-nes où le “mal est fait”, il est nécessaire de les appréhender comme un gisement avec un fort potentiel de renouvellement. Une autre des raisons allant à l’encontre de la division par-cellaire, et non la moindre, est la crainte de la densité par les habitants qui sont venus cher-cher dans ces quartiers une mise à distance du voisinage. Toutefois, la part des familles avec enfants qui plébiscitent le pavillonnaire ne cesse de diminuer dans la répartition de la population française. En parallèle, le nombre de personnes par ménages est en constante di-minution (divorces, augmentation du nombre de personnes âgées) ce qui entraîne aussi des demandes diversifiées de logements et recon-sidère la structure même du logement.

Enfin, pour replacer ces propos dans leur contexte, il faut préciser que si la maison in-dividuelle est encore aujourd’hui accusée de mitage du paysage et du gaspillage du foncier en plus de multiplier les déplacements indi-viduels, plusieurs études ont montré que les lotissements sont toujours minoritaires dans la consommation des terres agricoles large-ment dépassés par les surfaces des zones in-dustrielles et commerciales… mais il s’agit d’un autre débat !

CD

L’intimité du “chez soi”

Évoquer l’intimité dans l’Habitat indivi-duel Dense revient à se poser la question du “chez soi”, où commence le “chez soi”, quels sont les facteurs déterminants de la construc-tion du “chez soi”, et quelles en sont les li-mites. On peut avant tout préciser que se sentir “chez soi” est le temps où ne se sent pas sous le contrôle ou le regard, l’écoute, d’autrui. Cela interroge également la valeur de l’habiter, qui est un “entre-soi” résidentiel recherché par l’habitant mais également un lien social porté par des formes architectura-les et urbaines. Habiter ce n’est pas seulement rester enfermé “chez soi”, mais c’est surtout construire un “chez soi” en relation avec un contexte social et environnemental. Compte

tenu de l’exiguïté des logements, le “chez soi” s’étend souvent aux abords extérieurs du logement parfois en dehors des limites fon-cières stricto sensu. Le “chez soi” peut se dé-ployer dans les jardins, les terrasses, paliers et espaces extérieurs communs.

L’Habitat individuel Dense concilie vies individuelles et vies en communauté. D’un côté il propose les dispositifs “individuali-sants” de la maison archétype : le pavillon. Ces dispositifs “individualisants” sont : une entrée individuelle, (depuis un rez-de-chaus-sée commun ou privé), une forme architectu-rale qui se rapproche souvent de la maison et qui tend à délimiter les logements entre eux, un jardin ou un espace extérieur assimilé, souvent un emplacement pour la voiture. Ces dispositifs concernent avant tout les espaces de transition qui lient le logement à ce qui lui est extérieur. Compte tenu de la proximité spatiale, les typologies de l’habitat individuel dense imposent un contact forcé avec l’autre au travers de dispositifs “dés-individuali-sants” et “potentiellement “socialisants”. Ces dispositifs “dés-individualisants” sont : les vis-à-vis frontaux et obliques, la porosité sensorielle (sonore et olfactive) des limites des lots individuels, la mise à vu (à sentir, à entendre) des espaces privatifs extérieurs (vendus comme des extensions du logement), le partage et la gestion collective d’espaces communs, l’absence d’anonymat dans les es-paces extérieurs au logement.

En voulant concilier vie individuelle et vie collective la HiD les met en tension et autorise leur chevauchement : privatisation des espaces communs, circulations d’univers privés, homogénéisation esthétique des espa-ces privatifs extérieurs, conflits d’usage au non respect du caractère privatif de certains espaces par intrusion territoriale physique ou sensorielle….

Alors, dans un tel contexte, on peut se demander quelles sont les conditions de soutenabilité de la vie en habitat individuel dense à travers l’exposition, la préservation et le partage de notre “en-dedans” : l’intimité. LA CASE À CAZALS

Logements Angers Habitat - ZAC Élysée Patton à Angers - Sophie Seigneurin et jacques Austry, architectes

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Alain PICARD, maire du May-sur-Evre revient sur le projet de quartier de la Baronnerie récemment récompensé par le prix d’urbanisme durable et sur les enjeux que représente une telle démarche urbaine pour les petites communes.

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Imago : En quoi le quartier de la Baron-nerie représente-t-il une rupture par rapports aux anciens modes d’urbani-sation ?

AP : L’équipe municipale n’avait pas de recul, ni d’expérience, en matière de créa-tion de nouveau quartier. Nous devions penser l’aménagement d’un secteur d’ha-bitat avec la conviction qu’il fallait sortir du schéma du lotissement alignant des parallélépipèdes. Nous avons demandé conseil ; sont ainsi intervenus successive-ment à nos côtés dans la démarche, les services de la CAC1, les services de l’Etat, la direction des routes du département, le CAUE et la SPLA2. L’intérêt du concours d’urbanisme réside dans la réflexion commune du groupe de travail, la satisfaction dans les échanges et la concertation avec la population. Il s’agit d’un bon exercice démocratique.

Le quartier de la Baronnerie est un projet novateur, il doit séduire les futurs acqué-reurs. C’est un lieu qui reste à investir par toute la population, grâce au parcours sur-plombant la vallée de l’Èvre. C’est pour-quoi nous souhaitions avoir une maîtrise foncière jusqu’à la rivière pour assurer le maintien de l’activité agricole et réglemen-ter ses accès. Le projet prend en compte les exigences du Grenelle et celles de la loi SRU en proposant des typologies d’ha-bitat variées.La démarche de concours d’urbanisme proposée par le Conseil général avec l’aide du CAUE et de la SPLA permet à toutes les communes de jouer à armes égales et favorise la qualité. Mais il y a un risque car la qualité représente un surcoût de l’ordre de 20 %. Le futur acquéreur paie ainsi la réflexion, l’aménagement, le conseil du maître d’œuvre. La commune a en effet signé un contrat avec l’architecte chargé d’accompagner et de viser tous les permis de construire. La commune sou-haite notamment encadrer le traitement des clôtures qui contribue souvent à une cacophonie urbaine.

I : Comment ce projet s’inscrit-il dans le marché du logement du Choletais ?

AP : Je connais bien la situation de l’habi-tat dans l’agglomération en tant que vice-

président de la Communauté d’agglomé-ration du Choletais en charge de l’habitat. Le résultat de l’enquête menée dans le ca-dre du PLH3 montre que le projet est très attendu par la population. La situation est bloquée sur notre commune depuis 5 ou 6 ans. La pénurie de foncier sur la CAC a entraîné un retard d’un an sur les objec-tifs de construction de logements, soit 23 logements par an. Nous tenterons de rat-traper ce retard, sachant que la difficulté sera de coordonner les projets de toutes les communes. Certains promoteurs ont déjà fait savoir qu’ils étaient intéressés par notre opération, mais c’est encore un peu prématuré.

I : Quel équipement public s’installe-ra dans la ferme de la Baronnerie qui occupe une position charnière sur le site ?

AP : La vocation du lieu n’est pas encore déterminée, mais elle sera communale, c’est certain. Il existe plusieurs possibili-tés — relais assistante maternelle, locaux associatifs ou petites salles de réunions familiales — qui s’éclaireront après la ven-te des premiers lots, quand les habitants découvriront un secteur tout proche du bourg et jusqu’alors inaccessible.

I : Quelles sont les modifications apportées au projet par rapport au concours ?

AP : Des ajustements ont été apportés pour rationaliser le projet. Les premières études complémentaires ont révélé que les terrains étaient imperméables. L’équi-pe retenue avait proposé une rétention à la parcelle, il a fallu revoir ce principe au profit d’une rétention collective par des bassins. Par ailleurs le nombre de lots libres a été augmenté pour un meilleur équilibre économique de l’opération. Mais ces modifications n’altèrent en rien le pro-jet dans ses grandes lignes.

1 - CAC Communauté d’agglomération du Choletais2 - Société Publique Locale d’Aménagement3 - Plan Local de l’Habitat

L’intimité n’est ni dedans, ni dehors, elle n’existe qu’au sein d’un ensemble social, qu’au sein d’une atmosphère dans laquelle les corps évoluent. Le sentiment d’intimité joue un rôle primordial dans les conditions de vivre ensemble car il est un équilibre complexe entre le besoin de se protéger des autres et celui de communiquer avec eux.

Ainsi la problématique du “vivre ensem-ble” ne peut se faire qu’à travers le filtre de l’intimité. Le sentiment d’intimité est un sen-timent subjectif, familier, mais qui ne peut se définir qu’en rapport à l’autre, un membre de la famille, un voisin, un étranger. Il peut être aussi partageable. Dans l’habiter, une relation privilégiée s’établit avec le lieu de vie qui pas-se par l’appropriation, qui fait que l’on se sent “chez soi”. Cette construction de l’intimité se joue au-delà du découpage public/privé stricto sensu. Une gestion des rapports à l’autre est imposée et une négociation forcée des limites du “chez soi” s’effectue.

KH

Logements Angers Habitat - ZAC Élysée Patton à Angers - Sophie Seigneurin et jacques Austry, architectes

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LE COURTiL sAinT-MATHURinUn clos contemporain

Le cœur de l’enclos

Les bordures de l’enclos

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oPÉrATIoN / AmÉNAGEmENT

LIEU Bouvron(Loire-Atlantique)Population : 2 810 hab. (2009)Densité : 59 hab./km2

MAITRE D’OUVRAGE HABITAT 44

MAITRE D’OEUVRE - urbaniste : Patrick Kermarrec- architectes : cabinet Garo-Boixel- paysagiste : Pierre Grelier, Atelier HORIZONS

PROGRAMME 18 logements sociaux

CALENDRIER 2004-2011

SURFACE 1 580 m2

DENSITÉ 10 logements/ha

COÛT 2 071 308 € HTconstructions + aménagementespaces extérieurs, y compris60 000 € HT de réfections de murets(1 400 €/m2 de SHAB)

PrésentationBouvron est une commune rurale d’environ 3 000 habitants, située en Loire Atlantique à 3 km au nord-ouest de Nantes. L’opération d’habitats nommée “Courtil Saint Mathurin” s’inscrit en entrée Est du bourg, sur une parcelle de 1 580 m2.

ContexteLe projet développe un ensemble de 18 logements de typologies variées, dans une organisation de “clos” en référence aux fermes fortifiées (L’architecte cite Clisson, ”la maison du jardinier”).Le site accueillait autrefois le jardin du presbytère et le projet en a conservé certains éléments identitaires : le clos de murets, un ver-ger, une serre, les sous-bassements d’anciens chassis de culture. Le site est adossé dans sa partie sud-ouest à une grande place verte cadrée de platanes.

Enjeux- la préservation des composantes patrimoniales du site- l’inscription dans un contexte bâti traditionnel- une offre de logement sociaux

Résultat18 logements, du T2 au T5 : - 10 maisons individuelles groupées - 5 logements collectifs - 3 logements intermédiaires

Particularités- Habillage des bâtiments en enduits et bardage bois- Des jardins privatifs et collectifs (cour), une grande treille habillée de grimpantes unit les jardins de la cour tout en permettant de les isoler les uns des autres.

- Des stationnements couverts et extérieurs perméables.

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CIMETIERE

RUE JEAN - BAPTISTE OLIVIER

Sapin

rez de chaussée

Plan du rez-de-chaussée

Respect et mise en valeur des éléments qualitatifs du site

Refermé sur lui-même, l’îlot offre un ensemble de circulations rythmé par la végétation et les maçonneries anciennes et contemporaines qui desservent l’ensemble des logements.

LE COURTiL sAinT-MATHURinUn clos contemporain

Schéma de l’enclos

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DÉCouvErTE

Le Pays du Layon est familier aux Ange-vins qui y connaissent le patrimoine et y fréquentent, notamment, le paysage vi-

ticole. il est aussi connu des touristes bien que ses chemins soient discrets et que la “concur-rence” de la Loire voisine n’invite pas vrai-ment à la découverte des paysages affluents. Le Layon fait ainsi partie de la géographie et de l’histoire de l’Anjou. La faille et son coteau autant que la mémoire de la Vendée militaire en font une page identitaire de notre départe-ment.

Et pourtant, à y bien regarder, on s’inter-roge sur une appréciation peut être trop super-ficielle. C’est en se laissant doucement porter par le rythme des saisons, par la conversation

avec les grands témoins de cette région, de sa culture ou de son économie, par le regard attentif à tant de singularités, qu’on décou-vre un Pays de Layon aux profondes racines et à la respiration singulière. Un vrai pays de diversité, couvrant un territoire pluriel mais particulièrement attachant. Du Haut Layon à la Loire, de Cléré-sur-Layon à Chalonnes-sur-Loire, rien n’est semblable mais le fil du cours d’eau finit par dessiner un paysage co-hérent, marqué par la douceur ensoleillée des coteaux dominant l’intimité un peu secrète de la rivière.

L’agence de développement du Pays du Layon a souhaité disposer d’un ouvrage pré-sentant ce pays singulier en faisant valoir ses richesses. L’intention est initialement liée à la

promotion d’un terroir d’où la production viti-cole s’exporte dans le monde entier et dont on a toujours quelques difficultés à situer l’exis-tence sur les cartes de géographie, si proche pourtant de sa grande sœur, la “Loire Valley”. Le CAUE s’est attelé à cette tâche de valori-sation paysagère et patrimoniale. Le patient travail du photographe Jean-Paul Gislard et l’écoute attentive de l’écrivain Yves Boiteau ont été associés pour aboutir à un ouvrage par-ticulièrement sensible. Disponible à l’heure de la Translayon, le 2 juin 2012.

BL

Directeur de la publication : Bruno Letellier - Rédaction : Clarisse Bodinier, Claire Chapelet, Céline Drozd, Karine Houdemont, Valérie Lenicol, Bruno Letellier, Entretiens : Sandrine Prouteau - Maquette : Mickaël Bouglé - Crédit photos : CAUE de Maine-et-Loire, sauf mention contraire - Photo de Une : Quartier Vauban à Fribourg, Allemagne - Papier recyclé : Symbol freelife, 130 g/m2 - Dépôt légal : avril 2012 - Impression : ABELIA Imprimerie. N° ISSN : 1282-5204

IMAGO n°56 - avril 2012Publication trimestrielledu CAUE de Maine-et-Loire312 avenue René Gasnier - 49 100 ANGERSTél : 02 41 22 99 99 / Fax : 02 41 22 99 90Courriel : [email protected] : www.caue49.com

Paysagesdu Layon

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