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DENT ARENA Informations à l’intention des jeunes médecins-dentistes N o 2, juin 2006 Editorial Lorsque mon cœur bat plus vite Mercredi après-midi. Le cabinet résonne de nombreuses voix d’en- fants, les chaises de la salle d’attente sont toutes occupées et la malle aux jouets fait l’objet d’un intérêt soutenu. Au cours des quelques heures qui vont suivre, je vais devoir répondre aux exigences des parents – qui sont souvent plus fatigants que les patients eux-mêmes – et calmer l’anxiété des enfants. Ce n’est pas une sinécure, car la pédodontie est un domaine très exigeant de la médecine dentaire, aussi bien technique- ment qu’émotionnellement. La phobie du médecin-dentiste est un sentiment que nous ne connaissons que trop et nous mettons tout en œuvre pour que nos jeunes patients soient en confiance et n’aient pas peur de se rendre au cabinet. Toutefois, malgré tous les trucs et ficelles enseignées dans le cadre de la formation continue, malgré les «baguettes ou gels magiques» et les habiles manœuvres de diversion, il nous arrive parfois d’atteindre nos limites. Et lorsque des tech- niques telles que la sédation au protoxyde d’azote ne donne pas satisfaction, nous pouvons faire appel aux services itiné- rants de Daniela Centazzo, spécialiste en anesthésiologie et réanimation (voir l’article intitulé: Anesthésie générale au cabinet privé: risque ou allégement pour le médecin- dentiste?) Une fois le traitement achevé, il suffit d’un regard rayonnant pour que mon pouls se calme. Gabriela Zosso Dans ce numéro Pédodontie Pour les enfants, chaque intervention consti- tue une menace immédiate. Pour cette rai- son, les enfants aiment bien garder le contrôle des opérations. Contrairement aux adultes, ils ont beaucoup de peine à suivre les directives du médecin-dentiste. 2/3 Peur de la seringue: vraiment inévitable? Le regard se charge de peur lorsque l’aiguille apparaît… 5 L’importance de concilier vie professionnelle et vie privée dès le début Partir d’un bon pied: il faut trouver son équilibre le plus vite possible. 6 Les visages de DENTARENA Faites connaissance avec les membres de la rédaction. Deuxième portrait: Gabriela Zosso par Sinisa Ostojic 7 Anesthésie générale au cabinet privé: risque ou allégement pour le médecin-dentiste? Daniela Centazzo, spécialiste FMH en anes- thésiologie et réanimation, travaille en tant qu’indépendante depuis 1999. Cette anes- thésiste mobile se rend souvent dans des cabinets dentaires. Elle a raconté son quoti- dien à Gabriela Zosso. 8/9 Plus tard, il sera trop tard… Le projet «Jardins d’enfants de Belp» de l’école d’hygiénistes dentaires de Berne a pour but de familiariser les enfants en âge préscolaire avec les principes de l’hygiène bucco-dentaire et de leur permettre un premier contact détendu avec la médecine dentaire. Entretien avec une hygiéniste dentaire. 10/11 Colophon 12 SSO Edité par la Société Suisse d’Odonto- stomatologie SSO

Dentarena 2 F 72 - SSO · Grâce à nos services financiers conçus pour les cabinets dentaires, vous jouez la carte de la sécurité en matière d’administration et de finances

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DENTARENAInformations à l’intention des jeunes médecins-dentistes

No 2, juin 2006

Editorial

Lorsque moncœur bat plus vite

Mercredi après-midi. Le cabinetrésonne de nombreuses voix d’en-fants, les chaises de la salle d’attentesont toutes occupées et la malle auxjouets fait l’objet d’un intérêt soutenu. Au cours des quelquesheures qui vont suivre, je vais devoir répondre aux exigencesdes parents – qui sont souvent plus fatigants que les patientseux-mêmes – et calmer l’anxiété des enfants.

Ce n’est pas une sinécure, car la pédodontie est un domainetrès exigeant de la médecine dentaire, aussi bien technique-ment qu’émotionnellement. La phobie du médecin-dentisteest un sentiment que nous ne connaissons que trop et nousmettons tout en œuvre pour que nos jeunes patients soienten confiance et n’aient pas peur de se rendre au cabinet.Toutefois, malgré tous les trucs et ficelles enseignées dans lecadre de la formation continue, malgré les «baguettes ou gelsmagiques» et les habiles manœuvres de diversion, il nousarrive parfois d’atteindre nos limites. Et lorsque des tech-niques telles que la sédation au protoxyde d’azote ne donnepas satisfaction, nous pouvons faire appel aux services itiné-rants de Daniela Centazzo, spécialiste en anesthésiologie etréanimation (voir l’article intitulé: Anesthésie généraleau cabinet privé: risque ou allégement pour le médecin-dentiste?)

Une fois le traitement achevé, il suffit d’un regard rayonnantpour que mon pouls se calme.

Gabriela Zosso

Dans ce numéro

■ PédodontiePour les enfants, chaque intervention consti-tue une menace immédiate. Pour cette rai-son, les enfants aiment bien garder lecontrôle des opérations. Contrairement auxadultes, ils ont beaucoup de peine à suivreles directives du médecin-dentiste. 2/3

■ Peur de la seringue:vraiment inévitable?Le regard se charge de peur lorsquel’aiguille apparaît… 5

■ L’importance de concilier vieprofessionnelle et vie privéedès le débutPartir d’un bon pied: il faut trouver sonéquilibre le plus vite possible. 6

■ Les visages de DENTARENAFaites connaissance avec les membres de larédaction. Deuxième portrait: Gabriela Zossopar Sinisa Ostojic 7

■ Anesthésie générale au cabinetprivé: risque ou allégementpour le médecin-dentiste?Daniela Centazzo, spécialiste FMH en anes-thésiologie et réanimation, travaille en tantqu’indépendante depuis 1999. Cette anes-thésiste mobile se rend souvent dans descabinets dentaires. Elle a raconté son quoti-dien à Gabriela Zosso. 8/9

■ Plus tard, il sera trop tard…Le projet «Jardins d’enfants de Belp» del’école d’hygiénistes dentaires de Berne apour but de familiariser les enfants en âgepréscolaire avec les principes de l’hygiènebucco-dentaire et de leur permettre unpremier contact détendu avec la médecinedentaire. Entretien avec une hygiénistedentaire. 10/11

■ Colophon 12

SSOEdité par laSociété Suisse d’Odonto-stomatologie SSO

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ANNA-CHRISTINA ZYSSET

La visite du département de pédodontie de laClinique des traitements conservateurs de l’Uni-

Pédodontie

La pédodontie est une spéciali-té synoptique car elle fait appelaux connaissances de toutes lesautres disciplines de la médeci-ne dentaire et présuppose descompétences élevées dans lesdomaines de la psychologie, dela technique et de la biologie.Lorsqu’un enfant s’installe surle fauteuil, il est indispensablede faire preuve d’une grandepatience, de beaucoup d’empa-thie et d’une bonne dose desens pédagogique. Soigner desenfants impose des exigencesélevées envers tous les mem-bres de l’équipe du cabinetdentaire.

versité de Berne m’avait particulièrementimpressionnée. Les enfants, accompagnés deleurs parents, y vont et viennent dans une atmo-sphère détendue et joyeuse. Les petits patientssont soignés et instruits avec fantaisie, jeu etdévouement. De manière ludique, ils s’exercentà donner le signal d’arrêt qu’ils pourront utiliserdurant le traitement. Parfois, la poupée empor-tée est examinée et soignée en premier. Lorsquel’enfant est calme et détendu, on lui donne desécouteurs et il peut regarder des films. La peti-te fille (voir photo) était tout à fait détendue. Samère, assise derrière elle et tout aussi détendue,m’a dit combien elle était contente de la quali-té des soins prodigués à sa fille et qu’elle enavait déjà parlé à tout son entourage.A l’issue de la visite, les paroles de Saint Augus-tin me sont revenues en mémoire:

«Dans les choses essentielles: Unité; dans leschoses secondaires: Liberté; en toutes choses:Amour.»

Qu’est-ce qui a changé en pédodontie au coursde ces dernières années?«Cela fait quelques années maintenant que lenombre de petits enfants atteints de caries esten augmentation. Ces enfants sont souvent trèsjeunes, ils ont mal aux dents. Craintifs, ils sontdifficiles à soigner. Il faut savoir faire preuve debeaucoup d’empathie et de patience. Celaprend du temps et a fait augmenter les tempsd’attente. Je suis heureux que les cliniques demédecine dentaire de la Faculté de médecine del’Université de Berne aient décidé de dévelop-per la pédodontie. Les longs temps d’attenteappartiendront bientôt au passé. Nous allonségalement développer la prophylaxie chez lesjeunes enfants afin de prévenir la carie. Les bro-chures et actions relatives à la prophylaxiedurant la grossesse et chez le nourrission consti-tueront un premier pas dans ce sens (à l’éche-lon national).»

Quelles sont les particularités de cettediscipline?«La pédodontie est une spécialité très synop-tique qui fait appel aux connaissances de toutesles autres disciplines de la médecine dentaire.Les exigences élevées de la pédodontie dans lesdomaines de la psychologie, de la médecinedentaire et de la biologie la rendent fascinante.En Suisse et dans les pays nordiques principale-ment, on a reconnu l’importance de la pédo-dontie. Dans les pays scandinaves, le départe-ment de pédodontie est souvent le plus granddépartement des cliniques dentaires.»

L’interrupteur relié au raccord angulaire intro-duit par Adrian Lussi permet à l’enfant decontrôler le déroulement du traitement et l’en-courage à collaborer.

Le professeur Adrian Lussi, né en 1952, estdocteur en médecine dentaire, ingénieur chi-miste EPFZ et titulaire d’un brevet d’ensei-gnant gymnasial en chimie.Il voulait devenir prof de chimie et a suivi le cur-sus de formation de l’EPF de Zurich. Avant d’en-tamer ses études, il a enseigné une année durantà l’école primaire de Luther (LU). L’enseignementlui a permis de financer ses études, à l’EPFZd’abord, puis à l’Université de Berne. La chimie etla médecine dentaire l’ont toujours fasciné. S’ilavait enseigné dans un gymnase, il aurait dû res-pecter un plan d’enseignement bien établi alorsque, en tant que professeur d’Université, il décidelui-même de l’orientation des recherches. Avec lui,les étudiants en médecine dentaire bénéficient del’encadrement d’un enseignant doué doublé d’unchercheur de haut niveau. Il sait s’y prendre avecles enfants et cela se répercute sur l’atmosphèrequi règne dans les salles de traitement de laClinique des traitements conservateurs et de pédo-dontie de l’Université de Berne.

Depuis 1990, Adrian Lussi enseigne la pédodontieà l’Université de Berne. Anna-Christina Zysset s’estentretenue avec cet enseignant, chercheur etinventeur engagé. Il a largement contribué à larédaction des deux nouvelles brochures de laSociété Suisse d’Odonto-stomatologie SSO que lescabinets mettent à la disposition des patients(voir page 12).

La pédodontie s’adresse à des patientsde quel âge et quels sont ses liens avecl’orthodontie?«A l’Université de Berne, notre dépar-tement accepte tous les enfants etadolescents jusqu’à 16 ans environ.Bien qu’il s’agisse de deux départe-ments spécifiques appartenant à deuxcliniques distinctes, la pédodontie etl’orthodontie ont toujours entretenude bons rapports. Il nous arrive de pla-nifier et de soigner en commun cer-tains patients, mais aussi de mener àbien des projets de concert.»

Y a-t-il un règlement prescrivant l’âgeà partir duquel les enfants peuvent serendre seuls aux cliniques de médeci-ne dentaire?«Non, nous n’avons pas de prescrip-tions rigides dans ce domaine. Celadépend de l’enfant et/ou des rapportsqu’il entretient avec sa personne deréférence.»

Qu’est-ce qui est le plus pénible: lapeur du jeune patient ou celle de lapersonne qui l’accompagne?

«Il est vrai que le traitement pèse parfois surl’accompagnant plus qu’il ne le soulage.»

Quelles sont les man?uvres de diversion utiliséesdans votre département pour détendre vosjeunes patients?«Dans ce domaine, nous travaillons à plusieursniveaux. Avant la première consultation déjà, lesparents reçoivent une lettre leur donnant desconseils sur la manière de se comporter et depréparer la consultation. Les enfants qui arriventici pour la première fois sont donc bien prépa-rés. Ensuite, nous prenons le relais grâce à plu-sieurs stratagèmes. L’un d’entre eux consiste àpermettre au petit patient de regarder son filmpréféré pendant les soins. Les écouteurs ont enoutre l’avantage de l’isoler des bruits ambiantsdésagréables. Nous faisons aussi appel àd’autres man?uvres éprouvées et, en cas debesoin, ils peuvent interrompre le traitement àtout moment grâce à un nouvel interrupteurrelié au raccord angulaire que nous venons d’in-troduire. Pour ma part, j’ai fait de très bonnesexpériences avec cette méthode. Les enfants seconcentrent sur l’interrupteur et ne l’utilisentvraiment qu’en cas de nécessité.»

A quels développements allons-nous prochaine-ment assister dans le domaine de la pédodon-tie?«Il faut continuer de développer la préventionde la carie chez les jeunes enfants. Le premierpas, je l’ai déjà dit, consiste en l’organisationd’actions à l’échelon national. Cela étant, il estcertain que de nouveaux modes traitement aufauteuil vont également être introduits en pédo-dontie.»

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Les enfants ne parviennent pas à seconcentrer durant de longues périodes. Despauses doivent leur permettre de s’ébattre.

Compliments et amusement sont les meilleursingrédients d’une bonne ambiance.

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Parmi les nouveautés, on peut citer «theWand®» (la baguette magique). Il s’agit d’unappareil comportant une pièce stérile jetable,que le médecin-dentiste tient dans la main, des-tinée à recevoir les aiguilles, une unité de com-mande et une pédale. Les aiguilles correspon-dantes sont livrables en deux longueurs. Lapédale permet de réguler la vitesse de diffusionde l’anesthésique. Lorsque le médecin-dentistecesse d’appuyer sur la pédale, une aspirationsûre se produit.

Figure 1:La prise «stylo» de la pièce à main permet uncontrôle tactile de la pénétration et du guidagede l’aiguille. La seringue fait moins peur, le stressdu patient anxieux qui précède l’injection s’entrouve fortement réduit.

Figure 2:L’aiguille est appliquée contre les tissus et lepraticien exerce une légère pression. L’aiguillepénètre lentement dans la muqueuse, précédéepar l’écoulement de l’anesthésique. La péné-tration intervient ainsi dans un «canal anesthé-sique» pratiquement sans douleur pour lepatient. L’aiguille pénètre de manière contrôléedans les tissus, sans déflexion et avec peu deforce grâce à une lente pénétration rotative.

Figure 3:Avant de ressortir l’aiguille des tissus mous, il estpossible d’activer le mode d’aspiration pouréviter que du produit anesthésique s’écoule

dans la bouche du patient. Le volume d’anes-thésique, la pression et la vitesse de diffusionsont commandés par microprocesseur, ce quipermet d’éviter le surdosage et de prévenir leslésions tissulaires. Dans la plupart des cas, l’ap-plication ciblée rend l’anesthésie vestibulairesuperflue. L’impression de gonflement des tis-sus mous périphérique s’en trouve notablementréduite, voire est inexistante.

Ces avantages, vantés par le fabriquant duproduit, dépendent aussi de l’expérience dupraticien. Dans la littérature spécialisée, lesavantages et les inconvénients par rapport àl’anesthésie conventionnelle sont controversés.

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Peur de la seringue:vraiment inévitable?

L’anesthésie, la fameuse«piqûre» que les enfants – maisils ne sont pas les seuls – crai-gnent tant est une technique quin’appartient pas encore aupassé. Vraiment? Certaines inno-vations sur le marché permettentde penser que les patients sen-sibles verront leur peur de laseringue s’envoler. Le traitementn’en deviendra que moins stres-sant pour le patient, mais aussipour le médecin-dentiste.

Figure 1

Figure 2

Figure 3

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THOMAS KAST

Les jeunes entrepreneurs cèdent facilement à latentation de tout axer sur leur entreprise. Ilsn’ont d’ailleurs guère le choix. Dans un contex-te où la concurrence se fait constamment plusforte et où les clients deviennent de plus en plusimprévisibles et exigeants, il faut un engage-ment de tous les instants. Pour les jeunes méde-cins-dentistes qui se mettent à leur compte, laréussite économique ne tombe pas du ciel. Lagestion du cabinet impose de multiples exi-gences, tant médicales qu’administratives. Autravail éprouvant avec les patients, qui requiertune concentration maximale, viennent s’ajouterla gestion du personnel ainsi que la surveillan-ce de l’administration des patients et de la ges-tion des débiteurs. L’approche consciencieusede la profession contraint en outre le praticienà suivre de près l’évolution de la recherche enmédecine dentaire et à accorder à la formationcontinue l’importance qui lui revient. La liste destravaux en souffrance est donc presque intermi-nable.

La santé et la qualité menacés

Au début de leur carrière, les médecins-den-tistes indépendants consacrent d’habitude 10 à12 heures par jour à leur profession et utilisentle week-end pour faire ce qu’ils ne parviennentpas à accomplir pendant la semaine. Ils se

vouent corps et âme à leur profession et sontainsi une cible toute désignée pour le stress. Cesont la qualité de vie et, à terme, la santé quien pâtissent. La personne qui mise tout sur letravail et qui pousse constamment ses perfor-mances à la limite de ses possibilités s’effondre-ra tôt ou tard : le stress qu’elle génère ainsi fini-ra par se muer en frustration, démotivation etdiminution du rendement.

Chaque personne non seulement nourrit le v?ude réussir sa vie professionnelle, mais a aussi desbesoins intellectuels, physiques et sociaux qu’ils’agit de satisfaire. Ignorer ce fait peut avoir desconséquences fatales. La conciliation de la vieprofessionnelle et de la vie privée n’est pas toutbonnement une invention de doux rêveurs quiignorent tout des enjeux de la vie professionnel-le moderne, mais une condition décisive de lacapacité de rendement à long terme de l’entre-preneur. Les relations sociales et les amitiés, lebien-être psychique et physique, le divertisse-ment et la culture sont des éléments indispen-sables de la vie qui enrichissent celle-ci, stimu-lent la réflexion et donnent un nouvel élan àl’activité professionnelle. Il reste à savoir d’oùtirer le temps nécessaire.

Apprendre à déléguer

Tout compte fait, la solution est simple: si l’onmanque de temps, il faut s’organiser autrement.Il s’agit en premier lieu de pouvoir déléguer.Pour ce faire, un médecin-dentiste indépendant

a diverses possibilités. Il peut par exemple enga-ger un jeune médecin-dentiste ou s’associeravec un collègue. Ces deux options comportentcertains risques, diminuent le bénéfice de l’en-treprise et requièrent dans certains cas desinvestissements dans l’aménagement du cabi-net. Une autre possibilité de résoudre le manquede temps persistant est d’externaliser une par-tie de l’administration du cabinet et la gestiondes débiteurs. Le médecin-dentiste qui se faitune haute idée de la déontologie dans le but degarantir une qualité de traitement excellente nepeut faire fi de la gestion et n’y voir que destâches administratives que l’on pourrait régler àla va-vite.

La qualité en sort gagnante, tant aucabinet que dans la vie privée

La délégation de tâches administratives et letemps que l’on gagne ainsi coûtent de l’argent.En effet, toute prestation de service de qualitéréalisée par un fournisseur fiable a un prix, quel’on fera toutefois bien de juger à l’aune desavantages que le professionnel retire de l’exter-nalisation de l’administration du cabinet et dela gestion des débiteurs. Ces avantages sont eneffet multiples, du point de vue tant profession-nel que personnel. Pour le cabinet, il s’agit del’amélioration de la gestion administrative despatients, de l’augmentation des liquidités et dela possibilité de se vouer pleinement à son acti-vité essentielle. Pour son propriétaire, l’externa-lisation signifie davantage de temps à consacreraux différentes facettes de la vie. Les jeunesentrepreneurs peuvent et doivent eux aussiconcilier vie professionnelle et vie privée. Le plustôt sera le mieux.

L’importance de concilier vie profes-sionnelle et vie privée dès le début

Plein d’enthousiasme et tra-vaillant à 150%, le médecin-den-tiste qui se met à son compte atendance à sous-estimer lestress. Le jeune entrepreneurveut tout faire lui-même etpense nuit et jour à sa profes-sion. Une telle attitude n’est passans danger: le stress constantpeut se muer en burnout, mêmechez une personne jeune. Il estdonc important de trouver unéquilibre entre une activité pro-fessionnelle exigeante et une vieprivée satisfaisante.

Un coup de pouce pour démarrer

Avec les services financiers de la Caisse pour médecins-dentistes SA conçus pour lescabinets dentaires, les médecins-dentistes jouent la carte de la sécurité en matièred’administration et de finances. Grâce à la gestion rigoureuse du crédit, celle-ci leurgarantit qu’ils toucheront leur dû dès le début dans les délais convenus et qu’ils neconnaîtront pas de problèmes de trésorerie.

A titre d’aide au démarrage, la Caisse pour médecins-dentistes SA offre gratuite-ment une année durant son module «Basic» aux médecins-dentistes qui ouvrent leurcabinet. Ce module comprend la facturation, la recherche d’adresses, les rappels etles conventions de paiement échelonné pour les patients.

SINISA OSTOJIC

Gabriela Zosso, depuis quand travaillez-vous entant que médecin-dentiste et votre travail vousplaît-il?J’ai fait mes études à l’Université de Berne et j’aiobtenu mon diplôme fédéral en 2002. Aujour-d’hui, j’ai trois ans et demi d’expérience profes-sionnelle. L’exercice de la médecine dentaire meplaît énormément. Le travail est très diversifié.J’aime le contact avec les gens et j’apprécie detravailler de manière indépendante. Evidem-ment, le travail est très exigeant, en particulieravec les patients «difficiles», qu’ils soient jeunesou vieux. Mais c’est aussi cela qui rend notre tra-vail passionnant et varié.

Quels sont vos horaires de travail?Le cabinet reçoit les patients du lundi au ven-dredi, de 8 heures à midi et de 13 à 17 heures.Le cabinet est fermé le samedi. J’habite toutprès du cabinet et il me faut peu de temps pouraller de l’un à l’autre, ce qui présente de nom-breux avantages.

Pour vous, l’exercice de la médecine dentaireest-il plus dur physiquement ou psychique-ment?

Cela se vaut. Les émotions des patients font par-tie du quotidien et il faut souvent beaucoupd’énergie pour les gérer. La peur, la douleur, lajoie, la peine, la reconnaissance: le passageincessant de l’une à l’autre coûte des forces. Audébut, cela m’a posé beaucoup de problèmes.Depuis, j’ai appris à gérer cette situation et, lecas échéant, à me protéger.Pour ce qui est de l’aspect physique, j’ai eu malau dos et à la nuque durant les premiers temps.J’ai dû recourir aux services d’un physiothéra-peute. Depuis, j’ai également adopté une pos-ture de travail plus ergonomique et je travailleplus souvent avec les lunettes-loupe, ce qui aaussi contribué à réduire ces tensions muscu-laires.Comme toutes les professions, celle de méde-cin-dentiste a ses bons et ses moins bons côtés.C’est un métier exigeant, captivant et plein desurprises et je l’exerce avec passion!

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Les visages deDENTARENA

Interview de Gabriela Zosso,méd. dent., qui travaille depuisprès de quatre ans dans un cabi-net privé de Zofingen.

Young Dentistsdu monde entier àEuroperio

A l’occasion de l’Europerio 2006 à Madrid,du 29.06 au 01.07.2006, les jeunes méde-cins-dentistes se retrouvent dans le cadre deleur réunion de mi-année dans la capitaleespagnole.

L’accent du travail des YDW est mis sur lapoursuite de l’extension des programmesd’hospitalité, donnant la possibilité à dejeunes collègues de séjourner dans des cabi-nets et des cliniques répartis sur toute laTerre et d’y observer comment travaillent descollègues expérimentés. Non moins impor-tant, le Young Speakers Program, pour en-courager de jeunes scientifiques, leur offrantla possibilité de récolter leurs premiers suc-cès lors de manifestations internationales.

La reconnaissance toujours plus grande queles Young Dentists rencontrent en tant queplate-forme ou piste d’élan pour de jeunescollègues désireux de quitter leur pays d’ori-gine pour un certain temps ou pour toujoursdevrait également faire l’objet de discus-sions.

Pour ce regroupement associé à la Fédéra-tion Dentaire Internationale (FDI), ces lienssont particulièrement importants: des ré-unions scientifiques de haut niveau connais-sent grâce à cette combinaison une plusgrand participation et, en même temps, onréduit le nombre des rendez-vous au coursde l’année.

D’autres informations sous:[email protected]

Gabriela Zosso au cabinet de Chris Traianou.

GABRIELA ZOSSO

Depuis combien de temps les services d’anes-thésie mobile existent-ils?Des services d’anesthésie mobiles ont commen-cé à travailler en Suisse centrale et orientale versla fin des années 90. Des anesthésies avaientcertes été effectuées de manière ambulatoireauparavant, mais elles ne répondaient pas auxexigences et standards actuels.Aux Etats-Unis, les services d’anesthésie mobilesont connu un essor important au cours desannées 80 déjà. Là-bas, 80% des interventionssont aujourd’hui effectuées dans un environne-ment non hospitalier. Cette tendance se dessi-ne en Allemagne également.

Dans quels domaines a-t-on recours aux servicesd’anesthésie mobiles?Il n’y a guère de limites. En principe, outrel’anesthésie générale, il est possible de procé-der à toutes les autres sortes d’anesthésies demanière ambulatoire, a fortiori les anesthésiesrégionales (les formes d’anesthésie régionalessont toutes basées sur le même principe: oninterrompt le transfert de l’information de ladouleur entre l’endroit de l’intervention et celuioù la douleur est ressentie, c’est-à-dire le cer-veau). C’est ce qui rend cette discipline si inté-ressante et si diversifiée.Outre la médecine dentaire, on recourt notam-ment aux services d’anesthésie mobiles dansdes domaines aussi divers que la chirurgie plas-tique, la chirurgie ORL, la chirurgie maxillo-faciale, la chirurgie de la main, la gynécologie,ou la cardiologie.

Qu’est-ce qui vous intéresse particulièrementdans votre travail?C’est notamment le fait de pouvoir travailler endehors d’une structure hospitalière et de pou-voir organiser mon travail moi-même. Je suisseule responsable, aussi bien dans le domainede l’anesthésiologie que sur le plan écono-mique. Je peux organiser mon travail et mon lieu

de travail selon mes aspirations, ce que je nepourrais pas faire dans un hôpital.D’autre part, réaliser des anesthésies de maniè-re ambulatoire permet de réduire les coûts dela santé tout en améliorant le confort dupatient.

Comment se passe une intervention typique?Après avoir posé l’indication, le médecin-den-tiste doit informer son patient sur le traitementet l’anesthésie et procéder à quelquesdémarches administratives (par exemple:demander une garantie de prise en charge desfrais, annoncer le cas à l’anesthésiste, remettredu matériel d’information à son patient). Ensui-te, je procède à un entretien avec le patient ouses proches pour clarifier un certain nombre depoints avant l’anesthésie. Le jour de l’interven-tion, je prends le patient en charge. Au cabinetdentaire, je procède généralement à une intu-bation nasale pour faciliter le travail du méde-cin-dentiste.Il va de soi que je reste à la disposition du patientencore après l’intervention.

Quel est l’intérêt pour le médecin-dentiste depouvoir soigner certains patients sous anesthé-sie générale à son cabinet?Bien qu’une anesthésie générale au cabinet pri-vé soit plus compliquée, les avantages l’empor-tent. Pour le médecins-dentistes, nombreuxsont les soins qui peuvent être plus facilement

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prodigués dans son propre cabinet. Il peut tra-vailler dans un environnement et avec le person-nel qui lui sont familiers. Il dispose de sespropres équipements et du matériel dont il al’habitude. Quant au patient, il reste dans uncadre connu. De plus, outre l’équipe du cabinetdentaire, il est pris en charge par l’équiped’anesthésie mobile. Nos services apportentvraiment un confort accru au patient comme aupraticien.

Quels critères le cabinet doit-il remplir pour quevous puissiez intervenir?Mes besoins sont très modestes. Le cabinet doitpouvoir me fournir l’oxygène. Les dimensionshabituelles des salles de traitement sont suffi-santes. Le jour de l’intervention, j’ai besoin d’unlocal supplémentaire pour les soins post-anes-thésiques. Pour le reste, j’apporte toute l’infra-structure nécessaire à la réalisation de l’anesthé-sie. Au vu de l’importance des préparatifs, il vautla peine de prévoir d’utiliser l’infrastructuremobile durant une journée entière.

Qu’en est-il de la sécurité?Les anesthésies actuelles offrent un degré desécurité élevé. L’indication est essentielle et ilfaut veiller scrupuleusement à respecter toutesles contre-indications. Cela relève de la respon-sabilité de l’anesthésiste. Il est donc importantde faire appel à un spécialiste qui travaille enrespectant les standards établis en matière desécurité et de qualité. Il doit notamment veillerà s’adresser à une équipe constituée d’un anes-thésiste et d’une infirmière anesthésiste.En 2004, la SSAR (Société suisse d’anesthésio-logie et de réanimation) a édicté des directivesconcernant la pratique de l’anesthésie ambula-toire en milieu non hospitalier. Les anesthésistes

Anesthésie générale au cabinet privé:risque ou allégementpour le médecin-dentiste?

Daniela Centazzo travaille depuis1999 comme anesthésisteindépendante et se déplace danstous les cabinets privés, médicauxet dentaires, de Suisse qui fontappel à ses services

La mallette de l’anesthésiste.

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qui offrent des services ambulatoires sont, pourla plupart, regroupés dans une association idoi-ne (SOBAS) au comité de laquelle je siège.

Quels sont les patients cibles?Principalement les patients handicapés et lesenfants en bas âge, parfois des patients extrê-mement anxieux. En tout état de cause, lepatient doit être en pleine santé (problèmes car-diaques ou pulmonaires).

Le patient doit-il subir un examen médical avantl’intervention?Normalement pas. Selon l’anamnèse (maladiesantérieures, âge avancé), un tel examen peuts’avérer judicieux. Le médecin-dentiste peut dis-cuter de cette nécessité avec l’anesthésiste.

Les contre-indications médicales mises à part,faut-il tenir compte d’autres aspects?Oui, l’environnement social du patient joue unrôle important. Ainsi, il ne faudrait pas opérer àson cabinet un patient qui habite seul et qui n’apersonne chez lui qui puisse lui apporter de l’ai-de au cours des 24 heures qui suivent une inter-vention. Les exigences minimales de sécurité neseraient alors pas remplies.

L’âge ou certaines infirmités posent-elles desproblèmes particuliers?Au contraire, ces patients profitent ainsi d’unenvironnement personnalisé et d’un traitementrapide. Bien sûr, l’anamnèse préalable et l’exa-men de l’environnement social jouent un rôlecrucial.

Les patients sont souvent étourdis après uneanesthésie générale. Comment résout-on ceproblème au cabinet?Les étourdissements provoqués par les anesthé-sies appartiennent au passé. Les patientsadultes peuvent se lever immédiatement aprèsl’intervention et se rendre dans une pièce derepos où ils peuvent récupérer durant une tren-taine de minutes. Quant aux enfants, ils sontencore un peu somnolents lorsqu’on les portejusqu’à la pièce de repos. Après 30 à 45 minutesils sont pleinement réveillés et demandent tous

à quitter le cabinet … ce qui leurest autorisé.Les produits que l’on utilise aujour-d’hui, que ce soit pour les anesthé-sie générales ou régionales, ontdes effets qui se dissipent très rapi-dement. Le temps de récupérationest tombé en dessous de 60minutes. La sécurité postopératoi-re s’en trouve encore nettementrenforcée.

Les assurances-maladie prennent-elles vos prestations en charge?Non, pas dans la plupart des cas,à moins que le patient ait une assu-rance dentaire, mais même dansce cas, il n’est pas certain qu’elle

prenne ces prestations en charge. Dans tous lescas, il faut lui demander une garantie de priseen charge des frais.

Pour ce qui concerne les patients handicapés,ces frais doivent être pris en charge par l’assu-rance-maladie ou par l’AI lorsque le patient estâgé de moins de 20 ans. Dans ces cas égale-

ment, il faut attendre la garantie de prise encharge.

Comment gérez-vous le risque en matière deresponsabilité-civile?Je dispose d’une assurance responsabilité civileme couvrant jusqu’à concurrence de cinq mil-lions de francs, ce qui est habituel dans la pro-fession. En cas de faute professionnelle, lepatient bénéficie au moins d’une sécurité maté-rielle.

Que pensez-vous de l’utilisation du protoxyded’azote comme agent sédatif?Dans les mains d’un médecin-dentiste expéri-menté, le protoxyde d’azote est un outil formi-dable. Il est important d’en connaître les risqueset de prendre les précautions qui s’imposent.Ainsi, il ne faut l’utiliser que sur des patients quin’ont pas bu d’alcool et surveiller la saturationoxyhémoglobinée de très près.

Lorsqu’elle est sûre et indiquée, j’estime qu’ilfaut préférer l’utilisation du protoxyde d’azoteà une anesthésie générale qui présente toujoursun risque résiduel infime et qui est aussi nette-ment plus coûteuse.

Comment les médecins-dentistes intéresséspeuvent-ils vous contacter?On peut me laisser un message 24 heures sur24, soit par téléphone – 044 311 87 91 (répon-deur) – soit par e-mail ([email protected]).

Daniela Centazzo, merci d’avoir bien voulu nousconsacrer un peu de votre temps et pour cespropos fort intéressants.

Pour travailler avec des enfants, ilfaut entrer dans leur monde empli defantaisie.

Je reviendrai!

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«Plus tard, il sera trop tard …» –Le projet «Jardins d’enfants»de l’école d’hygiénistes dentaires deBerne

FRAUKE BERRES

Nos parents nous disaient toujours «apprendspendant que tu es jeune, car plus tard il seratrop tard.» L’aphorisme «il n’est jamais trop tôt»devrait être la devise de la promotion de la san-té. Pour être vraiment efficace, la prévention dela carie et de la parodontite commence déjàchez les parents. Bien instruits, ils peuvent trans-mettre leur savoir à leurs enfants, dès le plus jeu-ne âge. Une bonne hygiène bucco-dentaire desparents a un effet favorable sur celle de leursenfants. Cela étant, à quel âge faut-il commen-cer les explications ciblées? Si l’on veut com-mencer à un âge précoce, l’endroit idéal pourcommencer la promotion de la santé bucco-dentaire auprès des jeunes enfants est le jardind’enfants ou la garderie. Une grande partie desenfants passe beaucoup de temps dans cemilieu. Il y a dix ans, l’école d’hygiénistes den-taires de Berne a démarré le projet «Jardinsd’enfants de Belp» auquel les neuf jardins d’en-fants de la commune de Belp sont associés. Lebut de ce projet est de sensibiliser et d’intéres-ser les enfants le plus tôt possible à leur santébucco-dentaire. Dans le cadre de ce projet, les

élèves de l’école d’hygiénistes dentaires se ren-dent deux fois par année dans ces jardins d’en-fants et les enfants leur rendent la politesse envisitant la clinique de l’école d’hygiénistes den-taires. Les principes d’une alimentation saine etd’une bonne hygiène dentaire leur sont en-seignés par le jeu. Ce projet vise également àpermettre aux jeunes enfants de faire connais-sance avec l’équipement et les instruments uti-lisés en médecine dentaire de manière déten-due.

Katja Mauch enseignante à l’école d’hygiénistesdentaires de Berne est responsable du projet«Jardins d’enfants de Belp».

Katja Mauch, depuis quand vous occupez-vousdu projet «Jardins d’enfants»?

Cela fait plus de cinq ans que je gère ce projetqui a été lancé il y a dix ans par Margrit Schnei-der, une jardinière d’enfants de Belp. L’idée estnée dans le cadre de l’éducation à la santé aujardin d’enfants. Elle a bénéficié du soutien dela commune de Belp.

Quels sont les principaux objectifsde ce projet?

Le projet vise tout d’abord à permettre auxenfants de faire connaissance du cabinet den-taire sans crainte. La découverte des équipe-ments et instruments médico-dentaires se fait àtravers le jeu: le fauteuil articulé et réglable aumoyen de boutons de commande, le bloc den-taire et ses instruments, le miroir, les gants, lemasque protecteur etc. Les enfants peuventjouer au dentiste et au patient et procéder à unexamen dentaire. Ils peuvent constater qu’uncontrôle ne fait pas mal et peut même être amu-sant. L’enseignement des principes d’une ali-mentation saine sont également un objectifimportant du projet. Les enfants apprennentquels aliments sont «bons» et quels alimentssont «mauvais» pour leurs dents. On leurmontre aussi l’usage des divers instruments uti-lisés en hygiène et les techniques de nettoyagedes dents. Chaque enfant reçoit une nouvellebrosse à dents et du dentifrice.

Pour l’école d’hygiénistes dentaires, ce pro-gramme est important du point de vue pédago-gique: nos élèves apprennent ainsi à s’occuperd’enfants en âge préscolaire et à diriger desgroupes.

Pouvez-vous nous décrire une visite dans unjardin d’enfants?

La visite se déroule en deux temps, c’est-à-diredurant deux matinées. La première matinée per-met aux élèves de suivre un groupe et de sefamiliariser avec les enfants, les jardinières d’en-fants et l’institution. Les élèves organisentensuite la seconde matinée librement, autourdes sujets qui sont les dents, les aliments et l’hy-

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giène bucco-dentaire. Réalisation d’une dent enpâte à modeler ou en carton, Memory des ali-ments, histoires de dents et chansons, les idéesoriginales ne manquent jamais. Les moyens per-mettant de faire passer les concepts sontinnombrables.

Les jeunes enfants se rendent également àl’école d’hygiénistes dentaires durant une mati-née. Que leur montrez-vous?

Ils font le tour des unités de traitement pargroupes de trois. Ils sont toujours fascinés partous les boutons et tout ce qui est «automa-tique». Les élèves de notre école leur expliquentl’usage du miroir et de la sonde. Des jeux leurpermettent d’être à tour de rôle patient et soi-gnant.

Comment les élèvent de votre école perçoivent-elles ce projet? Fait-il partie intégrante de l’en-seignement?

L’engagement des élèves dans ce projet estimportant. De toute évidence tout le monde ytrouve du plaisir, les élèves de l’école comme lesenfants. Les idées innovatrices des élèves pourl’organisation des visites au jardin d’enfants mesurprennent toujours. D’autre part, il est éton-nant de voir combien les jeunes enfants sontattentifs et patients lors de la visite de notreécole.

Le projet fait partie du plan d’enseignement etest intégré dans la deuxième année de forma-tion. Ce projet, mais également les soins et laformation dans les homes pour personnesâgées et pour handicapés ou les services de

consultation pour parents poursuivent unmême objectif: permettre aux élèves d’ap-prendre à s’occuper de personnes appartenantà des groupes différents et de mettre leursconnaissances théoriques en pratique. Lesélèves acquièrent les connaissances nécessairesgrâce à l’enseignement de branches telles quela psychologie, la nutrition ou l’hygiène.

Les parents des enfants et les jardinièresd’enfants apprécient-ils vos efforts? Quellessont leurs réactions?

Les réactions sont toutes positives. Nous infor-

mons les parents par lettre. Les jardinières d’en-fants préparent le terrain dans leurs classes etsoulignent l’importance du sujet qui sera traitépar les élèves de notre école. Tout le monde estunanime à dire que la visite de notre clinique estune très bonne chose.

Quelles sont les réactions des enfants?

Ils se souviennent très bien de l’événement, quece soit la matinée au jardin d’enfants ou lavisite de notre école. Pour eux, c’est véritable-ment un événement inoubliable. Ils prennentlongtemps soin du miroir, du masque de protec-tion et du gant qu’ils reçoivent en souvenir. Unemaman m’a raconté que, un an après la visite,son fils jouait encore avec le miroir et racontaitsa visite. D’ailleurs, le trajet en train de Belp àBerne est en soi déjà un événement pour cespetits.

Quels sont vos souhaits pour l’avenir?

J’aimerais que tous les enfants puissent profiterd’un tel projet. Il est formidable et mérite d’êtresoutenu. Pour continuer sur cette lancée, noussommes tributaires de parrainages et chaquecontribution est importante.

Katja Mauch, merci pour cet entretien. DENT-ARENA souhaite bon vent à votre projet!

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ColophonEditeur:Société Suisse d’Odonto-stomatologieSSO

Rédaction:Frauke Berres, Philipp Häring, SinisaOstojic, Anja Zembic, Gabriela Zosso,Anna-Christina Zysset

Adresse de rédaction:Service de presse et d’information SSO,Case postale, 3000 Berne [email protected] / www.sso.ch

Impression:Stämpfli Publications SA, Berne

Tirage: 250Paraît 3 x par an

Les opinions exprimées dans DENTARENAne correspondent pas forcément à celles dela rédaction et de la SSO.

Deux nouveaux prospectus

Les dents de laitnous concernent tous!

En mai 2006, la SSO publie deux nouveauxprospectus d’information qui s’adressent aux(futurs) parents. L’Association Suisse de PédodontieASP, faisant appel au niveau suisse à un groupe detravail interdisciplinaire, a pris l’initiative de sepencher sur ce volet jusqu’à présent peu traité. Lethème très actuel des caries chez les petits enfantsest abordé dans deux prospectus sympathiques enquadrichromie proposés dans les trois languesnationales: «Pour des dents de lait saines» et «Desdents saines pour la femme enceinte et son bébé».Ils constituent le résultat d’un projet complexe etexigeant auquel l'ASP a contribué en tant quesociété spécialisée la plus concernée.