16
LIBYE : Évacuation des blessés de guerre de Misrata, p. 05 JAPON : Intervention d’urgence suite au séisme et au tsunami, p. 08 | SOUDAN : Une seconde chance, p. 10 INDE : Les habitants d’un bidonville de Mumbai perdent tout dans un incendie, p. 12 | ZOOM EMPLOI : Logisticien, p. 14 UN CAMP DE RÉFUGIÉS AU CŒUR DE LA VILLE : Dans l’Est canadien à l’automne 2011, p. 13 PRISE DANS LA TOURMENTE Côte d’Ivoire MAGAZINE DE MSF CANADA Volume 14 Numéro 2 Été 2011 DEPECHES

Dépêches (Été 2011)

Embed Size (px)

DESCRIPTION

Dépêches est le bulletin de Médecins Sans Frontières (MSF) Canada.

Citation preview

Page 1: Dépêches (Été 2011)

LIBYE : Évacuation des blessés de guerre de Misrata, p. 05JAPON : Intervention d’urgence suite au séisme et au tsunami, p. 08 | SOUDAN : Une seconde chance, p. 10

INDE : Les habitants d’un bidonville de Mumbai perdent tout dans un incendie, p. 12 | ZOOM EMPLOI : Logisticien, p. 14 UN CAMP DE RÉFUGIÉS AU CŒUR DE LA VILLE : Dans l’Est canadien à l’automne 2011, p. 13

PRISE DANS

LA TOURMENTE

Côte d’Ivoire

MAGAZINE DE MSF CANADA Volume 14 Numéro 2 Été 2011

DEPECHES

Page 2: Dépêches (Été 2011)

J e suis arrivée à Abobo Sud, un quartier d’Abidjan, au début de mars. Le premier jour en Côte d’Ivoire, nous avons traversé

la ville en voiture pour nous rendre à l’hôpital. C’était une belle ville moderne, mais plus nous approchions de l’hôpital, plus notre chauf-feur devait négocier sa route entre les barrages routiers constitués de lits brûlés, de vieilles caisses et de carcasses de voitures incendiées. Je devais prendre la relève d’un anesthésiste qui travail-lait sans répit à l’hôpital depuis cinq jours. J’ai commencé mon travail l’après-midi même, et nous avons continué jusqu’à 3 h du matin. Cela nous a mis dans le bain pour les trois semaines qui ont suivi. Il y avait de nombreux blessés par balle à soigner et même des accouchements par césarienne à faire pour aider les merveilleuses

sages-femmes qui étaient restées sur place pour s’occuper des femmes enceintes.

J’avais déjà soigné des victimes de fusillades et des personnes poignardées au Canada, mais ces cas n’étaient rien en comparaison des bles-sures infligées par une Kalashnikov. Les muscles et les vaisseaux sanguins sont littéralement ar-rachés de l’os. Il n’y avait pas que les combat-tants qui souffraient, les femmes et les enfants aussi. Beaucoup sont morts durant leur transfert vers l’hôpital. La partie de la ville où se trouvait l’hôpital était sous couvre-feu, de sorte que les patients n’arrivaient jamais en pleine nuit. Aussi, le service des urgences, qui servait également d’unité de soins intensifs et de salle de réveil, se remplissait très vite chaque matin, lorsqu’il

n’était pas déjà complet. La capacité d’accueil de notre petit hôpital a ainsi rapidement doublé.

Après mon séjour en Haïti, mon français s’est enrichi de termes liés à la construction, aux matériaux et aux différentes structures, tandis qu’en Côte d’Ivoire, c’est le vaste domaine des armes et des chars d’assaut qui m’est de-venu plus familier.

Se déplacer parmi les barrages routiers de-venait de plus en plus difficile, alors nous res-tions à l’hôpital. Les infirmières, les chirurgiens et moi dormions sur des matelas partout où nous pouvions trouver un espace au calme. Je dormais quand je le pouvais, mais dormir est vite devenu un luxe. Les proches des patients

02

Dép

êche

s Vo

l.14,

no 2

CÔTE D’IVOIRE

LA CHIRURGIE DE GUERRE :

ENTRE ESPOIR ET CONTRAINTEs

© C

hibu

zo O

kant

a /

MSF

Page 3: Dépêches (Été 2011)

03

Dis

pat

ches

Vol

. 15,

Ed.

2

ont rapidement su où je dormais et quand ils ne trouvaient pas d’infirmière, ils venaient frap-per à ma porte. Un soir, nous avons fini tôt à la salle d’opération, vers 23 heures. L’infirmière de la salle d’opération et moi étions déjà couchées quand les bombardements ont commencé. On aurait dit des éclairs et du tonnerre. Nous som-mes restées dans nos lits pendant une heure à écouter les bombardements se rapprocher. Au bout d’une heure, nous nous sommes en-dormies d’épuisement. Nous avons appris plus tard que les combats avaient duré cinq heures.

La chronologie des évènements était prévi-sible : nous apercevions un hélicoptère dans le ciel, et les combats commençaient ensuite. Nous savions à quel moment les voitures commenceraient à circuler et quand nous devrions nous mettre à l’abri, car tout se déroulait dans cette même logique.

À mesure que mon français s’est affiné grâce à mon travail en Côte d’Ivoire, mon apprécia-tion pour le personnel local travaillant pour MSF a elle aussi augmenté. Nos chauffeurs étaient formidables. L’un d’entre eux, Bosco, restait toujours d’un calme olympien, et nous conduisait rapidement en lieu sûr lorsque, à plus d’une occasion, nous devions partir au milieu d’échanges de tirs. Il conduisait comme s’il s’agissait d’une promenade du dimanche,

gardant son sens de l’humour en dépit des tirs de semi-automatiques.

Un jour, la logique a changé. Il n’était plus question d’hélicoptères, mais du bombarde-ment d’un marché situé tout près de l’hôpital. Les premiers patients furent amenés en brouette du marché jusqu’à notre service d’urgences qui comptait quatre lits seulement. Comme les lits étaient déjà occupés, nous avons installé les blessés sur des matelas à même le sol et sur des fauteuils roulants. Les infirmières et moi, sandales aux pieds, nous sommes mises au tra-vail, marchant dans des flaques de sang pour arriver jusqu’aux patients. Nous avons installé des perfusions et administré des vaccins contre le tétanos. Il y avait une foule de gens hurlant à la porte pendant qu’on travaillait, mais comme j’avais la tête baissée, je ne pouvais les voir, juste les entendre. Dès que l’état des premiers pa-tients a été stabilisé, je me souviens d’avoir fait plusieurs fois l’aller-retour à la pharmacie pour chercher des fournitures. Ensuite, comme j’avais besoin de respirer l’air frais, un air qui ne soit pas imprégné de l’odeur du sang, je suis sortie et j’ai vu ce que j’espère ne plus jamais revoir.

À l’entrée de l’hôpital, sous une zone couverte, se trouvait une foule de patients et, derrière eux, leur famille inquiète et affolée, et ce, à perte de vue. Ils étaient arrivés à pied, dans des brouettes

utilisées normalement pour les fruits et légumes sur le marché, ou en voiture pour les quelques chanceux. Le premier patient qui attendait d’être opéré avait les intestins qui sortaient de l’abdomen. Il ne pouvait pas avoir plus de 21 ans. Ses yeux étaient énormes et remplis de douleur et de peur. Son aorte déchirée par une balle, il fut le premier patient à décéder. Il n’y avait plus rien à faire. Je n’ai même pas su son nom. Tristement, ce jeune homme n’a pas été le dernier à mourir ce jour-là, il y en a eu d’autres pour lesquels nous avons tout tenté, en vain. Tout comme les victimes du tremblement de terre en Haïti, je garderai toujours le souvenir de ces victimes de la violence en Côte d’Ivoire.

Fiona Turpie Anesthésiste

Fiona Turpie est anesthésiste à Toronto. En 2010, elle a travaillé avec MSF en Haïti après le séisme dévastateur. Ce printemps, elle a passé trois semaines avec MSF en Côte d’Ivoire pen-dant le violent soulèvement populaire contes-tant l’élection présidentielle de 2010. Suite aux bombardements ou aux affrontements, Fiona a rejoint une équipe qui soignait les blessés, dont beaucoup de civils.

© B

enoi

t Fin

ck /

MSF

Page 4: Dépêches (Été 2011)

04

Dép

êche

s Vo

l.14,

no 2

Bien que la violence ayant secoué la Côte d’Ivoire en début d’année à la suite des élec-tions se soit apaisée en avril dans la majeure partie du pays, les besoins médicaux d’urgence sont demeurés criants. À Abidjan, les centres médicaux et les hôpitaux étaient toujours débordés et recevaient encore de nouveaux blessés tandis que les stocks de matériel médi-cal et de médicaments atteignaient des niveaux de plus en plus bas. Dans l’ouest du pays, la situation était extrêmement tendue. Dans de nombreux villages, les habitants avaient fui et se cachaient toujours dans la brousse. Tandis qu’un certain nombre d’Ivoiriens commen-çaient à rentrer chez eux pour tenter de re-prendre leur vie, plus de cent mille personnes étaient encore réfugiées au Libéria et des mil-liers d’autres se trouvaient encore dans des camps de déplacés de l’ouest du pays.

À la mi-mai, MSF a continué à soutenir plu-sieurs hôpitaux et cliniques dans toute la ville d’Abidjan, leur fournissant des médicaments et menant des projets de soins primaires et secondaires. Les équipes MSF ont soigné des personnes récemment blessées lors des com-bats qui étaient toujours en cours dans cer-taines communautés. Elles ont également dû gérer l’engorgement des urgences médicales créé par le fait que de nombreuses personnes malades ou blessées durant les combats n’avaient pu recevoir de soins durant des jours, voire des semaines.

À l’hôpital général de Yopougon Attié dans l’ouest d’Abidjan, une équipe de MSF s’est

occupée des admissions aux urgences, ainsi que des activités chirurgicales et post-chirur-gicales. En l’espace de trois semaines en avril et en mai, 307 nouveaux patients ont été ad-mis, dont 125 avaient été blessés par balle ou par des éclats d’obus en raison des violences qui continuaient à faire rage.

Pendant la deuxième semaine de mai, MSF a reçu quotidiennement entre cinq et 10 personnes présentant des blessures par balle à l’hôpital du nord d’Abidjan, dans le quartier d’Abobo Sud. À cette période, le nombre d’hospitalisations pour des raisons médicales ou obstétriques a grimpé en flèche. En moyenne, les équipes ont mené 350 consultations et pratiqué 40 accouche-ments par jour. En outre, MSF a effectué entre 80 et 90 transfusions de sang chaque semaine en raison du nombre élevé d’enfants anémiques atteints de paludisme.

À la mi-avril, dans le secteur de Treichville à Abidjan, MSF a pris en charge les 25 lits de la clinique de Nana Yamoussa. Les deux pre-mières semaines, le personnel avait déjà effec-tué 531 consultations. L’équipe chirurgicale a travaillé jour et nuit pour tenter de répondre aux besoins, effectuant entre 10 et 12 in-terventions par jour. À l’hôpital général de Koumassi, dans le sud-est de la ville, le per-sonnel médical a mené 6 140 consultations en soins primaires en un mois, dont 2 000 durant la première semaine de mai.

Pour diminuer un peu la charge de travail et traiter davantage de patients, MSF a intensifié

ses activités dans plusieurs quartiers. Une équi-pe a contribué à rouvrir l’hôpital d’Anyama, une banlieue nord d’Abidjan, non loin d’Abobo Sud. Le personnel a aussi offert des consul-tations externes et des soins pédiatriques à l’hôpital général d’Houphouët-Boigny dans le quartier d’Abobo. À Duékoué, une autre équi-pe est venue en renfort à l’hôpital général et a accru les soins de santé secondaires.

À Guiglo, MSF était présente dans deux cen-tres de santé et a fourni des soins primaires à 4 800 personnes déplacées vivant dans un camp autour de l’église Nazareth. Dans le ser-vice d’hospitalisation de l’hôpital Nikla, MSF a traité des enfants souffrant de malnutrition aiguë ou d’anémie sévère liée au paludisme, tout en fournissant des soins primaires aux 25 000 personnes déplacées au camp de la Mission catholique. Afin de venir en aide aux communautés isolées ayant fui les conflits et qui vivent toujours dans la peur, cachées dans la brousse, MSF a augmenté le nombre de ses cliniques mobiles dans la partie ouest du pays.

À la mi-mai, le Libéria comptait encore quelque 120 000 réfugiés ivoiriens, bien que les chiffres soient difficiles à confirmer. Parmi eux, une grande majorité continuait d’être hébergée dans des familles et des commu-nautés libériennes, en particulier dans les comtés de Grand Gedeh et de Nimba jouxtant la frontière ivoirienne. MSF a mis sur pied 16 cliniques mobiles dans le comté de Grand Ge-deh, où se regroupaient approximativement 60 000 réfugiés. En avril seulement, MSF a effectué 4 500 consultations dans ces cli-niques. De plus, ces équipes ont vacciné 835 personnes contre la rougeole. Dans le comté voisin de Nimba, où quelque 50 000 Ivoiriens supplémentaires avaient trouvé refuge, MSF a également géré des cliniques mobiles dans 11 sites le long de la zone frontalière où elle as-surait en moyenne 220 consultations par jour.

Parallèlement aux cliniques mobiles à la fron-tière, MSF a dirigé un poste de santé dans le camp de réfugiés de Bahn, où 4 500 Ivoiriens avaient trouvé refuge. MSF y a tenu en moy-enne entre 50 et 65 consultations par jour, la majorité étant des cas de paludisme et d’infections respiratoires. MSF a aussi apporté son aide au service de consultations externes de la clinique voisine du ministère de la Santé et a effectué des examens médicaux dans les camps de transit de New Yourpea.

POINT SUR LA CÔTE D’IVOIRE© D

idie

r A

ssal

/ M

SF

Page 5: Dépêches (Été 2011)

05

Dép

êche

s Vo

l.14,

no 2

Le 3 avril, l’infirmière Alison Criado-Perez était à bord du bateau aménagé par MSF pour l’évacuation et le trans-fert de 71 victimes de guerre de Misra-ta (Libye) à Sfax (Tunisie). Alison a fait partie de l’équipe médicale MSF qui a fourni des soins d’urgence aux patients durant le trajet vers la Tunisie. Moins de deux semaines plus tard, sur un au-tre bateau de MSF, Alison participait à l’évacuation de Misrata de 64 autres blessés. Elle nous relate ici la première de ces deux traversées.

C’est dimanche, il est 11 h 30, nous sommes dans les eaux internationales, à plus de 30 kilomètres de la côte libyenne, attendant la

consigne de laissez-passer qui nous permettra d’entrer au port de Misrata. La tension ne cesse de monter, car nous avons juste assez de carbu-

rant pour attendre encore une demi-heure, tout au plus. Nous sommes en attente depuis des heures. Où a bien pu disparaître notre contact? Tôt ce matin durant la séance d’orientation, on nous a informés des précautions à prendre dans une zone de guerre… Je n’arrive pas à croire que je suis ici. Tout ceci me semble irréel.

Nous sommes 13 personnes dans l’équipe, un mélange cosmopolite de personnel de santé MSF et de volontaires médicaux tunisiens à avoir choisi de participer à cette mission pour secourir les blessés de guerre de Misrata et les transporter vers Sfax en Tunisie, où les at-tendent sécurité et soins médicaux. La mis-sion a été discutée et planifiée pendant plu-sieurs semaines, à la suite d’un appel à l’aide du personnel médical débordé de l’hôpital de Misrata, mais il a fallu attendre jusqu’à hier pour recevoir le feu vert. Nous sommes partis

tôt hier soir pour nous rendre à bord du tra-versier de 216 places qui avait été converti pour transporter une soixantaine de patients sur des matelas et une trentaine de blessés capables de marcher. Nous ne savons pas ce que sera la liste définitive des patients, d’autant plus que Misrata a été bombardée la nuit dernière. Toutefois dans la liste des 90 patients poten-tiels, nous savons qu’il y en a quelques-uns sous ventilateur, un grand nombre d’autres ayant des fractures ouvertes ou des amputations, enfin ceux qui souffrent de blessures internes multiples, de traumatismes crâniens et de bles-sures thoraciques par balle.

Nous avons fait de notre mieux pour médi-caliser le bateau, dans les limites de nos moyens. Le bateau bougeait déjà beaucoup quand nous sommes montés à bord, et nous titubions comme des ivrognes en transportant

Évacuation des blessés de

guerre de Misrata à Sfax

LIBYE

© T

rista

n Pf

und

/ M

SF

Page 6: Dépêches (Été 2011)

06

Dép

êche

s Vo

l.14,

no 2

les caisses de médicaments et de matériel médical, les flacons de solutions intraveineu-ses, les bouteilles d’oxygène, les moniteurs de signes vitaux, tout cela afin d’aménager un petit espace de soins intensifs et deux salles d’hospitalisation, dont l’une est dédiée aux cas les plus critiques et l’autre aux bles-sés moins graves. Tout le matériel doit être facilement accessible, car nous n’aurons pas le temps d’aller le chercher dans un espace exigu où il nous est difficile de nous mou-voir. Annas, notre logisticien, a attaché une corde entre les piliers pour y suspendre les flacons de solutions intraveineuses là où ils seront nécessaires.

Mais l’installation ne sera complète que lorsque nous aurons déchargé les 6,5 tonnes d’équipement médical et de médicaments (pour avoir une idée de l’espace que cela représente, imaginez un bébé éléphant en compagnie de sa mère), que MSF donnera à Misrata. Pour le moment, la cargaison occupe la moitié des espaces d’hospitalisation prévus.

Enfin, vers midi, Helmy, le coordonnateur des urgences, arrive. « Nous avons obtenu le feu vert! » annonce-t-il avec soulagement et enthousiasme. Nous accueillons la nouvelle par une salve d’applaudissements. Cette fois, ça y est!

Un bateau-pilote nous guide dans le port. Nous avons refusé les offres de protection de l’armée en raison de notre politique de neutralité et d’interdiction des armes dans ou à proximité de nos installations médicales. Mais Misrata semble paisible lorsque nous accostons. Avec les mem-bres de l’équipage, nous formons une chaîne humaine et déchargeons aussi rapidement que possible des centaines de lourdes caisses sur le quai, de manière à libérer de l’espace pour ins-taller les matelas sur le sol de nos deux salles d’hospitalisation et y monter l’équipement avant l’arrivée des patients quelques minutes plus tard. Deux médecins sur le quai assurent le triage. J’attends à l’intérieur avec Kate, l’autre infirmière expatriée à bord.

La petite file de patients, jeunes et moins jeunes, se transforme vite en une foule qui franchit les portes du bateau, certains sur des civières, d’autres s’aidant de béquilles, portant des perfusions intraveineuses ou des drains. Un garçon de 13 ans a été défiguré par d’effroyables brûlures au visage causées par l’explosion d’un cocktail Molotov. Son père est à ses côtés. Il y a également des hommes jeunes, très nombreux, qui ne marcheront plus jamais, rendus paraplégiques par des blessures par balle à la colonne vertébrale. Et il y a tous ceux qui ont été amputés et qui auront besoin de prothèses. Certaines amputations sont très récentes, et j’espère qu’elles ne vont pas se mettre à saigner. Quelques-uns sont sous perfusion. Il y a des fractures ouvertes, de ter-ribles blessures abdominales, des lésions pro-voquant un pneumothorax (affaissement des poumons) qu’il faut drainer. Un jeune homme, trachéotomisé à la suite de graves brûlures au visage et au cou, ne peut rien voir à cause des bandages recouvrant son visage. Il n’y a per-sonne pour prendre soin de lui et lui expliquer ce qu’il se passe, mais je constate que la mer-veilleuse infirmière égyptienne qui s’est jointe à nous à Misrata est avec lui et lui parle.

Un autre jeune garçon, 16 ans à peine, tombé d’une camionnette en fuite, souffre d’un grave traumatisme crânien. Il est resté six heures dans le coma et est à peine conscient mainte-nant. Un autre patient, qui nécessite des soins personnels dans notre petite salle de soins in-tensifs, a été criblé de balles sur tout le corps, il a une jambe amputée, l’autre qui présente des fractures ouvertes, et il a perdu beaucoup de sang. Misrata a été un véritable carnage.

Comment allons-nous faire face à une telle hé-catombe? Nous avons 71 patients au total, et notre personnel médical, qui compte officielle-ment 13 personnes, en est réduit à quatre ou

© A

lison

Cria

do-P

erez

© T

rista

n Pf

und

/ M

SF

Page 7: Dépêches (Été 2011)

07

Dis

pat

ches

Vol

. 15,

Ed.

2

Au mois d’avril, MSF a effectué deux évacua-tions médicales par bateau lors desquelles elle a transféré des blessés de guerre de Misrata, en Libye, vers la Tunisie. La première évacuation a eu lieu le 3 avril, avec 71 blessés à bord. Le 15 avril, 64 patients ont été évacués de Misrata vers Zarzis, en Tunisie.

Le 21 mars, MSF a envoyé une première car-gaison de kits chirurgicaux pour 300 blessés à l’hôpital de Misrata où un grand nombre de blessés et de graves pénuries de médicaments avaient été signalés. À la fin du mois d’avril, six tonnes de fournitures médicales d’urgence avaient été données au comité médical libyen.

Au centre médical de traumatologie d’Al Abbad, au nord-est de Misrata, l’équipe médi-cale libyenne n’avait pas l’habitude de traiter les blessés de guerre. MSF a envoyé une équipe chirurgicale, composée de deux chirurgiens, deux anesthésistes, trois infirmiers, un médecin et un logisticien, pour répondre à la demande de formation du centre médical en ce qui a trait au triage des blessés ainsi qu’aux techniques de stérilisation et d’hygiène générale.

À la clinique de Ras Thuba, près du port de Misrata, le personnel médical MSF a soutenu les interventions obstétriques d’urgence ainsi que les salles de travail et d’accouchement, et a prodigué des soins pédiatriques et néonatals.

Entre le 24 février et la fin du mois d’avril, le per-sonnel MSF a fait venir dans la ville orientale de Benghazi plus de 50 tonnes de médicaments et de matériel médical, y compris l’équipement

pour la chirurgie de guerre, la chirurgie gé-nérale et le traitement des grands brûlés. MSF apporte son soutien au comité médical libyen dans la mise en œuvre de programmes contre la violence sexuelle et sexiste dans plusieurs cli-niques de la région de Benghazi.

Une équipe a fourni un soutien technique continu aux deux pharmacies centrales qui avaient besoin de médicaments et d’aide dans la gestion des déchets et l’organisation des stocks. MSF a organisé des séances de formation pour le traitement des blessures de guerre. Le personnel médical MSF a égale-ment travaillé à l’hôpital d’Al Jalaa où il a four-ni un soutien en matière d’organisation des soins intensifs et des urgences.

Le comité médical libyen a demandé de l’aide pour fournir des soins aux patients souffrant de maladies chroniques. Par conséquent, MSF a fait don de médicaments pour le traitement de la tu-berculose, du diabète, des maladies cardiaques et de l’hypertension. Des médicaments contre le VIH/sida ont également été commandés.

Dans la ville tunisienne de Ras Ajdir, à la fron-tière avec la Libye, les équipes MSF ont fourni un soutien psychologique aux personnes fuyant le conflit. Elles ont également travaillé dans le camp de transit de Choucha, où des milliers de personnes attendaient leur rapa-triement ou leur réinstallation.

Depuis le début du conflit en Libye, la priorité de MSF a été d’accéder aux zones présentant les plus grands besoins médicaux.

cinq. Le mal de mer, ennemi indésirable, a en effet décimé nos effectifs. Mais nous nous débrouillons pour nous assurer que l’état des patients est sta-ble, que leurs perfusions intraveineuses sont bien réglées. Nous distribuons des analgésiques et des antibiotiques à ceux qui en ont besoin, nous vi-dons les sacs d’urine, changeons les flacons de drainage, et nous efforçons de garder à jour nos notes sur les patients. Je crains cependant que nous ne répondions pas aux besoins de chacun.

Pour nous frayer un chemin jusqu’aux patients, nous devons ramper à même le sol dans l’espace exigu laissé entre les matelas. En effet, le bateau tangue tellement que nous ne pouvons marcher sans risquer de tomber sur un patient griève-ment blessé, perspective ô combien terrifiante. Le travail est épuisant et incessant toute la nuit.

L’aube arrive sans que je m’en rende compte. On en-tend soudain crier : « Amarrage dans 30 minutes! » La traversée jusqu’à Sfax a duré près de 12 heures. Je suis abasourdie à la vue de ce qui nous attend sur le quai : 36 ambulances, et des douzaines de volontaires du Croissant rouge prêts à débarquer les patients en civière. Heureusement, les formalités d’immigration ont été minimales, et nous parve-nons à débarquer tous les patients rapidement.

Le patient en soins intensifs de Kate lui prend la main. « Est-ce que ça en valait la peine? » lui de-mande-t-il. « Oui », lui répond-elle doucement. Que pouvait-elle dire d’autre? En regardant les ambu-lances emmener vers les hôpitaux de Sfax ces jeunes hommes au sort dramatique avec lesquels nous avons passé une douzaine d’heures très intenses, les larmes me viennent aux yeux. Le médecin tunisien qui organise le transport est calme et efficace.

Et soudain, tout est fini. Les ambulances sont parties, tout comme les équipes en charge de documenter l’événement. Il ne reste sur le quai que l’équipage du bateau et le personnel de la mission. La bulle dans laquelle nous avons vécu ces 72 dernières heures se dissout graduelle-ment jusqu’à nous ramener à la réalité.

En retournant à notre base à Zarzis, située à cinq heures de route de Sfax, notre chauffeur Said s’exclame soudain : « On parle de Médecins Sans Frontières à la radio et de l’opération d’évacuation de Misrata vers la Tunisie. Les gens veulent vous dédier une chanson en guise de remerciement de la part du peuple libyen. » Un air envoûtant, par-lant d’amour et de perte, berce alors nos oreilles tandis que la voiture nous ramène chez nous.

Alison Criado-Perez Infirmière

POINT SUR LA LIBYE

© T

rista

n Pf

und

/ M

SF

Page 8: Dépêches (Été 2011)

08

Dép

êche

s Vo

l.14,

no 2

Vous êtes nombreux, fidèles donateurs, à vous être tournés vers MSF pour expri-mer votre compassion pour les Japonais

après les terribles tremblements de terre et tsu-nami de mars dernier. Sachant que MSF avait dépêché des équipes médicales pour soutenir les opérations du gouvernement japonais im-médiatement après la catastrophe, et après avoir vu les terribles images dans les médias, peut-être étiez-vous perplexes lorsque MSF a déclaré ne pas accepter de dons destinés aux opérations de secours au Japon. Nous vous avons plutôt demandé de donner à notre Fonds pour les situations d’urgence. Après tout, si la vaccination ou la chirurgie sont les outils par lesquels nos médecins fournissent une aide humanitaire, le don est le vôtre. Soyez donc assurés que MSF apprécie toujours l’aide que vous désirez apporter à ceux qui se trouvent en situation de crise.

MSF souhaite maintenir un processus de prise de décision cohérent qui vise à établir si MSF peut accepter ou non des fonds spécialement

dédiés à une crise humanitaire en particu-lier. Pour prendre cette décision, nous devons évaluer les besoins médicaux liés à une situation d’urgence ainsi que la capacité de MSF à répon-dre à ces besoins. Par exemple, d’après des tests de performance, les immeubles au Japon avaient été conçus pour résister au séisme, et le pays comptait déjà sur un système de santé solide. Les autorités japonaises et les organisations d’aide humanitaire locales ont su répondre admirable-ment à l’ensemble des besoins de leur pays. Le rôle de MSF s’est donc limité à mettre en place des cliniques mobiles, à soigner les personnes atteintes de maladie chronique et à offrir un soutien psychologique aux personnes traumati-sées par la tragédie. Même si ces services étaient d’une grande importance, ils étaient peu coû-teux si on les compare aux vastes programmes chirurgicaux mis en œuvre quelques heures après le tremblement de terre en Haïti (au mo-ment même où je rédige cette lettre, le budget opérationnel de MSF au Japon est de moins de 1,4 million de dollars alors que celui alloué à Haïti pour 2010 seulement s’élevait à 138 millions).

Les besoins médicaux d’urgence étaient énormes en Haïti. Le gouvernement a perdu la plupart de ses ressources lors de la tragédie et même l’ONU a été gravement touchée. MSF avait donc un rôle immense à jouer en tant qu’organisation médi-cale, ce qui n’était pas le cas au Japon. Le gou-vernement japonais et les organisations d’aide locales ont répondu aux besoins immenses en matière de développement et de reconstruction, tandis que MSF s’est attachée à offrir une aide médicale humanitaire à la population.

MSF demande donc aux Canadiens qui ont fait des dons spécifiquement dédiés aux opérations de secours au Japon la permission d’utiliser leur contribution pour soutenir les programmes de MSF partout dans le monde, et de nous aider à répondre rapidement aux situations d’urgence d’aujourd’hui et de demain. Lorsque vous faites un don à notre Fonds pour les situations d’urgence, au lieu de l’affecter à une crise en particulier, vous contribuez à renflouer et à consolider le Fonds et de fait, vous participez directement à toutes les activités MSF du

JAPON

INTERVENTION D’URGENCE

AU JAPON

© JI

JI PR

ESS

Page 9: Dépêches (Été 2011)

09

Dis

pat

ches

Vol

. 15,

Ed.

2

moment (y compris, entre autres, le Japon, la Libye et la Côte d’Ivoire). Nous sommes recon-naissants de vos gestes de solidarité que nous ne tenons jamais pour acquis. Nous vous remer-cions de comprendre de quelle manière votre générosité peut aider MSF à répondre aussi rapidement et efficacement aux catastrophes.

En fin de compte, nous espérons que vous per-cevez MSF comme une organisation conscien-cieuse qui gère scrupuleusement son budget, collecte des fonds et les dépense de manière responsable, afin qu’un projet ne soit pas fi-nancé aux dépens d’un autre. Nous espérons que vous comprendrez que nous essayons, dans des situations graves, de sauver le plus de vies possible, et aussi d’assurer la pérennité des programmes médicaux que nous opérons dans plus de 60 pays à travers le monde. MSF se tient toujours aux côtés des Japonais et souhaite ap-porter une aide judicieuse au pays. Nous som-mes conscients que nous ne pourrions y parve-nir sans le soutien de nos donateurs canadiens.

Rebecca Davies Directrice de la collecte de fonds

VIVEZ L’EXPÉRIENCE

NOUS RECHERCHONS : des spécialistes

en chaîne d’approvisionnement, CHIRURGIENS, spécialistes en eau

et en assainissement, MÉDECINS, infirmiers, SAGES-FEMMES, épidémiologistes, spécialistes en santé mentale, ANESTHÉSISTES, administrateurs, GYNÉCOLOGUES, nutritionnistes, pharmaciens,

LOGISTICIENS TECHNIQUES, coordonnateurs des ressources

humaines, spécialistes de laboratoire , SPÉCIALISTES FINANCIERS

ACTIVITÉS DE RECRUTEMENT MSF DANS VOTRE RÉGIONwww.msf.ca/fr/recrutement/activites-de-recrutement/

ÉGALEMENT AU PROGRAMME CET AUTOMNE : UN CAMP DE RÉFUGIÉS AU CŒUR DE LA VILLE Rencontrez les travailleurs de terrain et écoutez leurs récits.St. John’s, Halifax, Moncton et Québec

Pour plus de renseignements :Numéro sans frais : 1 800 982-7903Courriel : [email protected]

• mené 2 075 consultations auprès de pa-tients à Minami Sanriku et à Taro. Les principaux problèmes de santé étaient l’hypertension et les infections des voies respiratoires supérieures.

• organisé des séances de soutien pour près de 600 personnes dans les centres d’évacuation bondés. Les équipes ont abordé des questions relatives à la gestion du stress, aux difficultés de concentration et de mémoire, aux préoccupations quant à la possibilité de démence chez les per-sonnes âgées et aux troubles du sommeil.

• aidé à la construction d’une structure semi-permanente à proximité d’un centre d’évacuation à Baba Nakayama, près de Minami Sanriku, dans le but d’y héberger 30 personnes afin de délester le centre.

• distribué 4 030 couvertures, 6 500 litres d’eau, une génératrice pour un abri à Baba Nakayama et 10 000 trousses d’articles de toilette contenant savon, brosses à dents, dentifrice et serviettes. 4 000 personnes ont également reçu d’autres kits, compo-sés de piles, de chandelles, d’allumettes et de serviettes.

• fait don de deux autobus aux services de santé locaux de Minami Sanriku afin de faire la liaison entre les centres d’évacuation, la résidence des patients et les structures médicales. MSF a également donné un véhicule spécialement conçu pour les passagers en fauteuil roulant.

MSF prévoit d’aider les autorités locales à construire deux cliniques temporaires, l’une à Minami Sanriku et l’autre à Taro.

DANS LE MOIS QUI A SUIVI LE

SÉISME, MSF A :

© R

obin

Mel

drum

Page 10: Dépêches (Été 2011)

10

Dép

êche

s Vo

l.14,

no 2

J ’entends un cri reconnaissable entre tous; celui d’une mère qui vient de per-dre son enfant; un long gémissement

poussé par une mère exténuée qui a veillé son enfant malade des jours durant. C’est une plainte douloureuse et étouffée; celle de l’espoir perdu. Les pleurs semblent animés de leur propre force, comme si le hurlement lui-même se lançait à la poursuite du moindre indice pouvant guider la mère vers ce qu’elle avait à faire. Son visage est tendu, ses yeux, son nez et sa bouche ruissellent, et ses jambes tremblent, se balançant mollement sur des genoux affaiblis.

Il est 7 h 30. Je suis venu tôt à l’hôpital MSF à Leer pour terminer du travail, et force m’a été de reconnaître que nous travaillons dans un hôpital où celui qui entre n’en ressort pas nécessairement en vie. Dans leur combat contre la maladie ou les blessures, les gens

attendent souvent trop longtemps avant de se présenter à la clinique, en raison de la distance, de l’insécurité ou d’autres empêchements. Nous commencions à peine la journée de jeudi et, déjà, nous connaissions le troisième décès de la semaine.

Dans de tels moments et bien que je travaille dans le domaine humanitaire depuis plus de huit ans, je me rends compte que c’est la première fois que je dois faire face à des situations aussi désespérées que celles-ci, où ces choses-là arrivent souvent. Le fait que des enfants meurent régulièrement de maladies curables ne devrait pas se produire et est tout sauf acceptable.

Ce qui est le plus difficile à accepter ici est que cette mort et des centaines d’autres qui pourraient être évitées chaque mois au Sud-Soudan, ont été reléguées au second plan

par le référendum qui s’est tenu trois mois plus tard, en janvier 2011. Cette date a fait les manchettes, représentant, selon les médias, l’événement le plus important de l’année au Soudan, sinon de l’histoire récente du pays. Les grands médias du monde entier ont an-noncé plusieurs fois par jour l’éventualité d’une reprise des conflits ou d’un processus de paix, mais ont complètement passé sous si-lence la négligence générale dont font l’objet les besoins médicaux des Sud-Soudanais.

Le référendum du Sud-Soudan s’est déroulé en grande partie dans le calme. Au centre de soins de santé primaires de MSF dans le vil-lage de Leer, nous avons enregistré un léger ralentissement des activités quotidiennes, mais quelques jours plus tard, nous avons recom-mencé à traiter le même nombre de personnes qu’avant. Ces chiffres sont significatifs. Pen-dant un mois ordinaire, nous menons 6 000

SOUDAN

Une seconde

chance

© S

pen

cer

Plat

t / G

etty

Imag

es

Page 11: Dépêches (Été 2011)

11

Dép

êche

s Vo

l.14,

no 2

consultations externes, soignons une centaine de patients hospitalisés pour des problèmes médicaux, chirurgicaux ou liés à la grossesse, procédons à 35 accouchements, traitons 165 patients atteints de tuberculose, et effec-tuons 80 interventions chirurgicales en plus de fournir une alimentation thérapeutique à 200 enfants souffrant de malnutrition. Ce centre de soins MSF, à l’image des autres structures médicales débordées de l’État, fournit des services de santé essentiels mais qui sont loin de couvrir les besoins de cette région où vi-vent environ 600 000 personnes. Bon nombre d’entre elles ne verront jamais un médecin de leur vie. D’autres devront marcher toute la journée, voire davantage, pour survivre.

Alors que les médias ont déjà détourné leur attention du sort politique des Sud-Soudanais depuis le début de l’année, et même si le de-venir du pays devait refaire brièvement la une

des journaux au mois de juillet, les besoins criants en matière de santé n’en demeureraient pas moins au deuxième plan. Les maladies continuent de se propager de manière incon-trôlable. Les dispensaires manquent plus que jamais de ressources, laissant les malades sans soins par manque de personnel compétent ou de médicaments. Même si ceux qui arrivent à se rendre dans notre centre ont de meilleures chances de survie, plusieurs fois par mois malheureusement, des mères s’effondrent de chagrin devant leur enfant emporté par une maladie qui aurait pu être soignée.

Steve Dennis Coordonnateur de projet

MSF est présente à Leer et dans ses environs depuis 1989 et continue d’y fournir des services médicaux d’importance vitale.

En 2005, un accord de paix passé entre le gou-vernement de Khartoum et les rebelles du Sud a mis fin aux 22 années de guerre civile violente dans le pays. Cependant, des conflits ont persis-té dans le Sud-Soudan après que d’importants changements économiques et politiques soient survenus après la signature de l’accord, engen-drant de féroces luttes pour le pouvoir.

Néanmoins, à la veille du référendum de jan-vier 2011 sur la sécession, des centaines de milliers de personnes sont retournées au Sud-Soudan, venant s’ajouter aux deux millions d’autres qui y étaient déjà revenues depuis la signature de l’accord de paix.

Le système de santé national présente des la-cunes. Peu de gens ont accès à des soins de

santé adéquats. L’insécurité et la violence, sans compter le déplacement continuel de la popu-lation, contribuent à la propagation de mala-dies telles que le paludisme, la diarrhée, les in-fections respiratoires, les parasites intestinaux, la maladie du sommeil (trypanosomiase afri-caine humaine) et le kala-azar. De plus, les ca-pacités sont limitées pour prendre en charge les malades. Des maladies évitables, comme le paludisme, la diarrhée aiguë et la rougeole, sont les principales causes de décès.

Depuis 2008, MSF travaille dans les services d’urgence, de maternité et de pédiatrie de l’hôpital civil d’Aweil, dans l’État septentrio-nal de Bahr El-Ghazal, au Sud-Soudan. En 2010, plus de 18 000 Sud-Soudanais qui sont retournés dans leur village après avoir vécu

en exil ont été transférés dans des camps situés aux environs d’Aweil. MSF est alors intervenue pour aider l’hôpital à répondre à la demande croissante en soins médi-caux. Le personnel a donc donné plus de 37 000 consultations prénatales, procédé à plus de 3 000 accouchements et soigné quelque 2 600 enfants souffrant de malnutri-tion. En août 2010, une équipe a commencé à travailler dans le comté très éloigné de Raja, en centrant ses efforts sur la planification d’urgence, les chirurgies d’urgence, ainsi que les soins maternels et pédiatriques.

Dans l’État d’Équatoria occidental, à la fron-tière avec la République démocratique du Congo, MSF a traité blessés et malades, et a offert des soins de santé mentale aux victimes de violence, en particulier aux enfants resca-pés de séjours en captivité. Le personnel MSF travaille en équipes mobiles pour atteindre les régions éloignées et les personnes déplacées vivant dans des camps. Une autre équipe tra-vaille à l’hôpital de Yambio. De nombreux pa-tients ont été blessés lors de combats menés par le groupe rebelle ougandais de l’Armée de résistance du Seigneur.

Grâce aux activités qu’elle a menées dans sept États du Sud-Soudan et sur le territoire d’Abyei, MSF a assuré plus de 588 000 con-sultations externes en 2010, fourni des soins prénataux à quelque 96 000 femmes et soigné plus de 25 900 personnes souffrant de malnutrition.

MSF au Soudan© S

pen

cer

Plat

t / G

etty

Imag

es

© B

aiko

ng M

amid

Page 12: Dépêches (Été 2011)

Le 4 mars, 1 500 familles habitant dans les bidonvilles de Garib Nagar à Mumbai ont vu toutes leurs posses-sions partir en fumée, détruites dans un gigantesque incendie qui a dé-vasté tout le quartier. Médecins Sans Frontières (MSF) a aidé les victimes en distribuant 4 800 kits de secours pour répondre aux besoins essentiels des survivants.

Noorjhan, 37 ans, contemple d’une mine sombre un tas de planches noircies par la suie, à demi transfor-

mées en charbon. C’est tout ce qui reste de la maison où elle vivait il y a encore une semaine, lorsque l’incendie a réduit en cen-dres sa maison et tous ses biens.

« C’était une soirée normale, une soirée comme les autres », raconte-t-elle. « Mes enfants jouaient dans la maison. Soudain, j’ai entendu quelqu’un dehors crier au feu. Consciente du danger, je me suis hâtée de faire sortir les enfants de la maison. Je n’ai pu sauver aucun de mes biens. Nos chefs communautaires ont appelé les pompiers qui n’ont pas pu sauver les maisons des flammes. Maintenant tout a brûlé, et je n’ai plus rien. J’ai peur de l’avenir. »

L’origine de l’incendie n’a pas encore été confirmée, mais les habitants soupçonnent un acte de sabotage. Les querelles foncières

sont féroces à Mumbai, où plus de la moitié de la population vit dans des bidonvilles s’étalant sur seulement sept pour cent de l’espace urbain.

« Nous ne pouvons pas spéculer sur la cause de l’incendie », explique Thierry Mavungu Manwa, qui coordonne les secours appor-tés par MSF aux victimes. « Ce qui nous préoccupe surtout est que les besoins im-médiats de ces gens ne sont pas satisfaits. Ils ont faim, ils ont perdu tout ce qu’ils pos-sédaient, et ils dorment sous des bâches en plastique, sans aucune protection. 1 500 familles doivent partager les deux seules latrines disponibles. L’accès à l’eau et à des installations sanitaires adéquates est sérieu-sement limité. »

Depuis l’incendie, les médias ont large-ment couvert le fait que Rubina Ali, la jeune actrice de 12 ans du film à succès Le Pouil-leux millionnaire, a échappé de justesse aux flammes qui ont ravagé sa baraque de for-tune à Garib Nagar. Cette vedette peu con-ventionnelle a perdu dans le feu tous ses prix, sa collection de coupures de presse et de photos du film de 2008.

Une longue file s’est formée devant l’équipe MSF, composée d’une vingtaine d’agents, qui distribuent des kits de se-cours comprenant une bâche en plastique, des couvertures, des produits de toilette et

des ustensiles de cuisine. On entend des cris, des hurlements et des bousculades à mesure que la file avance. Le tintamarre frénétique des klaxons provenant de la cir-culation avoisinante ne vient que s’ajouter à l’atmosphère tendue. En fin de compte, chacun à son tour, tout le monde finit par recevoir son kit dans l’ordre et la discipline.

Vers le milieu de la journée, tous les kits ont été distribués, et certains ont déjà com-mencé à en utiliser le contenu. Salma, 45 ans, est accroupie sur une bâche blanche. Elle se réjouit surtout des ustensiles de cui-sine qu’elle a reçus. « C’est de la bonne qualité », reconnait-elle en souriant. « Je vais utiliser la bâche en plastique pour amé-liorer mon abri, afin d’avoir un peu plus d’intimité. »

Mais pour quelqu’un qui a perdu toutes ses possessions, les secours apportés aujourd’hui par MSF sont loin de com-penser tout ce qui a été perdu. Comme de nombreux habitants des bidonvilles, Salma gagne sa vie en cousant chez elle des petits sacs qu’elle vend au marché. Mais l’incendie a détruit son petit commerce et son unique source de revenus.

MSF mène ces interventions d’urgence en plus de ses activités courantes, comme le traitement des victimes du VIH/sida, la prise en charge nutritionnelle des enfants mal nourris, les soins primaires aux populations marginales dans les zones rurales, et le traite-ment des victimes du kala-azar, une maladie mortelle transmise par les phlébotomes.

« Nous espérons, grâce à nos interventions de secours pouvoir rétablir quelque peu la dignité de ces personnes », explique Man-wa, le coordonnateur de MSF. « Mais les abris sous des bâches ne sont qu’une so-lution temporaire, et l’accès à des sources d’eau et des installations sanitaires adé-quates reste très limité. Par ailleurs, l’eau stagnante provenant des fuites de tuyaux crée des aires de reproduction pour les moustiques vecteurs de maladies, telles que le paludisme. J’espère sincèrement que la population touchée recevra bientôt tout le soutien dont elle a besoin pour pouvoir re-prendre sa vie normale d’autrefois. »

Niklas Bergstrand Chargé de communication

INDE

Les habitants

d’un bidonville de

Mumbai perdent tout

dans un incendie

© N

ikla

s Be

rgst

rand

12

Dép

êche

s Vo

l.14,

no 2

Page 13: Dépêches (Été 2011)

13

Dép

êche

s Vo

l.14,

no 2

V ous avez été forcés de quitter votre foyer. L’endroit où vous habitiez n’était plus sûr, et vous avez dû vous sauver avec

votre famille. Et maintenant, où dormirez-vous? Comment allez-vous nourrir vos enfants? Qu’arrivera-t-il si vous êtes malades? Imaginez-vous que 43 millions de réfugiés et de per-sonnes déplacées sont aujourd’hui confrontés à ce genre de questions dans le monde.

« Un camp de réfugiés n’est pas quelque chose qui est mis en place au préalable en attendant que la population en ait besoin. Les gens se sauvent et vont là où ils se sentent en sécurité, et ces endroits ne disposent pas toujours d’un accès à l’eau ou aux soins de santé », explique Karel Janssens, qui a travaillé comme logisticien et coordonnateur pour MSF. « Souvent, les gens doivent vivre dans ces endroits pendant longtemps. Certains camps ont été créés il y a plus de 60 ans. Des gens naissent, grandissent et se marient dans les camps. »

Karel a travaillé dans plus d’une douzaine de projets avec MSF, y compris dans des camps de réfugiés et de personnes déplacées. Cette an-née, il conduira l’exposition Un camp de réfugiés au cœur de la ville dans l’Est du Canada. Pendant quatre jours, les résidents de St. John’s, Halifax, Moncton et Québec pourront découvrir, grâce à des intervenants comme Karel, comment vi-vent des millions de personnes qui ont fui leur foyer en raison des conflits et de la violence.

L’exposition gratuite a été présentée en Europe, en Australie et aux États-Unis avant de revenir au Canada pour sa quatrième visite. Installé par des logisticiens MSF, le campement de la taille d’un terrain de football comprend des abris, des points de distributions alimentaires et nombre d’autres composantes et services qui peuvent

être observés dans un vrai camp de réfugiés. La visite guidée, d’une durée de 45 à 60 minutes, est commentée par des travailleurs humani-taires MSF de retour de mission : médecins, per-sonnel infirmier et logistique ainsi que d’autres intervenants qui ont travaillé dans les camps et sont en mesure de partager leurs expériences personnelles tout au long de la visite.

Alors que les visiteurs parcourent les diverses zones du camp, ils en apprennent davantage sur la difficulté à trouver un refuge ainsi que de l’eau et de la nourriture. Parmi les sujets abor-dés, les guides parlent du fait que les réfugiés doivent partager les latrines avec des centaines d’autres personnes, de la manière de trouver des soins lorsque les gens tombent malades et de mettre en place un centre de traite-ment du choléra. Plusieurs sections du camp mettent l’accent sur l’accès limité aux services médicaux. On peut y voir un centre de soins primaires pour traiter les épidémies comme la rougeole et le paludisme, un centre de nutrition thérapeutique pour les enfants mal nourris et un centre de vaccination.

L’équipe dirigée par Karel, composée de bé-névoles et de stagiaires, s’occupe d’organiser les visites scolaires. « L’un des avantages de cette exposition est qu’elle reconstitue en plein centre-ville ce que l’on voit habituellement à la télévision », affirme Karel. « Certains interve-nants qui travaillent comme guides habitent dans la ville où se déroule l’exposition, donc vous pouvez rencontrer quelqu’un au camp qui vient du même endroit que vous et cela contribue à créer un lien direct. »

L’exposition est également un excellent moyen pour ceux qui désirent travailler sur le terrain d’en savoir plus avant de postuler. L’infirmière

Tammy McIntyre a découvert l’exposition en 2008 lors de sa tournée à Vancouver. Ce qu’elle a vu et entendu au cours de la visite l’a convain-cue de partir travailler sur le terrain pour MSF. Au printemps dernier, Tammy est revenue de sa première mission MSF au Zimbabwe.

Tammy explique au sujet de l’exposition que c’était bien plus que les mots, c’était l’aspect visuel et les expériences personnelles des guides qui l’ont vraiment inspirée. Après la visite, elle a réalisé que c’était ce qu’elle dési-rait faire. La boucle sera bouclée pour Tammy cet automne lorsqu’elle se joindra à l’équipe d’une soixantaine de guides bénévoles du Camp de réfugiés au cœur de la ville.

Danielle Conolly Agente de communication

Pour en savoir plus, voir des photos des exposi-tions antérieures au Canada, lire les blogues et dé-couvrir les photos au fil de la tournée 2011, visitez le www.campderefugies.ca.

MSF AU CANADA

Et si ÇA SE PASSAIT CHEZ VOUS?Un camp de réfugiés au cOEur de la ville de MSF parcourt l’Est canadien

Tournée 2011

du Camp de réfugiés au

cOEur de la ville

ST. JOHN’Sdu 8 au 11 sept.. . . . . . . . . . . . .parc Bannerman

HALIFAXdu 15 au 18 sept.. . . . La place d’armes Garrison

MONCTONdu 22 au 25 sept. . . . . . . . . . . . . . . parc Riverain

QUÉBECdu 29 sept. au 2 oct. . . . . . . . . . place d’Youville

© M

SF

© M

SF

Page 14: Dépêches (Été 2011)

14

Dép

êche

s Vo

l.14,

no 2

En 2008, Damien Moloney est parti sur le terrain en tant que logisticien. Il a travaillé au Mozambique, au Soudan, au Kenya, en

Haïti et au Niger. Il a récemment achevé une mis-sion au Tchad, où il fournissait un soutien logis-tique en prévision de la « période de soudure » anticipée. Il nous explique comment un épisode de la série Salle d’urgence a changé sa vie.

Pourquoi avez-vous décidé de travailler pour MSF?

Je suis probablement la seule personne au monde à avouer qu’un épisode de Salle d’urgence a changé ma vie. Je regardais un épisode rediffusé dans lequel deux médecins partaient travailler pour MSF. Le récit était très dramatique : courir pour échapper aux rebelles, esquiver les grenades et les balles. J’ai beau-coup travaillé dans le secourisme et les premiers soins aux États-Unis, et j’ai pensé que peut-être, l’organisation recherchait des personnes avec ce type de compétences. J’ai parcouru le site Web de MSF et plus je lisais, plus j’étais fasciné. J’ai posé ma candidature, passé un entretien, puis j’ai attendu, et attendu encore. Quand j’ai fini par recevoir une lettre, j’étais très nerveux. Je ne pouvais pas me décider à l’ouvrir. J’ai fini par l’ouvrir, et j’ai sauté de joie dans le salon en la lisant. Le fait de travailler pour MSF me rem-plit toujours autant de joie.

Vous venez de terminer votre sixième mission avec MSF. Quel a été le plus grand défi pour vous et pourquoi?

Travailler pour MSF comporte son lot de dif-ficultés : faire face à des retards imprévisibles, à la bureaucratie et aux formalités administra-tives lorsque l’on attend du matériel et des médicaments vitaux; marcher dans un camp de réfugiés de 90 000 personnes en sachant qu’on vit dans le luxe et bénéficie de privilèges; tra-vailler toute la journée avec une température de 50 degrés; creuser des tranchées et monter des tentes qui seront détruites par la pluie et le vent la nuit suivante, et devoir tout recommencer le lendemain; voir des enfants mourir de maladies traitables comme le tétanos et les voir souffrir de malnutrition, alors que les pays développés débordent de nourriture. Toutes ces choses, et des milliers d’autres, sont difficiles, mais pour rien au monde je ne changerais ce que je fais.

Quel aspect avez-vous trouvé le plus appréciable?

Malgré ces milliers de difficultés, il y a un mil-lion de joies à travailler pour MSF. Ce qui m’a

le plus marqué est probablement le personnel, autant international que national. Avec le per-sonnel local, nous avons l’honneur et le privi-lège d’apporter une aide infime mais significa-tive dans des pays frappés par la guerre, une catastrophe naturelle, voire la sécheresse ou la famine. Lorsque je vois un enfant gravement malade arriver à l’hôpital et que je vois le visage inquiet de sa mère pendant que les médecins et les infirmières s’occupent de lui, je sais que nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour cette mère et cet enfant. Le dénouement n’est pas toujours heureux. Mais lorsque trois semaines ou trois mois plus tard, je vois cette mère et son enfant repartir de l’hôpital, je sais que tous ont contribué à remettre cet enfant sur pied : des médecins et infirmières jusqu’aux logisticiens qui se sont assurés que les bom-bonnes d’oxygène fonctionnaient, en passant par le nettoyeur qui a balayé le sol, les employés du siège social de MSF qui nous ont envoyés sur le terrain, et les généreux donateurs qui ont rendu notre travail possible. Bien que nous ne puissions pas sauver la terre entière, nous avons sauvé la vie de cet enfant et ce que cette mère avait de plus précieux. Ce sentiment nous pro-cure une joie unique.

En quoi consiste le travail de logisticien exactement?

Imaginez tout ce dont un médecin, une infir-mière ou un chirurgien ont besoin lorsqu’ils trai-tent un patient sur le terrain. Ils ont d’abord besoin d’un toit. Je travaille donc à cela avec le personnel local. J’ai aidé à installer des médecins sous des tentes, ou sous des arbres avec un simple morceau de tissu. J’ai participé à la construction d’un hôpital dans un énorme conteneur et à l’implantation complexe de salles d’opération. Le personnel médical a besoin de médicaments, d’instruments, de lits, de ventilateurs, je dois donc les commander. L’équipe logistique fait en sorte que les véhicules, les radios et les ordi-nateurs fonctionnent, s’assure que l’hôpital et la maison sont alimentés en eau et en électricité et que les médicaments restent au frais. Parfois, je

fais un barbecue et nous en profitons pour rire et discuter en buvant une bière en nous rappelant d’où nous venons et ce que nous faisons ici. Et le lendemain, nous nous remettons à la tâche!

Quelles sont les aptitudes nécessaires pour faire ce genre de travail?

Être patient, c’est extrêmement important. Des patients, on en a déjà beaucoup, c’est plutôt de la patience dont vous avez besoin. Il faut aussi être capable de travailler dur, dans des tempéra-tures élevées, dans la poussière et loin de chez vous. L’aptitude à gérer sa frustration est aussi cruciale, de même que de travailler au sein d’une équipe composée de personnes très différentes et de supporter leurs petites manies. Vous devez faire preuve de compréhension et de tolérance tout en étant capable de défendre ce en quoi vous croyez. Parler plusieurs langues, dont le français, l’anglais, l’espagnol et l’arabe, est un atout. Des connaissances en électricité et en construction sont également très utiles pour un logisticien. En résumé, vous devez être capable de rechercher des solutions, et d’en proposer au moins une, chaque fois qu’un problème survient.

Avez-vous l’intention de continuer à travailler avec MSF?

Je ne peux pas m’imaginer faire autre chose. Je serai logisticien jusqu’à ce que je devienne trop vieux pour enfoncer un clou ou ramper sous un Land Cruiser. Ce que je fais me stimule énormé-ment et me procure une sensation de bien-être physique, bien que ce ne soit pas le cas tous les jours ni tout le temps. Ce travail est le plus valo-risant que je connaisse.

Avez-vous déjà songé à travailler sur le terrain avec MSF? Visitez le www.msf.ca pour connaî-tre la date des prochains webinaires et séances d’informations organisées à travers le Canada. Ou bien consultez la section Recrutement sur le site Web pour savoir de qui MSF a besoin et com-ment vous pouvez concrétiser vos idéaux.

ZOOM EMPLOI

Logisticien

© L

udov

ic B

eaug

er /

MSF

Page 15: Dépêches (Été 2011)

CAMEROUN Serge Kaboré Québec, Qc Coordonnateur médicalPeter Nijssen Calgary, Alb. LogisticienJohn Orr Vancouver, C.-B. Coordonnateur des financesCOLOMBIE Raquel De Quieroz Smithers, C.-B. InfirmièreNadia Tjioti Toronto, Ont. LogisticienneCÔTE D’IVOIRE Edith Fournier Cabot Québec, Qc InfirmièreFiona Turpie Toronto, Ont. AnesthésisteÉGYPTE Eva Adomako Montréal, Qc AdministratriceÉTHIOPIE Justin Armstrong Toronto, Ont. Chef de projetGreg Camirand Mission, C.-B. LogisticienSarah Lamb Ottawa, Ont. Chef de projetJudith Letellier Montréal, Qc LogisticienneMarjorie Middleton Vulcan, Alb. InfirmièreGUATEMALA Luis Neira Montréal, Qc MédecinGUINÉE Nikki Rink Montréal, Qc MédecinHAÏTI Cassandra Arnold Calgary, Alb. MédecinNicolas Bérubé Québec, Qc LogisticienDaphne Hemily Toronto, Ont. LogisticienneClémentine Leduc Montréal, Qc InfirmièreLaura Madsen Vancouver, C.-B. LogisticienneAndré Munger Rivière-du-Loup, Qc MédecinMartine Verreault Rivière-du-Loup, Qc PharmacienneINDE Étienne Blais Montréal, Qc LogisticienAndrew Bohonis Thunder Bay, Ont. LogisticienDave Croft Squamish, C.-B. Chef de projetAndrew Cullen Toronto ,Ont. LogisticienHamid Echihabi Montréal, Qc LogisticienArif Hasan Toronto, Ont. ChirurgienRehana Permall Ottawa, Ont. Agente de liaisonRoberta Wynne Vancouver, C.-B. InfirmièreIRAK Karen Abbs Vancouver, C.-B. Agente de santé mentaleReshma Adatia Vancouver, C.-B. Chef de projetKENYA James Maskalyk Toronto, Ont. MédecinLIBÉRIA Martha Gartley Toronto, Ont. Spécialiste en eau et assainissementIsabelle Jeanson Toronto, Ont. LogisticienneMichèle Lemay Montréal, Qc MédecinAnne Mackinnon Fredericton, N.-B. InfirmièreTara Newell London, Ont. Chef de projetLeanne Olson Sainte-Cécile-de-Masham, Qc Coordonnatrice médicaleKirsty Robertson Toronto, Ont. InfirmièreLIBYE Frank Boyce Belleville, Ont. MédecinThierry Oulhen Montréal, Qc InfirmierKathleen Skinnider Victoria, C.-B. Infirmière

MALAWI Mariam Kone Montréal, Qc MédecinMOZAMBIQUE Isabelle Casavant Montréal, Qc InfirmièreMYANMAR Marilyn Hurrell Winnipeg, Man. InfirmièreNIGER Myriam Berry Vancouver, C.-B. Coordonnatrice des ressources humainesAlphonsine Mukakigeri Québec, Qc AdministratriceTricia Newport Whitehorse, Yn InfirmièreNIGERIA Mubeen Aslam Ottawa, Ont. ÉpidémiologisteRink De Lange Sainte-Cécile-de-Masham, Qc Spécialiste en eau et assainissementJodi Enns Burlington, Ont. InfirmièreKaren Friesen Vancouver, C.-B. InfirmièreRuby Gill Vancouver, C.-B. InfirmièrePatricia Gould Courtenay, C.-B. InfirmièrePaulo Rottmann Toronto, Ont. Coordonnateur des ressources humainesDarryl Stellmach Calgary, Alb. Chef de missionOUGANDA Joanne Cyr Montréal, Qc PsychologueOUZBÉKISTAN Susan Adolph Dartmouth, N.-É. InfirmièreJan Hajek Vancouver, C.-B. MédecinPAKISTAN Jaroslava Belava Vancouver, C.-B. InfirmièreErwan Cheneval Montréal, Qc Chef de mission adjointRichard Maunsell Waterloo, Ont. InfirmierAnne-Marie Pegg Yellowknife, T.N.-O. AnesthésisteThierry Petry Gaspé, Qc AnesthésistePAPOUASIE-NOUVELLE-GUINÉE Richard Dube Vancouver, C.-B. LogisticienRÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE Joseph Baugniet Montréal, Qc LogisticienCarol Bottger Montréal, Qc MédecinKanadi Ibrahim Ottawa, Ont. LogisticienMargaret Johnston Toronto, Ont. InfirmièreJean-Baptiste Lacombe Montréal, Qc LogisticienRÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO Lucie Barré Québec, Qc InfirmièreSharla Bonneville Toronto, Ont. LogisticienneMonica Chaudhuri Toronto, Ont. ChirurgienneMichelle Chouinard Saint-Quentin, N.-B. Chef de mission

Oonagh Curry Toronto, Ont. Chef de projetElif Ercan Montréal, Qc InfirmièreFabienne Gilles Toronto, Ont. Coordonnatrice des ressources humainesBreno Horsth Toronto, Ont. LogisticienMarie-Michèle Houle Victoriaville, Qc InfirmièreShannon MacDonald Halifax, N.-É. Sage-femmeJean-Guy Simard Lavaltrie, Qc LogisticienBayu Sutarjono Toronto, Ont. LogisticienJennifer Turnbull Ottawa, Ont. MédecinSIERRA LEONE Dinsie Williams Toronto, Ont. LogisticienneSOUDAN Kevin Coppock Toronto, Ont. Chef de missionJL Crosbie Toronto, Ont. Chef de projetMegan Hunter Prince George, C.-B. Coordonnatrice logistiqueElizabeth Kavouris Vancouver, C.-B. InfirmièreWendy Rhymer Winnipeg, Man. Sage-femmeLetitia Rose Vancouver, C.-B. InfirmièreNancy Semkin Toronto, Ont. Coordonnatrice des ressources humainesBrenda Vittachi Calgary, Alb. InfirmièreMichael White Toronto, Ont. Chef de projetSRI LANKA Garth Johnson Ottawa, Ont. ChirurgienSYRIE Berthier Bourque Gaspé, Qc MédecinTCHAD Grant Assenheimer Edmonton, Alb. Chef de projetPascal Desilets Saint-Eustache, Qc LogisticienSabrina Gobet Toronto, Ont. Coordonnatrice des ressources humainesClea Kahn Toronto, Ont. Chef de missionChantelle Leidl Edmonton, Alb. Spécialiste en eau et assainissementPaul Nguyen Montréal, Qc MédecinElaine Roy Charlemagne, Qc InfirmièreHeather Thomson Ottawa, Ont. Chef de projetZAMBIE Charles Gadbois Saint-Rédempteur, Qc LogisticienNicolas Verdy Montréal, Qc LogisticienZIMBABWE Colette Badjo Laval, Qc MédecinRichard Crysler St. Catharines, Ont. Agent de santé mentaleSandra Stepien Vancouver, C.-B. Coordonnatrice des finances

LES CANADIENNES ET CANADIENS EN MISSION

15

Dép

êche

s Vo

l.14,

no 2

DÉPÊCHESMédecins Sans Frontières (MSF)720, av. Spadina, bureau 402Toronto (Ontario) M5S 2T9Tél. : (416) 964-0619Téléc. : (416) 963-8707Sans frais : 1 800 982-7903Courriel : [email protected]

www.msf.ca

Rédactrice : linda o. nagy Directrice de la rédaction : Avril BenoîtCoordonnatrice de la traduction : Jennifer OcquidantCollaborateurs : Niklas Bergstrand, Danielle Conolly, Alison Criado-Perez, Rebecca Davies, Steve Dennis, Fiona Turpie

Photo de la couverture : © Peter DiCampo / Pulitzer Center

Tirage : 117 500Graphisme : Tenzing CommunicationsImpression : Warren’s Waterless Printing Inc.Été 2011

ISSN 1484-9372

Page 16: Dépêches (Été 2011)

Faites don de la vie.

entrepôtMSF.ca Faites votre choix. MSF s’occupe du reste.

Action humanitaireAliments thérapeutiques EauDépistage rapide du VIH

Trousse de soinsVaccins contre la rougeole

Matériel chirurgicalMédecin StéthoscopePansements Espoir Trousse de premiers soins

Secours Kit contre le choléra

Logisticien Seringues

Médicaments TraitementInfirmière Couver ture Chirurgien

Équipement médical Eau

Vaccins Antibiotiques

Pèse-bébé Abr i

Aide