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MAGAZINE DE MSF CANADA Volume 18 Numéro 2 Été 2013 EN COUVERTURE : Le marchandage de la santé, p. 03 | MYANMAR : Les conditions de vie des minorités restent précaires, p. 04 MON HISTOIRE : De réfugié à travailleur humanitaire, p. 06 | SYRIE : Offrir des soins psychologiques, p. 07 INNOVATION : L’échographie portative, p. 08 | SANTÉ DES MIGRANTS : Une aide en chemin, p. 10 KENYA : Soutenir les survivants de violence sexuelle, p. 13 LE MARCHANDAGE DE LA SANTÉ UN NOUVEL ACCORD MENACE L’ACCÈS AUX MÉDICAMENTS DEPECHES

Dépêches : Été 2013

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Page 1: Dépêches : Été 2013

MAGAZINE dE MSF CANAdA Volume 18 Numéro 2 Été 2013

EN COUVERTURE : Le marchandage de la santé, p. 03 | myaNmaR : Les conditions de vie des minorités restent précaires, p. 04mON HISTOIRE : De réfugié à travailleur humanitaire, p. 06 | SyRIE : Offrir des soins psychologiques, p. 07

INNOVaTION : L’échographie portative, p. 08 | SaNTÉ DES mIGRaNTS : Une aide en chemin, p. 10kENya : Soutenir les survivants de violence sexuelle, p. 13

LE MARCHANDAGE DE LA SANTÉUN NOUVEL ACCORD MENACE L’ACCÈS AUX MÉDICAMENTS

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Lettre du directeur exécutif

Au cours de ma première année en tant que directeur exécutif de Médecins Sans Frontières (MSF) Canada, je me suis rendu au Myanmar, au Mexique et au Moyen-Orient; trois endroits présentés dans ce numéro de Dépêches. Partout, j’ai vu MSF répondre aux besoins des personnes privées de soins et d’autres services essentiels.

Vivant dans l’État de Rakhine au Myanmar, les Rohingyas sont un groupe musulman minori-taire auquel le gouvernement refuse le statut de citoyen. depuis longtemps, ils se voient imposer des mesures restrictives qui les privent de leurs droits fondamentaux et leurs libertés. Cette population se retrouve ainsi dans un état de vulnérabilité qui a un impact sur leur santé.

L’an dernier, des violences interethniques ont forcé des dizaines de milliers de Rohingyas à fuir. J’ai rencontré une équipe de MSF qui avait réussi à avoir accès à des camps pour personnes dépla-cées, en dépit de l’intimidation et des conditions difficiles auxquelles elle était confrontée. À l’heure actuelle, MSF fournit des soins de base et soigne des maladies potentiellement mortelles comme le paludisme, la tuberculose et le VIH/sida.

Au Mexique, j’ai suivi les itinéraires empruntés par les migrants latino-américains qui cherchent à fuir la violence des gangs et la corruption dans leur pays natal. La frontière des États-Unis étant

de plus en plus difficile à franchir, ces gens n’ont souvent d’autre choix que d’avoir recours à des passeurs qui profitent d’eux. Ces migrants font l’objet de plus en plus de violence.

En route vers le nord, perchés sur les toits des trains de marchandises, beaucoup de migrants présentent des problèmes de santé et cer-tains sont gravement blessés. MSF dirige des cliniques, notamment au Chiapas, et à certains endroits, des équipes médicales itinérantes fournissent des soins de santé au bord des voies ferrées. Tout au long de leur périple, MSF et d’autres organisations s’occupent des migrants et les accompagnent en leur offrant un peu d’humanité pendant leur calvaire.

À mon retour au Canada, je me suis penché sur la question des réductions faites dans les servi-ces de santé offerts aux migrants et aux réfugiés, dans notre pays, un sujet des plus préoccu-pants. Les travailleurs humanitaires de MSF qui œuvrent dans d’autres pays peuvent témoigner de la vulnérabilité accrue des migrants et de la dégradation de leur état de santé lorsque l’État ne leur fournit pas des soins adéquats.

Enfin, en Syrie, je ne peux concevoir un échec plus grand que celui de l’aide humanitaire insuffisante fournie aux personnes victimes de la guerre ci-vile. Les Syriens vivant dans le nord du pays ou

réfugiés au Liban manquent d’abris, de médica-ments et de nourriture. J’y ai aussi vu l’émergence de l’hépatite et de la rougeole, signes d’une crise de santé publique. En plus de ses activités dans des hôpitaux, MSF fournit des chirurgies, des soins de santé primaire et des produits essentiels à ceux qui sont prisonniers de ce conflit.

Grâce à votre soutien, MSF entend doubler ses activités de secours en Syrie. Mais cela ne suffit pas. Nous faisons également pression sur la communauté internationale afin qu’elle assume ses responsabilités vis-à-vis de la population syrienne. Elle doit fournir une aide accrue, éliminer les obstacles à l’aide humanitaire et offrir un plus grand soutien aux pays voisins de la Syrie qui peinent à faire face à l’afflux de réfugiés.

Au Myanmar, au Mexique et en Syrie (et dans près de 70 autres pays), MSF vient en aide aux populations à qui on refuse des services de san-té essentiels. Je suis fier de ce que nous accom-plissons et je vous remercie, chers donateurs, de rendre ce travail possible.

Stephen cornishdirecteur exécutif de MSF Canada

Twitter : @Stephen_Cornish

OffRIR UN pEU D’HUMANITÉ

Lors de sa visite au Mexique, le directeur exécutif, Stephen Cornish (à droite), a rencontré cet homme et d’autres migrants latino-américains qui fuyaient leur pays en proie à la violence des gangs et à la corruption.

DÉpêCHESMédecins Sans Frontières (MSF)720, av. Spadina, bureau 402Toronto (Ontario) M5S 2T9Tél. : (416) 964-0619Téléc. : (416) 963-8707Sans frais : 1 800 982-7903Courriel : [email protected]

www.msf.ca

Rédactrice : linda o. nagy directrice de la rédaction : Micol ZarbCoordonnatrice de la traduction : Jennifer OcquidantCollaborateurs : Claudia Blume, Stephen Cornish, Rebecca davies, Isabelle Jeanson, Thok Johnson, Jo Kuper, Audrey Magis, Michel Marchildon, Raghu Venugopal

Photo de la couverture : © Vivian Lee / MSF

Tirage : 111 000Graphisme : Tenzing CommunicationsImpression : Warren’s Waterless PrintingÉté 2013

ISSN 1484-9372

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Printer is ISO 14001 registered.

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L’impression est

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IMPRESSION ÉCOLOGIQUE : BEAUCOUP PLUS QUE DU PAPIER RECYCLÉ.

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pour traiter des maladies comme la tu-berculose, le paludisme et le VIH/sida dans plus de 70 pays du monde, MSF

utilise des médicaments génériques abor-dables et de haute qualité. Les génériques sont généralement meilleur marché que leurs équivalents de marque, ce qui permet à MSF de soigner davantage de patients.

Nous savons que les médicaments génériques ai-dent à sauver des vies. Prenons l’exemple du VIH : grâce à la concurrence créée par les génériques, le coût des traitements antirétroviraux est passé de plus de 10 000 $ par personne et par an en 2001 à seulement 100 $ aujourd’hui. Cette baisse a permis à plus de neuf millions de per-sonnes de bénéficier d’un traitement dans les pays en développement.

Cependant, les États-Unis, le Canada et 10 pays de la région Pacifique négocient à l’heure actu-elle les conditions d’un large accord commercial qui menacent la disponibilité des médicaments génériques à prix abordable pour des millions de personnes dont la vie en dépend. Si le Partenariat transpacifique (PTP) est signé dans ses termes ac-tuels, cet accord pourrait devenir l’entente com-merciale la plus préjudiciable de toute l’histoire en matière d’accès aux médicaments.

Toutes les négociations se tiennent à huit clos, mais les informations qui ont filtré indiquent que les États-Unis demandent un renforcement de la protection en matière de propriété intellectuelle pour les médicaments. de telles mesures pour-raient étendre les monopoles des compagnies pharmaceutiques sur les médicaments d’origine.

Elles leur permettraient de pratiquer des prix plus élevés pendant plus longtemps, et empê-cheraient ou retarderaient l’entrée sur le marché des médicaments génériques moins chers.

Résultat : les patients pourraient avoir à attendre plus longtemps pour pouvoir bénéficier de mé-dicaments bon marché. L’une des dispositions du PTP, par exemple, demanderait aux gouver-nements de délivrer de nouveaux brevets d’une durée de 20 ans lors de la modification de mé-dicaments existants, comme celle des formula-tions, des usages ou des méthodes, même si la modification n’améliore pas l’efficacité théra-peutique des médicaments. Cette pratique ris-querait de maintenir des prix élevés bien au-delà de la période de 20 ans initialement prévue.

Par ailleurs, d’autres dispositions inclues dans le PTP donneraient aux compagnies pharma-ceutiques le droit d’intenter des poursuites contre les gouvernements qui instaureraient des règlements réduisant leurs bénéfices es-comptés, et d’avoir recours à des tribunaux privés afin de contourner les procédures judi-ciaires du pays en question. L’entreprise phar-maceutique américaine Eli Lilly utilise actuelle-ment ce genre de dispositions énoncées dans l’Accord de libre-échange nord-américain. Elle exige 100 millions de dollars de compensation du gouvernement canadien qui a rejeté l’un de ses brevets et dit, entre autres, que l’entreprise a été privée des bénéfices escomptés lorsque le brevet a été refusé.

Qui plus est, les négociateurs américains ont affirmé que le PTP servirait de modèle pour les

futurs accords commerciaux internationaux, ce qui risque de créer un dangereux précédent.

Malgré l’importante opposition à l’égard de ses propositions actuelles, notamment par d’autres pays négociateurs, les États-Unis n’ont toujours pas proposé de texte de remplacement. En laissant le temps s’écouler de la sorte, les États-Unis espèrent que les autres pays seront forcés d’accepter ses requêtes initiales afin de respec-ter les délais impartis de cette année.

Il est encore temps de modifier les dispositions préjudiciables contenues dans cet accord avant que les négociations ne prennent fin. MSF ex-horte le Canada et les autres pays participant aux négociations sur le PTP de rejeter les dis-positions qui menacent de réduire à néant les garanties de protection en matière de santé publique inscrites dans le droit international et de restreindre l’accès aux médicaments dans les pays en développement.

claudia BlumeAgente des communications

Aidez MSF à défendre l’accès

aux médicaments essentiels.

Pour en savoir plus, rendez-vous

au www.msf.ca/agissez-ptp.

LE MARCHANDAGE DE LA SANTÉ SELON L’ACCORD DE pARTENARIAT TRANSpACIfIqUE

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AccÈS Aux MédicAMeNtS

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L’État de Rakhine, une région isolée et né-gligée de l’ouest du Myanmar, compte de nombreux groupes ethniques, dont la

communauté rakhine qui constitue la majorité ainsi qu’une minorité musulmane connue sous le nom de Rohingya. En juin 2012, des affronte-ments interethniques violents ont entraîné un état d’urgence officiel.

On estime que 75 000 personnes ont été dé-placées, parmi lesquelles beaucoup ont vu leur maison incendiée. En octobre, d’autres débor-dements de violence ont aggravé la crise hu-manitaire, entraînant la fuite d’environ 40 000 personnes de plus.

Plus d’un an après le début des affrontements, des dizaines de milliers de personnes vivent tou-jours dans des camps de fortune qui ne comp-tent pas suffisamment d’abris, d’installations sanitaires, de nourriture et de services de san-té. Selon les estimations officielles, la grande

majorité des personnes déplacées appartien-nent à la minorité des Rohingyas.

Même avant cette dernière crise, les Rohingyas, qui ne sont pas légalement reconnus comme des citoyens du Myanmar, étaient privés de leurs libertés et droits fondamentaux, et fai-saient l’objet de mauvais traitements. Leur accès aux soins était limité et leurs besoins en matière de nutrition, de soins maternels et de santé pri-maire étaient particulièrement importants.

MALNutritioN, toux et diArrhéeS chroNiqueS

Jusqu’aux affrontements de juin 2012, MSF avait réalisé environ 500 000 consultations médicales par an dans l’État de Rakhine. En raison de la violence, des menaces et de l’intimidation, nos équipes n’ont pu offrir que 50 000 consulta-tions dans cette région entre les mois de juin et

décembre 2012. Avoir accès aux communautés les plus vulnérables et offrir les mêmes niveaux de soins qu’auparavant restent un défi.

Les maladies les plus communes dans les cli-niques de MSF sont les infections cutanées, les vers, la toux chronique, la diarrhée et les infec-tions des voix respiratoires. de plus, nombreux sont les enfants souffrant de malnutrition sévère. Lors d’une récente visite médicale de MSF dans un camp, 40 pour cent des enfants de moins de cinq ans examinés souffraient de diarrhée aigüe.

Les gens atteints de maladies chroniques, telles que la tuberculose ou le VIH, voient leur vie menacée par la possibilité que leurs traitements soient interrompus. Il est également difficile d’orienter les patients vers d’autres ressources car ces derniers et les personnes qui les trans-portent se heurtent à l’hostilité des autorités et à des restrictions sur les déplacements.

LES CONDITIONS DE VIE DES MINORITÉS RESTENT pRÉCAIRES

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Ces restrictions affectent tous les aspects de la vie des Rohingyas. Par exemple, certains ont confié aux équipes de MSF qu’ils n’ont pas ac-cès à l’eau potable qui pourtant ne manque pas dans la région.

« Nous pouvons nous rendre à nos fermes seulement de manière très occasionnelle, uniquement en groupes de deux ou trois per-sonnes à la fois et sous escorte militaire. Nous ne pouvons pas aller à l’hôpital ou à l’école, ni pêcher ou ramasser du bois de chauffage », af-firme un homme du canton de Myebon.

« Parfois, on voudrait simplement mourir. Impos-sible de se déplacer. Impossible de fuir. Impossi-ble de pêcher. Tout ce qu’on veut, c’est pêcher. »

« tout Le MoNde eSt terrifié »

Les communautés demeurent profondément di-visées depuis le début du conflit. Hannah Jensen, une psychologue qui travaille pour MSF dans l’État de Rakhine, explique que beaucoup de personnes souffrent de détresse psychologique.

« dans le nord de l’État de Rakhine, tant dans les communautés rohingya que rakhine, on voit des symptômes d’anxiété et de traumatisme causés par la crise. de plus, tout le monde craint de nouveaux affrontements.

Il y a beaucoup de méfiance et de suspicion entre les communautés, et la vie des gens est beaucoup plus difficile depuis l’an dernier. de nombreuses communautés ont vu diminuer leur accès aux soins, à l’éducation et au travail. Certains ne peuvent plus combler correctement leurs besoins fondamentaux comme se nourrir et se loger. »

Hannah travaille en tant qu’agente de santé mentale, un nouveau poste créé à la suite des affrontements de juin et d’octobre 2012. En plus d’offrir des traitements psychologiques pour les cas les plus complexes, elle a aussi recruté et formé une équipe de conseillers locaux qui pourront offrir dans les cliniques de MSF l’aide psychologique dont la communauté a grandement besoin.

« La grande majorité des patients que nous avons reçus rencontrent des problèmes simi-laires. Tant dans les communautés rohingya que rakhine, les gens ont peur pour leur sécuri-té et celle de leur famille. Cette anxiété se mani-feste souvent à travers des douleurs physiques, particulièrement chez les femmes. On voit également beaucoup de symptômes de trau-matismes liés à la violence », affirme Hannah.

MeNAceS et iNtiMidAtioN

Bien que les besoins humanitaires soient plus importants qu’auparavant, les longs délais pour obtenir des permissions de la part des au-torités, l’état d’insécurité, les menaces réitérées et l’intimidation ont nui considérablement au travail de MSF.

MSF travaille dans l’État de Rakhine depuis près de 20 ans. des centaines de milliers de personnes de tous les groupes ethniques et religieux ont reçu des soins dans ce qui représente l’un des plus im-portants programmes de MSF à travers le monde. Cependant, dernièrement, MSF et d’autres organi- sations ont été accusées par certains membres de la communauté rakhine, dans des prospec-tus, des lettres et des messages Facebook, de favoriser les Rohingyas. L’un des dirigeants

communautaires a comparé l’aide médicale ap-portée par MSF aux personnes déplacées vivant près de son village à l’arrosage d’une plante, une plante qu’il ne veut pas voir arrosée.

Les menaces et l’intimidation ont compliqué pour MSF le recrutement de personnel local. Les gens ont trop peur de travailler dans l’État de Rakhine.

En février, MSF a parlé publiquement de cette campagne d’intimidation et a demandé aux autorités du Myanmar d’en faire plus pour faire comprendre que les menaces de violence con-tre les travailleurs de la santé sont inacceptables.

Jo KuperAgente des communications

Élaine Roy, Infirmière MSf« dans le nord de l’État de Rakhine où je travaillais, il est difficile et parfois même impossible pour les Rohingyas d’obtenir des soins. Beaucoup de nos patients, qui ont besoin notamment d’une chirurgie, y compris une césarienne, ou une oxygénothérapie, doivent être transférés vers les structures du ministère de la Santé. Toutefois, nous n’avons aucun moyen de savoir s’ils reçoivent un traitement adapté. Un grand nombre nous disent qu’ils font l’objet de discrimination et d’hostilités pendant leur hospitalisation.

dans les cliniques de MSF, nous recevons des centaines de femmes enceintes. Ceci vient du fait qu’elles et leur bébé doivent marcher pendant des heures et passer par des points de contrôle pour obtenir leurs rations alimentaires. Ces femmes risquent de mettre au monde un enfant présentant une insuffisance pondérale, de souffrir d’anémie ou de complications postnatales.

Les membres du personnel MSF, appartenant autant aux groupes ethniques rohingya que rakhine, font de leur mieux pour poursuivre les activités de MSF, mais sont eux aussi confrontés à leurs propres difficultés, comme apprendre à travailler ensemble et à s’accepter les uns et les autres suite à des affrontements interethniques traumatisants. »

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J’avais neuf ans lorsque ma famille a dû fuir le Soudan. C’était en 1986. Je me souviens encore du climat de peur qui régnait à cette

époque. La rumeur courait que de plus en plus de gens du Sud étaient persécutés et maltraités, y compris les jeunes enfants.

Presque tout notre village a décidé de plier bagages et de fuir en Éthiopie. Beaucoup n’y sont pas arrivés et sont morts de faim ou de soif en cours de route. Certains sont tombés malades et nous avons dû les abandonner faute de médecins ou de structures médicales.

Nous avons marché longtemps, quatre ou cinq mois, avant d’atteindre le camp de réfugiés en Éthiopie. J’ai perdu mes proches en chemin. Je me suis senti tellement seul.

Je croyais être l’unique membre de ma famille à avoir survécu et rejoint le camp. Pourtant, huit mois plus tard, j’ai retrouvé ma mère. Elle était avec ma sœur et mon plus jeune frère. J’étais tel-lement heureux!

Mais ce n’est que trois ans plus tard que nous avons eu des nouvelles de mon père. Il avait

trouvé refuge à Bilpam, une ville aujourd’hui au Soudan du Sud.

LA vie Au cAMp

Ma sœur, mon frère et moi avons attrapé la rougeole au camp. Heureusement, il y avait un dispensaire et nous y avons été soignés. des équipes de MSF et de l’Agence adventiste du développement et de l’aide humanitaire travail-laient dans le camp.

Pour la première fois, je me suis dit : « Un jour peut-être, je pourrai être infirmier et travailler pour une organisation humanitaire. » C’était un rêve impossible à l’époque. Notre réalité quotidienne au camp était ponctuée par la faim et la maladie.

Malgré tout, j’ai pu aller à l’école. On nous fai-sait cours à l’ombre des arbres. Nous n’avions ni stylos ni cahiers; nous utilisions de la craie pour écrire sur du carton.

La vie au camp était très dure. Beaucoup de gens sont morts, y compris certains de mes proches comme mon frère Gatkhor. Nous nous deman-dions si ce cauchemar allait cesser un jour.

La seule chose qui me faisait tenir était le club de soccer. Il avait été créé par l’un de nos ensei-gnants. Je me souviens que je portais le numéro neuf sur mon T-shirt et que je marquais un but pratiquement à chaque match, ce qui m’a as-suré une certaine célébrité dans le camp.

À mes 14 ans, les troubles politiques en Éthiopie m’ont forcé à fuir à nouveau au Soudan. deux ans se sont écoulés avant que je puisse retour-ner en Éthiopie pour finir ma scolarité.

Quand j’ai passé mes examens finaux, pour la première fois de ma vie je me suis senti libre. Et j’ai repensé à mon rêve : devenir infirmier et aider les gens dans le besoin.

Je me suis inscrit au collège médical d’Addis-Abeba, la capitale éthiopienne. Au bout de 18 mois d’études intensives, j’ai décroché mon diplôme d’infirmier.

MeS MiSSioNS MSf

En 2000, je suis retourné au Soudan pour aider mes compatriotes. Ils souffraient encore des répercussions du conflit et des déplacements. J’ai postulé chez MSF qui m’a recruté comme infirmier. J’ai effectué de nombreuses mis-sions, dont une à Aboko en pleine épidémie de choléra, puis à Leer, l’un des plus grands hôpitaux gérés par MSF dans l’actuel Soudan du Sud. J’y ai travaillé pendant trois ans. durant cette période, j’ai pu suivre des formations et améliorer mes compétences grâce à MSF. J’ai notamment appris à soigner des enfants souf-frant de malnutrition.

Puis j’ai fait une autre mission avec MSF au camp de réfugiés de Jamam, dans le nord du pays à la frontière avec le Soudan. Le travail ac-compli par MSF là-bas est vital. Les gens qui vi-vent dans ce camp ont été forcés d’abandonner leur foyer et sont totalement dépendants de l’aide humanitaire. Ils ont besoin de nourriture, d’eau et de soins.

C’était très émouvant pour moi de travailler là-bas. Cela m’a souvent rappelé ma propre en-fance, les autres enfants, le surpeuplement, la faim et la chaleur qui régnaient dans le camp de réfugiés.

MoN trAvAiL ActueL

Un jour, au cours de ma mission à Jamam, j’ai reçu un courriel de MSF me demandant d’aller travailler au Nigeria. C’était la première fois que l’on m’offrait un poste de direction, à l’étranger de surcroît. Ce fut le plus beau jour de ma vie : mes études et mon travail acharné étaient récompensés.

Je suis très fier de ce que j’ai accompli. J’étais réfugié et je suis devenu travailleur humanitaire international. Mon métier me rend très heureux.

thok JohnsonInfirmier

DE RÉfUGIÉ à TRAVAILLEUR HUMANITAIRE

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ci-dessus : Thok Johnson, infirmier pour MSF, travaillant dans un projet de santé materno-infantile dans la ville de Goronyo, dans le nord du Nigeria. ci-dessous : Thok Johnson sensibilise des mères et leurs enfants à la santé au Nigeria.

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Syrie

OffRIR DES SOINS pSyCHOLOGIqUES

Les gens sont généralement méfiants lorsque je leur dis que je suis psycho-logue. Toutefois, en Syrie, les gens sont

venus me voir car ils avaient besoin de mes services. La guerre sévit depuis deux ans et les gens ont perdu leurs repères.

Au début, ils me parlaient de leurs problèmes à la maison : les enfants qui ne vont pas à l’école et deviennent perturbateurs, les adultes qui ne travaillent pas, les gens qui habitent dans des tentes. Mais, quand vous creusez un peu, vous vous rendez compte que la plupart ont vécu des expériences traumatisantes. Ils ont perdu des amis ou des parents, ont vu leur maison être détruite ou ont survécu à des bombardements.

Les gens ont perdu leur identité. Les hommes plus âgés ne trouvent plus leur place au sein de la société. Ils ont perdu leur emploi ou ont cessé de combattre. Ils ont parfois dû démé-nager plusieurs fois.

Ils viennent me voir pour avoir de l’aide en me disant par exemple : « Je commence à être vio-lent avec ma femme et mes enfants. Aidez-moi s’il-vous-plaît. Je ne peux pas être comme ça. »

Il y a peu de contraceptifs sur le marché, et beaucoup de femmes tombent enceintes sans le vouloir. Elles ont du mal à envisager leur avenir. J’ai rencontré des femmes qui

étaient dans le dernier trimestre de leur gros-sesse et n’avaient rien préparé pour l’arrivée du bébé : ni berceau, ni vêtements, ni nom pour leur enfant.

Tous les enfants jouent à faire la guerre. J’ai vu des enfants lancer des pierres, blesser des animaux. C’est leur façon de manifester une colère refoulée. Beaucoup de gens m’ont dit qu’ils ne savent même plus pourquoi ils sont en guerre. Ils veulent seulement que la guerre cesse.

Les choses vont bien au-delà du point de rupture. Les gens réussissent toutefois à tenir le coup. Ils ont développé d’incroyables mé-canismes d’adaptation. Le soutien familial et communautaire y compte pour beaucoup.

Parfois, une séance suffit. Les gens ont par-fois besoin d’entendre que ce qu’ils ressen-tent est normal, qu’ils ne deviennent pas fous. Par contre, j’ai dû travailler plus long-temps avec certains patients. Il s’agit alors de mettre en place des objectifs clairs et de les atteindre progressivement grâce à une théra-pie comportementale.

Je me souviens d’une patiente, une femme enceinte de six mois. Elle s’est présentée à l’hôpital car elle voulait un accouchement pré-maturé. Il n’y avait aucune raison médicale,

elle voulait seulement accoucher le plus rapi-dement possible. Elle était très agitée.

Nous avons compris qu’il s’agissait d’un bébé de trop, un enfant né de la guerre qui lui pre-nait toute son énergie.

Nous avons établi un programme d’exercices de relaxation. Elle a aussi tenu un journal dans lequel elle consignait les moments où elle se sentait stressée et les raisons qui avaient causé ce stress. Plus tard, nous avons commencé à préparer l’arrivée du bébé.

Lors de notre dernière rencontre, elle m’a montré les vêtements pour son bébé qui était sur le point de naître. Elle avait fait beaucoup de progrès. Elle était ma dernière patiente, et je suis partie de la Syrie avec le sentiment d’avoir fait quelque chose d’utile de mon temps.

Audrey MagisPsychologue

La psychologue Audrey Magis a travaillé avec MSF en Syrie pendant deux mois au cours desquels elle dirigeait un programme de santé mentale dans le nord du pays.

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Une nuit, Sigrid notre sage-femme al-lemande m’a appelé en urgence à la salle d’opération de notre hôpital

de district, dans l’est du Tchad : « Venez tout de suite et apportez l’échographe! » Elle s’inquiétait de l’abdomen gonflé de Mariam, une jeune femme subissant une intervention chirurgicale à la tête. Mariam avait été victime d’un accident de voiture qui avait blessé une quarantaine d’autres personnes.

Sigrid craignait que Mariam souffre d’une hé-morragie interne, ce qui nécessiterait une inter-vention chirurgicale immédiate. J’ai utilisé notre appareil d’échographie portatif pour scanner l’abdomen de Mariam, tandis que l’équipe chirurgicale continuait l’opération de la tête. Il n’y avait aucun signe de saignement. Nous avons admis Mariam au service de soins inten-sifs et, le lendemain matin, j’ai effectué un nou-vel examen échographique. Heureusement, tout était normal là encore. La patiente s’est ensuite complètement rétablie.

L’échographie portative est une technologie révolutionnaire. désormais, nous pouvons non seulement écouter avec nos stéthoscopes et ausculter avec nos mains, nous pouvons aussi regarder à l’intérieur de nos patients. dans de bonnes mains et avec les bons patients, cette révolution médicale peut grandement améliorer les soins médicaux de MSF sur le terrain.

détecter uNe groSSeSSe extrA-utériNe

Une autre fois, la maternité m’a appelé à mi-nuit. Ils ont demandé que j’effectue immédiate-ment une échographie pour Amna, une jeune

femme de 25 ans (en photo en haut à droite). Elle était au premier trimestre de sa grossesse et avait des douleurs abdominales sévères. Je me suis rendu à l’hôpital sur-le-champ. Nos infirmières tchadiennes et moi-même avons ef-fectué l’échographie ensemble. Celle-ci a révélé un saignement actif à l’intérieur de l’abdomen d’Amna et un utérus vide.

Nous étions dans une situation critique car la patiente faisait ce que l’on appelle une gros-sesse extra-utérine. Nous avons demandé une transfusion sanguine et alerté les équipes de chirurgie et d’anesthésie. L’abdomen d’Amna était plein de sang. Elle a bien supporté la chirurgie et a pu quitter l’hôpital plus tard.

Son cas montre encore une fois à quel point l’échographie est importante. Quand j’ai ap-pelé l’équipe chirurgicale, je savais exactement ce qu’il se passait et j’ai pu préconiser une inter-vention chirurgicale immédiate.

L’échographie a un rôle particulièrement im-portant en obstétrique et en gynécologie. Nous pouvons poser des questions simples et essen-tielles, et obtenir des réponses rapides qui nous permettent de décider ou non de faire une prise en charge chirurgicale.

Chez une femme enceinte, nous pouvons dire combien de bébés se trouvent dans l’utérus, s’ils sont vivants, leur position et l’emplacement du placenta. L’échographie portative, contraire-ment à la radiographie ou d’autres examens, peut être réalisée n’importe où. J’ai examiné des patients sur la route, en salle d’opération, dans les services et dans l’unité de soins intensifs. Et l’échographie est sûre pendant la grossesse car il n’y a pas de rayonnement ionisant, contraire-ment à la radiographie.

deS diAgNoSticS d’iMportANce vitALe

Un médecin tchadien m’a demandé d’examiner Hapsita (en photo sur la page suivante à gauche). Elle avait 30 ans et souffrait de la fièvre, d’un manque d’appétit et de douleurs abdomi-nales. Son mal pouvait être diagnostiqué de multiples façons. Quand je l’ai examinée, elle paraissait avoir le ventre gonflé, malgré une minceur générale. À l’échographie, le foie et les reins semblaient normaux. Il n’y avait pas d’accumulations de liquide dans l’abdomen.

Cependant, lorsque j’ai scanné le foie, j’ai vu une petite accumulation de liquide autour du cœur. Un petit peu de liquide autour du cœur est acceptable, mais là c’était trop. J’ai pensé à la tuberculose. Je suis passé à la rate. Là, j’ai trouvé de nombreux nodules anormaux. J’ai examiné le reste de l’abdomen. La vessie et l’utérus étaient normaux, mais l’abdomen présentait de nombreux ganglions lymphatiques. Ce devait être la tuberculose.

J’ai appelé tous les médecins disponibles au chevet de la patiente. Ils étaient tous d’accord : il s’agissait de la tuberculose. La prochaine étape était un test du VIH. Il était positif. Le nombre de Cd4 était de 199, soit un nombre très bas.

Grâce à l’échographie, nous avons posé deux diagnostics d’importance vitale, et nous avons pu commencer un traitement salvateur contre la tuberculose et le VIH.

de NoMBreuSeS AppLicAtioNS

Au cours de ma mission au Tchad, nous avons également utilisé l’échographie portative pour diagnostiquer des fractures du bras

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LE SySTÈME D’ÉCHOGRApHIE pORTATIVE AMÉLIORE LE TRAVAIL DE MSf

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ET SI C’ÉTAIT VOUS

ACTIVITÉS DE RECRUTEMENT MSF DANS VOTRE RÉGIONwww.msf.ca/fr/recrutement/activités-de-recrutement/

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NOUS RECHERCHONS : des spécialistes en chaîne d’approvisionnement, CHIRURGIENS, spécialistes en eau et en assainissement, MÉDECINS, infirmiers, SAGES-FEMMES, épidémiologistes, spécialistes en santé mentale, ANESTHÉSISTES, administrateurs, GyNÉCOlOGUES, nutritionnistes, pharmaciens, lOGISTICIENS TECHNIqUES, coordonnateurs des ressources humaines, spécialistes de laboratoire , SPÉCIAlISTES FINANCIERS

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chez des nouveau-nés, des accumulations de liquide autour des poumons requérant un drainage, et des infections des tissus mous chez des enfants malnutris qui exigeaient une intervention chirurgicale mineure.

L’échographie est bien acceptée par les patients. Lorsque j’ai examiné Moundou, sept ans (en photo en haut à droite de cette

page), présentant une morsure de serpent et une infection importante des tissus mous, la machine ne lui a fait ni peur ni mal.

Le personnel médical peut facilement ap-prendre à utiliser les appareils d’échographie portatifs. Au cours de ma mission, j’ai appris à des infirmières, des sages-femmes et des mé-decins tchadiens à utiliser cet outil précieux.

Ils étaient enthousiastes et ont demandé plus de formation.

Un appareil d’échographie portatif est un équi-pement coûteux qui doit être manipulé avec soin. L’utilisation de l’échographie nécessite une formation, un bon jugement clinique et une compréhension de la façon dont les outils novateurs peuvent améliorer les soins médicaux au chevet du malade.

Avec ces considérations à l’esprit, ces appareils d’échographie peuvent aider nos patients à ob-tenir le meilleur traitement possible dans des environnements isolés, pauvres et parfois dan-gereux. J’ai utilisé cet appareil en République centrafricaine, en République démocratique du Congo et au Tchad.

L’échographie peut nous aider à poser des dia-gnostics vitaux ou à sauver un membre chez de nombreux patients que nous voyons dans les établissements de santé de MSF.

raghu venugopalMédecin

Certains noms ont été changés pour protéger l’anonymat des personnes mentionnées.

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Au cours des dernières décennies, de plus en plus de gens de par le monde ont dû quitter leur foyer. En 2012, plus de 45

millions de personnes ont été déplacées contre leur gré, soit près de trois millions de plus que l’année précédente.

Ces personnes sont parties pour des raisons diverses : conflits, tensions politiques, catas-trophes naturelles ou conséquences de grands projets d’infrastructures. d’autres personnes émigrent pour des raisons économiques.

Pour un migrant, la décision de partir est sou-vent en dernier recours, si tant est qu’il a choisi de le faire. Le voyage peut s’avérer périlleux. Le resserrement des politiques d’immigration et de la sécurité aux frontières de nombreux pays a forcé les migrants à emprunter des itinéraires de plus en plus dangereux.

Au cours des 10 dernières années, MSF a fourni une aide humanitaire à tous types de personnes à diverses étapes de leur processus de migration.

d’après l’expérience de MSF, les migrants sont les plus vulnérables quand ils se trouvent en transit. Pourtant, dans la plupart des pays où ils séjournent, ils ne peuvent pas obtenir de soins médicaux, essentiellement du fait d’un manque de volonté politique.

MSF offre des soins médicaux à des migrants souffrant de tous types de problèmes de santé, causés par leur voyage difficile. Nos équipes ont constaté une augmentation du nombre de patients souffrant de blessures liées à des actes de violence, et ont entendu des témoignages de patients qui ont connu des arrestations, une dé-tention ou la torture. Beaucoup deviennent des proies et se retrouvent piégés dans un milieu d’extorsion et de contrebande.

Afrique du Nord et europe

Ces 10 dernières années, MSF a aidé des migrants traversant l’Afrique du Nord (Maroc, Tunisie et Libye) et à leur arrivée dans un

certain nombre de pays européens, dont l’Italie, la Grèce et l’Espagne. Beaucoup de ces migrants ont commencé leur voyage en Afrique subsaharienne et proviennent d’endroits où MSF offre déjà une assistance médicale.

En Afrique du Nord, les équipes MSF leur ont fourni des soins médicaux directement et les ont aidé à avoir accès aux services de santé locaux. Les migrants se retrouvent souvent coincés dans les pays de transit pour de longues périodes; ils essaient de trouver de l’argent pour financer la suite de leur voyage et vivent dans des condi-tions dangereuses.

Nombre d’entre eux sont victimes de vio-lence; une violence perpétrée soit par des trafiquants d’êtres humains ou des criminels de droit commun. Les femmes sont les plus vulnérables. Au Maroc, une enquête de MSF menée en 2010 auprès de femmes migrantes a révélé que plus de la moitié d’entre elles avaient été victimes de violences à caractère sexuel au cours de leur périple.

SANté deS MigrANtS

LES MIGRANTS EN TRANSIT ONT bESOIN D’AIDE LORS DE LEUR VOyAGE pÉRILLEUX

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En réponse à l’absence généralisée de soins médicaux adéquats et d’assistance humani-taire aux frontières et sur les côtes europé-ennes, les équipes MSF ont examiné et pris en charge plus de 100 000 migrants.

de nombreux arrivants se retrouvent en dé-tention pendant de longues périodes en at-tendant que leur demande soit traitée. MSF a travaillé dans plusieurs centres de détention où elle a constaté et traité les effets négatifs de cette détention sur la santé physique et mentale des migrants. Même les migrants qui réussissent à rejoindre des villes europé-ennes continuent de souffrir de maladies liées à leurs mauvaises conditions de vie et ont un accès très restreint aux soins médicaux.

Mexique

Plus près du Canada, la situation des migrants au Mexique est aussi un sujet d’inquiétude. Le Mexique est le principal pays de transit pour les migrants venant d’Amérique latine et qui tentent de se rendre aux États-Unis et au Canada. MSF a effectué cinq évaluations sur une période de 10 ans afin d’examiner les effets des migrations dans ce pays.

Plus récemment, MSF a pu documenter une augmentation sensible de la violence et des problèmes de sécurité touchant les migrants et provenant de l’expansion rapide des cartels de la drogue, des gangs de rue et du crime organisé en Amérique centrale et au Mexique. La violence généralisée a déclenché le départ massif de nombreux habitants du Guatemala, du Honduras et d’El Salvador.

En février 2012, MSF a lancé un projet pour fournir une assistance humanitaire et médi-cale aux migrants d’Amérique latine qui traversent le Mexique. Ces migrants voyagent

surtout sur des trains de marchandi-ses et nombre d’entre eux sont victimes d’agression, de viol et d’extorsion pendant leur voyage. Nombreux sont les accidents qui surviennent à bord des trains et sont la cause d’amputations et d’autres invalidités. Plus le voyage est long, plus le risque de blessures et de décès est élevé.

Les problèmes de santé les plus fréquents sont liés au voyage éprouvant. Les gens souf-frent de déshydratation après un voyage de plusieurs jours sans assez d’eau potable, d’hypothermie après avoir été exposés au froid, et de douleurs musculaires et osseuses du fait d’avoir voyagé entassés.

Les traumatismes physiques sont également courants, et sont souvent la conséquence de mauvais traitements infligés par les passeurs. de nombreux patients examinés par MSF se plaignent de maux de tête et de douleurs en général, une manifestation physiologique de leur expérience traumatisante.

Les femmes sont particulièrement vulnérables. Jusqu’à huit femmes sur 10 sont victimes de viol au moins une fois pendant leur migration.

Au Mexique, MSF offre un soutien médical et psychologique aux patients et approvisionne les centres de santé en fournitures médicales et équipement. Par ailleurs, la santé sexuelle et reproductive constitue une priorité pour MSF. Les médecins et le personnel infirmier offrent en effet un appui et une assistance aux personnes qui ont été victimes d’exploitation et de violences sexuelles.

La possibilité d’offrir une aide médicale essen-tielle ne tient souvent qu’à un fil. Les travail-leurs humanitaires courent eux-mêmes des risques liés à l’insécurité, et par conséquent, il peut être difficile de fournir une assistance directe aux personnes vulnérables qui ont be-soin d’aide.

Assister les migrants n’est pas une tâche faci-le étant donné leurs itinéraires changeants et leur hésitation à demander de l’aide. Toute-fois, quel que soit leur statut légal et quelles que soient les circonstances, les personnes dont la vie est en danger doivent recevoir l’aide dont elles ont besoin.

Ces 10 dernières années, MSF, en plus d’offrir des soins médicaux, a régulièrement plaidé auprès des gouvernements pour garantir aux migrants un accès aux soins de base et pour améliorer les conditions de migration à toutes les étapes de leur voyage.

isabelle JeansonAgente des programmes

Récit d’un migrantuN pAtieNt de MSf eN grÈce

« J’ai dû travailler pour un passeur pendant quatre mois afin de pouvoir payer mon voyage (d’Iran en Turquie). On m’a retenu pendant 10 jours dans une maison avec seulement du pain et de l’eau. Cet endroit était terrible. Le passeur fouettait tous ceux qui protestaient.

Après quatre mois, j’ai été transféré en Turquie. Je me suis retrouvé à Istanbul enfermé dans un sous-sol pendant 40 jours. Les passeurs demandaient encore plus d’argent. Ils nous menaçaient constamment en disant qu’ils allaient nous tuer.

Une fois, ils m’ont frappé à la tête et au bras avec un gourdin. Je ne pouvais plus bouger mon bras pendant deux semaines. Un de mes cousins a payé et j’ai été relâché. »

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no 2 Lorsque je parle aux donateurs de MSF,

ils me disent souvent qu’ils voudraient « donner plus qu’un chèque ». Nous ap-

précions avant tout vos idées et suggestions. Elles nous aident à façonner notre manière de travailler et à maintenir le lien qui nous unit.

J’aimerais vous donner quelques exemples des nombreuses façons dont les donateurs ont in-fluencé notre travail.

Une personne nous a écrit pour nous suggérer de lancer une campagne « Adoptez un méde-cin », pensant que les donateurs seraient in-téressés de savoir combien coûte l’envoi d’un médecin sur le terrain.

Cette idée a débouché sur la création du site www.entrepotmsf.ca qui permet aux gens de connaître le coût de vrais articles utili-sés par MSF sur le terrain et de faire des dons correspondants. Vous avez été nombreux à m’informer de votre intérêt à connaître les coûts relatifs aux visas, aux billets d’avion et à la

nourriture pour envoyer un médecin ou un infirmier sur le terrain. Merci pour cette idée!

Un certain nombre de Partenaires Sans Fron-tières, nos précieux donateurs mensuels, ont demandé qu’on leur envoie un avertissement avant l’expiration de leur carte de crédit, afin qu’aucun de leurs dons ne soit bloqué. Il a été facile pour nous d’ajouter cette option impor-tante. Merci de nous l’avoir suggéré.

Il y a quelques années, une donatrice de MSF au Canada nous a suggéré d’essayer d’établir des liens plus personnels avec nos donateurs. Pour elle, la relation que les organisations cari-tatives qu’elle soutient financièrement entre- tiennent avec elle a beaucoup d’importance. Sa remarque m’a fait voir les choses autrement.

Par conséquent, nous avons décidé de nous rendre au moins une fois par an dans les villes canadiennes qui comptent un grand nombre de nos donateurs. Notre but est de les inviter à venir nous rencontrer, que ce soit lors de rencontres

individuelles, en petits groupes ou pour un évé-nement. Même si nous avons plus de 115 000 donateurs au Canada, notre objectif est d’établir des relations sincères avec chacun d’entre vous.

Nous ne sommes jamais trop occupés pour dis-cuter avec les donateurs : notre priorité est de vous faire comprendre l’impact du travail que vous soutenez, en espérant que vous souhaitiez continuer à faire partie de l’aventure. Je vous invite donc à nous téléphoner, nous envoyer un courriel, nous écrire ou à assister à un évé-nement de MSF dans votre région afin de nous faire part de vos commentaires.

Si vous ne l’avez pas encore eu, vous recevrez bientôt par la poste un sondage à l’intention des donateurs, ou serez invité à en remplir un en ligne. Répondre à ce sondage en nous fai-sant part de vos opinions, réflexions et sug-gestions est une autre excellente façon d’aider MSF. Nous voulons connaître davantage votre opinion et vous donner l’occasion de nous dire ce que vous appréciez dans notre travail. Vous nous aiderez ainsi à sensibiliser d’autres gens comme vous et à recueillir davantage de fonds pour nos projets d’aide médicale dans le monde entier.

donner à MSF est un choix, et nous vous som-mes très reconnaissants de votre contribution. En échange, nous souhaitons vous fournir des ser-vices et des informations de la plus haute qualité.

Je vous remercie encore une fois pour votre générosité. Je suis impatiente d’avoir de vos nouvelles.

rebecca daviesdirectrice de la collecte de fonds

[email protected] | (416) 642-3466Twitter : @Rebsd

P.-S. : Si vous n’avez pas encore reçu notre sondage, veuillez communiquer avec notre service aux donateurs au 1 800 982-7903 ou à [email protected]. Selon votre préférence, nous vous l’enverrons par la poste ou par courriel.

VOS MILLES fONT TOUTE LA DIffÉRENCE.Faites don de vos Milles Aéroplan à MSF et aidez-nous à aller plus loin.

www.msf.ca/aeroplanfr

MSf DÉpEND DE SES DONATEURS

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Lillian, une couturière kényane de 40 ans, rentrait à la maison un soir avec des amis lorsqu’ils ont été attaqués par un groupe

de jeunes hommes. Ses compagnons masculins ont été battus et une de ses amies a pu s’enfuir. Lillian et une autre femme ont été emmenées dans une forêt à proximité et ont été violées jusqu’à ce qu’elles soient secourues par des voi-sins. Son fils de 21 ans était parmi les personnes qui ont accouru pour les aider.

Lillian est venue se faire soigner dans une clinique de MSF située à Kibera, un bidonville de Nairobi où elle habite. Plus tard, elle a réalisé qu’elle avait besoin de bien plus que d’une assistance médicale. « Je me sentais profondément déprimée et j’avais perdu espoir, surtout parce que mon fils aîné avait vu ce que j’avais subi », explique-t-elle. « J’ai décidé de demander un soutien psychologique auprès de MSF et cela m’a aidé à tenir le coup. »

La violence sexuelle est un véritable fléau à Kibera. dans ses cliniques, MSF a d’abord offert des services aux survivants de violence sexuelle ou sexiste. Mais le nombre de personnes de-mandant de l’aide a augmenté au point que la clinique ne pouvait plus suffisamment garantir l’anonymat des patients.

En 2010, MSF a ouvert un centre séparé offrant des soins médicaux et un soutien psychologique en tout temps. L’édifice blanc est en retrait de la rue principale et possède des locaux calmes et chaleureux où les survivants de violence sexu-elle peuvent discuter avec des conseillers en toute confidentialité. Le centre offre également un service d’urgences téléphoniques et un ser-vice de transport pour les patients.

« Si quelqu’un a juste besoin de pleurer ou de parler de ce qu’il lui est arrivé, il peut le faire ici », dit Monique Tondoi (en photo en bas à gauche), superviseure en promotion de la san-té chez MSF à Kibera.

La plupart des patients qui viennent à la clinique ont moins de 18 ans. Le plus jeune n’avait pas deux ans. La majorité a fait l’objet de violences commises par des membres de la famille ou des voisins.

L’une des pièces est peinte en vert et a des personnages de bandes dessinées sur un mur. dans un coin, il y a des jouets, du papier et des crayons pour dessiner. Ici, des spécialistes ob-servent les enfants pour détecter d’éventuels signes de mauvais traitements.

Pour faire connaître à la population la présence du centre et les services de MSF, l’équipe médi-cale sensibilise régulièrement la population avec l’aide de bénévoles de Kibera qui ont reçu une formation.

« Nous allons dans les endroits où il y a du monde, comme les marchés, et nous faisons des sketchs pour illustrer notre message. Les membres de notre équipe portent un T-Shirt avec le numéro de la ligne d’urgence », dit Monique. « Nous avons également une émission de radio hebdomadaire. »

dans les écoles, l’équipe médicale et les con-seillers éduquent les enseignants sur la façon de détecter les signes de mauvais traitements. Avec les éducateurs, ils parlent aux élèves de santé re-productive, du VIH/sida et de la violence sexuelle.

« Nous avons trouvé un bon moyen de com-muniquer avec les enfants », explique Richard Mangate, éducateur bénévole pour les jeunes. « Nous leur demandons d’écrire toutes les ques-tions qui leur passent par la tête de façon ano-

nyme et nous essayons d’y répondre. Nous pla-çons des « boîtes à discussion » dans les écoles pour que les enfants puissent y déposer leurs questions ou leur témoignage à tout moment. »

Ces efforts ont porté leurs fruits. de plus en plus d’éducateurs et de membres de la com-munauté amènent des enfants qui semblent avoir fait l’objet de mauvais traitements. « En janvier, un cuisinier travaillant dans un orphe-linat a amené un groupe de jeunes garçons », explique Monique. « Après leur avoir parlé, nous avons découvert qu’ils avaient été violés par des garçons plus âgés dans l’établissement. Nous avons procédé à des tests de dépistage du VIH/sida et nous leur avons apporté un soutien psychologique. »

Certains survivants ont décidé de redonner un peu de ce qu’ils ont reçu. Lillian travaille mainte-nant comme conseillère auprès de ses pairs. « Les gens de ma communauté s’ouvrent plus facile-ment à moi parce qu’ils savent que j’ai vécu une situation traumatisante moi aussi », dit-elle.

claudia BlumeAgente des communications

Certains noms ont été changés pour protéger l’anonymat des personnes mentionnées dans cet article.

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SOUTENIR LES SURVIVANTS DE VIOLENCE SEXUELLE

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L’an dernier, MSF a envoyé 253 travailleurs humanitaires du Canada en mission dans 48 pays différents. Avec l’expansion de ses

programmes d’aide médicale aux quatre coins du monde, MSF a donc dû recruter un plus grand nombre de travailleurs humanitaires compétents et motivés. Les recruteurs de MSF au Canada ont un rôle important à jouer pour répondre à cette demande croissante.

pAS SeuLeMeNt pour LeS MédeciNS

MSF recrute des collaborateurs de terrain prove-nant de milieux professionnels très variés, et pas seulement du secteur de la santé. MSF recherche constamment des logisticiens techniques, un poste dont les responsabilités comprennent la gestion du parc de véhicules, de l’électricité, du matériel de communication et de l’équipement informatique. Les ingénieurs spécialisés dans l’eau et l’assainissement sont également en forte demande.

MSF retient la candidature d’environ un quart des postulants. Pour les candidatures refusées, les recruteurs de MSF en expliquent la raison aux candidats pour qu’ils puissent amélio-rer leurs compétences afin qu’elles répondent mieux aux besoins de MSF.

L’ingénieure-électricienne Sara Badiei a postulé deux fois à MSF avant de voir sa candidature re-tenue. Les recruteurs ont été impressionnés par sa détermination et son désir de travailler pour MSF : « Ils m’ont dit que je devais améliorer mon français et c’est ce que j’ai fait. J’ai suivi des cours de français après le travail et le fait que mon colo-cataire parlait français m’a été bénéfique. »

Sara est partie pour sa première mission avec MSF en septembre 2011 : « Tout s’est passé très vite. Je n’avais que deux semaines pour quitter mon emploi, déménager et suivre la formation à Amsterdam. Puis, je suis partie pour le Tchad, où j’ai passé neuf mois à gérer les opérations de la chaîne d’approvisionnement à N’djamena. »

pArLer pLuSieurS LANgueS eSt uN Atout

Les travailleurs humanitaires du Canada pos-sèdent de précieuses compétences pour MSF, comme le fait de parler couramment le français et l’anglais. Le bilinguisme constitue en effet un élément important pour les projets humani-taires de MSF, tout particulièrement en Afrique subsaharienne.

Owen Campbell travaille comme agent de re-crutement pour MSF. Il explique que MSF accepte aussi les candidats unilingues qui possèdent les compétences recherchées : « Les candidats doi-vent néanmoins comprendre qu’il faudra peut-être plus de temps pour leur trouver une place dans une mission. Le fait d’être bilingue assure aux postulants un avantage certain. »

Par ailleurs, la demande de personnes arabo-phones est en hausse pour combler les besoins de projets au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.

expérieNce dANS Le Nord cANAdieN grANdeMeNt Appréciée

Les candidats canadiens sont aussi très recher-chés en raison de leur expérience de travail

dans des régions rurales et éloignées. Les per-sonnes qui ont travaillé dans de petites com-munautés du Nord canadien ou même dans des endroits reculés savent généralement comment s’adapter pour pouvoir fonction-ner sans grandes ressources et remplir leurs tâches au sein d’une équipe dans des condi-tions d’isolement. Ce type de compétences se prête bien aux projets humanitaires de MSF pour lesquels la flexibilité et une bonne ca-pacité d’adaptation sont primordiales.

Isabelle Chotard est médecin et a travaillé dans des projets MSF, mais aussi dans le Nord québécois. Elle fait remarquer que les professionnels de la santé du nord assu-ment généralement plus de responsabilités diverses que leurs collègues du sud. Ils sont aussi plus susceptibles d’avoir travaillé dans des régions isolées, en dehors de leur zone de confort.

Nombreuses sont les compétences spéciali-sées qui peuvent être utiles aux projets de MSF. Et il n’y a, par ailleurs, aucune limite d’âge : nous acceptons aussi la candidature des retraités. Rendez-vous au www.msf.ca pour en savoir plus sur le processus de can-didature et les exigences pour postuler ainsi que sur les dates auxquelles auront lieu les prochaines séances d’information sur le re-crutement ou pour remplir notre formulaire de candidature.

Michel MarchildonAgent des événements de recrutement

À gauche : Isabelle Chotard, ici lors de sa mission au Népal avec MSF, a travaillé comme médecin dans le Nord du Québec. Isabelle et ceux qui ont occupé un poste dans le Nord du Canada ont généralement dû assumer des responsabilités qui les préparent bien aux tâches diversifiées qu’ils devront faire pendant leur mission avec MSF. ci-dessus : Ingénieure-électricienne de formation, Sara Badiei travaille comme logisticienne pour MSF sur le terrain.

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AfghANiStAN dallas Buleziuk Calgary, Alb. Logisticien Concetta Buonaiuto Scarborough, Ont. Infirmière Myriam Cyr Rimouski, Qc Analyste biomédicale Georgann Macdonald Shelburne, N.-É. Infirmière Ryan MacIver Stouffville, Ont. Logisticien

Afrique du Sud Avril Benoît Ottawa, Ont. Chef de projet Nicholas Gildersleeve Frelighsburg, Qc Coordonnateur de la logistique

BANgLAdeSh Charlotte Sabbah Belœil, Qc Spécialiste en santé mentale

éthiopie Éric Beauséjour Sainte-Thérèse, Qc Chef de projet Antoine Maranda Gatineau, Qc Spécialiste en eau et assainissement

hAïti Lindsay Bryson Beaconsfield, Qc Coordonnatrice médicale Judy-Fay Ferron Louiseville, Qc Spécialiste en eau et assainissement Sébastien Gay Montréal, Qc Logisticien Kevin Milne Toronto, Ont. Logisticien Claudette Seyer Outremont, Qc Infirmière Oliver Schulz Toronto, Ont. Chef de mission

iNde Mark McCaul Stratford, Ont. Logisticien

irAK Joseph Baugniet North Lunenburg, Ont. Chef de projet Philippe Blanchard Dieppe, N.-B. Logisticien Aashika Lobo Mississauga, Ont. Infirmière-Sage-femme

JordANie Jessica Galbraith Sherwood Park, Alb. Infirmière

KeNyA Christina Cepuch Fonthill, Ont. Coordonnatrice médicale

KirghiziStAN Hosanna Aughtry Toronto, Ont. Administratrice Alexandra Torres Québec, Qc Analyste biomédicale

LiBAN Marjorie Middleton Vulcan, Alb. Sage-femme

MALi Edy désir Montréal, Qc Logisticien Hamda Saloufou Montréal, Qc Anesthésiste

MozAMBique Nancy Semkin Toronto, Ont. Agente de développement des ressources humaines

MyANMAr Jean Bédard Québec, Qc Logisticien Tashan Bremond Montréal, Qc Infirmière Marise denault Ottawa, Ont. Chef de projet Eyal Tapiero Nepean, Ont. Coordonnateur des ressources humaines Siobhan O’Malley Thunder Bay, Ont. Infirmière

NigeriA Michelle Chouinard Saint-Quentin, N.-B. Chef de mission Anna Funk Chilliwack, C.-B. Épidémiologiste

pAKiStAN Peggy Mei-Yuk Chan Coquitlam, C.-B. Spécialiste en santé mentale Réjean Côté Wickham, Qc Chef de projet Asha Gervan Toronto, Ont. Agente des affaires humanitaires Karel Janssens Toronto, Ont. Chef de mission Colleen Laginskie Kitchener, Ont. Infirmière Alexandra Marcil Montréal, Qc Pharmacienne Keith Powell Vancouver, C.-B. Médecin

pApouASie-NouveLLe-guiNée Mubashir Ahmah Najam Toronto, Ont. Chirurgien

répuBLique ceNtrAfricAiNe Stephanie Bamforth Vancouver, C.-B. Infirmière Carol Bottger Montréal, Qc Médecin Janique Gagnon Orleans, Ont. Infirmière Mathieu Grou-Leclerc Montréal, Qc Agent des ressources humaines

Isabelle Haché Sainte-Madeleine, Qc Coordonnatrice des ressources humaines Céline Langlois Montréal, Qc Infirmière Richard Mommersteeg Ottawa, Ont. Logisticien Oscar Niragira Gatineau, Qc Coordonnateur médical AnneMarie Pegg Yellowknife, T.N.-O. Médecin Jaime Zhen-Me Wah Scarborough, Ont. Infirmière

répuBLique déMocrAtique du coNgo Laélia Bilodeau Belœil, Qc Infirmière Martine Bouchard Saint-Jérôme, Qc Infirmière Patrick Boucher Québec, Qc Coordonnateur de la logistique Alonso Alberto Forero Sanchez Gatineau, Qc Médecin Jean-François Harvey Rivière-du-Loup, Qc Chef de projet Christina Labbé Saint-Jean-sur-Richelieu, Qc Sage-femme Stéphanie Lebel-Rispa Greenfield Park, Qc Infirmière Hélène Lessard Saint-Georges, Qc Coordonnatrice des finances Laura Madsen Port Coquitlam, C.-B. Chef de projet Kataun Mahinpou Richmond Hill, Ont. Administrateur Ellen Morgan Toronto, Ont. Administratrice Marilyse Nguyen Saint-Hubert, Qc Infirmière Gabriel Paradis-Bélanger Montréal, Qc Administrateur Alain Thibodeau Montréal, Qc Logisticien Nadia Tjioti Toronto, Ont. Administratrice Léo Tremblay Dolbeau, Qc Spécialiste en eau et assainissement

SoudAN du Sud Colette Badjo Laval, Qc Coordonnatrice médicale adjointe

Marie-Élise dunnigan Québec, Qc Infirmière Marc Forget Montréal, Qc Médecin Peter Heikamp Montréal, Qc Coordonnateur de la logistique Tomislav Jagatic Tecumseh, Ont. Médecin Craig Kenzie Surrey, C.-B. Logisticien Amanda MacNaughton Kemptville, Ont. Infirmière Michael Minielly Belleville, Ont. Logisticien Charlotte Passmore Ottawa, Ont. Infirmière Claudine Peleo-Castro Toronto, Ont. Médecin Sarah Rothschild Montréal, Qc Infirmière Rachelle Seguin Longueuil, Qc Infirmière Abdullah Shah Oakville, Ont. Logisticien Alanna Shwetz Smiths Falls, Ont. Infirmière Heather Webb Toronto, Ont. Infirmière Michael White Toronto, Ont. Chef de mission adjoint

SoudAN Kevin Coppock Toronto, Ont. Chef de mission Myriam Ouimet Dunham, Qc Médecin

SwAziLANd Serge Kaboré Québec, Qc Coordonnateur médical Michael Rekart Vancouver, C.-B. Médecin Pieterjan Wouda Saint-Lambert, Qc Chef de projet

Syrie Abdelhamid Echihabi Montréal, Qc Spécialiste en eau et assainissement

tAdJiKiStAN Andrew Bohonis Thunder Bay, Ont. Logisticien

tchAd Ritu Gambhir Toronto, Ont. Agente des affaires humanitaires Kanadi Ibrahim Ottawa, Ont. Coordonnateur de la logistique Krystel Moussally Montréal, Qc Épidémiologiste diana Nicholson Rosser, Man. Spécialiste en eau et assainissement Letitia Rose Vancouver, C.-B. Infirmière

ouzBéKiStAN Mitchell Hermansen Ottawa, Ont. Coordonnateur des finances Gregory Scott Delta, C.-B. Administrateur Alia Tayea Mississauga, Ont. Épidémiologiste Trevor Toy Calgary, Alb. Pharmacien

yéMeN Miriam Lambert-Lindsay Saint-Joseph-de-Coleraine, Qc Chef de projet

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DONS TESTAMENTAIRES pOUR MSf

Lorsque des personnes perdent tout à cause d’une catastrophe naturelle, d’une guerre ou d’un conflit, elles ne sont plus en mesure d’envisager les prochaines étapes de leur vie, mais nous pouvons les y aider. Grâce à votre appui futur, MSF pourra répondre rapidement et efficacement, souvent en l’espace de quelques heures, à une urgence médicale imprévue.

En prévoyant votre succession dès aujourd’hui, vous nous donnez les moyens de sauver des vies dans l’avenir.

Pour en savoir plus, appelez-nous au 1 800 982-7903 et demandez à parler directement à la personne en charge des dons testamentaires ou envoyez-nous un courriel à [email protected].

Lauréat du prix Nobel de la paix 1999

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