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DÉPENSE D'UN DINER ET D'UN SOUPER DU DAUPHIN, LE 9 JUIN 1553 Author(s): Anthoyne Gouey Source: Revue Archéologique, 8e Année, No. 2 (15 OCTOBRE 1851 AU 15 MARS 1852), pp. 631- 634 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/41741953 . Accessed: 22/05/2014 15:38 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Revue Archéologique. http://www.jstor.org This content downloaded from 91.229.248.83 on Thu, 22 May 2014 15:38:17 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

DÉPENSE D'UN DINER ET D'UN SOUPER DU DAUPHIN, LE 9 JUIN 1553

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DÉPENSE D'UN DINER ET D'UN SOUPER DU DAUPHIN, LE 9 JUIN 1553Author(s): Anthoyne GoueySource: Revue Archéologique, 8e Année, No. 2 (15 OCTOBRE 1851 AU 15 MARS 1852), pp. 631-634Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/41741953 .

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DÉPENSE D'UN DINER ET D'UN SOUPER DU DAUPHIN,

LE 9 JOIN 1553 (1).

Les documents de la nature de celui qu'on va lire se rencontrent assez souvent dans les archives , è partir du règne de Henri II. Comme nous pensons qu'il serait assez difficile d'en trouver d'im- primés, nous avons cru utile de publier celui-ci, pour donner par là un type de ces sortes de pièces , lesquelles ne sont pas sans intérêt pour l'histoire de la vie privée.

Ces sortes de documents, qui se nomment des écrous, sont tou- jours écrits sur des feuilles de parchemin taillées dans la hauteur, et formant ainsi de petits rouleaux, percés, par le haut, d'un trou qui servait à les enfiler ensemble, pour être gardés pour servir aux comptes que rendait la Chambre aux deniers (2). Ils contiennent tou- jours cinq articles, qui sont ceux de la paneterie, de l'échansonne- rie, de la cuisine, de la fruiterie et de la fourrière. C'est, avec l'écu- rie, dont il n'est pas question ici, ce qu'on appelait les six offices de l'hôtel, expression par laquelle il faut entendre les six départements entre lesquels se partageait l'administration de la maison du roi ou des princes. Dans les comptes de l'hôtel, les dépenses de ces six offi- ces sont comprises sous le titre général de mises de mesliers (3).

La pièce que nous publions est un écrou de la dépense du dîner du dauphin à l'abbaye du Lis, près Melun, et de son souper et son coucher àCorbeil, le vendredi 9 juin 1553. On y verra, à l'article Paneterye, que le pain s'achetait à la douzaine ; à celui de XEschan- connerye , on observera la différence établie entre le vin de bouche,, c'est-à-dire celui qui était servi pour le dauphin, et celui du com- mun, qui était consommé par les gens de sa suite. Comme cet écrou est celui d'un jour maigre, l'article Cuisine ne mentionne quedes

(l) Nous devons la communication de ce curieux document à l'obligeance de notre collaborateur M. Pinard , qui rassemble tout ce qui a rapport à l'histoire de l'arron- dissement de Corbeil.

(2) Cet usage se trouve clairement indiqué dans un compte de l'hôtel de l'an 1451. «Pour lacez pour ladicte Chambre (aux deniers) pour enfiller les escroes. » Et un peu plus loin : « Pour corde â lier les escroes des vi offices, » (Arch, nat., K , reg. 60, fol. 10 v° et il.)

(3) De ministeria , ministeriales.

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632 REVUE ARCHÉOLOGIQUE. poissons; ce sont : le brochet, le barbeau, la carpe, l'alose, la sole, le gournal, la dorade, la vive, le rouget, les plies, la raie, la morue et la merluche, le saumon, la perche et les loches; on y voit encore des cancres et des écrevisses, et, ce qui est assez rare, une tortue. On remarquera que c'est le boucher qui fournit le poisson blanc, ainsi que le beurre et les œufs. La chandelle, qu'il fournit aussi, sem- ble au moins mieux rentrer dans ses attributions. Dans cet article de Cuisine sont mentionnés encore : un pâtissier, un verdurier, le- quel semble être le même que le salladier qu'on voit figurer dans d'autres écrous , mais il est vrai à l'article Paneterie. On trouve en- core ici, à la cuisine : un écuyer, un homme du garde-manger, et enfin un apothicaire, ce dernier y paraissant pour des fournitures d'épices, dont on faisait au moyen âge une grande consommation. Il n'y a rien à remarquer pour ce qui concerne la fruiterie, si ce n'est que la cire se trouve toujours, et assez naturellement, comprise dans cet article. Quant à la fourrière, c'est ici, comme dans les pièces analogues, tout ce qui a trait, tant au chauffage : bois, charbon, etc., qu'au logement et à la dépense de certaines geus de la suite du prince. L'écrou est signé par un des maîtres de l'hôtel.

Ce serait ici le lieu de chercher à évaluer en monnaie d'aujour- d'hui la dépense, de cette journée ; mais cela nous entraînerait trop loin. Conteñtons-nous d'un aperçu très-superficiel. De 1550 à 1561 , le marc d'argent a été à 14 1. 5 s. ; mettons 15 I. pour simplifier le calcul. Le marc d'argent étant aujourd'hui à 55 fr., il s'ensuit que le marc de 1 550 est à celui d'aujourd'hui dans le rapport de 1 à 3f; en d'autres termes, qu'il faut multiplier par 3| une somme d'alors

pour avoir la somme analogue d'aujourd'hui. Soit ici 104 1. multi-

pliées par 3 § : ce qui fait environ 382 1. Maintenant, si nous suivions les évaluations de M. Leber (1), qui porte le pouvoir de l'argent dans le troisième quart du XVI* siècle, à 3, il nous faudrait multiplier de nouveau par 3 ces 382 1., ce qui nous donnerait 1146 1., somme

qui paraît bien considérable pour la dépense d'un seul jour. Au reste, voici trois exemples d'évaluation de prix , d'après notre docu- ment :

Au prix du marc Au prix du marc D'après les évaluations en 1550. actuel. de M. Leber.

Un brochet 608 11* 33* Une livre de chandelle. . . 2« 6d 8* 2a 24* 6d Une livre d'huile d'olive. . 3 s 118 33s

(1) Mémoires sur V appréciation de la fortune privée au moyen âge. (Paris , 184? , in-4°. )

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DÉPENSE D'UN D1NKR ET D'UN S0UP1ÎR DU DAUPHIN. 633 Il est difficile de croire que celui qui achetait un brochet 60 sous

en 1553, faisait une dépense analogue à celle de quelqu'un qui dé- penserait aujourd'hui 33 fr. D'un autre côté, il faut reconnaître pourtant qu'une livre d'huile d'olive à 33 s. serait aujourd'hui d'un prix fort raisonnable.On voit par là combien tout ce qui se rattache au prix des denrées et à l'évaluation des monnaies présente de ques- tions difficiles et délicates. Ce n'est qu'en multipliant-la publication des textes originaux contenant des données de ce genre, qu'on pourra se promettre d'en coordonner suffisamment les résultats.

Vendredy ixn,c jour de jung (sic), l'an mil v cinquante-troys. Monseigneur le Daulphin(l): disner au Liz (2), soupper et giste à Corbeil.

Paneterye. Au boullanger, pour xxxvi xn"" pains (3) vm1 ns.

Somme par soy (4). Eschanconnerye.

A Pierre Doublet, pourxxiť vin blanc bouche (5), vm1 xs. A l'abbesse du Lis, pour xs vin, pour suicte et commun, mi' vs. A René Le Sueur, pour 12s et demi vin, pour suicte et com-

mun, vi1. Audit Pierre Doublet, pour xvť et demi vin , pour suicte, mi1 v'

Somme xxiii'. Vvddne.

A Jaques Labbé, pour ung brochet de n p. (e) lxs. 1 de p. et nu d. xiA Ung barbeau de p. et d. xxx». u de p. xxxs. n de p. mi d. xv^ Douze carpes de p. i d. xLvnť. xviii de p. xlvs.

(1) François (II), fils aîné de Henri II et de Catherine de Médicis, né en 1533. (2) A l'abbaye du Lys , pres Melun. (3) XXXVI XIlne * pains. Trente-six douzaines de pains. (4) Somme par soy . C'est-à-dire que l'article fait sa somme par lui-même, et

qu'il n'y ena pas plusieurs à additionner. (5) Pour XIIs vin blanc bouche. Je crois qu'il faut lire : Pour 22 sextiers de vin

blanc de bouche. Le seitier devait être une mesure assez grande, puisque dans un document de 1 an 1384, on voit qu un poinçon de vin de Beaune ne contenait que huit sextiers. On trouve des quartes et des pintes formant partie du sex tier. Par les mots vin de bouche , il faut entendre le vin servi au prince , par opposition à celui qui était servi au commun , c'est-à-dire aux gens de sa suite.

(6) Ung brochei de II p. Je lis ici un brochet de deux palmes. L'article suivant : de p. et 1111 d.y se lirait : de palme et quatre doigt» , etc.

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634 REVUE ARCHÉOLOGIQUE. ix allozes sallées xxxvi8. Deux moyens turbotz xxxv5. xx solles C. Cinq gournaulx (1) xvi8. vind. Deux [dorades vu8, liiii vives

et rougetz mi'i8. xx plies de mer i.x5. Cinq rayes xxx". n mo-

rues XXs. merlutz mi xvť. Ung saulmon sallé xxxs. 11 perches v".

Une tortue vu8 vi'. Ung cent cancres xxx8. et 11 plats loche xin".

nnd. IIe escrevisses vms.

Cy XXXVIII1 xvs vi vid. Au bouchier, pour poisson blanc, néant, ixxv livres beurre

li1 viť vid. imc œufs ls et xn livres chandelles xxx8.

Cy xiii1 viiť vid. Au pasticier, pour ouvraige de four xxxvnť imd.

Al'appoticaire, pour mi onces espices vť; il onces clou (2) et

muscade, ix8 ; et nu livres huille d'olif, xiť. Cy xxxviť. Au verďuner, pour menuz en cuisine, l8. A l'escuyer (3), pour oranges, viť. A l'homme du gardemenger, pour sel xns vid.

Somme ivii1 xv8 xd.

Fruicterye. Aux fruictiers, pour fruict xxv8 imJ. n livres quart livre cire

jaune xvi8. *xid. et pour le deschet de deux mortiers x".

Somme lii8. 3d. Fourrière.

A messieurs Valieran et Davesines, pour leur despence lx". A Chambre aux deniers, qui a payé pour bois, fagots et desroy

d'offices (4), à l'abbaye du Liz, à la disnée, et au souper et giste, à Corbeil ; cy vin' il8. xd.

À Jehan de Saincte-Barbe, pour sa despence de la disnée, v'. A Godart, pour charbon xxv8. A ung sommellier d'eschanconnerie, et ung menuysier, pour leur

disnée, xs. Somme xm1 28. xd. Somme du jour, cent quatre livres, douze sols, unze deniers

tournovs, [Signé] Anthoyne Gouey.

(1) Le gournal est un poisson du genre du rouget. (2) Clou . C'est le clou de girone, ťius Das mite aoitve. (3) A l'escuyer . C'est-à-dire Técuyer de cuisine. Chaque office avait les siens , et

aussi ses clercs. (4) Et desroy d'offices . Ce qui avait élé consommé ou gate pour les omees,

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