2
13 Acta Endosc. (2009) 39:219-220 DOI 10.1007/s10190-009-0094-z Dépistage, prévention et information : ni trop, ni trop peu D. Heresbach une trentaine d’échanges ce qui est inhabituel sur ce forum de discussion démontrant que cette question est d’actualité. Les avis apparaissaient partagés sans qu’il y ait au total une conclusion si ce n’est la demande d’une information pour qu’une Société savante type SFED statue sur la question. Les arguments vont de l’absence de nécessité de relance lorsque l’on écrit au médecin traitant ou plus exactement référent dont la charge est de coordonner le suivi du patient à la nécessité d’assurer le suivi de ses propres actes médi- caux et donc d’avertir le patient à la date échue, trois mois, trois ans ou cinq ans pour résumer les situations du contrôle endoscopique colique. Entre ces deux extrêmes, certains concluaient que la mention à l’issue de l’examen, soit dans le compte rendu de coloscopie (mais la donnée anatomopa- thologique est manquante), soit lors d’un courrier adressé au médecin traitant et/ou un double au patient lui faisant part de la date de contrôle à prévoir, était une information suffisante. Parmi ces trois attitudes d’information et de responsabilité (celle du médecin référent, celle du gastroen- térologue avec nouvelle convocation à date échue ou celle du patient informé du résultat histologique et de la conduite à tenir suivant son examen), la deuxième et la troisième propositions ont posé des questions intercurrentes : pour la seconde solution, la question en cas d’absence de relance de quelques patients (car personne n’est parfait), la mise en cause du gastroentérologue pour défaut de moyen par absence de contrôle de qualité et d’exhaustivité, et pour la troisième solution un défaut d’obligation de moyen en cas de patient qui ne se présenterait pas à son contrôle et qui développerait un cancer non pas d’intervalle mais consécu- tif à un contrôle omis. Sans préjuger de la réponse que fourniront la Commis- sion Juridique et la Commission Recommandation de la SFED, la première solution est logique puisque le médecin référent qui adresse le patient est en charge de son parcours À l’heure où le dépistage du cancer colorectal chez le sujet à risque moyen par recherche de saignements occultes dans les selles entame sa troisième campagne dans certains départements, associé à une discussion sur la transition d’un test biologique (guaiac) à un dosage immunologique de l’hémoglobine, à la mise en place d’un groupe de travail par l’HAS sur les prérequis technologiques et de formation pour utiliser en pratique quotidienne la coloscopie virtuelle, et des premiers résultats multicentriques français de la coloscopie virtuelle et aux premiers résultats de la vidéo- capsule colique, une discussion concernant le dépistage des sujets à risque élevé avec antécédents personnel ou familial de cancer ou d’adénome a récemment animé un forum pro- fessionnel de discussion. L’intérêt de cette discussion est qu’elle peut se généraliser pour l’ensemble des segments du tube digestif qui font l’objet d’un dépistage ou d’une prévention endoscopique et qui nécessite des surveillances ultérieures à un rythme recommandé (adénome ou adéno- carcinome colique, œsophage de Barrett ou dysplasie de bas-grade sur endobrachyœsophage, métaplasie intestinale gastrique diffuse, TIPMP des canaux secondaires pancréa- tiques, rectocolite ancienne, mais également toutes les pathologies avec prédisposition génétique conférant géné- ralement un risque très élevé). En effet, la question d’un de nos collègues était de savoir s’il était nécessaire, licite, ou souhaitable d’envoyer à ces patients une lettre de relance pour assurer le suivi endosco- pique ou morphologique et si cette attitude était déontolo- gique ou au contraire commerciale. Cette question a suscité ÉDITORIAL © Springer-Verlag 2009 Pr D. Heresbach () Rédacteur en chef Service des maladies de l’appareil digestif, CHU de Pontchaillou, F-35033 Rennes cedex 9 E-mail : [email protected]

Dépistage, prévention et information: ni trop, ni trop peu

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Dépistage, prévention et information: ni trop, ni trop peu

1 3

Acta Endosc. (2009) 39:219-220DOI 10.1007/s10190-009-0094-z

Dépistage, prévention et information :ni trop, ni trop peuD. Heresbach

une trentaine d’échanges ce qui est inhabituel sur ce forumde discussion démontrant que cette question est d’actualité.Les avis apparaissaient partagés sans qu’il y ait au total uneconclusion si ce n’est la demande d’une information pourqu’une Société savante type SFED statue sur la question.Les arguments vont de l’absence de nécessité de relancelorsque l’on écrit au médecin traitant ou plus exactementréférent dont la charge est de coordonner le suivi du patientà la nécessité d’assurer le suivi de ses propres actes médi-caux et donc d’avertir le patient à la date échue, trois mois,trois ans ou cinq ans pour résumer les situations du contrôleendoscopique colique. Entre ces deux extrêmes, certainsconcluaient que la mention à l’issue de l’examen, soit dansle compte rendu de coloscopie (mais la donnée anatomopa-thologique est manquante), soit lors d’un courrier adresséau médecin traitant et/ou un double au patient lui faisantpart de la date de contrôle à prévoir, était une informationsuffisante. Parmi ces trois attitudes d’information et deresponsabilité (celle du médecin référent, celle du gastroen-térologue avec nouvelle convocation à date échue ou celledu patient informé du résultat histologique et de la conduiteà tenir suivant son examen), la deuxième et la troisièmepropositions ont posé des questions intercurrentes : pour laseconde solution, la question en cas d’absence de relancede quelques patients (car personne n’est parfait), la mise encause du gastroentérologue pour défaut de moyen parabsence de contrôle de qualité et d’exhaustivité, et pour latroisième solution un défaut d’obligation de moyen en casde patient qui ne se présenterait pas à son contrôle et quidévelopperait un cancer non pas d’intervalle mais consécu-tif à un contrôle omis.

Sans préjuger de la réponse que fourniront la Commis-sion Juridique et la Commission Recommandation de laSFED, la première solution est logique puisque le médecinréférent qui adresse le patient est en charge de son parcours

À l’heure où le dépistage du cancer colorectal chez le sujetà risque moyen par recherche de saignements occultes dansles selles entame sa troisième campagne dans certainsdépartements, associé à une discussion sur la transition d’untest biologique (guaiac) à un dosage immunologique del’hémoglobine, à la mise en place d’un groupe de travailpar l’HAS sur les prérequis technologiques et de formationpour utiliser en pratique quotidienne la coloscopie virtuelle,et des premiers résultats multicentriques français de lacoloscopie virtuelle et aux premiers résultats de la vidéo-capsule colique, une discussion concernant le dépistage dessujets à risque élevé avec antécédents personnel ou familialde cancer ou d’adénome a récemment animé un forum pro-fessionnel de discussion. L’intérêt de cette discussion estqu’elle peut se généraliser pour l’ensemble des segmentsdu tube digestif qui font l’objet d’un dépistage ou d’uneprévention endoscopique et qui nécessite des surveillancesultérieures à un rythme recommandé (adénome ou adéno-carcinome colique, œsophage de Barrett ou dysplasie debas-grade sur endobrachyœsophage, métaplasie intestinalegastrique diffuse, TIPMP des canaux secondaires pancréa-tiques, rectocolite ancienne, mais également toutes lespathologies avec prédisposition génétique conférant géné-ralement un risque très élevé).

En effet, la question d’un de nos collègues était de savoirs’il était nécessaire, licite, ou souhaitable d’envoyer à cespatients une lettre de relance pour assurer le suivi endosco-pique ou morphologique et si cette attitude était déontolo-gique ou au contraire commerciale. Cette question a suscité

ÉDITORIAL

© Springer-Verlag 2009

Pr D. Heresbach (�)Rédacteur en chefService des maladies de l’appareil digestif,CHU de Pontchaillou,F-35033 Rennes cedex 9E-mail : [email protected]

Page 2: Dépistage, prévention et information: ni trop, ni trop peu

1 3

220 Acta Endosc. (2009) 39:219-220

de soins et que l’information après réception du résultathistologique est adressée au médecin référent. À défaut,l’envoi au médecin dit « médecin traitant » avec un cour-rier adressé au patient lui signalant l’échéance du prochaincontrôle (ou qu’il doit voir son médecin traitant pour s’eninformer), paraît être une attitude adaptée. En effet, unerelance systématique à date échue sans paraître choquanteou commerciale (comme certains l’ont évoqué) nécessitedu temps et des moyens que peu ou aucun d’entre nous nedispose, d’autant qu’il nécessiterait alors la mise en placed’un contrôle qualité pour faire la preuve que toute lesrelances à la bonne date ont été réalisées de façon exhaus-tive.

Il apparaît important que la SFED se positionne surcette question à la fois scientifiquement et juridiquement,car au-delà du contrôle par coloscopie des sujets à risque

élevé par antécédent personnel ou familial de néoplasieou d’adénome colique, l’attitude retenue peut se déclinerpour tout état inflammatoire ou dysplasique précancé-reux même s’ils sont moins fréquents en pratique quoti-dienne.

Acta Endoscopica, revue officielle de la SFED, se doit,par l’option prise par le comité de rédaction, de publiermajoritairement en français sous forme d’articles origi-naux ou cas cliniques en laissant une large place à la FMC,afin de répondre au besoin d’apprentissage, de formationet d’actualisation des connaissances et de répondre auxpréoccupations des endoscopistes ou de ses lecteurs. Alorslisez la réponse dans le prochain numéro !

Le rédacteur en chefpour le comité de rédaction