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L' ORDRE DES FRANCS-MACONS TRAHI, E T LE SECRET DES MOPSES A AMSTERDAM, M. DCC. XLV.

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L' ORDREDES

FRANCS-MACONSTRAHI,

E T

LE SECRETDES MOPSES

A AMSTERDAM,M. DCC. XLV.

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PRE FA C ENECESSAIRE.

Ui dit un Homme ,dit un Animal curieux *témoin nos premiers Pa-rens -, témoin nous-mê-

mes, tous tant que nous fbmmes.N'examinons pas si cette Curiofîtcest une Vertu ou un Défaut, niquelsfont les caraderes qui la fontêtre oul'une ou l'autre : appellons-la Ver-tu, j'aimes raisons pour cela. Lachose ainsi décidée, je puis me van-ter en toute fureté,d'être l'hommeleplus curieux qu'il yait furla Ter-re. Depuis que je me connois , je*

me

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TREF A C EII

t

me fuis senti une inclination dc>minante pour tout ce qui avoitl'empreinte dumerveilleux,ou feu-lement du singulier ;fur-tout,lors-que j'y trouvois avec cela Paffai-fonnement du mystère. Rien nem'a coûté , pour fatisfaire cettepafïion de savoir : j'ai lu, j'aivoyagé, j'ai fouillé par-tout 5 j'aicherché à connoître tout ce qu'ily a de gens qui se font rendusfameux par quelque Secret, &souvent je le leur ai acheté biencher. Enfin, à force de peines& de dépenses , je fuis parvenuà faire de ma tête le Magazin defadaifes le mieux fourni, fans va-nité, qu'il y ait en Europe. CarIl faut que vous fâchiez , AmiLedeur, que ce n'est pas préci-sément l'utile,que j'ai eu en vue 5c'est de quoi je me fuis peu misen peine. Je n'ai eu pour oh-

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jet, que de découvrir ce que l'ons'obftinoit à me cacher , de sa-voir ce que la plupart des hom«mes ignorent -, en un mot, dedevenir un Savant d'une especetoute singulière.

Je me proposé bien de régalerun jour le Public , du fruit de,mes longues &laborieuses recher-ches : mais comme les tréfbrs queje lui destiné pourroient bien, aupremier coup-d'ceil ,ne point pa-raître tels à tout le monde, j'aicru devoir le prévenir auparavanten ma faveur, par lapublicationd'un Ouvrage qui ne peut man-quer d'être généralement applau-di. Vous jugez bien, Ledeur,que dans cette multitude de chosesque j'ai apprises, iln'est pas pof-lible qu'il ne s'en trouve de bon-nes. Aufîl nai-je garde de met-

tre celle-ci au rang des fadaifes# % dont

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ivTRE F A C E

dont j'ai parlé, ni de ces chosespurement curieuses ou singulières ,dont on ne fauroit sentir le mé-rite, à moins que d'être né ,comme moi, avec un goût dé-cidé pour tout ce qui n'est pascommun. Le sujet de ce Livreest important. Ilintéresse toutle monde ;les uns ,par la figurequ'ils y font eux-mêmes 5 les au-tres, par le motif de la curiosi-té. La matière y est traitée àfond. En un mot, ce font lesMysteres du très mystérieux ,trèsancien, &très vénérable Ordre desFrancs -Maçons.

Comme j'étois occupé à met-

tre mon Manuscrit au net , j'ap-pris que mon Libraire alloit im-primer deux Brochures qu'on luiavoit envoyées de Paris , l'une in-titulée, Le Secret des Francs-Mapnsy- & l'autre, Le Caté-

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chisme des Francs- Maçons. Jeks lui empruntai, & après les a-voir lues, je vis qu'on mavoit a-brégé une grande partie de montravail. En effet, quoique TAu-teur du Secret des Francs-Ma-çons ne donne pas une idée com-plctte de cet Ordre fameux, &qu'il se trompe à divers égards ;ce qu'il dit est en général si con-forme à la vérité,&conté avectant d'agrément, que je conseil-lai au Libraire d'imprimer la Piè-ce telle qu'elle étoit ; sauf à yjoindre un Supplément, pour encorriger les fautes & en remplirles omissions. Pour le Caté-fchisme , je n'en jugeai pas II fa-vorablement. On y trouve ,à lavérité, la Réception des Maîtres,avec l'Histoire d'Hiram ou d'A-doniram, omises ou mal rappor-tées dans le Secret des Francs-*

3 Ma-

NECESSAIRE. V

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5P R E F A C EVI

Maçons-, &les principales Ques-tions,que les Frères se font entre

eux pour se reconnoître : mais ily a tant d'omïflions, fur

-tout

dans le Catéchisme proprementdit, qu'il a falu me contenter d'enextraire ce qu'il y avoit debon (*), & changer ou suppléer

en-

(*) Afin que l'Auteur n'ait rien à mereprocher, je vais mettre iciune Remar-que qu'il fait, p. 53. & qui mérite eneffet d'être conservée. „je conviens ,„dit-il, que j'aurai peut-être (ilpou*

3, voit parler plus affirmativement ) omis3, dans ce Catéchisme quelques Deman-3, des & quelques Réponses qui ont é--

3, chape à ma mémoire : mais j'ose afTu-3, rer qu'il renferme les principales, &33

qu'il en contient beaucoup plus qu'au-_, cun Docteur de la Loi des Françs-,, Maçons n'en fait. Car ily en a grand3,

nombre, même parmi leurs Législateurs,„qui feroient fort embarrafïes de révéler3, tous leurs Mysteres , malgré l'envie3, qu'ils pourroient en avoir, la plupart„n'aiant

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NECESSAIRE,VII

entièrement le reste. J'y ai doncajouté quantité de choses (*),que mes Recueils m'ont fournies ;& de tous ces membres, jusqu'a-lors dispersés, j'ai formé un Corpscomplet de Science Franc-Ma-çonne.

Afindonc que le Ledeur fâcheà quoi

„n'aiant pratiqué & n'aiant eu en vue„que les Cérémonies de la Table ".(*) Les plus considérables de ces Ad-

ditions font,le Chiffre des Francs-

Ma-çons ;une Explication exacte de leurs Si-gnes &de leurs Mots, des Remarquesfur divers Usages de la Maçonnerie ,dont je n'ai pas eu occasion de par-ler ailleurs , & deux Plans de Lo-ges , différens de ceux qu'a donnésl'Auteur du Catéchisme. Je n'ai pourtantpas cru devoir supprimer ceux-ci, parcequ'il n'eîl pas impossible qu'il y en ait detels, vu l'ignorance de bien des Maitrespar rapport aux Cérémonies de l'Ordre.Je ne parle point ici des Mopfes,c'est unMorceau tout neuf. *

4

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¦_? R E F A C EVIII

à quoi s'en tenir, je dois l'aver-tir qu'il peut faire fonds fur cequi est dit dans le Secret desFrancs- Maçons,à quelque peud'articles près (*)? 9^ e troiI~

vent redirîés dans la fuite : qu'àl'égard des omifîions, j'y ai misordre dans le Supplément: maisque pour le Supplément même,il peut y ajouter une foi en-tière.. \

C'est dans cet état, que je fuisconvenu avec mon Libraire de pu-blier ce Recueil. Iln'y a qu'unseul article,fur quoi nous avons eude la peine à nous accorder _ c'estcelui du Titre: car Mefîieurs les

(*) Les principaux de ces articles fontlaßéception des Maitres, l'Histoire d'Hi-ram ou Adoniram, l'énuméracion &l'ex-plication des Signes &des Mots, fur quoiil faut absolument avoir recours au Sup-plément.

Li-

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NECESSAIRE,IX

Libraires ,qUand ils font possesseursd'un Manuscrit, s'arrogent le droitde lui donner le nom qu'il leurplait. * Ila voulu abfblunient in-tituler cet Ouvrage, L'Ordre desFrancs- Maçons trahi. J'ai eubeau représenter , que ce Titreportoit avec foi une note d'infamiepour la personne de l'Auteur ;ilafalu céder : mais ce n'a été qu'àcondition de détruire cet odieuxsoupçon dans ma 'Tréface i &c'est ce que je vais faire, en m'a-dreflant aux Francs-Maçons.

Oui, Meilleurs, ilest vrai, &très vrai, que vous êtes trahis,mais vous allez voir que ce n'estpoint moi qui fuis le Traître :voi-ci le fait. Je vous ai dit, queje fuis né excefllvemcnt curieux :Vous devez conclurre de-là, quevos Secrets n'ont pas manqué d'en-flammer ma curiosité. Le plus*

F court

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XF A C E

court étoit, de me faireFranc-Ma-çon : mais le Serment que vousexigez m'a toujours fait de lapeine.Ila donc falu chercher à me fatis-faire par quelque autre voie.J 'ai toutemployé pour cela, Ôc j'ai enfintrouvé un de vos Membres indi-gnes, (car ilyen a parmi vous, com-me dans toutes les autres Sociétés}que j'ai su engager par mes bien-faits à me révéler vos Myfteres.D'abord , je me fuis essayé furquelques-uns de vos Frères, quej'ai tous fait donner dans le pan-neau. Enhardi par ce succès ,j'ai eu l'audace de m'introduiredans vos Loges •» &depuis dix ansque je les fréquente, je me fuisfi bien mis au fait de tout cequi concerne votre Ordre , queje me sens en état de prêter lecolet au plus profond de vosDodeurs. Vous pouvez en faire

l'ex-

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NECESSAIRE,XI

l'expérience, en vous adreuant àmon Libraire ; il aura foin devous faire tenir mes réponses.

Si vous êtes d'assez bonne foi,Meilleurs, pour convenir que ceque j'avance dans cet Ouvrage estvrai, vous vous retrancherez fansdoute à dire que ce n'est pas tout,que je ne dis point en quoi con-siste le grand Secret de votre Or-dre,&qu'il est impofîible que ceSecret soit jamais révélé. J'apprensmême que déjà quelques-uns devous se font exprimés de la forte,fur le bruit que mon Livre faitdans le Monde, avant que d'y pa-roître 5 & c'est effectivement ceque vous pouvez dire de plus pro-pre à donner le change au Public,qui aura peine à croire que vosMysteres se réduisent àfi peu dechose. Nous savons pourtant ,vous &moi,ce qui en est j & vous

me

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TREF A C EXII

me permettrez bien de déclarerà ce même Public à qui vous vou-lez en imposer, que je consens àpalier pour un imposteur, s'il y ad'autres Secrets parmi vous, queceux qui se trouvent dans monLivre {*}.

Ceci me fait souvenir d'une a-vanture qui arriva ,ily a deux outrois ans , dans une des premièresVilles d'Allemagne. Il faut queje vous la conte. Mr.leMarquis

d'A....,(*) Je n'ignore pas qu'il court un bruit

vague parmi les Francs-Maçons ,touchantun certain Ordre qu'ils appellent les Ecof*fois, supérieurs, à ce qu'on prétend ,auxFrancs- Maçons ordinaires, &quiont leursCérémonies &leurs Secrets à part. Je nedéciderai rien fur la réalité de cet Ordre, &j'aime mieux convenir que j'ignore leursMysteres, que d'en parler mal à propos.Ce que je puis afïurer hardiment ,c'est ques'ils ont quelque Secret particulier, ils enfont extrêmement jaloux,puisqu'ils le ca-chent aux Maitres mêmes de la Maçon-

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NECESSAIRE,XIII

D'A . . . ., que vous connoiffezfans doute par ses Ouvrages, ré-fiftoit depuis longtems aux solli-citations de ses Amis, qui le pref-foient de se faire Franc- Maçon.Iln'avoit pas grande idée de la So-ciété,&répondoit toujours qu'iln'y entrerait point, à moins qu'onne lui expliquât d'avance en quoiconfiftoit l'engagement qu'on vou-loitluifaire prendre. Mais un jourses Amisleperfécutérent tant, qu'ilsle firent succomber : ilse laiflame-ner à laLoge, paya les soixante écusque l'ondonne d'entrée (*),. subitpatiemment toutes les Cérémoniesde la Réception ,& fut admis àlaparticipation des Mysteres de l'Or-dre. Il ne croyoit pourtant

(*)Il s'en faut bien que cette Taxe nesoit la même par-tout :ily a des Logesà tout prix,& j'en connois où l'on estreçu moyennant trois Ducats.

pas

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T R E FA C EXIV

pas les savoir encore : car vaùyant qu'on ne lui difoit plus rien,ilse tourna vers le Grand-Maitre,&lui dit d'un air railleur : Est-cetout, Mr. de B.... ? Vrai-ment oui, repartit le Maitre. Oh!parbleu, vous vous moquez demoi, reprit le Marquis 5 vous neme persuaderez pas que ce foit-là toute la Maçonnerie. Rienn'est pourtant plus vrai, lui ré-pondit encore une fois le Grand-Maitre. Cela étant , dit le Mar-quis d'un ton féricux , ayez labonté, Meffieurs_ de me rendremes soixante écus j ftnon, dèsdemain je fais mettre dans laGazette toutes les fadaifes quevous venez de m'apprendre.C'est donc -là cette Maçonnerie,qui fait tant de bruit dans leMonde!En vérité,je n'auroisjamais cru que des gens raison-

na-

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NECESSAIRE.XV

Hables pujjent traiter Jt sérieuse*ment de pareilles bagatelles. Etcomme ilétoit réellement piqué,'ilajouta quantité de choses, queje supprime, pour ne point tropéchauffer les oreilles Maçonnes.On lui rendit son argent ,&l'AC-femblée eut tant de confufion decette scène, qu'on afïure qu'elleest regardée comme une des plusgrandes disgraces, dont il soitfait mention dans les Annales del'Ordre.

Je comptois, Mellîeurs, me-gayer un peu ici à vos dépens ipour me venger d'avance du malque vous ne manquerez pas de di-re de moi : mais mon. infuppôrta*ble Libraire s'y opposé ; ilpré-tend avoir pour Amis,des Francs-Maçons très refpedables à tous é-gards ; & je me rends d'autantplus volontiers à cette raison, que

j'en

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T R E FAC E.XVI

j'en ai moi-même de tels parmivous. Oui, Meilleurs, je recon-nois avec toute la sincérité d'unhonnête - homme , qu'il y a dansvotre Ordre un grand nombrede gens de tous états, très esti-mables par leur vertu &par leursqualités personnelles ,& qui mé-ritent bien qu'en leur faveur onfaife grâce à un tas de faquinsqui vous deshonorent.

Je n'ai rien à direfur le Mor-ceau qui regarde les Mopfes : lafaçon dont ilest écrit me dispen-se d'y mettre ni AvertissementniTréface.

TABLE

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XVII

TABLEDES

PIECESContenues dans ce Livre.

LE Secret des Francs-Maçons. Page i

Supplément au Secret desFrancs-Maçons.

Réception du Maitre. 116Abrégé de l'Histoire de Hi-

ram, Adoniram, ou Ado-ram. 133

Catéchisme des Francs -Ma-çons. 147

Serment des Francs - Ma-çons. 172

Chiffre des Francs - Ma-pns. 174- **

Signes 9

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Table des Pièces.XVIII

Signes , Attouchemens &Mots des Francs -Maçons,

ÏRemarques fur divers Usage sde la Maçonnerie. 187

Lb Secret des Mopsesreye-le'. 201

"4* TffÂ-Jî-

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LE SECRET

FRANCS-MAÇONS.r

**% ÂIJ

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XXI

AU TRES-VENERABLE

FRERE PROCOPE,

MEDECIN

ET RANC-MACON,

L'un des Vénérables des vingt*deux Loges établies à Paris.

ENERABLE,

Le vifintérêt que vous pre-nez à tout ce qui concernel'Ordre illustre des Francs-Ma-çons ,m'a déterminé à vous pré-senter ce petit Ouvrage.**

3 S'il

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EPI T R EXXII

S'ilpar oit d'abord devoir fai-re quelque tort à la ConfrérieMaçonne, ildoit, ce me sem-ble,d'un autre coté engager vi-vement les Chefs* d'Ordre à ter-miner au -plutôt le grand ou-vrage de la Réformation, qu'onmédite depuis longtems. On al-loit, dit -on, chasser du Corpsun nombre considérable de Frè-res ', qui le deshonorent par labajfeffe de leur caractère &pdrle vilintérêt qui les anime jdevingt -deux Loges qui font àcParis, on comptoit n'en conser-ver que douze.

Ce coup, également sage é*terriMe , mais nécessaire , n'aété différé filongtems ,que parla crainte que l'indiscrétion desexclus irrités ne révélât à l'U-nivers lesfacrés Mysteres ,qu'au-

cun

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E P IT R E. XXIII

cun n'auroit jamais pupénétrer.

Vous voyez à présent quevous n'avez rien à craindre deleur côté à cet égard, ér vouspouvez hardiment arracher duCorps de votre auguste Socié-té des membres ulcérés , quine méritèrent jamais d'y êtreadmis.

Cette grande affaire termi-née, ilfaudra, comme vous le

sentez bien , faire acquisitionde nouveaux Signes. Ilferoitpeu utile d'ajouter quelque cho-

se aux anciens , vous ferieztoujours exposés à quelque mé-prise : d'ailleurs, pourquoi ê***

4 par-

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E P IT R E.XXIV

pargner dans une chose qui coû-te fipeu?

Je vous laisse le foin d'ins-truire au

-plutôt de tout ceci

les Sages de votre Ordre , tanten France qu'en Angleterre ,afin de prendre de concert desSignalemens certains ,que vousne confierez dans la fuite qu'àdes Sujets capables de les con-

server fidèlement. Ilfera peut-être aujfi à propos de publier,qu'il n'y a pas un mot de vraidans ce que je donne icipourêtre le Secret des Francs -Ma-çons. Cette vive &persuasi-ve éloquence , qui vous est finaturelle, vous fépond d'avan-ce que vous trouverez bien des

cré*

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E P IT R E: XXV

vrédules. Les Francs -Maçons& les Négociateurs ne doivent

jamais convenir qu'on les a de-vinés.

Je fuispar trois fois trois,VENERABLE,

Votre très humble & trèsobéissant serviteur.

El JJJ l-qi_FUV

[Cette Signature n'est point dans l'Edi-tion de Paris , iln'y a que l'Equerre &leCompas. L'Auteur ignoroit apparemmentle Chiffre des Francs-Maçons :j'yai sup-pléé, en mettant icison nom.}

AVER-

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XXVI

#•# #«& 4**#**#4rô»^4^-##

AVERTISSEMENT.

LOrsqu'on est obligé de com-poser un Ouvrage avec laplus grande précipitation, ilestimpofîïble qu'il ne s'y glifle quel-ques redites , ou quelque négli-gence de style. Je fais volontiersdes excuses fur celles quipourrontse rencontrer dans cet Ouvrage j

mais j'ai cru devoir en quelque fa-çon facrifier l'exprefïïon à l'exacti-tude des faits que je rapporte. Sipar rapport à cet article j'ai pu o-mettre quelque chose , ou n'enpas dire allez , j'écouterai avec plai-sir tout ce qu'on me dira,& j'enferai usage pour perfectionner ceque je prépare actuellement furcet-te matière.

On trouvera à la fin de ce Vo-lume

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Avertissement;XXVII

lume un Recueil de Pièces de Vers& de Chansons Maçonnes ;onlesa imprimées d'après un petit Livreque les Francs

-Maçons ont faitgraver en 1737*» où les Airs fontnotés. Quoiqu'on ne faffe aucunmystère de ce Livret, on ne ledonne cependant qu'aux Frères del'Ordre 5 illeur en coûte un écupour lavoir. On m'a afïuré qu'il yavoit tel Maitre de Loge, qui nedonnoit pour tous gages à ses Do-mestiques, que le produit de cemince Recueil. Ilfaut que ledé-bit en soit considérable, ou queles Doméftiques se contentent depeu.

J'aurois pu ajouter plusieurs au-tres Chansons, qui ont été chan-tées dans différentes Loges 5 maisen les examinant de près, je n'enai trouvé que deux qui méritas*sent Fimprefiion : la plupart font

trop

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Avertissement:XXVIII

trop peu de chose pour être pré*fentées au Public , & quelques-unes m'ont paru un peu trop li-bres. Ces dernières ont été ap-paremment composées pour cesLoges qui attireront bientôt, i]

on n'y remédie, la destruction to-tale de l'Ordre.

LE

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LESECRET

FRANCS-MAÇO NS

Çp|gf|E toutes les Sociétés que$IkH les hommes ont pu for-

mer entre eux depuisJe commencemenr da

Monde, iln'y en eut jamais deplus douce Ça), de plus sage , de

(a) Ily a un Ordre bien plus ancienque celui des Francs- Maçons, & dont lenom seul porte avec foi toute la douceurque pourroit souhaiter l'homme le plusdifficile fur l'article:, on l'appelle l'Ordre dela Liberté. Moïse, dit-on, en est leFon*

A dâr

plus

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Le Secret des2

*.:

plus utile, & en même tems deplus ftngulière , que celle desFrancs-Maçons.

Unisdateur : je crois qu'on ne peut gueres da-ter de plus loin. Cet Ordre est encore envigueur aujourd'hui. Les Afïbciés portentà la boutonnière de la veste une Chaine ,d'où pend une espece de Médaille ,qui parfa figure représente une des Tables de laLoi. A laplace des Préceptes, ily a d'uncôté deux Ailes gravées ,avec cette Lé-gende au-dessus: Virtus dirigitalas. Onfait que les Ailes font le symbole de la Li-berté. Sur le revers on voit une grandeM. qui fignifieMoïse ;au-dessous, quelqueschiffres Romains *, & en bas,en chiffresArabes, 6743. C'est apparemment pour fai-re voir qu'ils savent faire usage de leur li-berté , que ces Associés ont Commencépar supprimer une des Tables de la Loi.On ne peut dire quelle est celle qu'ils ontçonfervée, car on n'y voit aucune tracedes Commandemens de Dieu. Peut-êtreque le peu qui en feroit resté,auroit étéencore trop gênant pour un Ordre où l'onne respire que la liberté. Les femmes yfont admises, comme de raison,

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Fr ancs-Mâçons.3

Unis ensemble par le tendrenom de Frères ,ils vivent dansune intelligence qui ne se rencon-tre que rarement, même parmiceux que les liens du sang de-vroient unir le plus étroitement.Cette union intime,qui fait tantd'honneur à l'Humanité en géné-ral, répand dans le commerceparticulier que les Francs-Maçonsont entre eux,des agrémens dontnulle autre Société ne peut fê flat-ter.

Comme mon dessein principaln'est pas de faire ici l'éloge desErancs-Maçons, je n'entreprendraipoint de démontrer méthodique-ment les Propositions que je viensd'avancer : ce font des vérités defait,dont on pourra recueillir lespreuves dans la fuite de ma nar-ration.

L'Ordre des Francs-Maçons a étéA % ex-

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Le Secret de#4exposé de tout tems à bien descontradictions. , Le secret , qu'onobservé scrupuleusement fur tout

ce qui se passe dans l'intérieur deleurs Assemblées, a fait concevoirdes soupçons très desavantageux àl'Ordre entier.

Les Femmes , qui veulent êtrepar-tout où ily a des Hommes •>

ont été extrêmement feandaliféesde se voir constamment banniesde la Société des Francs-Maçons.Elles avoient supporté plus patiem-ment de n'être point admises dansplusieurs Ordres Ça) , qui ont

fleu-

(d) Tels étoient l'Ordre de la Médufelfétabli à Toulon par Mr. de Vibray : ce-lui de la Grappe ,à Arles, par Mr. de Da*mas de Gravaifon : celui des Trancardins tfi célébré par les belles Chansons de Mr.L'Aine:& enfin VOrdre de la Boisson ,quifè forma dans le Bas- Languedoc au com-mencement de 1703. Mr. de Pofquières,

Gen-

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Flancs-Maçons, ffleuri en France à différentes rc-prifes. C'étoient autant de Sociértes Bachiques, dans lesquelles onne célébroit que le Dieu du Vin:on y chantoit pourtant , quelques

Hym-

Gentijhomme du Pays,futnommé Grand-Maitre,& ilprit le nom de Frère Fran-çois Réjoui jfant. Comme ce nouvel Ordreenchériflbic fur tous ceux qui avoient parujufqu'alors,on lui donna le titre de /Etroi-te Observ ance. J'ai cru faire plaisir auPublic, «l'en rapporter ici les Statuts: l'élé-jgance,le goût, la délicatesse qui yrégnent,donnent une idée biçn favorable de l'Or-dre &de l'Auteur.

Frère François Réjou'tjfant ,Grand-Maitre dun Ordre. Bachique»Ordre fameux &floriffant,Fondé pour la santé publique ,A ceux qui ce présent StatutVerront & entendront ,Salut.

Comme l'on fait que dans la vieiChacun au gré de jes desir s,Cherche à se faire des plaisirs -

Se*

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6Le Séchez de s

Hymnes à l'honneur du Dieu deGythèrej mais on se contentoitde chanter, tandis qu'on offroit à"BachUs des facririces très amples &très réels. Ilne fut pas difficile

d'éloi-

Seloh Jfue son goût l'y convie ;NouS) qui voyons que nos beaux jours,Et ¦ l'heureux tems de la feunejfe,Fuyent avec tant de vîteffe,Que rien n'en arrête le cours ;Et voulant que le peu d'annéesQui HOUs conduisent à la mort,Soient tranquilles &fortunées ,Malgré les

-caprices du fort;

De notre certaine science ,—Parmi la joie & l'abondance,Débarrassés de tout souci,Hors iie celui de notre panse,Nous avons ,dans une Séance,Dressé les Statuts que voici.

Dans votre augufie CompagnieVous ne recevrez, que des gensTous bien buvans &bien mangeans^Et qui mènent joyeujè vie.

Ml

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ERANCS- MA Ç O NS.7

d'éloigner les Femmes de pareillesSociétés î elles s'en exclurent elles-mêmes par vanité 5 & elles cou-vrirent du spécieux prétexte de dé-cence, ce qui n'étoit au fond

qu'une

Mêlez toujours dans vos repas,Les Bons-mots <&> les Chansonnettes.Buvez rasade aux amourettes;Mais pourtant ne vous grisez pas.

§lue fi,par malheur ,quelque FrèreVenoit à perdre la raison,Prenant pitié de fa misere,Hemenez*le dans fa maison.

Pour boire du jus de la treille,Servez-vous d'un verre bien net;Mais n'embouchez pas la bouteille >Car je Jai quel en efl l'effet.

Je veux que déformais à tableChacun boive J fa volonté'Les plaisirs n'ont rien d'agréable,Qù'autant qu'on a de liberté.

Ne faites jamais violenceAs A

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8 Le Secret des

qu*une attention réfléchie fur leursCharmes.

Elles ont pensé bien autrementde l'Ordre des Francs-Maçons. Lorsquelles ont su avec quelle modé-

ra-

A ceux qui refufent du vin}S'ils n'aiment pas ce jus divin,Ils en font bien la pénitence.

Dans mes Hôtels,fid'avanture-Ï7» Frère salit ses difeoursPar la moindre petite ordure,Je Yen bannis pour quinze jours.

Que fices peines redoubléesSur lui ne font aucun effet,Je veux que fin Procès soit faitToutes les Tables assemblées.

Gdrdez-vous fur-tout de médire}Et lorsque vous ferez en trainDe vous divertir & de rire,Ménagez toujours le Prochain.

Enfin quand vous ferez des nôtres,Dans vos besoins secourez-vous ;Le plaisir de tous le plus doux,Cefi de faire celui des autres.

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FRANCS- MA ç o NS.9

ration ils se comportaient dansleurs repas, tant solennels que par-ticuliers, elles n'ont pas pu imagi-ner quelles étoient les raisons queces respectables Confrères avoienteues pour les exclurre de leur So-ciété. Persuadées que fans elles,les hommes ne peuvent goûter quedes plaifirscriminels ,elles ont don-né les couleurs les plus odieusesaux délices dont les Francs-Maçonsjouïffent dans leurs Assemblées.

Tous ces soupçons injurieux dif-paroitront bientôt, lorsque je dé-crirai ce qui se passe dans les AC*semblées de la Maçonnerie. Ilestbien vrai que ce font les plaisirsqui les rassemblent, mais ils neconnoiffent que ceux que le repen-tirne fuit jamais. Cela suppose ungoût juste &décidé, qui,en les por-tant à tout ce qui est bon Ôc ai-mable, leur inspire en même tems

A f de

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Le Secret des10

de ne rien rechercher avec pas-sion. Cette paisible situation ducœur , qui est bien éloignée del'ennuieufe indifférence , fait naî-tre fous leurs pas des plaisirs tou-jours nouveaux. Ils feroient peut-être plus vifs, s'ils étoient fécon-dés des paillons;mais fcroient-ilsaufli doux, auflî fréquens, auflidurables? Je m'en rapporte à ceuxqui en ont fait, l'expérience. Jeprendrais aufli volontiers pour Ju-ges les femmes elles-mêmes 5 maisje n'écouterais que celles que lamaturité de l'âge , ou la déca-dence de quelques appas, rendentsusceptibles de certains accès deraison.

Un soupçon d'une autre efpèçca paru mériter bien plus d'atten-tion. On avoit imaginé qu'il ya tout à craindre pour la tranquil-lité de l'Etat, de la part d'une So-

ciété

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Francs-Maçons, 11

ciété nombreuse de gens de méri-te , unis fi intimement fous lesceau du secret. On a cru d'abord ,qu'en éloignant les femmes de leursAssemblées, ils avoient eu en vued'en bannir l'inutilité & Tindif-crétion , pour se livrer entière-ment aux affaires les plus férieu-ies.

Je conviens que ce soupçon a-voit quelque chose de ïpécieux*En effet, fi la paflion d'un seulhomme a pu, comme on l'a vuplus d'une fois , causer dans unEtat d'étranges révolutions . queferoit-ce, fi un Corps aufïi nom-breux & aufli uni que celui dontje parle, étoit susceptible des im-preflions séditieuses d'intrigues &de cabales , que l'orgueil &l'am-bition ne mettent que trop sou-vent dans le cœur de l'homme ?

On n'a rien à craindre desFrancs-

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Lis Secret des12

Francs-Maçons fur cet article. Ilsportent dans le cœur l'amour del'Ordre Ôc de la Paix. Aufliatta-

chés à la Société Civile qu'ils fontunis entre eux, c'est à leur Ecolequ'on peut apprendre, plus effi-cacement que de la bouche deceux qui instruisent par état, quelrespect, quelle fournifïion, quel-le vénération nous devons avoirpour la Religion, pour le Prince,pour leGouvernement. C'est chezeux que la subordination ,mieuxpratiquée que par-tout ailleurs,estregardée comme une vertu , &nullement comme un joug. Ons'y soumet par amour ,&non pointpar cette balfe timidité, qui est lemobile ordinaire des âmes lâchesêc communes.

C'est en Angleterre Ça) que

(/») L'Angleterre est le Pays où Ton for-int?

les

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Ïrancs-Maçons. 13les Francs - Maçons ont pris nais-sance, Ôc ils s'y soutiennent avecune vigueur ,que l'écoulement deplusieurs siecles na pu altérer jus-qu'à présent. L'économie de cet-

te Société est fondée fur un secret,qui a toujours été impénétrable,

tant

me le plus de Sociétés particulières. Onles appelle Cotteries. On y a vu les Cot-teries des Gras <&> des Maigres ,- -

desRois _ —

de Saint George ,—des Voi-

sins logés dans une même rue,- -

des Ni*gauds &des Buveurs de Bierre de Brunf-wick, - -

des Duellifies, —de deux fols,—

des Laids,- -des Gands à frange ,- -

des Amoureux,- -

la Cotterie Hebdo-madaire ;

-*la Cotterie Eternelle ,&nom-bre d'autres. La Cotterie Eternelle ,quin'a été instituée que vers la fin des Guer-res Civiles d'Angleterre ,&qui a fouffertquelques interruptions ,avoit pourtant dé-jà confomméau commencement de ce Siè-cle,cinquante Tonneaux de Tabac ,tren-te mille Pièces de Bierre, mille Banquesde Vin rouge de Portugal,deux cens Pi-pes d'Eau de Vie,&c.

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Le Secret des14

tant que les Anglois en ont été lesseuls dépofltaires. Cette Nation unpeu taciturne ,parce quelle pensetoujours, étoit plus propre qu'aucu-ne autre à conserver fidèlement undépôt fiprécieux.

Nous languirions encore icidansune ignorance profonde fur lesmysteres de cet Ordre , s'il nes'étoit enfin établi en France. LeFrançois, quoiqu'extrèmement pré-venu pour son propre mérite, re-cherche néanmoins avec aviditécelui des autres Nations ,lorsqu'ila pour lui les grâces de la nou-veauté: ou pour mieux dire, cequi est nouveau pour le François,a toujours pour lui l'agrément dumérite. Les femmes commencè-rent, ily a quelques années, à"copier certaines modes Angloifes.Ce Sexe enchanteur ,que le Fran-çois adore fans se donner le tems

de

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Francs-Maçons.15

de l'aimer,donna bientôt le bran-le au goût de la Nation pour sesnouvelles découvertes. On vou-lut d'abord s'habiller comme lesAnglois; on s'en lassa peu après;La mode des habits introduisit peuà peu la manière de penser ;oncmbraffa leur Métaphysique ;com-me eux 5 on devint Géomètre ;nos Pièces de Théâtre se ressenti-rent du commerce Anglois ; onprétendit même puiser chez euxjusqu'aux principes de la Théolo-gie : Dieu fait fi on y a gagné àcet égard!Ilne manquoit enfin au Fran-

çois j que le bonheur d'être Franc-Maçon; Ôc il l'est devenu. Cet-te aimable & indiferette Nationn'a pas plutôt été dans la confi-dence du secret de cet Ordre ,qu'elle s'est sentie surchargée d'unpoids énorme qui l'accabloit. Les

Aflb-

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6 Le Secret des16

Associés François n'ont osé d'abordse soulager autrement ,qu'en dé*bitant par-tout qu'ils étoient dé-pofltaires d'un secret , mais querien ne feroit capable de le leurarracher. Un secret ainsi prôné,est à moitié découvert. Ils ontnéanmoins tenu bon , pendantquelque tems. La pétulante cu-riosité des François non -Francs-Maçons flattoit infiniment la va-nité de ceux qui l'étoient, &en*courageoit leur discrétion : ils s'é-tonnoient eux-mêmes des effortsgénéreux qu'ils avoient le coura-ge de faire,pour ne pas décelerce qu'un ferment solennel lesobligeoit de taire.

Une pafîîon violente ,qui trou-ve des obstacles ,n'en devient. queplus vive & plus ingénieuse pourse fatisfaire, La curiosité Fran-çoise n'aiant pu percer à force

ouver-

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Francs -Maçon s.17

ouverte les foibles barrières danslesquelles leurs Compatriotes a-Voient resserré leur secret, a misen œuvre la ruse la plus conformeau génie de la Nation. Les cu-rieux ont affecté une indifféren-ce dédaigneuse pour des myste-res qu'on s'obftinoit à leur ca-cher. C'étoit le vrai moyen defaire rapprocher des personnes sdont la discrétion n'étoit que ro-domontade.

La ruse a eu son effet ;les Francs-Maçons ,abandonnés à eux-mê-mes , font devenus plus traitablcs 5on a réufïï à les faire causer furleur Ordre; l'un a dit une chose %

l'autre une autre. Ces différen-tes collectes ont fait d'abord untout assez imparfait 5 mais iiaété rectifié par de nouveaux é-clairciffemens, <5c il;a enfin étéconduit au point d'exactitude $

B fous

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18 Le Secret des

fous lequel je le préfente aujour-d'hui.

Je ne puis difîîmuier, qu'enqualité de François, je ne ressen-te un plaisir singulier dans cetteespece d'indiferétion. Ilest vraiqu'il y manque un assaisonnementbien flatteur, qui feroit l'obliga-tion de ne point parler. Maiscomme un appétit bien ouvert sup-plée ordinairement à ce qui peutmanquer dans un ragoût du côtéde l'Art, le plaisir avec lequel jeme porte à révéler les mysteres dela Maçonnerie est pour moi auflivif, que fi j'avois des engagemenspour me taire.

Le secret des Francs-

Maçonsconsiste principalement dans la fa-qprk dont ils se reconnoifient;Deux Francs-Maçons qui ne se fe-ïont jamais apperçus., se reconnoi*Qônt inJàUliblemént, lorsqu'ils se

ren-

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Francs-Maçons. 19

rencontreront. C'est l'effet de cer-tains Signes, dont ils font Convenusentre eux. Ils les employent fifré-quemment ,soit dans leurs Assem-blées, soit dans les rencontres par-ticulières ,qu'on pourroit les regar-der comme autant de Pantomimes*Au reste ,les Signes dont ilsse fer-vent font ficlairs & fi expreffîfsvqu'il n'est point encore arrivé deméprise à cet égard. •

Nous avons trois exemples trèsrécens, qui démontrent évidem-ment l'efficacité des Signes de laMaçonnerie &1la tendre unionsqui règne parmi ces refpectàbiesConfrères.;

Ily a environ trois ans*, qu'urfcArmateur François, qui étoit Franc-Maçon , fitmalheùreufement nau-frage fur les Côtes d'une Ile,dontle Vicerpi étôit aufli dumênie Ot-ite. Le François fut aflez heu-

B % reux

0

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Le Secret des20

reux pour se sauver; mais ilper-dit avec son VaifTeau, son Equi-page Ôc son bien. Ilse fitprésen-ter au Viceroi. Son embarras é-toit de lui raconter son malheurd'une façon assez sensible ,pourmériter d'en étire cru fur faparole.Ilfut fort étonné , lorsqu'il vit leViceroi faire les Signes de la Ma-çonnerie. Le François y réponditde tout son cœur. Ilss'embrafle-rent l'un l'autre comme Frères,& cauférent ensemble avec toute

l'ouverture de cœur que l'amitié laplus tendre peut inspirer. Le Vi-ceroi, sensiblement touché desmalheurs du François , le retintdans son Ile, Ôc luiprocura pen-dant le séjour qu'il y fit, tous lessecours Ôc tous lesamufemenspos-fibles. Lorsque le François vou-lut se remettre en Mer pour tra-

vailler à réparer ses pertes, le Vi-ceroi

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Francs-Maçons. 21

ceroi le combla de présens ,&luidonna tout l'argent nécessaire pourretourner dans son Pays. Le Fran-çois ,pénétré de reconnoiflànce,fit à son Bienfaiteur les remerci-mens que méritoit fa généralité;&ilprofita de l'occasion d'un Vais*seau qui mettoit àla voile,pourrevenir en France. C'est duFran-çois lui-même, que l'on a su ledétail de cette avanture. Ils'ap-pelle Tréverot. Ilest Frère deMr.Préverot, Docteur en Méde-cine de laFaculté de Paris ,mort,je crois , depuis un an ou envi-ron.

Ily a quelques mois qu'un Gen-tilhomme Anglois venant à Paris,fut arrêté fur fa route par des Vo-leurs. On luiprit soixante Louis.Cet Anglois,qui étoit Franc-Ma-çon, ne fut pas plutôt arrivé à Pa-ris, qu'il fit usage des Signes qui

B 3 ca-

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Le Secret des22

caractérisent la Maçonnerie. Cetexpédient luiréuflitiilfut accueillipar les Frères, à qui ilraconta fatriste avanture : on fit une collectepour lui dans une Assemblée ,&on luidonna les soixante Louis quiluiavoient été volés. Illes a faitremettre à Paris ,depuis son retouren Angleterre.

A l'Affaire de Dettinguen ,unGarde du Roi eut son cheval tuéfous lui, Ôc se trouva lui-mêmetellement engagé dessous ,qu'il luirut impofîïble de se débarrasser. UnCavalier Anglois vint à luile sa-bre levé,&luiauroit fait un mau-vais parti,file Garde ,qui étoitFranc-Maçon, n'eût fait à toutha-zard les Signes de l'Ordre. Heu-reusement pour lui, le CavalierAnglois se trouva être de lamêmeSociété: ildescendit de cheval,aida le François à se débarrasser de

dd

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Francs-Maçons. 23deflous le sien, & en lui sauvantla vie comme Confrère ,ille fitpourtant son prisonnier , parcequ'un Franc- Maçon ne perd ja-mais de vue le service de sonPrince.

Je vois déjà mon Lecteur quiattend avec impatience que je luidépeigne ces Signes merveilleux,capables d'opérer des effets fisalu-taires ;mais je luidemande la per-mission de dire encore quelquechose de général fur l'Ordre desFrancs-Maçons : j'entrerai ensuitedans un détail très étendu, donton aura lieu d'être fatisfait.

Ilsemble d'abord , que la Ta-ble soit le point fixe qui réunitles Francs

-Maçons. Chez eux,quiconque est invitéà une Assem-blée, l'est aufli à un repas; c'estainsi que les affaires s'y discutent.Iln'en est point de leur Ordre,

B 4 conv

Page 54: Derivative

Le Secret des24comme de ces Sociétés sèches àtous égards, dans lesquelles depuislongtems l'esprit & le corps fenvblent condamnés par état àun jeû-ne perpétuel. Les Francs

-Maçonsveulent boire,manger ,se réjouir :voilà ce qui anime leurs délibéra-tions.

On voit que cette façon de por-ter son avis peut convenir à biendu monde : l'homme d'esprit ,ce-luiqui ne passe pas pour tel,l'hom-me d'Etat, le particulier, le no-ble,le roturier ,chacun y est ad-mis, chacun peut y jouer son rô-le. Ce qui est admirable , c'estque dans un mélange fi singu-lier, ilne se trouve jamais nihauteur ni baffefle. Le grandSeigneur permet à fa noblefle des'y familiarifer;leroturier y prendde l'élévation ;en un mot,celuiqui a plus en quelque genre que

ce

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Franc s- Maçon s.25

ce soit,veut bien céder du sien;ainû tout se trouve de niveau, Laqualité de Frères , qu'ils se don-nent mutuellement, n'est pas unvain compliment ;ils jouïffent encommun de tous les agrémens dela Fraternité. Le mérite &les ta-lens s'y distinguent néanmoins ;mais ceux qui ont le bonheur d'enêtre pourvus , les possèdent fansvanité & fans crainte, parce queceux qui ne font point partagés desmêmes avantages , n'en font nihumiliés, ni jaloux. Personne neveut y briller, tout le monde cher-che à plaire.

Cette légère esquisse peut, ceme semble, donner une idée assezavantageuse de la douceur &de lafageflè qui régnent dans la Sociétédes Francs-Maçons. En-vain a-t-

---on voulu leur reprocher, de netenir des Assemblées que pour par-

Bf ler

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26 Le Secret des

ler plus librement fur des matièresde Religion,ou fur ce qui con-cerne l'Etat; ce font deux articles,fur lesquels on n'a jamais vu s'éle-ver la moindre question parmi eux.Le Dieu du Ciel, & les Maitresde la Terre,y font inviolablementrespectés. Jamais on n'y traite au-cune affaire qui puisse concerner laReligion; c'est une Ça) des Maxi-

mes

(a) Ceci me rappelle un Règlement as-sez singulier,qui fut publié dans les Can-tons SuifTe s, au sujet des troubles qu'exci-tèrent dans ces Provinces des querelles sur-venues entre des Théologiens fur quelquespoints de Religion. Ils'agiffoit de la Grâ-ce, de la Prédestination , de l'action deDieu fur les créatures, &c. matières ex-trêmement difficiles,même pour les intel-ligences les plus déliées. Comme ilya-voit déjà longtems qu'on ne s'entendoitpoint, ilétoit à craindre que la disputen'aboutît enfin à une sédition ouverte.L'affaire fut évoquée au Conseil Souve-rain, qui trancha la difficulté, en faifant

publier

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Francs-Maçons. 27mes fondamentales de la Société.A legard de la personne facrée deSa Majesté, on en fait une men-tion honorable au commencemenrdu repas : la santé de cet augusteMonarque y est fblennifée avectoute lapompe &la magnificencepoflible : cela fait, on ne parleplus de la Cour.

A l'égard des conversations quel'on tient durant le repas , tout s'ypasse avec une décence qui. s'étendbien loin:je ne fai même fi lesrigides partisans de la Morale aus-tère pourroient en foutcnir toutela régularité. On ne parle jamaisdes abfens ,on ne dit du mal dequi que ce soit, la satire maligneen est exclue, toute raillerie y est

publier un Décret, par lequel ilfut défen-du à tous &un chacun, de parler de Dieuni en bien, nien mal.

odieu-

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28 Le Secret des

odieuse ;on n'y fouffriroitpas nonplus la doucereuse ironie de nosprétendus Sages, parce qu'ils fontpresque toujours malignement zé-lés;&pour tout dire en un mot;on n'y tolère rien de ce qui paroitporter avec foi la plus légère em-preinte du vice. Cette exacte ré-gularité, bien loin de faire naîtreun triste sérieux ,répand au con-traire dans les cœurs Ôc dans lesesprits la volupté la plus pure; onvoit éclater fur leur visage le bril-lant coloris de la gaieté &de l'en-jouement ; Ôc fi les nuances enfont quelquefois unpeu plus vivesqu'à l'ordinaire , la décence n'ycourt jamais aucun risque, c'est laSagefle en belle humeur. Si pour-tant ilarrivoit qu'un Frère vînt às'oublier , &que dans ses difeoursileût la foibleffe de faire usage deces expreftîons , que lacorruption

du

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FRANCS- MA Ç O NS.29

du Siècle a cru déguiser honnête-ment fous le nom de libertés,unsigne formidable le rappelleroit;bientôt à son devoir, &ilrevien- ;

droit à l'instant. Un Frère peut/bien prévariquer ,parce qu'il est,homme; mais ila le courage dese corriger, parce qu'il';eft Franc-Maçon.

Ilest tems de fatisfaire à présentla curiofiçé du Lecteur, &de lui>faire voir en détail l'intérieur des,Assemblées Francs

-;Maçonnes.

Comme je me ferviraj, -jcUnsj tout?ce que je vais dire, des termes do.l'Ordre, je crois qu'il efià propos-de les expliquer ici, pour faciliter;l'intelligence de tout ce que j'aijldire. , - •

-Fr^tç-Maçon (en AngloisFreè

Mason) fignifie Maçon libreiC'étoit dans l'origine une Sociétéde personnes, qui étoient censées

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30

Le Secret des

se dévouer librement pour travail-ler un jour à la réédification duTemple de Salomon. Je ne croispas que ceux d'aujourd'hui conser-vent encore le deflein d'un projet,qui paroit devoir être dé longuehaleine. Si cela étoit, &que cet-te Société se soutînt jusqu'au réta-bliflement de ce fameux Edifice,ily a apparence qu'elle dureroitencore longtems. Auresté ,tout cegoût de Maçonnerie est purementallégorique :ils'agit de former leCceurY de régler fEfprit,& dene rien faire- qui ne qûàdrè avec'ltbon Ordre: voilà ce qui est dé-signé par lès îprincipaux Attributsdci Francs-Maçons, qui font l'È*guerre &le Compas.Iln'y avoit autrefois qtfùh seul

Grand-Maitre yqui étëit Anglois;aujourd'hui les duféren's' iPays danileiqitëis ily â des Francs-Maçons,

ont

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FRANCS- MAÇONS. 3 31

ont chacun le leur. On appelle ce*luiqui est revêtu de cette Dignité,le Tre's - Vénérable.C'est luiqui délivre aux Maitresqui président aux Assemblées par-ticulières , les Lettres

- Patentesqu'on appelle Constitutions. CesPréfidens particuliers font appel-lés Amplement Yen e r a--3l &s Ça). Leurs Lettres

-Pa**

tentes ou Constitutions font eonrtrefignées par un . Grand- Officierde l'Ordre, qui est le Secrétaire-Général; ¦ ¦;/

Les; Assemblées! Maçonnes s'ap-pent communément Loges. Am--filorsqu'on veut annoncer une As-semblée pour tel jouir y on dît :.-...,¦:.-¦. ... M

211

(a) Ilfaut observer , que- lorfque cesVénérables font en fonction dans, leur pro-spre Loge, on les appelle

'tr/ls -Vénéra-

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2 Le Secret des32

/// aura Loge tel jour. LesVénérables peuvent tenir Logequand ils le jugent à propos. Iln'y a d'Assemblées fixes,que tousles premiers Dimanches de chaquemois.

Quoique toutes les Assembléesdes Francs-Maçons soient appelléesLoges ,ce nom est cependant plusparticulièrement attribué à cellesqui ont un Vénérable nommé parle Grand-Maitre. Ces Loges fontaujourd'hui au nombre vingt-deux. On les défignepar les nomsde Ceux qui y président ;ainsi ondit: J'ai été reçu dans la Lo-ge de Monfteur N.

• Comme les particuliers Francs-Maçons peuvent s'assembler quandils veulent ,ilsnomment entre euxun Vénérable -à la pluralité desvoix, lorsque celui qui est nom-mé par le Grand-Maitre ne s'y

trou-

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Francs-Maço ns, 3|

trouve pas. Si cependant il sVtrouvoit un des deux Grands-Offi-ciers, qui font ordinairement at-tachés à celui qui d'office est Vé-nérable ,on lui déféreroit la Pré-»fidence Ça). Je dirai dans un mo-ment ce qu'on entend par cesGrands-Officiers.

Les Loges font composées deplus ou moins de Sujets. Cepen-dant ,pour qu'une Assemblée deFrancs-Maçons puilfe être appelléeLoge,ilfaut qu'il y ait au moinsdeux Maîtres , trois Compagnons& deux Apprentifs. C'est envoyant le détail d'une Réception ,

(à) Ces Officiers ne remplacent le Vé-nérable, que lorsqu'il a paru à l'Aflemblée,& que pour affaire ou autrement ilcliobligé de sortir. Car s'il n'a point paru,on en élit un parmi les Maitres,àla plu-ralité des voix.

C

que

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Le Secret des34que Ton fàura la différence de cesdegrés de Maçonnerie.

Lorsqu'on est en Loge, ily aâu-deflous du Vénérable deux Of-ficiers principaux , appelles Sur-veillans. Ce font eux qui ontfoin de faire exécuter les Régle-mens de l'Ordre, & qui y com-mandent l'Exercice ,lorsque le Vé-nérable l'ordonne. Chaque Logea aufli son Trésorier , entre lesmains duquel font les fonds de laCompagnie. C'est luiqui est char-gé des fraix qu'il y a à faire ;&dans la règle,ildoit rendre comp-te aux Frères de la recette & desdéboursés , dans l'Aflemblée dupremier Dimanche du mois. Ilya aufli un Secrétaire _ pour re-cueillir les délibérations principa-les de la Loge , afin d'en fairepart au Secrétaire

-Général de

l'Ordre,

Va

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Francs-Maçons.35

Un Vénérable, quoique Chefde Loge,n'y a d'autorité qu'au*tant qu'il est lui-même zélé obser-vateur des Statuts ;car s'il tomboi!en contravention , les Frères nemanqueroient pas de le relever*Dans ce cas , on va aux opinions^(ilsappellent cela baloter -,) & fc*lon l'espèce du délit, la punitionest plus ou moins grave. Gelspourroit même aller jusqu ale dé«poser Ôc l'exclurre des Loges, ûlecas l'exigeoit.

Lorsque c'est un Frère qui apré^variqué, le Vénérable le reprend s&ilpeut même de fa propre au*torité lui impbfer une amende $

qui doit être payée fur le champ %elle est toujours au profit des Pau*vres. LeVénérable n'en peut userainsi, que pour les fautes légères;lorsqu'elles font d'une certaine im-portance, ilest obligé de convo-

G % qua

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Le Secret des36

quer l'Aflemblée pour y procéder.On verra plus loin la cérémonieftngulière qui sobferve , lorsqu'ils'agit de l'éxelufion d'un Franc-Maçon. J'observerai feulementici,que lorsqu'un Frère est exclus,ou que fans être exclus, ila cau-fe1 à la Société un mécontente-ment aflez grave pour qu'on sé-visse contre lui, on ne le fait paspour cela sortir à l'instant de laLoge, on annonce feulement qu'el-le est fermée. On croiroit d'à*bord, que fermer une Loge, dé-figneroit que laporte en doit êtrebien close ; c'est tout le contraire.Lorsqu'on dit que la Loge est fer-mée, tout autre qu'un Franc-Ma--çon peut y entrer, & être admisà boire Ôc manger, & causer deNouvelles. Ouvrir une Loge^en • termes Francs

-Maçons , figni-fie, qu'on peut parler ouvertement

des

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Francs-Maçons.37

des Mysteres de la M'açohnerie,*&de tout ce qui concerne ,l'Ordre;en un mot, penser tout haut, fansappréhender derre entendu d'au-cun Profane (c'est ainsi qu'ils ap-pellent ceux qui ne, font point dela Confrérie.} Alorspersonne nepeut entrer ;&. s'il arriyoit quequelqu'un s'y introduisît, on fer-meroit la Loge à' l'instant, c'eft-à-dire ,qu'on garderoit le silencefur les affaires de la Maçonnerie.Au reste, iln'y a que dans lesAssemblées particulières > que l'onrisque d'être quelquefois interrom-pu; car lorsqu'on; est en grandeLoge, toutes Jes avenues, font fibien gardées ,qu'aucun Profane ne,peut y entrer. Si cependant ,mal-gré, toutes les précautions, quel-qu'un étoit allez adroit pour s'yintroduire, ou que quelque Ap-prentis suspect parût dans le tems

C 3 qu'on

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38

Le Secret des

qu'on traite des Mysteres de la Ma-çonnerie ,le premier qui s'en ap-percevroit, avertiroit les Frères àl'instant , en disant , 11pleut :ces deux mots fignifîent , qu'ilne faut plus rien dire de parti-culier.

Dans ces Assemblées solennel-les, chaque Frère a un Tablier,fait d'une peau blanche, dont lescordons doivent aufliêtre de peau.Il y en a qui les portent toutunis, c'est-à-dire, fans aucun or-nement ;d'autres les font borderd'un ruban bleu. J'en ai vu quiportaient, fur ce qu'on appelle labavette ,les Attributs de l'Ordre,qui font, comme j'ai dit, uneE-querre &un Compas.

Lorsqu'on se met à table , leVénérable s'afïied le premier enhaut du coté de l'Orient. Lepremier & fécond Surveillans se

pla-

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Francs-Maçons.39

placent vis -à -vis le Vénérable à

l'Occident. Si c'est un jour deRéception ,les Récipiendaires ontla place d'honneur , c'est-à-dire ,qu'ils font aflis à la droite & àla gauche du Vénérable.

Les jours de Réception , leVénérable , les deux Surveillans ,le Secrétaire ,& le Trésorier del'Ordre, portent au cou un Cor-don bleu Ça) taillé en triangle,tel à peu près que le portent lesCommandeurs de l'Ordre du S.Esprit qui font ou d'Eglise , oude Robe. Au ¦ bas du Cordon

(a) Il n'est pas absolu ment néçefiàireque le Cordon soit de la figure dont on ledécrit ici. J'en ai vu que l'onportoit com-me le Cordon de la Toison d'Or ;celaforme toujours une espece de triangle ,mais iln'est pas fi exact que celui dont dnvient de parler.

C 4

du

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Le Secret des40

du Vénérable pendent une Equer^re'Ôc un Compas, qui doivent ê-tre d'or, ou du moins dorés. LesSurveillans & autres Officiers neportent que le Compas.

Les lumières que son met furla table , doivent toujours êtredisposées en triangle? -il y a mê-me beaucoup de Loges ,dans les-quelles les flambeaux sent de fi-gure triangulaire. Ils devroientêtre de bois , & chargés des fi>gures allégoriques qui ont trait àla Maçonnerie. Il faut que lesStatuts- n'ordonnent point l'uni-formité fur cet article ; car j'aivu plusieurs de ces flambeaux quiétoient tous de différente efpè^ce, tant par rapport à la marierre dont ils étaient composés ,que par la figure qu'on leur avoitdonnée.

La Table est toujours servie àtrois,

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Francs-Maçons. 41trois, ou cinq, ou sept, ou neufservices. Lorsqu'on a pris sesplaces, chacun peut faire mettre

une bouteille devant foi. Tousles termes dont on se sert pourboire, font empruntés de l'Artilrlerie.

La Bouteille s'appelle Baril. ily en a qui disent Barique y celaest indifférent.

On donne au Vin le nom dePoudre ,aufli- bien qu'à l'Eau 5avec cette différence ,que l'un estPoudre rouge ,&l'autre Poudreblanche.

L'Exercice que l'on fait en bu-vant, ne permet pas qu'on se fer-»ve de verres 5 iln'en refteroit pasun seul entier, après qu'on auroitbu: on n'a que des gobelets, qu'onappelle Canons. Quand on boiten cérémonie, on dit: cDonne&4e la Poudre. Chacun se lève,

C f &

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Le Secret des42

& le Vénérable dit : Chargez.Alors chacun met du vindans songobelet. On ditensuite : Tortez,la main a vos Armes . . . Enjoue . . . Feu,grand feu. Voi-là ce qui désigné les trois tems,qu'on est obligé d'observer en bu-vant. Au premier, on porte lamain à son gobelet : au fécond ,on l'avance devant foi, commepour présenter les armes 5 & audernier , chacun boit. En buvanton a les yeux fur le Vénérable ,afin de faire tous ensemble le mê-me exercice. En retirant son go-belet , on l'avance un peu devantfoi,on le porte ensuite à la mam-melle gauche , puis à la droite ;cela se fait ainsi par trois fois. Onremet ensuite le gobelet fur la ta-

ble en trois tems , on se frappedans les mains par trois fois, &chacun crie auflipar trois fois: Vi-vat. Cette

'

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Francs-Maçons. 43Cette façon de boire forme le

coup-d'oeil le plus brillant que l'onpuifïe imaginer ;&l'onpeut dire,à la louange des Francs - Maçons ,qu'il n'est point d'Ecole Militaireoù l'Exercice se faffe avec plusd'exactitude ,de précision ,de pom-pe &de majesté, que parmi eux.Quelque nombreuse que soit l'As-semblée, le mouvement de l'unest toujours lemouvement de tous j

on ne voit point de Traineurs y

& dès qu'on a prononcé les pre-mières paroles de l'Exercice, tout

s'y exécute jusqu'à la fin, avec u-ne uniformité qui tient de l'en-chantement. Le bruit qui se faiten remettant les gobelets fur la ta-

ble est aflez considérable ,mais iln'est point tumultueux : ce n'estqu'un seul &même coup, assez fortpour briser des vases quin'auroientpas une certaine coniïftance.

Si

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Le S ECRET DES44Si quelqu'un manquoit à l'Exer-

cice ,on recommenccroit • maison ne reprendroit pas du vin pourcela. Ce cas est extrêmement ra-re,mais pourtant iiest arriyé quel-quefois. Cela vient ordinairementde la part des nouveaux-reçus ,quine font pas encore bien formés àl'Exercice.

La première santé que l'oncélèbre, est celle du Roi. Onboit ensuite celle du Tres-Vé*nérable. A celle -ci succède cel-le du Vénérable. On boit aprèsau premier &au fécond. Surveil*.lans i& enfin aux Frères de laLoge.. Lorsqu'il y a des nouveaux .-. re-çus, on, boit, à leur santé ,. immé-diatement après qu'on a bu auxSurveillans. On fait auiïi lç mê-me honneur aux Frères Visiteursqui se trouvent dans la,Loge: on

ap-

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Francs-Maçons.45

appelle ainsi des Francs - Maçonsd'une Loge, qui viennent en pas-sant pour communiquer avec desFrères dune autre. La qualitéde Frères ,bien constatée par lesSignes de l'Ordre,leur donne l'en-trée & les honneurs dans toutes lesLoges.

Ilfaut observer ,que lorsqu'onboit en cérémonie, tout le mon-de doit être debout. Lorsque leVénérable fort de la Loge pourquelques affaires, le premier Sur-veillant se met à fa place ;alorsle fécond Surveillant prend la pla-ce du premier, & Un des Frèresdevient fécond Surveillant : cesplaces ne font jamais vacantes. Lepremier Surveillant, devenu Vé-nérable, ordonne une santé pourcelui qui vient de sortir,& ilafoin d'y joindre celle de fa Ma-çonne :cela se fait avec la plus

gran-

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46 Le Secret des

grande solennité : on en verra ladescription, lorsque je parlerai durepas de Réception. Si le Véné-rable rentre dans laLoge pendantla cérémonie ,ilne peut pas re-prendre fa place; ildoit se tenirdebout, jusqu'à ce que la cérémo-nie soit finie.

J'observerai ici, à propos deMaçonne, que quoique les fem-mes ne soient point admises dansles Assemblées des Francs-Maçons,on en fait toujours une mentionhonorable. Le jour de la Récep-tion, en donnant le Tablier aunouveau -reçu, on lui donne enmême tems deux paires de Gands,une pour lui, & l'autre pour faMaçonne, c'est-à-dire, pour fafemme, s'il est marié, ou pourla femme qu'il estime le plus,s'il % te bonheur d'être céliba-taire*

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Francs-Maçons. 47On peut interpréter comme on

voudra le mot d'estime. Iln'a-voit autrefois qu'une lignificationtrès honnête : il déflgnoit feule-ment un doux penchant , fondéfur l'excellence ou fur la conve-nance des qualités du cœur &del'esprit. Mais depuis que la pu-deur des femmes leur a fait em-ployer ce terme pour exprimerhonnêtement une paflîon qui leplus souvent n'est rien moinsqu'honnête ,ilest devenu très é-quivoque. Au reste, de quelqueespece que soient les engagemensque les Francs

-Maçons peuvent

avoir avec les femmes , ilest tou-jours certain que dans les Aflem-blées, tant solennelles que parti-culières, iln'est fait mention desDames que d'une façon très dé-cente & très concise ;on boit àleur santé, & on leur donne des

gands 3

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48 Le Secret des

gands , voilà tout ce qu'elles enretirent. Cela paroitra peut

-êtreun peu humiliant pour un Sexequi aime encore mieux qu'on di-se du mal de lui, que rien dutout. 11 me semble d'un autrecôté, qu'un silence firefpecfueux,fur une matière qui demande à ê-tre traitée fi souvent, doit éloi-gner bien du monde de la Ma-çonnerie. Une telle Société nefera surement pas du goût de laplupart de nos jeunes & bruyansEtourdis, qui n'ont le plus sou-vent pour toute conversation ,quele récit obscène de quelques ridi-cules conquêtes , groflièrementimaginées par la corruption deleurs cœurs : ils s'ennuieroient in-failliblement dans une compagnie,dont les plaisirs & les .conven-tions respirent la sagesse. Je n'aique faire dédire, combien aufli

on

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Francs-Maçons.49

on feroit ennuie d'une pareilleacquisition.

Quoique la décence &la sages-se soient toujours exactement ob-servées dans les. repas Francs- Ma-çons, elles n'excluent en aucunefaçon la gaieté Ôc l'enjoument. Lesconversations y font assez animées ;mais elles tirent leur agrémentprincipal, de la tendrefîe &de lacordialité fraternelle qu'on y voitrégner.

Lorsque les Frères , après avoirtenu quelque tems la conversation,paroiffent dans le deflein de chan-ter leur bonheur , le Vénérablecharge de cette fonction lepremierou le fécond Surveillant , ou celuides Frères qu'il croit le plus pro-pre à s'acquitter dignement de cetemploi. On avu des Loges bril-lantes, dans lesquelles la permis-sion de chanter, accordée par le

D Vé-

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Le Secret des50

Vénérable ,étoit folennifée par unConcert de cors de chafle & d'au-tres inftrumens ,dont les accordsharmonieux répandoient au loinles respectables symboles de l'u-nion intime & de la douce in-telligence, qui faifoit le bonheurdes Frères. Ce Concert fini,onchantoit les Hymnes de la Con*frérie..

Ces Hymnes font de différen-tes espèces : les unes font pourles Surveillans , d'autres pour lesMaitres, ilyen a pour les Com-pagnons , & enfin on finit parcelle des Apprentifs. Toutes lesfois qu'on tient Loge, on chan-te toujours du moins les Chan-sons des Compagnons & des Ap-prentifs. On trouvera àla fin dece Volume, un Recueil de la plu-part des Chansons qui ont étéchantées dans différentes Loges.

Elles

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Francs-Maçons,51

Elles ne font pas également bon-nes* mais elles expriment toutesl'esprit de concorde & d'union,qui est l'ame de la Confrérie Ma-çonne.

Lorsqu'on chante la dernièreChanson , les Domestiques, quel'on appelle Frères -

Servans ,&qui font aufli de l'Ordre , vien-nent à la table des Maitres , &ils apportent avec eux leurs Ca-nons chargés (on fait à présentce que cela veut dire): ils les po-sent fur la table des Maitres, Ôcse placent parmi eux. Tout lemonde est debout alors , & onfait la chaîne _ c'est -à -dire,quechacun se tient par la main, maisd'une façon assez finguiière. Ona les bras croisés &entrelafles ,demanière que celui qui est à droite,tient la main gauche de son voi-sin j &par la même raison , celui

D 2 qui

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Le Se ere tde s52

qui est à gauche, tient la maindroite : voilà ce qui forme la Chaî-ne autour de la table. C'est alorsqu'on chante :

Frères &CompagnonsDe la Maçonnerie _Sans chagrin jou'ijjonsDes plaisirs de la vie.Munis aun rouge bord,Que par trois fois un signal de nos verresSoit une preuve que d'accordNous buvons à nos Frères.

. Ce Couplet chanté ,on boitavec toutes les cérémonies ,excep-té cependant qu'on ne crie pointVivat. On chante ensuite les au-tres Couplets, &on boit au der-nier avec tout l'appareil & toutela solennité Maçonne ,fans omet-tre une feule cérémonie.

Ce mélange singulier de Mai-tres Ôc de Domestiques ne femble-t-ilpas présenter d'abord quelque

cho-

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Francs-Maçons. 53

chose de bizarre, d'extraordinaire?Si pourtant on le considéré fousun certain aspect, quel honneurne fait

-ilpas à l'Humanité en gé-néral, Ôc à l'Ordre Franc-Maçonen particulier? On voit avec quel-le attention ils réalisent à leur é-gard la qualité de Frère , dont ilsportent le nom. Ce n'est pointchez eux une vaine dénomination,comme dans ces tristes régions oùl'on semble ne faire un usage jour-nalier des refpedables noms de Pè-re &de Frère,que pour les pro-faner indignement : les uns fontfièrement despotiques , les autres

font battement esclaves. C'est toutle contraire chez les Francs-Ma-çons- les Frères Servans goûtentavec leurs Maitres les mêmes plai-sirs, ils jouïffent comme eux desmêmes avantages. Quel autre exem-ple pourroit aujourd'hui nous re-

D 3 tra-

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Le Secret des54tracer plus fidèlement, les tems heu-reux de la divine Aftrée? Les hom-mes alors n'étoient point fournisau joug injuste de la servitude ,ni à l'humiliant embarras d'êtreservis: iln'y avoit alors ni supé-riorité, ni subordination , parcequ'on ne connoiflbit pas encorele crime.

/tprès avoir donné une idée gé-nérale de la manière dont lesFrancs-Maçons se comportent dansleurs Aflemblées, je crois devoirà présent fatisfaire l'impatiencedu Ledeur ,.en lui faifant undétail bien circonstancié de cequi s'observe dans les jours deRéception,

Pour parvenir à être reçu Franc-Maçon ,ilfaut d'abord être con-nu de quelqu'un de cet Ordre,qui soit assez au fait des vie &mœurs du Récipiendaire , pour

pou-

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Francs-Maçons,55

pouvoir en répondre. Celui quise charge de cet office, informed'abord les Frères de fa Loge desbonnes qualités du Sujet qui de-mande à être aggrégé dans laCon-frérie: fur la réponse des Frères,le Récipiendaire est admis à seprésenter.

Le Frère qui a parlé du Réci-piendaire à la Compagnie , s'ap-pelle Tropofant -, & au jour indi-qué pour la Réception, ilala qua-lité de Tarrain.

La Loge de Réception doit êtrecomposée de plusieurs pièces, dansl'une desquelles ilne doit y avoiraucune lumière. C'est dans celle-là que le Parrain conduit d'abordle Récipiendaire. On vient luidemander, s'il fefent laVocationnéceflaire pour être reçu ? Ilré-pond qu'oui. On lui demandeensuite son nom , son surnom,

D 4 ses

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Le Secret des56

ses qualités. Après qu'il a fatis-fait à ces questions , on lui otetout ce qu'il pourroit avoir de mé-tal fur lui, comme boucles, bou-tons, bagues, boêtes, &c. Ilya même des Loges où l'on pouffel'exactitude au point de faire dé-pouiller un homme de ses habits,s'il y avoit du galon deflus. Aprèscela, on luidécouvre à nud lege-nou droit, & on lui fait mettreen pantoufle le soulier qui est aupied gauche. Alors on lui metun bandeau fur les yeux, & onl'abandonne à ses réflexions pen-dant environ une heure. Lacham-bre où il est, est gardée en -de-,hors &en

-dededans par des Frè-

res Surveillans, qui ont l'épée nueà la main, pour écarter les profa-nes ,en cas qu'ils'en présentât quel-qu'un. Le Parrain reste dans lachambre obscure avec le Réci-

pien-

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Francs-Maçons,57

piendaire , mais ilne lui parlepoint.

Lorsque ce tems de silence estécoulé ,le Parrain va heurter troiscoups à la porte de la chambre deRéception. Le Vénérable, Grand-Maitre de la Loge , répond dudedans par trois autres coups, Ôc

ordonne ensuite que l'on ouvre laporte.

Le Parrain dit alors , qu'il sepréfente un Gentilhomme (a)nommé N .. . qui demande àêtre reçu. Le Vénérable dit auParrain : T)emandez- lui s'il a laVocation. Celui -ci va exécuterl'ordre, & il revient ensuite rap-

(a) Que l'on soit Gentilhomme ounon,on est toujours annoncé pour tel parmi lesFrancs-Maçons :la qualité de Frères qu'ilsse donnent entre eux,les met tous de ni-veau pour la condition.

D .

por-

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58

Le Secret des

porter la réponse du Récipiendai-re. Le Vénérable ordonne alorsqu'on le fafle entrer; les Surveil-lans se mettent à ses cotés, pourle conduire.

Ilfaut observer, qu'au milieude la chambre de Réception, ily a un grand espace fur lequel oncrayonne deux Colonnes, débrisdu Temple de Salomon. Auxdeux cotés de cet espace on voitaufli crayonnés un grand J &ungrand B. On ne donne l'explica-tion de ces deux lettres, qu'aprèsla réception. Au milieu de l'espa-ce, &entre les Colonnes defli-nées, ily a trois flambeaux allu-més, posés en triangle.

Le Récipiendaire ,les yeux ban-dés, &dans l'état que je viens dele représenter, est introduit dansla chambre par les Surveillans ,quifont chargés de diriger ses pas.

Il

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VERITABLE PLANDE LA LOGE DE RECEPTION

D'UN APPRENTIF-COMPAGNON.

s. La Colonne Jakin. 13. La Pierre cubique tail- 26. 26. 26. Les trois Lis-a. La Colonne Boa?;, lée en pointe. mières.3. Les 7 marches pour 14.. Fenêtre du Midi, a7. Tabouret,

monter au Temple. 15. Porte du Midi. 2%. Table.'4. LePavé Mosaïque. 16. La Sphère. 29. Fauteuil du Grand-5. Porte d'Occident. 17. La Pierre brute. Maitre.6. Le Marteau. 18. La Truelle. 30. Place du premier Sur-7. l/Equerre. 19. L'Etoile flamboyan- veillant.8. La Planche à tracer. te. 31. Place du fécond Sur-9. Fenêtre d'Occident. 20. Fenêtre d'Orient.

10. Le Niveau. ai. Le Soleil.11. La Ligne perpendicu- 22. La Lune,

laire, le Plomb, ou 23. Le Compas.l'Aplomb. 24. La Houpe dentelée.

12. Portail dela Chambre 25. Porte d'Orient.intérieure.

veillant.3a. 32.32. Place des Mai-

tres.

33. 33. 33. PlacedesAp-prentifs-Compagnons >excepté le dernier-re-çv.

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Francs-Maçons,59

Ily a des Loges dans lesquel-les, aufli

-tôt que le Récipien-

daire entre dans la chambre deRéception, on jette de la Poudreou de la Poix -réfine 3 dont l'in-flammation fait toujours un cer-tain ertèt , quoiqu'on ait les yeuxbandés.

On conduit leRécipiendaire au-tour de l'espace décrit au milieude la chambre ,& on luien faitfaire le tour par trois fois. Ily ades Loges où cette marche se.saitpar trois fois trois, c'est -à -dire,qu'on fait neuf fois le tour dontils'agit, faurant la marche, lesFrères Surveillans qui accompa-gnent, font un certain bruit enfrappant continuellement avecquelque chose fur les Attributs del'Ordre, qui tiennent au cordonbleu qu'ilsportent au cou. Ilya desLoges où l'on s'épargne ce bruit-là.

Ceux

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60 Le Secret des

Ceux qui ont pafle par cette cé-rémonie, aflurent qu'il n'y a riende plus pénible que cette marcheque l'on fait ainli les yeux bandés.On est auiîi fatigué lorsqu'elle estfinie,que ft son avoit fait un longvoyage.- Lorsque tous les tours font faits,on amène le Récipiendaire au mi-lieude l'espace décrit; on le faita-vancer en trois tems vis-à-vis leVénérable ,qui efl au bout d'en-haut derrière un fauteuil , fur le-quel on voit l'Evangile félon SaintJean. Le Grand-Maitre dit alorsau Récipiendaire : Vous fentez-vous la Vocation pour être re-çu? Le Suppliant répond qu'oui.Faites - lui voir le jour , dit àl'instant le Grand-Maitre ,ily dapz longtems qu'il en eflpri-vé. On lui débande les yeux ,&pendant qu'on est à lui ôter

le

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-^/n,

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FRANCS- MA ÇO N s: 61

le bandeau ;les Frères se rangenten cercle autour de lui, l'épéenue à la main, dont ils luipré-sentent la pointe. Les lumières,le brillant de ces épées, les or-nemens singuliers donc j'ai dit queles Grands

- Officiers étoient pa-rés , le coup - d'œil de tous lesFrères en tablier blanc, formentun fpecfaele assez éblouïffant pourquelqu'un qui depuis environ deuxheures est privé du jour, & quid'ailleurs a les yeux extrêmementfatigués par le bandeau. Ce som-bre dans lequel on a été pen-dant longtems, & l'incertitude oùl'on est par rapport à ce qu'il ya à faire pour être reçu, jettentinfailliblement l'esprit dans uneperplexité , qui occasionne tou-jours un failiflement assez vifdanslniftant où Ton est rendu à lalumière.

Lors-

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62 Le Secret des

Lorsque le bandeau est ôté ,on fait avancer le Récipiendaireen trois tems jusqu'à un tabou-ret qui est au pied du fauteuil.Ily a fur ce tabouret uneEquer-re, & un Compas. Alors le Frè-re qu'on appelle l'Orateur, par-ce qu'il est chargé de faire leDifeours de réception, dit au Ré-cipiendaire: Vous allez embras-ser un Ordre refpeflable, qui eflplus serieux que vous ne pen*fez. Iln'y a rien contre hLoi, contre la Religion, contrele Roi, ni contre les Mœurs.Le Vénérable Grand

-Maître

vous dira le reste. On voit parce difeours , que les OrateursFrancs- Maçons font amis de lapré-cision.

Ilest cependant permis à celuiqui d'office est chargé de haran-guer, d'ajouter quelque chose à la

For-

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FRANCS- MA Ç O NS.63

Formule usitée; mais il faut quecette addition soit extrêmementconcise : c'est une règle émanéedes Instituteurs de l'Ordre, qui,par une sage prévoyance, ont vou-lu bannir de chez eux l'ennui &l'inutilité. Ils ont prévu fans dou-te, qu'une permiflion plus éten-due introduiroit bientôt parmi eux,comme ailleurs, l'usage faftidieuxde ces longues & fades Harangues,dont le jargon bizarre fatigue de-puis longtems les oreilles intelli-gentes.

Le devoir d'un Franc -Maçonconsiste à bien vivre avec sesFrères, à observer fidèlement lesusagés de l'Ordre ,Ôc fur-tout àgarder scrupuleusement un silenceimpénétrable fur les mysteres de laConfrérie. Ilne faut pas de longsdifeours, pour instruire un Réci-piendaire fur cet article.

Lors-

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64 Le Secret des

Lorsque l'Orateur a finison dif-eours ,on dit au Récipiendaire demettre un genou fur le tabouret.Ildoit s'agenouiller du genou droit,qui est découvert, comme je l'aidéjà dit. Selon l'ancienne règlede Réception , le Récipiendaire,quoiqu'agenouillé fur le genoudroit, devroit cependant avoir lepied gauche en l'air. Cette situa-tion me paroit un peu embarrassan-te: ilfaut qu'elle l'ait aufli paru àd'autres, car ily a bien des Lo-ges dans lesquelles on ne l'obser-ve point;on s'y contente de fairemettre le soulier du pied gaucheen pantoufle.

Le Récipiendaire ainsi placé ,leVénérable Grand -Maitre luidit:Tromettez-vous de ne jamaistracer , écrire ,nirévéler les Se-crets des Francs -Maçons & dela Maçonnerie , qiCa un. Frère

en

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Francs-Maçon Si65

en Loge > & en présence du Vé-nérable Grand-Maître? On sentbien que quelqu'un qui a fait lesfraix de fepréfenter, poursuit jus-qu'au bout,&promet tout ce quel'on exige de luL Alors on luidécouvre la gorge > pour voir licen'est point une femme qui se pré-fente ;&quoiqu'il y ait des fem-mes qui ne vaillent gueres mieuxque des hommes fur cet article,on a la bonté de se Contenter decette légère inspection. On metensuite fur la mammclle gauchedu Récipiendaire la pointe d'unCompas ;c'est lui-même qui letient de la main gauche ;iimet ladroite fur l'Evangile, &ilprometd'observer tout ce que le VénérableGrand -Maitre lui a dit. Ilpro-nonce ensuite Ce Serment : Encas d'infraction, je permets quema langue soit arrachée , mon

E cœur

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66 .LE SEC RE T DE S

cœur déchiré mon corps brulê& réduit, en cendres pour êtrejette au vent, afin qu'iln'en soitplus parlé parmi les hommes :

ainsi _T)ieu me soit en aide, &ce saint Evangile (a). Lorsque

le

(a) Voici une autre Formule ,qui m'aété communiquée :on m'a assure que c'é-toit une traduction du Serment que pro-noncent les Frans-Maçons Anglois,le jourde leur Réception.„Je confeile formellement en présence

du Dieu tout-puiflant ôç de cette Socié'„té, que je ne donnerai jamais à connoi-„tre, soit de bouche, ou par signe , les„Secrets quime feront révélés ce soir,ou„dans d'autres tems ;que je ne les mettrai„point par écrit, mne les taillerai ou gra-3, verai, soit fur le papier, le cuivre, le3, métal, le bois, la pierre, ou d'autres3, moyens semblables ;& que je ne les3, donnerai point à connoitre à qui que ce3, soit par quelque signe ou mouvement,3, sinon à ceux qui font confrères ou mcm-„bres de la Société : fous peine de ne35 point recevoir d'autre punition , sinon

„que

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Francs-Maçon S; 667

le Serment est prononcé, on faitbaiser l'Evangile au Récipiendaire.Après cela, le Vénérable Grand-Maitre le fait passer à coté de lui:on lui donne alors le tablier deFranc-Maçon , dont j'ai parlé ci-deifus: on luidonne aufli une pai-re de gands pour lui,&une pai-

re

j,que mon cœur soit arraché de mes en-„ trailles, de même que mes boyaux duj,côté de ma mammelle gauche ,que maj,langue soit coupée de ma bouche jus-„qu'à la racine, &brûlée jusqu'à ce que„le vent l'ait eparfe ,afin que par cette„punition on perde le souvenir que j'ayej,été un confrère oumembre de cette So-_? ciété".

Cela n'eflplus, nine fera plus,'Et cela est encore.

Comme je n'entends point ce que fignî-fient ces derniers mots, on me dispenserad'en donner l'explication.

E %

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68 Le Secret des

te de gands de femme pour laDa-me qu'il estime le plus* CetteDame peut être la femme du Ré-cipiendaire, ou lui appartenir d'u-ne autre façon ; on n'a point d'in-quiétude là-dessus.

Quand la cérémonie de la pré-sentation du tablier Ôc des gandsest faite,on enseigne au nouveau-reçu les Signes de la Maçonnerie,& on lui explique une des Lettrestracées dans l'espace décrit au mi-lieu de la chambre où ila été re-çu, c'est-à-dire, l'J, qui veut di-re Jakin. On lui enseigne auflile premier Signe, pour connoitreceux qui font de la Confrérie, &pour en être connu. Ce Signes'appelle Guttural. On le faitenportant la main droite au cou ,defaçon que le pouce, élevé perpen-diculairement fur la palme de lamain,qui doit être en ligne ho-

rizon-

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Francs-Maçons.69

rizontale , ou approchant > faffçl'Equerre. La main droite ainsiportée à la gauche du menton ,commence le ligne: on la ramèneensuite en bas du côté droit, Ôc

on frappe un coup fur la basque del'habit du même côté, Ce ligneexcite d'abord l'attention d'un Frè-re Maçon, s'il y en a un dans lacompagnie où l'on se trouve. Ille répète aufli de son côté ,& ils'approche. Si le premier lui ré-pond,alors succède un autre signe :on se tend la main,&en la pre-nant ,on pose mutuellement lepouce droit fur lapremière &groflejointure de l'lndex, Ôc l'on s'ap-proche ,comme pour se parler enîecret, C'est alors qu'on pronon-ce le mot Jakin, Voilà les li-gnes qui çaractérifent ceux que sonappelle Apprentifs, Ce font aufliles premiers signes que font d'abord

E 3 les

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70

Le Sec ret d e s

les Francs-

Maçons , lorsqu'ils serencontrent. On appelle le fécond,le signe Manuel. Ilest bon ce-pendant dbbfèrver, que depuis as-sez longtems , les Francs- MaçonsFrançois ont fait quelque change-ment à cette façon de se touchenSelon l'usage qui est aujourd'huien vigueur , deux Francs - Maçonsqui cherchent à s'assurer l'un del'autre,ne touchent point la mê-me jointure ;c'est-à-dire , que filepremier qui prend la main, preflela première jointure", le féconddoit prefler la féconde • ou la troi-sieme ,file premier a pressé la fé-conde.

Selon les usages observés de temsimmémorial parmi les Francs-Ma-çons,ily avoit des interfaces en-tre chaque degré que l'on acquêtroit dans l'Ordre. Quand on étoitreçu Apprentis, on reftoit dans

cet

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FRANCS- MAÇO Ns. y 71

cet état trois ouquatre mois, aprèslesquels on étoit reçu Compagnon,&six mois après on étoit admis àla Maîtrise. De cette manière ,on!avoit le tems de s'instruire- &lorsqu'on arrivoit au dernier grade,on étoit bien plus, en état denfou-tenir la dignité.

La vivacité Françoise n'a pas putenir contré tous ces délais, on avoulu pénétrer dans un instant tousles mysteres -les plus cachés, &ils'est trouvé des Maitres de Logequi ont eu la foible complaisan cede facrifier à l'impétueux emprefle-ment des Récipiendaires , des usa*ges. respectables-, que leur fagefle&leur antiquité auraient du met-tre à l'abri de toute prescription.Mais le mal est fait ,& c'est lemoindre que la Confrérie Maçon-ne ait eifuié depuis qu'elle- s'eft éta-blie en France. Il faut que le

E 4 Fran"

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Le Secret des72

François touche à tout ;son ca-radere volatile le porte à marquerfur tout l'impreflion de fa main.Ce qui est médiocre ,ille perfée^tionnes ce qui est excellent, illegâte. La Maçonnerie m'en four?nit des preuves ,dont je parleraidans quelque tems. Je reviens ala cérémonie de la Réception.

Lorsque l'on a enseigne à l'Ap-prentif les signes de l'Ordre &lemot de J a kin, que l'on peutregarder comme un des termes fa?cramentaux de la Confrérie, onlui apprend de plus une autre fa-çon de le prononcer. On a étéobligé d'y avoir recours ,pour é-yiter toute surprise de la part dequelques profanes qui auroient pu,a force de recherches, découvrirles signes &les termes de la Ma-çonnerie. Lors donc qu'on a lieucle soupçonner que celui qui a fait

lçs

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Francs-Maçons. 73les signes de la Société pourroit bienn'en être pas , on lui proposé dV-.peler :on ne s'exprime pas plus aulong $ tout Franc -Maçon entendd'abord ce que cela veut dire. A-lors l'un ditJ, l'autre doit répon«dre A, le premier dit X, le fé-cond I,&lautre N5 ce qui corn*pose le mot de Jakin. Voilà la,véritable manière dont les Francs-Maçons se reconnoiifent. Ilestvrai cependant , que ces premiersfignalemcns ne désignent encorequ'un Franc-Maçon Apprentis; ily en a d'autres pour les Compa-gnons Ôc pour les Maitres : je vaisles expliquer en peu de mots.

La cérémonie de l'lnftallationd'un Apprentis dans l'Ordre desCompagnons se pafle toujoursen grande Loge. Le Vénérable•5c les Surveillans font revêtus detout l'appareil de leurs Dignités.

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Le Secret des74Les figures font crayonnées fur leplancher de la salle de Réception ,Ôc au-lieu d'une pierre informe quiest deflinée dans le tems de laRé-"çeption d'un Apprentis, commepour lui apprendre, qu'il n'est en-core propre qu'à dégroflir l'Ouvra-ge, on trace, pour la Réceptiond'un Compagnon, une pierre pro-pre à aiguiser les outils, pour luifaire connoitre que déformais ilpourra s'employer à polir sonOuvrage, & à y mettre la der-nière main.

On ne lui fait point réitérer leSerment déjà fait, ilest furAfam*ment exprimé par un signe quel'on appelle TecJoraL On apprendau Récipiendaire à porter fa mainfur la poitrine, de façon qu'elleforme une Equerre. Cette posi-tion annonce un Serment tacite,par lequel l'Apprentif qui va deve-

nir

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Francs-Maçons,75

nir Compagnon, promet foi deFrère dé ne point révéler les se-crets de la Maçonnerie. On luidonne ensuite l'explication dugrand B, qui fait un pendant. avecl'J dans l'espace où l'on a crayon-né les Colonnes du Temple de Sa-lomon. Cette Lettre fignifieBooz.On fép elle,comme j'ai dit qu'onfaifoit le mot de Jakin, lorsqu'onappréhende d'être surpris -par quel?qu'un quis'annonceroit pour Com-pagnon , fans l'être véritable-»ment.

Le secret de la Réception desMaitres ne consiste que dans unecérémonie assez singulière, & furlaquelle jevais apprendre aux Mai-tres même reçus depuis longtems,quelques traits qu'ils ignorent ab-solument.

Lorsqu'il s'agit de recevoir unMaitre, la salle de Réception efl

déco-

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6 Le Secret des76

décorée de la même façon quepour la Réception des Apprentifs& des Compagnons ;mais ily aplus de figures dans l'elpace quiest décrit au milieu. Outre lesflambeaux placés en triangle, &les deux fameufes Colonnes dontj'ai parlé, on y décrit, du mieuxque l'on peut , quelque chose quireflemblc à un bâtiment qu'ils ap*pellcnt Mosaïque, Ony dépeint aufli deux autres figu-res ;l'une s'appelle la Houpe den-telée,& l'autre le 'Dais parfi-mê d'étoiles. Il y a aussi uneLigne perpendiculaire, fous la fi-gure d'un inftrumcnt de Maçon-nerie, que les Ouvriers ordinai-res appellent le plomb ou l'a-plomb. La pierre qui a servi àces figures, reste fur le plancherde la chambre de Réception. On55 voit de plus une espece de re-

Pre-

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Francs-Maçons,77

présentation ,qui désigné le Tom-beau de Hiram. Les Francs-Ma-çons font en cérémonie beaucoupde lamentations fur la mort de cetHiram,décédé ily a bientôt troismille ans. Ceci me paroit avoirquelque reflemblance avec les Fê-tes que les Anciens folennifoientautrefois fi lugubrement, à focca-fion de la mort du malheureux A-mant de la tendre Vénus. On faitque pendant plusieurs siecles , lesfemmes Paiennes, à certain jourmarqué ,célébraient par les accensles plus douloureux la mort cruel*le d'Adonis.

Ily a bien des Francs-Maçons

qui ne connoifîènt cet Hiram quede nom, fans savoir ce qu'il étoit.Quelques-uns croyent qu'il s'agitde Hiram Roi de Tyr, qui fital-liance avec Salomon, & qui lutfournit abondamment tous les ma-

/

te-

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78

Le Secret des

tériaux nécessaires pour la construc-tion du Temple. On croit devoiraujourd'hui des larmes à la mémoi-re d'un Prince qui s'est prêté au-trefois à l'élévation d'un édifice,dont on projette le l'établisse-ment.

Hiram ,dont ils'agit chez lesFrancs

- Maçons , étoit bien éloi-gné d'être Roi de Tyr. C'étoitun excellent Ouvrier pour toutesfortes d'ouvrages en métaux ,com-me or, argent &cuivre. Ilétoitfils d'un Tyrien, &d'une femmede la Tribu de Nephtali (a). Sa-lomon le fit venir de Tyr, pourtravailler aux brnemens du Tem-

(a) Salomon tulit Hiram de Tyro,' fiiiutnmulieris vidua de Tribu Nephtali, artifi-cem ararium, & plénum .... doclrin*ad faciendnm omne opus ex are. 111. Reg.yil.vf. 13. & feq.

'

ple.

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Francs-Maçons.79

pie. On voit au quatrième Livredes Rois, le détail des ouvragesqu'il fit pour l'embelliflement decet édifice. Entre autres ouvrages ,ilest fait mention dans l'EcritureSainte de deux Colonnes de cui-vre, qui avoient chacune dixhuitcoudées de haut Ôc douze de tour,au-dessus desquelles étoient des cor-niches de fonte en forme de Lys.Ce fut lui qui donna des noms àces deux Colonnes : ilappella cel-le qui étoit à droite Jakin ,&celle de la gauche Booz (a). Voi-là cet Hiram que l'on regrette au-jourd'hui. Je crois qu'il y auraquelques Maitres quim'auront obli-

(a) Et flatuit [Hiram) duas cohmnathporticu Templi : cumaue flatuiffet colutn-*nam dexteram,vocavit eam nomme J'acbin:Çmiliter erexit columnam Jècundam, & vc**cavit nomen ejus Booz. Ibid. vf. 21.

ga*

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80 Le Secret des

gation de cet éclairciflement; onest toujours bien aise de savoirpour qui l'on pleure. Au reste,je pense qu'il ne faudroit pastant s'affliger de là mort de Hi-ram : files Francs - Maçons n'ontbesoin que d'Ouvriers habiles, ilstrouveront parmi nos Modernesde quoi se consoler de laperte desAnciens*

Cette dernière Réception n'estque de pure cérémonie ;on n'yapprend presque rien de nouveau,lice n'est l'addition d'un signe qu'onnomme 5 il se fait enplaçant ses pieds de façon qu'ilspuiflent former uneEquerre* Onexplique allégoriquement cette fi-gure 5 elle fignifie,qu'un Frèredoit toujours avoir en vue l'équité&la justice, la fidélité à son Roi,& être irrépréhensible dans sesmœurs*

Voilà

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81Francs-Maçons.

Voilà donc les quatre Signesprincipaux, qui caractérifènt lesFrancs-Maçons.

Le Gutturaly ainsi appelle parcequ'on porte la main à lagorge enformant une équerre.

Le Manuel, dans lequel on fètouche les jointures des doigts.

Le TeEloral, ou son porte kmain en équerre fur le cœur.

Et le ePédeftral iqui prend fbnnom de la position des pieds.

A l'égard des mots que l'onprononce pour constater la véritédes signes de la Maçonnerie ,iln'y a que les deux dont j'ai parléci-deflus jsavoir Jakin (R y aJachin dans l'Ecriture Sainte) &Booz. Le premier est pour lesApprentifs, Ôc ils n'ont que celui-là. Les Compagnons &les Maî-tres se fervent des deux , &cela sepratique ainsi: Après qtie-i'on a

F fait

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82Le Secret des

fait les premiers signes, qui fontde porter la main en équerre aucou, de frapper ensuite fur la bas-que droite de l'habit , de se prelfermutuellement la jointure desdoigts, Ôc de prononcer le mot

Jakin jon met lamain en équer-re fur la poitrine, & on pronon-ce Boo;z avec les mêmes précau-tions que l'on a observées au pre-mier. Les Maitres n'ont pointd'autres mots qui les distinguentdes Compagnons 5 ils observentfeulement de s'embrafler ,en pas-sant le bras par-deffus l'épaule: voi-là leur Diftinctif, qui est suivi dusigne Ipédeftral. ; Tout cela se pra-tique avec tant de çirconipection ,qu'il est difficileà tout autre qu'àun Franc -Maçon de s'en apperce-voir.

Je vais reprendre à présent l'en-droit de laRéception d*un Appren-

tis,

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FRANCS-M AÇON S. 883

tlf, où j'en étois resté. Je ne fuispas fur de ne pas tomber ici dansquelques redites, parce que je n'aipas fous les- yeux la feuille où j'enai parlé: je vais à tout hazard re-prendre du mieux que je pourraile filde ma narration. On m'ex-eufera, fije me répète? mais dansune affaire qui peut intérefler,j-ai-me mieux dire deux fois la mêmechose, que d'omettre la moindreparticularité.

Lorsque le Récipiendaire a prê-té ferment, le Vénérable Grand-Maitre l'embrafle, en lui disant :Jusqu'ici je vous ai parlé enMaître, je vais à présent voustraiter en Frère. Ille faitpaffetà coté de lui C'est alors qu'onluidonne le Tablier de Maçon, &deux paires de Çands, l'une pourlui,&l'autre pour fa Maçonne.Le fécond Surveillant lui ditalors :

F % Nous

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84

L-s Secret des

Nous vous donnons ces gands,comme à notre Frère s &envoi-là unApaire pour votre; Maçon-ne'j au pour laplus .fidèle. Lesfemmes, cfojent que nous sommesleurs èpnemis ? vous leur prou-verez par-là que nous pensons kelles. Le nouveau-reçu embralfeensuite les Maitres , les Compa-gnons &les Apprentifs 5 après cela,on £è met à table.

Le Vénérable se place àl'Orient,les Surveillans à l'Occident, lesMaitres & Compagnons au Midi,Ôc les Apprentifs auNord ilenou-veau-reçu occupe la place d'hon-neur à coté du Vénérable. Cha-cun efl: servi par son Domestique,qui ne peut pourtant faire cetteénciion que lorfiju'il est reçuJranc**Maçon (a). La cérémo-

nie

(d) tes Francs- Maçons ont cru devoiraufli

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Francs-Maçons.85

nie de la Réception des Dôme/ti-ques est la même que celle desApprentifs; ils ne savent que lemot de J a kin;ils n'ont auflique les premiers Signes , & nepeuvent jamais parvenir à la Maî-trise.

Le service des Domestiques Ctborne à mettre les plats fur la ta-ble, Ôc à changer les couverts. Ilest rare qu'on se fafle servir à boi-re: communément chacun a fabouteille , ou barique , devantfoi. Voici comme on folennifela première santé , qui est celledu Roi.

aufli admettre dans leur Ordre la plupartdes Maitres Traiteurs, & leurs premiersGarçons iparce que, comme ils choisis-sent ordinairement leurs maisons pour leursAssemblées, cela fait qu'ils y font plus enfureté ', le Maitre &les Garçoiis s'intértf-fent à éloigner les Profanes.

F .

Le

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86 Le Secret des

Le Vénérable frappe un coupfur la table, le premier & le li-cond Surveillant font la même*chose : alors toute fAssembléetourne les yeux vers le Vénérable,&se prépare à écouter avec atten-

tion ce que l'on va dire. Car ilfaut remarquer , que lorsqu'onfrappe fur la table, ce n'est pastoujours comporter une santé -,cela se fait aufli, toutes les foisqu'on a à dire quelque chose quiintérefîe la Maçonnerie en général,ou feulement les Frères de laLoge.

Lorsque le fécond Surveillant afrappé, le Vénérable se lève, ilporte la main en équerre fur lecœur, & dit : A l'Ordre, mesFrères. Le premier Ôc le fécondSurveillans répètent Ja même cho-se. Le Vénérable ajoute :Char-gez y mes Frères, pour une fan-

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Francs-Maçons. 87té. Ceci est répété de même parles Surveillans. Chacun met a-lors dans son Canon, autant dePoudre , tant rouge que blanche ,qu'il juge à propos ;on ne gênepersonne fur la quantité , < nifur la qualité. Lorsque les Ca-nons font en état , le premierSurveillant dit au Grand

-Maî-

tre : Vénérable , nous sommeschargés. Le Grand-Maitre dit a-lors: Tremier à" fécond Surveil-lans, Frères & Compagnons decette Loge,nous allons boire àla santé du Roi notre augufieMaitre, à qui donne unesanté parfaite &une longue fui'te de prospérités !Lepremier Sur-veillant répète ce qu'a ditle Grand-Maitre. J'ai oublié de dire, qu'ilinterpelle toujours l'Aflèmblée encommençant par les Dignités ;ain-si ildit alors : Très -Vénérable s

F 4 fr

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88 Le Secret des

fécond Surveillant , Frères &Compagnons de cette Loge ,nous, éfc. Le fécond Surveil-lant dit après : Très -

Vénéra-ble, premier Surveillant,Fre*tes, &c.

Après cette dernière répétition,le Vénérable Grand-Maitre dit:Second Surveillant, commandezl'Ordre, Alors celui-ci dit: MesFrères, regardez le Vénérable;&en portant la main à son Ca-non, ilordonne ainsi l'Exercice:iPortez la main droite à vos ar-mes :on met la main à son Ca-non, mais fans lelever. Enjoué:on élève son Canon, &on l'avan-ce devant foi. Feu, grand feu-,€'est pour le Roi notre Maitre.Chacun boit alors, &on a tou-

jours les yeux fur le Vénérable,afin de ne retirer son Canon qu'a-près qu'il a^ finide boire. Le fé-

cond

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Francs-Maçons.89

cond Surveillant ,qui regarde auflîle Vénérable, fuitle mouvement

de son bras, & toute fAfiembléeles fuit l'un &l'autre. En retirantson Canon ,on préfente les armes ;ensuite on le porte à gauche & àdroite j cet Exercice fo fait troisfois de fuite. On remet après en-semble, &en trois tems, les Ca-nons fur la table $ on se frappetrois fois dans les mains $ &oncrietrois fois vivat.

La fcrupuleufc uniformité quirègne dans cet Exercice ,Ôc la là-ge gaieté qui pare le visage desFrères ,&qui reçoit encore les a-grémens les plus vifs par la joiedont tout bon François est toujourspénétré, lorsqu'il peut témoignersolennellement son zèle pour sonRoi 5 tout cela forme, dit-on,un point de vue ravifîânt ,quiseul attireroit à l'Ordre -ceux mê-

F 5* me

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Le Secret des90

me qui paroiffent aujourd'huidans les difpofîtions les moinsfavorables pour les Francs -

Ma-çons.

Je me souviens d'avoir dit,qu'a-près la santé du Roi, on buvoitcelle du Très - Vénérable Grand-Maitre, Chefde l'Ordre;&qu'onbuvoit ensuite celle du VénérableGrand-Maitre de la Loge où l'onse trouve; celles des Surveillans,du Récipiendaire &des Frères, &c.Tout cela se fait avec grande cé-rémonie.

Ilest à propos d'observer ,quequoique ce soit presque toujoursle Vénérable de la Loge qui pro-posé de boire à la santé de quel-qu'un, ilest pourtant permis aupremier ou fécond Surveillant ,&même à tout autre, de demanderà porter une santé. Voici commecela se fait.

Ce<

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Francs-Maçons. <>ï

Celui qui veut proposer une fan-*té, frappe un coup fur la table;tout le monde prête silence. A-lors le proposant dit: Vénérable ,premier & fécond Surveillans ,Frères & Compagnons de cetteLoge-, je vous porte la santé detel. Si c'est àun des Dignitairesque l'on boit, on ne le nommepoint dans le compliment qu'onadresse aux Dignités. Par exem-ple ,fic'est au Vénérable ,on corn-*menee par dire :Premier &fé-cond Surveillans , Frères, çre.

Si c'est au premier Surveillant ,ondit: Vénérable, fécond Surveil-lant, Frères , érc.

Celui à la santé duquel on boit,doit se tenir aflis pendant que l'onboit; ilne se lève que lorsque l'ona finila cérémonie ,& que toutle monde s'est aflis. Alors il re-*mçrçie le Vénérable, le premier

&

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Le Secret des92

& le fécond Surveillans ,&lesFrères, & leur annoncé qu'il vafaire raison du plaisir qu'on lui afait de boire àfa santé. Ilfait a-lors tout seul l'Exercice dont j'aifait mention.

Comme toutes les cérémoniesqui sfobfervcnt pour les fautesprennent bien du tems, & qu'ilpourroit se trouver quelqu'un desFrères allez altéré pour avoir be-soin de boire dans les interval-les, on accorde à chacun la li-berté de boire à fa fantaifie ;&ceux qui boivent ainsi, le font,pour ainsi dire, en cachette,c'eft-à-dire, fans les cérémonies ufi*tées.

Je nentreprendrai pas d'expri-mer le plaisir singulier ,que goû-tent les Francs-Maçons dans cet-te manière de porter des famés:eux fouis le fentent 3 Ôc ne pouc*

roient

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Francs-Maçons.93

roient pas le rendre. J'ai ouï di-re en propres termes à des En-thoufiaiks de l'Ordre, qu'à ce su-jet,le sentiment ne pouvoit rienprêter à l'expreflion.

Quoique la manière dont on*porte les santés occupe une bonnepartie du tems que les Francs-Ma-çons contactent à leurs Aflemblées,illeur en reste cependant assez pourfc procurer mutuellement des in-structions ,qui font toujours trèsfatisfaifantes , tant par • rapport auxchoses mêmes qu'on y apprend ,que par rapport à la manière dontelles font enseignées. Quand onveut former un Frère nouvellementreçu,on luifaitquelques questionsfur les Ufagcs de l'Ordre. S'ilne-fc sent pas aflez fort pour répon-dre, ilmet la main en équerrefur la poitrine, & fait une incli-nation: cela Veut dire, qu'il de*

man-

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Le Secret des94

mande grâce pour la réponse. A-lors le Vénérable s'adresse à unplus ancien , en lui disant , parexemple : Frère N. que faut -ilpour faire une Loge ? Le Frèrerépond: Vénérable, trois lafor-ment ,cinq la comp osent ,&septla rendent parfaite.

Al'égard des Maitres,on leurfait des questions bien plus relevées ;.

ou plutôt, fur une queftîon trèssimple,leMaitre interrogé répondde la façon la plus sublime. Parexemple , le Vénérable Grand-Maitre dit à un Surveillant: Frè-re, d'où venez -vous ? Celui-cirépond: Vénérable ,je viens dela Loge de Saint Jean. Le Vé-nérable reprend : Qu'y avez-vousvu, quand vous avez pu voir ?Le Surveillant répond :Vénéra-ble, fat vu trois grandes Lu-mières, le Palais Mofatque, U

<Da\s

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FRancs-JMaçons»95

T>ais parsemé d'étoiles,la Hou*pc dentelée, la Ligne perpendi-culaire, la Pierre à tracer,&c.On ne peut rien voirde mieux dé-taillé que cette réponse ,& quoi-*qu'elle ne paroifle pas absolumentbien claire,elle fatisfait infinimentles Frères qui l'entendent ,&ellecause un plaisir bien vif à toute lacompagnie. De tems en tems onfait aufli répéter les Signes de laMaçonnerie. Ceux qui les possè-dent parfaitement , les font avecune dignité qui charme les fpecfa-teurs; &ceux qui ne font pas en-core bien formés, ou qui font un

gauches dans leurs façons,' pro-curent quelquefois de l'amuferncntaux Frères ,par l'embarras qu'ilséprouvent à se perfecf ionner dansla formation des Signes. Ilferoitinutile d'entrer dans un plus long;détail des matières fur lesquelles

peu-

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96 Le Secret des

peuvent rouler les infttuttions oules conversations des Frères de laMaçonnerie ;tout est à peu prèsde la même force que ce que jeviens de rapporter.

C'est donc en-vain qu'on a vou*lu répandre fur l'Ordre des Francs-Maçons les soupçons les plus odieux ;les plaisirs qu'ils goûtentensemble n'ont rien que de très pur,& l'uniformité qui y règne n'occa-lionne jamais l'ennui,parce qu'ilssaunent tendrement les uns lesau-tres. Je conçois bien, que toutautre qu'un Franc -Maçon samu-feroit à peine de bien des choses,qui paroiffent faire les délices deleur Société: mais tout ceci eftu-œ affaire de sentiment ,fondé furl'expérience. Quand on est Franc-Maçon,tout ce qui concerne l'Or-dre affecte finguliérement l'esprit&;le eceur. Ce qui feroit inftpi-

ds

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Francs-Maçons.97

de pour un Profane, devient unplaisir très vifpour un Franc

-Ma-

çon :c'est un effet bien marquéde ce qu'on appelle une grâced'état.

Iln'y a donc rien que de trèssimple & de très innocent ,dansles conversations que les Francs-Maçons tiennent à table ; & lapureté des fentimèns qui distinguecette Société de tant d'autres, tireencore un nouvel éclat des Hymnesjoyeuses que les Frères chantententre eux,lorsqu'on a tenu tablependant quelque tems.

On fait que c'est assez souventpar les Chansons, que iecaraderede chaque Particulier se manifefte.Tel par état ,ou par respect pourson âge,ne tiendra que des difeoursconvenables ;qui,à la find'unre-pas ,l'esprit un peu échauffé par lesVapeurs d'une fève agréable, croit

G pou-

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98S ecret des

pouvoir sechaper un peu, & cô-toyer, pour ainsi dire, l'indécen-ce, s'il ne s'y livre pas totalement.C'est une maxime aflez ordinaire,Tout est permis en chantant. I<esFrancs-Maçons ne l'ont point adop-tée, Ôc leurs Chansons ,auflipu-res Ôc aufli Amples que leurs dif-eours j annoncent également lagaieté & l'innocence. Ilfera fa-cile au Lecteur d'en juger par lui-même; je donnerai à la finde cetOuvrage un Recueil assez curieuxde leurs principales Chansons.

C'est par -tout une impoliteffejlorsqu'on est à table,de parler àl'oreille de son voisin;mais com-munément, ce n'est qu'une impolitefle. C'est un crime chez lesFrancs-Maçons, qui est puni plusou moins sévèrement, à propor-tion que le Frère qui a prévariqueest plus ou moins entêté. Y0-*

'¦¦'..' se

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Francs-Maçons.99

ferverai ici, à la honte de nosFrançois ,que c'est chez eux quel'on a été obligé de faire usagepour la première fois, de la For-mule firtgulière confàcrée pourl'Exclusion d'un Franc-Maçon.

Le Vénérable ne procède pas d'a-bord à la rigueur; ilcommencepar avertir avec douceur ,& lor£que le Frère qui a manqué se ran-ge à son devoir ,iln'est condamnéqu'à une amende. J'ai dit ci-des-sus, qu'elle étoit toujours au pro-fitdes Pauvres iparce que c'a tou-jours été l'usage parmi les Francs-Maçons* On a jugé à propos^dans quelques Loges modernes ,degarder cet argent pour se régaleren commun.

Lorsque le Frère qui a été ad*monefté n'a pas égard aux remon-trances du Vénérable, on agit con-tre lui à h rigueur ,û le cas pa*

G i toit

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Le Secret des100

roit l'exiger. Le Vénérable coihfuite,ou va aux opinions ;&lors-que les avis se réunifient pour l'Ex-clusion d'un Frère, voici commeon y procède. Le Vénérable frap-pe fur la table, &dit : Al'Ordre,mes Frères. Les Surveillans frap-pent aufli,&répètent ce qu'a ditle Vénérable. Lorsque tout lemonde paroit attentif à l'Ordredonné, le Vénérable met la mainen équerre fur fa poitrine, ils'a-dreife au premier ou au fécondSurveillant, & illui dit: Frère,

pourquoi vous êtes-vous fait re-cevoir Maçon ? Celui qui est in-terrogé répond :Vénérable, c'estparce que fétois dans les ténè-bres,& que je voulois voir kjour. Le Vénérable : Commentavez-vous été reçu Maçon ? Ré-ponse : Vénérable , par troisgrands coups. Le

'Vénérable :

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Francs-Maçons, 101

Que fignifîent ces trois grandscoups ? Réponse : Frappez , onvous ouvrira -, demandez , onvous donnera-, présentez-vous ,fr l'on vous recevra. Le Véné-rable : Quand vous avez été re-çu, qu'avez -vous vu? Répon-se: Vénérable, rien que je puissecomprendre. Le Vénérable: Com-ment étiez -vous vêtu , quandvous avez été reçu en Loge ?Réponse : Vénérable , je n'etoisninud,ni vêtu etois pourtantd'une manière décente. Le Vé-nérable : Ou se tenoit le Vénéra-ble, quand vous avez été reçu?Réponse: Vénérable, à l'Orient.Le Vénérable : Pourquoi à l'O-rient ? Réponse :Vénérable ,par-ce que, comme le Soleil se lèveen Orient,leVénérable s'y tientpour ouvrir aux Ouvriers , érpour éclairer la Loge. Le Vé-

G 3 néra-

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Le Secret des102

nérable : Où se tenoient les Sur*veillans? Réponse : Vénérable,en Occident. Le Vénérable :Pour-quoi en Occident ? Réponse :Parce que , comme le Soleil ftcouche en Occident ,les Surveil*lans s'y tiennent pour payer lesOuvriers , &*pour fermer laLoge.

F /Le Vénérable prononce alors

la Sentence d'Exclusion, en di-sant : Premier & fécond Sur-veillans, Frères <& Compagnonsde cette Loge, la Loge efl fer-mée. Les Surveillans répètent lamême chose. Le Vénérable ditalors au Frère qui a manqué , quec'est par rapport à la faute qu'ila commifè, & qu'il n'a pas vou-lu réparer, qu'on a fermé la Lo-ge. Dès -là, celui qui est l'ob-jet de la réprimande, est exclusde l'Ordre; iln'est plus fait men-

tion

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Francs-Maçons. 103

tion de lui, lorsqu'on invite lesFrères pour aflifter à une Récep-tion; &on a foin en même tems

de faire avertir les autres Logesdu caractère peu sociable de ce-lui contre lequel on s'est trouvédans l'obligation de sévir ; alorsilne doit être admis nulle part,c'est un des Statuts de l'Ordre.

Au reste ,iifaut que l'obstina-tiond'un Frère soit pouflee un peuloin, pour qu'on en vienne à unetelle extrémité. Un Ordre quine respire que la douceur ,latran-

quillité &lapaix,ne permet pasqu'on prononce contre un desMembres aucun Arrêt rigoureux,fans avoir tenté auparavant tou-tes les voies poflibles de conci-liation.

Une interruption aufliaffligean-te doit altérer confldérablement leplaisir que goûtent les Frères à

G 4 chan-

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Le Secret des104

chanter les Hymnes de leur Ordre.Cependant ,comme ilest de règlede chanter dans les Assemblées or-dinaires, on reprend le fildes Chan-sons ,lorsque le calme est entière-ment rétabli. J'ai déjà dit, quel'on finiflbit par la Chanfoii desApprentifs; & j'ai fait observer,que les cDomeftiques ou Frères*Servans venoient alors se mettreen rang avec les Maitres. J'ai dé-crit au même endroit, de quellefaçon on se conduifoit dans cette

dernière cérémonie; ainsi je meCrois dispense d'en parler ici da-vantage. Je pourrai quelque jourentrer dans un plus grand détail,lorsque je donnerai une Hifloirecomplette de cet Ordre. On yverra son origine, ses progrès ,sesvariations : peut-être aufli que cequi se pafle -aujourd'hui, me four-nira l'Histoire de fa décadence &

de là ruine. Cet

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Francs-Maçons,105

Cet Ordre , quoique parvenuchez les François , auroit pu s'yconserver dans toute fa dignité ,fil'on eût apporté plus d'attention&.de discernement dans le choixque l'on a fait de ceux qui deman-doient à y être admis. Je ne dis pasqu'il eût faiu exiger de la naiflan-ce, ou des talens supérieurs : ilauroit fuifide s'attacher principa-lement à l'éducation , & aux fen-timèns; en un mot, aux qualitésde l'esprit &du cœur. On n'au-roit pas multiplié à. l'infiniune So-ciété, qui ne se soutiendra jamaisque par le mérite marqué de sesMembres.

Je ne fuis point de l'opinion deceux qui croyent que les fenti-mèns, ou les mœurs, appartien-nent à un Quartier plutôt qu'à unautre. On pense actuellementaufli bien au Marais qu'au Faux-

G f bourg

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106Le Secret des

bourg Saint Germain, & bientôton y parlera la même Langue, &on y aura les manières aufli no-bles. J'observerai cependant à l'é-gard des Francs -Maçons, que cepréjugé de mérite local pourroit a-voir quelque lieu.

L'époque de leur décadence peutse rapporter au tems où cette So-ciété s'est étendue vers larue SaintDenis: c'est là qu'en arrivant elles'est fèntie frappée d'influences ma-lignes, qui ont altéré d'abord larégularité de ses traits, & l'ontensuite entièrement défigurée parle commerce de la rue des Lom-bards. Je laisse aux véritables «5czélés Francs-Maçons le foinde faireentendre clairement ce que je disici; ils y font intéressés.

Ce qui est certain, c'est que,par une trop grande facilité, on a

admis àlaDignitéde Compagnons

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Franc s-Maçon s.107

&de Maitres , des gens qui dansdes Loges bien réglées n'auroientpas eu les qualités requises pour ê-tre Frères-Servans. On a été plusloin: la religion du Grand-Maitrea été surprise au point de lui faireaccorder des Patentes de Maitresde Loge, à des personnes incapa-bles de commander dans la plusvile Classe des Profanes. Alors,pour la première fois, la Maçon-nerie étonnée a vu avec horreurs'introduire dans son sein le nié-prifable Intérêt, & l'lndécencegroflière.

Lorsque des gens de certaine é-*toffe font curieux de faire une So-ciété, que ne cherchent rils dansleur Espece de quoi la former?

Le sage Anglois, chez qui laMaçonnerie a pris naiflance, nousfournit des exemples de quantitéde Sociétés, aufli différentes en-

tre

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108 Le Secret des

tre elles, qu'il y a de différentesClasses de Sujets dans un Etats&ce qu'il y a de remarquable, à lahonte de certains François intrusdans la Maçonnerie ,c'est que lesSociétés même du plus bas étageobservent toujours à leur façon laplus exacfe décence. Ily a entreautres à Londres une Société qu'onappelle la Cotterie de deux fols,ainsi nommée , parce que chaqueAssocié met deux fols fur la tableen entrant dans l'Assemblée. Cet-te Confrérie n'est composée qued'Artisans très grofliers, parmi les-quels on n'a jamais entendu direqu'il se soit rien passé de contraireau bon Ordre. La Vertu les unit;elle est véritablement un peu gros-flère, mais c'est la Vertu de leurétat. Ces Aflbciés ont des Statutsassez conformes à leur groflièreté.Je ne citerai pour exemple que le

IV.

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Franc s -Maçon si 109

1

IV.Article de leur Règlement, quiest conçu en ces termes: Si quel-qu'un jure, ou dit des paroleschoquantes à un autre, son voi-*fin peut lui donner un coup depied fur les os des jambes (a).Cette façon singulière d'avertir sonvoisin me paroit allez expreflive.Ce qui 'est admirable , c'est quelorsqu'on en a fait usage, il n'enest jamais résulté aucun desordre 5au contraire , celui qui est averti decette manière ne s'en fâche point,ilse tient pour bien averti,Ôc ilse corrige.

On auroit pu de même formerà Paris des Sociétés convenables augénie &aux manières de quantitéde Patticuliers (Jf),qui ne font

(a) Ceci est tiré du Spe&ateur.(£) Ceux qui connoiffentun peu lesHa*

bitans de certains Quartiers Marchands;font

point

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Le Secret des110

point faits pour pratiquer des per-sonnes qui penfènt* On leur au-roit donné des Réglemens à leurportée. Celui que je viens de ci-ter auroit pu y figurer d'autantmieux, qu'ils y font accoutumés:comme dans leurs quarts

-d'heures

d'enjouement ,ou lorsque la yen»

te ne donne pas >ils se livrent vo-lontiers à ce noble exercice , ilsauroient pu s'en fetvir aufli pours'avertir charitablement de leursfautes.

Le Très -Vénérable qui est au-jourd'hui à la tête de l'Ordre, va $

dit-on, travailler efficacement àé-carter de la Confrérie Maçonne

font aflèz au fait des façons Crigulières aveclesquelles ces Meilleurs s'abordent récipro-quement. A la rudeûe de leurs gefc.es &àla grossièreté de leurs difeours, ilsemblequ'ils disputent continuellement ensembled'impolitesse.

tout

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£rancs-Maçons, 111

tout ce qui nest pas digne d'elle/Ce grand ouvrage 'avoit été pro-jette par son illustre Prédéceffeur 5

qu'une mort prématurée vientd'enlever au Monde Ôc à la Ma-çonnerie.

On a remarqué jque lesFrancs-Maçons Parisiens n'ont pas eu l'at-tention de faire faire un Servicepour le repos de l'Ame de ce der-nier Grand-Maitre. Les uns ontcru, que par un privilège ipécial 9

un véritable Maçon , &àplus for-te raison, celui qui est revêtu del'auguste Dignité de Très-Vénéra-ble, prenoit en quittant ce Mon*de un libre eflbr vers le Ciel, fansappréhender aucun écart fur laroute.

D'autres ont imaginé, quenre^cevant des Anglois l'Ordre Franc-Maçon, les Afîbciés avoient peut-être hérité en même tems du peu

de

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112Le Secret Ôcc.

de goût que cette Nation paroît a<voir pour le Purgatoire.

Quelle que puisse être la raisonqui a fait omettre ce Service, lesFrancs- Maçons Normands ont agitout autrement: ils ont ordonnéune Pompe funèbre dans l'Eglisedes Jacobins de Rouen, ilsen ontfait les honneurs ,l'invitation a étésolennelle, & les Frères des septLoges de Rouen s'y font transpor-tés vêtus de deuil * ilsont observé,autant que la circonstance le leura permis , les cérémonies de leurOrdre , en ordonnant qu'on mar-cheroit trois à trois à laPompe fu-nèbre. Cela a été ponctuellementexécuté ,à l'honneur de la Maçon-nerie, &à l'édification de tous lesFidèles Normands.

F IN.

SUP-

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H

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RECEPTIONDU

MAITRE,'Apprentis- Compagnonqui veut fo faire rece-voir Maitreidoit s'a-drefler à quelque Maitre

déjà reçu; de la même manière;qu'un Profane qui Veut devenir;Franc -Maçon, est obligé de s'a»dresser à quelqu'un des Frères^ pourse faire proposer. La propositiondu Maitre,&la réponse de laLo-ge, se font avec les mêmes céré-monies qui fo pratiquent £ Pé*

H % gard*-*

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116 S.EC EPT IO N

Gard des Profanes ;c'est-à-dire _que fur le témoignage du .Pro*-pofant, le Postulant est accepté^& qu'on lui fixe un jour pour faRéception , qui se fait de la ma-nière suivante.

Le Récipiendaire n'a ni les yeuxbandés, ni le genou découvert, niun soulier en pantoufle, & l'onn'observe point non plus qu'il soitdépourvu de tous métaux , ainsiqu'on le fait à la Réception del'Apprentif - Compagnon. Ilesthabillé comme bon lui semble,excepté qu'il est fans épée, &qu'ilporte son Tablier en Compa-gnon (a). Ilnfe tient feulementà la porte en dehors de la Lo-ge, jusqu'à ce que le fécond Sur-

;Yeil-

. .(a) Le Compagnon attache la. bavettede son Tablier à son habit, le Maitre b

"laisse tomber fur le Tablier.

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PLAN DE LA LOGE

POUR LARECEPTION D'UN MAITRE,

Tel qu'il a été publié h Paris, mais mexatt.

A.Place du Grand-Maitre.*• «ea d-Orien*.

C. placî de l'Orateur. M-D. Place du premier Surveillant N.Branche d Acaoa.

E. Place du fécond Surveillant. g. Comna s. .F G H Places destroisFrèresaurou- P. Ancien Motce Maître."

kau de papier, Q- Ennerre.

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du Maître,117

veillant le fafte entrer; «5c on luidonne pour compagnie un FrèreApprentis -

Compagnon- Maitre ,que son nomme en ce cas leFrère terrible, qui est celui quiJe doit proposer ,Ôç remettre en-tre les mains du fécond Surveil-lant. On ne permet point à ceuxqui ne font qu*Apprentifs -Com-pagnons ,d'aflifter à la Réceptiondes Maitres.

Dans la chambre où se fait cet-te cérémonie ,on trace furle plan-cher la Loge du Maitre,qui estla formé 4un Cercueil entouré delarmes (a). Sur l'un des boutsdu Cercueil , on destiné uneTête de mort; fur l'autre, deuxOs en sautoir s & l'on écrit au

(a) Voyez le Véritable Dessein de l&Lo^e du Maitre.

H 3

mi"

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118 8 Rëeëfe t io h

milieu Jehova, ancien Mot duMaitre. Devant le Cercueil, ontrace un Compas ouvert; à l'au-tre bout ,une Equerre ;«5t à maindroite ,une Montagne ,fur le som-met de laquelle est une branched'Acacia ;& son marque , com-me fur la Loge de FApprentis -Compagnon _ les quatre Pointscardinaux. On illumine ce Des-sein de neuf bougies , savoir troisà l'Orient, trois au Midi,Ôc troisà l'Occident : «5c autour l'on poftêtrois Frères, l'un au Septentrion)fautre au Midi, «5c le troisiemeà l'Orient , qui tiennent chacunUllROUleaU de papier ,OU de quel--gue autre matière flexible, Cachéfbus l'habit.

Après quoi le Grand-Maitrede la Loge , que l'on nommepout-lors Très-RefpecHabié ,prendfa place ,& se met devant une

efpè-

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du Maître,119

efpece de petit Autel qui est àl'Orient, fur lequel est le Livrede l'Evangile, «5c un petit Mail-*let. Le premier «5c le fécond Sur*yeillans, qu'on appelle alors Vé-nérables , fo tiennent à l'Occi»dent, debout vis-à-vis du Grand-Maitre, aux deux coins de la Lo-ge. Les autres Officiers,qui con-fident en un Orateur ,un Secré-taire,un Trésorier , «5c un autre;

qui est pour faire faire silence, foplacent indifféremment autour dela Loge, avec les autres Frères. Iiy en a un feulement ,qui se tientà la porte en dedans de la Loge 9

&qui fait sentinelle,une épée nueà chaque main, l'une la pointe enhaut, &l'autre la pointe en bas:çelle-çi, qu'il tient de lamain gau-che, est pour donner au fécondSurveillant, quand ilfait entrer foRécipiendaire*

H 4 Tout

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Réception120

Tout le monde ainsi placé ,leGrand-Maitrefait le signe de Maî-tre, qui est de porter la maindroite au dessus de' la tête, lerevers tourné du côté du front,les quatre doigts étendus «5c fer-rés, le pouce écarté, & de laporter ainsi dans le creux de l'es-tomac. Ensuite ildit: Mes Frè-res,aidez-moi à ouvrir la Lo-ge. A quoi le premier Surveil-lant répond: Allons, mes Frè-res ,à l'Ordre. Aussi-tôt ils fonttous le signe de Maitre, «5c res-tent dans la dernière attitude dece signe , tout le tems que leGrand -

Maitre fait alternative-ment quelques questions du Ca-téchisme qui fuit, au premier &au fécond Surveillans, «5c jusqu'à?ce qu'il dise enfin: Mes Frères,la Loge est ouverte.

Alors on se remet dans l'attitu-de.

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du Maître. 121

de que l'onveut, &le Frère ter-*rible frappe à la porte trois foistrois coups (a). Le Grand-Mai-tre lui répond en frappant de mê-me, avec son petit maillet, troisfois trois coups fur l'Autel qui estdevant lui. Ensuite le fécond Sur-veillant fait le signe de Maitre,&faifant une profonde inclination auGrand -Maitre,iiva ouvrir lapor-te, «5c demande à celui qui a frap-pé :Que souhaitez-vous ,Frère ?L'autre répond :C'efl un Appren*tif-Compagnon* Maçon,qui desi-re d'être reçu Maitre. Le fécondSurveillant reprend :A-i-ilfaitson

tems?

(a) On frappe d'abord deux petits coups,près à près ;mais on laisse un peu plusd'intervalle entre le fécond &le troisieme,que l'on frappe aussi plus fort. Cela se ré-pète trois fois. La même gradation de for-ce &de vîteffe sobferve aussi à table, lors-qu'on frappe des mains après avoir bu.

H y

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RECEPTION122

¦.:•

tems ? son Maitre est-il contentde lui? Oui, Vénérable , ré-pond le Frère terrible, Après ce-la, le Surveillant ferme la porte,vient se remettre à fa place, enfaifant le signe de Maitre «5c la ré-vérence ;puis ildit,en s'adressantau Grand-Maitre :Très-RefpecJa-ble, c'est un Apprenti}^-Compa-gnon quidesire d'être reçu Maitre,A-t-ilfaitson tems ? son Maî-tre est-il content de lui? l'en ju-gez - vous digne ? demande leGrand-Maitre. Oui, Très-Refpe fiable, répond le fécond Sur-veillant. Faites -le donc entrer,reprend le Grand-Maitre. A cesmots, le fécond Surveillant, aprèsavoir fait encore le même signe &l'inclination qu'il a déjà faite deuxfois, va demander au Frère quifait sentinelle ,l'épée qu'il tient4e la main gauche, la prend aufli

de

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du Maître,123

de la même main, & de ladroiteouvre brusquement la porte, enprésentant la pointe de lon épéeau Récipiendaire, à qui ildit enmême tems de la prendre par cebout-là, de la main droite, de lapolèr fur fa mammelle gauche ,5cde la tenir ainsi jusqu'à ce qu'onlui dise de loter. Cela fait, ille prend de la main droite parl'autre main, & le fait entrer decette façon dans la chambre de Ré-ception,lui fait faire trois fois Ça)le tour de la Loge,(le dos tournéVers le milieu de la Loge, où estla figure du Cercueil,) en com-mençant par l'Occident , toujoursdans la même attitude , àla réser-ve que chaque fois qu'ils passentdevant le Grand-Maitre , le Réci-

(a) Neufpis, dans quelques Loges ;&d'autres, unefiit»

pfen*

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Réception124

piendaire quitte la pointe de l'épée«5c la main de son Conducteur, &fait,en s'inclinant , le signe dçCompagnon. Le Grand-MaitreÔc tous les autres Frères lui répon-dent par le signe de Maitre: aprèsquoi, le fécond Surveillant & leRécipiendaire se remettent dansleur première poflure , «5c conti-nuent leur route, en faifant tou-jours la même cérémonie à cha-que tour.

lifaut observer ici, qu'avantque d'introduire le Récipiendairedans la Loge,leGrand-Maitre or-donne au dernier- reçu des Maitres,de s'étendre par terre fur la figuredu Cercueil dont j'aiparlé, le vi-sage en-haut, le bras gauche étendule long de la cuisse , le droit pliéfur la poitrine de façon que lamaintouche l'endroit du cœur, cettemême main couverte du tablier,

que

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DU MAITR Ei 125que l'on relève pour cela,«5c levisage couvert du Linge teint desang , dont je parlerai tout àl'heure.

Le dernier tour achevé , le Ré-cipiendaire fo trouve vis-à-vis duGrand

-Maitre, «5c entre les deux

Surveillans. Alors le Grand-Mai-tre s'avance vers le Frère qui estétendu par terre, «5c le relève a-vec les mêmes cérémonies qu'ilemployé pour relever leRécipien-daire, &que l'on verra dans la fuite.Cela fait,le fécond Surveillant re-met l'épée à celui à qui ill'avoitprise , «5c frappe trois fois troiscoups fur l'épaule du premier Sur-veillant, en passant là main parderrière le Récipiendaire. Alorsle premier Surveillant luideman-de :Que souhaitez

-vous , ,Vé-

nérable ? Ilrépond : C'/ft,4i&Apprentis- Compagnon -Maçon^

qus

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126 Réception

qui desire d'être reçu Maitre.A-t-ilservi fin tems ? reprendle premier Surveillant. Oui Vé-nérable j réplique le fécond. A*près cela, le premier Surveillantfait le signe de Maitre, «5c dit auGrand

- Maitre : Très-Refpetla-

ble, c'est un Apprentis-Compa-gnon, quidesire d'être reçu Mai-tre. Faites-le marcher en Mautre % ifme leprésent ez â répondle Très h Refpedable. Alors lépremier Surveillant lui fait fairela double Equerre > qui est demettre les deux talons l'un con--tre l'autre , «5c les deux pointesdu pied en dehors ,de façon qu'ilstouchent les bouts de l'Equerrequi est ttacée dans la Loge deMaitre. Ensuite, illui montréla marche de Maitre, qui est defaire le chemin qu'il y a de l'E-querre au Compas, en trois grands

pas

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du Maître, 127pas égaux , faits un peu en trian-gle; c'est-à-dire, qu'en partant defEquerre, ilporte le pied droiten avant un peu vers le Midi5le gauche, en tirant un peu ducôté du Septentrion; «5c pour ledernier pas, iiporte le pied droità la pointe du Compas qui estdu côté du Midi, fait suivre legauche, & assemble les deux ta-lons de façon que cela forme a-vec le Compas encore une dou*ble Equerre. Ilest necelfaire dob-server, qu'à chaque pas qu'il fait,les trois Frères dont j'ai parlé, quitiennent un rouleau de papier, luien donnent chacun un coup furles épaules, lorsqu'il pafle auprèsd'eux.

Ces trois pas faits,le Récipien-daire se trouve parconféquent toutauprès &vis-à-vis du Grand-Mai-tre, qui pour-lors prend son petit

mail-

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128 REC E P T ION

maillet > endifant au "Récipiendai-re : Promettez -

vous^ fous lamême obligation que vous avezcontractée en vous faifant rece*voir Apprentis -Compagnon , degarder le Secret des Maitres en-vers les Compagnons , commevous avez garde celui des Com-

pagnons envers les Profanes $ &de prendre le parti des Maitrescontre les Compagnons rebelles ?Oui;Très-Re/peélable,dit le Réci-piendaire. Moyennant quoi, leGrand-Maitre luidonne trois pe-tits coups de son maillet fur lefront; & si- tôt que :le troisiemecoup efldonné, les. deux Survcil->hns ,qui le tiennent à bralfc-corps,le jettent en arrière tout étendufur la forme .du Cercueil, qui esttracé; fur le plancher r aussi-tôt unautre Frère vient, & lui;met furk visage un Linge, -qui femble ê*

tre

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du Maître. 129

¦tre teint de sang dans plusieurs en-droits. Cette cérémonie faite, lepremier Surveillant frappe troiscoups dans fa main, & auiît- tôttous les Frères tirent l'épée, &-**-*présentent la pointe au corps duRécipiendaire. Us restent tous uninstant dans cette attitude. LeSurveillant frappe encore trois au-tres coups dans fa main : tous lesFrères alors remettent l'épée dansle fourreau, &leGrand-Maitre s'ap-proche du Récipiendaire ,le prendpar ïfndex (ou le premier doigt}de la main droite, le pouce ap-puyé fur la première &grosse join-ture, fait fomblant de faire un ef-fort comme pour le relever ,&lelaissant échaper volontairement englissant les doigts -, ildit:Jakin.Après quoi , ille prend encore dela même façon par le fécond doigt,& le laufant échaper comme le

ï pre*

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Réception130premier, ildit :Bôaz. Ensuiteille prend par le poignet , en luiappuyant les quatre doigts écartés,à demi- plies en forme de ferre,fur la jointure du poignet ,au def-fos .de J là pauméj de la main,,fori;pouce passé' entré le pouce &l'lndex dii Récipiendaire, Ôc luidonfle par -là l'attouchement' deMaitrei En lui tenant ainsi tou-jours 'la main ferrée , il lui ditde retirer fa' jambe droite vers iecorps , &de la plier de façoncjûe le pied !puisse porter à platfur fo.plancher ;- c'est -à -

dire,quelé genou 1& le pied soient en ligneperpendiculaire :y¦'¦ autant quiljestpdîîiblé 'y- & luï dit de tenir leJcbr^s étendu y ferme, & eomnie-roidéi :En rriênie tems le Grànd-Maïtre approche fa jambe droitede celle du Récipiendaire, de ma-nière que lededans du genou de'• l'un

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Page 168: Derivative

du Maître 131l'un touche au dedans du genoude l'autre; &ensuite illuidit deluipaflfer la main gauche par def-fusle cou; & le Grand-Maitre,quienfe baissant passe auftifamaingauche par rdeffus le cou du- Ré-cipiendaire, le rélève à finftant,

Éfejoignant à luipied contre

t, genou contre genou, poi-e contre poitrine, joue contre

joue; Ôc lui dit alors, partie à u-*ne oreille, & partie à l'autre,Mac- benne ;qui est lé'Mot deMaitre.

Alors on lui"ote de delfus latête, le Linge teint de sang; ÔCle Grand-Maitre lui dit en mé-moire de qui on a fait toute cette

cérémonie , & l'instruit des Mys-tères de la Maitrise, qu'on a vusci-dessus ,& qui font le Signe*l'Attouchement ;&le Mot. Mo-yennant cela, on lereconnoit par-

I% mi

Page 169: Derivative

Réception132nii les Maçons, pour un Frère quia passé par tous les grades de laMaçonnerie, Ôc qui n'a rien à de-sirer que de savoir parfaitement leCatéchisme, que je donnerai aprèsavoir rapporté l'Hiftoite d'Hiram.

ABRE-

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du Maître. 133Wk--&**l*&*W(F

/

A B RE G EDE L'HISTOIRE

DE HIRAM,

ADONÎRA M,o u

A D O R A.M,Architecte du Temple

DE SALOMON.

PO vr comprendre le rapportqu'il y a entre cette Histoire,

ce la Société des Francs -Maçons ,ilfaut savoir que leur Loge repré-

Iz fcn~

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Réception134fente le Temple de Salomon ,Ôcqu'ils donnent le nom d'Hiram àrArchitcde que ce Prince choisitpour la conftru&fon de ce fameuxédifice.

Quelques-uns prétendent que cet

Hiram étoit Roi de Tyr;&d'au-tres, que c'étoit un célèbre Ou-vrier en métaux, que Salomon a-voit fait venir des Pays étrangers,&qui fîtles deux Colonnes d'airainqu'on voyoit à la porte du Tem-ple , l'une appellée Jachin, &l'autre Boaz.

L'Auteur du Secret des Francs-Maçons a raison de dire qu'il nes'agit point d'Hiram Roi de Tyr,chez les Francs -Maçons. Mais iine s'agit point non plus, commeille prétend , de cet Hiram ad-mirable Ouvrier en métaux , queSalomon avoit fait venir de Tyr,Ôc qui fit les deux Colonnes de

bron-

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du Maître.135

bronze (*). Quel rapport pour-roit avoir un Ouvrier en métaux ,avec la Confrérie des Francs -Ma-çons? Ilme semble que la qualitéqu'ils prennent de Maçons ,le Ta-blier de peau blanche, la Truellequ'ils portent, & tous les autresinftrumens allégoriques dont ils fodécorent en Loge, n'ont rien decommun avec les Orfèvres, lesSerruriers , les Fondeurs, ni lesChaudronniers. Mais, outre qu'iln'est point vraisemblable qu'il s'a-giife parmi eux, d'Hiram Roi deTyr,non plus que d'Hiram Ou-vrier en métaux ;ils conviennenttous que c'est en mémoire de l'Ar-chitecte du Temple de Salomon ,qu'ils font toutes leurs cérémonies,&principalement celles qu'ils ob-

('*) Joseph appelle cet Ouvrier Cbiram

14

fer-

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136

Recep»tion

fervent à la Réception des Maitres.Après cela, comment peut on s'yméprendre ,puisque l'Ecriture nousapprend que celui qui conduifoitles travaux pour la conftrucfion duTemple de Salomon , s'appelloitAdoniram? llest vrai quejofeph,dans son Histoire des Juifs , ditqu'il se nommoit Adoram: maiscette différence ne doit pas le fai-re confondre avec Hiram Roi deTyr, ni avec Hiram Ouvrier enmétaux. Iln'est donc pas dou-teux, que celui dont les Francs

-Maçons honorent la mémoire,s'appelloit Adoniram ou Adoram^& que c'est à luià qui ils préten-dent qu'est arrivée l'Avanture tra-

gique, dont jevais faire le récit.On ne trouve aucuns vestiges

de ce trair d'Histoire dans l'Ecritu-re, ni dans jofeph. Les Francs

-Maçons prétendent qu'elle a été

put-

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d v Ma itre. 137puisée dans- le Thalmud ;maiscomme je crois qu'il est fortindif-férent de savoir d'où elle peut êtretirée, je n'ai pas fait de grandesrecherches pour m'en alfurer. Jeme fonde uniquement fur la Tra-dition reçue parmi les Francs-Ma-çons ,& je la rapporte fidèlement,comme ils la racontent tous.

Adoniram, Adoram, ou Hi-ram, à qui Salomon avoit donnél'intendance &la conduite des tra-

vaux de son Temple , avoit un (i

grand nombre d'Ouvriers à payer,qu'il ne pouvoit les connoitre tous;

& pour ne pas risquer de payerPApprentif comme leCompagnon,&le Compagnon comme le Mai-tre, ilconvint avec chacun d'euxen particulier , de Mots, de Si*gnes Ôc d'Attouchemens différens,pour les distinguer.

Le Mot de ïApprentis étoit

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138

RECEB î IO N

Jachin, nom d'une des deux Co-lonnes d'airain qui étoient à laporte du Temple , auprès de la-quelle ils s'affembloient pour rece-voir leur salaire. Leur Signe étoitde porter la main droite fur l'épau-le gauche, de la retirer fur lamê-me ligne du coté droit, & de lalaisser retomber fur la cuisse : letout en trois tems, Leur Attou-chement étoit d'appuyer le poucedroit fur .la première & grossejointure de l'lndex de la maindroite de celui à qui ils vouloientse faire connoitre.

Le Mot des Compagnons étoitBoaz :on appelloit ainsi l'autreColonne d'airain qui étoit à lapor-te du Temple, où ilss'affembloientaufli pour recevoir leur salaire,Leur Signe étoit de porter la maindroite fur la mammelle gauche,les quatre doigts ferrés & éten-

dus,

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du Maître,139

dus , &le pouce écarté. LeurAttouchement étoit le même quecelui des Apprentifs , exceptéqu'ils le faifoient fur le féconddoigt, & les Apprentifs fur lepremier.

Le Maitre n'avoit qu'un Mot»pour se faire diftihguer d'avec ceuxdont je viens de parler, qui étoitJehova _ mais ilfut changé aprèsla mort d'Adoniram, dont je vaisfaire l'histoire.

Trois Compagnons , pour tâ-cher d'avoir la paye de Maitre,ré-solurent de demander le Mot deMaitre à Adoniram , lorsqu'ilspourroient le rencontrer seul ;oude l'arfafîiner, s'il ne vouloit pasle leur dire. Pour cet effet, ils secachèrent dans le Temple, où ilsfavoient qu'Adoniram alloit seultous les soirs faire la ronde. Ilsse poftérent, l'un au Midi, l'au-

tre

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140 RECEPTION

tre au Septentrion, Ôc le troisie-me à l'Orient. Adoniram étantentré, comme à l'ordinaire , parJa porte de l'Occident ,&voulantsortir par celle du Midi, un destrois Compagnons luidemanda leMot de Maitre, en levant fur luile bâton, ou le marteau, qu'il tc-

noit à la main. Adoniram luidit,qu'il n'avoit pas reçu le Mot deMaitre de cette façon-là. Auiïï-tôt, le Compagnon lui porta furlatête un coup de son bâton ,ou deson marteau. Le coup n'aiant pasété assez violent pour jetter Ado-niram par terre, iise sauva ducô-té de la porte du Septentrion, oùiltrouva le fécond, qui lui en litautant. Cependant, comme cefécond coup ne l'avoit pas enco-re terrassé, ilfut pour sortir parla porte de l'Orient : mais ilytrouva le dernier, qui après lui

avoir

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du Maître. 141avoir fait la même demande queks deux premiers , acheva de l'assommer. Après quoi, ils se re-joignirent tous les trois pour l'en-terrer. Mais comme il faifoitencore jour ,ils n'oférent transporter le corps fur le champ :ils se contentèrent de le cacherfous un tas de pierres; & quandla nuit fut venue , ils le transportèrent fur une Montagne, oùils l'enterrèrent; & afin de pou-voir reconnoitre l'endroit , ilscoupèrent une branche d'un A-cacia qui étoit auprès d'eux ,& la plantèrent fur la foffe.

Salomon aiant été sept Joursfans voir Adoniram, ordonna àneuf Maitres de le chercher $ &pour cet effet, d'aller d'abord fomettre trois à chaque porte duTemple , pour tâcher de savoir cequ'il étoit devenu. Ces neuf Mai-

Tres

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Re cept î o il142très exécutèrent fidèlement les or-dres de Salomon; & après avoircherché longtems aux environs,fans avoir appris aucune nouvelled'Adoniram, trois d'entre eux,qui se trouvèrent un peu fatigués,furent juftenient pour se réposerauprès de l'endroit où ilétoit en-terré. L'un des trois,pour s'as-seoir plus aisément , prit la bran-che d'Acacia , qui lui resta àlamain ;ce qui leur fit remarquerque laterre en cet endroit avoit étéremuée nouvellement ;&voulantcil savoir la cause , ils se mirent àfouiller, &; trouvèrent le corpsd'Adonirarm Alors ils firent signeaux autres de venir vers eux, &aiant tous reconnu leur Maitre,ils fo doutèrent que ce pouvoit ê-tre quelques Compagnons :qui a-voient fait ce coup- là,'en voulantîe forcer de leur donner; le Mot

de

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DU MAïTRE. ï-4 143

de Maitre;Ôc dans là crainte qu'ilsne 1euflent tiré de lui, ils résolu-rent d'abord de le changer, & deprendre ile premier mot qu'und'entre. eux pourroit dire en déter-rant de cadavre. Ily en eut unqui le prit par un doigt :mais lapeau se détacha, &lui resta dansla main. Xc fécond Maitre le pritfur le champ par un autre doigt,qui en fit tout autant. ¦. Le troi-sieme le prit par le poignet, delàmême manière que leGrand-Mai-tre îaifît le poignet du Compa^gnon y >dans la cérémonie de laRéception, qui a été décrite ci-deffus jiapeâufe sépara encore ;furquoiils'écria, Macbenac, qui figni-fie, félonies Francs-Maçons, lachaïr quitte les os, ou, le corps estcorrompu. Aufli-tôtils convinrentensemble, que ce feroit-làdoréna-vant le Mot de Maitre. Ils allè-

rent

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Réception144

rent fur le champ rendre comptede cette avanture à Salomon ,quien fut fort touché ;& pour don-ner des marques de l'estime qu'ilavoit eue pour Adoniram,ilor-donna à tous les Maitres de l'allerexhumer, & de le transporter dansle Temple ,où ille fitenterrer engrande pompe. Pendant la céré-monie, tous les Maitres portoientdes tabliers & des gands de peauhlanche, pour marquer qu'aucund'eux n'avoit fouillé ses mains dusang de leur Chef.

Telle est l'Histoire d'Hiram, quele Grand-Maitre raconte au Réci-piendaire, le jour de faRéception.Comme ce n'est qu'une fiction,&qu'on n'en trouve pas la> moindretrace dans l'Histoire Sacrée niPro-fane, ilne faut pas être furpris filesFrancs -Maçons ne s'accordent pastoujours fur le nom de cet Archi-

tecte,

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du Maître.145

tecte, ni fur les circonstances de famort. Par exemple : j'aidit que lestrois Compagnons plantèrent unebranche d'Acacia fur la foife d'Hi-ram;mais d'autres prétendent quecette branche futplantée par lesMai-tres qui cherchoient lecorps }afindepouvoir reconnoitre l'endroit oùils l'avoient trouvé. Quelques-unsprétendent auflî, que les Maitresexhumèrent le corps d'Hiram, a-vant que d'aller rendre compte àSalomon de leur avanture : au-lieuque j'ai dit que ce fut ce Princequi fit déterrer le cadavre. Ilyena encore qui soutiennent que lepremier coup que reçut Hiram,futun coup de Brique;le fécond, uncoup dePierre cubique; &le troi-sieme, un coup de Marteau. En-fin, il y en a qui disent que cefut Salomon qui s'avisa de chan-ger le Mot de Maitre;au-lieu que

X d'au-

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146

Re c e p tio n &c.

d'autres prétendent que les Mai-£res firent ce changement fans leconsulter. En un mot, dans tou-

tes les Loges que j'ai vues, j'aitrouvé quelque différence ;maispar rapport aux particularités feule-ment,& non quant à l'effenticl.La manière dont j'airaconté cetteHifloire, est conforme à l'opinionla plus communément reçue.

CA*

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147

tà'&^fà***&tâf?wp&i%%

CATECHISMEDES

FRANCS-MA CONS,S

Qîù contient les principales T)e*

mandes & Réponses qu'ils sefont entre eux pour se recon-naître, tant Apprentifs, queCompagnons &*Maitres. Ona feulement distingue les Ré-ponses quine conviennent qu'auMaitre seul, en mettant à latête, R. du Maitre;

2). in*Tes-vous Maçon?R. Jj^Mes Frères &.Gotnpa*

nous me- teconnoiffont'pouEtel.

X a Cefè

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148 Catéchisme des

C'est ainsi que l'on répond, quand hquestion se fait à l'oreille -, ou tête à tête :mais lorsqu'elle se fait tout haut ,en pré-sence des Profanes, on se contente de ré-pondre,Je fais gloire de l'être j ÔC l'autreréplique ,Et moi,je fuis ravi de vous cou*

noitre.

HD. Pourquoi vous êtes -vous faitMaçon ?

R. Parce que j'étois dans les té-nèbres, Ôc que j'aivoulu voirla lumière.

_T>. Quand on vous a fait voir lalumière, qu'avez- vous apper-çu?

R. Trois grandes Lumières.ÎD. Que fignifieut ces trois grandes

Lumières ?R. Le Soleil,laLune, &leGrand^

Maitre de la Loge.jD. A quoi connoit-011 un Ma-

çon?R. Au Signe , à l'Attouchement,

& au Mot.Quel-

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Francs-Maçons. 14^Quelques-uns ajoutent, <&, aux çircon-

ftances de ma Réception. .. . . , \

s). Dites -moi k Mot de l'Ap-prentif.

R. Dites- moi la première Lettre,je vous dirai la féconde,

<Z) J.R. A.2). K.R. I.2). N.R. Ja.2). Kin.R. jakin.

Ils prononcent le mot Jakin, ou Tuaaprès l'autre,ou tous deux ensemble. Levrai nom est Jachin, mais les Francs-Maçons disent communément Jakin.2). Que veut dire lemot Jakin ?R. C'est le nom d'une des deux

Colonnes d'airain qui étoientà la porte du Temple de Sa-lomon, auprès de laquelle

X 3 s'afr

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Catéchisme des150

»

s'affembloient les Apprentifspour recevoir leur fâiaire.

ÎP, Etes- vous Compagnon?R. Oui, je le fuis.2>. Dites-moi le Mot du Çompa*

gîïon.R. Dites-moi la première Lettré,

je vous dirai la féconde." .ID. B.

0Ou lSrn après l'autre ,pu tous deux en-semble. Boat est le vrai nom, & le plustrfité parmi les-JFfères. :jJl,y en .a pourtantqui c\ifent Boâz }<$c d'autres f,i<?z.

tV. Que lignifie:1e mot Boaz ?R. .C'eft; ri©"nom de l;autre Co-

lonne, d'airain qui étoit à laporte

R. O.fD. A.J\. __J.

<D. 80.R. Az.<D. Boaz.R. Boaz.

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Francs-Maçons,151

porte du Temple , 5c auprèsde laquelle s'aflembloient lesCompagnons pour recevoirleur îàlaire.

2). Quelle hauteur avoient cesdeux Colonnes?

R. Dix-huit coudées.2). Combien avoient

-elles de

tour?R. Douze coudées.2). Combien a voient-elles d'épais-

seur?R. Quatre doigts.2). Où avez-vous été reçu ?R. Dans une Loge réglée &par-

faite.2). Comment s'appelle cette Lo-

n§e?

R. La Loge de S. Jean.Ilfaut toujours répondre ainsi, lorsqu'on

vous catéehife ,parce que c'est le nom detoutes les Loges. Mais quand des Frèresqu; se connoilfent , s'entretiennent enfem-bie, ils distinguent les différentes Loges

X 4 d'une

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Catéchisme des152

dîme même* Ville, par le nom du Maitre. .

iD. Où est-elle iîtuôe ?R. Dans la Vallée dejofaphaten

Terre-Sainte.D'autres répondent : Au sommet d'une

grande Mo?itagne ,<&> au fond d'une gran-de Vallée, ou jamais Coq n'a chanté\Fem-me na babillé, Lion n'a rugij en un mot,ou tout efi tranquille, comme dans la Val-lée ds Jofapfoat. Expre fiions figurées ,pour marquer la concorde & la paix quirégnent dans les Assemblées Maçonnes, &le foin que l'on prend d'en exclurre lesFemmes.<D. Sur quoi est-elle fondée ?R. Sur trois Colonnes , la Sages-

se, la Force, & la Beauté.La Sagesse, pour entrepren-dre;, la Force, pour exécu-ter; &la Beauté, pour l'or-nement.

2). Qui est-ce qui vous a mené àla Lose ?

R.Vne

Page 190: Derivative

153F&àncs'-Maçons. ifR. Une Personne, que jairecon-

nue ensuite pour Appren-tis.

2>. Comment étiez-vous habillé ?R. Ninud,ni vêtu;ni chauffé,

ni déchauffé; mais pourtantdune façon décente; & dé-pourvu de tous métaux.

Le Récipiendaire à le genou droit nud,le soulier gauche en pantoufle, &on luiôte tout ce qu'il a de métal fur lui.

2). Qui avez-vous trouvé à laporte?

R. Le dernier-reçu des Appren-tifs, lepée à la main.

2), Pourquoi a-t-ii l'épée à lamain?

R. Pour écarter les Profanes.2). Comment êtes - vous entré

dans le Temple de Salo-mon?

¦&*' Par sept marches d'un EscalierX f en

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154

CA T % CHIS ME DES

en vis, -qui!Te montent par

trois, cinq &Tept.Pourquoi étiez vous dépourvude tous7métaux? _¦¦•;

C'est que Torfqjubn r

bâtit leTemple de -Salomon ,les Ce-

ndres -du Liban- furent envoyéstout taillés,prêts a mettre enoeuvre; defbrte qu'on n'en-tendit pas un coup de mar-teau, ni d'aucun autre outil,

•iorfqubn les- employa.

T>

R

T> Comment yavez-vous été ad--mis? /

R.

R.

Par trois jgrands coups.(Que iïgniftent ces trois coups ?Frappez , on vous ouvrira.

on vous donne-ra. Cherchez ,&vous trou-verez y , ou: Présentez -

!vous,&l'on vous recevra. •

r

Que vous ont produit ces troisgrands coups ?

R. Un

*D

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F R ANC S -MAÇ ON S.< If155

«

j?. Un fécond Surveillant.g), Qti'a-t-iLfait de vous?E. Ilm'a mis l'épée à la main.s). Qu'à^tril fait, de vous en-

fuite ?R.

·.li ma fait voyager, /en tourr

nant trois fois de fOccidentau Septentrion ,À fOrient,

c &.-au .Midi.

Ce font,les trois tours , que Ton faitfaire au ,Récipiendaire , lprfqu'il entredans la Loge.- ;

2). Quand vous avez- été admisdans la Loge 3 qU'àvéz- vousvu?

& Rien que FEfprithumain puis-se comprendre.

®.-%elle^ft;la forme de là Lo-

¦*« Un Quarré-longv

<D. Quel-

o-e > .10

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156

Catéchisme desCD. Quelle est fa longueur ?R. De l'Occident à l'Orient.€D. Sa largeur?R. Du Midiau Septentrion._D. Sa hauteut ?R. De la furface de la Terre, jus-

qu'au Ciel.<D. Et fa profondeur?R. De la furface de la Terre,jus-

qu au centre.CD. Pourquoi répondez-vous ainsi?R. Pour donner à entendre, que

les Francs-Maçons font difper-£és par toute la Terre,&neforment pourtant tous ensem-ble qu'une Loge.

*2). De quoi la Loge est-elle cou-verte ?

R. D'un Dais céleste , parsemed'Etoiles d'or.

CD. Combien y a-t-il de fenêtres?R. Trois.

2). Où

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Francs-Maçons, if7,Où font-elles situées?2),

R. L'une à l'Orient,l'autre auMi-di;&la troisieme à l'Occi-dent.

R.

Pourquoi n'y en a-t-il pas auSeptentrion ?

Parce que la lumière du So-leilne vient jamais de ce cô-té-là.

Combien faut-ilde personnespour composer une Loge?

Trois la forment ,cinqla.com-pofent, &sept larendent par-faite.

2),

R.

2),

R.Qui font ces sept ?Le Grand-Maitre, le premier&le fécond Surveillans, deuxCompagnons, & deux Ap-prentifs.

R.*D,

Où est placé le Grand -Mai*

tre ?A l'Orient.Pourquoi ?

R. Conu

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158

Catéchisme des

R, Comme c'est a l'Orient , quele Soleil ouvre la carrière dujour; le Grand-Maitre doits'y tenir aufli,pour ouvrir laLoge, & mettre les Ouvriersà l'œuvre.

CD. Àvez-vous Vu le Grand Mai-tre?

R. Oui.T>. Comment est-il vêtu?R. D'or & d'azur. Ouplutôt:

D'un habit jaune, avec desbas bleus.

Ce n'est pas que le Grand-

Maitre soithabillé de cette façon: mais l'habit jaunefignifie la tête &'le haut du Compas, quele Grand-Maitre porte -au bas de son Cor-don, & qui est d'or, ou du moins doré;& les bas bleus ,les deux pointes du mê-me Compas ,qui font de fer ou d'acier.C'est ce que lignifient aussi l'or &l'azur.

2). Où se tiennent les Surveil-lans?

R. A l'Occident._D. Pour-

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Francs-Maçons.159

Pourquoi ?R. Comme le Soleil termine là

course à l'Occident ;de me-*

me les Surveillans se tiennentà l'Occident ,pour payer lesOuvriers ,Ôc fermer la Loge.

Où se tiennent les Maitres?Au Midi.

2).

R.2),

R.Pourquoi ?Comme c'est au point duMi-di, que le Soleil est dans fàplus grande force; les Mai-tres se tiennenr au Midi,pourrenforcer la Loge.

2)

R.

Où se tiennent les Compa-gnons?

Ils font dispersés par toute laLoge.

Pourquoi ?Comme les Compagnons fontles Ouvriers ,& que le tra^vaiidoit se faire par-tout ,ilfaut qu'ils se tiennent indif-

férem-

2).R.

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160 CATECHISME DES

féremment dans toutes lesparties de la Loge.

T> Où se tiennent les Appren-tifs?

R Au Septentrion, excepté ledernier- reçu.

R.Pourquoi ?Parce qu'ils font encore dansles ténèbres; Ôc afin que setenant au Septentrion ,quiestle côté ténébreux, ils exami-nent de là le travail des Com-pagnons.

2) Combien y a-t-il d'omemensdans la Loge?

R.

R.

Trois.Quels font-ils?Le Pavé Mosaïque, l'Etoileflamboyante , & la Houpedentelée.Combien y a-t ilde Bijoux;ou, de choses précieuses?

T>

R. Six;

Page 198: Derivative

Francs-Maçons. 161

R, Six ; trois mobiles, & troisimmobiles.

CD. Quels font les trois mobiles ?R. L'Equerre , que porte le Mai-

tre; leNiveau,que porte lepremier Surveillant ; & laPerpendiculaire , que porte lefécond Surveillant.

2). Quels font les trois immobi-les?

R. La Pierre brute ,pour les Ap-prentifs ;la Pierre cubique àpointe, pour aiguiser les ou-tils des Compagnons; & laPlanche à tracer, fur laquel-le les Maitres font leurs Des-seins.

2). Etes- vous Compagnon?R. Oui, je le fuis,*0. Comment avez-vous été reçu

Compagnon ?R. Par l'Equerre, la Lettre G, &

le Compas.L Al-

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162 CATECHISME DE $

Allusion aux trois pas, que l'on fait fai-re au Récipiendaire.

Pourquoi vous êtês-vous faitrecevoir Compagnon?

R. Pour la Lettre G.H). Que fignifie cette Lettre?R. La Géométrie ,ou la cinquiè-

me Science.

Si t'est un Maitre, à qui Fon demandece que fignifie la Lettre G ? ilrépond :Une chose plus grande que vous. De-mande :Quelle peut être cette chose plusgrande que moi, qui fuis Franc -

Maçon,&Maitre ? Réponse :God,qui (en An-glois) veut dire, Dieu.

!D. Avez-vous travaillé?R. Oui, du Lundi au matin,

jusqu'au Samedi au soir.*D. Enquoi consiste le travail d'un

Franc-Maçon ?R» A équarrir les pierres, à les

polir, à les mettre de ni-veau,

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Jj^ANCÇ^MaçONS;163

veau,&r à tirer une murail-le au cordeau.

f>. Avec quoi avez - vous tra-

vaillé?R. Avec la,Chaux (ou, le Mor-

tier), la Bêche, & la Bri-que; qui ftgnifient, la Li-berté, la Gonftance, & leZèle, . «

:Ëfeut être Franc-Maçon, pour sentirk justesse de ces Emolèmes.

2>. Avez-vous été payé?R. Oui;ou, J'en fuis content.2>. Où?R* UApprentis fépond,A la

Colonne J. Le Compagnon,A la Colonne B. Le Maî-tre $ Ala Chambre intérieu-re, ou, A la Chambre dttmilieu*

2). Ou avez-vous travaillé?R* du M.

'Dans la ChambreL Z in-

Page 201: Derivative

irs4 Catéchisme des

intérieure, ou, du milieu.On questionne ensuite le Maitre (fil'on

veut) fur les particularités de là Réception,qui ont été décrites.CD. Etes-vous Maitre ?R. du M. Examinez -moi, e-

prouvez-moi, & desapprou-vez

-moi, û vous pouvez,

Ou: L'Acacia m'est connu.*!D. Quel est le premier foin d'un

Maçon ?R. C'est de voir filaLoge est bien

couverte.

C'est-à-dire, de ne point parler delàMaçonnerie ,fans s'être assure qu'on n'estpoint entendu des Profanes.

*D. Quel âge avez-vous?

Le but de cette question n'est pas de sa-voir l'âge du Frère, mais de savoir s'il estou Compagnon, ouMaitre.

R. du Compagnon, Moins desept ans.

C'est*

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Francs -Mâçonî.165

C'est-à-dire, qu'on n'est encore queCompagnon ;parce que , félon l'ancienneInstitution,ilfaloit avoir été fèpt ans dansl'Ordre, avant que de pouvoir être reçuMaitre: mais on n'y regarde pas de fiprès.

R. du Maître, Sept ans &plus.

2). Quelle heure est-il ?R, Si c'est le matin f on dit]

Midi; Vaprès-midi,Midi

plein;lesoir,Minuityaprèsminuit,Minuit plein.

Z). Comment voyagent lès Ap-prentifs &les Compagnons?Ou,D'où venez- vous ?

R. De l'Occident vers l'Orient.

C'est que le Récipiendaire entre par laporte d'Occident ,&qu'on le fait avanceren trois tems vers celle d'Orient, où est leMaitre •de la Loge : voyez ci-dessus pag.60. Sur quoi il faut observer, que l'Au-teur du Secret des^rancs-Mafons a oubliéde remarquer que le premier tems, ouïe pre-mier pas, se fait de, la Porte d'Occident à fE-'.. .-:" ,

;L 3 quer-

Page 203: Derivative

166CA'ï'EC-H'ï-Stâ-fi MS

guerre;lefécond ,de l'Equerre àla LettreC;&letroisieme, de la Lettre Gau Gon>pas;toujours les pieds en équerre.

<

2), Pourquoi?R. Pour aller chercher la Lu-

mière.-t). Comment voyagent les Maî-

tres? Ou, D'où venez-vous?R* du Maitre. t)e l'Orient vers¦ ;'/- l'Occident. Ou, De l'Ô-

rient, pour aller dans toutes* les parties de la Terre. *

SD. Pourquoi? , f- ¦. vJ-y Au Maitre, \ Pour tepariàre

la Lumière. ., ¦

2). Si.un de vos Erèrcs étoit pçrc-du, où le trouveriez- vous

¦R. Entre l'Equerre & le Cota*¦ -pas.- ¦

"

..'^ .-.v. ,';-D. Quel est le nom d'un Ma?

çon?R. du Maitre, Gabaon.

Quelques-uns ëkatGabamn, taàiWt.2),ES

Page 204: Derivative

pRÀNCS-M AÇONS. l167

iV. Et celui de son Fils?R. du Maitre, Lufton.

Prononcez Loufton. Cette prononcia-tion est cause que quelques-uns, &sur-tout les François, disent Ôc écrivent Lou-veteau; mais c'est une faute.

R.

Quel privilège le Fils d'unMaçon a-t-il en Loge ?

du Maitre. D'être reçu a-vaut tout autre, même avantune Tête couronnée.

©. Lorsqu'un Maçon se trouveen danger , que doit-ildire&faire,pour appeller ses Frè-res à son secours ?Ildoit mettre les mains join*

tes fur fa tête, les doigts en-trelassés, &dire,Amoi,lesEnfans (ou Fils) de laVeuve.

R.

2>,'JL

Que fignifîent ces mots?Comme la Femme d'Hiram

L 4 demeu*

Page 205: Derivative

168Catéchisme des

demeura Veuve ,quand sonMari eut été massacré ;lesMaçons , qui se regardentcomme les Defcendans d'Hi-ram , s'appellent Fils (ouEnfans) de la Veuve.

£>, Quel est le Mot de passe deTApprentis?

R. Tubalcain.!D. Celui du Compagnon?R. Schibboleth.2). Et celui du Maitre?R, du Maitre, Giblim.

Ces trois Mots de passe ne font guèreten usage qu'en France, & à Francfortfur le Mein. Ce font des espèces de Motsdu gnet, qu'on a introduits pour s'assurerd'autant mieux des Frères que l'on neconnoit point.

Quelques-uns prétendent que ks Mai*très s'entre-demandent aufïi, leMotde Mai-tre, qui est Mak-benak :mais fi cela fcfait, c'est un abus. On évite au con-traire, autant qu'il se peut, de pronon-cer ce Mot, parce qu'on le regarde en

Page 206: Derivative

Francs-Maçons. 169quelque forte comme sacré. Les feules oc-casions où on le prononce font,la Récep-tion du Maitre, qui a été décrite , &lors-qu'on examine un Frère Visiteur qui estentré dans la Loge en s'annonçant commeMaitre. Voyez ci-après les Remarques,

£). Quelle est la peine d'un Pro-fane qui fc glisse dans laLoge ?

R. On le met fous une gouttiè-re, une pompe, ou une fon-taine , jusqu'à ce qu'il soitmouillé depuis la tête jus-qu'aux pieds.

2). Où tenez-vous le Secret desFrancs-Maçons ?

R< Dans le Cœur.2). En avez-vous laClé ?R. Oui.2). Où la tenez-vous?R. Dans une boête d'yvoire.

Cette Clé, c'est la Langue j&la boêted'ivoire, les Dents.

L 5 Ques*

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170

Catéchisme des

fj^ueftions, que l'on ajoute aquelques-unes des précéden-tes, lorsqu'un Franc -Maçonétranger demande à être ad-mis dans une Loge.

©. D'où venez-vous?R. De la Loge de S. Jean. ,

On a vu ci-dessus la raison de cetteréponse.

fD. Qu'apportez-vous?R. Bon accueil au Frère Vift*

teur.

On appelle Frères Visiteurs, lesFrancî-Maçons qui ne font point Membres de laLoge où ils se présentent.

fD. N'apportez- vous rien de plus?R, Le Grand-Maitre de la Lo-

ge vous salue par trois foistrois.

S'il es ; chargé de quelque commifHon

Page 208: Derivative

FRANC S-MÀ ÇO N S.

171

4e la part d'une autre Loge, iis'en ac-quitte après cette Réponse.

Voilà beaucoup plus de Ques-tions, qu'on n'en fait jamais àaucun Franc

-Maçon :je doutemême qu'ily ait un seul Mai-tre, qui les fâche toutes. Ilpourroit arriver cependant ,quel'on en fît d'autres ,fur les Ce-remontes de la Réception ,furUs iDejfeins des Loges, fur cequi.se pratique dans les Ajfem*blées, t&c. Mais fi celui quel'on interroge est Franc-Maçon,,illui fera aisé de fatisfaire âtoutes ces Gfueftions} èr s'il nel'est pas, ilpeut s'instruire am*

pkment par le moyen* de ce LÀ*vre*

'¦ '¦'->

'' - •¦•^.-.'

STO

Page 209: Derivative

Serment des172

SERMENTQue font, les Francs - Maçons,

à leur première Réception ,en tenant la main fur l'E-vangile.

FOI de Gentilhomme (*), jepromets & je m'oblige de-

vant Dieu , Ôc cette honorableCompagnie, de ne jamais révé-ler les Secrets des Maçons & dela Maçonnerie, ni d'être la cau-se direde ou indirede que leditSecret soit révélé, gravé, impri-mé, en .quelque Langue & enquelque caradere que ce soit Je

(*) On a dit ci-dessus, que c'est le ti-tre que se donnent tous les Francs -Ma*çons, nobles ou non.

pro-

Page 210: Derivative

Francs-Maçons.173

promets auflî de ne jamais par-ler de Maçonnerie qu'à un Frère 3après un juste examen. Je pro-mets tout cela, fous peine d'avoirla gorge coupée, la langue arra-chée, le cœur déchiré , le toutpour être enseveli dans les profondsabîmes de laMer;mon corps bru-lé & réduit en cendres, &lescen-dres jettées au vent, afin qu'iln'yait plus de mémoire de moiparmiles Hommes niles Maçons.

Voilà quelle est la subfiancedu Serment: lesens en est tou-jours le même, quoiqu'ilpuisse yavoir quelque différence dans lestermes. Tar exemple, dans unEndroit quejene nommeraipoint,parce que les Loges y font inter-dites, au-lieu de dire, Je m'obligedevant Dieu, on dit, devant legtand Architede de l'Univers.Ainsidu reste. LE

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S-f4» : GftlF^RE DES

¦y^^^të^UB3ftsitë^

LE CHIFFRE©ES

FRANCS-MACOmi

ON voit par la Planche gra-vée, que ce Chiffre est

composé de deux Figures différen-tes, dont Tune est formée par qua-tre lignes , qui en se coupant àangles droits, forment neuf cafés,ou loges. É n'y a que la eafcdu milieu, qui soit entièrementfermée : les autres font ouvertes,pu d'un côté, ou de deux; & lecoté, ou les côtés, de l'ouyertu-*c font différens 4ans toutes.

On

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A

Ze dtùffre des francs - _Jl(icûns

rendu pu&lic.<EL U3nLLFJL ULr LRJELI

*-*UlEr FILEUV *nVJ£3DU

Page 213: Derivative
Page 214: Derivative

Francs-Maçons,175

On écrit dans cette Figure lesLettres de l'Alphabet, deux danschaque cafe : cela mène ju&qu'au t.

On trace ensuite la féconde Fi-gure, qui n'est composée que dedeux lignes en sautoir. Cela for»me quatre angles, qui se joignentpar le sommet , & qui font tousposés différemment. C'est dansces angles qu'on écrit les Lettresv, x, y, z.

Lorsqu'on veut se servir de ceChiffre,on trace la Figure de lacafé, ou de l'angle, qui renfer-*me la Lettre dont on a besoin.Et comme dans lapremière Figure^qui va de Ya jusqu'au t, les Lefrtrès se trouvent deux à deux danschaque café ,&qu'il s'agit de dis-tinguer la féconde Lettre d'avec lapremières on observé, lorsqu'on

veut

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176

Chiffre des

veut exprimer la féconde Lettre,'de mettre un point dans la Fi-gure qui représente la case. Ain-si, lorsqu'il me faut un /, quise trouve dans la cafe du mi-lieu, je trace une cafe quarrée,fermée des quatre côtés: fi c'estune /, je trace la même cafe,& je mets un point au milieu,Si j'ai besoin d'un c, je traceune cafe ouverte par enhaut; &s'il me faut un d, la même ca-fé, avec un point. Ainsi du res-te. Ceci n'a lieu que pour lesLettres de la première Figure;car pour celles de la féconde,comme elles y font une à une,on ne fait que tracer la figurede l'angle qui les contient.

Après ces éclairciifemens , oncomprendra fans peine l'Exemplede la Planche, ou ces mots, LeChiffre des Francs-Maçons ren-

du

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Fra n c s*Mae- on s. 177dît)public, font écrits en ChiffreMaçon.

L'Alphabet que l'on Voit ici,est faitpour le.François ,quin'em*ploie ni le k,ni le w. Ilest fa-cile de l'étendre aux autres Lan-gues, en y ajoutant ces deux Let-tres,& même Yv confone : iln'ya qu'à placer trois Lettres dans uneou dans deux cafés, & mettre

deux points au-lieu d'un, lors-qu'on aura besoin de la troisiemeLettre.

Si Mefîieurs les Francs-Maçonschangent leur Chiffre,comme ilsy feront fans doute obligés, pourne plus exposer leurs Mysteres à laprofanation j je puis leur en ap-prendre un, qui est démonftrati*vement indéchiffrable. Ilade pluscette propriété fmgulière ,que toutle monde peut en savoir la métho-de, & avoir les mêmes Tables

l M dont

Page 217: Derivative

178 Le Chiffre &c.

dont ilfaut se servir ;& que cc»pendant ilny a que la person-ne à gui l'on écrit, gui puissedéchiffrer la Lettre.

SIGNES,

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179

tâm4®3&-d£^4s^m-i^

SIGNES,

ATTOUCHEMENS et MOTS

des Francs-Maçons»

COmme les Signes ,les Mots,

pas toujours été rapportés dans ccRecueil avec tout le foin requis,j'ai cru devoir en dormer une Des-cription exa&e ,. &en expliquerle véritable usage. On fera bienaise dailleurs.de les trouver ici tousralTemblés ,pour n'avoir pas la pei-ne de les aller chercher en diffé-rens endroits dv Livre.

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180

Signes et Mots des

Tour les apprentifs.

Le premier Signe que se fontles Apprentifs , est le Guttural.On porte la main droite au cotégauche du cou , fous le men-ton. Ilfaut que la main soit po-sée horizontalement , les quatredoigts étendus & ferrés , 6c lepouce abaisse C*}, de façon qu'el-le forme une espece d'équerre.Voilà le premier tems. Le fé-cond consiste à retirer la main ,fur la même ligne , au co-té droit de la gorge; & pour letroisieme, on laisse retomber lamain fur la cuisse, en frappant furla bafquc de l'habit. Tout cela

(*) L'Auteur du Secret dci Francs-Ma-çons dit que le pouce doit être élevé per-pendiculairement jmais ilse trompe.

se

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Francs-Maçons. 181

se doit faire d'un air dégagé, fanstrop marquer les trois tems :on ne les distingue ici, quepour faire mieux comprendre leSigne.

Si celui à qui on fait le Signe,est aufli Franc -Maçon, & qu'ilne soit qu'Apprentis, ii répètele Signe; & s'il est Compagnonou Maitre,illui est libre de ré-pondre ou par le Signe TeEtoral,ou par celui dApprentis. Cela fait,le premier s'approche ,&luiappuyéle pouce droit fur la première join-ture (*) de YIndex (ou premierdoigt) de lamain droite. C'est YAt-touchement -

3 on l'appelle leSigneManuel. Le fécond Frère lerépète,avec cette différence, que s'il est

nCor-

(*.) C'est celle qui joint le doigt à lamain.

Ml

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182 Signes et Mots des

Compagnon ou Maitre, ilappuyéson pouce fur la jointure du féconddoigt de l'Apprentif. Dans la règle,on ne devroit répondre que par leSigne d'Apprentis, parce que celuiqui interroge peut n'être que Frè-re Servant ,&qu'en luirépondantautrement , on court risque de luidécouvrir le Signe du Compagnonou du Maitre. Après le Signe, ilsépèlent ensemble le mot Jakin,de la façon qu'on l'a expliqué dansle Catéchisme.

Le Mot de passe des Apprentifsest Tubalcain. Ces Mots de passe,tant des Apprentifs,que des Com-pagnons & des Maitres, ne fontpas d'un usage général.

Tour les Compagnons

Le Signe du Compagnon con-siste

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183Francs-Maçons.

fiftc à porter la main droite fur lapoitrine, à l'endroit du cœur ,lesquatre doigts étendus & ferrés,lepouce écarté ,à peu près en équer-re;Ôc le bras éloigné du corps,afin de faire avancer le coude.C'est le TeEîoral. On s'en sertaufli en Loge,lorsqu'on a quelquechose à dire qui concerne l'Ordre,& sur -tout lorsqu'on s'adresse auVénérable.

\1Attouchement est le mêmeque celui des Apprentifs,avec cet-te différence ,qu'il se fait fur le fé-cond doigt.

Le Mot est Boaz, qu'on épèleÔc qu'on prononce comme farkm.

Le Mot de passe est Shibbo-leth.

M *% Tom

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184 Signes et Mots des

Tour les Maitres.Les Maitres employent 1e même

Signe, le même Attouchement t

&le même Mot, que les Com-pagnons.

Leur Mot de passe est Gi-blim.

11 y a pourtant un Mot, unAttouchement &unSigne,parti*culiers aux Maitres. Le Mot estMak-benak smais ilest rare qu'on lefaffe prononcer, parce qu'on le re-garde comme sacré. On ne s'avîfègueres non plus d'en venir à YAt-touchement de Maitre, qui fè faiten passant le pouce droit entre lepouce droit &le premier doigt decelui que l'on touche, & enlui embraflànt le dedans du poi-gnet avec les quatre autres doigts,écartés, & un peu plies en for-me de ferre de façon que le

doigt

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Francs-Maçons.185

doigt du milieu appuyé fur le de-dans du poignet :on se joint en-suite corps à corps, &on s'em-«braffe, comme je l'explique ci-def-ibus, page 190.

Le Sig?te de Maitre est de fairel'équerre avec la main, de la fa-çon qui a déjà été expliquée plu-sieurs fois;de l'élever horizonta-lement à la hauteur de la tête, Ôcd'appuyer le bout du pouce fur lefront;& de la descendre ensuitedans la même position au-deflbusde la poitrine , en mettant leboutdu pouce dans le creux de l'esto-mac. Mais ce Signe n'est d'usagequ'en Loge , & feulement à laRéception des Maitres. 11 n'a pasété exactement expliqué ci-dessus,pag. 130. 131.

Outre ces Signes, ily en aencore un, mais dont on fait

M ** peu

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186

Signes et Mots &c.

peu dufage hors des Loges ,quoi-qu'il serve indifféremment auxApprentifs, aux Compagnons &aux Maitres. C'est le Tédeftral,On le fait en mettant les deuxtalons l'un contre l'autre , &enécartant le bout des pieds de fa-çon qu'ils forment une équerre.

Wl-

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187

W?M''H'frH*i4?i,i'i'frss£'H

REMARQUESSur divers Usages de la

Maçonnerie.

I. TL y a des Frères, qui dansIles Lettres qu'ils s'écrivenr,

mettent une Equerre, un Com-pas, ou quelque autre Symbolede l'Ordre, au dessus , au dessous,ou à côté de leur Signature.C'est ainsi qu'en a usé l'Auteurde l'Epitre Dédicatoire du Secretdes Francs* Maçons. Mais c'estun abus, introduit par l'ignoran-ce ou par l'ostentation des No-vices. Un Franc- Maçon bieninstruit,qui écrit à un Frère,nedoit employer que cette formu-le:Je 'vous salue par U nom*

bu

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188Remarques sur

bre ordinaire, & y joindre troisère. ère. &c. Ce nombre or-dinaire est le nombre de trois.On fait que les Francs

-Maçons,en Loge & à table, font tout

par trois. Mais quand c'est uneLoge qui écrit à une autre,alorson ajoute quelqu'un des Symbo-les dont j'ai parlé • & de plus,on écrit en équerre l'lnfcriptionou la tête de la Lettre , com-me on voit ici le mot de Mon*sieur.

MONy—<M

p*

11. Les Frères Servans ne de-viennent non feulement jamaisMaitres, comme il est dit dansle Secret des Francs- Maçons imais même ils ne peuvent ja-

mais

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la Maçonnerie, ißq

mais devenir Compagnons.Dans chaque Loge ily en a

toujours un,au moins. Ilest leBedeau de la Loge.

111. Pour être ce qu'on appelleMembre de Loge, il faut avoirfa demeure dans le Lieu où laLoge est établie , & fournir auxcontributions qui se font tous lesmois, & tous les jours d'Aflcm-bléc. Ceux-là seuls peuvent aspi-rer aux Dignités. Ordinairement ,on est Membre de la Loçe oùlon a ete reçu : mais on peutpourtant devenir Membre d'uneautre Loge, sur -tout lorsqu'onchange de Lieu.

IV. Voici l'Examen qu'on faitsubir à un Frère Visiteur, quis'annonce à la Loge comme Mai-tre. Ilfrappe trois coups àla pre-

miè-

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Remarques sus.190

mière porte , Ôc lorsqu'on lui aouvert ,ildit: Je fuis Frère, &Maitre. Un des Apprentifs quifont la garde à la porte,l'annon-ce à la Loge;&aufli-tôt le Maî-tre de la Loge envoyé un des deuxSurveillans pour l'examiner fur leCatéchisme, fur l'Attouchementdu poignet ,& fur ce qu'on appel-le les cinq 'Points de la Maîtri-se ,qui font, de se joindre piedcontre pied, genou contre genou,poitrine contre poitrine,joue con-tre joue;de se palier réciproque-ment le bras gauche par dessus l'é-paule, Ôc de s'appuyer la main gau-che en forme de ferre fur le dos.[Ce font les cérémonies qui sepratiquent à la Réception du Mai-tre.]' Si le Frère Viliteur fatisfaità tout, on l'introduit dans la Lo-ge, Ôc on en fait sortir tous lesApprentifs Ôc les Compagnons, de

for-

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la Maçonnerie,191

ibrte qu'il n'y reste que des Mai-tres. Le Maitre de la Loge or-donne alors au même Surveillant,de faire répéter à l'Etranger les At-touchemens qu'on luia fait fairedans l'Antichambre : après quoi illui dit lui-même, de prononcerle Mot de Maitre. [Ce Mot,comme on fait, el\Mak-benak(*)9

&se prononce, moitié à l'oreilledroite , & moitié à la gauche.Dans la règle ,on ne le pronon-ce jamais que dans cette occafton,& à la Réception d'un Maitre.]Cela fait, le Maitre étranger estreconnu pour tel, & traité avectoute la cordialité poifible.

V. La manière dont les Francs-Maçons afliftentleurs Pauvres, mé~

rite

(*)C'est ainsi qu'il faut YfaUr, &no«pas arec deux ?.

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Remarques sur192

rite d'être rapportée. Ils ne fontaucune différence à cet égard en-tre les Etrangers, Ôc ceux de laVillemême. II n'est pas néce£faire, non plus, que les premiersaient des Lettres de recommanda-tion, ou qu'ils soient connus : ilfuffitqu'ils soient en état de sou-tenir l'Examen. Si c'est un Etran-*ger, ilse préfente à la Loge, tofrappe trois coups à la premièreporte 5 de la même manière quecela se pratique pour laRéceptiond'un Apprentis. Les deux der-niers Apprentifs (*),qui le tien-nent à la porte l'épée à la main*luiouvrent ,&luidemandent quiilest ,& ce qu'il veut ? 11 ré-gond: JefuisFrère ,&jeveux

'(*) Ily a des Loges,où la premièreporte est gardée par deux Frères bervatos,&la féconde par deux Apprentifs,

en-

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la Maçonnerie.'193

entrer. On l'introduit dans l'An-tichambre . &l'un des deux Ap-prentifs se détache ,pour aller di-re au Maitre de la Loge qu'il estarrivé un Etranger. Sur cela, leMaitre ordonne à l'un des Sur-veillans de suivre l'usage de l'Or-dre, qui consiste dans un rigou-reux Examen fur les Signes, lesAttouchemensj les Mots, & leCatéchisme. Quand le Surveil-lant est bien convaincu que ce-lui qui se préfente est un Frère,il le mène dans la chambre del'Assemblée, ou ilest reçu avecdiftindtion & avec amitié. Alorsl'Etranger expose ses besoins, &demande quelque secours , ens'adressant, non au Maitre seul,mais à toute la Compagnie 5 Ôcaufïi - tôt le Maitre ordonne autTrésorier de lui donner la som-me fixée par les Statuts, qui peut

N ali^r

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Remarques sur194

aller à quatre ou cinq Ducats ,& qui se tire de la Caille convmune. Cette Caisse s'appelle laCaisse des Tauvres : on y met

en réserve , pour de pareilles au-mônes , l'argent que les Réci-piendaires donnent le jour deleur entrée. Si la somme dontj'ai parlé ne fuffit point à l'E-.tranger , il prie la Loge de luien accorder davantage ;& alorsle Maitre fait faire en fa pré-ience une quête dans l'Assem-blée.

Dans les Endroits où les Lo-ges ne font pas publiques ,il fautqu'un Etranger qui fc trouve dansle besoin , tâche par le moyendes Signes de découvrir quelqueFrère. Lorsqu'il en a trouvé un,celui -ci est obligé de lui enfei*gner la maison du Grand-Mai-tre. L'Etranger s'y rend, Ôc a-

près

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ea Maçonnerie,195

près avoir subi l'Examen, le Maî-tre envoyé le Bedeau de la Lo-ge faire une collc&e chez tous

les Frères , & remet a l'E-tranger l'argent qui a été re-cueilli.

Cette obligation d'exercer lacharité est une des Maximes fon-damentales de l'Ordre, dont onjure l'observation, &qu'on a foinde répéter , toutes les fois quel'on tient Loge. Elle est ce-*

pendant allez mal observée, s'ilen faut croire certains Francs-Maçons. J'en connois même ,qui m'ont dit avoir trouvé desFrères, qui pour ne pas être o-biigés de mettre la main à labourse 5 feignoient de n'être pointde la Société. Je fuis persuadéque ceux qui me parloient ah>si, avoient leurs raisons: mais jene doute pas que les autres neuf

N 2 sent

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REMA ROJTJES SUR196

sent aufli les leurs , Ôc je lestrouverois fort à plaindre , d'ê-tre obligés de nourrir rous lesfainéans , que le bruit de leurcharité attire dans l'Ordre.

VI. Le Titre de Maitre deLoge, & celui de Grand -Mai*tre, se confondent fort souvent,lorsqu'on parle d'une Loge as-semblée. Cela vient de ce qu'ily a plusieurs Maitres dans uneLoge, & que pour les distinguerde celui qui préside , on nom-me quelquefois celui-ci le Grand-Maitre , dont effectivement ilreprésente la personne. Maiscela n'empêche pas qu'on nes'entende. Tout le monde faitqu'il n'y a qu'un Grand-Mai-tre pour chaque Pays , & queles Chefs des Loges particuliè-

re!

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la Maçonnerie. 197

res ne font que Maitres deLoge.

VIL Ce qu'on appelle .prorprement la Loge, c'est-à-dire,les figures crayonnées fur le plan-cher les jours de Réception, doitêtre crayonné à la lettre;& nonpas peint fur une toile, que l'ongarde exprès pour ces jours -là,dans quelques Loges : cela est con-tre la Règle.

A propos de ces figures , jeremarquerai que quelques - unsmettent un Globe , au-lieu dela Sphère que j'ai fait répre-fenter dans le Véritable Tlande la Loge des Apprentifs.Ilest rare même , que d'un Paysou d'une Ville à l'autre , iln'yait quelque petite différence dansle choix ou dans l'arrangement

N 3de

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198

Remarques &c.

de ces Symboles. Mais les Des-seins que j'ai fait graver fontles plus conformes à l'ancien In-stitut.

LE

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N 4

«

LE SECRET

DES MOPSESREVELE.

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LE SECRET

DES MOPSES/

REVELE.

ilUoig ve l'Ordre desg S Mopfes ne soit niaufli•ggrJi ancien, ni aufïi éten-——' du, à beaucoup près ,

que celui des Francs-Maçons ,il

ne laisse pourtant pas d'être con-sidérable , & de faire beaucoupde bruit dans le Monde. A pei-pe sorti du berceau , on le voitdéjà s'étendre hors du Pays où ila pris naiflance _ & s'il faut ju-ger de ses progrès à venir, parceux qu'il a faits dans un fi court

N f efpa-

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Le Secret202

espace , ii ne tardera pas long-tems à s'établir dans toutes lesparties de l'Europe.

Cet Ordre doit son origine àun scrupule de con science. Clé-ment Xll aiant excommunié lesFrancs- Maçons en 1736, beau-coup de Catholiques Allemands,épouvantés par la Bulle Papale ,renoncèrent au deflein d'entrerdans leur Société. Mais ne pou-vant se réfoudre à se voir privésdes douceurs qu'ils s'étoient flat-tés d'y trouver, ils formèrent leprojet d'en établir une autre, qui,fans les exposer aux censures duVatican, leur procurât les mêmesagrémens que la première. Ilfaut convenir même ,qu'à ce der-nier égard , ils ont beaucoup ren-chéri fur leur modèle, comme jele ferai voir bientôt. Ils trou-

vèrent un Protecteur ,dans la per-son-

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DES MOPS ES. 20203

forme d'un des plus auguftés Sou-verains du Corps Germanique ;&prirent pour Grand-Maitre undes plus puiffans Seigneurs d'Al-lemagne. On peut dire que lechoix de leurs Membres répondparfaitement à celui qu'ils ont faitde ces deux illustres Chefs, s'ilen faut juger par une de leursLoges où je me fuis trouvé àFrancfort, qui étoit composée depersonnes de la première distinc-tion.

A l'imitation des Francs-Ma-çons, ils drefférent des Statuts j

inventèrent un Mot Ôc des Si-gnes pour fc reconnoitre, établi-rent des Cérémonies pour la Ta-ble & pour ks Réceptions , &nommèrent des Officiers. Celafait, ils fongérent à prendre unSymbole , & àfe donner unNom 5 & comme la Fidélité Ôc

FAt-

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Le Secret204

l'Attachement qu'ils se vouent faitl'essentiel de leur Société , ils pri-rent pour Emblème le Chien ,&se donnèrent le nom de Mops,qui en Allemand fignifie un Do-guin. Leur Instituteur avoit appa-remment quelque prédilection pourcette forte de Chiens : fans cela,il eût été pour le moins auflinaturel de choisir le Barbet, qui,de toute l'Espèce Canine , paflepour le plus fidèle. Je détaille-rai leurs Règles &leurs Cérémo-nies, à mesure que l'occasion fcpréfênteta d'en parler : cela mecoûtera moins qu'un ordre mé-thodique,& plaira peut-être da-vantage.

Tous les Membres doivent ê-tre Catholiques- Romains ; fansdoute, pour ne point effaroucherla Cour de Rome : mais ils sefont extrêmement relâchés fur cet

arti-

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DES MOPSES.205

article, dont ils promettent ce-pendant l'observation. Ils ont cruapparemment, que pour se met-tre à couvert de l'Excommunica-tion, ilfuffifoit de ne point exi-ger de . Serment ;car c'est princi-palement par

-là, que les Francs-

Maçons ont attiré la foudre furleur tête. Les Mopfes ont pro-fité de cet exemple : ils se con-tentent de faire promettre au Ré-cipiendaire, fur fa parole d'hon-neur, qu'il ne révélera point lesSecrets de la Société.

Une autre raison de politiqueles a portés à rejetter encore undes articles fondamentaux de laMaçonnerie : cest celui de l'ex-clusion des Femmes. On fait lesclameurs, dont elles ont remplitoute l'Europe contre les Francs-Maçons. Les Mopfes ont craint,avec raison, de s'attirer des En-

ne-

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206 Le Secret

nemis fi formidables. L'intérêtde leurs plaisirs s'est joint à ce-lui de leur réputation : ils ontcompris que les douceurs qu'ilsfè flattoient de goûter dans leursAfïèmblées, feroient toujours in-iipides, s'ils ne les partageoientavec ce Sexe enchanteur. Us lesont même admises à toutes lesDignités, excepté celle de Grand-Maitre,dont la Charge est à vie:de forte que dans chaque Logeily a deux Maitres de Logeou Grands- Mopfes , dont l'unest unHomme &l'autre une Fem-me ;& ainsi de tous les autresOfficiers , qui font les Surveil-lans, les Orateurs, les Secré-taires, & les Trésorier s (*}.

La

(*)On change les Officiers tous lessix mois, depuis le Grand-Mopfe jusqu'àceux du plus bas rang, & on élit tou-

jours

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DES MOPS E S.207

La Loge est gouvernée six moispar un Homme, Ôc six mois parune Femme; Ôc lorsqu'on reçoitune Femme ou une Fille, c'esttoujours laGrand'-Mopfe ,la Sur-veillante, & les autres Ofîîcières,qui font les fonctions de la Ré-ception. Voici les Cérémoniesqu'on y observé.

Le Postulant s'adrefïe à un desMembres ,qui le proposé en plei-ne Assemblée ,en articulant sonnom, fa qualité, & ses mœurs.On va aux voix, & s'il lui enmanque feulement une, ilest ex-clus; car l'unanimité est absolu-ment requise. Mais ilfaut quel'opposant produise les raisons de

jours un Homme Se une Femme pourchaque Dignité. Ilfaut que i'Ekclionsoitunanime. Tous ceux qui ont. été revê-tus de quelque Charge ,en coefervent If?Titre, quoiqu'ils n'exercent plus.

son

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208Le Secret

son refus, Ôc c'est au Tropofantà lui répondre. S'ils ne peuventpoint s'accorder , soit pour l'ad-miftion ou pour l'exclusion, leGrand-Maitre leur impose silen-ce, & ordonne aux deux Surveil-lans d'examiner le cas & d'enfaire leur rapport à l'Affembléc,qui décide en dernier ressort.

Le jour fixépour la Réception,le Grand-Maitre a foin de faireavertir tous les Membres de laLoge par un Billet cacheté, quileur est porté par le Bedeau ,qu'on appelle Frère Servant.Les Billets de convocation pourles Assemblées ordinaires , où iln'est question que de se divertir,font conçus en ces termes : Nous,par l'éledion unanime des no-bles Frères , Grand-Maitre dela Société des Mopfes , ordon-nons à , très digne

Mcm-

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DES MOPSES. 209

Membre de ladite Société , dese rendre aujourd'hui à laLoge , à l'heure ordinaire del'après-dinée, fous lespeine s é-tablies par nos Constitutions.Et les jours de Réception, on a-joute au bas: Ily aura Récep-tion. Tout le monde s'empres-se d'obéir à cet ordre; &à moinsde maladie , ou de quelque affai-re de la dernière conséquence ,iln'y a personne qui s'en exemp-te. Il faut même que la mala^die soit considérable -, &pour lesaffaires, je leur en ai vu négligerquelquefois d'assez importantes ,pour le plaisir de se trouver en-semble. Cela ne surprendra point,quand on aura vu ce qui se passedans leurs Assemblées.

Aufli-tôt que l'heure forme, leGrand-Maitre ordonne aux Sur--îsillans de voir s'il manque quelr

Q cive

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.Le Se crjet210

cjue f Frère y &met a l'amendeceux qui né s'y trouvent pas : cet-

te amende augmente d'un quart-d'heure à Tautre, pendant les troisheures que l'on/ tient Loge. Lafaute qui les y fait condamner, senomme Négligence: ainsi leNé-gligent csxl vient, par exemple,trois, quart;- d'heures trop tard ,paye trois pohits.de .Négligence.La' revue faite, le . Grand

-Maitre

met lepée à la main, & donne àconnoitre par-1à.,; que la Logecommence. ;Ilfait quelques ques-tions aux Surveillans *: fur le Caté-chisme que je donnerai dans la-fuite-} après quoi ilenvoie un desFrères , avertir leRécipiendaire deie préfehter. Ilfaut observer, quetandis qu'on fait la revue dont j'ai$arlé, Ôc qu'on répète une partiedu Catéchisme, le Récipiendairetft; dans une autre chambre avec

quel-

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w

DES MoPS, E S,211

quelqu'un des Mopfes, qui l'exa-mine fur fa vocation, luiexpli-que les Statuts Ôc les Obligationsde l'Ordre, &luidit de se prépa-rer à quelque chose de sérieux ,&dont ilfera surpris. On l'entre-tient de pareils difeours, jusqu'àl'arrivée du Frère qui le vient pren-dre. Celui-ci lui demande,///est bien résolu d'entrer dans la So-ciété ? Ilrépond qu'oui : fur quoion lui bande les yeux, après luien avoir demandé la permiflion,& on le conduit à la porte dela Loge.

Avant que d'aller plus loin, jene dois pas oublier d'avertir, queles Cérémonies de la Réception,telles que je ( les décris , font cel-les qui s'observent le plus com-munément. Je fai qu'il y â desLoges, où ces Cérémonies diffé-rent dans quelques circonstances,

O 2 ÔC

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Le Secret212

& je ne négligerai pas de les re~marquer en passant, afin que lesMopfes reçus en France, en An-gleterre , ou en Hollande , nem'accusent point d'imposture ,d'inexactitude, ou d'omifîion. LaRéception que je donne ici, estparfaitement conforme à ce quej'ai vu pratiquer à Francfort enprésence du Grand-Maitre, quel'on doit supposer mieux instruit,Ôc plus attentif à faire obfervet:toutes les menues formalités ,queceux qui font éloignés de la sour-ce. Reprenons notre Récipien-daire à la porte de la Loge, oùnous l'avons laisse.

Lorsqu'il en est tout près, sonGuide l'abandonne , & s'avancepour la faire ouvrir. Quelques-uns prétendent qu'il y frappe a-Vec la main, d'autres avec le pied-,mais on se trompe *. un bon Mop-

fe

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r~

DESMOPSES. 213

se n'oublie jamais le nom qu'ilporte. Ilse contente donc degratter, comme font les Chiens:cela se fait trois fois; &commeon ne lui ouvre point, ilrecom-mence à gratter de plus belle ,& de toute fa force, Ôc se met

à hurler en vrai Doguin. On luiouvre enfin, Ôc il entre. Aulll-tôt on voit sortir de la Lo^e unFrère, qu'on nomme le Fidèle:celui-ci met aux mains du Ré-cipiendaire, non une Epée, com-me font les Francs-Maçons ,maisune Chaîne, emblème de la Ser-vitude du Chien à l'égard del'Homme : illui attache au couun Colier de cuivre , le prendpar la main droite,&l'aiant me-né dans la Loge , lui fait faireneuf fois le tour d'un Espace cra-yonné dont je parlerai tout àl'heure, & à l'entour duquel les

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Le Sec R et214Frères fc tiennent debout. N'ou-blions pas de dire, que la porteest gardée par les deux derniers-reçus des Mopfes, qui ont l'é-pée à la main, pour écarter tousceux qui ne font pas de l'Or-dre.

Tandis que l'on promène ainsile futur Mopfe, les autres ont àla main un bâton ,une épée ,unechaine, ou autre chose fcmblable,avec quoi ils font un bruit horri-ble. Ce carillon sert d'accompa-gnement à je ne fai combien devoix difcordantcs , qui crient d'unton lugubre, Mémento mori,mé-mento mori, c'est-à-dire, Songezqu'ilfaut mourir. Tout cela sefait pour épouvanter lepauvre No-vice, &mettre fa fermeté à Yérpreuve: & s'il est vrai qu'il fautn'avoir pas grand courage, pours'effrayer tout de bon de ce

frar

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DE S» MoPSE S. 21215

fracas ;iln'est pas moins vraiquilfaudroit être tout à fait insensible,pour ne pas sentir au moins quel-que émotion. On juge bien quece font les Femmes ,qui en géné-ral témoignent le plus de foiblefse. J'en ai vu une , dans la mê-me Loge de Francfort ,qui fut sai-sie d'un fi furieux tremblement ,qu'on fut obligé de l'emporter furles bras ;& les Mopfes furent fiscrupuleux observateurs de leursRègles ,qu'ils ne voulurent jamaislui débander les yeux, que lors-qu'elle fut hors de la Loge. Maisilfaut convenir, qu'il y a beau-coup d'Hommes qui se montrentFemmes dans cette occasion: onen voit à qui les genoux tremblentfifort, qu'ils ont de la peine à sesoutenir; d'autres suent à groftesgouttes ;quelques-uns même tom-

bent évanouis entre lesbrasdeleurO 4 Con-

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216 Le Secket

Conducteur. Toutcela forme unlpectacle ravissant pour l'Assem-blée ; les cris deviennent moinslugubres ,& font entremêlés degrands éclats de rire ; la gravitémême du Grand-Maitre en est dé-rangée.

Le dernier tour achevé, leRéci-piendaire fè trouve vis à vis duGrand-Maitre, qui d'un ton d'au-torité demande au premier Sur-veillant, ce que fignifie le bruitqu'ilvient d'entendre ? Le Sur-veillant répond : C'est qu'il estentré iciun Chien quin'est pointMopfe,èr que les Mopfes le veu-lent mordre. Le Gr.M. _Ueman-

dez -lui ce qu'il veut ? Le Surv.1/ veut devenir Mopfe. Le Gr.M. Comment se peut faire cet-te métamorphose? Le Surv. En

se joignant à nous. Le Gr. M.T est-il bien résolu ? Le Surv.

Oui,

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DES MoP S.E S. 217Oui, Grand -Mopfe. Le Gr. M.Demandez

-lui s'ilfera obéifi

faut à tous les Statuts de laSociété? Le Surv. Oui, Grand-Mopfie. Le Gr. M. Efl*ce lacuriosité , qui le porte à y en-trer ? Le Surv. Non, Grand-Môpfie. Le Gr. M. Est -ce quel-que vue d'intérêt ? Le Surv.Non , Grand- Mopfe. Le Gr.M. Quel est donc fin motif ?Le Surv. L'avantage d'être unià un Corps, dont les Membresfont infiniment efiimables. LeGr. M. Demandez -lui s'il apeur du Diable? Le Surveillantrépète la question au Récipiendai-re, qui répond oui,ou non,com-me bon lui semble ;cela ne faitrien à l'affaire. Le Maitre reprendla parole, & dit au Surveillant :Voyez s'il a ce qu'ilfaut avoir

pour être Mopfe. Alors le Sur-O f veil-

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218 Le Secret

veillant dit au Récipiendaire, detirer la langue autant qu'il luifera possible. S'il refufe ,on lereconduit hors de la Loge,&iln'est pas reçu. S'il obéit, le Sur-veillant luiprend la langue avecles doigts,&l'examine de tous lescotés, à peu près comme s'ilvou-loitlanguéyer un Cochon. Pen-dant cet Examen , deux Frèress'approchent, Ôc faifant semblantde parler bas pour ne pas être en-tendus ,l'undit à l'autre :Ilefl tropchaud, ilefl trop chaud, laissez-leunpeu refroidir. Celui-ci répond:Ilest bien comme cela, croyez moi,iln'est pas trop chaud -, ilfautqu'ilpuisse faire la marque. Lemalheureux Novice, qui n'a pasperdu un mot de ce dialogue,frémit d'horreur à ces dernièresparoles. J'en ai vu qui jettant uncri d'effroi, fautoient brusquement

en

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DES MOPS ES, 2I219

en arrière & portoiènt la main àla bouche , comme fi on les eûtréellement touchés d'un fer brû-lant. Je crois même qu'il yena peu qui eussent assez de confian-ce pour se réfoudre à pouffer laCérémonie jusqu'au bout, fi lesnouveaux éclats de rire, & lesrailleries dont on les accable , neleur faifoient comprendre qu'onne les a menés là, que pour leurfaire jouer le premier rôle dansune Farce des plus comiques.

Quand on les voit un peu rasfurés, le Surveillant dit au Mai-tre: Grand- Mopfe, ila tout cequ'il faut avoir pour être Mop-fe. Je m'en réjouis, répond leGrand-Maitre: mais demandez-lui encore une fois, fifa réfo-"lution efl bien ferme,& s'ilfiesent à l'épreuve de tout ? LeSurveillant répond :Oui, Grand-

Mop-

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,Le Secret220

Mopfe. Le Gr. M. Demandez-lui,s'ilest dispose àfe dépouillerdes x biens de la fortune. pourenrichir la Société ? Le Surv.Lorsqu'il verra un Frère dans lebesoin ,ilse fera un plaifî?sensi-ble de le fiecourir. Le Gr. M.'Demandez- lui, fïfin obéissancefiera prompte, aveugle, & fansla moindre contradidion ? LeSurv. Oui, Grand- Mopfie. LeGr. M. Demandez-lui , s'il veutbaifer les Frères ? Le Surv. Oui,Grand- Mopfe. Le Gr. M. De-mandez-lui ,s'ilveut baifier....Je m'arrête ici, pour faire sou-venir le Lecteur que ce n'est pasmoi qui parle , mais le Grand -Maitre d'un Ordre illustre, outout au moins un Maitre de Lo-ge; & qu'il ne m'est point per-ânis de changer des termes con-sacrés. Le Grand -Maitre con-

tinue

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DES MOPS ES. 221

tinue donc ainsi : Demandez-lui,s'il veut baifier le cul du Mopfiet

ou celui du Grand - Maitre ?On prétend que dans quelques Lo-ges ilajoute, ou celui du Dia-bleimais je n'en veux rien croi-re. Un mouvement d'indigna-tion, que le Récipiendaire man-que rarement de faire dans ce mo-ment, oblige le Surveillant à leprier avec toute la politesse & tou-

tes les instances possibles., de choi-sir l'un ou l'autre. Cela forme en-tre eux la dispute la plus originalequ'on puisse imaginer. Le jRéci-piendaire se plaint avec aigreur,qu'on pouffé la raillerie trop loin,& déclare qu'il ne prétend pointêtre venu tè pour servir de jouetàla Compagnie. Le Surveillant,après avoir inutilement épuiséfa rhétorique , va prendre unDoguin de cire, d'étoffe, ou de

quel-*

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.Le Secret222

quelque autre matière semblable,qui a la queue retroussée, corn*me la portent tous les Chiensde cette espece ;ill'applique furla bouche du Récipiendaire, &le lui fait ainsi baiser par force.Le Doguin destiné à recevoir cerespectueux hommage , est tou-jours placé fur la table du Mai-tre de la Loge, comme un Sym-bole de la Société j & c'est làque le Surveillant le va prendre.On met encore fur la même ta-ble une Epée & une Toilette ,dont je dirai l'usage dans un mo-ment.

Cette grande affaire terminée,le Maitre dit au Surveillant : A-menez -

moi le Récipiendaire*Auflî-tôt le Surveillant luiote laChaine qu'on lui avoit mise auxmains, la lui attache an Colier,6c le tire ainsi jusquàla table der-

xièrë

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DES MOPSES.223

rièrc laquelle est aflis le Maitre.Celui-ci prend alors la main duRécipiendaire, & la lui fait met-

tre fur l'Epée , fi c'est un Hom-me ,Ôc fur la Toilette, fic'est u-ne Femme ;après quoi illuidit :Répétez motpour mot ce que jevais dire. „Je promets à çet-„ te illustre Assemblée , èr à„ toute la Société des Mopfes-,„d'observer exadement leurs„Loix e_r leurs Statuts , èr„de ne découvrir jamais , ni„de vive voix , ni par fi*„gnes , ni par écrit , leurs„Secrets è? leurs Myfteres. Jeh nt'engage fur mon honneur, à-? tenir lapromesse que je viens», défaire: enforte que fije la„viole,jeconsens à pafferpour„un malhonnête -homme £ une„malhonnête-femme^ , à .être>, montré [montrée \ au doigt„dans

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224

Le Secre.t

„dans les Compagnies ,&àne? pouvoir jamais prétendre au

? cœur d'aucune Dame \_à n'ê-„ tre estimée ni belle, nifpiri-„ tuelle,nidigne d'être aimée„d'aucun Homme, &à renoncer à» tous les agrémens que les Fem*„mes tirent de leur Toilette.]

"

Après cette promesse ,leGrand-Maitre demande au Récipiendaire,s'il veut voir la lumière ? &ce-lui-ci aiant répondu (\u'oui, leSurveillant luiote lebandeau. Ily ades Loges où l'on a pratiquédevant la table du Maitre une tra-

pe, qui se lève &s'abaisse insensi-blement par le moyen de quelquemachine. On place le Récipien-daire fur cette trape , on l'élèvejusqu a Une certaine hauteur, fansqu'il s'en appefçoive ;Ôc c'est danscette situation, qu'on luidébandeles yeux. Mais ce n'est point -là

l'usa-

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DES MOP SE S. 2225

l'usage ordinaire. Ce qui se pra-tique constamment , dans le mo-ment qu'on rend au nouveau Mop-fe l'usage de ses yeux , c'est de seranger en cercle autour de lui: leshommes lui présentent au visagela pointe de leurs épées , &tien-nent un Mopfe d'étoffe de l'autremain;Ôc les Femmes ont àlamainune pièce de leur Toilette, Ôc unMopfeaufïi fous lebras. Le Grand-Maitre fait passer alors leRécipien-daire àfa droite ,& lui dit,quetoutes les Cérémonies qu'on vientde faire, ne font que des préli-minaires établis pour servir d'in-trodudion dans la Société ,- èrqu'ilva maintenant lui appren-dre les Signes èr le Mot qui dis-tinguent les Mopfes.

Lepremier Signe se fait en appu-yant avec force le doigt dumilieu furlebout du nez, les deux autres doigts

P fur

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226 Le Secret

lur les deux coins delà bouche, lepouce fous le menton, le petitdoigt étendu & écarté ;& en fai-fant sortir le bout de la langue parle côté droit de la bouche. Onne peut rien imaginer de plus co-mique, qu'une Assemblée d'Hom-mes & de Femmes qui s'exercentà faire ce Signe. Qu'on se repré-sente le contraste que doivent fai-re une douzaine de Coquettes, em-barrassées à trouver des grâces dansune attitude toute propre à défigu-rer leurs traits; & autant d'Hom-mes ,qui s'étudient à se rendre aussihideux qu'il est poflible. Je con-nois cependant une Dame de laSociété ,qui m'a dit en confidencequ'elles avoient formé entre ellesun Conseil de Toilette, où ellesdélibèrent très férieufementfurlesmoyens d'adoucir ce Signe bizarre;qu'elles ont même établi un Prix,

pour*

Page 268: Derivative

DES MOPSES. 227pour celle qui réufiîra le mieux $

& qu'elles ne desespèrent pas derendre ce Signe aufïi avantageux ,qu'il a paru jusqu'à présent ridicule*

Je l'ai décrit de la façon dont ilse fait dans les Loges les mieux ré-glées. Ily en a quiprétendent quece n'est point le pouce, mais lepe-tit doigt,qu'il faut mettre fous lementon. Quelques-uns font sortirla langue par le côté gauche de labouche ;d'autres la tirent alterna-tivement des deux côtés. Enfin ils'en trouve qui partagent le Signeen deux ,Ôc qui en font deux Signesdistincts ,dont l'un consiste dans laposition des doigts,Ôc l'autre dansl'action de tirer la langue.

Le fécond Signe est de porter lamain droite toute ouverte fur l'en-droit du cœur, mais fans faire l'é-querre, comme les Francs-Maçons.

Au reste, iiy a une différenceP 2 .effen-

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228 Le Secret

cffentielle entre ces deux Signes.Le premier est la marque diftincti-ve de la Société ;au-lieu que l'au-tre n'est que de pure cérémonie, <3cun simple usage qui s'est établi peuà peu :deforte qu'un Mopfe qui nefeferviroit jamais du fécond, ne laif-feroit pas d'être reconnu pour Frère,pourvu qu'il s'acquittât bien du pre-mier.

A l'égard du Mot,les opinionsfont partagées : les uns soutiennentqu'il yen a un, Ôc les autres pré-tendent que non. Ilne m'appartientpas de décider une question de cet-

te importance , d'autant plus quetoutes les Loges où j'ai été, &cel-le même de Francfort, conviennentque la chose est douteuse. Ceux quifont pour l'affirmative,disent que leMoteftM^r.Onle ytononeeMour,à l'Allemande 5 mais on ne Yépèlepoint, comme parmi les Francs-Ma-çon?. Après

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DES MOPSES. 229

Après l'explication des Signes Ôc

du Mot,le Grand-Maitre ordonneau nouveau Membre de les répéteravec quelque Frère ou quelqueSœur ;après quoiilluifait embraffer toute l'Assemblée ,qu'il a foind'avertir auparavant à haute voix,de se ranger en cercle pour cettecérémonie. Le nouveau-reçu bai-se les Hommes à l'endroit du vifà-ge qu'il luiplait, mais ilne luiestpermis de baiser les Femmes qu'à lajoue. Ilva fc placer ensuite où bonlui semble. L'Orateur prend alorsla parole ,après en avoir reçu l'or-dre du Grand-Maitre ;&dans unDifeours étudié ,quine doit pas du-rer plus d'un quart

-d'heure ,illui

expose les Devoirs &les Règles dela Société, &lui explique les figu-res qui font crayonnées fur le Par-quet. Illuiapprend ,que toutes lesLoixdes Mopfes n'ont pour but que

P 3 la

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22,0 Le SecretJi

la Fidélité,la Confiance ,laDifcrc-tion, la Confiance ,la Tendrcffe,la Douceur, l'Humanité ;en unmot, toutes les qualités qui fontlabase de l'Amour &de l'Amitié,Ôc

celles qui forment ce qu'on appellela Sociabilité. De-là ilprend occa-sion de relever les bonnes qualitésdu Mopfe, ou du Doguin; ilin-fîfte principalement fur celles quile rendent aimable ;&conclud enfaifant voir,que file seul Ittftinctest capable de produire de pareilleschoses dans un Chien, la Raisondoit en faire infiniment davantagedans l'Homme.

Ici finit l'éloquente Harangue.Elle est suivie de l'explication desfigures du Plancher, dont voici leDessein. Dans un grand espace aumilieu de la salle, on trace l'un sul'autre un Cercle &un Quarré, demême gtandeur, autant que lepeu

de

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PLAN DE LA LOGEDES MOPSES.

S". Orientb. Midi.t. Occident.1d. Septentrion^t. e. e. e. Les quatre Lumières:.·. Mopfe, ouDoguin,g. Fidélité.b. Amitié.I. Porte quiconduit auPalais de l'Amour.h. Palais de l'Amour..·. Cheminée de l'Eternité,m. Sincérité.». Confiance.s* 9* 9, o, Cœurs fcmés,

p. p. Cordon duPlaisir, qui lieles Cœurs.$i Vase de la Raison.r. r. r. r. Divers Symboles de l'Amitié.t. Maitre de laLoge,ou Grand-Mopfe,

assis devant la Table.t. t. Surveillans.». Etrangers &Etrangères;x. Officiers &Officières.y.y.y.y. Frères &Sœurs, placés in-

différemment.z. Trape que l'onpratique dans quelques

Loges,& fur laquelle on place leRécipiendaire ,pour l'élever en l'air,tandis qu'ila les yeux bandés.

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DES MOPSES. 231¦»de rapport de ces deux figures lepeut

permettre: la Planche que j'aifaitgraver fera mieux comprendre lachose, que je ne pourrois l'expli-quer. On place une bougie à cha-que coin du Quarré ,&on y mar-que les quatre Points cardinaux. Aucentre du Cercle on destiné unDo-guin, la tête tournée vers l'Orient;à fa droite, une Colonne quimar-que la Fidélité;&àfa gauche, uneautre Colonne qui désigné l'Ami-tié:la première a pour Base la Sin-cérité, &l'autre la Confiance. Audessus du Mopfe en tirant vers l'O-rient, on voit une Porte, qui con-duit au Palais de YAmour:laChe-minée de ce Palais s'appelle YEter-*?iité. Le pavé fur lequel font po-sées les deux Colonnes ,est semé deCœurs ,laplupart liésensemble parleLien ou le Cordon du Tlaifir,qui prend naissance dans le Vase de

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2i% Le Secret

la Raifion. Le reste de l'espace estrempli de Symboles de l'Amitié,qu'on est le maitre de varier com-me on veut. On peut voir dans lePlan gravé,comment fontplacés leMaitre delà Loge, le Récipiendai-re, &les autres Mopfes : j'en aiditaflez,pour faire entendre ce quec'est que la Loge.

Aufîi-tôt que l'Orateur a achevéd'en donner l'explication au Réci-piendaire ,on lave le Plancher 5 &ceci me donne occasion de faireu-ne remarque , pareille à celle quej'ai faite fur les Loges des Francs-Maçons. C'est qu'il faut absolumentque les figures soient crayonnées.Ceux qui les font peindre fur unetoile,pour l'étendre fur leParquetles jours de Réception, pèchentcontre les Règles de rinftitut.Quandilne reste plus de traces de laLo-ge,le Bedeau ,accompagné des au-

Tres

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DES MOPS ES. 233très Frères-Servans, apporte une ta-

ble &met le couvert dans la cham-bre même de Réception, s'il n'y enapas de plus commode. On se met àtable,le Maitre à la première pia**ce, les Etrangers &les Etrangères àfa droite, les Officiers &les Olficiè-res à fa gauche, &les Surveillans visà vis de lui. C'eft-là tout l'ordre quel'on observé 3 car d'ailleurs ,chacunse place comme bon luisemble ,ex-cepté feulement, qu'on tache demettre alternativement un HommeÔc une Femme, autant que lenom-bre &le sexe des convives le per-mettent.

Les Mopfes se connoiffent tropen plaisirs, pour ne pas savoir queceux de la rable font peu de chose,lorsque la liberté n'y règne pas. Aus-si la prennent-ils toute entière. Ilsn'ont eu garde de s'assujettir dansleurs repas à certaines Cérémonies

P f d'infti-

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* Ï-E Secret234d'institution, qui quoiqu'elles fer-vent quelquefois à ranimer la gaieté,ne manquent jamais de l'éteindrelorfqu'elïes font en trop grand nom-bre, ou qu'elles reviennent trop sou-vent. Les Mopfes n'en ont qu'unefeule, encore ne l'observent-ils quede loin à loin, c'eft-à-dire, lorfquele Grand - Mopfe porte une santé •

car du reste, chacun boit quand ilasois. Le Grand-Maitre, &le.Surveil-lant de jour, ont un fifflet devanteux fur la table ,pour faire faire si-lence ,lorsqu'il ya quelque chose àcommuniquer à l'Alfemblée.QuandleMaitre de laLoge veut porter unesanté, iidonne uncoup de fifflet,leSurveillant lui répond, & tout lemonde prête l'oreille. LeMaitre ditalors : Verfez, Mopfes i&le Sur-veillant faitl'écho. LeMaitre conti-nue : Avez-vous versé, Mopfiés ?kSurveillant répète encore. Quand

tout

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de s Mopse s.235

tout lemonde a prisdu vin,leMai-tre se lève, tous les Frères &Sœursen font autant* ilprend son verre, &dit: Surveillans , Etrangers &Etrangères ,Officiers èf Officie*res, Nouveaux-reçus è? Nouvel-les-reçues ,Frères &Sœurs Mop-fes, lapremière santé que nous boi-ronsfiera celle de ... . (On com-mence ordinairement par le Souve-rain duPays où l'on se trouve.) Ch-acun prend alors son verre ,de lamê-me façon que le Grand-Mopfe aprisle sien, c'est-à-dire, qu'avec le pouce&lepremier doigt on tient la tige,Ôc qu'avec lepetit doigt on embrasse.la parte du verre,les deux autresdoigts étendus horizontalement. Onporte ensuite levinaux lèvres,onlegoûte, après quoi on achève de boi-re. On renversé ensuite son verrefans dessus dcffous, dans une petiteassiette deftinéc à cet usage, &onseremet à table. Une

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n 6 Le Secret

Une Assemblée d'Hommes &deFemmes, composée de laplus bril-lante Jeuneffe, ou de personnes ,dumoins,qui font encore dans l'âge desplaisirs :un repas délicar, des vins ex-quis : lagaieté, lacordialité, la farni--liaritémême, qui régnent parmi lesconvives 5 &par-dessus tout ,le de-voir qui leur est imposé, de se prêterà tout ce quipeut contribuer au plai-sir commun: voilà fur quoi leLec-teur peut donner carrière à son ima-gination, pour se former une idée dece quise passe dans ces repas. La dé-cence yest pourtant observée. Onyfaitl'amour ,mais ce n'est ordinaire-ment que des yeux : une déclarationplus expressive, faite en pleine table,pafferoit pour indiscrétion Ôc pourgrolfièreté ;&l'onne manque pasd'occafions,dansle lieu-même, des'expliquer plus clairement & fanscontrainte.

Je

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DES MOP SE S.237

Je laisse auLecteur le foinde faireunparallèle entre cette Société, &celle des Francs-Maçons. Ceux-ciont contre eux laProscription de laCour deRome, &celle de plusieursSouverains, justement scandalisésdu Serment qu'ils font prêter à leursMembres, &peut-être de quelquesCérémonies un peu profanes. LesMopfes n'ont rien de semblable àleur charge :mais n'abusent-ils pasun peu de ce qu'ils appellent Socia-bilité}

J 'Avois déjà donné ceci à l'lmpri-meur ,lorsque jeme fiais souve-

nu d'une omifiion considérable.J'ai oublié d'avertir, qu'excepté lesFrères Servans ,iln'ya point degrades différens parmi les Mopfes.Ce font les Charges feules qui lesdistinguent: onn'y voitniAppren-

tifs,

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S Le Secret

<

tifs,niCompagnons, niMaitres- &par conséquent aussi, ilsn'ont qu'u-ne feule Cérémonie pour les Ré-ceptions.

Peu s'en est falu aussi , que jen'aye supprimé leur Catéchisme,quine contient presque autre choseque des Questions fur les Céré-monies de leur Entrée. Mais j'aipromis quelque part de le donner,&ilfaut tenir parole. Le voi-ci donc , mais extrêmement a-brégé ;parce que dans tous lesendroits où ilauroit falu me ré-péter ,je me contente de renvoyerà ce qui a déjà été dit.

jD. Etes-vous Mopfe ?R. Je ne l'érois pas, ilya trente ans._U. Qu'étiez vous donc ,ilya tren-

te ans?R. J'étois un Chien ,mais non pas

un Chien domestique. >

D.Quand

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DES MÔ P S E S.239

D. Quand êtes -vous devenu do-mestique ?

R. Lorsque mon Conducteur fêmir à gratter & à aboyer àlaporte.

D. Quand vous entrâtes dans laSociété, que vous fit-on?

R. On me mit une Chaîne auxmains, &un Colier au cou.

[Icil'on fait diverses queflions ,quiont rapport aux formalités de laRéception. ]D. Qu'est-ce qui vous plait le plus,

R. Le Parquet.D. Que représente-t-il ?

[Voyez la description de la

D. Que fignifie le Quarre?R. Le fondement fiable de la So-

ciete.

D. Que fignifie le Cercle?fc Comme tous les rayons d'un

Cer-

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240

Le Secret

Cercle partent dumême cen-tre, ilfaut de même que toutesles actions d'un Mopfe partentd'un même principe ,qui estl'Amour. Ou bien l'on ré-pond: Le Cercle marque laperpétuité de la Loge.

[L'explication des autres figuresse trouve dans la description quej'en ai donnée.]_D. D'où vient levent ?R. De l'Orient.D>. Quelle heure est-il?R. Ilest de bonne heure.D>. Comment marchent les Mop-

fes?R. On les tire par la chaîne, de

l'Occident vers l'Orient.D. Comment boivent- ils?

[Voyez les Cérémonies de laTable.]

FIN.CHAN-

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CHANSONS

LA TREX

S<- VENERABLE

CONFRERIE

DES

FRANCS-MACONS,PRECEDEES

DEQUELQUES PIECES

DE POESIE.

a

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NORMA MO RUM.

ffîde Deo,diffide tibi,sac proptia,cas-tas

Funde pfeces,paucis utere , magna fuge.Mttlta audi,die paued, iace abdita, âtfcè

minoriParcere, major; cedefë ,ferre patem.

Toile mot as,minare nihil,contemne fuper~bas ,

Fet mala, dijee Deo vivere,difee mark

TRADUCTION EN VERS,

Pdf Mr. Gôbïït;

Xf*4E point préfumer de foi-même,S'appuyer fuYl'Ètrè suprême,Ne former que d'utiles vœux,Se contenter* du néceflaire:,Ne se mêler' que (furie affairé ,<C'est le fur moyen d'être heureuf .Les grands Emplois font dangereux.

a % Ne

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(4)Ne point révéler de myflère ;Tout entendre ,mais peu parler;

Sentir son avantage,&ne point accablerCelui fur qui nous avons la victoire;

Savoir céder aux grands , supporter seségaux,

Mépriser l'orgueilleux, fût -il couvert degloire;

Ne s'étonner de rien, soutenir tous lesmaux,

Quoique l'adversité nous blesse,Sans nous troubler & fans ennui ;Bannir tout genre de paresse ;

Et pour le dire enfin, la plus haute fa-gelfe

Est en vivant pour Dieu,de mourir avec lui.

APOLOGIE

Des Francs- Maçons,

Par Frère Procope, Médecin &Franc-Mafon.

\£Uoi! mes Frères, foufrrirez-vousQue notre auguste CompagnieSoit fans cefle exposée aux coupsDe la plus noire calomnie ?

Non, c'est trop endurer d'injurieux foup-çons :

Sous-

#*##'î|»4 fi'# *%>'&%-<&%>'s«fN^***$»#

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5

Souffrez qu'à tous ici ma voix se fafîèen-tendre, . ¦ ¦

"

Permettez-moi de leur apprendreCe que c'est que les Francs- Maçons.

Les gens de notre Ordre toujoursGagnent à se faire connoitre :Et je prétends par mes difeoursInspirer le desir d'en être.

Qu'est-ce qu'un Franc-Maçon ? En voicile portrait :

C'est un bon Citoyen, un Sujet plein dezèle,

A son Prince, à l'Etat fidèle;Et de plus, un Ami parfait.

Chez nous règne une liberté,Toujours soumise à la décence ;Nous y goûtons la volupté,Mais fans que le Ciel s'en offenfè.

Quoiqu'aux yeux du Public nos plaisirssoient secrets,

Aux plus austères loix l'Ordre fait nousaftraindre ;

Les Francs-Maçons n'ont point à crain-dre

Niles remords, niles regrets.

Lebut où tendent nos deflèins,Est de faire revivre Aftrée,

a 3 Et

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Et de remettre les humainsComme ilsétoient du tems de Rhée.

Nous suivons tous des sen tiers peu battus.Nous cherchons à bâtir, & tous nos E-

diiîcesSont, ou des prisons pour les vices,Ou des Temples pour les venus.

Je veux, avant que de finir,Nous disculper auprès des Belles,Qui pensent devoir nous punirDu refus que nous saisons d'elles.

S'illeur est défendu d'entrer dans nos, mai-sons,

Cet ordre ne doit pas exciter leur colère:Elles nous en loûront, j'espère,Lorsqu'elles sauront nos raisons.

Beau Sexe, nous avons pour vousEt du respect, #c de l'estime;Mais aussi, nous vous craignons tous,Et notre crainte est légitime.

Lfélas !on nous apprend pour première le-çon,

Que ce fqt de vos main.s qu'Adam reçutla pomme;

Ex que fan.§ vas attraks, torçt hommeSerojt peut-être un. Jwç »Maçon.

QUA-

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7

4^-36***^'^-<f'*4*-##<s* 4**Q_U A TRAIN,

Frère RiCAUT.

J_ Our lePublic un Franc-MaçonSera toujours un vraiproblême ,Qu'il ne fauroit réfoudre à fond,Qu'en devenant Maçon lui-même.

. LES FRANCS-MACONS.Songe.

2.Lluftre Franc-Maçon, dont le cœur tropdiscret

Refufe à l'amitié le tribut d'un Secret ,Apprends que j'ai percé les ombres du

mystère,Ecoute le récit d'un songe qui m'éclaire.

Avant que le Dieu du reposRépandît fur mes yeux fès humides pa-

vots,Frappé de la brillante image

Deces siecles heureux soustraits à fefclavageDe la frivole vanité,

Je regrettois ces jours où l'homme vrai-ment sage,

a 4 Et

Page 291: Derivative

(*')Et peu jaloux d'unç vaine splendeur,

Par la feule vereu décidoit la grandeur.S'est -il donc écoulé pour ne plus repa-s

roitre,Cet Age plein d'attraits ?Le Ciel, sensible à mes regrets,Ne le fera-t-il pas renaitre ?

Je fôupirois encor, quand un fbnge char-mant,

Sur les pas du sommeil, dans ce sombremoment ,

Fit à mon deféfboir succéder l'espérance.„Ce tems heureux peut revenir,„Mes loix vont régner fur la France ;

? Le présent me répond d'un heureux a-venir.

C'étoit la voixde la Nature.Millegrâces fans fard çompo foient fa pa-

rure;Les innocens Plaisirs, les Vertus, fur ses

pasFixoient les cœurs heureux qu'attiroient

ses appas.Suis-moi, dit la Déefïè, &que ton cœur

admireLe rapide progrès de mon naiflànt cm-

pire.four payer tes desirs , je dévoile à tes

yeuxUn spectacle enchanteur préparé pour les

Dieux. Aîn.

Page 292: Derivative

(9)Arrête tes regards ,&que ton cœur con*

templeMes fidèles Sujets assemblés dans mon

Temple.Là, tous les cœurs unis, fans gêner leurs

desirs,Font germer les vertus dans le sein des

plaisirs.Au tumulte des Cours ils préfèrent mes

Fêtes ;C'est ici que l'on voit les plus superbes

têtesDéposer leurs grands noms au pied dç

mes Autels;Et malgré la fierté qu'inspire la fortune,nSes favoris rangés fous une loi cor-

mune,Donner le nom de Frère au moindre des

mortels.Voilà furles humains ma plus belle victoire :Elle rappelle aux Grands la loi d'égalité,Et fait fouler aux pieds l'ldole de la gloire,Victime d'une aimable &noble liberté;Liberté qui n'a rien d'une injuste licence ,Qui des Rois &des Dieux fait respecter

les droits :Mon règne a consacré la juste dépendanceQu'impose le pouvoir &des Dieux &des

Rois.Ne t'étonne donc plus de l'heureuse har-

moniea 5

• Qu'en-|

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(IO)Qu'enfante l'unité de ce brillant accord ;La troupe que tu vois, par mes foins réu-

nie,A choisi pour ses loix les mœurs du Siè-

cle d'or.Si le Sexe est banni, qu'il n'en ait point

d'allarmes ;Ce n'est point un outrage à fa fidélité;Mais je crains que l'Amour entrant avec

les charmes,Ne produise l'oubli de la fraternité :Noms de frère &d'ami feroient defoibles

armesPour garantir les cœurs de la rivalité :Dans le sexe charmant trop d'amabilitéExige des soupirs,& quelquefois des lar-

mes;Au plaisir d'être amis nuiroit la volupté.

C'en est assez, dit l'aimable Déesse,Tu connois mes enfans ,je ne t'ai rien

celé;Juge par le secret que je t'ai révélé ,Si j'exige de? cœurs une austère fageflè.Pour confondre un vain Peuple &de fol-

les rumeurs ,Des Frères outragés va publier les mœurs;Et ne soupçonne point d'énigme imagi-

naire,

Leurs signes ne font rien;pour être re-connus ,

Ils n'ont d'autres signaux que ceux de leursvertus. S'il

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IICnANSO"N" jjjes AL\itkî:s.

g yx.T f P s" il|' f-TTiT-g-lJ^^ii- £z£r ccnœ7t,£/\ctfitonj^lllionncu/- de nos]

n-xf P PP il fTf fr^*-* P iiJH.attrTes;<Alenvi celéb/^cms -Ces faits de leurs \

dela/idenne d,àae tlrjont le <7ase .B

Page 296: Derivative

(»oS'il e# quelque secret ,c'est aux yeux du

Vulgaire,Pour qui tant de vertus fût toujours un

mystère.

Aces mots disparut le songe &lefommeil.Permettez ,Francs-Maçons ,qu'à l'instant

du réveil,Je cherche à vous faire connoitre .Ne redoutez point les revers ;

ïlluftres Citoyens, vous n'avez qu'à pa«roitre,

Pour ranger fous vos loix la France &l'Univers.

CHANSON DES MAITRE.S.Premier Couplet,seul.

TPJL Ous de concert chantons,

A l'honneur de nos MaitresA l'envij célébrons

Les faits de leurs Ancêtres *

Que l'écho de leurs poms

Frappe la terre &fonde ,Et que l'Art des MaçonsVole par tout le Monde.

C H O MUR.

A l'Art royal,pleins d'une noble ardeur,'Ainsi

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( 12 )Ainsiqu'à ses secrets ,rendons hommage :

'Tout bon Maçon les garde dans lecœur;

Et de l'ancienne Loge ils font le gage.

Autres Couplets ,seul.Les Rois les plus puiifansQue vit naitre l'Asie,Savoient des bâtimensLa juste fimétrie;Et des Princes Maçons ,Marqués dans l'Ecriture,Aujourd'hui nous tenonsLa noble Architecture.

Par leur postérité,L'ArtRoyal dans la GrèceParut dans fa beauté ,Dans fa délicatefîè :Et peu de tems après,Vitruve,fàvant homme,L'accrut avec succèsDans la superbe Rome.

De là,tout l'OccidentReçut cette Science;Et principalementL'Angleterre &la France,

oa

*

*

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C

ChAXSOIN" JDJ&S Stjhveillan s

l'Orient, Oùlilrdzitecture Ci?vie iPsit davcrd

/<?/z cemmen -cernent .

le//ee;SesSecrdsjê>7d nofre lonlietir*:/\. 0 i* il '

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VjÉII 1Sj^toris/exaltorisjà rnetetni/ice/ice ,

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Qui des Jlois mo/ztr-e la C7rx77ideu/' ._y

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( 1* )Où parmi les loisirsD'une agréable vie,On jouît des plaisirsDe la Maçonnerie.

Nous qui voyons ce tems,Cet heureux tems, mes Frères,Et ce nectar charmantRemplir souvent nos verres,Bénissons à jamaisDu Monde l'Architecte,Qui joint à ses bienfaits ,Ce jus qui nous humecte.

CHANSON DES SURVEILLANS.

Premier Couplet,seul.£_\f>im à fa postérité

Transmit de l'Artla connoifiancc ;Et Caïn, par l'expérienceEn démontra l'utilité:C'est luiqui bâtit une VilleDans un Pays de l'Orient,Où l'Architecture CivilePrit d'abord son commencement,'

C HO E UR.

De notre Art chantons l'excellence;Ses

*

|ôçs»4 6*îl,4*'»l,»l*r^4*,sfr4^ -l-fy*\*^

Page 301: Derivative

( H)Ses secrets font notre bônhéuf.Exaltons fa magnificence ,Qui des Rois montre la grandeur.

Auttes Couplets ,seul.Jubal, le père des Pasteurs,Fut le premier qui fit des tentes,Où paisible ilvivoit des rentesDe ses innocentes sueurs.Cette Architecture champêtreServit depuis pour le Soldat ;Et les Héros que Mars fait naitre,L'embellissent de leur éclat.

$

Jamais Neptune fur ses eaux ,De l'Architecture navaleN'eût vu la grandeur martiale,Nides Commerçans les Vaisseaux;Si Noé fàvant Patriarche ,Eclairé par le Tout-puiifarit ,De fa main n'eût de la belle ArcheConstruit le vaste bâtiment*

%Les Mortels devenant nombreux,Aufli-tôt on vit l'injusticeJoindre à la force l'artifice,Pour opprimer les malheureux :Le foible alors, pour se défendreContre Nemrod fier Conquérant,

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(i?r)Entre les forts alla se rendra jEt luirésista vaillamment.

Le mépris du divin AmourFit que les Hommes fanatiques*

'

Bientôt après firent des briques^Pour Babel la fameufe Tour:La différence du langageVint déconcerter ces Maçons,Qpi renoncèrent à l'ouvrage,Contens d'habiter des maisons.

•JfMoïse par le Ciel guidé (*),Bâtit l'auguste Sanctuaire,Où des vérités la lumièrePar l'Oracle étoit annoncée.Dès--lorc la feinte ArchitecturePour l'ldole étoit profanée.Et fa magnifique ftructufeCharmoit le mortel étonné.

*t?Le pacifique SalomonAvoitdé son tems l'avantageD'être des Hommes teplus fige,

Et

(*)On prie-le Po'êtè {Fraik-Maçon fansdoute) de faire accorder ici les règles de taGrammaire' avec sellés de ta Toèft4 %

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»

Ètjle plus excellent Maçon tIlerigea.de Dieu le Temple,Qui fut le chef-d'œuvre de l'Art;Et toUs les Rois, à son exemple,Furent Maçons de toute part.

*g»

ï)e.l'Art toute la majefieEn Grèce, en Egypte, en Sicile,A Rome, en France, en cette Ville,De là fut après transportée *.Aujourd'hui nous passons l'Asie,Par la beauté des bâtimens :Et mieux qu'elle avec l'ambrofie,Nous buvons des vins excellens.

On reprend le Chœur v

CHANSON DES COMPAGNONS,

Premier Couplet , seul._t\P~~ divin, l'Etre suprême

Daigna te donner luirmême,Pour nous servir de remparts.Que dans notre illustre LogeSoit célébré ton éloge,Qu'il vole de toutes parts.

C HO E UR.

Que dans notre illustre Loge' " _

*»***

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~r\

Ckansoist des CoM-PA.o^roîsrs .

JFaiso/is fde/iti/'jà qloify?,Jto72oro7is-e/i la 77ie

¥*\li\^-H r-f L-if-^^Tr>ar nos Ve/s dnos Clza/z/o/zs ¦ Que le

anqe,iPa/mi les thons Cbrtuoaqnons

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CiïAJsrsoisr ues IV

J'iez-a/ierU- <?

'*• frères et Cb7npuqnonsiDe la jflaconne -™ 1

* *ae

—¦__ i¦$— as >*

" 'rie,Sans e/taqrinJoiiilTon d)esplaisirs de la

utie preuve que d'accord d[/bus

Lkchœur revde ù diaepie Coupld, Jaunis

Dit/i rouc/e lorxl,dCc .

¦H-l-_4

"• yans à nos Jfreres .

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17

(*7)Soit célébré ton éloge,Qu'il vole de toutes parts.

Autres Couplets,seul.Soit que loin Phébus recule,Soit que de près ilnous brûle,Toujours cet Art nous défend.C'est par la Géométrie,Que fa noble &métrieDes cinq beaux Ordres dépend.

saisons retentir fa gloire,Honorons-en la mémoire,Par nos vers &nos chansons:Que le jus de la vendangeSe répande à fa louange ,Parmi les bons Compagnons.

???ti'»»*»»»»»»*»»»»»»-»»CHANSON DES APPRENTIFS.

Premier Couplet.

J? Rères &CompagnonsDe la Maçonnerie ,Sans chagrin jouïfforisDes plaisirs de la vie.Munis d'un rouge bord,

Que par trois fois un fîgrial de nos ver-res

b Sait

*

Page 309: Derivative

( -- )Soit une preuve que d'accord

Nous buvons à nos Frères.

Le monde est curieuxDe savoir nos ouvrages j'Mais tous nos envieuxN'en feront pas plus sages.Ils tâchent vainement

De pénétrer nos secrets ,nos mysteres :Ils ne sauront pas feulement

Comment boivent les Frères.

:bCeux qui cherchent nos mots,Se vantant de nos signes,Sont du nombre des sots,De nos soucis indignes.C'est vouloir de leurs dents

Prendre la Lune dans fa course altièrc.Nous-mêmes ferions ignorans ,

Sans le titre de Frère.

•*§*•

On a vu de tout tems,Des Monarques ,des Princes ,Et quantité de Grands ,Dans toutes les Provinces,Pour prendre un tablier,

Quit-

*

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(-9). Quitter fans peine leurs armes guerrières,

Et toujours se glorifierD'être connus pour Frères.

*§?

L'Antiquité répondQue tout est raisonnable,Qu'il n'est rien que de bon,De juste & vénérable,Dans les Sociétés

Des vrais Maçons &légitimes Frères.Ainsi buvons à leurs santés,Et vuidons tous nos verres.

'

Joignons-nous main en main,'Tenons-nous ferme ensemble,Rendons grâce au DestinDu nœud qui nous afïèmble :Et soyons assurés

Qu'ilnefe boit furies deux HémispheresPoint de plus illustres santés,

Que celles de nos Frères.

Ace dernier Couplet on dira trois foisla petite Reprise.

Voyez, ci-dejfous la fuite.b % Suite

*

Page 311: Derivative

Par le Frère** ******

J7Rëres &Compagnons,De cet Ordre sublime,Par nos chants témoignonsL'esprit qui nous anime.Jufques fur nos plaisirs,

De, la vertu nous appliquons l'équerre*.Et l'Art de régler ses desirs,

Donne le nom de Frère*

C'efi ici que de fleursLa Sagesse parée ,Rapelle les douceursDe l'Empire d'Aftréé.,Ce necTrar vif& frais,

Par quisouvent s'allument tant de guerres.Devient la source de la paix,

Quand on le boit en Frères.

Par des moyens secrets ,"En dépit de l'envie,Sans remords, fans regrets^Nous ieuls gourons la vie.Mais à des biens figrands

Eo

*

*

Suite, de la Chanson des Apprentifs.

Page 312: Derivative

(21 ). En-vain voudrait aspirer le vulgaire j

Nous-mêmes ferions ignorans,Sans le titre de Frère.

Profanes, curieuxDe savoir notre ouvrage,Jamais vos foibles yeuxN'auront cet avantage.Vous tâchez, follement

De pénétrer nos plus profonds mysteres jVous ne saurez. pas feulement

Comment boivent les Frères.

Si par hazard l'ennuiDonne quelques allarmes,Aussi-tôt contre luiNous chargeons tous nos armes 0,Et par l'ardeur d'un feu

Plus pétillant que les foudres guerrières^Nous chassons bien-tôt de ce lieu

Cet ennemi des Frères.

Jiuvons tous en l'honneurDu paisible Génie ,Qui préside au bonheurDe la Maçonnerie.Pans un juste rapport.

M Qs?

*

*

*

Page 313: Derivative

( ")Que par trois fois un signal de nos ves-es

Soit le symbole de l'accordQui règne entre les Frères.

Joignons-nous main en main,Tenons-nous ferme ensemble :Rendons grâce au Destin,Du nœud qui nous afïèmble :Et que cette unité,

Qui parmi nous couronne les mysteres sEnchaine icila volupté,

Dont jouïfïènt les Frères.

On répète ces deux vers trois fois.

DUO

Pour les Francs-

Maçons.

le Frère Naudot,

Jf__^Orfque fous le règne d'Aftréé,L'innocence gmdoit nos pas,L'on ne voyoit point de combats,Nila terre de morts jonchée.En voici, Frère, la raison:Chaque Homme étoit un Franc-Ma-

çon.Tous

*

*^*t*^****£*&*&*t*&*fe'i^>&*^

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23

T*ous les petits, comme les grands,Sans nulle plainte ni murmure,Partageoient égalementLes biens que produit la Nature.

AUTRES CHANSONS NOUVELLES.

OUr notre Ordre en-vain le vulgaireRaifbnne aujourd'hui ;

Ilveut pénétrer un mystèreAu-dessus de lui.

Loin que la critique nous blefïè,Nous rions de ses vains soupçons;Savoir égayer la Sagesse,C'est le Secret des Francs-Maçons.

ijgf

Bien des gens disent qu'au GrimoireNous nous connoiffons ,

Et que dans la Science noireNous nous exerçons.

Notre Science est de nous taireSur les biens dont nous jouïffons :Ilfaut avoir vu la lumière ,Pour goûter ceux des Francs-Maçons^

Se comporter en toute affaireb 4. Avec

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24

Avec équité,Aimer & secourir son Frère

Dans l'adversité,Fuir tout procédé mercenaire,Consulter toujours la raison ,Ne point se lasser de bien faire,Cest la règle d'un Franc-Maçon.

4?

Accordez- nous votre fuffrage,O Sexe enchanteur j

Tout Franc-Maçon vous rend hommage-Et s'en fait honneur.

C'est en acquérant votre estime,Qu'il se rend digne de ce nom:'

Qui dit un ennemi du crime,Caractérise un Franc-Maçon.

4?Samfon à peine à fà Maitrefïê

Eut dit son secret,

Qu'il éprouva de fa foiblefïcLe funefte effet.

Dajila nauroit pu le vendre;Mais elle auroit trouvé SamfonPlus discret & tout aufïi tendre.S'il avoit été Franc-Maçon.

POUR

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( 25 J

LES FRANCS -MAÇONS!,25

Décembre 1743.

Sur ÎAir de la Béquille.«

J_jA lanterne à la main,En plein jour dans Athène ?Tu cherchois un Humain,Sévère Diogène.De tous tant que nous femmesVisite les maisons ,Tu trouveras des hommes,Pans tous nos Francs-Maçons^

mI/heureufe LibertéA nos Banquets préside \L'aimable VoluptéA ses côtés réside ;L'indulgente NatureUnit dans un MaçonLe charmant EpicureEt le divin Platon.

WtL

Pardonne, tendre Amour»t?5Si

Page 317: Derivative

Mes

Si dans nos AfïêmbléesLes Nymphes de ta CourNe font point appellées.Amour, ton caractèreN'est pas d'être discret;Enfant, pourrois-tu taireNotre fameux Secret?

m.

Tu fais afïèz de maux,Sans troubler nos mysteres;Tu nous rendrais rivaux,Nous voulons être Frères.Notre chère familleRedoute les débats,Qu'enfante la BéquilleDu Père Barnabas.

&4

Toutefois ne crois pas,Que des âmes fi bellesA voler fur tes pasSoient constamment rebelles;

Nos soupirs font l'élogeDes douceurs de ta loi;Au sortir de fa Loge,Tout bon Frère est à toi.

26

Page 318: Derivative

(27 5>:-'.

Mes Frères ,par ma voix,"Un Elève d'Horace,Jaloux de votre choix,Vous demande une place.De la MaçonnerieIlest bien plus épris,Que de la ConfrérieDe certains Beaux-Esprits.

CHANSON

Sur l'Air:

yfà c* que c'efl qiï £aller au boisl

J ./Ans nos Loges nous bâtiflbns tVlà c' que c'est qu' les Francs-Maçon^

Sur les Vertus nous élevonsTous nos édifices,Et jamais les Vices

N'ont pénétré dans nos maisons sVlà c' que c'est, &c.

Nos Ouvrages font toujours bons;

4&#*§&s!>&<&%><&%><& «§*>•# «!>•# ##

Page 319: Derivative

(i8)Vlà c' que c'est,&c.

Dans les plans que nous en traçons.Notre règle est sure,Car c'est la Nature

Qui guide &conduit nos crayonsVlàc' que c'est, &c.

¦•«SSC*

Des Autels pompeux nous saisons:Vlà ç' que c'est &c.

Aux Talens nous les consacrons.Les Mufes, tranquilles,Peuplent nos asiles

De leurs illustres nourriçons :Vlàc* que c'est, &c.

«e§§e»

Peautés pour qui nous soupirons,Vlà c que c'est, &c.

Vos attraits,, que nous révérons.De l'Etre suprêmeSont l'image même ;

C'est luiqu'en vous nous adoronsVlà c' que c'est, &c.

«#3ll©*?

4>ux profanes nous l'annonçons 2

Vlà c' que c'est ,&c,Mo*

Page 320: Derivative

.. (29)Modérés dans leurs passion*?,'

Difcirets près des Belles,Sincère, fidèles,

Amis parfaits, bons compagnons:Vlà c' que c'est, &c.

«##<»^#^#^*#^-# 4*# #«§*

AUTRE.

J_ Ous les plaisirs de la vieN'offrent que de vains attraits^Et leur douceur est suivieD'amertume &de regrets;La feule MaçonnerieOffre des plaisirs parfaits.

«aSSô*Par la tranquille innocenceCe séjour est habité;Du poison de la licenceJamais iln'est infecté;Et c'est toujours la décenceQui règle la volupté.

Sur l'jAîf:Nous vivons dans Finmcenci-

Page 321: Derivative

Cîo)

On finiffoit d'imprimer ce Recueil, lorsquefat refu une copie du Remerciment queFAbbé Fréron a fait ces jours derniersàla Maçonnerie ,le soir même de fa

Réception. Ilefi étonnant que cet Ab-~bé,qui ne passe point pour être zélateurdes Formules Académiques ,aitparu vou*

loir en faire usage en entrant dans uneSociété, où le compliment efi aufit redoutéque Findtfcrétioh. Le voici;tel qu'ilm'a été communiqué.

TFr. j[Lm'est donc permis,Mes chers amis,

A votre exemple ,De suivre le coursDes plaisirs qui filent vos jours.

Avec quels transports mon œil contem-ple

Cet auguste Temple !Le vulgaire obscur,De nos mépris sujet trop ample,

De son fouffle impurN'en ternira jamais l'azur.

Ma»

Sur l'Air de la Confeffion.

Page 322: Derivative

( î- )

Mais en quoi consiste, je vous prie,'La Maçonnerie ?

LeVénér. Payer le tributA l'amitié tendre & chérie,

C'est le seul StatutDe notre charmant Institut.

fâ WFr. Quels plaisirs, quand le Ciel vous ras-

semble,Goûtez- vous ensemble?

Le Vénér. Des plaisirs fidoux,Qu'aucun plaisir ne leur refïèmble ;

Des plaisirs fi doux,v Que les Rois même en font jaloux.

¥MWFr. Dites-moi ce qu'ilme reste à faire,

Pour vous fatisfaire.

%i $*&

LeVénér. Sois sage & discret,Sa-

vue vm

Page 323: Derivative

Sache moins parler que te taire,"Préviens le regret

Qui fuivroit l'aveu du fèeret.

3?&

gï. Je favois, avant que ma personneDevînt Franc-Maçonne ,Garder le tacet;

C'est un art que le Ciel nous donne;Ce petit Colet

Répond que je ferai discret*

FIN.

32

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Page 325: Derivative

1

Ti

Chants ou d_e s Fkantc s -Maçons

HORS JJIIS LOCES.

"*J\be,ddaeûn très ve-rzerable ,Pour edair-er le \

*I k.Maçons lionc/ vusla tdble. 'ait 'au ddi•a-g »¦• ______tm r*

—P——fer.

E t g! , n i f IKzrzzjfc/au'ile/i deux.'en %/Uaçens,en Jlaçcris

£x CtCŒtm rtpetz à diaaue Couplet, xdh.'çuiL |

e/i doux.'à caïe marque 'S. i

' i^lO'i*. __\'__ -__ fi Jpg ilj1 j> •„"t • ¦ i 'Fl'*tnous:aZa .'an -ah.au'ilclidoux.'l/z

&ï\\ MY filIil'il iMil;

Page 326: Derivative

CHANSON

Qu'un Franc-Maçon peut chanter àTable &hors de la Loge.

Far le Frère de la Tierce.

I.

Noé, Magon très vénérable,Pour éclairer le Genre-humain,Prit la Grappe, fit le Vin,Liqueur aimable.Que tout verre soit pleinDe ce jus déleûable :Par {es esprits restaurons-nous;Ah!qu'il est doux !En Maçons honorons la Table.

11.

De notre Art cet auguste PèrePar l'Arche triompha de l'Eau,Qui ne fut point le tombeauD'un seul bon Fre re :Ilbâtit le Tonneau,La Bouteille & le Verre;Et s'écria, Restaurons-nous,Ah!qu'il est doux !En Maçons suivons la Lumière.

C PLAN

33

Page 327: Derivative

PLANDE SOUSCRIPTIOND'UNE

HISTOIRE MILITAIREDUPRINCE EUGENE,

DUDUC DE MARLBOROUGH,ET DU PRINCE

B'ORANGE et de NASSAU-FRISE:

TOME TROISIEME,

Contenant des Faits nouveaux &remarquables ,qui ne se trouvent point

dans les deux premiers Volumes;Comparés & mis en parallèle avec ce que

/mFolurp, les QuiNCY,/wFeuquiere,^^" autres Auteurs,ont écrit depuis , relativement à cetteHifioire;

Et accompagnés de Remarques Historiques& Critiques;

Mr. ROUSSET,

Membre des Académies Impériale &Royakdes Sciences de Saint Pétersbourg & de

Berlin.

AVERTISSEMENT DEL'AUTEUR.

>, T OrsQJJE j'ai publié YHifioireMi-5,I'a lita'tre de ces grands &vaillans

Page 328: Derivative

(35)„Généraux de notre Siècle, pour servir„de Second Tome zuXr.Bataillés du Prifice„Eugène ,gravées par Huchtênburg,? & décrites par Mr.Dvm o n t,ces? Héros étaient encore pleins de vie. Ils„n'en ont pas été ofFenf es,Ôc le premier„m'a fait la grâce de m'en témoigner fa„fâtisfadtion. On peut bien croire,que? dans de telles circonstances, un Ecri*„vain est obligé à une certaine retenue,3, qui s'éclipse avec le tems ,&laisse la,„liberté de dévoiler la Vérité,qu'on n'a-„ voit point trahie, mais qu'on avoit été„obligé de ne pas exposer dans tout son„jour. Les plus grands Hommes ne font„pas fans défauts : ainsi, ils ne peuvent„prétendre d'être à couvert de la Criti-„que de la Postérité, si leurs Contempo^„rains leur ontprodigué l'Encens. Notre„deflein est de donner ,dans un Troî-„ sieme Tome, de l'épaifïèur du pre--„mier,& même plus gros ,la Suite de„FHifioire Militaire de ces grands Capi->„taines ;d'y joindre les Anecdotes les plus„intéreflantes de leur vie civile 5c domes-„tique; &, en repafTant les grands Evé-„nemerts de leur Hifloire, les Sièges, les5, Batailles ,les Négociations ,Ôcc. aux-„quels ils ont eu part,de transmettre à„la Postérité les Jugemens qu'on en a.j,portés, les fuites qu'elles ont eues, &

C z ? la

Page 329: Derivative

(î*)„la conduite qu'ils ont gardée. Rempli? d'admiration pour leurs Aérions héroï-„gues, mais exemt de haine ou d'afFec-,, tion particulière pour l'un ou pour l'au->„ tre,nous nous flattons que nos Lecteurs„trouveront que nous avons suivi, autant„qu'il a été poflible, le flambeau de la3, Vérité , porté par l'lmpartialité la plus33 équitable ic.

AVERTISSEMENT DU LIBRAIRE.

Jean Neaulme, aiant formé ledessein d'imprimer ce Nouveau Tomed'Hifioire Militaire &c., souhaite de

le faire de la manière la plus commode ,&la plus avantageuse en même tems pourle Public ; savoir ,par voie de Sou s-CRIPTION.

Iloffle donc de le donner, jufques àla fin d'Avril1745 , pour 18 Florins Ar*gent de Holiatide,dont la moitié se payerafurie champ, & l'autre moitié en rece^

vant le Volume, en Juillet 1745 au plustard. Mais ceux qui ne l'auront pas prisavant la fin d'Avril 1745,ne pourront) paslavoir après , à moins de 25 Florins deHollande ;&le Libraire ose affûter > qu'il

tien-'

Page 330: Derivative

(37)tiendra parole, comme il se flatte d'avoir-fait par rapport aux Actes Publics dAngie-terre par Rymer,en io Volumes in Folio,qu'il publiera complets en Janvier 1745,&dont les Souscripteurs ne fè plaindrontjamais, à ce qu'il espère.

As 1m d'engager d'autant plus ceuxqui n'ont point encore ks deux premiersVolumes de cette Hifloire Militaire, quivalent actuellement 50 Florins deHollande,illes offre conjointement avec le Ttoifème,jufques à la fin d'Avril 1745, pour 50Florins de Hollande les trois Volumes ,donton payera 41 en recevant dès à présent lesdeux premiers , accompagnés d'une Pro-mette de fournir le Troisieme, pareille àla ReconnoifTance que reçoivent ceux quifcufcrivent pour ce dernier ,& qui paye»ront 9 Flcriiïs en le recevant.

On ne doit point ignorer ,que cette

Hifloire est en grand in Folio,Forme d'At-las j qu'elle est remplie de Cartes ,dePlans de Villes, de Repréfencations deBatailles , &c;&que le Tome Troiiièmaaura,autant qu'il fera néceflaire ,les mê-mes Avantages, & à la tête, les Portiaitsdu Prince Eugène, du Duc de Marlbo-*rough ,& du Prince d'Orange , d'uneGravure neuve &'de bonne main.

C 3 Ainsi

Page 331: Derivative

(î«)ainsi le tout enfemblc formera un

beau Corps d'Hifloire Militaire de ces U-ïftjlres Généraux.

Apr c's le Terns de la Souscriptionécoulé , les 3 Volumes se vendront 75Florins de Hollande.

On peut fouferire à la Haye chez, lesusdit y.Neaulme , à Amfierdam chez y.Çatufe ,&ailleurs chez la plupart dcsLibraires.

ERRATA.Pige ißj, ligne 3 £tnbai, an-lieu de pag, 130,131.

Pfex. page 120.

Les autres fauta nt font sas £c ct>nft<pttnct.

Page 332: Derivative

(3?)

39 RELIEUR.TL faut conserver- le papier blanc qui se& trouve au deflbus de l'Explication desPlanches I,11, IV, V, &VIII,afin deles faire déborder hors du Livrepar le côté.Les pages , où les Planches doivent êtreplacées, font marquées ci-defîbus.

AANDEN BOEKBINDER.

ifet toitpapier/ bat onber be îtitlegginjban be paaten I,11, IV,V, en VIIIge*bonben toojbt/ moet men nict affhpben;maar bie sobamg injetten / bat 3eter 3»ben buiten ïjet ï&otk uitfîaan. «Depagirîaa£ / altoaar be J^laaten gcplaatftmoeten toojben/spn ïjier onber aangetocjeru

H. i.-

PI. JI.PI. 111.

-PI. IV.PI. V.PI. VI.PI. A.

-PI. VILPi. VIII.

-PI. B. 1PI. C. | -PI. D.PI. E. |

-PI. F. j

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