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MIMESIS 'N nilfiirr, ti A l jl í

Derrida - Economimesis (Francés)

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Economimesis de Jacques Derruida, en el original francés

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  • MIMESIS

    'N

    n i l f i i r r , t i A l jl

  • Flammarion, 1975. Printed in France

    ISDN 2-08-212015-5

  • D es articulations de la m im euse

    Pour introduire ce livre, il aurait fallu prsenier deux chases :son objet la mimesis , el son mode de composition 'assemblage de six t ex tes diffrents. II aurait done fa!lu que d'une maniere ou d'une autre ce livre se donndt, sur un et son unite. II ne Va pas fait et ce manque constitue un effet a fots volontaire et involontaire. Prendre en compte de tels eTets, avec ce qu'ils impliquen! de drang ou de d tour n par rapport l'ordre tabli de la production philosophique, c'est un des propos de cette collection (et, entre autres, d'une serie de travaux collectifs que ce livre voudrait inaugurer) . Cela n'interdi i pas, bien au contraire, de chercher s'en expliquer me me s'il ne s'agit pas d'expliquer ces effets eux-mmes, c'est--dire de les rduire pour les resorber dans l'ordre en question.

    Le choix de mimesis tait dlibr un peu, si l'on veut, comme le choix d'un thme qui semblait s'imposer aujourd'hui et itnposer de no mb reuses variations. Ce qui tait beaucoup moins dlibr, et qui ne s'est avr qu'au fil des travaux, c'est que mimesis ne se laisse pas enfermer dans le statut d'objet, ou de thme. Si l'on peut entendre sous mimesis , en premiere approximation, la question genrale de la reproduction ( une question que l'on aura dj du mal soler, d distinguer de la question la plus gnrale...), on ne peut pas viter de toucher tres vite une espce de limite : cette question met en jen, ou met au dfi, la production et la position du discours qui la formule. J y rcviendrai en fait, je ne cesserai pas revenir.

    Quant la composition du livre, il s'est produit quelque chose

  • 6 MIMESIS DESARTICU

    d'analogue. Nous a v i o n schois i des en raisonde leursdifferences (de nature, d'allure, de signature), et sonsdoute seion l'ide courantc du travail collect if, cette ide nomique qui renvoie toujours d un benefice que l'on escompte de addition ou de la multiplication des apports . Ce qui suppose que/que lieu common o l'on puisse capitaliser ce bnfice. Mimesis ne s'estpas tout fait prte ce role. Nos textes sc rejoignent ou sc re coupon t , s ils le font, sur la fuitc ou le dbordementde leurobjet comLes differences font doneplus que subsister, elles devierment peut-tre mme extremes, et

    ellesne sc prctent plus au calcul par rapport d une reference unique et positive. Elles ne s'additionnent pas plus qu'elles ne

    s annulcnt. Qu'est-ce done que ce livre? que letravail philosophiquelorsqu'il est ainsi contraint de se drouter ?de quelle production, ou reproduction, s'agit-il? Id encore, il faudra y revenir, l faudra y revenir , mais peut-tre surtout

    ailleurs : que l'on y vote ou non un paradoxe, ces questions sont encore excess i ves pour ce livre.

    C'est ce dont tmoigne, au moins, le sort singulier de cette introduction. II est temps de le dire : nous avions decide d'une partie commune o nous marquerions ensemble des articulations de nos textes. Mais il faut croire que Ies concepts de partie et de communaut se sont d robes, puisque je suis rest seu! avec cette serie de paragraphes, vrai dire de

    fragments, que je comptais articuler avec ceux des autres et qui dotvent done se rsigner teir lieu des autres et des articulations.

    **

    Je pour suis done, ou plutt je recommence...

    ... 1' objet de'ce livre se aisse identifier sans : mimesis. Pour une f o s , le titre ne dissimule aucun appel quelque ressort d'intelligibilit que seul ferait surgir le cours de la lecture. On sait tout de suite ce qui est en jeu : non la mimesis de ceci ou de cela, done pas une mimesis dtermine par un objet ou un rgime; et pas non plus la mimesis, concept ou thme prlev dans de grandes configurations discursives ou cultur elles. Mais bum de mimesis elle-mme, et de Mimesis, c'est--dire du persomage ponyme de toutes les mimesis, de tous les concepts, themes ou formations thoriqueset pratiques qui rel vent

  • i s z s z * * - - * * *culiers. . mot\f grtral mais non e.i

    Autrement (lit encore, e CJ/W/ une insujfisance ebr - qui common* c e hv partraduction : Mimcs.s ne se lause P on, mise enreproduction, simulation, ressemb . Mimesis, kmrfne, analogie, etc. Tout ce a P .grinnalit, la production.ceUe-ci es, aussi bien imphquee don ongma,^ . ^ ^

    1 Vauthenticiti, lo proprieli. etc. / ) U , , J autant desalt d'entre de jeu de qui ti s agit, saris Pquoi.

    . . cela est-il la cause de ceci ou ? ne

    sais : en tout cas, les six textes qui suivent nont entre eux d articulation que celle de mimesis, lis met tent six fots Mimesis en s c e n e . Ce qui revient peut-tre parioder une scne connue,

    sous (e litre de Six auteurs en qute d'un personnage . Encore faudrait-il qu'il y ait ici six auteurs, et dramatiques de surcroit. On verra que ni/ une ni 1'autre condition ne sont exactem ent remplies.

    DES ARTICULATIONS M EA m m V S E ^

    ... ainsi peut-tre n'tait-il gure possible cette partiecommune. Peut-tre tait-il ncessaire que chaqu M imesis tierme seule son role. Essayer d'crire ensemble montre sans doute la fois : 1) qu'on crit toujours seul, si peu ou si m al qu'on crive et que c'est i un fait de mimesis : il fa u t bien,

    quelque part,s'im iter; 2) qu'une autre criture, ou une altre implique une autre socialit, une autre conom ie, d 'autres rapports de production et de consommation des textes, des livres, de V criture aussi. C ' un autre regim e de

    mimesis que celuique l'histoire nous a fait. II est certain que ce livre polycphale ne manquera pas de produire tous les effets d un livre, alors mme qu'il ne peut pas viter d 'etre trouble par tout autre chose : par le besoin de rire d 'une parodie de

    d " rire ,el Chose s'y inquite e , s y

    r P a 7 C O m m u n eannotation ebauche, discontinue

  • 8 MIMESIS DES ARTICULATIONS

    suivie a fois, col des modeles -migues du eommun et du porticulier, Ce qui ne supprime pos routmodle : por exemple celui des fragments " Onpeut done dj rire de ce texte obstinment harcef par la mimesis, par plusieurs mimesis. Et Ton peut nous demander : qu avez~ vous done fait /'autre, en crivant ensemble sans texteeommun ? Peut-tre faut-ii repondr ceci : tout /e moins, nous avons t empehs, dans une certaine mesure, d'crire un autrelivre, un livre de plus.Je veuxaire a ecrire un nvre, i cj.=dire en 'occurrence de boucler un trait de la mimesis. Quant d la figure collective d'un te!livre, ce nest sans doute pas par basar d que la mathmatique s'est jusqu'ici reserv le pouvotr bourbakiste /une signature collective. C'est que sons doute ( jusqu' un certain point du moins) Malhesis n'est pas Mimesis. Mimesis m'aura aisssur te souci d'un livre altr d'un livre narrivant pas tout fait son propre savoir, ni sa propre communaut.

    ... altrer les livres, les textes, leurs conomies un peu, ou un peu plus si l'on pouvait , froisser es crits, froisser les auteurs : c'est quand mme ainsi, de tout l'enjeu d'une lhique que Mimesis nous inquite...

    ... il est vident que nous jouons id nos roles convenus : de u philosophes , de collaborateurs d'un ensemble thorique, etc. Et pourtant, nous n 'avons pas pu tout fait nous teir sur a scne, ft-elle parodique. L'ihique de Mimesis ordonne d'en descendre y ou de s'en carter, L'espace de jeu de Mimesis n'est celui d'aucune scne si ce que l 'on designe ou dcoupe aujour- d'hui comme scne (historique, conomique, littraire, thtrale, que sais-je ?) rpond toujours au modle general que Bernard Pautrat, avec Brecht, met vif ici, et dont la fonciion est toujours de satisfaire quelque savoir. Mimesis ne comble pas Mathesis : c'est c e l a ,cette insatisfaction, cette irritation qui estmise vif.

    ... avec Mimesis, il se trouve qu'il s'agit sans doute de la scne mme : je veux dire de cel/e qui n 'est pas une scne, mais qui n'a plutt pour tre que la stJe ici dcrite ou dcline par Philippe Lacoue-Labarthe, et sur laquelle une typographic mimtique inscrit, avec et malgr Heidegger, la question de l'itre.

  • DES ARTICULATIONS DE LA MI MEUSE

    ... on y a monte, et reprsente ce qui devait done devenir a scne philosophique , c'est--dire Ies scnes raire, productive, purgative, morale, scientifique, etc. 11 y en a bien d'autres : je ne savais comment chaisirt et d'ailleurs il ne pouvait en tre question. L thique de Mimesis n est pas celle du choix et du libre-arbitre. II n'y a done pas eu, pour composer ce livre, de repartition de domainesil a pas eu de veritableeconomic d'ensemble. L ' conomimesis uv Jacques Derrida fait simultanment Tconomie et la dpense des , attributions et rtributions.

    ... pour ce qui est des articulations, la chose s'est done faite sans trop d'anatomie. On trouve par exemple, ici, Platon, et Id, Platon encore. Cependant, ce n'est jamais le mme : tan tot metteur en scne et tantt mis en scne, on verra que Platon n'assure peut-tre que par mimesis l'instauration anti-mim- tique de la philosophic. Et que le texte du Sophiste, tel que Jean- Luc Nancy en subit les manipulations, n'est pas moins fantas- tique que les lixirs du diablc avals par Sarah Kofman. L'un comme I'autre programment Linsatisfaction du lecteur avec sa satisfaction. Le Sophiste pourrait tre cont par Hoffmann : inquitame tranget de ce vent rilo que dmoniaque, ou de ce loup bless au ventre par quelque vampirique a leu!, ou par quelque vautour...

    mais que^veui dirs^ici_ la que veut dire :C'est, en somme, ce que lout ce livre~drait

    comme sa question. Platon ne ressemble pas plus Hoffmann qu' Platn. M j i n e s j s jfj^ tJa n a is c'est aussi pourquoi elle a toute une histoire, toute l'histoire de sa propre reproduction. R e s t e r a i t a l o r s ede la partie commune (oudu lecteur...) tout un rseau d histoires et de differences re tracer : par exemple, d'une philosophle du phantasma une littrature fantastique ; d'un auteur qui se drobe un auteur qui signe sa duplicit (et que soussigne cette autre : Hoffmann, Kofman); de Freud qui n'a pas lu le parricide de Freud qui a lu de Vanalyse dans les lixirs; et encore : de Freud qui lit ou qui crit Freud qui, au thdtre, veut comprendre pour jouir, et que Pautrat soumet la question matrielle ( plus d'un litre) . qu est-ce qu un theatre oil l'on se dsaltre?

  • 10 MIMESIS DES ARTICULATIONS

    ... ainsi mis en scne (peut-tre seton es principes d'un Petit Organon^, ces personnages laisseront !etateur (le thoricien). La distanciation pentre dans Mimesis

    eHe-mmer,et n'est peut-tre pas autre chose que cette distance qui i'affectc

  • - * - # s/a puissance propn /acuelle , / , monJc s'esl soustrait,cene > f .y ^ J 7 e n r l r e an moins fe

    n'ai pu eviter, a i instan ,

    '# mii vient de se passer cette minfiz volt aussitot ce qut \iuu v - - .ose a question de s e que mime, en general j ordnc dfquelque 'chose qui le precedern, qui

    h i Vnrdre thorique a abso-derait le com m en cem en t absolu d o n t o ra re tneorTurnea, besa,a. Tctte es, TM que de M ,m , s : commandsquelque chose et quelque part d avant la loi.

    D E S ARTICULATIONS DE LA MINIE USE

    ... mais on que de plan pose la question

    assignjeu que

    n ) certaine an trigrtexornissatis concert at ion .Mimesis semble nots

    [ de forcet reconduits. L'ordre se mime alors dans ce concertdconccrtant dont le programme porteratt en quelque sorte . partition de /'antriorit inoue, et d'ailleurs inaudible, dfurtg proposition sur toute proposition, d'un signe sutL tojtliL^ signifi- cation, de Vantriorit (transcendantale?) d'une reprsentation gnrale sur toutes les images et sur tous les comme de la vrit, d'un Tractatus sur tout trait. Cette acoustique de l'ultra-son, que fait entendre Agacinski, ce tour de force irralisable ce tourbillon entrainant le logicien vers un fondement introuvable

    jusqu' ce que, soupfonnant enfin le mauvais tour, il s'aban- donne la sorcellerie d'un indcom balai n' est autre que le tour de Mimesis (tour , pu direDerrida). Mais ntant pos, il ne serait ren d'autre que le tour d Hoffmann ressaisissant sa propre criture dans la multiplication de ses copies, images de copies, copies de surchargeqet regrattages sans fin. Ou bien el comme l'autre extrmit__le tour de celui qui, tous les masques otes ou tombs, ou masaus

    fimt par dire, mais d'une voix de fou, Ecce Homo. *

    ... avant (mais que veut dire avant ir i ?) , ;tout thdtre, ,ou, geste, tou, porra i T f , w ^non articul, mimerait. Quoi? ren Mn , mesis>dont se font les crations.Pas mme P **due, e , pour,an,, ou justement, ce .ren >. ,,Vc, se passe pint, comme si Brecht L PS n en - Ce,aITrtslstbk histoire de la creation i * m e m it m scnedra par m m P'e. d'une Votx distancie T /M e 1

    cette replique :

  • Out / c'est un tre divln que 'enfant, aussi qu iln'a pas pris la couleur cumlon des hommes ( lllderhn, Hyperion) . C'est bien de q u o i a complicit radicaic ou radicante de la mimesis et de l'ontologie. Rcmarquons aprs coup qu'en racontant les crimes du Sophisteau titre de la mimontologie, Nancy n 'a fait que relire ou relamer Tpigraphc de Scn und Zeit (dont tait son tour frapp le seuil de la Gram m atologiej en quelque facn, du moins.

    12 MIMESIS DES ARTICULATIONS

    ... pour autant que cette antriorit produise, elle ser ai t mique. On verra comment s 'est engendre ici, comme par gene- ralio aequivoca, une prolifration dconcertante des conomies. Une conomie antrieure prodigue et r ar fie les signes, es

    equivalents mimtiques : l non plus, nous n'avons pas pu arrter es comptes. Et de mme ont prolifr les histoires de famille es conomies domestiques dans une circulation plus que

    familiale du sang, o nulle domesticit n'a lieu sans mimesis, c'est--dire sans apport de sang t ranger et sans per te de sang

    propre.

    , a question du pur-sang aurait pu tre notre question. Ellene l'a pas t. Les animaux marquent au contraire la limite de ce livre et non seulement parce que le mimtisme animal n'y est pas trait (ce sera pour une autre fots). Mais plutl se Ion cette lot qui veut qu'une limite se referme toujours aussi sur ce qu'elle exclu. Des animaux , singes, chouettes hantent ces heux sans s'y laisser prendre. Comme le chow-chow qui hantait, pas toujours avec dcence, le cabinet de Freud. Les mceurs des animaux ne sont pas les ntres ; et c'est bien que ce livre devrau faire entrevoir l'thique de Mimesis, c'est--dire i ih/que mme. Car es professeurs d'thique le savent bien : Le terme thique vient du grec r, 0o

  • DES ARTICULATIONS DE LA Ml MEUSE 13

    t'conomic, la reproduction, et toujours drgle a pure production (te pur-sang, il faut bien le dire, c'est en fait le produit d un croiscmcnt de races) et par exemple, la production togique ou phiiosophiquc, ici, d'un ou de pluslcurs concepts de mimesis. Le concept de production fui-mme, s il dtenait une identit hors du travail et de la politique qu'on lui fait faire, accrditpar l'conomimesis ?Et quel rapport entre la production cono-mimtique et / exemploralit : autremenl dit que. serait un thtre o l'on vomirait effectivement? Et rnieux ou pire : o / 'enve de vomir sublimerail encore ? On verra que des questions de ce type concernent ce que Kant nomme existence anmale , et doivent passer par la gorge d'un rossignol.

    ... les animaux nont cess de fuir, pareils (pareils?) au gibier que chasse Platon, la bte mimtique. Au Banquet des sophis- tes, on cite Camlon d'Hracle, le grammairien qui a tant crit sur tant d'auteurs, et dont il reste trois fois rien. Les mim- ticiens toujours s'loignent comme un reve: Antiphon le Sophiste, rapporte Artmidore (que Freud avail bien lu), connaissait le reve de la seiche qui fuit dans un nuage Ainsi,l homochromie philosophique...

    ... une antriorit a done partout recul, sans pour autant devenir plus originaire. Pas plus qu'une mimique anmale n'est

    l'origine de celle de l ' h o m m e , ni I'inverse: la seiche ne cre pas plus l'crivain que l'crivain ne cre la seiche, et c'est ce qui les rend indiscernables. Mimesis se drobe toute prise. Elle se retracte au toucher dudiscours. A ai ( vr ai dire?) ce n'est mme pas un animal, si l'animalit risque d'etre confondue avec une zoologie constitutive du discours ui-mme. Je verrais plutt la mimesis qui fuit, et ces textes ici avec elle, agites de ments peine anims, d'espces de tropismes, de ractions lmentaires, de pulsions discretes. Ce serait tout au plus la mimique anmale de ces plantes que l'on appelle sensitives mais que l'on nomme aussi, pour la ressemblance de leurs mouvements (quandon les touche) avec les grimaces d'un mime, des mimeuses. Le mimosa, par exemple, est une varit de mime use. Toutes ces pages ici sont parsemes de mimosas.

    ... ta mimeuse se rlracte: on d un rre alter quiepargne mal la tension quil dcharge. Mimesis est impayable

  • 14 MJMLS'tS DESARTICULATIONS

    aussi gacdc^t-eletoujours- une crance sur nos discours. La crante d'une thique a laqucilc les discours tenus dans ces pages ne peuvent, comme res, qu'avoir manque* It nc peut pas non plus v avoir de propositions thiques ; cette proposition est elle aussi dicoupe du Tractatus. JLamoca[eJist peut*tULtpM

    jours d'imitation: Mimesis en revanche trace ou retrace Jes gestes d'une autre thique, d'un autrqeode ou d ' u n e prescription oltre. On ne ira pas cette thique dans ces textes\ Mais l'effet de leur agencement, leur manque de partie commune entre autres, pourrait tre (je l'espre) cette sorte d'effet vgtal, an i mal- vgtal, du leurs mi-mcmrs. (Le camlon luLmmc (lui-mme?) est une, et mme plusieurs variets de plantes

    grecques; voy. P/ine, H.N., 22.47\)

    ... la mi/neusc^se^rjtrete: on rtt... au contact Pun de 'autre, ces textes qui auraent pu exposer et traiter la mimesis et qui n'ont sans doute peu prs jamais parl de la mme chose pourraient se rtracter, se recroqueviller. Dans les inter valles ainsi dcouveris par es mimosas pourrait jouer Mimesis, pourrait s'baucher, ailleurs, un geste, une mimique, une musique de scne dj plus vieille, plus jeune que ces discours, des figures d'acteursprenant a pose (aussipour crire Mimesis^, des mou- vements de spectateurs insatisfaits parcourant a scne, des bruits, des rumeurs de ru, des cris d'animaux, des froissements de plantes. Mimeuse, volume involutifoli qu'on ne pourrait plustrs bien irf parce que son ethos commanderait de ne plus sim-

    plement lire.

    ... Que l on rende raison de /'impression qui nous saisit lorsque le mimosa, sous un attouchement, replie par couples ses feu tiles empennes pour finir comme avec industrie par recroquevdler son pdoncule. Cette impression, a aquelle je ne veux

    point donner de nom, s yaccrot encore au spectacle de l'Hedy- sarura gyrans qui balance ses foliotes sans aucune impulsion visible, et semble jouer avec soi-mme comme avec nos concepts. Gathe, Dichtung und Wahrheit, IVt 16.,.

    Agacinski, Derrida, Kofman, Lacoue-Labarthe, Nancy, Pautrat

  • Sylviane AD C O V P A G ES D U T R A C T A T U S

    Jacques Derrida ECO N O M IM ESIS

    Sarah Kofman0 )VAUTOUR R O U G E

    Philippe Lacoue-Labarthe

    T Y P O G R A P H IE

    Jean-Luc Nancy

    L E V E N T R IL O Q U E

    Bernard Pautrat

    PO LITIQ UE E N S C E N E : B R E C H T

  • A la faveur d'une indtermination rgle, la morahte pureet le culturalisme empirique font alliance dans a cr* tienne des jugements de goQt pur. Bien qu elle n y occupe jamais le devant de la scne, une politique agit doncce discours. On doit pouvoir la lire. Une politique et une conomie politique sont impliques, certes, dans tout discours sur 1 art et sur Ie beau. Mais comment discerner la spcificit la plus aigu d'une telle implication? Certains de ses motifs appartiennent h une sequence longue, une puissante chame traditionnelle reconduisant Platon ou Aristote. Entrelaces avec eux de maniere trs stride mais au premier abord indmlable, d autres sequences plus troites seraient irrecevables dans une politique de Part platonicienne ou aristotelicienne. Mais il ne suffit pas de faire le tri ou de mesurer des longueurs. Plies un nouveau systme, Ies grandes squences se dplacent, changent de sens et de fonction. Une fois introduit dans un autre reseau le m m e philosophme nest plus le mme

    S d o t ; : ! crimes L i ' N USspcificit philosophique des llndt*"* decider d uneou le propre dun Tvstcme T e" Cadrant Unnutation appartient lui-mme d i T ^ U" e teUe dli

    * eJa a un ensemble qui

  • MIMESIS DES ART TiONS

    reste h pcnser Et le concept d appartcnance ( un ensemble)se laisse travaller, voire disloquer, par la structure du

    parergon l.

    La production comme mimesis

    Cela nous incite une fois de plus feindre le point de depart dans des exempJes, en tous cas dans des Jieux trs particulars, selon une operation qui, pour des raisons dj reconnues, nest ni empirque, ni metempirique.

    Ces Jieux, ici, main tenant, sont deux. Choix motiv par le concept 'economimesis. Apparemment, mimesis et oikonomia n ont rien fare ensemble. II sagit de montrer le contraire, d exhibcr le lien de systme entre Ies deux. Non pas entre tellc conomie politique dtermince et Ja mimesis : celle-ci peut s accommoder de systmes d'conomie politique different?, voire opposes en apparence. Et nous ne dterminons pas encore J conomie en economic de circulation (conomic restreinte) ou en conorme genrale, toute la difcult se resserrant ici ds Jors que, telie est lhypothse, il ny a pas d possible entre ces deux conomies. Leur rapport ne serait ni d identi ni de contradiction mais autre.

    Les deux lieux particuliers se signalent par des noncs ceo- nomiques au sens courant. l y est question chaqu fois de saiaire. De telles remarques sont rares dans la troisime Critique. Ce n est pas une raison, au contraire, pour Ies considrer comme insignifiantes. Est-ce un hasard de construction, une chance de composition s toute la thorie kantienne de la mimesis s enonce entre ces deux remarques sur le saiaire?

    Lune se tro uve au paragraphe 43 (D e Van en generalJ: c est Ja definition de Jart libre (ou liberal : opposition J art mercenaire ( Lohnkunst).L 'autre au paragraphe 51 : il s agi d'une parenthse. II y est declar que dans les Beaux- Arts 1esprit doft s occuper, s exciter et se satisfaire sans songer aucun but et indpendamment de tout saiaire.

    La premiere remarque intervient au cours d'une definition de J art en general. Dfinition assez tardive dans e livre, Jus- qu ici on a trait du beau et des jugements de goQt et si des exempies ont t emprunts art, Ja beaut naturelle aurait aussi bien pu les fburnir pour une thorie des jugements de

    I. Cf. Le parergon, in Digraphe 2 et 3,

  • e c o n o m im e s is

    goat. Au paragraphe prcdcnl, la supriorit de la beaul naturclle avait t justifie dun point de vue moral et p rccours une analogic entre le jugement de got et le Pgement moral. Sur le fond de cette analogic on lit le lanpge chiftr (Chiffreschrift) que la nature nous parle figurment f/tgttT- lichj travers ses belles formes , ses signatures rclles qui nous la font considrcr, elle, comme production d art. La nature se fait admirer comme un art, selon des lois or onn es et non par accident. Si Hegel semble dir ici le contraire, et quil ny a de beaut que de Kart, Fanalogie entre la nature et Fart fournt comme toujours un principe de rconcilation.

    Quest-ce que Fart? Kant semble commenccr par repondr : Fart, ce nest pas la nature, souscrivant ainsi Fopposition hrite. durcie, simplifie entre tekhn et physis. Du ct de la nature, la ncessit mcanique, du cote de Fart, le jeu de la libert. Dans Fintermdiaire toute une srie de dtermina- tions secondaires. Mais Fanalogie annule cette opposition. Elle met sous la dicte de la nature ce que Fart produit de plus sauvagement libre. Le gnie est le lieu dune telle dicte t ce par quoi Fart re?ot de la nature ses rgles. Toutes les propositions de forme anti-mimtique, tous les rquisitoires contre limitation seront en ce point mins. On ne doit pas imiter la nature mais celle-ci, assignant ses regles au gnie, se plie, revient elle-mme, se rflchit travers Fart. Cette flexion spculaire donne la fois le principe des jugements rflchis- sants la nature garantissant la lgalit dans une demarche procdant depuis le particulier et le recours secret de la mimesis : non pas d abord une imitation de la nature par un art mais une flexin de la physis, le rapport soi de la nature. Plus ici d opposition entre physis et mimesis, et par consequent entre physis et tekhn, c'est du moins ce qu'il faut maintenant vrifier.

    Debut du paragraphe 43 : L art se distingue de la nature,comme faire (Thun) (/acere) se distingue d'agir ( Handeln)ou d etTectuer (W irken) en general (agere) et le produit(Produkt) ou la consquence du premier, comme ceuvre(W erk) (opus) se distingue du produit de l'autre comme eTet ( Wirkung ) ( effect us) .

    Ces analogies de proportionnalit sont construites sur un certain nombre d 'oppositions apparemment irreductibles. Comment vont-cllcs fmalement, comme toujours, s'eflacer? Et au profit de quelle conomie politique?

    I'our s'eflacer, comme toujours, I'opposition doit se produire,

  • 60 MIMESIS DES ARTICULATIONS

    se propager et se multiplier. C est un procs qu il faut suivre.A Iintcrieur de I'art en gnral (I'un des dcux termes de

    I opposition prcedcn te), un autre clivage engendre une srie de distinctions. Leur structure logique n est pas insignifiante : aucune symtrie entre Jes termes, une htrarchic rgulire plutt, si bien qu distinguer entre deux, on classe aussi un plus et un moins. On propose de definir deux arts distinets mais pour mettre en evidence deux phnomnes dont J un est plus proprement art que I'autre.

    Aussitt apres avoir distingue I'art de la nature, Kant precise ainsi quon ne dcvrait appeler art que Ja production de Ja libert, par Ja libert Frei-heit). L art proprement dit met en ceuvre le libre-arbitre (Wiilkr) et place la raison au fondement de ses actes. II n y

    a done dart, au sens propre, que d un tre libre et logon ekon : le produit des abeilles ( les rayons de cire rgulirement construs ) n'est pas ceuvre d art. Ce quon aperfoit travers cet infatigable ressassement du thme humaniste, comme de i onto- thologie qui se confond avec lui, travers ce bourdonnement obscurantiste qui traite toujours de l aninialitc en gnral, selon un ou deux exemples scolaires, comme s il n y avait quune seule structure an im le opposable Iliumaine, bien pourvue en raison, en libert, en socialite, en rire, en langage, en lo, en symbolique, en conscience ou en inconscient, etc., c est que le concept d art est aussi construit en vue d une telle assurance. II est l pour riger l homme, c est--dire, toujours, Ihomme-dieu, pour viter la contamination par le bas et marquer une limite infranchissable de la domes- ticit anthropologique, Toute i economimcsis (Aristote : seul I 'homme est capable de mimesis)se represente en ce geste. Sa ruse et sa naivet la logique de Thomme c est que pour sauver le privilege absolu de i emergence art, libert, langage, etc.), il faudra Ja fonder dans un naturalsme absolu et dans un indiffrentiaisme absolu, renaturaliser quelque part la produc- iv/t bumaine, e/facer Ja difFrencfation dans I opposition.

    Done Jes abeilles n ont pas d art. Et si Ton nommait leui production oeuvre d art , ce serait seulcnient par analogie (nur wegen der Analogie). L'ceuvre dart est toujours de

    I'homme (ein Werk der Menseben) .Pouvoir, aptitude, proprit, destn de Thomme ( Geschic-

    klichkeitdes M enseben), I'art se distingue son tour de la sc/ence. Le savoir scienifique est un pouvoir, Iart, c est ce qu ne suffir pas de savoir : pour savoir faire, pour pouvoir

  • 61

    ECONOMIMESIS('dire. Dans la rgion dont Kant est originairc, dueommun ne sy trompe pas. Rsoudre le problme de l oeuf de

    Colomb, c'est de la science, il suft de savoir pour savoir t.iire. H en va de mme pour a prestidigitation. Quant danser sur une cordc, c est autre chose : faut le faire et il ne suft pas de savoir (passage tres bref d'un funambule dans une note confi- denticllc, In meinen Gegenden... . Pour qui veut faire lesaut et y mettre du sien : Kant, Nietzsche, Genet).

    istinct de a science, I'art en gnral (il n'est pas encore ^CS ^faux'^sts) ne se rduit pas au mtier (Hand

    le r / elui-ci change a valeur de son travail contre un saiaire.c est un art mercenaire (Lohnkunst). L'art proprement dit* oas entrerc est un art mercenaire , ^ ^ c t i o n ne doit pas entrerest libre ou libral (freie), sa p g foffre et dedans le cercle conomique d u art libral et l art demande, elle ne doit pas s Changer d ,opposs L *un estmercenaire ne forment done pas u utre i a plus de valeurplus haut que Iautre, plus art q propre,de navoir plus de valeur icono,ique. S. 1 a r t davan.est production de la ' ^ r' = ,> ^ ar n .appartent l'art que tage son essence. L art mercena P _ p r o d u c tiv itpar analogie. Et si lon suit ce jeu de . g > . demercenaire ressemble aussi celle des abetlles . q ^ libert, fmalit dtermine, utilit, fimtude du c , programme sans raison et sans jeu de 1 imagina ion. de mtier, le travailleur, comme labeille, ne joue pas. E t fait, l opposition hirarchise de lart libral et de 1 art m ercenaire, c est celle du jeu et du travail. On considere le premier comme s il ne pouvait avoir de la finalit (russir) que comme jeu, c est--dire comme activit qui plait pour elle-mme; le second comme un travail, c est--dire une activit qui est dplaisante (pnible), attrayante par son efet seulement (par exemple le saiaire), et qui peut par consequent tre impose par contrainte ( zwangsmssig) .

    Suivons la loi de l analogie.

    1. Si l art est le propre de l homme en tant que libert, l a r t libre est plus humain que le travail rmunr, tout co m m e il est plus humain que l activit dite instinctuelle des abeilles. L l0mc ]; bre> 1artiste en ce sens, n est pas homo aconom icus.

    2. De meme que tout dans la nature prescrit Iutilisation de l orsan.sai.on anmale par l'hom m e ( 63) , de m m e l h o m m e libre devrait pouvoir utiliser, ft-ce par la co n tra in te le t r a rad de 1 homme en tant quil n est pas libre L a r t H W , i .wuvoir ainsi utiliser . art mercenaire (sans y toucher" c e s t ^ -

  • 62 MIMESIS DES A R

    dire saos s*y impliqucr), Ianconomie doit pouvoir utiliser (rendre utile) lconomic de travail.

    3. La valeur de jeu dfinit la productivity pure. Lc beau ct J'art proccdant de 1'imagination, il fallait encore distingucr entre f'imagination reproductive et I'imagination productive, spontane, libre, joucusc : Si Ion tire le rsultat des analyses prcdcntcs, on trouvera que tout y aboutit au concept du got : savoir d'une facult de juger d'un objet dans son rapport la lgalit Ubre de I'imagination. S il faut maintenant dans le jugement de got, considrer I'imagination dans sa libert, on ne la prend pas en premier lieu comme reproductive (reproductive,en tant que soumise aux lois de l'association,mais comme productive (produciiv) et spontane (selbstthlig) (en tant que cratrice des formes arbitraires d intuitions possibles; et quoiqueJie soit lice ( quand elle saisitpar les sens un objet donn, une forme dtermine de cet objet et nait done pas, dans cette mesure, de libert de jeu (freies Spiel) (comme dans la posie), on comprend fort bien

    que 1 objet puisse justement lui rendre disponible une forme qui contienne une composition d elements varies telle que

    J ' # " i' *imagination, lvre elle-mme, pourrait en tracer l'esquisse

    (entwer/en),en accord avec Ies lots de Ventendement en gnral. (Remarque genrale sur la premiere section de

    La posie, sommet du bel art comme espce de Iart, pousse son extreme, en haut de la hirarchie, la libert de jeu qui s annonce dans J imagination productive. Or la mimesis inter- vient non seulement, comme cela va de soi, dans Ies operations reproductives, mais aussi dans la productivity libre et pure de i imagination. CeiJe-ci ne dploie la puissance sauvage de son invention qu a couter la nature, sa dicte, son diet. Et le concept de nature fonctionne ici Iui-mme au service de cet humanisme onto-thologique, de cet obscurantisms de I'eco- nomie quon pourrait appeler librale dans son poque *

    klrtmg,Le gnie. instance des Beaux-Arts, ( Ies Beaux-Arts dovent tre ncessairement considrs comme des arts du gnie . 46) porte au plus haut point la libert de jeu et la productivit pure de 1imagination. II donne des rgles ou du moins des exempes, mais il se fait lui-mme dicter ses rgles par Ja nature ; si bien que la distinction entre art libre et art mercenaire, avec tout J'appareil de subordination hirarchique quelle commande, reproduit la nature dans sa production, ne romp a 'ce la mimesis, comme imitation de ce qui est, que pour s identifier au libre dploiement-reploiement de la physis.

  • On doit analyser de prs Ic paragraphs qui explo.tela fauss* opposition de Cart libre et du metier. L art libre n nation agrablc en soi. L artiste libral celui qui nc travaille Ms contrc un salaire - jouit et donne i jouir. Immd.atemeo Le mercenaire ne jonit pas en tant qu'il prat.que son art M a o con,me il s'agit ici d une hirarehie rintneur d une orgarn- sation genrale commandc par la loi umverselle de la nature, la non-jouissance du mercenaire (son travail) est au service de la jouissance librale. E t ce qui impose Part mercenaire par la force, en dernire instance, e est la nature, qui commande au gnie et qui, travers toutes sortes de mdiations, commande tout. Parlant aussitt aprs de hirarehie dans les corps de mtier, Kant se demande si Pon doit considrer tclle activit, Phorlogeric, comme un art (libre) ou crame un artisanat (mercenaire). Question difficile aussitt carte . il faudrait se placer un . autre point de vue , celui de la proportion des talents . Le critre rigoureux fait dfaut.De mme Kant ne veut pas parler ici de la question de savoir si des sept arts dits libraux, quelques-uns pourraient tre ranges parmi Ies sciences et d'autres parmi les mtiers.Les arts libraux enseigns dans les facults des arts du Moyen Age (trivium: grammaire, dialectique, rhtorique; quadri-

    vium:arithmtique, gomtrie, astronomic, musique) sont les disciplines qui accordent la plus grande part au travail de Pesprit, par opposition aux arts mcarfiques qui requirent surtout un travail manuel. Or il faut que dans l exercice de Part libral (de I esprit libre) une certaine contrainte soit a Pceuvre. Quelque chose de contraint ( estauss le mot utilise pour dsigner la contrainte impose au mtier) doit intervenir comme mcanisme Sansce resserrement contraignant, sans ce corsage strict, Lesprit qui anime Part libral n'aurait pas de corps et s'vaporerait completement. Le corps, la contrainte, le mcanisme, par exemple pour la posie. le plus lev des arts libraux. ce serait la justesse ou la richesse Iexicale ( Sprachrichtigkeit, Sprach- reichtuni), la prosodie ou la mtrique. La libert de Part libral se rapporte au systme de contraintes, son propre mcanisme, comme Lesprit a son corps ou le corps vivant son corset, celui-ci, comme toujours et comme son nom Pindique, donnant corps. II taut y tre attenut pour saisir le lienoreanique du systme : les deux arts (libral et mercenaire) ne sont pas deux totalits independamos ou Pune i) Pautre indiffrentes. L art liberal se rapporte 1 art mercenaire comme l esprit

    63ECONOMIMESIS

  • 64 MIMESIS DES A RTICULATl ONS

    au corps, ct il ne pcut se produirc, dans sa liberte, sans ccla mcme quil se subordonnc. sans la force de structure mcanique qu* tous Ies sens de ce mot tl suppose, I'instance mcamque, mcrccnairc, laborieusc, prive de jouissancc. D o la reaction, dtj, A toute pedagogic non-directive : plus d*un ducalcur modeme croit hfltcr de son micux Ies progrs de lart libral en fui pargnant toute contrainto (Zw ang) ct en y transformant le travail en jeu pur . (Ibid .)

    On a dit tout A l heure que le libre jcu de Part libral, A la d if f e r e n c e tjc r a rt mercenairc, donne A jouir. C ost encore vague. I faut dislingucr le plaisir de la jouissancc. Dans cc contextc ct de maniere un peu conventionnelle, pour marquer deux concepts different^, Kant oppose Lust ct Genuss. Et prc- cisment A 1instant o il dinit les Beaux-Arts, le bel art ( schdne Kunst) . Cette dfinition, une fois de plus, nc procde

    pas par opposition symtrique, par classification de genre et d esptVc. Les Beaux-Arts sont des arts libres, ccrtcs, mais ils n apparticnncnt pas tous aux arts Jibraux. Certains d entre ces dcrniers font partie des Beaux-Arts, d autrcs des Sciences.

    Quest-ce qui caractcrise done Ies Beaux-Arts ?La locution, si familire pourtant, ne va pas de soi. Y a-t-il

    une raison pour quon appelle beau un art qui produit le beau? Le beau est I'objet, l'opus, Ja forme produte. Pourquoi Part serait-il beau? Kant ne pose jamais cette question. Elle semble appele par sa critique. Si on ransfrc A l art un predicar qui ne convent en toute rigucur, semble-t-il, quA son produit, c'est que le rapport au produit ne peut pas, structu- re/ement, se couper du rapport Ja subjectivit productrice, si indtermine, voirc anonyme soit-cle : implication de signature qui nc se confond pas avee Jes requtes extrinsques d un empirisme (psychoogique, socioJogique, historique, etc.). Le beau serait toujours lceuvre (acte autant quobjef, i art dont la signature reste marque la limite de Pceuvre, ni dedans ni deiiors, dehors et dedans, dans Ppaisseur parergonale du cadre. Si le beau ne se dit jamais simplement du produit ou de 1 acte producteur, mais d un certain passage la limite entre les deux, il tent, pourvu dune autre elaboration, queique e/Tet parergonal : es Beaux-Arts sont toujours du cadre et de la signature. Kant ne signerait sans doute pas ces propositions qui pourtant ne paraissent pas tout fait incompatibles avec

    sa problmafique de la subjectivit esthtique.Quand on dit qu un art est beau, on ne se rfre pas une

    smgularit, a tel acte producteur ou telle production unique.

  • La gnralil (la * * * * b e U rt,. a d p g j .i,p|iquc, dans I'ensemble dai po de reco m m e n ce r . C e eration, une rptition, n n e p . mme des Beanx-A Jts . itrabiUt apparticnt au eon P ponse la d estl 'La rdpetition est d'un plats - D o n (< Une belle

    une science peut-elie etre belle ? et une non-chosescience serait une absurdi t , de belles cltoses autour

    (Uniting) :rien. On peut cer|'-\ , aussi m cttre en oeuvrede l'activit scientdiquc; un art, P ou un objetu savoir scion.,fique. Mais en tan. e sau raientde science, par exemple un enonce w e n t ,1Sqw 6tre beaux. Pas plus qu'on ne peut parle de l a v a ^

    fique d'un art. Ce serai. U du balvardag^ , L d c^ ( sentencesnonc seientifique serait de 1 ordre du B n ' Au \xnrched un goflt exquis (de bons mots) ( geschm acksvolle A p( Bonmots) ) . .

    Si Ic Witz en tant que tel ne peut avoir de valeur seientifique,Ja science doit s cn priver pour tre ce qu elle est. Elle o it par la se priver d art, de beaut et, indissociablcmcnt, de plaisir. Ellc ne doit pas procder en vue) du plaisir, ni en prendre ni en donner.

    Une remarque au passage, dans 1Introduction, recon n aissait pourtant le plaisir Toriginc enfouie de la con n aissan ce : mais ce plaisir [de connaitre] a srement existe en son tem p s, et seulcment parce que sans lu Texprience la plus co m m u n e ne serait pas possible, il s est peu peu confondu avec la sim ple connaissance et n a plus t particulirem ent re m a rq u .

    Si cn un temps immemorial, qui ne peut etre un tem p s de la conscience, !e plaisir ne se laisse pas sp arer de la c o n n a is sance, on ne peut plus exclure de la science le ra p p o r t la beaute, au Witz,comme toute l con om ie du plaisir ( r e to u r

    meme. reduction de I htrogne, recon n aissan ce de la loi .)- . Mieux, on doit adm ettre que dans le b on m o t, la fo rc

    recondttit a 1origine enfouie ou refoule de la scien ce

    t s t e * p o in t o t o u t e stienne perdent leur pertinence* i n m o o r t ^ ^ -'a c n t iq u e sif de ce problme au lieu o le t e b S T ' * ? "

    CL Le wergon (II) (L e sa** a ilacoapure pure), p. 27

    BCONOMIMESIS te| compositeur)

  • 66 MIMESIS DES ARTICULA TlONS

    rien de scientifique, les sciences rien de beau ou d'artistique. Les Bcaux-Arts procdcnt et donnent du plaisir, non te a

    jouissance. La science : ni plaisir ni jouissancc. Le bel art : plaisir sans jouissancc. Tout art nannioins ne procure pBS e plaisir. Une nouvelle sric de distinctions s impose.

    Un art qui se conforme la connaissance d un objet possible, qui cxcutc les operations ncessaires pour le raliser, qui sait d 'avance qurl doit produire et le produit en consequence, un tel art m canique ne recherche ni ne donne le plaisir. On sait comment imprimer un livre, fabriquer une machine, on dispose d un modle et d'une finalit. A I'art mcanique, Kant oppose J art esthtiquc. Celui-ci a sa fin immediate dans Je plaisir.

    Mais Jart csthtique se scinde son tour en deux espcces hirarchises. Tout art csthtique n est pas un bel art. II y a done de i art csthtique qui n a pas affaire au beau. Parmi les arts esthtiques, certains, es arts agrables, recherchent la

    jouissance (Genuss). Les Beaux-Arts recherchent le plaisir (Lust) sans jouissance. Kant les dfinit de deux Jignes svres

    et sans parenthses apres avoir complaisamment dcrit l'art de jouissance (quatorze lignes dont une longue parenthse), I art de la conversation, la plaisanterie, le rre, lagaiet, l'tour- derie, le bavardage irresponsable autour d une table, Iart de servir, la musique pendant le repas, les jeux de socit, etc. Tout cela est tendu vers la jouissance. Le bel art au contraire est un mode de representation qui a sa fin en soi et qui, quoique sans but (ohne Z w eck), favorise Ja culture des facultes de 1 'esprit en vue de la communication sociale. ( 44.)

    Socialite, communcabiit universelle : il ne peut sagir que du plaisir, non de la jouissance. Celle-ci engage une sensi- bilit emprique, comporte un noyau de sensation incommunicable. Le plaisir pur, sans jouissance emprique, tient done au

    jugement ct la reflexin. Mais le plaisir du jugement et de la reflexin doit tre sans concept, pour des raisons dj reconnues.

    Ce plaisir fait done son deuii et du concept et de Ja jouissance.II ne peut tre donn que dans le jugement rflchissant. Et seon l ordre d un certain sodas, d'une certaine intersubjec- tivit rfchissante.

    Quel rapport avec I 'econommesis? Pouvoir prendre du plaisir dans une predication rfchissante, sans jouir et sans concevoir, c est, bien sur, le propre de Jhomme. De Ihomme libre : capable de productjvit pure, c est--dire non changeable.

    aogea >Ie en termes de choses sensibles ou de signes de choscs sensibles (i'argent par exemple), non changeable

  • e c o n o m im e s is

    V'1 a r p o u " t,e p ro d u ctiv e pure, de nnchangeab,e libre une sorte de commerce immacul change rM ech.ssant. la communicabilit univcrsellc entre ks suje s 1espace de jeu des Beaux-Arts. II y a I une s o r t e d econom ic pure o Voikos, le propre de Ihommc sc reflech.t dans salibert et dans sa productivitc purs.

    Pourquoi done, ici, la mimesis ?Les productions des Beaux-Arts ne sont pas des productions de la nature, cela va de soi et Kant le rappelle sans cesse. Facere et non agere. Mais un certain quasi, un certain ais ob rtablit la mimesis analogique au point o elle paraissait coupe. Les oeuvres des Beaux-A rts doivent avoir l apparence de la nature ct prccisment en tant que productions (fagons) de la libert. Elle doivent rcssembler des effets de Vaction naturellc au m om ent o elles sont, le plus purement, des oeuvres (opera) de tacture artistique. En face d une production des Beaux-A rts, il faut avoir conscience quil s agit la de Part et non de la nature; cependant la finalit dans sa forme doit paraitre (scheinen) aussi libre de toute contrainte ( Zwang) de regies arb itrages que si (ais ob) c tait un produit de la pure nature. C est sur cc sentiment de libert dans le jeu de nos facults de connattrc, lequel doit tre en mme temps finalis, que repose le plaisir (L u st) qui seul est universellement com m unicable sans se fonder cependant sur des concepts.

    Quelle est la porte du comme si ?La productivit pure et libre doit ressembler celle de la

    nature. Et elle le fait prcisment parce que, libre et pure, elle ne dpend pas ces lois naturelles. Moins elle dpendde la nature, plus elle ressemble la nature. L a mimesis n'est pas ici la reprsentation d une chose par une autre, le rapport de ressem- blance ou didentification entre deux tants, la reproduction d un produit de la nature par un produit de l art. Elle nest pas le rapport de deux produits mais de deux productions. E t de deux libertes. L artiste nimite pas les choses dans la nature, ou si Ton veut dans la natura naturata, mats les actes de la natura naturans, les operations de la physis. Mais puisquune analogic a deja fait de la natura naturans l 'art d un sujet auteur et, on peut mme le dire, d'un dieu artiste, la mimesis dploie 1identification de Pacte humain a Pacte divin. D une libert i une autre. Communicabilit des jugements purs du got, echan ge (univcrsel, infini, sans limite) entre les sujets aux mains

    67

    en termes de jouissancc. Ni crame valeur d'usage. ni crame

  • . I i . l V. HLr. f Lalibres dans 1exercice ou Iapprciation du bcl art, tout ccla suppose un commerce entre J'artiste divin ct I'artiste humain. Et cc commerce est bien une mimesis au sens strict, scne, masque. identification A I'autre sur Ja scne, et non Iimitation d'un objet par sa copie. La vraie entre deux sujetsproducfeurs et non entre deux choses produitcs. Implique par

    toute la troisime Critique, bien que le thme cxplicite, encore moins le mot. n y apparaisse jamais, une telle mimesis requiert la condamnation dc Limitation, toujours qualific dc servile.

    Premier cTet de cctte mimesis anthropo-thologique : la fologie divine garantit Lcconomie politique des Beaux-Arts, lopposition hirarchique de I art libre et de 1art mercenaire.I. 'economimesis met tout en place, depuis le travail instinctuel des animaux sans langage jusqu Dieu, en passant par les arts mcaniqucs, Kart mercenaire, les arts libraux, Ies arts eshtiques et les Bcaux-Arts.

    Au point oil nous sommes, la structure de la effaceI opposition entre la nature et Iart, et le facere. Etnous retrouvons peut-tre la racine d un plaisir qui, avant d etre reserv I'art et au beau, reviendrait A la connaissance. Comme pour Aristote, la mimesis est le propre de i hommc. Kant parle de 1imitation comme singerie : le singe sait imiter mais il ne sait pas mimer au sens ol seule la libert d un sujet se mime. Le singe n est pas un sujet et n a pas de rapport fut-il d'assujettissement 1autre comme tel. Et la tique place la mimesis 1origine conjointe de !a connaissance et du plaisir ; La posie semble bien devoir son origine deux causes, et deux causes naturelles (physikai). Imiter (mimeisthai) cst nature! (symphyton: inn, fcongnitaI) aux

    hommes et se manifest des Jeur enfance I'homme diffre des autres animaux en ce quil est trs apte Limitation tikotaton) et e est au moyen de cel!e-ci qu il acquiert ses pre- mires connaissanccs (matheseis protas) , et en second lieutous les hommes prennent plaisiraux imitations (khairein tois

    minternasi pantas). (1448 b.)II faut encore expliquer, pour analyser aussi loin que possible

    une soudure traditionnelle, que la Poique associe le plaisir et la connaissance a tors que, dans le mme espace de la mimesis, la fro/sime Critique parai les dissocier. C est qued une part 1 unite du plaisir et de la connaissance, nous Lavons vu. ny est pas exclue mais renvoye 1inconscience d un temps imm-

    Jteun art d autre part, id nature,objet de connaissance, auraun art, objet de plaisir; et la beau t naturelle aura t la

    68 MIMESIS DES A R TIC ULA

  • production d'un artquil renvoie i un plus-h . .
  • c'est un talent naturcl, un don de la nature (^ atu^ abe)- Instance productrice et donatrice, le gnie est lui-memc produ et donn par Ja nature. Sans ce don de la nature, sans ce p sent d une libert productrice, il n y aurait pas e c ar . nature produit ce qui produit, elle se produit la Ii x r t c se donne. En donnant des rgles non conccptuelles Iart (regles abstraitcs de l acte, c est--dire du produit ), en produisant des exemplares , le gnie ne fait que rfichir la nature, a reprsenter la fois comme son legs ou son delegu et comme son image fidle. Le gnie est la disposition inne de lesprit

    (i n g e n i u m ),par laquslle la nature donne des rgles 1 art. ff 46.)

    La rgle non-conceptuelle, lisible dans 1 acte et sur exem- paire, ne procde pas d une imitation (Je gnie est incompatible avec Jesprit d imitation ). Le gnie ne sapprend pas. Apprendrece n est rien d'autre quimiter. Outre que par cette dernire proposition ( 47), on retrouve le langage de la Poe- fique, Iaffinit se confirme encore du fait que l originalit du gnie et Jexemplarit de ses produits doivent appeler une certaine imitation. A une bonne imitation : qui ne rpte pas servilement, qui ne reproduit pas, qui evite la contrelacon et Je pagiat. Cette imitation libre d une libert (celle du gnie) qui imite librement la libert divine, c'est un point difficile expliquer. Les idees de Iartiste veilent , suscitent, excitent des ides semblabies , voisines, apparentes, analogues (ahnliche). La nuance difficile qui rapporte la bonne la mauva/se imitation, la bonne la mauvaise repetition, se fixc brivement dans 1opposition entre Vimitation et la -

    fa$on, entre Nachahmung et Nachmachung. L insaisissable de l cart, qui va pourtant du tout au tout, se rpte, imite ou contrefait dans le signifiant : inversion anagrammatique par- faite, / exception d une seule lettre.

    Des lors que la nature dtache le gnie pour la reprsenter et donner ses rgles I'art, tout se trouve naturafis, immdia- tement ou non, tout est interpret comme structure de natu- rait ; le contenu du culturalisme empirique, Iconomie politique de I art. ses propositions trs pariculires, depuis Ies vers de Frdric le Grand jusqu'aux noncs sur Fchelle des S3aires.

    La deuxime remarque sur le saiaire appartient au chapitre Sur a division des Beaux-Arts ( 51) : Tout ce qui est recherch et pnible doit done tre evit [dans les Beaux-Arts];;ar le bel art doit tre art Jibre en un double sens .* il ne doit pas

    7Q MIMESIS DESARTICULA TIONS

  • tre, certes, sous la forme de ^ T u e r I f C u n chSfO. to travail dont la quaame s= Ia.sse a ou rfttiboermesure dtermine, se laisse imposer ( - g occupc.(bezahlen); mais il faut ausst bien que 1 esprit se sen Pquoique apais et excit sans viser aucun autre but (mdepedamment de salaire). t na-

    L orateur donne done quelque chose qu il ne pro P savoir un jeu attrayant de Im ag in atio n ; mais il rogne quelquepeu sur ce quil promet et sur ce quil annonce comme etantson affaire, savoir de s occuper de Tentendement conlorm c-ment un but. Le pote cn revanche promet peu et annonceun simple jeu d ides, mais il effectue quelque chose qui a lavaleur d une occupation srieuse, savoir de tournir, en jouant,une nourriture lentendement et de donner vie ses conceptsgrace I'imagination : au fond, celui-ci donne am a pius, celui-1& mons que ce quil pro met.

    Au sommet le poete. Analogue, et prcisment par un retourde logos, Dieu : il donne plus quil ne promet, il ne se soum et pas au contrat d change, sa surabondance rom pt gnrcu* sement l conomie circulaire. L a hirarehie des Beaux-A rts signifie done quune puissance interrom pt l conom ic (circu- laire), gouvcrne et sc place au-dessus de 1 conom ie politique (restreinte). La naturalisation de l'conom ie politique subor- donne la production et le com m erce de 1a rt k une trans- conoinie.

    L 'economimesisncn souffre pas, au contraire. Elle sy d-ploie linfini. Elle le souffre pour passer a 1infini. Comme le kantisme en un hegelianisme . Un cercle infini se jouc et se scrt du jeu humain pour se rapproprier le don. Le poete gnial re?oit de la nature ce quil donne, certes, mais il re?oit d'abord de la nature (de Dieu), outre le donn, le donner, le pouvoir produire et donner plus qu'il ne promet aux hommes. Le don potique, contenu et pouvoir, richesse et acte, c est un en-plus donn comme un donner par Dieu au poete qui le transmet pour permettre cette plus-value supplmentaire de faire retour vers la source infinie ; cellc-ci ne peut pas se perdre. Par dfinition, si on peut le dire de Iinfini. Tout cela doit passer par la voix. Le poete gnial est la voix de Dieu qui lui donne voix, qui se donne et en donnant se donne, se donne ce quil donne, se donne le donner (Gabe et joue librementavec lui-meme, ne rompt le cercle fini de l changecontractuel que pour contracter avec lui-mme un pacte infini. Ds que 1 infini se donne ( penser), Vopposition tend s effacer entre

    71ECONOMIMESIS

  • 72 MIMESIS DES AH TICELA TiONS

    I 1conomie restreinte ct tic gnraJc, entre la circula-I tion ct la prod ucti vit dependiere. C est si I on peutI encore dire, la fonction du passage l infini : passage de In-I fin i entre don et dette.I En tant que te!, Je poete donne plus quil ne proxnet. Plus/ quon ne lu demande. Et ce plus appartient Jentendement :f iJ annonce un jeu et il donne du concept. C est sans doute un

    pJus-de-oi, mais produit par une facult dont le caractre essent/el est la spontanit. Donnant plus quil ne promet ou qu il ne lui est demand. Je poete genial n *est pay, de ce plus, par personne, du moins dans l conomie politique de Jhomme. Mais Dieu i entretient, II s entretient avec lui par la parole, et contre reconnaissance il lui fournit son capital, produit et reproduit sa force de travail, lui donne de la plus-value et de quoi donner de la plus-value.

    Commerce potique car Dieu est poete. II y a un rapport d 'analogic hirarchique entre faction potique de Iart parlant, au sommet, et I action de Dieu qui dicte la Dichtung au poete.

    Cette structure de I'economimesis a ncessairement son ana- logon dans la cit. Pendant quil n crit ni ne chante, le pote, homme parmi fes hommes, doit aussi manger. II doit entretenir Ja force de travail (mcanque) dont Kant montre que la posie ne peut se passer. Pour qu alors il n'oublie pas que sa richesse essentieile lui vient den haut, et que son vrai commerce Je lie Ja hauteur de J'ar libre et non mercenaire, il re^oit des pensions du roi-soleil ou du monarque ciair-dairant, du roi-pote analogue au dieu-pote : de Frederic le Grand, sorte de caisse nationale des lettres qui vient adoucir la rigueur de l offre et de Ja demande en conomie librale. Mais ce puissant schme ne se dpJace pas ncessairement dans une autre organisation de / economic restreinte. L 'economimesis peut s y retrouver dans ses comptes.

    Frederic le Grand, le grand roi : presque le seul pote cite par la troisme Critique. Prvenance servile et mauvais got du phi/osophe, ironise-t-on souvent. Mais ces vers, comme Je commentaire qui Jes entoure tres rigoureusement, dcrivent la genere use surabondance d une source solaire. Le Dieu, le Ro, le Solcil, !e Pote, le Gnie, etc. sedonnent sans compter. Et si le rapport d atrit entre 1 conomie restreinte et J economic

    gnerale n est surtout pas un rapport d opposition, les hiio- poctiques phtonicienne, kantienne, hegelienne, nietzschenne (e jusqu a celle de Bataille) forment une chaine dapparence

  • 73

    e c o n o m i m e s i s ^

    analogique. Aucune logiquc ds 1 PP041 .pour en dissocicr les themes. *nsj aas une se> pofo.es .

    urons sans regret bienfaiti.

    -1A "jour au bout de sa c a . . - - - Hnuce lunuere,

    Rpand sur i u u ~ ^ Ies airs

    5- S 2 S * S $ *

    il anime son idee de la raison d un b^ ^ j ' aginati ^ . . . encore au terme de sa vie, par un a - tej e^tuel peut servirInversement, prcise Kant, un concep . { \cd attribut une representation sensible et 1 a ^soleil iaillissait comme le calme jaillit de la s e r Sonne quoll hervor, m e Ruh aus Tugend quillt ) a la ^ n ^de recourir la conscience sensible du suprasensible.note : Peut-etre na-t-on jamais rien dit de plus sublime, ou

    _ * i ^ .1.. ^ VT i fT*i3 n i 1P T n S _ L.

    inscription sur Ie temple d'Isis Oa mere A ) : Je suis to u ice qui est. a te et sera, et aucun mortel n a souleve mon voile. Entre la citation du soleil jaillissant et la note sur le voile de la mere Nature, analyse de Kant i L a conscience de la -ertu. mme si Ton se met seulement par la pense la place d un homme vertueux, rpand dans I'esprit une ioule de sentiments

    l .-_ . . _____;_____ ____ ___ _______ ____suoumes ci a pa is a ms, unc perspecii'e uiimitee sur unavenir heureux que jamais n atteint pleinement aucune expression proportionne un concept dtermin.

    L\ * *

    Peut-etre nous approchons-nous de Iem bouchure, sinon de la mer.

    Qu es-ce qui d une embouchure pourrait ouvrir lVco/m- mimesis ?

    Nous avons reconnu le pli de la mimesis i 1 origine de 1; pro uctivite pure, sorte de don pour soi de D icu qui de luiraeme se fart cadeau, avant mme la structure re -p ro d u ctlv

    tlV' 0! tra,agre ct m frieure aux B eau x-A rtsl : le gni

    S : i : i s i " ~ r ivt * d "

  • i .ifii* m i i n v a r t i i M ie n post et m gorolf Apiiotuen ~i .1 . ) | aissons laimlducllbfc, h Me loglque do 1econominieiill

    Z n Z Z n Z n pradrn* * * * % * * ZO u e tM libre. 1,. ,* ..% e ..i .e I1M el le M W . 11 'l en i en t iim r.ipporl ilc propcirnunimlltd o " un I .deux - deux sujels. deux origine* deux pnulu'Ciron.. U p* umifiigique exl auai une rcmonlde ver le togas. 1 ori g } le logos. L origine dc 1nmdogie, ce donl procede el ve . I fall , clour l analogie, c'cJt le logos, raison el parole, source commc bouchc ct embouchure.

    il faut main tenant le dmontrer.La nature fournit des rglcs h Hirt du f-me. N.n |as des

    concepts, des iois dcscriptives, mais des rglcs prcismcnt, es normes singulircs qui sont aussi des ordres, des nonc s impt ratifs. Quand Mcgel reproche la troisieme Critique d'en rester au tu dois , il met bien en evidence I ordre moral qui sou ticnt J ordrc csthtique. Cct ordre procde d une liberte une nutre, il se donne dc l unc i autrc .* ct commc discouWg travers un iment signfiant. Chaqu fos que nous lencontrons dans ce texte quelque chose qui rcsscmblc une mtaphore discursive da nature dit, dicte, prescrit, etc,), ce ne sont pas des maphores parmi d'autres mais des analogies d analogies, pour dire que le sens propre est analogiquc .' la nature est pro- prement logos auque il faut toujours remonter, L analogic esttoujours du Iangage.

    Par exempJe, on lit (fin du 46) que la nature, traversle gente, prescrit ( vorschreibe) des rgles non Ja science mais Jart,.. . Le gnie transcrit la prescription et son Vorschretben, i Jcrit sous Ja dicte de Ja nature dont il assume librement le secretariat. Au moment o i crit, iJ se laisse Jittralement inspirer par Ja nature qui lu dicte, qui Jui dit sous forme d ordres potiques ce quiJ doit crire et son tour prescrire : et sans quiJ comprenne vraiment ce qui crit. J ne comprend pas Ies prescriptions qu'iJ transmet, iJ nen a, en tous cas, ni le concept ni Ja science. .. . J auteur d un produit quil doit son gnie ne sait pas Jui-meme d o lui viennent les idees et il n est pas en son pouvoir d'en concevoir voont ou d aprs un plan, ni de es communiquer autrui dans des prescriptions ten) qui Jes metfraient mme de produire (hervorbringen) des produits (Producte) sembabJcs. Le gnie prescrit, mais sous Ja forme de rgles non-conceptuelles qui interdisent la repetition, la reproduction imitative.

    i MIMESIS DESAR T/CVI'A TtONS

  • ECON OhilMES IS

    A u m.iment o, cite donn. . i h . c m e n . d M r 1.1 vol. du ginle. lu n..mro csl d ij* . mum . |)c ^hi production du gnle divin. Au n' , iwmnlii I'ddji. I... u. -'tuutlon analogue A ceHeprodi.il d'alllour lui-m n une J*6 0 " ' sor t e (g l t l d f\ nrf* ili! crcor cn ciuoicjuc Bone \ hproducid* U PUI^W do crccr ls) une nutre nature ( S O HCComj0 rn Ain Ainloiile done, entre le gme qui crec unt *

  • 76 MIMESIS DES A R17C VL A HONS

    dant les lvrcs ou en jouant dans Jc palais mais, ce qui n est pas tout fait autre chose, en nous dormant des ordres, dcs impc- ratifs catcgoriques, cn nous causant a travers des scfimes universcls ds lors quils ne passent plus par Ic dehors.

    Kant dcric ce mouvemen d intriorisation idalisante : A quoi s'ajoute encore Iadmiration pour la nature qui se montre comme art dans ses belles productions, non seulcment par accident mais en quelque sorte desscin, selon unc ordon- nance conforme des lois et comme finalit sans fin : laquelle fin, ds lots que nous nc la trouvons nulle part au-dehors, nous la cherchons naturellement en nous-mmes, precisement dans cela mme qui constitue la fin derniere de notrc existence

    (Dasein), A savoir la destination morale Bestim-mung) (mais c cst dans la tlologie quil sera question du fon- dement de la possibilitcdune telle finalit de la nature). ( 42,)

    Ne trouvant pas dans l'expriencc esthlique, ici premire, la !in dtermine dont nous sommes sevrs et qui se trouve trop loin, invisible ou inaccessible, la-bas, nous nous replions vers la fin de notre Dasein. Cette fin intrieure est notre disposition, elle est ntre, nous-mmes, elle nous appelle et nous deterni ne du dedans, nous sommes la (da) pour repondr une Bestimmung, une vocation d'autonomie. Le Da de notrc Dasein est d abord dtermin par cette fin qui nous est prsente, que nous nous prsentons a nous-mmes comme la noire et par laquelle nous sommes nous-mmes prsents comme ce que nous sommes. Une existence ou une presence

    (Dasein) libre, autonome, c'est--dire morale.Notre D a s appelle ainsi et cela doit passer parla bouche. Le

    Da du Sein se donne ce quil ne peut consommer au-dehors, ne pas consommer formant la condition de possibility du gofit en tant quil nous rapporte au sans-fin.

    f>r c est dans ce chapitre que se muitiplient Ies analogies sur Jc angage dc la nature. JJ s agit d cxpliqucr pourquoinous devons prendre un interet moral au beau dans la nature,un jntrc moral a ccte experience dsinteresse. 11 faut queJa nature abrte en elle un principe d accord ( bercitistinunung)

    entre ses productions (Producte) et notre plaisir dcsintcressc.Bten que cciui-ci soi purement subject/f et reste coup detoute fin dtermine, ii faut bien quune certaine entente rgne

    entre Ja finalit de la nature et notre Woblgefallen. Le Wohlne seratt pas explicable sans cette harmonic. Comme cetteentente ne peut etre montrc ni dmontre par concepts, elc

    doit bien s unnoncer autrement.

  • Comment nn ^ d h l e n c e et )a non-adherence^.^roHherence entre I A * lieu propre, Pdit, I adnercntc reCOnnait le lieu f _

    Par des signes. Ici st trr,icime Critique- lieu de la signification dans la r donc, nous an n o n ce ,fication ultrieure en dpendra. U na doit y avo, rpar signes et traces & ne P ^ f ^ e n t e rciproqueaccord, correspondance concer , res produ ction s et

    einstimmung),entre la finable de J -m i-oi paraitnotre Wohigefialiendstntress alors t n e m ^ de ,acoup de la fin. Mais comme i provoque, dans leraison que Ies idees (pour lesque aussi une ralitsentiment moral, un intrt imme ta ^ mojns une trace objective, c'est-4-dire que la nat fat lut6t(Spur) ou donne un signe [Wink . s ip q aWrtic*ementslenceusement, un signal ou un clin d cei , u rnnrientbref et discret au lieu dun discours] indiquant qu elle contienten elle-mame quelque chose comme un fondement a admettreun accord (bereinstimmung) de ses productions avec notreplaisir indpendant de tout intrt (plaisir que nous reconnais-sons comme loi a priori pour chacun sans pouvoir le fonder surdes preuves), la raison doit prendre un intrt toute extrio-risation (usserung), par la nature, d un pareil accord ; parconsquent 1 'esprit ne peut mditer sur la beaut de la naturesans s y trouver par l intress. Mais cet intrt est apparent un intrt moral ( d e r V e r w a n d s c h a f t rtach

    La meditation d un plaisir dsintress provoque done un intrt moral pour le beau. trange motivation, intrt pris au d si ntressement, intrt du sans-intrt, revenu m oral tir dune production naturclle pour nous sans intrt, laquellc ^n prend du bien sans intrt, singulire plus-value m orale du tans de la coupure pure ; tout cela garde un rapport ncessaire ivee la trace (Spur) ct le signe (W ink) de la nature. Celle-ci ous laisse des signes pour que nous puissions nous sentir issurs, dans le sans de la coupure pure, d y trouver encor lotre compte de satisfaire notre fin, de voir nos actions e t nos

    leurs i la hausse morale. e t n os

    ECONOMIMESIS s ,aanonce, a u tre m e n t

    V Mi J II 11,4 1LUU33W 1UW1UIO.

    Et pour repondr ceux qui trouveraient cette arg u m en - ion subtile, spcicuse, laborieuse (studirt) , K an t precise nalogic entre jugement de got ct jugem ent m oral : On a : cette interpretation (D eu tu n g ) des jugem ents esthtiques

    3 Sur cette question ct sur col 1c du sans de sans-n cf l e Darervnn II (Le sans de la coupure pure), parergon t

  • 78 \ 1MESIS DES ARTICETIONS

    reposant sur sa prenle avec fe sentiment moral parait trop subtile pour tre consider? comme la vraie interpretation (Auslegung) de I'criture chiffre (Chtjjreschrift) par IsQU

    la nature nous parle (uns figurment (figrlich) dansses bolles formes. Mais...

    Les befles formes, qui ne signifient ren et n ont pour nousaucune fin dtermine, sont done aussi, et par mme, des signes erypts, une criture figrale dpose dans la production naturelle. Le sans de la coupure pure est en vrit un langage que la nature nous parle, elle qui aime se cryptcr et disposer sa signature dans les choses. Essayez d improviser un cadre pistmique pour cette proposition commune Hera- cite, au champ de la signatura rerum et la configuration de la troisime Critique, vous verrez que 9a n entre pas tout seul ct que 9a fait souffrir le parergon.

    Ansi le non-Iangage in-signifiant des formes qui n'ont aucunc fin et aucun sens, ce siJence est un langage entre la nature et I 'homme.

    Ce ne sont pas seulement Jes belles formes, Ies beauts pure- ment formeIJes qui semblent causer, ce sont aussi les atours et Ies attraits que trop souvent, a tort selon Kant, on confond avec Ies bcies formes. II s agit par exemple des couleurs et des sons. Tout se passe comme si ces attraits avaicnt une signification plus haute (einen koh comme si ces modifications des sens ( Modificationen der avaient un sensplus elev ct dtenaient en quelque serte un langage

    (gleicftsameine Sprache). Le banc du lis parait disposer (sttmmen)I'esprit I'ide d 'innocence, les sept couleurs, du

    rouge au violet, donnent respectivement Iide du sublime (rouge done), du courage, de la franchise, de la Habilit, de la modes tie, de la fermet, de la tendresse.

    Ces significations ne sont pas posees comme des vrits objectives. L'intrt moral que nous prenons d aillcurs la beau t

    suppose que la trace et le clin d'cei de la nature naient pas tre object i vement controles par la science conceptuclle. Nous interprtons Ies couleurs comme un langage nature! ct c est cet intrt hcrmcncutique qui importe : il ne sagit pas de savoir si la nature nous parle et veut nous dire ceci ou cela, mais de notre intrt a ce quelle le fasse, Jimpliquer ncessairement, ct de I intervention de cet intrt moral dans le dsint- ressement csthtiquc. II appartient Ja structure de cet intrt que nous croyions l\ la sincrit, la loyaut, a Iauthcnticit du langage chilfr, mme si le contrle objcctif en reste impos-

  • ECOSOMI M ES IS

    sible Et KaDt le dir plus loin de la posie : elle n est pas ce qu'eUe t o s loyau. ou suns sinorit Ce qui bouche du pote comme par la bouche de la nature,J * dict par leur voix. s crit de leur main, doit etre autfaenque et vridique. Par exemple quand la voix du poete celebre elorifie le chant du rossignol, dans le buisson solitaire, par une soire d t silencieuse, la douce lumire de la lune, le bouc e bouche ou le bec bec des deux chants doit tre authentique.Si un farceur contrefait le chant du rossignol, un roseau ou un jone la bouche , tout le monde trouvera la superchene insupportable ds qu'elle aura t dcouverte. Dans le cas contraire. si vous aimez ?a, c est que votre sentiment est grossier ou sans noblesse. Pour caractriser ceux qui sont prives du sentiment de la belle nature , K ant recourt encore i un exemple oral. Et c est d'une certaine exemploralit qu'il est ici traite. Nous jugeons grossire et sans noblesse la maniere de penser de ceux qui n ont pas le sentiment de la belle nature et qui se contentent table ou aupres de la bouteille de jouir de simples sensations des sens . D ans la premiere exemploralit, dans loralit exemplaire. il s agit de chanter ct d ouTr. de voix sans consomraation ou de consom m ation idale, d une sensibilit leve ou intriorise, dans le deuxime cas d'une oralit consommatrice qui en tant que telle, comme got intress ou commc dgustation, ne saurait avoir aftaire au gout pur. Ce qui dj s annonce, c'est une certaine allergic, dans la bouche, entre le got pur et la dgustation. I a question nous attend de savoir oil inserir lo dgot. Celui-ci, a se rctour- ner centre la dgustation, ne serait-il pas aussi lorigine du got pur, sclon une sorte de catastrop h e?

    La bouche en tous cas n occupe plus ici une place parmi daiUres. Elle nest plus situable dans une topologie du corps mais tente dorganiser tous les licux ct de localise tous les organes. L os du systme, tic.lt de gustation ou dc consummation mais aussi production cmcttrice du logos, cst-ce encore un termo dans une analogic? Pourra-t-on, par figure, comparer la bouche i\ ccci ou a cela, a tel autre orifice, plus bas ou plus haut? N est-elle pas elle-mmc Ianalogie, vers laquelle tout remonte comme vers le logos mme? L or par exemple ncst plus un terme substituable t\ l anus, mais se determine, hirar- chiqucment, commc absolu de tout annlogon. I7.t le clivagc entic tomes les valeurs opposcs un moment ou i un autre passera par la bouche : ce quelle trouve bon ou ce quelle trouve mauvais, sclon la sensibilit ou Pidalit , comme entre

    79

  • 80MIMESIS D E S ARTICULATIONS

    deux manires dentrer ct deux manieres de sortir de la bouche : dont l'unc serait expressive et mettrice (du pome dans le meilleur des cas), l'autre vomitive ou mtique.

    II faut pour le montrer taire un dtour. f*ar la division des Beaux-Arts ( 51). Avant ce chapitrc, par un cflet de cadrage que nous ne cessons de suivre, Kant avait dtermin le got comme un quatrime crme qui vient unifier Ies trois facultes requises par Jes Beaux-Arts, l imagination, Ientcndemcnt ct Tcsprt : Les trois premires facultes n'cn viennent leur unification que par la quatrime.

    Le chapitrc sur la division des Beaux-Arts nous intressera sclon trois de ses motifs majeurs. I. II met en ccuvre Ja cat- gorie d expression. 2. II se iaisse guider par I organisation expressive du corps humain. 3. Pour ces deux raisons, il organise la description des arts cn hierarchic. Ces trois motifs sont ins- parabes.

    II y faut des coups de force, toute une violence d encadre- ment dont la rhtorique de Kant porte Ies marques. Premiere phrase : On peut en general appeier beaut (quelle soit de la nature ou de Part) I 'expression d ides esthtiques. Dans les Beaux-Arts, e concept de I objet prexiste I expression ; cela n est pas nccessaire dans Ja nature, mais I'absence du concept n empehc pas de considrer Ja beaut naturelle comme J 'expression d une idee.

    A/ors pourquoi expression? Pourquoi on peut appeier ceJa expression? Qui, on? De quel droit? Et pourquoi une expression d ide?

    Kant ne le dit pas. Cela va de soi. f dit settlement ce quil dit, k savoir que ga exprime et, comme cela ne lardera pas se confirmer, que le plus haut de I expression est Je dit, que ga dit ce que ga exprime et que passe par Ja bouche, une

    bouche qui s affecte elle-mme puisqueJIe ne prend ricn au- dehors et prend piaisir ce queIJe met dehors.

    De ce diktat qui pose en axiome que le beau est expression (mme s il ne signiie ren) suit tout naturcilement une division des Beaux-Arts referee aux organes dits dexpression chez I homme. 11 a t reconnu en effet que Jes Beaux-Arts nc pou- vaient etre que des arts de 1 homme. En expliquant quil va

  • ECONOMIMeS S serven t dansdont Ies bomnieS . parfaitement

    dexpression commumquer, j ieUrs_pour e urs concepts - ' .cmbarras :t espcc ' f c CtJ ec le iangage et avec ses

    Iire : lanalogie avec le Spreche , ^ produite par lemodes. Tout remonte au lan^ 8^ avec iui-mme, a la fots langage qui, done, met tout en rappraison du rapport ct termc du rapp ^ je geste et le ton.

    Le langage dcompose, on y ro DeaUK_Arts : le parlant ,1 n'y aurait done que trois.espece de Beaux A ^ sensa.{ redende), !e figuratif (tilden t j moressions externesdons (Spiel der Empfindungen ) comme impressions

    ^ L e T a rts discursifs leur tour se rduisent a (Beredsamkeit) et la posie ( Dichtkunst) . concept dont a tres grande gnralit explique qu'il ne soit question autre art littraire. Mais concept aussi tres pur : on obtiendra, par des combinaisons complexes, des genres potiques co m m c la tragdie, le poeme didactique, l oratorio, etc. L o rateu r et le pote se croisent et changent leur masque, le m asque d un comme si. Tous les deux feignent, mais le comme si de l un vau t plus et mieux que le comme si de Iautre. Au service de la vrit, de la loyaut, de la sincrit, de la libert productrice, le com m e si du pote qui ds lors exprime plus et mieux. Cclui de P o ra tc u r trompe et machine. C est justement une m achine ou plutt un art fourbe qui manie les hommes com m e des m achines ( 53. L orateur annonce une Affaire srieuse et la traite co m m e >i c ctait un simple jeu d ides. Le poete propose un jeu d ides it lait comme s il traitait une affaire de le n te n d e m e n t. L o ra - eur donne ccrtcs ce quil n avait pas prom is, un jeu de T im a - imation mais 1 retient aussi ce qu'il s ' tait engag donner o u a ire ^cn reteir 1 entendemcnt com m e il convicnt. Le pote lit le contraire. ,1 annonce un jeu et il fait oeuvre srieuse

    onne i - "'dig). L orateur promct l entendement et1 imagination, le pote promet de inner ! ? * . et

    on alors quil nourrit 1 entcndcment et donne o' lmaB*na- metaphorcs nourricicres jc i V, aUX ConccPls'

    res, je nc les impose pas it Kant. C cst

  • une nourriture ( Nahrung) que le pote apporte en jouant Jenendement e ce qu'il fait ainsi, c est donner vie ( e en zu

    geben)aux concepts : conception par l imagination et par i oreiiJe, nutrition de bouche bouche et de bouche oreille qui dborde le contrat fin cn donnant plus quclle ne promet.

    Au plus haut du plus haut des arts parlants, la posie. Elle est au plus haut (den obersten Rang) parce qu clic mane presque totalement du gnie. Elle se tient done au plus prs, par son origine , de cette productivit libre qui rivalise avec celle de la nature. C'est l art qui imtele moins et qui, done, ressemble le plus Ja productivit divine. Elle produit plus en librant 1 'imagination, elle joue davantage parce que les formes de la nature sensible externe ne viennent plus la limiter. Dbon- dant rimagination productrice, elle fait sauter Jes limites inies des nutres arts. Elle largit l esprit en mettant I'imagination cn libert et en prsentant (darbietet) dans Jes limites dun concept donn ct dans la diversit sans limite des formes qui lui convienncnt, ceJJe qui lie (verknpft) la presentation (Darstel- ung) de ce concept une plnitude de pense (Gedanken-

    fu lle) laquellc aucune expression du langage -druck)n est pleinement adequate (vllig adquat) et qui

    s /ve (sich erhebt)par suite csthtiquement i des ides. Elle fori/ie i esprit en lu fasant sentir sa facult libre, spontane, indpendante de la determination de la nature...

    Les critres sont ici de presentation (darbieten, darstellen).La posie prsente plus ct mieux la plnitude. Elle lie la presentation (du ct de J'expression) a un plen de pense. Elle lie mieux le prsentant au prsente dans sa plnitude. Elle prsente plus ct mieux le pie in, Je plcin de pense conccp- tu elle ou le plcin d ide, cn tant quei/e nou.s libre des limites de la nature sensible. Restunt un art, un bel art, elle dpcnd encor, ccrtes, de 'imagination. Et comme tout langage, elle est cncorc inadequate a la plnitude absoluc du non-sensible. Et Kant parle aussitt aprs du schme du suprasensible. L imagination est bien le cu du schmatismc ct le nom de cet art qui sc cache dans les profondeurs de Jme, mais on comprend

    mieux ici que cet art soit parlant ct par po-tique .

    Pourquoi ce privilege du potique? Au-dcl de ce que la posicpartage avec les arts par/ants cn genra ct qui tient la

    structure (bouchc-orcille) du s cntcndrc-parler, qucst-cc qui j3 met au-dessus de 1 locjucncc?

    Son rapport a la veri t t plus prcisment aulhenlicit,

    82 MIMESIS DES A RTICULA TIONS

  • e c o n o m im e sis

    sa sincritc at sa loyaut, sa fidle a d q u a ti^ ^ a m a son contenu intrieur sinon ad rem : ce qui assure,

  • I E M E S IS DESARTICVLATIONS84

    .ffccdon cn suto-afTccLoo, produi. le maximum de p la i*

    3 f e s s s s k j g s

    dents le cosier, opposition entre gustus reflectus et gustosetc.) d une part, avec le sentendre-parler d autre

    part? Ht quelle est la place du ngatif, singulcenflt dtt* plaisir ngatif dans ce procs ?

    L ouie dtient un certain privilege parmi les cinq sens. Laclassification de I' Anthropologie la range parmi les sens objec

    t s (tact, vote et oue) qui donnent une perception mediate de 1 objet (vue et oue). Les sens objectifs nous mettent en rapport avec un dehors. Ce que ne font pas le got et J odorat . le sensible sy melange, par exemple avec la salive et pentre i*o'ane sans garder sa subsistance objective. La perception objective mediate est rserve la vue et Ioule qui requirent la mediation de la lumire ou de I air. Le tact est, Iui, objectif et immdiat.

    II y a done deux sens objectifs mdiats, 1 'oue et la vue. En quoi ] 'oue 1 emporte-t-elle sur la vue? Par son rapport Pair, e est-a-dire a la production vocale qui peut le mettre en mouvement. Le regard en est incapable. C est prcisment par cet ment, mis en mouvement par 1organe de la voix, la bouche, que les hommes peuvent, plus facilement et plus complement, entrer avec les autres dans une communaut de pense et de sensations, surtout si Ies sons que chacun donne entendre aux autres sont articuls et si, lies par Ientenderaent seon une loi, is constituent une langue. La forme de Pobjet nest pas donne par Poue et lessons inguistiques (Sprach- ante) ne conduisent pas immediatement la representation de Pobjet, mais par l mme et parce quis ne sgnifient ren en eux-mmes, du moins aucun objet, seulement, la rigueur, des sentiments intrieurs, is sont le moyen Je plus propre la caractrisation des concepts, et les sourds de naissance, qui doivent par suite rester aussi muets (sans angage), ne peuvent

    jamais acceder quelque chose qui soit plus quun analogon de la raison, {Anthropologie, IS.)

    Plus facilement et plus compi te men t : aucun moyen extrieur n'est ncessaire, rien d extrieur ny fait obstacle. La communication y est plus proche de la libert et de la sponta- nene. Plus complete aussi puisque J intriorit s y exprime

    Plus umverselle pour toutes ces raisons. Parlan? fois du ton et de la modulation, la troisime Critique y

  • , , , nzue unversel!e * . Et ds l o ? ui reconnalt une sorte d- l a g > _ - s t a t i o n namrelle avecles sons n'ont auetm raP?^ pi as fa cd a n a rt 4 lales cboses sensibles extern. P foum isseat m fan-spontant de I 'arbitraire da signi-gage accorde a ses lots. U ySm ent de )a , bert et ne peut fiant vocal. II appartient a daux : conceptuis.done avoir que des s.gn.fies m te r te a ro u . ^ ^ n n [e , .Entre le concept et le systeme du s d|r_ ,e s -entendre-ligible et la parole, e auto. a ffective. la boucheparler parce que cette structure est jointureet 1 -omite ne peuvent s'y dtssocter. E t la p r e u v e J de 1empirique et du metemp.nque. c est que les muets. IIs n'ont pas accs au logos m em e Par L s autres set les autres organes, ils peuvent miter le logos. ^ 'ttr lui dans une sorte de rapport vide ou exteneur. Ils n decedent qu un analogon de ce qui regie toute analogie et qui n e lui-mme anaiogique, formant la raison de 1 'analogie, le logos de lanalogie vers lequel tout remonte mais qui se tient, lui, hors systeme, hors du systeme qu'il oriente com m e sa fin et son origine, son embouchure et sa source. C est pourquoi la bouche peut avoir des analogues dans le corps en chacun des orifices, plus haut ou plus bas quelle, mais n est pas simplement ch an geable avec eux. Sil y a une vicariance de tous Ies sens c est moins vrai de celui de Iouie. C est-a-dire du s entendre-parler. Celui-ci a une position unique dans le systeme des sens. Ce n est pas le plus noble des sens. La plus grande noblesse revient i la vue qui eloigne le plus du toucher, se laisse moins que d au - :res affecter par I'objet. En ce sens le beau a un rap p o rt essen- iel avec la vision en tant quelle consom m e m oins. Le deuil uppose la vue. La puichritudo vaga se donne su rto ut voir et, n suspendant la consom mation pour le , elle form eIans la nature un objet de goQt pur. L a posie, en tan t que bel rt, suppose un concept praiable et donne lieu une b eau t lus adhrente dans un horizon de m oralit plus present Mais si l'oute n'est pas le sens le plus n ob le , elle tient son

    riHlge absolu d etre le moins rem plagable. Elle to le re m al substitut et se soustrait presque toute vicariance.

    j s s s ^ m c a r ia t - c e s . .la place dun autre Ouand ,* ^ VUC de Iui fairc Prendr pas], i'objet est reprsente en quelque sortc Gegcns anc geichsam ... vorgestellt wtrd) comme sil s imposait a a jouis sanee [ah ob cr sich zumGenusse tedgoQtant, icvomi d 'avance est represent comme s il forfait a jouir, ct c est pourquoi il dgote] alors que nous lu resistons avee force (w ider den wtr doch mit Gewal s roben) ; la reprsenla lion artis- tique dc I"objet ne se distingue plus, dans notre sensation, dc la nature de cct objet et elle ne peut plus alors clrc tenue pour belle.

    Le vomi a rapport la jouissance, sinon au plaisir. II reprsente mme ce qui nous force ti jouir : notre corps .Mais cette representation s 'anmile elle-mme, ct c est pourquoi le vomi reste i reprsen table *. En violant notre jouissancc sans limite, sans fui laisser aucune limite dterminante, 11 abolit Ja distance representative la beaut du mme coup et interdit le deuil. II pousse irrsistiblcment la consom- mation, mais sans laisser aucune chance l idalisation. S il reste irrepresen table ou ndiciblc, absolument hterogne, ce n'esl pas parce qu'il est ccci ou cela. Bien au contrairc./ errant jouir il suspend le su In non-consomma tionqu'csl le plaisir li par la representation (VorsteUung), le plaisir li au discours, au poctiquc en son plus haut. fl nc peut tre beau, ni luid, ni sublime, donner leu un plaisir positif OU ngatif, intress ou dsintress. II donne rop h jouir pour cela ct brle tout travail commc travail du deuil.

    Qu 'on J entcnde en tous les sens : cc qui se d-nomme sous le mot dgotant, c*est cc dont on ne peut pas fairc son deuil.

    Ia si le travail du deuil consiste toujours a manger le mors, le dgotant nc peut tre que vomi.

    On cJira : tout cela est tautologque. II est bien normal que I nutre du systme du got son le d got. Et que si le got m tiphorm I exemploralit, le dgot at la mme forme, mais in versee; on n'a ren apprh. A moins d intcrro-

    90 MIMESIS DES a R TICULA TIONS

    4. Pcprwntatoodc Errcprscntablc, prsentaton dc l mprscn-tabJe, c c*.' s're.i Ja .rructure du colossal, fellc q u elle c.t dccritc ou contour* nce au j 26, Cf. Le colossal ( para It re).

  • e c o n o m i m e s is

    ger autrement la nccessit tautologiquc. Et de se si la structure tautologique n est pas la fornu6 constmit 1 exclusion* 4 , ^ r^

    Sil peut se confirmer que tout peut etre dit (assimile, r p -sent intrioris, idalis) par ce systme logocentnque sauf le vomi, c est bien que le rapport oral got/degot constttue autrement que comme une mctaphore tout ce discours s Ic discours, toute cette tautology du logos com m e le me .Et pour le confirmer, i! faut s assurer que le m ot gou ( ^ne designe pas le repugnant ou le ngatif en gnral. II s agit bien de ce qui donne enve de vomir. C om m ent avoir en viede vom ir? 5

    Or une fois fix en son sens propre par 1 Anthropologie, le mot dgot sc voit cntran dans une derivation analogique.

    II y a pire que le dgofltant littral. lit s il y a pire c est que le dgotant littral est maintenu, par scurit, i\ la place du pire. Sinon de quelque chose de pire, du m oins d un la place , h la place du remplacement sans lieu p rop re , sans trajet propre, sans rctour conom ique et circu lairc . A la place de la prolhsc,

    Tout cela ne pent plus sc passer entre les sens objeclil's > (ouc, vuc, tact) mais entre les sens subjectifs ; ct cela ne tient plus i la mcantquc mais it la chimic :

    20. Les sens du got ct de lodorat sont tous deux plus subjectifs quobject ifs; 1c premier consiste dans le contact de i'or gane de la langue,Ou gosier ct du palais avec les objet s ext- ricurs, 1c second duns l'aspirution ties cxhalaisons trangres qui sont mles ii I*ar, el qui peuvent maner dun corps fort loign de Jorgane. Tous les tleux sont prochcs parents et, fi I 'odor,it fail tlfaut, Ic goDt nc peut tit re qumouss. On peut dire que tous les deux sont aii'eelcs par les (fixes ou voltiles; d-uii les tinsdoivcnt 6frcdiv,ou\ par la salive dans la bouthe, les autres par I'air; ccs sets doivcnt pntrer dans 1'organc pour quc cclui-ci prouvc sa sensation spclfiquc.

    Remarque genrale sur les sens 21. On peut partagcr les impressions dcs sens externes en

    cclles qui relvem d une influence m6caniquc ct cclles qui rel6- vent dune influence chmiquc. Kclvent de laction mcanique les tro is premiers sens j dc I action chimijue les deux dcrnicrs. Ccux-l sont les sens de la perception (en surface), ceux-ci ccux

    5. C est unc question (ccllc prcismcnt de VEckel) uue / irathnnMri ftroiimc paswgc) nc ccsse de rumincr. q

    91

  • 92MIMESIS DES ARTICULATIONS

    de Ja jouissancc (Genusses) (lingcstion la plus mtncurc). C'cst pourquoi le dgot (Eckel), excitation se dbarrasser de

    (entledigen)( vomir : sich zu erbrechcn) ce qu on a consomm fdont on a joui : Genosscnen], par la voie la plus courtc du cana alimcntaire, a t offert i l hommc comme une impression vtale si puissante, ds lors que cette ingestin interne peut devenir dangcrcusc pour Pexistence anmale.

    Mais parce qu'il y a aussi une jouissance spirituelle {Geistes- genuss)qui consiste communiquer ses penses, lesprit trouve

    toutefoisccla rebutant quand c est impos nous funs aufgedrun- gen) et ncst pas profitable nanmoins comme nourriture de Jesprit (comme par exemple la repetition toujours uniforme de traits qui devraent tre spirituels ( witzig) ou drdles peut, par cette uniformit mme, nous tre sans profit); alors cet instinct naturel se dbarrasser se nomme parcillement, par analogie, dgot, bien quil appartienne au sens interne.

    L'odorat est une sorte de got distance, et Ies autres sont contraints de prendre part Ja jouissancc zu geniessen), quils le veuillent ou non, en quoi, contraire la libert, il est moins social que le got; quand il gotc, le convive peut choisir les bouteilles et les plats son aise sans que les autres soient forces de prendre part sa jouissance. La salet paralt moins veiller le dgot par ce quelle a de rebutant pour Ies yeux et pour Ja Jangue que par la puanteur qu'elle laisse supposer. Car Iingestion par l odorat (dans les poumons) est encore plus intreure que celle qui passe par Jes cavits rceptrices de la bouche ou du gosier. (tr. M. Foucault modifie)

    U y a done plus dgotant que e dgotant, que ce qui dgote Je got. La chimie de l