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Des gens extraordinaires Gérard Puigdemont DAFCO de l’académie de Versailles Pierre Bodenant DAFPIC de l’académie de Paris Jacques Chéritel DAFPIC de l’académie de Créteil . d’écoute de tous les publics, . d’anticipation des changements, . d’accompagnement des mutations. Notre volonté d’être toujours plus efficient pour mieux vous servir nous amène à une recherche d’amélioration constante de nos prestations et du service rendu. En créant ce nouvel outil de communication inter-académique, « les Dossiers de l’Île-de- France » nous vous proposons à partir d’un thème donné (d’autres dos- siers sont à venir : Compétences clés, RSE, etc.) d’illustrer et valoriser nos recherches, nos pratiques et nos actions en Île-de-France. Maintenant, tournez la page et partez à la rencontre de gens extraordi- naires… les Dossiers de l’Île - de - France Le réseau des GRETA d’Ile-de-France (académies de Versailles, Paris et Créteil) en tant que dispositif de formation tout au long de la vie de l’Education nationale est au service de tous les publics. Structure socialement responsable, notre réseau met en œuvre une politique de ressources humaines respectueuse de la différence, tant dans la gestion de ses personnels que dans la conduite de ses actions de formation en faveur de tous les publics. Signataire de la charte de la diversité, le réseau des GRETA franciliens manifeste son engagement clair en faveur de la lutte contre les discriminations de tous ordres. Ce premier numéro des « Dossiers de l’Île-de-France » est consacré, à travers des témoignages et d’ histoires de vie, aux stagiaires en situation de handicap. Il illustre notre capacité :

Des gens extraordinaires. Témoignages et histoires de vie de

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Des gens extraordinaires

Gérard Puigdemont

DAFCO de l’académie de Versailles

Pierre Bodenant

DAFPIC de l’académie de Paris Jacques Chéritel

DAFPIC de l’académie de Créteil

. d’écoute de tous les publics,

. d’anticipation des changements,

. d’accompagnement des mutations.

Notre volonté d’être toujours plus efficient

pour mieux vous servir nous amène à une

recherche d’amélioration constante de nos

prestations et du service rendu.

En créant ce nouvel outil de communication

inter-académique, « les Dossiers de l’Île-de-

France » nous vous proposons à partir d’un thème donné (d’autres dos-

siers sont à venir : Compétences clés, RSE, etc.) d’illustrer et valoriser nos

recherches, nos pratiques et nos actions en Île-de-France.

Maintenant, tournez la page et partez à la rencontre de gens extraordi-

naires…les Dossiers

de

l’Île-de-France

Le réseau des GRETA d’Ile-de-France (académies de Versailles, Paris et

Créteil) en tant que dispositif de formation tout au long de la vie de

l’Education nationale est au service de tous les publics.

Structure socialement responsable, notre réseau met en

œuvre une politique de ressources humaines respectueuse

de la différence, tant dans la gestion de ses personnels que

dans la conduite de ses actions de formation en faveur de

tous les publics. Signataire de la charte de la diversité, le

réseau des GRETA franciliens manifeste son engagement

clair en faveur de la lutte contre les discriminations de tous

ordres.

Ce premier numéro des « Dossiers de l’Île-de-France » est

consacré, à travers des témoignages et d’ histoires de vie, aux

stagiaires en situation de handicap.

Il illustre notre capacité :

Peter Drucker

« La raison d’être d’une organisation est de permettre à des gens ordinaires de faire des choses extraordinaires. »

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Des entretiens différentsDepuis 2010 le CAFOC de Versailles est organisme valideur dans le cadre du dispositif Différent et Compétent*.Le CAFOC a organisé trois sessions de jurys et ainsi validé des compétences professionnelles pour une quarantaine de travailleurs en ESAT.

. Les entretiens devant le jury de validation se déroulent dans nos locaux.. Le jury est composé d’un directeur d’ESAT et d’une personne du CAFOC (Sylvie Gillodts ou Michaëlla Gallozzi). Le travailleur est accompagné par le moniteur d’ESAT avec qui il a constitué son dossier de preuves.. Le protocole suivant s’applique à tous les entretiens :Une phase d’accueil (présentation des personnes du jury, du déroulement de l’entretien et de ses objectifs) suivie d’une phase de mise en confiance du candidat où celui-ci se présente et durant laquelle sont abordés des sujets tels les déplacements, les loisirs…L’entretien commence vraiment quand le travailleur nous présente son dossier, nous commente les différentes photos qui y figurent et quand nous commençons à lui faire expliciter la manière dont il s’y prend pour réaliser ses activités.Nous reprenons ensuite le référentiel de compétences pour examiner et valider les compétences surlignées par le moniteur et considérées par lui comme acquises.Enfin nous recherchons tous ensemble des mises en perspective pour que le travailleur continue son parcours de développement de compétences en accord avec son projet personnel.

Accueillir :Dans le cadre des jurys que nous mettons en place, accueillir est une fonction centrale, déterminante pour la suite du travail. Celle-ci se décline au moins sous trois angles :. accueillir physiquement, en prenant soin du confort matériel des intéressés : un café et des petits gâteaux sont mis à leur disposition par notre secrétaire, Françoise Maillet, dans la salle « d’attente » ; de l’eau et des gobelets sont à disposition dans la salle du jury.. accueillir psychologiquement : mettre à l’aise, en confiance, en échangeant quelques phrases, en questionnant sur l’état d’esprit dans lequel se trouvent les personnes concernées, sur leur ressenti à quelques minutes de l’entretien.

*Site : www.different-et-competent.org

Cela n’empêche pas la peur de passer devant un jury…

Si la procédure est la même pour tous, chaque entretien est particulier.

. accueillir au début de l’entretien en qualité de représentants de l’Education Nationale et de valideur : il s’agit de réaffirmer notre positionnement institutionnel vis à vis du candidat, du moniteur et du directeur d’ESAT tout en préservant la fluidité et la spontanéité des échanges.

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Faire dire la compétence :S. est jeune, jolie et ne présente pas de handicap visible. Sa parole est aisée.Au fur et à mesure de l’entretien je prends conscience d’une logorrhée et d’une répétition sans fin des mêmes paroles, comme un disque rayé.Je me pose la question : comment aller plus loin dans la discussion, lui permettre de ne pas se répéter mais de donner des éléments supplémentaires sur les actes qu’elle a l’habitude de faire sans avoir forcément pris conscience des compétences que cela exige ?

Effacer et laisser le tableau de ses pensées vierge de tout pour se rendre disponible à chaque nouvel entretien.Le périmètre des activités de V. est très limité. Elle effectue le montage de petits objets en kit destinés à la vente, conformément à un modèle toujours semblable.

Elle articule très difficilement et la comprendre est compliqué. Son moniteur se fait souvent interprète. L’entretien aura demandé une concentration extrême et les activités prises en compte dans le cadre de l’évaluation auront été très restreintes.

F. succède à V. D’abord très réservée et modeste puis progressivement de plus en plus expressive, elle aborde sa vie hors l’ESAT, ses responsabilités vis à vis de son enfant qu’elle assume seule, ses démarches pour scolariser cette petite fille.

Elle évoque son propre parcours de formation (niveau CAP), ses différents emplois en milieu « ordinaire », son projet d’aller vers les métiers de services à la personne. Si le référentiel qui sert de base à l’évaluation ce matin là est le même pour les deux candidates, l’écoute de la personne dans son ensemble, le travail d’empathie nécessaire, contraignent à opérer en quelques instants un effort d’adaptation singulier au langage, aux capacités intellectuelles, à l’univers personnel de l’autre …

Savoir repérer tous les petits détails mettant en valeur la personne :G.T. a fait des études, il a son BEPC, un CAP/BEP de plombier chauffagiste, a occupé des emplois en contrat aidé.Dans son dossier il a écrit : « mon projet est de rester en ESAT dans la cuisine ».

L’activité décrite est simple : préparation d’une entrée ( découpe du pâté et mise en assiette ).Durant l’entretien F.P. parlera de son parcours. Il s’agira d’écouter, d’entendre son besoin d’une figure paternelle trouvée dans la personne de son moniteur, et son besoin de protection d’un univers extérieur vécu comme menaçant, assuré par l ‘ESAT.Faire des tâches simples le rassure et cela n’est pas si facile à valoriser.

Contrôler ses émotions :P. a apporté tout le matériel de montage d’un robinet de régulation à bille et monte devant nous ce robinet en nous expliquant toutes les phases du montage, les précautions à prendre.Je suis touchée par la délicatesse de ses gestes, par la confiance qu’il nous donne à nous, membres du jury , un court moment, l’émotion monte. Je l’identifie, respire et reprend ce pour quoi je suis là : faire expliciter des tâches journalières pour reconnaître les compétences d’une personne.

Vers la fin de l’entretien, C. jeune homme trisomique, parle de son père. C’est pour lui faire honneur qu’il a voulu participer au dispositif Différent et Compétent et lui montrer ses compétences au travail. Je suis touchée par sa candeur et ses confidences.

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Soutenir :B. est seule dans le centre de ressources pendant que sa monitrice est avec une de ses collègues en entretien.

Lorsque je passe la voir elle m’interroge sur le jury : est-ce comme pour un concours ou comme pour un examen ? sera-t-elle notée ?Je passe un moment avec elle pour répondre à ses questions, la rassurer, l’interroger sur ce qu’elle a vécu précédemment. Elle a un BEPC et une expérience de concours de catégorie C dans l’administration.

Nous travaillons toutes les deux sur la comparaison entre ces différents types de jurys en essayant de déterminer ensemble ce qui les différencie.

Forte de savoir distinguer les différents types de jurys, elle ira plus sereine à son entretien.

M.B. est une jeune femme trisomique d’origine africaine. Dès les premiers échanges, je réalise que je ne peux pas comprendre la bouillie de mots qui sort de sa bouche. Sa monitrice qui est habituée à son langage nous traduit au fur et à mesure ce qu’elle nous explique.

Avoir de l’imagination :A. est sourde mais répond aux questions qu’elle comprend. Elle ne veut surtout pas contrarier ses interlocuteurs et répond « oui » lorsqu’elle ne comprend pas les questions.Comment entrer en vraie communication avec elle ?

Je me place face à elle, mime des gestes de repassage en lui demandant de me montrer comment elle s’y prend. Pour qu’elle explique les différents temps de sa journée je lui montre un agenda et elle nous explique en fonction des jours ce qu’elle fait à l ’atelier l ingerie.

Quand nous validons les compétences cochées par son moniteur et elle même dans son livret, elle semble perdue malgré mon doigt qui lui montre où l ’on en est. Nous parlons à trois : le moniteur, le directeur et moi et je la sens exclue de cette partie de l ’entretien.

A la fin de l ’entretien le directeur d’ESAT dira à son moniteur qu’il aurait été préférable que A. montre son travail dans son atelier, qu’elle se serait sentie plus valorisée en passant devant un jury sur place.

L’exclusion au moment de l ’examen du référentiel aurait-elle été évitée ?

Aller au-delà du handicap, écouter et entendre qui est là, derrière le masque :J.M. entre et j’ai du mal à le regarder : il a été opéré d’un bec de lièvre et la cicatrice fait que sa lèvre supérieure ne cache pas ses dents de devant ni son palais. Il a des difficultés d’élocution et j’ai du mal à le comprendre.

Je réalise que je le comprends mieux quand je ne le regarde pas. La vision de sa bouche m’est douloureuse et m’empêche de bien comprendre ce qu’il dit. Je prends donc des notes pour mieux me concentrer sur sa voix.

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Et le moniteur dans cet entretien ?Le souci du respect du travail du moniteur est important : une alliance s’est construite lors de l’élaboration du livret qui est à mettre en valeur et à respecter .Le moniteur, souvent, fait décrire une par une les photos du livret, il prend soin de recopier en majuscules tous les propos du travailleur pour que celui-ci, s’il ne sait pas écrire, puisse taper à l’ordinateur ce qu’il dit. Cette délicatesse dans l’accompagnement du travailleur est à souligner.

Si je reprends le cas de G.T. qui ne réalise que des tâches simples en cuisine, l’aide du moniteur est précieuse pour nous aider à faire des préconisations adaptées à la personne et au contexte professionnel.Souvent le moniteur est là pour rappeler ce que la personne a fait dernièrement, rassurer, traduire lorsque le langage est difficile à comprendre mais il reste dans l’ombre. Le travailleur reste le plus possible autonome.

Ce n’est pas toujours facile pour le moniteur d’accepter l’indépendance de celui ou celle qu’il accompagne.Je me souviens de E. qui réalise des sacs dans l’atelier maroquinerie de son ESAT depuis 20 ans.Sa monitrice répond à sa place, je pose volontairement des questions simples mais je finis par m’inquiéter : mes questions sont-elles adaptées ?Je suis obligée de dire à la monitrice que je m’adresse à la travailleuse et que j’attends des réponses de E. A la fin de l’entretien la monitrice dira que E. ne peut rien faire sans son assentiment. Comment s’en étonner ??

Vivre la réciprocitéEn tant que membres du jury, nous avons partagé des valeurs communes avec le dispositif Différent et Compétent, nous avons été garants du sens donné aux reconnaissances des compétences des travailleurs.Cela nous a permis de réaffirmer des valeurs communes entre collègues du CAFOC, de ré-interroger nos pratiques, de partager nos savoirs.

La rencontre avec les travailleurs en ESAT, nous a posé des questions imprévues ; elle nous a placée dans une posture de chercheurs et nous a permis souvent de changer de perspective, et finalement d’être changées.

« La richesse c’est la conscience de son manque »*.

La reconnaissance des acquis de l’expérience par des jurys « différents », et qui, pour être « compétents »… …sont amenés à conduire les activités, et à mobiliser les savoirs, savoir-faire, savoir-être suivants :

A C T I V I T É S C O M P ÉT E N C E SPrendre connaissance avant et pendant l’entretien du livret construit par le travailleur.Analyser les apports en question ( écrits et oraux) et en inférer les compétences correspondantes.Questionner afin d’amener le candidat à expliciter/confirmer les éléments apportés.Apprécier au regard du référentiel la conformité des compétences du candidat.Délibérer en vue de reconnaître les compétences et niveaux de compétences acquis.Délibérer en vue d’émettre des pistes de développement de compétences complémentaires.

Connaître les différents types de handicaps et leur impact possible en situation d’entretien.Connaître la procédure RAE dans le cadre de D et C et le déroulement de la procédure.Connaître l’environnement et les situations de travail traitées dans le cadre de fonctions exercées en ESAT.Savoir déduire des savoirs, savoir-faire, savoir être à partir de la description d’une activité exercée.Savoir conduire un entretien semi-directif d’explicitation de l’activité.Savoir adapter son registre de communication à celui du candidat (quelle que soit la maîtrise du langage dudit candidat).Savoir être attentif à l’expérience singulière d’un candidat singulier.Savoir écouter de manière empathique.Connaître le référentiel pris en compte dans l’évaluation considérée.Savoir établir un lien entre les compétences inférées du candidat et les compétences attendues dans le référentiel (y compris quand le matériau verbal livré par le candidat est restreint).Savoir argumenter son point de vue et participer à une décision collégiale (en tenant compte des répercussions émotionnelles que le résultat de la délibération pourra avoir chez le candidat).Savoir conseiller, préconiser en vue d’un développement de compétences à venir (en prenant en compte la faisabilité, pour l’équipe de l’ESAT, et pour l’intéressé, de ces propositions).

*Claire Héber-Suffrin co-fondatrice des RERS (réseau des échanges réci-proques de savoirs) lors du séminaire de Chartres des 20 et 21 octobre 2011.

Michaëlla GALLOZZIFormatrice/Coordinatrice du dispositif D et CCAFOC de [email protected]

Sylvie [email protected]

Franck CHARRONDirecteur du CAFOC de [email protected]

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Un partenariat solide avec

En 2011, l’Hôtel NOVOTEL de la Tour Eiffel accompagné par la mission handicap du groupe ACCOR, s’était engagé dans une politique volontariste de recrutement de personnes en situation de handicap sur des postes de femme de chambre.

Cet hôtel possédait plusieurs atouts : une équipe soudée, une forte volonté pour mettre en place un projet exemplaire et des intégrations réussies de salariés handicapés, il y a déjà en effet une femme de chambre malentendante et la gouvernante générale avait fait l’effort d’apprendre la Langue des Signes Française.

Il a donc été recruté un groupe de 9 personnes qui a bénéficié d’une formation dans le cadre d’un dispositif financé par le Pôle Emploi, la Préparation Opérationnelle à l’Emploi (POE).

Cette formation de 400 h en alternance centre/entreprise correspond bien aux besoins des entreprises car elle est souple et modulable et permet de préparer des candidats à être opérationnels sur un poste bien identifié afin d’être recrutés en CDI.

A l’issue de la formation, cinq personnes ont été embauchées.

Quelques parcours exemplaires :

M G, 27 ans, sans beaucoup d’expérience profes-sionnelle, ayant fait des petits boulots, a passé tout l’entretien de recrutement tête baissée, les yeux rivés au sol, mais a su convaincre l’équipe de l’hôtel qui a décidé de lui donner sa chance.

Au cours de sa formation, il a su montrer toute sa motivation et malgré ses difficultés relationnelles

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l’hôtel lui a trouvé un autre emploi plus adapté à sa personnalité et petit à petit il s’est épanoui au sein d’une équipe empathique.

A l’issue de la formation, Novotel lui a proposé un poste qu’il occupe toujours avec entrain

Mme I, 42 ans, malentendante, avec une expé-rience parcellaire dans la restauration et dans le nettoyage, est arrivée avec son tempérament très extraverti. Pendant la formation, elle a su se rendre indispensable et tout l’étage la connaissait, elle a contribué à la bonne ambiance et la bonne intégra-tion de ses collègues. D’ailleurs elle a été moteur lors de la journée de la diversité organisée par l’hôtel en animant le stand surdité.

Elle est toujours actuellement en emploi malgré un temps de transport dépassant l’heure et demi.

L’expérience avec ce groupe a laissé de bons souvenirs puisque la gouvernante générale nous a de nouveau sollicité pour renouveler l’expérience dans un nouveau site dont elle a pris la responsabilité. Toujours accompagné par la mission handicap du groupe, très active et très dynamique, l’hôtel a prévu de recruter 12 personnes en situation de handicap. Ce nouveau projet est encore plus ambitieux car la formation doit répondre à des besoins beaucoup plus exigeants compte-tenu des nouvelles installations dans les chambres.

Cette formation doit permettre d’expérimenter un nouveau process de nettoyage. En prenant en compte les remarques et préconisations des responsables et de la gouvernante en lien avec les femmes de chambre, il est prévu de réaliser un support visuel simple et explicite qui serait ensuite utilisé comme vade-mecum par tous les salariés intervenant dans l’entretien des chambres.

Il est prévu aussi de faire valider les acquis de cette formation par l’obtention d’un certificat de qualification professionnelle délivré par le CNEP/H-ADEFIH.

Une centaine d’heures supplémentaires financée par l’Agefiph rajoutées aux 400 h de la POE permettra de bien préparer dans de bonnes conditions les candidats retenus.

© www.germanguzman.com

Anne VERGERRéférence académique Handicap (académie de Paris)Conseillère en formation continue GRETA M2Stel : 01 53 68 06 92

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« Insertion professionnelle des personnes avec autisme »,

avec le réseau de santé AURA 77

et le réseau des GRETA de l’académie de Créteil

Contexte :

Afin de répondre à la demande de formation en vue d’une insertion professionnelle des autistes de haut niveau, le réseau de santé AURA 77 et le réseau des GRETA de l’académie de Créteil proposent de mettre en place des formations individualisées à destination de ces personnes. Cette démarche s’appuie notamment sur une demande très forte des associations de parents.

Les missions des partenaires AURA et GRETA :

AURA prend en charge le recrute-ment des personnes susceptibles d’en-trer dans le projet en fonction de :

. leur pathologie et des difficultés d’inte-ractions sociales qui en découlent,

. leurs centres d’in-térêts, compétences et potentiel d’acqui-sition,

. de leur capacité à supporter les contraintes.

Cette sélection met en avant le projet professionnel des personnes et les besoins en termes de suivi (quel service de soins et d’accompagne-ment, mobilité…etc.), d’adap-tation du poste et des condi-tions de travail…

AURA 77 assure la formation des différents intervenants :

. T uteur des plateaux techniques des lieux de formation.

. Tuteurs des entreprises.

. Le GRETA assure l’interface entre AURA77 et les forma-teurs, il apporte son expertise en termes de construction du projet professionnel lorsque celui-ci n’est pas finalisé ou qu’il est irréaliste, donc à redéfinir.

. Il dispense les formations professionnelles choisies au sein des différents plateaux techniques à disposition dans le secteur géographique des personnes. Il mobilise pour ce faire, autant que possible le droit commun, en sollicitant l’intervention de l’AGEFIPH sur la compensation du handicap, notamment le renforcement de l’accompagnement des stagiaires ; Les formateurs spécialisés bénéficient d’une formation spécifique aux troubles envahissants du développement assurée par AURA 77.

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plateaux techniques (en formation) et dans les entreprises.

Ils doivent également être personne ressource pour les intervenants (formateurs et tuteur entreprise).

Ils sont amenés par exemple à faciliter les dé-marches administratives liées à la formation.

Les tuteurs des entre-prises : leur mission est le suivi quotidien des stagiaires.

Ils vont recevoir une sensibilisation par le réseau de santé AURA 77, afin de leur permettre :

. d’identifier le potentiel des stagiaires,

. de valoriser leurs compétences et l’acquisi-tion des gestes professionnels requis,

. de comprendre leurs difficultés spécifiques,

. de faciliter ainsi leur intégration en milieu professionnel en adaptant éventuellement le poste et les conditions de travail,

. de repérer, comprendre et gérer autant que possible les situations difficiles.

Ces tuteurs bénéficient en outre d’un soutien spécifique lors des journées d’analyse des pratiques.

Lors de la semaine de « l’emploi des personnes handicapées » en novembre prochain, une journée conférence est prévue sur le thème de l’insertion professionnelle des autistes et le réseau des GRETA de Créteil est partie prenante dans l’organisation de cette manifestation.

. En tant que coordonnateur du dispositif, le Greta mobilise son réseau d’entreprises afin de favoriser l’accueil des personnes concernée par le projet ; et met en place un suivi personnalisé en centre et dans les entreprises (suivi en lien avec le service de soin).

Les autres partenaires du projet :

Les services de soins et d’accompagnement spécialisé : afin de conserver les repères des personnes autistes, il est important que les services de soins et d’accompagnement en charge du suivi spécialisé des participants, soient associés à l’accompagnement renforcé mis en place par le GRETA sur les

Christiane CLERGUERéférence académique Handicap (académie de Créteil)Conseillère en formation continue GRETA MTI77 tel : 01 60 23 44 77

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L’oiseau qui conduisaitl’entretien

F. ne découvre pas aujourd’hui, jour de son entretien avec le jury, les locaux du Cafoc.Il est venu « en reconnaissance » une semaine auparavant, accompagné de deux des personnels encadrants de l’ESAT. Il ne s’agit pas de le mettre à l’aise mais de savoir si l’ergonomie de son fauteuil lui permettrait de franchir les différentes portes du CAFOC, celles des sanitaires incluses…La conclusion de la visite est partiellement satisfaisante et F. d’un éclat de rire de préciser : « on viendra avec le pistolet si j’ai besoin d’aller aux toilettes ! »

Le jour venu, il est familier des lieux, expansif, rieur et plaisante avec Françoise à l’accueil ; séducteur aussi, ne manquant pas de répéter qu’il est à la recherche d’une compagne et que c’est peut-être ici qu’il trouvera l’âme sœur.

F. travaille depuis 15 ans à l’ESAT. Il y est employé à l’équipement de livres (protection, reliures simples) pour des bibliothèques, des C.E., des musées, des écoles. Son handicap moteur le contraint à un appareillage lourd. Ses mouvements sont saccadés. La tenue de son buste en position droite est difficile, et une de ses mains est très déformée. Le haut de son corps est particulièrement mobile, instable, et son élocution est parfois peu intelligible.F. plaisante, il aime faire rire. Dès les premiers instants l’entretien est habité par son humour. Mais j’aborde l’échange obnubilée par son corps abîmé.

Son dossier de RAE ( reconnaissance des acquis de l’expérience) est extrêmement soigné, transcrit par lui-même ( ce qui n’est pas toujours le cas) avec l’outil informatique. Il y a passé deux mois et le résultat est saisissant du point de vue esthétique, notamment.L’esthétique par ailleurs est, à ses yeux, une dimension importante de son travail. Il attend de ses livres qu’ils ne soient pas que techniquement bien reliés mais aussi qu’ils soient beaux.F. aime entrer en relation et le dit : « en équipe je suis diplomate, je sais m’adapter aux rythmes des autres. » Nous lui suggérerons d’ailleurs de devenir référent pour les nouveaux arrivants dans son ESAT.

F. nous lance : « il y a deux ans j’ai voulu prendre mon envol. J’ai fait moi-même toutes les démarches administratives afin de prendre un appartement indépendant ».Son goût du travail bien fait, son expérience professionnelle et son désir d’indépendance, son autonomie suis-je alors tentée de penser, m’amènent à avancer prudemment sur le terrain du travail en milieu ordinaire : « Que penseriez-vous de stages en CE, en bibliothèques ? »Et F. de répondre : « Je le ferais volontiers mais je ne veux pas brûler les étapes… »Je venais d’oublier que F. était un oiseau cloué au fauteuil. Il chante, il « s’envole », rêve de « beau » et d’amour mais il a mis tant d’années à en arriver là. La question que je me pose aujourd’hui : F. a déplacé mon regard de son corps mutilé à ses paysages intérieurs, au point qu’au final je puisse imaginer que cet oiseau-là avait des ailes. Mais qui donc a conduit l’entretien ?

Sylvie [email protected]

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ORGANISMEGRETA MTE 94

DURÉEDu 01/04/2012au 30/09/2013

BUDGETTotal prévisionnel :100.000 €Cofinancement FSE :45.000 €45 %

CONTACTChef de projet :Véronique PonchauxTél. : 01 45 16 19 18Mel :[email protected]

CONTEXTE

Les Entreprises d’Entrainement Pédagogique (EEP) franciliennes s’engagent dans une démarche citoyenne qui vise à donner aux personnes les plus en difficulté les moyens d’intégration sociale et professionnelle.

En particulier, le genre, le handicap sont des facteurs discriminant à l’embauche. Par ailleurs, les recruteurs sont en manque de candidatures dans certains secteurs et sont souvent face à l’inadéquation entre les compétences des demandeurs d’emploi et les postes à pourvoir.

PUBLIC CONCERNÉ

80 femmes dont des personnes reconnues handicapées demandeuses d’emploi, d’un niveau de qualification faible.

PARTENARIAT

Agefiph, réseau CAP Emploi, DIRECCTE Ile de France, Pôle emploi.

OBJECTIFS

Faciliter l’insertion de femmes et de personnes en situation de handicap en les intégrant dans une formation leur permettant de gagner confiance en eux et d’acquérir des compétences professionnelles (techniques et en anglais), recherchées par les entreprises.

Accueillir un public plus large par la mise à disposition de moyens pédagogiques supplémentaires.

RÉSULTATS ATTENDUS

Gain de confiance en soi

Montée en compétences valorisée par l’obtention partielle ou totale des titres du ministère de l’emploi pour 70% des stagiaires.

Taux d’insertion professionnelle de 60%.

Faciliter l’insertion des femmes et handicapés en difficultégrâce à l’accompagnement

spécifique en EEPAxe 2 - Accès à l’emploi des demandeurs d’emploi

Sous-mesure 222 - Accès et participation des femmes au marché du travail

Cellule FSE Académie de Créteil – http://cellulefse.forpro-creteil.org/

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Le CAFOC de Créteil a mis en place un module de sensibilisation

au recrutement et à l’accueil d’agents en situation de handicap

Destinée aux personnes chargées d’accueil, aux coordonnateurs d’actions, aux assistantes et aux animateurs de centres de ressources, cette formation a été proposée depuis 3 ans dans le réseau cristolien.

OBJECTIFS .Comprendre la notion de handicap et la multiplicité des situations. Prendre en compte le handicap dans le processus de recrutement et l’accueil des agents concernés. Favoriser l’intégration/le maintien dans l’emploi d’un agent en situation de handicap sans déstabiliser l’équipe de travail

CONTENUS

Travail sur la notion de handicap : représentation, historique, définition actuelle .Les différents types de handicap et la multiplicité des situations. Présentation des différents cas réels : insertions réussies (par le formateur et éventuellement participants) et insertions n’ayant pas fonctionné (par les participants). A partir de ces cas réels, réflexion collective afin d’identifier ensemble :

- les enjeux liés à l’insertion ou au maintien dans l’emploi

- les leviers, les freins et les limites à l’insertion ou au maintien dans l’emploi d’une personne en situation de handicap

- situations sur la notion « d’aménagement de poste »

- quel tutorat mettre en place

Laurent GHELEYNS Conseiller en formation continue

CAFOC de Créteil tel : 01 57 02 66 90 [email protected]

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La peur en miroir

L.S. travaille à la lingerie de son ESAT depuis 21 ans.Elle présente dans son dossier la mise en paquets du linge propre des personnes âgées d’une mai-son de retraite.Son dossier est écrit à la main d’une écriture ronde et très lisible. Il n’y a pratiquement pas de faute d’orthographe. Sa monitrice souligne dans son dossier que L. a choisi ce mode de rédaction car L. souhaitait mettre en avant ses compétences dans ce domaine.

L. a dû attendre seule dans le centre de ressources durant l’heure d’entretien menée auparavant avec sa collègue de travail. Est-ce que cela l’a perturbée ? L’entretien commence mal.

A tous les essais d’ouverture de ma part ou de celles du directeur elle ne répond que par monosyllabes.Le directeur d’ESAT pose des questions de plus en plus simples, de plus en plus fermées et L. s’irrite de plus en plus. Elle répond : « Ben oui bien sûr ! » sur un ton qui monte et devient de plus en plus agressif.Au bout d’une vingtaine de minutes, j’interromps l’entretien et propose que nous nous y prenions autrement en rappelant à la candidate que nos questions ont pour but de comprendre son travail et de pouvoir valider avec elle ses compétences .

Nous reprenons son livret mais c’est d’un air buté qu’elle lit ce qui est écrit.J’arrête de nouveau l’entretien en lui expliquant notre besoin de bien comprendre son travail pour pouvoir attester de ses compétences ; sa monitrice lui rappelle leur préparation à l’entretien.Nous reprenons avec elle le référentiel mais le dialogue ne s’est toujours pas établi si bien qu’au moment de valider, le directeur se tourne vers moi et me demande clairement que faire. Je panique car je réalise à cet instant que je peux, en tant que présidente du jury, mettre fin à l’entretien et à la reconnaissance des compétences de L.

Je suis très mal à l’aise car je sais que lors d’un entretien « normal » j’aurais signifié depuis longtemps à la candidate de retourner se préparer à l’entretien et de ne revenir qu’une fois prête. Je sens en moi de l’irritation, voire même de la colère !! Je me sens maltraitée par la candidate et lui en veux !!

Dans quel dilemme nous met-elle ?? !! Ce serait bien la 1ère fois que nous serions obligés d’arrêter un entretien sans résultat !! pensai-je avec une tension bien proche de la sienne !!Tension due à la peur de ne pas réussir à atteindre l’objectif de cet entretien : valoriser la personne et ses compétences.

Je respire, la regarde et lui dis que nous lui reconnaissons évidemment des compétences certaines et que nous allons passer aux perspectives mais que si elle ne nous aide pas davantage, nous ne pourrons rien faire, car c’est bien d’elle qu’il s‘agit et que nous n’avons pas à décider pour elle de ce qui est bien pour son avenir !!Est-ce d’avoir partagé mon malaise avec elle, mais l’entretien se déroule mieux : nous apprenons dans ce dernier quart d’heure qu’elle est la spécialiste des robes de mariée et du détachage des salissures dans les bas d’ourlets, que sa monitrice lui fait une confiance aveugle car « je sais tout par cœur ». L.S. a envie de voir ce qui se passe dans d’autres ESAT et pourquoi pas dans une vraie blanchisserie.

Nous lui soulignons que ce sera pour elle un « bon » moyen pour prendre confiance en elle et dans la qualité de son travail.

Des gens extraordinaires

Michaëlla GALLOZZIFormatrice/Coordinatrice du dispositif D et CCAFOC de [email protected]

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