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été 2013 8 pesticides La lettre de JOJO le jardinier bio La Jojo attitude Le jardi-conseil de saison Des lasagnes dans mon jardin... Les lasagnes maison sont toujours appréciées dans nos assiettes mais celles au jardin sont aussi étonnantes... Cette technique venue d’Amérique est une manière différente de jardiner qui consiste à créer un sol biologique sans terre ! Pas besoin de bécher, labourer, désherber ou apporter des sacs de terre, les sols pauvres, enherbés, de même que les terrasses, graviers et autres surfaces « urbaines » peuvent ainsi accueillir potager ou jardin fleuri. Comment ? Grâce aux déchets verts du jardin et de la cuisine, de cartons récup’ et de compost ! L’objectif est de générer un sol humifère comme celui d’une forêt de feuillus. > La recette : délimiter votre zone (d’une largueur inférieure à 1,20m), disposer des cartons pour ne plus voir le sol, placer une couche de 5 cm de matières vertes (tontes de gazon, végétaux frais sans racines, épluchures...) puis une couche de 10 cm de matières brunes (feuilles mortes, tontes sèches, paille, broyats...) bien humidifiées (ne pas hésiter à les mouiller avant), continuer à alterner les couches vertes et brunes jusqu’à obtention de la hauteur souhaitée (50 cm maximum) et finir avec une couche de 5 cm de compost. Il ne reste plus qu’à planter fleurs et légumes, arroser un peu (éviter les semis les premiers mois) puis les regarder pousser. A l’automne, réalimentez d’une couche de déchets verts et bruns, parsemée de compost... Essayez et vous adorerez les lasagnes ! Construire son hôtel... à insectes ! Pour accueillir les insectes utiles au jardin, on peut réaliser différents gîtes (voir fiche 5) : fagots de tiges, gîtes à coccinelles... La maison des insectes permet simplement de réunir l’ensemble des dispositifs en un même lieu. Esthétique au jardin et pédagogique, il deviendra le domicile de divers pollinisateurs, prédateurs et parasites qui vous aideront au jardin. Prévoyez bien son emplacement, avec une orientation sud/sud-est, à l’abris des vents dominants et de la pluie, surélevé d’au moins 30 cm du sol et avec un garde- manger à proximité (plantes et fleurs sauvages/cultivées). L’idéal est qu’il ouvre ses portes avant l’hiver (septembre-octobre) ! Récupérez des planches en bois brut, réalisez le cadre rectangle aux dimensions souhaitées, disposez deux planches pour le toit complété es d’ardoises ou de tuiles, poursuivez avec des étages et des parois verticales (voir photos et schéma) et enduisez-le ensuite d’huile de lin pour plus de longévité. Il ne vous reste plus qu’à le « garnir » : tiges à moëlle (ronce, rosier, framboisier, sureau, hortensia...), tiges creuses (bambou, roseau, berce, forsythia, fenouil...), des buches de bois dur percées, des nattes de roseau ou du lierre enroulé, des mélanges de paille/glaise, des briques, du vieux bois ou des écorces empilées, des petits pots remplis de paille, des empilements de planchettes, pierres... Le saviez-vous ? « La faim des haricots ! » Petit-Gris, Queue de cochon de Jayat, Père Tournier, Oeil de perdrix, Gros parisien, Six de Savoie, Pawnee… Ce sont des noms de variétés de haricots en grains, légumes d’autrefois, peu consommés de nos jours, au profit des haricots mangetouts (vert, beurre, coco...). Originaire d’Amérique du Sud, notre fameux haricot n’arrive en France qu’en 1533 dans les valises de Catherine de Médicis. Pendant des siècles, la sélection s’est faite de manière empi- rique (taille, gousse plus ou moins sans fil, couleur, goût, digestibilité des graines...) mais à partir du XIX ème siècle les variétés naines, plus faciles à cultiver, prennent le dessus, ainsi que les haricots plus tendres... Côté jardin... L’astuce est d’échelonner vos semis d’avril à juillet pour récolter tout au long de la saison, le 20 de chaque mois par exemple. Ainsi un semis de 10 à 12 poquets de 8 graines suffiront chaque mois pour avoir un petit plat tous les deux jours. Cette méthode préventive évite bien des problèmes (météo, maladies...). Côté cuisine... Pour gagner du temps et éviter la chaleur du stérilisateur, il existe une recette alternative de conservation, au sel ! Il suffit de blanchir les haricots 1 min dans une eau bouillante, les laisser refroidir sur un linge, les mettre dans un bocal et les recouvrir d’eau salée (125g/l) et enfin ajouter une feuille de chou (bactéricide) avant de fermer le bocal. Il faudra les dessaler (prévoir plusieurs heures) avant cuis- son mais ils garde- ront intacts leurs qualités gustatives et leur croquant ! Beaucoup de jardiniers amateurs ont recours à des produits qui peuvent être dangereux pour le jardin. Pourtant des solutions naturelles, efficaces et faciles à mettre en place, existent, sans conséquences néfastes pour l’eau, la biodiversité ou votre santé. Alors n’attendez plus, jardinez naturellement !

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été 2013

8

pesticides

La lettre de JOJO le jardinier bio

La Jojo attitude

Le jardi-conseil de saison

Des lasagnes dans mon jardin...Les lasagnes maison sont toujours appréciées dans nos assiettes mais celles au jardin sont aussi étonnantes... Cette technique venue d’Amérique est une manière différente de jardiner qui consiste à créer un sol biologique sans terre ! Pas besoin de bécher, labourer, désherber ou apporter des sacs de terre, les sols pauvres, enherbés, de même que les terrasses, graviers et autres surfaces « urbaines » peuvent ainsi accueillir potager ou jardin fleuri. Comment ? Grâce aux déchets verts du jardin et de la cuisine, de cartons récup’ et de compost ! L’objectif est de générer un sol humifère comme celui d’une forêt de feuillus.

> La recette : délimiter votre zone (d’une largueur inférieure à 1,20m), disposer des cartons pour ne plus voir le sol, placer une couche de 5 cm de matières vertes (tontes de gazon, végétaux frais sans racines, épluchures...) puis une couche de 10 cm de matières brunes (feuilles mortes, tontes sèches, paille, broyats...) bien humidifiées (ne pas hésiter à les mouiller avant), continuer à alterner les couches vertes et brunes jusqu’à obtention de la hauteur souhaitée (50 cm maximum) et finir avec une couche de 5 cm de compost. Il ne reste plus qu’à planter fleurs et légumes, arroser un peu (éviter

les semis les premiers mois) puis les regarder pousser. A l’automne, réalimentez d’une couche de déchets verts et bruns, parsemée de

compost... Essayez et vous adorerez les lasagnes !

Construire son hôtel... à insectes ! Pour accueillir les insectes utiles au jardin, on peut réaliser différents gîtes (voir fiche 5) : fagots de tiges, gîtes à coccinelles... La maison des insectes permet simplement de réunir l’ensemble des dispositifs en un même lieu. Esthétique au jardin et pédagogique, il deviendra le domicile de divers pollinisateurs, prédateurs et parasites qui vous aideront au jardin. Prévoyez bien son emplacement, avec une orientation sud/sud-est, à l’abris des vents dominants et de la pluie, surélevé d’au moins 30 cm du sol et avec un garde-manger à proximité (plantes et fleurs sauvages/cultivées). L’idéal est qu’il ouvre ses portes avant l’hiver (septembre-octobre) ! Récupérez des planches en bois brut, réalisez le cadre rectangle

aux dimensions souhaitées, disposez deux planches pour le toit complété es d’ardoises ou de tuiles, poursuivez avec des étages et des parois verticales (voir photos et schéma) et enduisez-le ensuite d’huile de lin pour plus de longévité.Il ne vous reste plus qu’à le « garnir » : tiges à moëlle (ronce, rosier, framboisier, sureau, hortensia...), tiges creuses (bambou, roseau, berce, forsythia, fenouil...), des buches de bois dur percées, des nattes de roseau ou du lierre enroulé, des mélanges de paille/glaise, des briques, du vieux bois ou des écorces empilées, des petits pots remplis de paille, des empilements de planchettes, pierres...

Le saviez-vous ?« La faim des haricots ! »Petit-Gris, Queue de cochon de Jayat, Père Tournier, Oeil de perdrix, Gros parisien, Six de Savoie, Pawnee… Ce sont des noms de variétés de haricots en grains, légumes d’autrefois, peu consommés de nos jours, au profit des haricots mangetouts (vert, beurre, coco...). Originaire d’Amérique du Sud, notre fameux haricot n’arrive en France qu’en 1533 dans les valises de Catherine de Médicis. Pendant des siècles, la sélection s’est faite de manière empi-rique (taille, gousse plus ou moins sans fil, couleur, goût, digestibilité des graines...) mais à partir du XIXème siècle les variétés naines, plus faciles à cultiver, prennent le dessus, ainsi que les haricots plus tendres...

Côté jardin...L’astuce est d’échelonner vos semis d’avril à juillet pour récolter tout au long de la saison, le 20 de chaque mois par exemple. Ainsi un semis de 10 à 12 poquets de 8 graines suffiront chaque mois pour avoir un

petit plat tous les deux jours. Cette méthode préventive évite bien des problèmes (météo, maladies...).

Côté cuisine...Pour gagner du temps et éviter la chaleur du stérilisateur, il existe une recette alternative de conservation, au sel ! Il suffit de blanchir les haricots 1 min dans une eau bouillante, les laisser refroidir sur un linge, les mettre dans un bocal et les recouvrir d’eau salée (125g/l) et enfin ajouter une feuille de chou (bactéricide) avant de fermer le bocal. Il faudra les dessaler (prévoir plusieurs heures) avant cuis-son mais ils garde-ront intacts leurs qualités gustatives et leur croquant !

Beaucoup de jardiniers amateurs ont recours à des produits qui peuvent être dangereux pour le jardin. Pourtant des solutions naturelles, efficaces et faciles à mettre en place, existent, sans conséquences néfastes pour l’eau, la biodiversité ou votre santé. Alors n’attendez plus, jardinez naturellement !

La lutte biologiqueLa première lutte biologique est de favoriser l’implantation durable dans son jar-

din des auxiliaires, grâce à différents aménagements naturels (prairies fleuries, haies champêtres, mares, tas de bois, feuilles mortes, pierres...) et à l’installation de gîtes et nichoirs ! Pourtant, ces dernières années, de nombreux produits estampillés « lutte bio » sont apparus dans les jardineries et

magasins. Qu’est-ce que cette lutte biologique et à quoi sert-elle ?

La lutte biologique est un procédé qui fait appel à des auxiliaires pour combattre des « agresseurs » naturellement présents dans votre jardin. Le principe est donc d’utiliser contre un ravageur, son prédateur, son parasite, son agent pathogène ou son compétiteur naturel. La coccinelle dévoreuse de pucerons en est l’exemple emblématique mais il en existe bien d’autres...

Petit tour d’horizon des auxiliaires disponibles dans le commerce et de leurs cibles :

> la coccinelle européenne (adalia bipunctata ou coccinela sep-tempunctata) : pucerons de plantes basses et hautes (attention aux fourmis qui les protègent) > la chrysope : pucerons, thrips, araignées rouges, cochenilles> les acariens prédateurs : araignées rouges, thrips.

> les nématodes (petits vers invisibles à l’œil nu) : carpocapses, limaces, fourmis, vers blancs, vers gris, noctuelles, courtilières

> des micro-guêpes parasitoïdes : aleurodes, cochenilles...D’autres méthodes existent : virus naturels (comme celui de la granu-lose contre les carpocapses), bactéries pathogènes (comme Bacillus

thuringiensis contre les chenilles...), etc.

Quelques précautions...

> L’ensemble des bêtes sont utiles à l’équilibre du jardin et seules quelques-unes peuvent provo-quent des dégâts importants. L’utilisation d’auxiliaires autochtones ne présente pas de risques mais n’en abusez pas. Et avant de crier « à l’invasion ! », vérifiez que le nombre d’individus « agresseurs » est suffisant pour nourrir vos auxiliaires sinon ils finiront chez vos voisins. Une larve de coccinelle par exemple, peut engloutir jusqu’à 600 pucerons en 10 jours. > Soyez patients ! Il n’y a pas d’effet immédiat, laissez leur le tempsde nettoyer vos plantes (plusieurs semaines).> Ce sont des êtres vivants donc utilisez-les rapidement après réception, déposez-les délicatement sur les plantes attaquées et bien sûr, l’emploi de produits chimiques est à proscrire !

ZOOM sur...Le chiffre3 personnes sur 10 ont l’herbicide le plus vendu dans le monde présent dans le corps humain en France.L’Association des Amis de la terre vient de faire faire des analyses pour déceler la présence de glyphosate dans les urines. 43,9 % de tous les échantillons des 17 autres pays européens contiennent des traces de ce produit chimique. Tous les volontaires vivaient en ville et aucun n’a utilisé, ni manipulé ce produit chimique dans la période précédent les tests. Le glyphosate est utilisé comme désherbant par les agriculteurs, les collectivités territoriales ainsi que par les jardiniers amateurs qui traquent de « mauvaises herbes ».Un récent rapport de l’Inserm reconnait que l’exposition aux pesticides, même de faible intensité, provoque un risque accru de développement de certains cancers ou de maladies neurodégénératives.

Les jardi-médiasUn peu de lecture...> Produire ses graines bio (légumes et fleurs) - 272 pages - 27,40€> Mon potager bio en ville - 2012 - 192 pages - 19,30€

Zone sans pesticides !Depuis le printemps 2013,

différents outils (badges, autocollants) sont dis-ponibles pour mon-trer votre engagement

pour les alternatives aux produits chimiques. Tous

les acteurs (agriculteurs, élus, jardiniers amateurs, consommateurs, commer-çants, parents d’élèves etc.) sont invités à afficher leurs zones sans pesticides. www.zones-sans-pesticides.fr

« Nos jardins à la loupe »Programme de sensibilisation à la biodi-versité proposé par les CPIE de Franche-Comté, il s’adresse aux écoles et particuliers pour agir en faveur de la biodiversité de proximité (oiseaux, papillons, petites bêtes du jardin). Intégré au programme ‘’Vigie-Nature‘’ du Muséum national d’Histoire naturelle, il est ouvert à tous les curieux de nature, débutant ou expérimenté. Découvrez tous les conseils et outils pour vous aider (posters, cartes d’identification, feuille de comptage, etc.), les animations à venir et participez à l’in-ventaire sur www.nos-jardins-a-la-loupe.fr.

Charte-actuLe weekend du 29 et 30 juin 2013 a

eu lieu la 3ème édition d’ « Entrez dans mon jardin, naturellement ! ». Malgré la

pluie continue du samedi, plus de 1 000 visiteurs ont pu découvrir les jardins natu-rels ouverts en Franche-Comté durant ces deux jours. Un grand merci à tous les participants, aux jardiniers qui ont ouvert les portes de leur jardin et partagé leurs savoir-faire, aux partenaires, à France Bleu Besançon et au maga-zine Participe présent qui propose un article spécial « jardiner au naturel » , à découvrir dans le dernier numéro !

La lettre de JOJO le jardinier bio - n°8 • Editée dans le cadre de la Charte « Jardiner, naturellement ! » Rédaction et mise en page : Emilie Leboucher (CPIE Vallée de l’Ognon) • Photos : B. Dupont, P. et M. Guin-chard, G. Hanen, E. Leboucher, URCPIE, www.mdrgf.org • Charte graphique : F. Lagadec • Maquette : E. Bunod (CEN FC) • Numéro ISSN en cours • Juillet 2013

www.jardiner-naturellement.org

Sus aux limaces !

Certains nématodes sont utilisés comme redoutables anti-limaces car ils vont les parasiter, s’y multiplier et entrainer leur mort puis chercher de nouvelles proies... Ces vers sont naturellement présents dans le sol mais en bien plus petite quantité. Ils peuvent être introduits une fois par saison, en préventif au début de printemps ou en curatif.

Concrètement, après avoir acheté le pack prépayé en magasin, il faut commander par internet (avec le code fourni) ou renvoyer le coupon fourni et attendre de recevoir le colis. Présenté sous une fine poudre blanche, il suffira de la diluer dans l’eau de votre arrosoir et d’arroser le sol, de préférence le soir. Etant sensible à la dessiccation, il fau-dra faire attention de maintenir le sol

humide pendant 2 à 3 semaines (avec des températures douces).

AgendaDès septembre...R e t r o u v e z l e s animations dans les magasins signataires de

la charte et venez découvrir le stand de Jojo lors des fêtes et foires d’automne !

exemple de mise en place d’oeufs de chrysope