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74 PROFESSION / Développement Investissement Conseils n° 789 Mars 2016 Fonds dédiés, mandats de gestion, FIC, FID ou encore gestion profilée sont autant de manières pour les CGPI de déléguer ou de personnaliser la gestion des allocations d’actifs de leurs clients. Si toutes ces solutions ont leur lot d’avantages, elles ne sont pas exemptes de certains inconvénients… S i les conseillers en gestion de patrimoine indépendants (CGPI) peuvent avoir recours à des robo- advisors pour suivre et faire vivre l’allocation de leurs clients, des solutions plus traditionnelles leur permet- tent de se décharger de cette tâche chro- nophage qui peut les exposer sur le plan réglementaire. Un besoin de « délégation » de la gestion qui s’est matérialisé, notamment, par le recours massif aux fonds flexibles qui ont attiré la majeure partie des flux depuis 2008. « Depuis 2008, les fonds d’allocation se sont fortement développés pour atteindre 1 000 Mden Europe (240 Mden France), signale Dan Sayag, directeur général délé- gué et directeur de l’allocation d’actifs d’Amilton AM. Le choc de 2008, “l’effet Carmignac Patrimoine”, la largeur de la gamme de produits et leurs divers profils de risques ont permis cette émergence, d’autant que les marchés actions et obli- gations étaient porteurs. Néanmoins, aujourd’hui les sources de performance doivent évoluer, notamment vers des solu- tions de performance absolue. » Toutefois, la sélection des fonds, leur association et leur suivi reste une tâche chrono- phage pour le CGPI. Diverses autres formules répondent à ce besoin : mandat de gestion, gestion profilée ou OPCVM dédié. « Pour les CGPI, ces méthodes de gestion sont un moyen de s’assurer que la gestion est en adéquation avec le profil du client, rappelle Waldemar Brun-Theremin, directeur général de Turgot AM. En effet, les indicateurs de rende- ment/risque et de volatilité peuvent évoluer rapidement sur les fonds proposés et les classes d’actifs, alors qu’avec des enveloppes personnali- sées, le CGPI est assuré que le cahier des charges sera res- pecté, même s’il y a des périodes difficiles. » Pourquoi externaliser la gestion ? Pour plusieurs raisons, les solutions de gestion person- nalisées ou externalisées ont de l’intérêt pour les CGPI et leurs clients. Gagner en réactivité et homogénéiser la gestion Externaliser la gestion de tout ou partie du portefeuille d’un ou de ses clients permet une meilleure efficacité, alors que les cycles boursiers se sont rac- courcis. «C’est un atout en termes réactivité et d’homogénéisation de la gestion des allocations, indique Lau- rent Durin-Monteillet, directeur géné- ral adjoint en charge du développement de Haas Gestion. Il est en effet difficile d’appeler parfois plusieurs centaines de clients pour générer un arbitrage et ensuite gérer les relations avec les différentes compagnies et plates- formes. Au final, les ordres ne sont pas passés au même moment. » Peyman Peymani, président de Guten- berg Finance, société de gestion stras- bourgeoise, abonde dans ce sens : Des solutions pour externaliser la gestion des portefeuilles

Des solutions pour externaliser la gestion · 2017-08-04 · Externaliser la gestion de tout ou partie du portefeuille d’un ou de ses clients permet une meilleure efficacité, alors

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74 PROFESSION / Développement

Investissement Conseils n° 789 • Mars 2016

Fonds dédiés, mandats de gestion, FIC, FID ou encore gestionprofilée sont autant de manières pour les CGPI de déléguer oude personnaliser la gestion des allocations d’actifs de leursclients. Si toutes ces solutions ont leur lot d’avantages,elles ne sont pas exemptes de certains inconvénients…

Si les conseillers en gestion depatrimoine indépendants (CGPI)peuvent avoir recours à des robo-advisors pour suivre et faire vivrel’allocation de leurs clients, des

solutions plus traditionnelles leur permet-tent de se décharger de cette tâche chro-nophage qui peut les exposer sur le planréglementaire.Un besoin de « délégation » de la gestionqui s’est matérialisé, notamment, par lerecours massif aux fonds flexibles qui ontattiré la majeure partie des flux depuis2008.

« Depuis 2008, les fonds d’allocation sesont fortement développés pour atteindre1000 Md€ en Europe (240 Md€ en France),signale Dan Sayag, directeur général délé-gué et directeur de l’allocation d’actifsd’Amilton AM. Le choc de 2008, “l’effetCarmignac Patrimoine”, la largeur de lagamme de produits et leurs divers profilsde risques ont permis cette émergence,d’autant que les marchés actions et obli-gations étaient porteurs. Néanmoins,aujourd’hui les sources de performancedoivent évoluer, notamment vers des solu-tions de performance absolue. »

Toutefois, la sélection desfonds, leur association et leursuivi reste une tâche chrono-phage pour le CGPI. Diversesautres formules répondent àce besoin : mandat de gestion,gestion profilée ou OPCVMdédié.« Pour les CGPI, ces méthodesde gestion sont un moyen des’assurer que la gestion est enadéquation avec le profil duclient, rappelle WaldemarBrun-Theremin, directeurgénéral de Turgot AM. Eneffet, les indicateurs de rende-ment/risque et de volatilitépeuvent évoluer rapidementsur les fonds proposés et lesclasses d’actifs, alors qu’avecdes enveloppes personnali-sées, le CGPI est assuré quele cahier des charges sera res-pecté, même s’il y a despériodes difficiles. »

Pourquoi externaliser la gestion?

Pour plusieurs raisons, lessolutions de gestion person-

nalisées ou externalisées ont de l’intérêtpour les CGPI et leurs clients.

Gagner en réactivité ethomogénéiser la gestionExternaliser la gestion de tout ou partiedu portefeuille d’un ou de ses clientspermet une meilleure efficacité, alorsque les cycles boursiers se sont rac-courcis. « C’est un atout en termesréactivité et d’homogénéisation de lagestion des allocations, indique Lau-rent Durin-Monteillet, directeur géné-ral adjoint en charge du développementde Haas Gestion. Il est en effet difficiled’appeler parfois plusieurs centainesde clients pour générer un arbitrageet ensuite gérer les relations avec lesdifférentes compagnies et plates-formes. Au final, les ordres ne sont paspassés au même moment.»Peyman Peymani, président de Guten-berg Finance, société de gestion stras-bourgeoise, abonde dans ce sens :

Des solutions pourexternaliser la gestion des portefeuilles

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75Développement / PROFESSION

Mars 2016 • Investissement Conseils n° 789

« Les sociétés de gestion sont plusproches des marchés et plus à mêmede réaliser les arbitrages nécessairesselon leurs anticipations. Ces opéra-tions sont effectuées de façon plusrapide et plus ajustées, alors que lesCGPI sont régulièrement en déplace-ment. De plus, le conseiller en gestionde patrimoine indépendant ne peutexécuter seul l’arbitrage: il le proposeet le client dispose ! D’où une perte desubstance et de temps. Par ailleurs, lesCGPI ont des difficultés lorsqu’ils doi-vent générer des propositions d’arbi-trages en masse. Entre la propositiond’arbitrage et le moment où l’ordre est

exécuté il existe un temps incompres-sible, mais aussi variable d’un clientà l’autre. Ces derniers ne sont pas tou-jours joignables ou peuvent passer àcôté du conseil du CGP. »Par ailleurs, le retour de l’agitation surles marchés milite pour une plus grandemaîtrise de la gestion, alors que dans lemême temps la faiblesse des rende-ments nécessite de prendre du risque etqu’une éventuelle hausse des taux sus-cite un besoin de diversification…

« Le retour de la volatilité sur les mar-chés nécessite une gestion active,expose Christian Bito, président deCBT Gestion. D’autant plus qu’il existe une craintesur l’impact d’une hausse des taux pourles fonds en euros. Tous les acteurs dumarché en sont persuadés. Or, le clientfinal n’a pas conscience de ces risqueset ne souhaite pas subir les fluctuationsde marché. »

Se dégager du tempscommercial et des moyensAinsi déchargé du suivi des allocations

et des opérations d’arbi-trage, le CGPI peut seconsacrer au développe-ment de son cabinet etallouer des moyens à d’au-tres activités. Il s’agit éga-lement d’anticiper une pro-bable évolution de sonbusiness model.«L’enjeu économique pour

le CGPI est réel : pour gérer ses porte-feuilles, il alloue des ressources, et ils’agit également d’anticiper l’éven-tuelle fin du système de rétrocession,expose Dan Sayag. Par ailleurs, celalui permet de parer à l’alourdissementde ses contraintes réglementaires etadministratives. Ainsi, les CGPI ontintérêt à faire évoluer tout ou partie deleur business model et leur fonctionne-ment sur cette activité, ce qui leur per-met de se consacrer davantage au suivi

de leurs clients et au développementcommercial. »Par ailleurs, le CGPI circonscrit éga-lement son risque réglementairecomme l’observe Laurent Durin-Mon-tillet : «Au niveau réglementaire, lesCGP doivent justifier leurs arbitrages» S’agissant de la rémunération, cedernier ajoute que «les débats autourdes rétrocessions ne sont plus d’ac-tualité. La rémunération n’est pas lesujet principal pour les CGPI, c’estla satisfaction du client via la géné-ration de performance qui est leurpriorité.»

Faire face à la concurrenceLe directeur général délégué d’Amiltonobserve également que ces solutionspermettent de faire face à «l’uberisa-tion du conseil par les FinTechs et àl’abaissement du seuil d’accès auxbanques privées. » Ce d’autant plusque le «CGP bénéficie de la réputation,de la renommée et du professionna-lisme de la société de gestion», ajoutePeyman Peymani.

Diverses solutions

Plusieurs solutions existent pour lesCGPI : mandat de gestion ou délégationde gestion, fonds dédiés pour un cabinet,un groupement de cabinets ou un client,gestions profilées, ainsi que les FIC etles FID luxembourgeois.

Dan Sayag, directeur généraldélégué et directeur de l’allocationd’actifs d’Amilton AM.

Waldemar Brun-Theremin,directeur général de Turgot AM.

Laurent Durin-Monteillet, directeurgénéral adjoint en charge dudéveloppement de Haas Gestion.

Peyman Peymani, président de Gutenberg Finance.

Externaliser la gestion de toutou partie du portefeuille d’unou de ses clients permet unemeilleure efficacité.

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Le mandat de gestionDans le cadre du mandat de gestion, l’al-location d’actifs est réalisée selon le pro-fil d’un client en particulier, même s’ilest fréquent que ces mandats soientgérés de manière industrielle. «La ges-tion se veut plus haut de gamme et moinsindustrielle car elle implique l’investis-seur pour lequel un cahier des chargesprécis est défini», expose Mathilde deLa Servière, directeur de la gestion pri-vée d’Amilton AM.Néanmoins, le coût global de la solutionest alourdi dans le cadre assurantiel,comme l’observe Laurent Durin-Mon-tillet : « Si cette enveloppe offre une

réelle réactivité et permet une person-nalisation des portefeuilles, elle fait sup-porter au client des frais additionnel aucontrat (environ 1%). En revanche, leCGP peut loger tout ou partie de sonclient au sein du mandat ce qui luiconfère une certaine sécurité sur le planréglementaire.»Christian Bito abonde dans ce sens: cettesolution doit être réservée aux clients hautde gamme. «Le mandat de gestion ou ladélégation de gestion par un compte spé-

cifique délivré à une société de gestionfonctionne bien pour les clients haut degamme : à partir de 2,5 M€. Pour despetits montants, cela est plus difficile carla société de gestion doit réaliser à sontour la connaissance client que le CIF adéjà faite (profil de risque, LAB…). Aussi,il existe un risque que le gérant sous man-dat s’approprie le client en mettant leCGPI sur la touche.»

Le fonds dédiéLe fonds dédié peut être abordé de dif-férentes manières : pour un cabinet, pourun groupement de cabinets ou pour un

client particulier. Danstous les cas, et commepour le mandat de ges-tion, cela passe par uncahier des charges pré-cis défini avec le clientet/ou le cabinet : niveaude risque, volatilitémaximale, actifs éligi-bles, tarification et

rémunération des acteurs…Cette solution peut être posée à la basede la construction des portefeuillesde la majorité des clients d’un ou descabinets. «Il doit s’agir d’un socle d’allocationpour un portefeuille clients dont les allo-cations sont ensuite sensibilisées ou nonau risque selon leur profil par l’ajoutd’UC et de fonds en euro, conseille Wal-demar Brun-Theremin. Cela permet auCGP de déléguer une partie de ses arbi-

trages. En tant que gérant, nous pou-vons réagir rapidement selon les mou-vements de marché via des futures oudes ETF, toujours selon le cahier descharges défini avec le CGP.»Car le fonds dédié permet d’accueillirdes outils d’investissement pas toujourséligibles à l’assurance-vie : titres vifs,fonds non référencés, options de cou-verture…Néanmoins, les fonds dédiés ont desinconvénients, en particulier la nécessitéd’atteindre rapidement un certain niveaud’encours, ce niveau étant variable d’unesociété à l’autre. Christian Bito en détecte deux princi-paux : «Les actifs sous gestion doiventêtre d’au moins 15 M€ pour pouvoirabsorber les frais de gestion et adminis-tratifs et leurs référencements chez lescompagnies deviennent de plus en plusdifficiles. En revanche, pour une sociétéde gestion et un client, il s’agit d’uneexcellente solution comptable qui per-met une gestion pure et transparente.»De plus, le président de CBT Gestionredoute que le fonds dédié cache lavaleur ajoutée du CGP et de la sociétéde gestion : «Les fonds dédiés pour uncabinet et pour l’ensemble de ses clientsnécessitent de regrouper ses clients sousun même objectif de gestion… Bien sûr,le niveau de risque pour chaque clientpeut être dilué via le fonds en euro, maisdans les faits on constate que ce type desolution est difficile à mettre en place.Réduire ses lignes en portefeuille enayant recours au fonds dédié n’est pas

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Investissement Conseils n° 789 • Mars 2016

Christian Bito, président de CBT Gestion.

Mathilde de La Servière,directeur de la gestion privéed’Amilton AM.

Grégory Teyssier, directeurgénéral de Financière de l’Arc.

Jean-Baptiste Coulm,responsable de la multigestion de Financière de l’Arc

Principal inconvénientdes fonds dédiés : la nécessitéd’atteindre rapidement uncertain niveau d’encours.

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une solution idéale : le client voit del’immobilisme et la communication estd’autant plus difficile que la composi-tion de l’actif du fonds n’apparaît passur son relevé de contrat.»Pour Grégory Teyssier, directeur généralde Financière de l’Arc, cette solution estmême contraire à la philosophie duCGP: «nous pensons que la solution desfonds dédiés va un peu à l’encontre del’indépendance du CGP. Cela resteselon nous anecdotique et peu collectentréellement. Il s’agit d’une réponse par-tielle aux problématiques du CGP. »

La gestion profiléeDans le cadre de la gestion profilée, ladimension sur mesure est moins pré-sente. Mais elle dispose d’atouts cer-tains.Jean-Baptiste Coulm, responsable de lamultigestion de Financière de l’Arc, endétecte quatre : «Il s’agit tout d’abordde la pérennité de la gestion : le CGPn’a que peu de temps pour analyser lesfonds et construire ses portefeuilles.Ensuite, la sécurité juridique : en délé-guant la gestion, le CGP se protège demauvais choix d’allocation ou de sélec-tion de fonds. Elle procure un gain detemps : en standardisant une partie desa gestion. Enfin, sur le plan financier,la relation est plus saine: moyennant uncoût de gestion supplémentaire (de 0,80à 1%) sur la partie en UC, tous les arbi-trages sont inclus. Pour les assureurs,

ce mode de gestion est un moyen de ren-forcer la partie UC de leurs actifs. Celaréduit également leur risque par rapportà l’adéquation de l’allocation au profildu client, sujet sur lequel ils sont de plusen plus contrôlés.»Surtout elle est plus accessible, aussibien pour le CGPI que pour le client.

Zoom sur l’offre de quelquesasset managers

Nombreuses sont les sociétés de gestionproposant des offres de gestion person-nalisée : Wiseam (et également pour lesUS Persons, cf. Investissement Conseilsn° 786, décembre 2015, page 57, Athy-mis, Lazard Frères Gestion, MirabaudAM…).De son côté, Claresco Finance, sociétéde gestion dont le métier historique estla gestion privée, réfléchit également audéveloppement d’une offre de gestionpersonnalisée à proposer aux CGPI :«La gestion privée représente 50% denotre activité et nous avons quelquesdemandes de la part de nos partenairesCGPI, expose Anthony Delpy, son res-ponsable du développement. Nous envi-sageons de développer une offre sur cesujet, avec une approche sur-mesure dela gestion du portefeuille du client. »

Chez Amilton AMLes fonds dédiés sont une activité histo-rique d’Amilton. Elle concerne une quin-

zaine de produits (quatre sont en coursde lancement) pour 254 M€ d’encours(du très sécurisé au plus dynamique, + 30 % l’an passé).«Nous travaillons en totale transparenceavec les CGP sur la composition du por-tefeuille et nous leur fournissons l’en-semble des supports commerciaux etmarketing nécessaires, expose DanSayag. Le seuil de rentabilité est fixé à 8M€ d’encours.»Par ailleurs, la gestion sous mandat a étérécemment intégrée à l’offre depuis l’ar-rivée de Mathilde de La Servière auposte de directeur de la gestion privée(cf. Investissement Conseils n° 783, sep-tembre 2015, page 83). «La gestion sousmandat est chez nous basée sur une rela-tion entre les trois parties : la société degestion, le CGP et le client privé,indique-t-elle. Ces mandats sont acces-sibles à partir de 100000€, avec l’accèsà des titres vifs. Le CGP ne perd pas larelation avec le client car il est impliquéet reçoit toutes les informations en totaletransparence. Cette gestion n’est pasfondée sur des portefeuilles modèles etprend en compte l’historique du client,ses contraintes ou encore la date àlaquelle a débuté le mandat. Cette acti-vité se rapproche davantage du modèledéveloppé par les family offices. »Cette offre en plein développement(150M€ d’encours) est notamment pro-posée via quelques assureurs en Franceet au Luxembourg (La Mondiale, Cardif,Generali et Swiss Life notamment).

Jérôme Livran, CFA - directeur financier chez Nortia, nous expose son sentiment sur les solutions de gestionpouvant être proposées par les CGPI. « Les mandats de gestion sont un domaine qui a frémi il y a six ou sept ans, mais il s’agit d’un processus lourdà mettre en place car difficilement uniformisable sur l’ensemble des plates-formes ou compagnies avec lesquelspeut collaborer un CGPI. Néanmoins, des mandats dédiés sont mis en place car ils apportent plus de transparencepour le client final. Chez Nortia, nous souhaitons un minimum de 5 millions d’euros. Nous proposons égalementune gamme de mandats génériques selon trois profils de risque. Nous pensons qu’avec l’évolution du métierde CGPI et de la réglementation, notre solution répondra aux besoins de nos partenaires.Nous assistons aussi à un essor de la gestion sous mandat ou “gestion à l’actif” sur le modèle des assureursluxembourgeois.Quant aux fonds dédiés, beaucoup ont été créés et nous n’en référençons plus que quelques-uns chaque année.Nous nous apercevons que les résultats sont très hétérogènes. Les solutions réunissant plusieurs cabinetsautour d’un fonds ont souvent échoué au bout de quelques années en raison d’inévitables divergences. En revanche, la solution fonctionne bien pour un gros cabinet y arbitrant une partie de ses actifs. »

Jérôme Livran, CFA - directeur financier de Nortia.

« Des résultats très hétérogènes pour les fonds dédiés »

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Chez Haas GestionChez Haas Gestion, plusieurs fondsdédiés sont gérés, dont deux le sont enmultigestion à 100%, avec une trentained’OPCVM en portefeuille provenantd’une vingtaine de sociétés de gestiondifférentes. « Pour que la solution soitrentable, il convient d’atteindre 13M€

d’encours sous dix-huit mois, exposeLaurent Durin-Montillet. Les cabinetsayant recours à ce type de solution ontgénéralement plus de 100 M€ d’en-cours, mais nous avons également desfonds créés pour des groupes de cabi-nets. Il peut s’agir de solutions origi-nales comme la gestion d’un fondsregroupant les fonds préférés du CGPIou un fonds de notre gamme, commeEpargne Patrimoine, géré de manièreplus offensive. »Le mandat de gestion est également pro-posé à partir de 3 M€ avec une gestionsur mesure. Des profils de gestion sontégalement disponibles.

Chez Turgot AM« Nous diffusons des fonds dédiés depuis2011, en multigestion uniquement, etcela fonctionne bien avec une quinzainede fonds, dont trois pour le réseau defranchisés Fiducée Gestion Privée (lagamme de fonds Ekité) pour un total de120 M€ d’encours. Les CGPI sont régu-lièrement informés des mouvementsopérés. Pour que cela soit efficace, ilconvient d’atteindre au moins 5 M€

lors du premier exercice, avec un déve-loppement qui se poursuit ensuite (à

4,5 M€, nous couvrons nos frais fixes) »,expose Waldemar Brun-Theremin.Le mandat de gestion est ouvert à partirde 50000 € pour un PEA ou un compte-titres pour y accéder. Selon les encoursconfiés, la gestion sera plus ou moinsharmonisée : 100 % en OPCVM enarchitecture ouverte dès 50000 €, la ges-tion titres est possible dès 70000 € dansun PEA et 250 000 € dans un compte-titres ou personnalisée (gestion surmesure à partir de 300000 €). Pour lescomptes-titres, quatre profils de gestionsont disponibles : prudent, équilibré,dynamique et opportuniste.Ces mandats et ces profils peuvent êtremis en œuvre sur des FID au sein descontrats luxembourgeois (via Créditagricole Lux, Skandia Life, Swiss Lifeet La Mondiale Europartner). L’enve-loppe doit être d’au moins 300 000 €.Dans le cadre du PEA, les partenairessont Oddo et B Capital.La gestion profilée et la gestion sousmandat représentent 50 M€ d’encourschez Turgot. « Dans toutes nos offres,le CGP garde l’intégralité de la relationavec le client. Turgot AM reste bienévidemment à sa disposition », préciseWaldemar Brun-Theremin.

Chez Gutenberg FinanceGutenberg Finance propose des mandatsde gestion pour des PEA ou compte-titre. « Pour nous, être à Strasbourg estun avantage puisque nous commençonsà être bien connus dans la région,observe Peyman Peymani. De plus,notre taille nous permet d’être réactifs

et plus proches des CGPI, alors que lagestion sous mandat est une activité chro-nophage pour les grandes maisons.» Lagestion sous mandat est possible à partirde 50000 €.«La création d’un fonds de fonds pourun ou plusieurs cabinets peut être envi-sagée si les encours gérés sont suffisantscar les allocations ne peuvent pas êtreréduites à ce seul fonds. Cette solutionpeut être aussi envisagée pour unregroupement de cabinets, mais atten-tion, ces derniers doivent partager lamême philosophie de gestion. Dans cesfonds, nous limitons la partie allouée ànos propres fonds à 30 % maximum.Nous avons conçu un package et unmodèle économiquement viable à partirde 5 M€ d’encours. ».

Chez CBT GestionLa société de gestion propose les profilsSRRI sur les contrats d’assurance-viede Swiss Life, Axa Théma et depuis peuchez Generali Patrimoine. Cette offre areçu la pyramide de l’Innovation dansla catégorie gestion collective, lors del’édition 2015 des Pyramides de la ges-tion de patrimoine organisées par notremagazine.Cinq profils de gestion SRRI sont pro-posés (50 M€ d’encours à fin jan-vier 2016). « Nous sommes conseil engestion profilée pour le compte de l’as-sureur, explique Christian Bito. Cettesolution est simple et rentable pourchaque intervenant. Le client ne signequ’avec l’assureur qui propose desoptions d’arbitrage au client sur la base

Anthony Delpy, responsable du développement de ClarescoFinance.

Vincent Schmidt, directeur généralen charge du développement deKeren Finance.

Benoît Jauvert, président de la Financière de l’Oxer.

La dimension dusur-mesure estmoins présenteau sein de lagestion profilée,même si elledispose decertains atouts.

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de nos conseils. Ainsi, nous nousconcentrons sur le suivi du niveaude risque des portefeuilles et le CIFsur le suivi de son client par rapport àses objectifs. Cela permet au CGPde disposer d’une gestion collective,sans être détaché de la gestion. De plus,il n’existe pas de seuil minimum desouscription.»Les profils sont gérés selon le respectd’un profil de risque de trois à sixsur l’échelle de risque SRRI recomman-dée par l’AMF, avec deux profils deniveau 3 sérénité et modéré. « Pour lesniveaux inférieurs (1 et 2), il est préfé-rable de recourir au fonds en euros »,note Christian Bito.

Chez Keren Finance« La gestion privée est notre premiermétier, affirme Vincent Schmidt, direc-teur général en charge du développe-ment. Notre philosophie est dans lacontinuité de celle des agents dechange, celle du service. Nous accom-pagnons les clients grâce à une sélec-tion de titres, en ayant parfois recoursà des fonds externes. »La société propose trois typologies deproduits :- la gestion sous mandat sur comptestitres ou PEA ou la délégation de ges-tion sur des contrats d’assurance-vie dedroit français ;- les fonds dédiés pour une famille ouun cabinet ;- et la gestion de FID ou de FIC dans lecadre de contrat luxembourgeois (avecLa Mondiale Europartner, GeneraliLux, AXA Lux, La Bâloise, PEL, leFoyer, etc.).«Les fonds dédiés sont le plus souventcréés pour un cabinet, tout comme lesFIC. Ici, l’objectif est une recherche derendement. A l’inverse, dans le cadrede la gestion sous mandat, l’objectif estd’amortir la volatilité et de construirela performance du portefeuille surle long terme. La manière de bâtircelle-ci n’est donc pas la même qu’ausein d’un fonds. Keren Finance gèredavantage de mandats de type obliga-taire, un marché difficile d’accès »,observe Vincent Schmidt.La gestion privée dans son ensemblereprésente 400 M€ d’encours sur un

total de 900M€. «Si cette activité estmoins rémunératrice pour nous, elleconfère de la récurrence et de la sta-bilité à notre chiffre d’affaires, observeVincent Schmidt. Notre philosophievise à encadrer le risque avec leclient : il doit comprendre ce qu’onlui propose. Nous sommes attachés àcela car l’épargne que nous géronsn’est pas la nôtre. Cela nécessite debien personnaliser la gestion et nonpas de la profiler. »Pour un OPCVM dédié, l’encours doitrapidement atteindre un minimum de10 M€ pour être rentable. Les FID sontaccessibles à partir de 125 000 € enOPCVM et 500000 € pour une gestionen titres vifs. La gestion sous mandatdébute à partir de 125000 €.

Chez Financière de l’ArcLa société développe une offre de ges-tion profilée depuis quatre ans, laquelleest proposée chez toutes les principalesplates-formes du marché (100 M€ d’en-cours sur les 350 de la société). «Noussommes issus du monde des CGPI et

nous avons décidé de nous orienter versla gestion pour amener des solutions auxprofessionnels face à la faible réactivitédont ils disposent pour agir sur les mar-chés, expose Grégory Teyssier. Ces man-dats profilés ont été revisités au sein descontrats d’assurance-vie. Il s’agit icide proposer une offre réactive, trèsdiversifiée, multigestionnaires (20 %maximum de nos fonds) et réellementmulticlasses d’actifs. »Cette offre est accessible parfois dès25000 € avec généralement quatre pro-fils disponibles : prudent, patrimonial,offensif et PEA.« Du côté de la communication, nousadressons des notes et commentaires sur

tous les mouvements réalisés, avec envoides fiches sur les fonds intégrés, ajouteJean-Baptiste Coulm. Nous pouvonségalement accompagner le CGP sur leplan commercial, notamment pourmieux appréhender le profil du client.Ce lien avec le CGPI est essentiel. »Parmi les autres solutions disponibles,la société propose également sa gestionvia des FID pour un client, avec unegestion associant titres vifs et fonds.La gestion sous mandat est égalementproposée sur compte-titres et PEA,avec une gestion spécifique possibleselon les clients.

Chez Financière de l’OxerLa société présidée par Benoît Jauvert,compte 53M€ d’encours sur la gestionpersonnalisée. « Nous ne collaboronsqu’avec une dizaine de cabinets qui sont,en quelque sorte, nos meilleurs relaisdédiés par zone pour faire la promotionde notre gestion sur PEA ou compte-titres, expose-t-il. Ces comptes sontdéposés chez notre partenaire CM CICMarket Solutions et il doit s’agir de por-

tefeuilles à partir de30 000 à 45 000 € et lagestion passe par lerecours à des fonds oudes titres vifs. Notregestion se veut plutôtpersonnalisée puisquenous disposons de sixprofils de gestion décli-nés en quatre sous-pro-fils, soit un total devingt-quatre typologies

de mandat. Ces derniers peuvent êtregérés en OPCVM et/ou titres vifs, etnous pouvons respecter certainescontraintes, comme des secteurs àexclure ou des titres à détenir. »En assurance-vie, la délégation de man-dat de gestion est possible. Le montantminimum du mandat dépend de l’assu-reur à partir de 120 000 € chez CNP,360000 € chez Neuflize Vie. «Nous proposons également la gestionprofilée dans des contrats SwissLife etAgeas, ajoute Benoît Jauvert. Ici nousagissons en tant que conseil selon lestrois profils classiques : prudent, équi-libré et dynamique.»

❚ Benoît Descamps

Le fonds dédié permetd’accueillir des outilsd’investissement pas toujourséligibles à l’assurance-vie.

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