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© Sanjit Das/Amnesty International VOICI MA MAISON DES VIES PERTURBÉES PAR UNE RAFFINERIE EN INDE EXIGEONS LA DIGNITÉ EXIGEONS LA DIGNITÉ XIGEONS LA DIGNITÉ UN ENVIRONNEMENT SAIN, C’EST UN DROIT HUMAIN

Des vies perturbées par une raffinerie en Inde

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Des communautés marginalisées, notamment indigènes, savent ce que c’est que vivre à l’ombre de la raffinerie de Vedanta Aluminium, à Lanjigarh, dans l’État d’Orissa (Inde orientale), et de lutter contre ses effets néfastes. Ils doivent se préparer à un avenir encore plus incertain, la raffinerie devant multiplier par six sa capacité actuelle.

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Das/AmnestyInternational

VOICI MA MAISONDES VIES PERTURBÉES PAR UNE RAFFINERIE EN INDE

E X I G E O N S L A D I G N I T ÉE X I G E O N S L A D I G N I T ÉE X I G E O N S L A D I G N I T É

UN ENVIRONNEMENT SAIN,C’EST UN DROIT HUMAIN

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Juillet 2009Index : ASA 20/011/2009

Des communautés marginalisées,notamment indigènes, savent ce que c’estque vivre à l’ombre de la raffinerie deVedanta Aluminium, à Lanjigarh, dans l’Étatd’Orissa (Inde orientale), et de lutter contreses effets néfastes. Ils doivent se préparerà un avenir encore plus incertain, laraffinerie devant multiplier par six sacapacité actuelle.

Plus de 800 familles des groupes adivasis(aborigènes) majhis kondhs et d’autrespeuples marginalisés risquent de perdre1 340 hectares de terres cultivables auprofit du projet d’extension de la raffinerie.L’actuelle raffinerie a été construite sur unterrain de 750 hectares acquis il y a six ansauprès de 1 215 familles qui y pratiquaientleurs cultures.

DES DROITS BAFOUÉSDepuis l’entrée en activité de la raffinerie,il y a deux ans, les populations localessubissent les effets de la pollution de l'air etde l'eau, et doivent vivre constammentdans la poussière et le bruit produits parl’usine. Les terres étant de plus en plusrares, leurs habitants ne sont plus enmesure d’en vivre et de produire leurpropre nourriture, et nombre d’entre eux sevoient contraints de travailler dans desemplois peu qualifiés et mal payés.

Lors d’une visite à Lanjigarh, en mars2009, Amnesty International a recueilli des

informations sur des violations du droità l’eau et à la santé, et notamment à unenvironnement sain. L’organisation a faitpart de ces préoccupations auprès desautorités de l’État d’Orissa, de lacompagnie et du Comité de contrôle de lapollution de l’Orissa.

DES RAPPORTS DE CONTAMINATIONOFFICIELSLe Comité de contrôle de la pollutiona relevé un grand nombre de défaillancesdans le traitement des déchets de laraffinerie. Ces déchets, qui contiennentnotamment des boues rouges (de l’oxydede fer et d’autres minéraux issus duraffinage de la bauxite) et des eauxrésiduaires très alcalines, sont stockésdans un réservoir à boues dont l’étanchéitélaisse à désirer.

Lors de ses visites ordinaires d'inspectionde la raffinerie, le Comité de contrôle de lapollution a constaté une augmentation del’alcalinité et un risque de contamination dela rivière Vamsadhara dus au déversementd’eaux résiduaires alcalines provenant duréservoir à boues rouges. Le Vamsadhara,qui coule tout près de la raffinerie, est laprincipale source d’eau de la région.

Le Comité a constaté que les mesuresnécessaires n’avaient pas été prises pouréviter que les boues ne débordent ou nes’infiltrent dans les environs et augmentent

ainsi le risque de contamination de larivière. Dès 2006, lorsque la raffinerie avaitcommencé ses opérations expérimentales,il avait fait part de son inquiétude quant aurevêtement du réservoir à boues. Cessources de préoccupation n’ont pas étéexaminées en bonne et due forme. Lapollution de l’air et le bruit étaient eux aussisupérieurs aux limites établies.

Les populations locales soutiennent qu’ellesne peuvent plus compter sur la qualité de

« NOUS AVONS PERDU NOS TERRES AU PROFIT DE LA RAFFINERIE.NOUS AVONS ÉTÉ ARRÊTÉS POUR AVOIR PROTESTÉ CONTRE SACONSTRUCTION. J’AI PERDU MON BUFFLE PARCE QU’IL AVAIT BUDE L’EAU CONTAMINÉE. NOUS POUVONS À PEINE RESPIRER ÀCAUSE DE LA POUSSIÈRE PRODUITE PAR LA RAFFINERIE, QUIFONCTIONNE VINGT-QUATRE HEURES SUR VINGT-QUATRE. ETMAINTENANT, LES TERRES QUI ME RESTENT VONT ÊTRE PRISESPOUR SON EXTENSION. »Un habitant de Bandagudha, Lanjigarh

« Et attendu que l’inspection de votreactivité industrielle qui a eu lieu du 3 au5 décembre 2008 a permis de constaterune non-conformité des pratiquesopératoires avec les conditions stipuléesainsi qu’un certain nombre demanquements ou de défaillances, lestravaux d’extension, entrepris sans permisde construire ni certificat de conformitéenvironnementale, seront arrêtés… »Note du Comité de contrôle de la pollution de l’Étatd’Orissa à Vedanta Aluminium, 12 janvier 2009

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l’eau de la rivière notamment pour boire,se laver ou faire leur lessive, mais qu’ellessont néanmoins forcées d’y recourir dans lamesure où elles ne disposent d’aucuneautre source d’eau. Celles qui vivent toutprès de la raffinerie doivent supporter lapoussière, le bruit et la pollutionatmosphérique que celle-ci engendre sansinterruption, nuit et jour.

Elles se sont également plaintes de gênesrespiratoires, de toux et d’autres problèmesde santé qui sont dus, selon elles,à l’inhalation de poussières et d’autressubstances rejetées dans l’air par laraffinerie. Certaines personnes ont fait étatde problèmes de santé, notamment depeau, survenus après un bain dans larivière. Aucune autorité publique de santén’a étudié ou contrôlé ces affectionsdécrites par les habitants.

TOUJOURS PAS DE NETTOYAGELe rapport du Comité de contrôle de lapollution, daté du 12 janvier 2009 etportant sur sa dernière inspection, signalait

que la contamination n’avait pas cessé etque ses directives précédentes n’avaientpas été respectées. Le fait que VedantaAluminium ne se soit pas conformée auxdirectives du Comité et n’ait pas procédéà la décontamination du site est unesource sérieuse de préoccupation –d’autant que ce manquement semble avoireu des conséquences potentiellementgraves sur le plan des droits humains,notamment sur la santé des populations.Les autorités de l’État d’Orissa ont, ellesaussi, manqué à leur devoir d’étudier lesconclusions de ce rapport et d’évaluerl’impact de la pollution sur les droits deshabitants de la région à l’eau et à la santé.

Ci-dessus : La raffinerie de Vedanta

Aluminium, vue depuis le village de

Kenduguda dont elle a acquis les terres.

Les villageois, qui n’ont plus accès à la

rivière Vamsadhara, doivent désormais aller

chercher l’eau à une pompe. « LES MURS DE LA RAFFINERIEONT ÉTÉ CONSTRUITS ICI MÊME,DE SORTE QU’IL NOUS EST TRÈSDIFFICILE D’ACCÉDER À LARIVIÈRE. L’EAU QUE NOUSUTILISONS MAINTENANT ESTPOLLUÉE PAR DES DÉCHETSVENANT DU BASSIN À CENDRES.NOS ENFANTS ONT DESAMPOULES ET DES PROBLÈMESDE PEAU. »Une habitante de Kendugudha, Lanjigarh

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Amnesty International est un mouvement mondial regroupant 2,2 millions depersonnes dans plus de 150 pays et territoires qui luttent pour mettre fin auxatteintes graves aux droits humains.

La vision d’Amnesty International est celle d’un monde où chacun peut se prévaloir detous les droits énoncés dans la Déclaration universelle des droits de l’homme et dansd’autres textes internationaux relatifs aux droits humains.

Essentiellement financée par ses membres et les dons de particuliers, AmnestyInternational est indépendante de tout gouvernement, de toute tendance politique, detoute puissance économique et de toute croyance religieuse.

Écrivez aux gouvernements de l’Inde etde l’État d’Orissa.

� Exhortez-les à refuser d’accorder uncertificat de conformitéenvironnementale au projet d’extensionde la raffinerie de Vedanta Aluminium àLanjigarh, tant que les autorités etVedanta Aluminium n’auront pasexaminé en bonne et due forme lespréoccupations en matière de droitshumains suscitées par l’exploitationactuelle de la raffinerie.

� Demandez-leur de faire en sorte queVedanta Aluminium procèdeimmédiatement au nettoyage de tous lessites pollués jusqu’à présent et cessetoute nouvelle contamination de l’air, del’eau et des sols.

� Exigez d’eux qu’ils prennent toutes lesmesures nécessaires pour se conformeraux recommandations du Comité decontrôle de la pollution de l’État et pourse préoccuper des conséquences de lapollution sur les droits des populationslocales à l’eau et à la santé.

� Priez-les d’entreprendre une évaluationindépendante et impartiale de l'impactque risque d’avoir le projet d’extensionsur les droits humains et l’environnement ;demandez-leur que cette évaluation sefasse en consultation avec lespopulations concernées et dans un espritd’ouverture et de sérieux.

VEUILLEZ ÉCRIRE À :

Jairam RameshMinister of State for Environmentand ForestsGovernment of IndiaNew Delhi 110003, IndeFax : +91 11 2436 0519Formule d’appel : Dear Minister,/ Monsieur le Ministre,

Shri Naveen PatnaikChief MinisterGovernment of OrissaBhubaneswarOrissa, IndeFax : +91 674 2400 100Formule d’appel : Dear Chief Minister,/ Monsieur le Premier ministre,

Juillet 2009Index : ASA 20/011/2009

Amnesty InternationalSecrétariat internationalPeter Benenson House1 Easton StreetLondres WC1X 0DWRoyaume-Uni

www.amnesty.org

AGISSEZ !

Lors de la réunion publique qui s’est tenuele 25 avril 2009 sur le projet d’extension dela raffinerie, rien n’avait été prévu pourdiscuter de ces motifs de préoccupationavec les populations locales.

Ci-dessus : À 100 mètres de la raffinerie,à peine, les habitants d’un village vivent dansle bruit et la poussière.

En haut, à droite : Le réservoir à bouesrouges de Vedanta Aluminium recueille lesdéchets de la raffinerie. Les parois, qui nesont pas suffisamment étanches, laissentfiltrer des eaux résiduaires qui contaminent leVamsadhara, principale source d’eau deshabitants de la région de Lanjigarh.

Photo de couverture : Femme majhi kondhdont les terres cultivables, qui appartenaientà sa famille, ont été acquises au profit de laraffinerie de Lanjigarh.

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« CE QUI NOUS EST ARRIVÉ ESTINIMAGINABLE. APRÈS AVOIRRENONCÉ À NOS TERRES, NOUSVIVONS À L’OMBRE DE CETTEGIGANTESQUE RAFFINERIE ET DESES DÉCHETS. »Un habitant de Chattrapur, Lanjigarh

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