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A.-F. Baillot Descartes à la recherche de la vérité In: Bulletin de l'Association Guillaume Budé, n°2, juin 1963. pp. 209-215. Citer ce document / Cite this document : Baillot A.-F. Descartes à la recherche de la vérité. In: Bulletin de l'Association Guillaume Budé, n°2, juin 1963. pp. 209-215. doi : 10.3406/bude.1963.4031 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bude_0004-5527_1963_num_1_2_4031

Descartes à La Recherche de La Vérité. a-F Baillot

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Descartes

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  • A.-F. Baillot

    Descartes la recherche de la vritIn: Bulletin de l'Association Guillaume Bud, n2, juin 1963. pp. 209-215.

    Citer ce document / Cite this document :

    Baillot A.-F. Descartes la recherche de la vrit. In: Bulletin de l'Association Guillaume Bud, n2, juin 1963. pp. 209-215.

    doi : 10.3406/bude.1963.4031

    http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bude_0004-5527_1963_num_1_2_4031

  • Descartes la recherche de la vrit

    Notre dessein n'est pas de rappeler ici les principes noncs dans le Discours de la Mthode. Ces principes sont assez connus pour avoir t invoqus, depuis trois sicles, par tous ceux qui les ont considrs comme la charte de la pense rationnelle.

    En posant les rgles pour la direction de l'esprit, Descartes a procur la philosophie l'instrument dont elle avait besoin pour sortir de l'ornire o les discussions byzantines de la scho- lastique l'avaient enlise. La valeur des ides claires et distinctes une fois tablie, Descartes aurait pu considrer sa tche termine. Le rsultat tait d'ailleurs assez important pour sauver sa mmoire de l'oubli. Mais celui qu'on a appel le pre de la philosophie moderne ne s'en est pas tenu la mthode prconise dans le Discours. Il a voulu complter son systme par la recherche de la vrit sans postuler la vracit divine comme caution de l'intelligence humaine. De l sa recherche de la vrit par la lumire naturelle.

    Voici le titre exact de ce dernier ouvrage, titre indiqu par Baillet d'aprs la copie manuscrite du 16 novembre 1676, et adopt par Adam et Tannery (t. X, p. 495) * : La recherche de la vrit par la lumire naturelle qui toute pure, et sans emprunter le secours de la Religion ni de la Philosophie, dtermine les opinions que doit avoir un honeste homme touchant toutes les choses qui peuvent occuper sa pense, et pntre jusque dans les secrets des plus curieuses sciences. Il s'agit d'un dialogue trois personnages : Poliandre, pistmon et Eudoxe.

    Et maintenant o placer dans la carrire de Descartes, la composition de ce dialogue inachev ? Baillet (t. II, p. 475) le rapporte aux dernires annes du philosophe. M. Adam rejette cette opinion et conjecture soit le printemps 1628, soit de prfrence l't 1641. Hamelin (Le systme de Descartes, p. 99) incline vers une date tardive. C'est aussi notre avis, fond sur les qualits du style et la fatigue intellectuelle ressentie par Descartes son dpart de Hollande qui l'obligea avec les exigences insenses de la reine Christine, laisser son ouvrage inachev, ouvrage auquel il tenait beaucoup. De plus, Baillet prtend que Descartes gota l'art du dialogue surtout dans ses dernires annes, pour dbiter plus agrablement sa philosophie . L'exemple de

    1. Nous avons suivi le texte publi par Adam et Tannpry dans leur grande dition des oeuvres de DesparteS.

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    Platon et de Cicron l'avait dtermin se servir de ce moyen pour viter la scheresse des Scholastiques. La forme tait ainsi plus agrable au lecteur. Il avait mme dispos de cette manire, affirme Baillet, les Mditations et les Principes {Vie de Descartes, t. II, p. 475).

    Ds l'avant-propos, Descartes dvoile son intention. Il se propose de mettre au jour les vritables richesses de nos mes en ouvrant chacun la voie qui lui fera trouver en lui-mme, et sans rien emprunter aux autres, la science qui lui est ncessaire pour rgler sa vie et pour acqurir ensuite, en s' exerant, toutes les connaissances les plus curieuses que l'esprit humain puisse possder.

    Et il ajoute que ces connaissances sont unies entre elles par un lien si merveilleux, et peuvent se dduire les unes des autres par des consquences si ncessaires qu'il n'est pas besoin de beaucoup d'art et de sagacit pour les trouver, pourvu qu'on sache commencer par les plus simples et s'lever par degrs jusqu'aux plus sublimes . Aussi s'tonne-t-il que parmi tant d'excellents esprits... aucun ne se soit trouv qui ait daign y porter son attention et que presque tous aient imit ces voyageurs qui, abandonnant la route royale pour prendre un chemin de traverse, errent parmi les ronces et les prcipices . Enfin il espre que le lecteur ne sera pas fch de trouver des vrits empruntes ni Platon ni Aristote ; mais qu'il en sera d'elles comme des pices de monnaie qui n'ont pas moins de prix lorsqu'elles sortent de la bourse d'un paysan que lorsqu'elles sortent du trsor public . Et pour rendre ces vrits utiles tous les hommes, il n'a pu trouver de style plus convenable que celui de ces conversations o chacun expose familirement ses amis la meilleure partie de ses penses .

    [L'honnte homme] ne doit consacrer son loisir qu' des choses utiles et honntes, et ne remplir sa mmoire que de ce qui est le plus ncessaire. Quant aux sciences, qui ne sont autre chose que des jugements certains que nous appuyons sur quelque connaissance prcdemment acquise, les unes se dduisent de choses vulgaires et connues de tout le monde, les autres d'expriences plus rares et qui exigent beaucoup d'habilet.

    Sur ce point, Descartes s'en tient, comme Montaigne, la tte bien faite et non au cerveau bourr d'un fatras inutile. Pourquoi d'ailleurs ergoter sur des dfinitions que tout le monde comprend et adopte ? (cf. Montaigne, Essais, liv. III, chap. XIII).

    Tout systme repose sur un postulat. Eudoxe- Descartes commence par l'me raisonnable, parce qu'elle est le sige de toutes nos connaissances . Ensuite, considrant sa nature et ses effets, il remonte son auteur, celui qui a cr toutes choses. C'est la rptition du cogito, premire vrit due plutt au raisonne-

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    ment qu'au jugement. Nous ne reprendrons pas ici les pres discussions sur le cogito cartsien. Le cogito n'est pas, comme on l'a cru une sorte de preuve ontologique, faisant sortir de l'essence mme de la pense l'existence de l'tre pensant. Il ne fournit pas la ratio essendi de l'tre pensant, il n'en fournit que la ratio cognoscendi. La pense implique un sujet pensant. Le point de dpart n'est pas l'essence de la pense, c'est le moi pensant. Et ce fait, cet lment empirique, c'est lui qui contient l'existence. Comme l'a remarqu Hamelin, la mthaphysique vient avant la mthode, qui, son tour, prcde les sciences. C'est ce qu'on avait pu constater dj dans le Discours et les Regulae o Descartes avait dclar l'vidence critrium de la certitude.

    Mais ici une objection surgit. Si la mthode vient aprs la mtaphysique, elle ne peut lui servir de base. Elle ne sert plus qu'aux sciences et, de ce fait, elle perd son universalit. Et si la mthode est antrieure tout le reste, ne tombe-t-elle pas sous cette autre objection, qui proccupa Spinoza (De intell, entend.), que pour trouver une mthode, il faut dj une mthode ?

    Descartes semble avoir pressenti cette objection. Aussi revient- il l'argument du bon sens, cette lumire naturelle mise comme un disque clairant au dbut du Discours (cf. lettre Mersenne propos du livre de Herbert de Cherbury). Eudoxe voudrait que les hommes.

    ... aussitt qu'ils sont parvenus l'ge o l'intelligence commence tre dans sa force, devraient se rsoudre une fois effacer de leur imagination toutes ces ides imparfaites qui jusque-l y ont t graves, et se mettre srieurement en former de nouvelles, dirigeant vers ce but toute la sagacit de leur intelligence.

    A quoi pistmon rpond ... Les premires opinions que nous avons reues dans notre

    imagination y restent empreintes de telle sorte que notre volont ne suffit pas les effacer.

    A moins que l'on y joigne de solides raisons , car l'essence des choses est moins dans les choses que dans notre pense, (cf. lettre au P. Mesland, 2 mai 1644). De mme l'erreur formelle n'existe jamais que dans le jugement qui tablit une liaison entre l'ide et l'objet (Rponse aux 4e Objections). L'erreur vient aussi de notre nature borne, de l'impuissance de notre entendement. Toutes les fois que nous pensons incompltement ou trop rapidement nous sommes conduits l'erreur. L'erreur n'est pas ngation, elle est privation. C'est dans le mauvais usage que nous faisons du libre-arbitre que consiste la privation, cette forme de

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    l'erreur (cf. 4e mditation). L'erreur serait vite bien souvent si chacun prenait pour mesure de la vrit ses propres ides claires et distinctes {Rponse Gassendi). Que chacun rentre donc en soi-mme, c'est l qu'il trouvera la vrit.

    Selon la juste remarque de Hamelin 1, la conception de la pense, chez Descartes, est fortement marque du caractre de l'idalisme subjectif , chappant la notion d'tendue. Penser c'est tre pour soi. Ce qui revient dfinir la pense par la conscience (cf. Principes, I, art. 9). Cette importance du sujet dans l'acte de penser a fait de Descartes l'initiateur de toutes les spculations modernes sur la pense. C'est lui qui, le premier, a reproch au syllogisme d'tre un mcanisme inintelligent, incapable d'atteindre la vritable connaissance. Connatre, affirme-t-il 250 ans avant Bergson, c'est saisir par une intuition infaillible des natures simples et les liens de ces natures simples .

    Les existentialistes eux-mmes pourraient glaner, dans 1 uvre de Descartes, ce qu'ils ont trouv dans Heidegger et dans Jaspers.

    Reprenant le clbre argument du doute mthodique, Eudoxe amne doucement ses interlocuteurs convenir qu'ils doutent sans le secours des sens, et qu'ils ne peuvent douter de leur doute. Mais pistmon juge le terrain dangereux :

    Les doutes universels de cette sorte nous conduiraient droit l'ignorance de Socrate ou l'incertitude des pyrrohniens, qui est comme une eau profonde o il nous est impossible de trouver pied.

    Et il fait allusion l'interminable querelle des universaux. Car Descartes est nominaliste. Pour lui, les universaux n'existent pas en dehors de notre pense {Principes, I, art. 58). Cependant il distingue entre les universaux et les essences 2. Et c'est par ce biais que Poliandre soulve la question des ides innes.

    Et Eudoxe de dclarer qu'une ide qui s'impose ncessairement l'esprit par son universalit est inne. L'innit, c'est l'indpendance, l'asit de la pense, qui suffit elle-mme. Toutes les ides qui n'impliquent ni affirmation ni ngation sont innes 3. Ce sont ces ides simples apportes en naissant, qui nous donnent la sensation de la vie. Sans elles, nous n'aurions pas la notion d'existence. Ce sont elles qui constituent le lot commun tous les hommes, ce fameux bon sens, lment primordial qu'on ne peut refuser personne. Ce qui amne Eudoxe dclarer que,

    1. Op. cit., pp., 168 182, passim. 2. Cf. Rponse aux 5eme object. Spinoza distingue de mme les abstractions

    et les essentiae particulares affirmativae. (.De intell, emend. 93,99, 101). 3. Cf. lettre Mersenne, 22 juillet, 1641 ; Rponse au placard Rgius et

    Rponse aux premires objections.

  • pour dcouvrir les vrits mme les plus difficiles, il suffit de ce qu'on nomme vulgairement le sens commun, pourvu toutefois que l'on soit bien conduit . Cette dernire condition procure pistmon l'occasion de se dire non satisfait, surtout si l'on passe des ides communes aux notions scientifiques. Par exemple, il ne suffit pas de donner aux gens une ligne et un cercle et leur enseigner les proprits de la ligne droite et de la ligne courbe pour leur persuader qu'ils vont trouver la quadrature du cercle et duplication du cube 1. C'est les aiguiller vers la dception et le scepticisme.

    Eudoxe accorde qu'il faut savoir ce que c'est que le doute, la pense, l'existence pour tre entirement convaincu de la relation ncessaire entre le doute et l'existence. Mais pour acqurir ces notions pralables il est inutile de

    ... violenter et torturer notre esprit pour trouver le genre le plus proche et la diffrence essentielle, et de ces lments composer une vritable dfinition. Laissons cette tche celui qui veut faire le professeur ou disputer dans les coles.

    Et il ajoute : Quiconque dsire examiner les choses par lui-mme et en juger

    selon qu'il les conoit, ne peut tre d'un esprit si born qu'il n'ait pas assez de lumire pour voir suffisamment, toutes les fois qu'il y fera attention, ce que c'est que le doute, la pense, l'existence, et pour qu'il lui soit ncessaire d'en apprendre les distinctions. En outre, il est plusieurs choses que nous rendons plus obscures en voulant les dfinir, parce que, comme elles sont trs simples et trs claires, il nous est impossible de les savoir et de les comprendre mieux que par elles-mmes.... Or, au nombre des choses qui sont tellement claires qu'o les connat par elles-mmes, on peut mettre le doute, la pense et l'existence. Je ne crois pas [poursuit-il], qu'il y ait jamais eu personne d'assez stupide pour avoir eu besoin d'apprendre ce que c'est que l'existence, avant de pouvoir conclure et affirmer qu'il existt. Il en est ainsi du doute et de la pense. J'ajoute mme qu'il est impossible d'apprendre ces choses autrement que de soi-mme, et d'en tre persuad autrement que par sa propre exprience, et par cette conscience ou ce tmoignage intrieur que chaque homme trouve en lui-mme quand il examine une observation quelconque.

    C'est l, pour le philosophe, la cl de la certitude ; car personne ne peut douter de la certitude de son doute. Avant Descartes, seuls les Stociens avaient compris que le fait de la certitude est tout particulirement interne et intresse ce qu'il y a de plus profond dans la pense, savoir le sujet pensant lui-mme en sa der-

    i. Descartes indique ici deux des problmes qui tourmentaient le plus les mathmaticiens de ce temps-l. Il y avait aussi le problme de la trisection de l'angle. Le P. Mersenne en parle dans ses Questions physico-mathmatiques, quest. XVI, in-8, Paris, Guenon, 1625.

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    nire intimit. Descartes a mme pntr plus loin encore que les Stociens. Il a fait la part de la personne dans la certitude aussi grande que possible sans nuire la connaissance de la vrit 1.

    pistmon reproche amicalement Eudoxe de douter de tout, de rester dans la voie du doute de peur de s'garer et, sous prtexte de s'y tenir ferme, de pitiner sans avancer jamais. Nos matres, dit-il nous en disent bien plus et sont beaucoup plus hardis. Eudoxe rplique :

    Mon cher pistmon, ne vous tonnez pas si, voulant conduire Poliandre dans une voie plus sre que celle qui m'a t enseigne, je suis svre au point de ne ternir pour vrai que ce dont j'ai une certitude gale celle o je suis que j'existe, que je pense et que je suis une chose pensante 2.

    pistmon : Vous me paraissez semblable ces sauteurs qui retombent toujours sur leurs pieds 3 ; vous revenez toujours votre principe ; si vous continuez de la sorte, vous n'irez ni loin ni vite. Comment trouverons-nous des vrits dont nous puissions tre aussi certains que de notre existence ?

    Eudoxe : Les vrits se suivent l'une l'autre et sont unies entre elles par un mme lien. Tout le secret consiste commencer par les premires et les plus simples, et s'lever ensuite peu peu jusqu'aux vrits les plus loignes et les plus composes ... A cette fin, il faut laisser parler Poliandre seul. Comme il ne suit aucun autre matre que le sens commun, et comme sa raison n'est altre par aucun prjug, il est presque impossible qu'il se trompe, ou du moins il s'en apercevra facilement, et il reviendra sans peine dans le droit chemin.

    Nous ne connatrons jamais l'avis de Poliandre ni la conclusion de Descartes, car le manuscrit s'arrte au moment o Poliandre prend la parole.

    Ces quelques notes, forcment incompltes, suffiront- elles pour procurer au lecteur un aperu de la doctrine cartsienne concernant la recherche de la vrit ? Nous l'esprons. Nous aurions atteint notre but si, parmi ceux qui s'intressent l'uvre du philosophe poitevin, nous avions provoqu le dsir de lire l'opuscule qui nous a servi de thme. En outre, les larges extraits que nous en avons donns prouvent assez la qualit du style de l'auteur et peuvent le rhabiliter aux yeux de ceux qui lui contes-

    1. Cf. Hamelin, ouv. cit., p. 152. 2. Descartes avait dj dit : J'appelle claire l'ide qui est prsente et manif

    este un esprit attentif, et distincte, celle qui est tellement prcise et diffrente de toutes les autres qu'elle ne comprend en soi que ce qui parat manifestement celui qui la considre comme il faut {Principes, I, 45).

    3. On retrouve cette comparaaison chez Malebranche. II ressemble ceux qui dansent, qui finissent toujours o ils ont commenc (De la recherche de la vrit, liv. II, chap. IV).

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    tent le titre d'crivain. S'il y a quelques obscurits et certaines lourdeurs d'expression dans le Discours de la Mthode, cela tient ce que l'auteur ne s'tait pas encore dgag compltement de la syntaxe latine. Ces dfauts ont disparu dans la Recherche de la Vrit, dont le style alerte et vivant ne saurait justifier la svrit de Claudel refusant Descartes l'art d'crire . Si le pote avait eu la curiosit de lire le dernier ouvrage du philosophe, sans doute et-il modifi son jugement. D'autant plus que bien des pages de l'uvre claudlienne sont, quant la clart, loin de l'emporter sur les pages crites par Descartes au terme de sa carrire.

    Pour conclure, qu'il nous soit permis de jeter un dernier regard sur l'uvre de Descartes, non pour apprcier, aprs tant d'autres, la valeur intrinsque de son systme, mais pour marquer son rle dans l'volution de la pense moderne. En dpit des conditions difficiles o il se trouvait, en butte l'hostilit des divers sectarismes qui l'entouraient, Descartes essaya d'affranchir l'esprit humain. A la philosophie de la croyance, il substitua la philosophie de la pense. Apprenons'donc ^bien penser, dira plus tard Pascal, subissant sans le vouloir l'influence cartsienne.

    Pour avoir mancip la pense, Descartes fut perscut comme novateur et impie, chass de royaume en royaume, emportant avec lui la vrit sous le ciel nordique, ne voulant rien sacrifier de ses convictions, quitte en mourir. Cet aptre de la lumire naturelle prouva que ses perscuteurs n'taient que des ignorants rfugis derrire l'autorit d'Aristote. Au lieu de se soumettre aux dieux de l'cole, il s'en tint aux ides claires et distinctes, ne consultant que la nature et l'vidence. Aprs avoir tir les sciences du chaos, il montra leur lien de solidarit et l'appui mutuel qu'elles se prtent.

    Les Mditations* 'de Descartes furent souponnes d'hrsie. Aujourd'hui encore, ceux qui contestent la valeur de la doctrine cartsienne profitent cependant, avec une superbe ingratitude , des avantages procurs par le seul gnie qui osa braver les anciens tyrans de la raison et fouler aux pieds ces idoles que tant de sicles avaient adores . Suivant l'image audacieuse et quelque peu hyperbolique du P. Gunard {Discours V Acadmie franaise, 1755)

    Descartes se trouvait enferm dans le labyrinthe avec tous les autres philosophes ; mais il se fit lui-mme des ailes, et il s'envola, frayant ainsi une route nouvelle la raison captive.

    Non, Descartes ne s'envola pas; mais pour sortir du labyrinthe, la lumire naturelle fut son fil d'Ariane.

    A-F. Baillot.

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