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Diagnostic des systèmes de production commerciaux théicoles en zone de colline du Nord Vietnam. Cas du district de Thanh Ba, province de Phu Tho Mémoire présenté par : Delphine GUY, En vue de l’obtention du diplôme d’ingénieur de l’ENITAB (Ecole Nationale d’Ingénieur des Techniques Agricoles de Bordeaux) dans le cadre de la spécialisation Agronomie Tropicale au sein de l’Institut des Régions Chaudes de Montpellier Maîtres de stage : M. DANG DINH QUANG M. Damien JOURDAIN M. Damien HAUSWIRTH Structure d’accueil CIRAD Directeur de mémoire : M. Bainville et Mme Elisabeth Rasse Mercat Paris, le 6 décembre 2010

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Diagnostic des systèmes de production commerciaux théicoles en zone de colline du Nord Vietnam.

Cas du district de Thanh Ba, province de Phu Tho Mémoire présenté par : Delphine GUY, En vue de l’obtention du diplôme d’ingénieur de l’ENITAB (Ecole Nationale d’Ingénieur des Techniques Agricoles de Bordeaux) dans le cadre de la spécialisation Agronomie Tropicale au sein de l’Institut des Régions Chaudes de Montpellier Maîtres de stage : M. DANG DINH QUANG M. Damien JOURDAIN M. Damien HAUSWIRTH Structure d’accueil CIRAD Directeur de mémoire : M. Bainville et Mme Elisabeth Rasse Mercat

Paris, le 6 décembre 2010

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AVERTISSEMENTS Le diagnostic agraire présenté ci-après n’est pas complet. La partie traitement des données économiques est parcellaire, l’ensemble des données récoltées n’était pas de bonne qualité, sur les 50 enquêtes effectuées beaucoup étaient incomplètes. Il a été nécessaire afin de reconstituer les caractéristiques des exploitations types, présentées ci-après, d’effectuer une recombinaison a partir de plusieurs enquêtes. La partie histoire a été grandement établie via bibliographie, les données obtenues via enquêtes étant insuffisantes.

REMERCIEMENTS Je tiens a remercier mes deux encadrants de terrain qui m’ont soutenue lorsque j’éprouvais des difficultés sur le terrain, Messieurs Hauswirtch et Jourdain. Je souhaiterais également faire part de ma gratitude à Madame Rasse-Mercat qui m’a consacré du temps alors qu’elle était débordée, ainsi qu’à Monsieur Guiraud qui a été a mon écoute.

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RESUME Dans le district de Thanh Ba, province de Phu Tho dans le Nord du Vietnam, depuis la redistribution des terres en 1988 une grande diversification des exploitations agricoles s’est mise en place. En 1997 la création d’une join venture Phu Ben redynamise la filière. Le thé, source de revenue primordiale de la zone, est un facteur important dans cette différenciation agricole de la zone. Cet arbuste est aujourd’hui considéré comme une culture de lutte contre la pauvreté Avec des situations très différentes en matière -de contrat (obligation de production et de vente vis-à-vis d’une usine ou bien indépendant), -de mode de conduite (extensive, intermédiaire, intensive) et, -de dépendance économique, le but de ce rapport est de présenter un panel des théiculteurs présents sur la zone et de comprendre les évolutions qui y sont relatives. Mots clefs Diagnostic agraire, thé, terres de colline, Nord Vietnam, pratiques culturales

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SIGLES ET ACRONYMES ADAM : Appui au Développement de l’Agroécologie en zones de Montagnes du Vietnam AFD : Agence Française de Développement CIRAD : Centre de coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement UMR G-Eau :Unité Mixte de Recherche Gestion de l’Eau, Acteur ,Usage IRC SupAgro : Institut des régions chaudes SupAgro (Centre international d'études supérieures en sciences agronomiques de Montpellier) NOMAFSI : Northern Mountainous Agriculture and Forestry Science Institute (Institut des sciences agricoles et forestières pour les zones de montagne du Nord du Vietnam) PAMPA : Programme d'Actions Multi Pays Agro-écologie SCV : Semis direct sous Couvert Végétal UR : Unité de Recherche VND : Vietnam dông, monnaie vietnamienne ; 1 euro 1 US Octobre 2008 26 000 VND 16 245 VND Juin 2009 25 000 VND 17 800 VND Septembre 2010 24 699 VND 19 458 VND

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SOMMAIRE INTRODUCTION...................................................................................................................... 1 1 PROBLEMATIQUE ET DEMARCHE METHODOLOGIQUE........................................... 2

1.1 ANALYSE DE LA DEMANDE................................................................................ 2 1.2 PROBLEMATIQUE .................................................................................................. 2

1.2.1 Objectifs du stage ............................................................................................... 2 1.2.2 1.2.2 Questions et hypothèses de recherche....................................................... 3

1.3 DEMARCHE METHODOLOGIQUE....................................................................... 3 1.3.1 Déroulement du stage dans le temps : 3 phases................................................. 3 1.3.2 Echantillonnage.................................................................................................. 4 1.3.3 Outils utilisés...................................................................................................... 5 1.3.4 Limites............................................................................................................... 5

2CONTEXTE............................................................................................................................. 6 2.1 Présentation du Vietnam ............................................................................................ 6 2.2 Présentation de la zone d’étude.................................................................................. 7

2.2.1 La province de Phu Tho .................................................................................... 7 2.2.2 Le district de Thanh Ba ...................................................................................... 8 2.2.3 Les trois communes étudiées.............................................................................. 9

2.3 Le milieu biophysique de la zone d’étude................................................................ 11 2.3.1 Le climat........................................................................................................... 11 2.3.2 Topographie et hydrologie et géomorphologie de la zone d’étude.................. 12 2.3.3 Pédologie de la zone étudiée ............................................................................ 14 2.3.4 Le paysage agraire de Thanh Ba ...................................................................... 15

2.4 Le contexte agricole ................................................................................................. 18 2.4.1 L’encadrement agricole.................................................................................... 18 2.4.2 Une filière qui valorise plus ou moins bien les productions ............................ 19 Prix des produits agricoles ............................................................................................... 22 Modes d’approvisionnement en intrant............................................................................ 24 2.4.3 La disponibilité de la main d’œuvre : un déterminant dans le rythme de récolte du thé ………………………………………………………………………………...24 2.4.4 Des opportunités de travail hors agriculture en compétition croissante........... 25

2.5 Principaux points différenciant les communes entre elles ....................................... 26 2.6 Evolutions historiques du district de Thanh Ba ....................................................... 27

2.6.1 Le XVIII siècle : une zone recouverte de forêt ................................................ 27 2.6.2 L’occupation française ..................................................................................... 27 2.6.3 La période de collectivisation de 1954 à 1988................................................. 29 2.6.4 La période des réformes ................................................................................... 30 2.6.5 L’après Doi Moi, une phase d’accumulation, de diversification et de différenciation des exploitations agricoles....................................................................... 32 2.6.6 Typologie ......................................................................................................... 34

3 DESCRIPTION DES SYSTEMES DE CULTURE ........................................................ 38 3.1 Pratiques des systèmes de cultures annuelles........................................................... 38

3.1.1 Les systèmes de cultures de bas fond : des cultures en terrasses et casiers irrigués ………………………………………………………………………………...38 3.1.2 Pratiques des systèmes de cultures annuelles de pente .................................... 45

3.2 Pratiques des systèmes de cultures pérennes............................................................ 49 3.2.1 Les systèmes plants forestiers .......................................................................... 49 3.2.2 Le système arbres fruitiers ............................................................................... 49 3.2.3 Les systèmes thé............................................................................................... 50

4 COMPARAISON DES SYSYTEMES DE CULTURE .................................................. 68 5 MODELISATION DES SYSTEMES DE PRODUCTION............................................. 70

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5.1 Description des modèles de production ................................................................... 70 5.2 SP1 exploitation avec Obligation de Vendre le thé a l’usine Phu Ben(OV),économiquement très dépendante de cette activité ..............................................72 SP2 exploitation OV, partiellement diversifiée.................................................................. 73 5.3 SP3 exploitation OV diversifiée agricole................................................................. 74 5.4 SP4 exploitation OV diversifiée commerciale/ ........................................................ 75 5.5 SP5 exploitation Libre de Vente , partiellement diversifiée .................................... 76 5.6 Autres SP.................................................................................................................. 77

6 COMPARAISON QUALITATIVE DES SYSTEMES DE PRODUCTION.................. 77 7 CONCLUSION ................................................................................................................ 79 8 BIBLIOGRAPHIE ........................................................................................................... 80 9 ANNEXES ......................................................................................................................... a

9.1 Exemple de calcul de revenu (cas le plus simple SP1) ..............................................b 9.2 Prix de référence......................................................................................................... c 9.3 Les travaux rizicoles en image ................................................................................... d 9.4 Quelques photographies d’outils agricoles ................................................................ e 9.5 La transformation du thé ateliers familiaux versus petites usine ................................f 9.6 Le cas de l’usine Phu Ben .......................................................................................... g 9.7 Les différents procédés de transformations du thé et les produits qui en résultent.... h

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Table des illustrations Tableau 1: Critères de sélection des communes (source : données d’enquêtes)........................ 4 Tableau 2 : Les enquêtes réalisées, critères de choix et public visé (auteur,2010)....................5 Tableau 3: la population du Vietnam, comparaison entre différentes régions du pays ............. 7 Tableau 4 : Comparaison des principales caractéristiques des trois communes étudiées (enquêtes 2010) ........................................................................................................................ 10 Tableau 5: Type de thé produit et destination selon les communes enquêtées (auteur,2010) . 20 Tableau 6: Comparaison des différentes structures de transformation du thé. (sources: enquêtes 2010).......................................................................................................................... 21 Tableau 7: Prix des productions annuelles (source : données d’enquêtes) .............................. 22 Tableau 8 : Principales caractéristiques différenciant les trois communes étudiées (enquêtes ,2010) ....................................................................................................................... 26 Tableau 10: Comparaison des différente pratique de plantation du riz.................................... 40 Tableau 11: Itinéraire technique du riz .................................................................................... 41 Tableau 12 : Comparaison des pratiques en fonction des superficies cultivées (données enquêtes,2010).......................................................................................................................... 43 Tableau 13 : Itinéraire technique du maïs d'hiver .................................................................... 44 Tableau 14 : Itinéraire technique du manioc............................................................................ 47 Tableau 15 : Itinéraire technique de l'arachide......................................................................... 48 Tableau 16 : Caractéristiques des différentes essences forestières cultivées dans la zone ...... 49 Tableau 17: Facteurs de différenciation de l’architecture parcellaire ...................................... 50 Tableau 18 : Caractéristiques des typologies de mode de conduite du thé (enquêtes,2010) ... 52 Tableau 19 : Itinéraire technique en fonction du mode de production théicole lors de l'implantation d’une nouvelle parcelle de thé(données d’enquête, 2010) ................................54 Tableau 20 : Itinéraire technique en fonction du mode de production théicole lors de la phase pré commerciale (données d’enquêtes, 2010) ......................................................................... 57 Tableau 21 : Itinéraire technique en fonction du mode de production théicole lors de la phase commerciale (données d’enquêtes, 2010) ................................................................................ 58 Tableau 22 : Régulateurs de croissance utilisés sur le thé (source : Boulanger, 2009) ........... 59 Tableau 24: Pratiques de désherbage sur le thé (source: données d'enquêtes)......................... 60 Tableau 25 : Fréquence des récoltes selon les modes de conduite (enquêtes,2010)................ 61 Tableau 27 : caractéristiques des différentes qualité de thé frais (données enquête, 2010)..... 63 Tableau 28 : Récolte et mode de conduite ............................................................................... 63 Tableau 30 : les associations culturales mise en place avec le thé selon le stade physiologique et la conduite de ce dernier (données d'enquête, 2010)............................................................ 65 Tableau 31 : Perceptions des producteurs quant aux avantages/inconvénients de l'arbre dans les plantations de thé (source : données d’enquêtes)................................................................ 66 Tableau 32: temps de travail comparé pour un sao en fonction du mode de conduite pour un sao de thé (données d'enquête, 2010) ....................................................................................... 67 Tableau 33 : comparaison entre les SC annuelles, généralités (données d'enquêtes, 2010) .... 68 Tableau 34 : comparaison entre les SC annuelles, aspect techniques (enquêtes, 2010) .......... 68 Tableau 35 : calcul économique sur un sao de riz 2 cycle (enquête,2010) .............................. 68 Tableau 36: Comparaison des SC perennes fruitier/arbre à bois/ à ombrage (enquêtes,2010) 69 Tableau 37 : comparaison entre différents mode de conduite du thé (enquêtes,2010) ............ 69 Tableau 38 : Tableau descriptif des associations de SC et de SE constitutifs des différents SP (données d'enquêtes, 2010) ...................................................................................................... 71 Tableau 39 : Comparaison entre les types de contractualisation (enquête,2010) .................... 78

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Figure 1 : Croissance annuelle du PIB% (la banque mondiale,2008) …………………… 6 Figure 2: zonage topographique du district de Thanh Ba (source :Nomafsi, 2010) P8….. 7 Figure 3: diagramme ombrothermique (station expérimentale de Khai Xuan, données lissées sur 20ans ) source Nomafsi 2010 ……………………………………………….

8

Figure 4 : évolution du découpage administratif de la zone(Auteur,2010)…………….. 9 Figure 5: Topographie de la zone étudiée (Sources : googlemap, google earth, auteur,2010)………………………………………………………………………………

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Figure 6 : topographie schématique des trois communes (auteur, 2010)………………… 13 Figure 7 : Représentation schématique des différents type de sol rencontrés dans la zone (auteur,2010)……………………………………………………………………………..

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Figure 8 : Toposéquence de la zone étudiée (auteur,2010)………………………………. 15 Figure 9: Les deux principales voies de commercialisation du thé(enquête,2010)………. 18 Figure 10: Circuit de commercialisation des productions hors thé (source: données d'enquêtes)……………………………………………………………………………….

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Figure 11 : Evolution des prix du thé à MombassaXI1(1998-2006)……………………. 23 Figure 12 : Modes d'approvisionnement en intrants (source : données d’enquêtes)……... 24 Figure 13: Frise historique simplifiée…………………………………………………… 26 Figure 14 : Histoire agraire de la zone d'étude (auteur, 2010)…………………………… 30 Figure 15 : les grandes étapes de la différenciation des exploitations agricoles de la zone (auteur,2010)………………………………………………………………………………

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Figure 16 : Les cultures réalisables en fonction des terres attribuées (auteur, 2010)……. 35 Figure 17 : Typologie des théiculteurs avec une production destinée a la vente (données enquêtes,2010)…………………………………………………………………………….

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Figure 18 : Calendrier cultural simplifié des principaux systèmes de culture ( données d'enquête,2010)…………………………………………………………………………..

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Figure 19 : une occupation des sols fonction de la localisation des terrasses (auteur,2010 37 Figure 20 : Calendrier cultural des différents système avec le riz pour culture principale 38 Figure 21: Les temps de travaux du système de culture riz 2 cycles…………………….. 41 Figure 22 : les systèmes de cultures annuelles de pente………………………………….. 44 Figure 23 : Calendrier de travail des système de culture arachide et manioc…………….. 45 Figure 24 : Temps de travail mensuel moyen pour un sao de manioc……………………. 45 Figure 25: Temps de travail moyen pour 1 sao d'arachide cultivé sur 2 cycles consécutifs 47 Figure 26: Les différents statut de terres théicoles………………………………………... 52 Figure 27 : Mode d'implantation de bouture de thé………………………………………. 54 Figure 29 : Taille de production effectuée parallèlement au sol …………………………….63 Figure 30: temps de travail pour un sao de thé au stade commercial conduit en mode intensif) données d’enquête 2010 ........................................................................................................... 67 Figure 35 : Schéma de fonctionnement SP3 (enquête 2010) ................................................... 73 Figure 35 : Schéma de fonctionnement SP3 (enquête 2010) ................................................... 74 Figure 36 : calendrier de travail SP3........................................................................................ 74 Figure 37 : schéma de fonctionnement SP4 (enquêtes, 2010) ................................................. 75 Figure 38 : calendrier de travail SP4........................................................................................ 75 Figure 42: Les différents travaux rizicoles (auteur, 2010) ......................................................... d Figure 43 : Photographies d'outils agricoles .............................................................................. e Figure 44 : photographie des différentes machines de transformation du thé (a gauche atelier familiale, a droite petite usin) auteur, 2010................................................................................f Figure 45 : Les différents procédés de transformation du thé.................................................... h

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INTRODUCTION Le Nord-Vietnam est une zone pauvre du pays ; différents projets étatiques et internationaux sont mis en place pour remédier à cette situation .La création du NOMAFSI s’inscrit dans ce contexte. La zone de collines de Thanh Ba se trouve à la limite Sud de cette zone, au début du delta du Fleuve Rouge, le thé y est une production importante. Naturellement présent dans les montagnes plus au nord, le thé a était sélectionné et ramené dans la vallée : les premières grandes exploitations datent de l’occupation française. Délaissées pendant la guerre elles ont ensuite été transformées en fermes d’état puis après le Doi Moi ont été soit gérées via des join venture soit directement par les paysans. Le thé est aujourd’hui perçu comme une plante permettant de lutter contre la pauvreté en assurant un revenu monétaire non négligeable. Parallèlement à cela, le problème de l’érosion et de la dégradation des sols en pente est de plus en plus présent (culture intensive de manioc). C’est dans ce contexte que le NOMAFSI (Northern Mountainous Agriculture and Forestry Science Institute) travaille dans la région du nord Vietnam, avec l’appui du CIRAD(Centre de coopération Internationale pour le Développement) et du PAMPA (Programme d'Actions Multi Pays en agro écologie) afin de développer des systèmes permettant de maintenir ou renouveler la fertilité des sols. Pour la bonne réalisation de ces projets, une bonne connaissance de la zone était nécessaire aussi une série de diagnostics agraires a été programmée(un l’année dernière,deux cette année dont celui-ci). La présentation du contexte dans lequel s’intègre cette étude ainsi que la méthodologie suivie permettra de comprendre les objectifs de ces projets. Le milieu biophysique de trois communes du district de Thanh Ba sera ensuite détaillé. L’étude de l’histoire conduira ensuite à une typologie actuelle des exploitations présentes. S’en suivra une étude plus détaillée axée sur les exploitations-types ainsi déterminées et dont la production théicole est destinée à la vente. Cette étude allie pour chacune d’elle la présentation des pratiques culturales afin d’analyser la concurrence entre les productions des exploitations et de comprendre les motivations qui conduisent les paysans à les appliquer ainsi qu’une analyse des performances technico-économiques qui aura pour objectif de déterminer les facteurs de différenciation de ces producteurs de thé.

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1 PROBLEMATIQUE ET DEMARCHE METHODOLOGIQUE

1.1 ANALYSE DE LA DEMANDE Le stage se situe en amont d’activités de Recherche-Développement engagées : - d’une part par le projet ADAM. Mis en œuvre conjointement par le CIRAD et le NOMAFSI, ce projet a pour objectif de mettre au point, évaluer et promouvoir des systèmes de cultures durables sur le principe des SCV dans les zones de collines et de montagnes du Nord Vietnam ; - d’autre part par le projet PAMPA, également financé par l’AFD, qui se propose d’évaluer l’impact socioéconomique des SCV au niveau des exploitations agricoles des zones ciblées

Ces deux projets développent depuis 2010 des actions conjointes dans les provinces de Yen Bai (district de Van Chan), Phu Tho (district de Thanh Ba) et Son La (district de Moc Chau). La finalité de l’analyse des systèmes de production théicoles du district de Thanh Ba était triple :

- ajuster les expérimentations agronomiques conduites dans un réseau de théiculteurs expérimentateurs ;

- initier l’évaluation ex-ante des options techniques agroécologiques mises au point par le projet ADAM.

- compléter une analyse globale des systèmes théicoles du Nord Vietnam qui se nourrit d’une part d’un stage de diagnostic conduit en 2009 dans le district de Van Chan (Boulanger F., 2009) et d’autre part la conduite simultanée d’une étude identique dans le district de Moc Chau (Gramond F., 2010).

1.2 PROBLEMATIQUE

1.2.1 Objectifs du stage L’objectif principal de ce stage était la réalisation d’un diagnostic agraire d’une petite région agricole du Nord Vietnam, principalement orienté vers la compréhension des systèmes de production théicoles destinés à la vente. Trois objectifs spécifiques étaient proposés : - Décrire la diversité des systèmes de production dans le district de Thanh Ba, notamment sous l’angle de leurs relations entre les contraintes biophysiques et socioéconomiques ; - Identifier la diversité des pratiques culturales et stratégies opérées par les producteurs de thé et en expliciter la logique (diagnostic agronomique) ; - Analyser comparativement dans cet espace les facteurs clés de différenciation des performances technico-économiques des exploitations théïcoles (diagnostic technico-économique)

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1.2.2 Questions et hypothèses de recherche L’étude a été orientée selon les questions et hypothèses de recherche soulevées par les deux projets : - Quelles est la diversité de pratiques que les théïculteurs du district de Thanh Ba mettent en place selon le type de contrat et de débouché qui s’offrent à eux ? - Quel lien entre les pratiques théïcoles et les autres cultures présentes sur l’assolement de l’exploitation ? - Quelles sont les performances technico-économiques, des ateliers de production et des exploitations, issues de la diversité des pratiques de culture du thé ?

1.3 DEMARCHE METHODOLOGIQUE

1.3.1 Déroulement du stage dans le temps : 3 phase s Afin d’une part d’optimiser le temps imparti à l’étude d’une petite région agraire

initialement inconnue et d’autres part d’assurer une cohérence méthodologiques avec deux diagnostics agraires (l’un effectué antérieurement, l’autre simultanément), les quatre mois de stage ont été divisés en 3 phases successives de terrain de 3 semaines chacunes :

La phase 1 a été consacrée au paramétrage du milieu et à un premier échantillonnage de lieux d’enquête à l’échelle du district ainsi qu’au renseignement de paramètres historiques et agricoles de la zone d’étude. Ces paramètres ont été établis grâce à l’élaboration d’une grille d’indicateurs qui ont été renseignés durant cette période. A l’issue de cette phase, des hypothèses ont été faites sur les facteurs de différentiation des performances technico-économiques des exploitations.

Des enquêtes technico-économiques quantitatives visant à recueillir des données sur les performances économiques d’exploitations sélectionnées en fonction de ces hypothèses ont ensuite été réalisées au cours d’une seconde phase, sur la base de grilles d’enquêtes préalablement construites (cf. annexe 2).

Enfin, trois semaines de terrain ont été consacrées à l’analyse qualitative des pratiques et stratégies paysannes dans la conduite des systèmes de cultures théicoles. Les trois phases de terrain ont été entrecoupées de retours transitoires sur Hanoi (débriefing, construction de grilles d’enquêtes et d’analyse, restitution transitoire). Ces phases ont été établies afin d’optimiser le travail sur le terrain. En pratique, des informations sur chaque phase ont été recueillies tout au long de l’étude. L’histoire agraire de la zone n’était pas l’élément principal à renseigner, les co-encadrants ayant fait le choix d’en réduire l’analyse au profit d’une description analytique de la situation actuelle. Le recueil des données s’étant révélé plus difficile que prévu, certains points n’ont pas pu être approfondis (pratiques culturales sur les cultures annuelles, explicitation des logiques sur les pratiques de production théicoles.…).

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1.3.2 Echantillonnage Le premier travail effectué a consisté à choisir l’étendue géographique explorée, le pas de temps qui serait pris en compte (voir phasage ci-dessus) et à identifier les acteurs à rencontrer.

1.3.2.1 Echantillonnage géographique : sélection d es zones d’enquêtes (communes, villages) dans le district de Thanh Ba

Le district de Thanh Ba avait été défini comme lieu de réalisation du diagnostic en amont du stage. Au sein du district, la différence d’altitude entre les collines a d’abord permis de différencier trois zones agroécologiques : -une zone de moyennes à hautes collines ; -une zone de basses collines ; -une zone de plaine. La culture de thé destiné à la vente a été privilégiée en cohérence avec les actions réalisées par le projet. La zone basse a de ce fait été écartée, car celle-ci comporte de petites surfaces essentiellement destinées à l’autoconsommation. Pparmi les deux zones restantes, le type de contractualisation, l’ancienneté de l’activité théicole et le type de débouché ont permis de définir le choix des communes. Le nombre de communes à explorer a été défini en prenant en compte le temps de déplacement entre ces dernières et la durée du stage. Trois communes ont été retenues à cette étape : celle de Dong Linh, celle Khai Xuan et celle de Thanh Xa. Critères DL KX TX présence de thé destinée à la vente

Oui

Topographie Collines hautes (50 à 100 m)

Collines moyennes (50 à 80 m)

Collines basses (30 à 40 m)

Type de contrat Paysans dépendant de l’usine Phu Ben (ancienne ferme d’Etat) disposant de contrats avec l’usine (terres commerciale terres 01) + Paysans indépendants (pas de contrat)

Pas de contrat – paysans indépendants

Présence de production théicole destinée à la vente

Très ancienne (depuis l’occupation française - fin du 18ème siècle)

Ancienne Récente (programmes nationaux années 2000)

Type de production et débouché

Thé noir (exportation)

Thé vert (marché local)

Thé noir (exportation)

Tableau 1: Critères de sélection des communes (source : données d’enquêtes) Les critères de sélection employés pour cet échantillonnage ont été retenus de façon à explorer la plus grande diversité possible de situation.

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1.3.2.2 Echantillonnage social Compte tenu du pas de temps du stage, il a fallu sélectionner des personnes clés auprès desquelles allaient être réalisées les enquêtes. Les données statistiques relatives aux communes ont été recueillies auprès des autorités locales. Pour une compréhension historique, les doyens des hameaux ont été consultés. L’étude technico-économique a été conduite en fonction de la typologie pré-établie à partir d’hypothèses sur les facteurs de différentiation des systèmes. Types d’entretien nombre

d’entretiens effectués

modalités de sélection des acteurs

nature des acteurs enquêtés

Entretien de compréhension du milieu

20 Les plus diversifiés possibles

Exploitants, Cadres des comités populaires, chef des hameaux, usines, anciens, collecteurs, magasins agricoles, marchés…

Enquêtes économiques quantitatives

40 Selon la typologie de systèmes de production pré établie

Théiculteurs

Enquêtes qualitatives sur les pratiques théicoles

15 Selon un typologie pré établie de pratiques et de types de parcelles

Théiculteurs

Tableau 2 : Les enquêtes réalisées, critères de choix et public visé (auteur,2010)

1.3.3 Outils utilisés -La lecture d’ouvrage de référence, d’article et de rapport relatif au Vietnam, au thé et a la zone d’étude a permis d’éclaircir certains point du contexte et de mettre en lumière des caractéristiques intrinsèques à la zone. -Les tableaux de paramétrage (voir annexe) ont été utilisé afin de fixer un certains nombre d’éléments qu’il n’a plus était par la suite nécessaire de documenter (prix des intrants, variété,…) -Les entretien de compréhension historique (voir annexe)ont servis de base aux enquêtes relatives a l’histoire -Les entretien technico-économique (voir annexe) ont permis d’étudier les pratiques ainsi que leur implication économiques

1.3.4 Limites Ne parlant pas Vietnamien, un interprète m’a secondé dans mon travail de terrain. Le temps consacré aux entretiens est doublé du fait de la traduction. Il existe par ailleurs de nombreux biais liés à l’interprétariat (synthèse des données brutes formulées par l’agriculteur, perte de détails, erreur de traduction). Les demandes d’autorisation administratives et la nécessiter de répondre aux informations demandées par la police du district m’ont retardé dans mon travail (un mois de terrain perdu à l’arrivée). Le climat s’est également avéré difficile à supporter (exceptionnellement chaud 45°C). La durée de temps du stage étant limitée, il n’a pas été possible d’explorer de façon exhaustive les agriculteurs des communes enquêtées. La typologie a donc été construite par validation / élimination d’hypothèses sur les facteurs de différenciations entre les exploitations, mais un biais demeure toujours par rapport à la réalité. Enfin, les coupures électriques très fréquentes (1 jour sur 2), un accès compliqué à Internet n’ont pas facilité le travail rédactionnel sur place.

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6

2 Contexte

Figure 28: Localisation géographique de la zone étudiée (source internet et Nomafsi )

2.1 Présentation du Vietnam (rfce Boulanger Herrou, 2009)

Le Vietnam est un pays d’Asie du Sud-Est frontalier avec la Chine au Nord, le Laos à l’Est et le Cambodge au Sud-ouest. Il est entièrement bordé par la mer de Chine à l’Est (cf. figure 28 ci-dessus). Sa superficie totale est de 332 000 km², dont 75 % sont couverts par des montagnes essentiellement localisées dans le Nord et le Centre du pays. Les terres les plus fertiles sont situées dans les deltas du Fleuve Rouge (au Nord) et du Mékong (au Sud). Des aménagements permettent d’y réaliser jusqu’à 3 cycles de cultures par an : -2 cultures irriguées et 1 culture en sec dans le Nord Vietnam ; -3 cycles de riz irrigué dans le Sud.

La population approche aujourd’hui les 90 millions d’habitants. Elle se concentre surtout dans les zones de deltas. 70% de cette population vit en milieu rural et dépend au moins pour partie, des revenus de l’agriculture (FAO, 2001).

Jusqu’en 1979, le Vietnam était un pays socialiste à économie planifiée et centralisée. Les échanges extérieurs étaient limités aux pays du COMECON (Council for Mutual Economic assistance). L’agriculture était organisée en coopératives agricoles où les moyens de productions étaient mis en commun, y compris la force de travail. Après de longues années de guerres, le système collectiviste présent depuis le début des années 60 au Nord, rencontra de nombreuses difficultés à s’imposer au Sud. Dès la fin des années 70, des crises successives mettent fin à ce système.

A partir de 1986, le pays s’est engagé dans une vaste réforme : le Doi Moi ou « renouveau ». Des réformes successives et graduelles ont permis la réémergence du secteur privé et la fin du contrôle des prix par l’Etat. L’agriculture vietnamienne a subit de grands bouleversements durant cette période. Les réformes foncières et la révolution verte ont largement contribué à l’amélioration des techniques et des rendements (passage de 1 à 2 cycles de riz irrigués par an, puis de 2 à 3 par exemple).

Depuis cette réforme, la contribution du secteur agricole au PIB a progressivement décru. Les actifs ruraux représentent aujourd’hui près de 65-70 % de la population. Le revenu moyen par habitant s’établissait entre 350 et 400 $ par an en 2008. L’écart des niveaux de vie

Province de Phu Tho

District de Thanh Ba Région de Đông B ắc au

Nord Est du Vietnam

Asie du Sud Est

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7

entre ville et campagne reste important : 10% de la population citadine vit en dessous du seuil de pauvreté tandis que 30% de la population rurale est pauvre. La part importante de sous-emploi2 en campagne est un frein à l'amélioration de la productivité du travail et du revenu des foyers ruraux.

Depuis la réforme engagée au milieu des années 1980, le Vietnam connaît une forte croissance économique. Le taux de croissance du pays sur les 23 dernières années s’élève à 114%, soit une moyenne de 6,8% de croissance annuelle (cf. Figure 2 ci-dessous). Cependant, le développement de l'industrie et surtout du secteur tertiaire (taux de croissance de 9 à 10 % par an) ne permet pas encore d'absorber le surplus de main-d'œuvre laissé vacant par l’agriculture (DaoThe Tuan, 2003).

2.2 Présentation de la zone d’étude

2.2.1 La province de Phu Tho Dans la région de Đông Bắc, la province de Phu Tho se situe presque au milieu du

Nord Vietnam (figure 3),à la pointe du triangle formé par le delta du Fleuve Rouge. Située en transition entre les régions montagneuses et le delta du Fleuve Rouge, la province de Phu Tho est traversée par le Fleuve Rouge et la rivière Da.

La Province de Phu Tho s’étend sur 3 528 km². Sa population est estimée à 1 316 0003 en 2009 (contre 1 364 700 personnes en 2008) majoritairement composée de Kinh. Avec une densité de387 habitant au km2 c’est l’une des provinces les plus peuplées des terres du milieu et de montagnes de la zone Nord du Vietnam. Zone la plus peuplée du Vietnam : zone du delta du fleuve rouge

932habitants/km2

Zone la moins peuplée du pays= zone des hautes terres du milieu

94habitants/km2

Moyenne nationale 220 habitants/km2 Moyenne de la région incluant Phu Tho 116 habitants/km2 Moyenne de la province de Phu Tho 373 Tableau 3: la population du Vietnam, comparaison entre différentes régions du pays

2 Lorsque la durée ou la productivité de l’emploi d’une personne sont inadéquates par rapport à un autre emploi possible que cette personne est disposée à occuper et capable de faire (Organisation internationale du travail) 3 "Population and population density in 2009 by province". General Statistics Office of the Government of Vietnam http://www.gso.gov.vn/default_en.aspx?tabid=467&idmid=3&ItemID=9882

Figure 29 : Croissance annuelle du PIB% (la banque mondiale,2008)

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8

Figure 30: zonage topographique du district de Thanh Ba (source :Nomafsi, 2010)

Au plan administratif, elle se compose de 11 districts et de 275 communes. Le chef

lieu de la Province (Viet Tri), se situe à 70 km au Nord Ouest de Hanoi. Cette province est considérée comme le berceau historique de l’ethnie Kinh, ethnie majoritaire au Vietnam5 . Initialement dénommée Phu Tho par les français, la province est rebaptisée Vinh Phu après l’indépendance puis retrouve son nom d’origine en 1996. Sur le plan économique, la province est l’une des plus pauvres du pays (zone de montagne en retard économiquement)6. Elle possède cependant un bon réseau de communication (routes bitumées à deux voies n°2, 3, 1,8,31,32, 37, 70,…,voies ferrées reliant Hanoi à la Chine, par le Nord et par le Nord Est, et à la mer de Chine en passant par Haiphong) qui a contribué à l’essor économique de certains districts traversés par ce réseau7. Les secteurs agricole, industriel et de service se répartissent également les actifs. On peut cependant noter une spécialisation géographique avec au niveau des pôles urbains, et principalement de la capitale provinciale Viet Tri qui compte bon nombre de siège d’entreprise et d’usines de la province, une concentration des activités des secteurs industriel et de service.8

2.2.2 Le district de Thanh Ba

Le district de Thanh Ba se situe au centre de la province de Phu Tho à coté du district du même nom (figure 1). Il s’étend sur 194 km² et se compose d’une succession de collines qui culminent au Nord à 80 m et qui descendent jusqu’au Sud pour rejoindre le Fleuve Rouge. Les limites du district correspondent respectivement au Fleuve rouge, longé par la route n° 312 à l’Ouest etla routé n°2 à l’Est. Le district se compose de trois ensembles géomorphologiques distincts (figure 3 ci-contre) avec : - une zone de colline moyennes à hautes du Nord vers l’Est, (en rouge) - une zone de collines basses qui longe le Fleuve Rouge a l’Ouest du district (en bleu) - une zone de plaines à la pointe sud du district (en vert). Outre les routes précédemment citées, le district est traversé par la voie ferrée qui relie Hanoi à Lao Cai (frontière sino-vietnamienne). Le district présente une population de 109 806 habitants appartenant exclusivement à l’ethnie Kinh et qui se répartit dans 27 communes.

5 Encarta 2007 6 Tea Growing in Phu Tho Province". Agence Française de Développement. http://www.afd.fr/jahia/Jahia/site/afd/lang/en/pid/866. Retrieved 2010-08-26. 7 "Overview of Phu Tho". Phutho Industrial Zones. http://www.phutho-izs.gov.vn/default_en.aspx?tabid=409&ItemID=898. Retrieved 2010-08-28. 8 "Phu Tho Province". Official Site of the Phu Tho Government. http://webcache.googleusercontent.com/search?q=cache:WXblUvkAtq0J:www.worldlingo.com/ma/enwiki/en/Phu_Tho_Province+Official+Site+of+the+Phu+Tho+Government&cd=10&hl=en&ct=clnk&gl=in. Retrieved 2010-08-28.

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9

La ville principale du district se dénomme Thi Xa Thanh Ba. Elle se situe à 120 km au Nord-Ouest de Hanoi. En dépit de la proximité apparente, 3h30 sont nécessaires pour effectuer le trajet. Au plan administratif, les limites actuelles du district résultent d’une fusion entre deux anciens districts réalisée en 1977 suivi de deux divisons successives en 1980 puis en 1995 (figure 4 ci-dessous). Les deux tiers de la population active du district exercent une activité agricole, qui est réalisée sur plus de 50 % des terres du district. L’activité industrielle comprend : - deux cimenteries ; - une distillerie d’alcool de manioc ; - une usine de transformation d’aliment pour bétail ; - une usine de feu d’artifice ; - de nombreuses usines de transformation du thé. Ces dernières sont de taille variable , la plus grande étant l’usine de Phu Ben). Dans le district le thé occupe une surface de 1 335 ha (statistiques de 2008, Nomafsi), soit plus du neuvième des terres agricoles. La production annuelle s’élève à 10 680 tonnes de thé frais soit un rendement moyen de 8 t/ha. Ce rendement moyen traduit des situations très différentes avec un rendement maximum de 20tonnes/ha, dans les zones intensives sous l’influence de l’usine Phu Ben contre des rendements très bas (1à2t/ha) pour le thé d’autoconsommation.

2.2.3 Les trois communes étudiées Les communes enquêtées ont été sélectionnées selon les critères suivants :

- forte présence de production théicole vouée à la vente - mode de contractualisation - ancienneté de la présente de l’activité théicole et - type de découché,

qui diffèrent dans ces trois cas. D’une façon générale, les caractéristiques de ces trois communes sont les suivantes :

La commune de Dong Linh disposait d’une ancienne ferme d’Etat théicole. Très bien desservie (proximité du chef-lieu, route à deux voies), elle est aujourd’hui le siège d’une théiculture essentiellement encadrée par l’usine de thé privée (capitaux belge) de Phu Ben.

Khai Xuan est une commune traditionnellement productrice de thé vert destiné au marché local

Thanh Xa est une zone de production récente de thé grâce à des programmes nationaux de développement rural, (commune avec le plus de foyers pauvres du district)

Figure 31 : évolution du découpage administratif de la zone(Auteru,2010)

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DONG LINH KHAI XUAN THANH XA

927 ha dont 165 de thé 2 765 habitants 0,3 habitants/km2 2 usines privées de thé 4 points de collecte

1 201 ha dont 104 de thé 5 565 habitants 0,46hab/km2 Une trentaine de fours familiaux Nombreuses retenues d’eau en béton

612 ha dont 34 de thé 3 250 habitants 0,53hab/km2 Grands lacs, proximité du fleuve Rouge

Tableau 4 : Comparaison des principales caractéristiques des trois communes étudiées (enquêtes 2010)

Thanh Ba

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2.3 Le milieu biophysique de la zone d’étude

2.3.1 Le climat La zone étudiée est soumise à un climat tropical avec régime de mousson, qui comporte 2 saisons : - une saison sèche et froide de novembre à mars - une saison humide et chaude d’avril à septembre. Des relevés de températures et de précipitations existent pour les trois communes. Les données présentées ici proviennent de Khai Xuan. Les trois communes, distantes de moins de 10 km, présentant des caractéristiques climatiques presque identiques. Pluviométrie La pluviométrie moyenne annuelle est de 1 719 mm. En moyenne, la distribution pluviométrique est unimodale avec un minimum de 22 mm (en janvier) et un maximum de 320mm (en août). Il arrive toutefois qu’un épisode de sécheresse de plusieurs dizaines de jours ait lieu en juillet-août. Les variations inter-annuelles sont importantes Températures La température moyenne annuelle est de 24°C mais les variations inter annuel demeurent importantes pouvant atteindre 32° en août et seulement 11°en janvier. Ecart de température jour nuit ? Interprétations

Sur la figure 6, on observe un léger déficit hydrique entre décembre et janvier, il conditionne la date de semi du maïs de 2ème cycle afin d’éviter que le stade floraison (le plus sensible à la disponibilité en eau) ne tombe pendant cette période.

Lors de la mousson, les températures élevées associées aux fortes précipitations sont favorables à la croissance des cultures mais également à celle des champignons et des mauvaises herbes; les traitements phytosanitaires sont plus importants sur cette période.

Durant mon stage, la mousson est arrivée plus tard et les averses étaient très espacées (jusqu'à 2semaines sans pluie), cela a affecté les cultures et particulièrement les théiers qui produisaient moins de bourgeon.

L’augmentation du nombre de cycle pratiqué sur une même surface découle entre autre d’adaptation aux contraintes climatiques, ainsi les pépinières de riz sous tunnel permettent une mise en place plus précoce.

diagramme ombrothermique

0

50

100

150

200

250

300

350

Jan

Feb

Mar

Apr

May Jun

Jul

Aug

Sep Oct

Nov

Dec

préc

ipita

tions

(mm

)

0102030405060708090100110120130140150160170

tem

péra

ture

(°C)

Rain

Tmax

Tmin

Figure 32: diagramme ombrothermique (station expérimentale de Khai Xuan, données lissées sur 20ans ) source Nomafsi 2010

2 1

∑P=1719

Tmoy=24°C

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2.3.2 Topographie et hydrologie et géomorphologie de la zone d’étude

Géomorphologie

La zone étudiée appartient à la zone de plaine du delta du fleuve rouge et présente un

Dong

Linh

Khai

Xuan

Thanh

Xa

Zone de montagne

500km

100km

Viêt tri

Phu Tho

Thanh

Yen Bai

10km

Fleuve Rouge

Rivière Le

Zone de montagne

Zone de plaine(delta du fleuve rouge

Dong

Linh

Khai

Xuan

Thanh

Xa

Figure 33: Topographie de la zone étudiée (Sources : googlemap, google earth, auteur,2010)

30m

Bassin versant du FLEUVE ROUGE

Bassin versant de la rivière Le

District de Thanh Ba

Collines en demi- oranges

N 20m

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Le district de Thanh Ba présente un relief de collines basses et moyennes. Il se structure en trois ensembles topographiques : -une zone de moyennes collines au Nord (cas de la commune de Dong Linh) et à l’Est (cas de la commune de Khai Xuan) (en vert sur la figure 7). Le thé y est la culture commerciale principale -une zone de basses collines à l’Ouest (Thanh Xa) (en bleu) où la culture du manioc et l’élevage est bien développé -une zone de plaines au Sud (en violet) qui produit majoritairement du riz. Ces collines présentent des pentes entre 10 et 30°. Le district appartient a deux bassins versant celui du fleuve Rouge (qui le longe à l’Est) ,et de la rivière Le(affluent du fleuve Rouge) (voir la figure 7). D’un point de vue géologique, ces collines sont le résultat de l’altération d’une roche mère acide à base de micaschiste, qui a donné des sols ferralitiques ocre/jaunes à koalinites. Ces sols ont ensuite été façonnés par le passage de cours d’eau qui ont déposé des alluvions, résultant en la création des bas fonds actuels. L’érosion liée au climat a ensuite modelé un paysage collinaire en demi- orange. Les collines sont entaillées de vallées étroites ou larges : - les vallées étroites sont plus sèches et ne présentent généralement pas de cultures irriguées en saison sèche, à la différence des vallées larges. - les vallées larges peuvent comporter ou non des bas-fonds marécageux (si il y a une poche d’eau affleurante, ou une nappe) On retrouve ce type de bas fond dans les trois communes mais principalement à Thanh Xa. Les bas fonds « étroits » des collines hautes sont plus petit que ceux présent au niveau des collines basses (figure 3 ci après) Les bas-fonds peuvent également être inondés, mais ce cas de figure n’a pas été observé dans la zone étudiée.

Dong Linh Khai Xuan Thanh Xa

BF large BF large BF largeBF étroit BF étroit BF étroit100m 20m

Dong Linh Khai Xuan Thanh Xa

BF large BF large BF largeBF étroit BF étroit BF étroit100m 20m

Dong Linh Khai Xuan Thanh Xa

BF large BF large BF largeBF étroit BF étroit BF étroit100m 20m

N

Figure 34 : topographie schématique des trois communes (auteur, 2010)

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2.3.3 Pédologie de la zone étudiée (rfce Laborde-Debat, 1990) La pédologie de la zone diffère essentiellement selon la position topographique. Les terres de colline sont générélament de type ferralitique acide (présence de fougères). Les horizons sont profonds (jusque 2 m) et montrent une teneur élevée en argile. L’horizon de surface est riche en débris organiques et présente une proportion élevée de sables et de limons. L’horizon inférieur est ferralitique, argileux, très compact, pauvre en matière organique et présentent une gamme importante de couleurs (blanc, rouge, jaune, ocre, gris …voir les photos en annexe) avec une prédominance pour l’ocre rougeâtre. On y observe également des lignes (stone line) de quartz, vestige d’ancien filon partiellement altéré, cela peut représenter une barrière physique a l’enracinement.. Le potentiel agronomique des sols est médiocre : lixiviation, eau abondante mais peu disponible, structure massive qui fait obstacle à la colonisation et au fonctionnement racinaire. Terres de bas fond non marécageux(Tbf) L’horizon de surface est de type limono-argileux. Il est à tendance boueuse et présente une faible portance. On observe ensuite un horizon plus compact et moins humide qui repose sur un horizon riche en sable et en petits graviers. On peut supposer que ces différentes couches résultent de dépôts alluviaux et colluviaux du fait de leur localisation en bas de pente. Le tout repose sur une couche d’altérite. Terres de bas fond marécageux(TbfM) Elles se situent dans les petites vallées étroites avec nappe phréatique affleurante ou bien dans les vallées larges à proximité du Fleuve Rouge. L’horizon de surface est épais de 0,7 à 1mètre. Il est constitué de vase, sous lequel on trouve de l’eau. Il est très difficile de cultiver cette terre : du fait de la faible portance il est impossible d’utiliser les buffles pendant la mousson, lorsque la nappe s’élève, les paysans sont alors contraints de travailler la terre, repiquer et récolter le riz en équilibre sur deux bambous posés horizontalement à la surface du sol. Toutes ces terres sont très acides et posent des problèmes de toxicité, essentiellement ferrique (F.Beau 1989)

Horizon limoneux argileux boueuxHorizon plus compact moins humide

Sable et petit gravier=dépôt sédimentaire

Altérite

Horizon pédologique

Altérite

Horizon C ferralitiqueTbf

Tc

Stone line de quartz blanc

Roche mère acide de micaschiste Roche mère acide de micaschiste

Nappe / poche d’eau

Vase

TbfM

Horizon limoneux argileux boueuxHorizon plus compact moins humide

Sable et petit gravier=dépôt sédimentaire

Altérite

Horizon pédologique

Altérite

Horizon C ferralitiqueTbf

Tc

Stone line de quartz blanc

Roche mère acide de micaschiste Roche mère acide de micaschiste

Nappe / poche d’eau

Vase

TbfM

Figure 35 : Représentation schématique des différents type de sol rencontrés dans la zone (auteur,2010)

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2.3.4 Le paysage agraire de Thanh Ba Il s’organise autour de trois unités distinctes. (voir la figure 8 ci-après) Les bas fonds Situés entre les collines, les bas-fonds sont divisés en petites parcelles disposées en terrasse étagées. Le dénivelé entre deux parcelles contiguës est d’environ 10 cm. Les parcelles sont délimitées par les diguettes qui les entourent. Ces parcelles sont généralement destinées à la production rizicole pendant deux cycles successifs (printemps puis été), puis à la production, d’un maïs d’automne. Dans les bas fonds secs (manque d’eau avant la mousson) comme dans les bas fonds marécageux (excès d’eau pendant la mousson), un seul cycle de riz (cycle long) est cultivé. Les parcelles marécageuses et/ou proches du fleuve sont souvent inondées. Les paysans y pratiquent fréquemment la pisciculture destinée à l’alimentation familiale et/ou à la vente. A Thanh Ba, la superficie cultivée en riz reste assez stable. Sur les terrasses les plus hautes ou sur les monticules présents au milieu des bas-fonds, l’agriculture s’organise :

- soit autour d’une production maraîchère ; - soit autour de la production de maïs (1 à 2 cycles par an). Le maïs est alors repiqué

Trois situations distinctes sont finalement observées :

- dans les rizières les plus haute, un seul cycle de riz d’été (de cycle long ) est pratiqué car il n’y a pas assez d’eau pour un cycle de printemps

- dans les rizières situées idéalement, 2 cycles de riz irrigué sont pratiqués - dans les rizières les plus basse, 1 seul cycle de riz est pratiqué, suivi éventuellement

d’uneproduction piscicole

C’est également dans les bas fonds que viennent paître les bovins (2 buffles au maximum pour une famille). Ils s’alimentent des résidus de culture présents dans les rizières, après récolte, des herbes à sucre et des mauvaises herbes sur le bord des routes. Les paysans complètent également leurs alimentations avec les pailles de riz qu’ils font sécher après la récolte et le battage. Les terres d’habitations

L’habitat se concentre préférentiellement sur les flancs des collines, près des ruisseaux ou des axes de communication. Les habitations les plus isolées appartiennent :

- soit à des exploitants agricoles récemment installées - soit à des personnes ayant migrées au cours des différentes phases successives décrites

dans la partie histoire, - soit à des jeunes ayant quittés l’habitat familial mais dont la famille n’a pas les

moyens financiers pour les aider à investir dans un terrain à proximité du leur (les prix du foncier dans les zones proches des voies de communication ont fortement augmenté sous l’influence d’une pression foncière accrue).

Les maisons sont majoritairement en béton avec un toit en tôle, bien que l’on observe encore .quelques maisons en bois avec des toits en chaume. Il s’agit alors :

- soit d’habitations de personnes âgées qui on conservé leur ancienne maison, - soit d’habitations de familles pauvres aux moyens insuffisants pour reconstruire « en

dur » L’installation d’une maison en dur est l’investissement prioritaire réalisé par les foyers en phase d’accumulation économique.

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La terre d’habitation comprend la maison ainsi que le jardin/verger plurispécifiques qui l’entoure, le tout ne dépassant pas 400 m². L’exploitation de ce jardin est généralement9 destinée à l’alimentation familiale, il comprend des légumes, des arbres fruitiers, quelques pieds de manioc et de thé non traités chimiquement. En plus du jardin, les familles disposent habituellement autour de l’habitation, d’un poulailler, parfois d’une porcherie pouvant contenir 3 truies au maximum et/ou un petit étang piscicole (que l’on recontre essentiellement à Thanh Xa et Khai Xuan). Les terres de colline Elles représentent l’essentiel des terres dans les communes étudiées. Les cultures pratiquées varient selon la pente et de la distance à l’habitation. Le sommet des collines est le plus souvent occupé par des plantations forestières, principalement de l’eucalyptus (qui a succédé au rônier), en passe d’être remplacé par l’acacia. Selon les cas, le thé commence à mi-pente ou occupe l’ensemble de la colline. Il peut être ou non associé a des arbres (Cassia ou Nimes) pour l’ombrage ou bien à des cultures annuelles (manioc, maïs ) dans les premières années de sa mise en place. Certaines collines sont emblavées en manioc, éventuellement associé à l’arachide, mais son importance a fortement régressé ces dernières années du fait :

- de l’arrivée d’aliments concentrés pour les porcs et les volailles ; - des programmes étatiques favorisant la reforestation, pour limiter les phénomènes

d’érosion)

9 Il arrive que le jardin soit détourné de sa fonction d’autoconsommation et ce particulièrement dans le cas des ouvriers de Dong linh de l’usine qui l’utilisent alors pour avoir une parcelle de thé en propre dont ils peuvent disposer de la vente de la production a leur guise

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DONGLINH

KHAI XUAN

THANH XA

N

100m 20m

DONGLINH

KHAI XUAN

THANH XA

N

100m 20m

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2.4 Le contexte agricole

2.4.1 L’encadrement agricole (rfce Boulanger 2009) Un agriculteur peut avoir accès à l’encadrement technique de plusieurs façons : - Un encadrement est réalisé par les services agricoles de l’Etat (via les vulgarisateurs du comité populaire et les coopératives). Les chefs de village (bien que l’entité village ne soit pas administrativement reconnue) jouent également un rôle de relais (affichage des calendriers culturaux conseillés par le district. - Un suivi technique et des conseils techniques sont donnés par les usines privées (cas de l’usine Phu Ben a Dong Linh) ; - Les magasins privés agricoles diffusent parfois également des conseils techniques. Ces magasins sont présents un peu partout. La gamme de produits proposés est variable mais les prix plutôt similaires). L’encadrement apporté par les services de l’Etat est déconcentré à tous les niveaux administratifs, du national au communal. Les grandes orientations de l’agriculture nationale et les lignes directrices des règles de production demeurent planifiées par le Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural, déclinées au niveau des provinces puis des districts. Les provinces se voient attribuer des objectifs et des orientations de production ainsi que les budgets spécifiques nécessaires à leur réalisation. Les services agricoles de la province mettent en place des mesures en conséquence La prise de décision fait l’objet d’une gestion « top-down ». La spécialisation de la zone d’étude dans la production de thé résulte par exemple d’orientations décidées nationalement Les services agricoles des districts comprennent 3 secteurs : - Le secteur encouragement/vulgarisation de l’agriculture, en charge du transfert de technologies et des connaissances. Il organise les formations paysannes au niveau communal. Il met également en place des essais agronomiques (se rapprochant plus de parcelles de démonstration) et planifie les besoins en semences (variétés et quantités). - Le secteur protection des plantes s’occupe de la prévention et de la lutte contre les maladies. - Le secteur vétérinaire prend en charge la prévention et la gestion des stocks de vaccins. Dans la pratique, l’accès à l’encadrement d’Etat est limité, même si chaque commune dispose d’au moins un vulgarisateur et un vétérinaire. Le premier diffuse de l’information technique, le second assure les vaccinations obligatoires ou les actions de lutte contre les épidémies au sein des villages (les autres traitements sont assurés essentiellement à titre privé). Ces cadres communaux sont chargés d’encadrer l’ensemble des villages de la commune (de 5 à 12 hameaux à population essentiellement agricole). Il existe également des haut parleurs dans les champs qui diffusent entre autres des émissions de vulgarisation agricole. Dans le cas des théiculteurs du Nord de Dong Linh travaillant pour l’usine Phu Ben, un suivi /conseil est assuré par un chef de brigade payé par l’usine sur les terres commerciales. Celui-ci passe quotidiennement surveiller les plantations et apporte des recommandations sur les pratiques à suivre pour la conduite des cultures (lutte phytosanitaire : doses et modes d’apport d’engrais…). Les théiculteurs doivent livrer leurs productions à des points de collecte spécifiques et assistent à des réunions mensuelles au cours desquelles les objectifs de

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l’usine sont exposés, les innovations diffusées et le calendrier de travaux à effectuer rappelé. Ils s’agit cependant surtout d’une séance de sanctions (amendes) / récompenses (primes) attribuées en fonction de la qualité des pratiques effectuées (voir document annexe valeur des amendes). L’usine propose tous les intrants nécessaires à la conduite du thé.

Le suivi conseil est beaucoup moins développé dans les communes de Khai Xuan et Than Xa du fait de l’absence d’encadrement par une usine privée. Cependant Khai Xuan présente une coopérative dynamique auprès de laquelle une majorité de paysans de la commune semble s’approvisionner en engrais et semences. Des formations directes auprès des producteurs installant de nouvelles parcelles dans le cadre de projets (AFD, Fleuve Rouge, Etat) sont également réalisées ponctuellement. Toutefois, le suivi de ces formations apprait limité. Les magasins privés qui vendent des engrais et des produits phytosanitaires conseillent enfin régulièrement les paysans sur le choix des produits à utiliser. En dépit d’un maillage dense privé-public, on peut au final estimer que l’accès à l’encadrement diffère fortement selon les producteur..

2.4.2 Une filière qui valorise plus ou moins bien l es productions

2.4.2.1 Circuit de la filière thé Dans notre zone d’étude, deux principales voies de commercialisation du thé peuvent être distinguées (cf. Figure 10).

1. Commercialisation contractualisée avec une usine assurant crédit intrant et encadrement technique en contrepartie d’une obligation de fourniture de l’intégralité de la production obtenue. C’est le cas des paysans en contrat avec l’entreprise Phu Ben. Ceux-ci disposent de terres commerciales et de terres 01 au Nord de Dong Linh, régies selon le Décret n°1 du gouvernement portant sur le droit d'utilisation des terres allouées à la production du thé pour une durée de 50 ans.

Petite usine

Collecteur Phu Ben

Collecteur privé local

Petit four

Moyenneusine

Grosse usine

Gros Collecteur

usine Phu BenObligation de vente

Marché locale

Marchéinternational

producteur collecteur transformateur clients

Sans Obligation de vente

Petite usine

Collecteur Phu Ben

Collecteur privé local

Petit four

Moyenneusine

Grosse usine

Gros Collecteur

usine Phu BenObligation de vente

Marché locale

Marchéinternational

producteur collecteur transformateur clients

Sans Obligation de vente

Figure 37: Les deux principales voies de commercialisation du thé(enquête,2010)

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Ces paysans doivent vendre tout ou une grande partie de leur production à l'entreprise. En échange, cette dernière leur garantit un débouché stable, leur assure un crédit intrant et des formations sur les techniques d'entretien du thé. Cependant, le prix de vente du thé n'est pas stipulé dans le contrat, et peut être inférieur à celui du marché (particulièrement dans le cas des entreprises d’Etat). Par ailleurs, ces paysans ne disposent pas de titres fonciers et donc de la garantie associée pour l’obtention de crédit. Enfin, si l'entreprise rencontre un problème financier, ces paysans seront directement impactés car ils sont totalement dépendants de celle–ci pour la commercialisation ainsi que des revenus du thé. . 2. Commercialisation indépendante mettant en concurrence plusieurs types de structures de commercialisation. Dans ce cas, les paysans ne contractualisent pas la fourniture de leur production à une entreprise spécifique mais commercialisent leurs produits : - soit à des collecteurs privés ; - soit directement à des petites unités privées de transformation tenues par des particuliers (capacité de quelques tonnes à quelques dizaines de tonnes) - soit à des ateliers familiaux visant la production de thé vert destinée au marché intérieur, soit directement, soit à travers une grosse usine intermédiaire. Ces ateliers disposent de capacités de quelques centaines de tonnes). Ils exigent une cueillette de meilleure qualité qu’ils achètent plus cher). Dans ce type de commercialisation, les paysans peuvent mettre en concurrence plusieurs types d’acheteurs. .

Une petite part de la production n’est pas vendue mais auto-conosommée. Celle-ci est généralement réalisée dans un jardin et n’est pas traitée. Les paysans se rendent ensuite dans un atelier familial pour louer l’utilisation du four afin d’assurer le séchage de leur production personnelle de thé. Le prix de cette prestation de service s’élevait à 15 000 VND / 10kg thé frais (2kg thé sec). Dong Linh Thanh Xa Khai Xuan Grosse usine(contrat) +++ (hameau 6et7) / / Petite usine familiale ++ (hameau 4) / / collecteur ++ +++ ++ Atelier familiaux + / +++ Thé noir (export) +++ +++ + Thé vert (marché local) + + +++ Tableau 5: Type de thé produit et destination selon les communes enquêtées (enquêtes,2010)

La transformation du thé Le thé frais est transformé soit en thé vert, soit en thé noir. - essentiellement destiné au marché local, le thé vert ne subit aucune fermentation (cf. annexe 4) ; - surtout destiné au marché export, le thé noir est un thé fermenté Les exigences de récolte différent selon le type de production visé : la production de thé vert impose une contrainte post récolte. Les feuilles de thé doivent en effet être transformées dans les douze heures qui suivent la cueillette. Si cette durée n’est pas respectée, un processus de fermentation se met en place et la valeur marchande diminue fortement car le thé sera transformé en thé noir, pour lequel la qualité du produit brut est moins importante. Les paysans souhaitant commercialiser du thé vert sont donc obligés de vendre leur récolte aux unités de transformation les plus proches.

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Privée à 100% depuis 2008, l’usine de Phu Ben, (ancienne ferme d’état devenue ensuite join venture en 1997) réalise la transformation en thé noir destiné à l’exportation. Sa capacité de transformation s’élève à 800 000 tonnes de thé frais par an. A Thanh Xa il n’y a aucun four familial, à Dong Linh environ 10 et à Khai Xuan plus de 25. Type unité de transformation

Petite unité paysanne

Petite usine familiale récente

Moyenne usine familiale

Grosse usine internationale

Nom / Binh Hung ha Phu ben Localisation Khai Xuan Donh Linh

(hameau4) Thanh Ba Thanh Ba

Date création

/ 2010 1994 agrandit 2001 Join venture depuis 1997

Fonds Privé vietnamien

Privé vietnamien

Privé vietnamien Privé belge

MO 1ou2personnes de la famille

1ou2personnes de la famille + 10 a 15 employés

130 employés (dont45saisonniers)

400 employés

Volume/an thé sec

0,6tonnes 247tonnes 2300tonnes 4500 tonnes

Ce qui sort Thé vert séché en vrac

Thé noir en vrac

Thé noir emballé(export), prestation de service extérieur pour l’ emballage

Thé noir emballé sur place(export)

Technologie employée

Four individuel

OTDx OTD CTCxi et OTD

Débouchés Marché local Autre usine plus grandes

International(Indonésie,Russie, Angleterre,Hollande, Moyen Orient)

International

Tableau 6: Comparaison des différentes structures de transformation du thé. (sources: enquêtes 2010)

x Orthodox OTD=Or Tho Dox Tu seche tu brois tu laisses fermenter(paning brule dans un four) tu seches fermentation max 80% xi CTC Crush Tire Curl La difference=le broyage roulot avec des dents broye plus finement Pas les meme thé le deucieme +de compose libere,fermentation +rapide 100%fermentation plutôt pour sachet se libere plus facilement

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2.4.2.2 Circuit des autres productions Qu’elles soient annuelles (manioc, maïs) ou pérennes (arbres), les circuits de commercialisation rencontrés sont similaires dans les 3 communes étudiées.

Prix des produits agricoles On observe peu de différence de prix de vente des produits agricoles entre les communes.

Culture Prix 2009 (VND/kg)

Riz paddy 5 000 Maïs (sec) 3 500 Manioc (sec) 1 500 Arachide(sec gousse) 8 000 Eucalyptus (7ans) 1 500 000 Acacia (12ans) 2 500 000

Tableau 7: Prix des productions annuelles (source : données d’enquêtes) S’agissant du thé, les principales sources de variations du prix d’achat sont : - l’année considérée - la qualité de la cueillette - la période de l’année - la variété récoltée Le prix du thé est déterminé en fonction du nombre de feuilles récoltées en plus du bourgeon terminal (bourgeon + n feuilles). Moins il y a de feuilles récoltées en plus du bourgeon terminale, meilleure est la qualité (concentration des tanins dans les feuilles les plus jeunes). 5 niveaux de qualité sont différenciés dans notre zone d’enquête A, B, C, D, E. L’attribution de la note de qualité d’une récolte est opérée :

- soit par le collecteur formé par l’usine, - soit par l’usine elle-même selon le lieu de livraison de la récolte.

Les catégories D et E sont rarement rencontrées.

Séchage

Collecteur de produits frais

Boucherie

Autoconsommation

Collecteur animaux

Vente à d’autrespaysans

Marché locale

Particulier

producteur collecteur transformateur clients

Producteur

Collecteur de produits secs

Séchage

Collecteur de produits frais

Boucherie

Autoconsommation

Collecteur animaux

Vente à d’autrespaysans

Marché locale

Particulier

producteur collecteur transformateur clients

Producteur

Collecteur de produits secs

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Une fois la qualité de la récolte attribuée, le montant global versé au producteur est calculé selon la quantité de feuilles fraîches livrées. . Le prix du thé n’est pas constant durant l’année. La récolte démarre en avril, le pic de la production étant en juillet et août. C’est durant ces derniers mois que le prix est au plus bas. Les prix pratiqués durant les mois qui précèdent et qui suivent ceux-ci sont plus importants.

Le thé est un produit hautement périssable qui n’est pas conservé plus d'une année. Il ne peut être entreposé plus d'une journée sans transformation. Les stocks de thé sont donc faibles. Sur le marché international, on observe une forte volatilité intra- et interannuelle des prix (CNUCED, 2007). Le thé Vietnamien ne représente que 5% des échanges internationaux. Il est faiblement valorisé sur le marché international en raison d’une qualité jugée moyenne (B), peu différencié et des problèmes de résidus de produits phytosanitaires dans les feuilles commercialisées. A l’export, son prix de vente subit une décote de 10 à 50% par rapport au cours du marché international. Le prix moyen du thé en juillet 2006 lors des enchères de Calcutta, Colombo et Mombassa s’élevait à 1,8 US$/kg, alors que le prix moyen du thé vietnamien se situe entre 1 et 1,2 US$/kg, parfois plus élevé sans jamais dépasser 1,5 US$/kg. (VAAS/NOMAFSI, 2008).

Figure 39 : Evolution des prix du thé à MombassaXIi(1998-2006) En dépit de la fermeture du marché de Londres en juin 1998 et donc de l'absence de référence

identifiée pour les prix du thé, le prix Mombassa reste un indicateur possible dans la détermination

du prix du thé (CNUCED).

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Modes d’approvisionnement en intrant Les principaux fournisseurs d’intrants pour les cultures annuelles sont des magasins privés qui proposent tous types de produits : engrais, produits phytosanitaires et semences. Les intrants disponibles sur la zone d’étude sont présentés en annexe. Mais pour les cultures pérennes, et en particulier le thé, les paysans qui contractualisent la vente de leur récolte à l’usine peuvent y acheter les engrais et les produits phytosanitaires, fournis à crédit dans les plus grosses usines. De plus, ces usines proposent à la vente des boutures enracinées de variétés améliorées (PH 1, LDP 1 et LDP 2). Pour les cultures pérennes, les magasins privés ne proposent, que des engrais et produits phytosanitaires. Il existe des pépinières spécialisées pour les boutures de plant forestier (eucalyptus, acacia). Quelques théiculteurs privés vendent également des boutures de thé enracinées ou non.

2.4.3 La disponibilité de la main d’œuvre : un déte rminant dans le rythme de récolte du thé

Le riz est la culture prioritaire pour l’allocation de la main d’œuvre. Les exploitations disposant de revenus faibles ou moyens ont principalement recours à l’échange de main

Coopérative Usine de produitphytosanitaire

Petit magasin

Grands magasin

consommateur intermédiaire producteur

Théiculteursous contrat

Grosse Usine de thé

Usine d’Etat de production de semenceThéiculteur

indépendant

Coopérative Usine de produitphytosanitaire

Petit magasin

Grands magasin

consommateur intermédiaire producteur

Théiculteursous contrat

Grosse Usine de thé

Usine d’Etat de production de semenceThéiculteur

indépendant

Figure 40 : Modes d'approvisionnement en intrants (source : données d’enquêtes)

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d’œuvre, alors que les plus grosses exploitations ont plutôt recours à de la main d’œuvre temporaire salariée pour la récolte du thé. Le recours à des prestataires de service est courant dans le cadre de l’épandage d’insecticides et de la taille du thé.

2.4.4 Des opportunités de travail hors agriculture en compétition croissante

La saturation de l’espace rural se traduit par des stratégies d’émigration temporaire ou permanente : envoi d’une personne de la famille pour travailler à Hanoi ou dans un autre pays d’Asie (chantiers en Malaisie). Les sommes perçues à l’extérieur permettent de compléter le revenu agricole. Ainsi A Khai Xuan, il est fréquent de voir un des deux membres du couple travailler à l’extérieur de l’exploitation durant les périodes creuses d’entretien du thé pour compléter le revenu (par exemple, dans la maçonnerie pour les hommes ou dans le petit commerce (ventes de fruits sur Hanoi) pour les femmes). L’importance accordée aux études menées par les enfants conduit souvent ces derniers à exercer d’autres métiers que celui d’agriculteur.

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2.5 Principaux points différenciant les communes en tre elles Đông Lĩnh Khải Xuân Thanh Xá

Climat -Tropical humide simple a régime de mousson température moyenne 24°C -Précipitations moyennes 1719mm

Topographie Succession de colline en ½ orange Largeur des bas-fonds

Plus étroit Moyen Large

Altitude moyenne des collines

60m 50m 30m

Pédologie Sol ferralitique épais a forte teneur en argile Sol le plus épais

et le plus sain Roche altérée apparente

Beaucoup de zones marécageuses BfM

Hydrologie Appartient au bassin versant de la rivière rouge

Le milieu biophysique

Aménagement hydraulique

/ Nombreuses retenues bétonnées

Nombreux lacs et étangs

Densité de population

0,29 hab/km2

0,46 hab/km2

0,37 hab/km2

Répartition de la population

Homogène mais concentration le long axe communication

Présence d’une zone vide au Nord de la commune) éloignement

Homogène

Accessibilité Proche du chef lieu du district (Route goudronnée à 2 voies) Route communale goudronnée

Proche du chef lieu du district voisin Route goudronnée à 2 voies

Accessible par une petite route goudronnée à une voie Pas de route communale goudronnée

Coopérative Non Oui très active En cours de création

Tradition théicole

Ancienne ferme d’état, production de thé noir

Tradition de production de thé vert

Activité récente (thé noir) auparavant autoconsommation

Production théicole vouée à la vente

Toutes la commune

Hameau 6 et 7(beaucoup d’individus)

Hameau 4 et 5 (quelques individus)

Le milieu socio économique

Type de pratique théicole

-pratique intensive majoritaire

-pratique intermédiaire (agriculteur très diversifié disposant de peu de temps) -extensif(auto-consommation)

Intensif (minorité) et autoconsommation(majoritaire)

Tableau 8 : Principales caractéristiques différenciant les trois communes étudiées (enquêtes ,2010)

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2.6 Evolutions historiques du district de Thanh Ba

2.6.1 Le XVIII siècle : une zone recouverte de forê t A cette époque une forêt naturelle occupe l’essentiel de l’espace.

2.6.2 L’occupation française Les Français arrivent dans la province au milieu du XIXème siècle. Ils la rebaptisent

Phu Tho et incitent à la déforestation des collines et à la mise en place de grands domaines théicoles voués à l’exportation vers l’Europe. Ces grands domaines emploient des paysans venus du delta. Les conditions de travail y sont dures.

En 1918, les Français construisent la station de recherche sur le thé de Phu Ho ainsi que la « route du thé »pour faciliter le transport du thé ainsi que du bois d’œuvre, via le chemin de fer vers Hanoi.

La famine qui sévit en 1945 dans la zone du delta amène un flot de migrants qui viennent cultiver le riz et le thé dans les collines.

Figure 41: Frise historique simplifiée

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DONGLINH

KHAI XUAN

THANH XA

N

100m 20m

Figure 42 : Histoire agraire de la zone d'étude (auteur, 2010)

XVIIIème siècle

Occupation française

Collectivisation (guerre)

Collectivisation (paix)

Aujourd’hui

Arrivée des français Déplacement des populations du delta Déforestation Mise en place de grandes plantations théicoles (vers 1939) Construction de la voie ferrée reliant à Hanoi, digue

Réforme agraire + Début des coopératives Aménagement de tous les bas fonds (production tournée vers les productions vivrières) + construction de retenus d’eau Arrivée du manioc (sécurité alimentaire) Enfrichement des zones de thé

Révolution verte (passage à 2 cycles de riz) Défrichage et nouvelles plantations de thé Problème d’érosion (monoculture du manioc) et plantation d’eucalyptus pour limiter ce phénomène

Doi Moi = décollectivisation Diversification de l’agriculture Retour du thé (Phu Ben, programmes étatiques et internationaux)

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2.6.3 La période de collectivisation de 1954 à 1988 Par la suite durant la guerre d’Indochine, la zone est transformée en bastion de la

résistance. Du fait de son éloignement relatif de la capitale, l’endroit est relativement sûr, cela concourt à la venue de réfugiés fuyant les bombardements. À la fin de la guerre, en 1954, une partie de ces migrants retourne dans le delta.

Après les accords de Genève, dans les années 60, une reforme agraire est mise en place avec saisie des terres des grands propriétaires et constitution d’équipes de travail. Elle est suivie par l’installation des coopératives, chaque commune est découpée en brigades de travailleurs (découpages desquels découlent les actuels hameaux). L’agriculture est alors organisée selon un mode pyramidal avec les ordres venant du Parti. L’accent est alors mis sur les cultures vivrières. L’état investit dans les canaux, les retenues en béton, les engrais. Tous les bas fonds sont aménagés et cultivés. Le manioc est également développé à partir de cette époque pour prévenir le retour de famines (comme en 1954 dans le delta). Une monoculture de manioc se met alors en place et une grande partie de la production est envoyée vers le delta. La commune de Thanh Xa se tourne grandement vers cette production, les plantations de thé disparaissant au profit de celles de manioc. Ces monocultures entraînent de graves problèmes d’érosion. Pour limiter ce phénomène, l’état incite dès 1962 à la plantation d’eucalyptus. En 1965 la culture du riz sur deux cycles est mise en place.

Sur le plan sociale, pour mettre en place la nouvelle nation, trois structures ou institutions sociales gèrent et organisent les communes du Nord Vietnam: le comité populaire, le comité du PCV (Parti Communiste Vietnamien) et le comité de gestion de la coopérative. Plus précisément, le comité du Parti est l’organisme de direction principale qui gère toutes les activités sociales et de production de la commune, permettant ainsi l’exécution des lignes et politiques du parti selon une voie hiérarchique pyramidale stricte. Le comité populaire est alors cantonné à des activités administratives (formalités d’état-civil, recrutement des soldats,…); la coopérative, quant à elle, organise et gère la production via les brigades de production et perçoit l’impôt agricole.

Les organisations de masse, comme l’union des femmes, l’association du troisième âge ou l’union de la jeunesse communiste, assistent également le comité populaire dans la résolution des litiges inter ou intra familiaux, dans le soutien aux handicapés, aux familles pauvres, dans la lutte contre « les us et coutumes erronés » et dans la sensibilisation de la population, afin d’édifier un nouveau mode de vie selon l’idéal communiste.

Le parti a également des projets dans le domaine industriel ; ainsi la création de nouvelles zones économiques, durant le début des années 60, attire une nouvelle vague migratoire toujours en provenance de la plaine déjà très densément peuplée.

De 1972 à 1973, la guerre du Vietnam contre les Etats-Unis amène un nouveau flot de réfugiés fuyant la guerre et les bombardements sévissant plus au Sud. On observe alors un enfrichement des terres de collines, tous les efforts étant à nouveau mis sur les cultures vivrières.

Après la guerre et la réunification du pays en 1975, une partie des migrants retourne

dans le delta tandis que d’autres s’installent définitivement. Des militaires sont envoyés pour défricher les collines de Dong Linh qui avaient été délaissées pendant la guerre et pour y planter du thé.

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2.6.4 La période des réformes La directive 100, une tentative pour augmenter la productivité

Face aux mauvais rendements obtenus par les coopératives, bien en deçà des espérances, et en prévision d’une disette, le gouvernement vietnamien en 1981 met en place la directive 100. Elle vise à inciter le paysan à produire davantage en lui offrant un intérêt personnel à ce gain de productivité. En effet, auparavant, quelque soit la quantité produite, le paysan était rémunéré au nombre de jours de travail effectués, ce qui pouvait avoir un effet contre-productif (prendre plus de temps que nécessaire et s’occuper davantage de son jardin). Avec cette réforme, en plus des terres de la coopérative, le paysan se voit attribué une petite parcelle pour laquelle il doit remettre une certaine quantité à la coopérative (un forfait), et peut disposer à sa guise du surplus. A l’inverse, s’il ne verse pas ce forfait, il doit payer une amende. L’attribution des terres de riz et de manioc s’effectue en fonction du nombre de bouches à nourrir et de la qualité des terres attribuées. Sur ces terres allouées, le paysan est libre dans le choix de ses pratiques culturales. Malgré une amélioration significative de la productivité suite à la réforme 100, la situation se dégrade rapidement du fait de la multiplication des taxes (bureaucratie trop lourde, qui consomme sans produire les denrées alimentaires, corruption…) que le paysan doit assumer. Ainsi il se trouve rapidement dans l’impossibilité de payer ses impôts, il contracte alors une dette vis-à-vis de la coopérative. La situation se généralise, ainsi que le mécontentement paysan. Nombre d’entre eux renoncent aux terres à forfait. On observe alors une première différenciation entre les personnes qui contractent une dette et celles qui n’en contractent pas grâce a un revenu extérieur fixe (pension de guerre, salaire de fonctionnaire …) Les terres de thé ne sont pas touchées par cette réforme.

La directive 10 (1988-1992), une réponse à la crise des coopératives et à l’échec de la directive 100 Face à cette crise du système coopératif, le gouvernement réagit en abrogeant la directive 10, qui s’intègre dans le cadre du Doi Moi (ensemble de politiques nationales de réformes économiques d’envergure) et qui rend le paysan propriétaire des terres qu’il travaille. Parallèlement à cette réforme d’ordre foncière, une autre réforme, la directive 176 qui permet de licencier les fonctionnaires, est mise en place. Tous les organes d’Etat et les communes réduisent donc drastiquement leur effectif, ce qui concourt à la réduction des impôts payés par les paysans. Chaque commune organise alors la redistribution des terres. Pour les terres de riz la superficie attribuée à chaque famille (Si) est calculée de manière a assurer l’équilibre entre la production forfaitaire (Ri) et la satisfaction des besoins de la famille (N*D) selon l’équation

N * D = X Si * Ri avec n=nombre de bouches a nourrir, D=besoin de base, Si=superficie de la classe i, Ri=rendement forfaitaire de la terre de classe i Ces terres sont allouées pour une durée de 10 à 15 ans (en prévision d’une future redistribution) et soumises à un impôt de 12% (10% pour l’Etat, 2% pour la coopérative).

Au moment de cette redistribution des terres de riz, on observe alors une deuxième différenciation entre les gens qui ont accès à ces terres et ceux qui sont exclus de la distribution, à savoir les ouvriers théicoles.

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Il existe également des différences entre les paysans qui reçoivent les terres de riz, en fonction du nombre d’enfants par famille au moment de la redistribution des terres ainsi que de la qualité des terres attribuées et de leur potentialité d’accroissement du rendement (différence entre la classification et le rendement réelle qu’on pouvait en attendre avec un travail assidu). Les terres restantes sont soumises à un appel d’offre. Concernent les personnes qui n’ont pas de dettes vis-à-vis de la coopérative, elles sont allouées pour une durée de 2 ans et sont taxées à hauteur de 40%. Seules les personnes n’ayant pas contractées de dette vis-à-vis de la coopérative et ayant la main d’œuvre pour travailler de nouvelles terres y ont accès (conséquence de la première différenciation : début de l’accumulation foncière). Outre les terres de riz, les terres de manioc et de plantation forestière sont également attribuées selon un régime forfaitaire différent pour chaque culture. Les personnes ayant du capital et de la main d’œuvre peuvent ainsi augmenter leurs surfaces. . C’est la fin de la gestion par subvention bureaucratique de l’agriculture, les paysans produisent et commercialisent directement leurs produits. Pour les terres de thé, le régime de travail forfaitaire par groupe continue jusqu’en 1989. Passé cette date, la commune met à disposition ces terres, avec un accès prioritaire pour les anciens coopérateurs, après les avoir classées selon leur densité de peuplement et le nombre d’années de production restantes. Les nouveaux propriétaires pourront utiliser ces terres à leur guise et s’ils le souhaitent, arracher les théiers. A Dong Linh, la situation est différente avec la création en 1990 d’une Joint Venture entre l’usine d’état VINATEA et la compagnie Belge SIPEF. L’état vietnamien contribue par l’apport des terres et l’entreprise belge par un apport de fonds. Un zonage est alors effectué et les terres incluses dans cette délimitation ne sont pas remises en propriété aux paysans. Ces derniers peuvent continuer de l’exploiter mais en ayant obligation de poursuivre la production, et dans certains cas12, obligation de vendre l’intégralité de leur production à l’usine (hameaux 6 et 7 de la commune de Dong Linh). Les buffles sont également redistribués mais bon nombre d’entre eux seront rapidement vendus par les paysans pour rembourser la dette qu’ils avaient contractée vis-à-vis de la coopérative suite à la directive 100 (autre conséquence de la première différenciation : ceux qui conservent leur bétail et ceux dans l’obligation de le vendre). Le cheptel bovin diminue donc beaucoup, alors que dans le même temps, le porcin (qui demande un investissement initial moindre) augmente significativement.

De 1975 à 1988, la population reste relativement stable, mais les réformes étatiques

prises dans le cadre du Doi Moi (suppression des subventions aux usines d’Etat en 1986, directive 176 permettant la restructuration et le licenciement en 1989) conduisent de nombreuses personnes sans travail à retourner dans les campagnes. En 1992, les communes distribuent les terres de collines restantes à ces nouveaux arrivants, ainsi qu’aux familles avec des enfants nés après la distribution de 88 (autre différenciation concernant l’accès à la terre : cas des personnes arrivées après la redistribution).

En 1993 une nouvelle loi foncière rallonge le droit d’usage des terres et permet leur transmission. Ceci assure aux paysans une plus grande sécurité et les incitent a investir. 12 Si l’usine a défriché, implanté une nouvelle parcelle ou réhabilité une ancienne parcelle avec ses fonds. Par contre si le paysan a effectué toutes ces étapes lui-même et bien qu’il soit dans le zonage, il dispose d’une plus grande liberté et peut vendre à l’extérieur. Il existe également le cas de figure ou l’usine au bord de la faillite a vendu pour 50 de droit d’usage à certains paysans. Ceux là, même s’ils sont dans le zonage n’ont pas d’obligation de vente

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2.6.5 L’après Doi Moi, une phase d’accumulation, de diversification et de différenciation des exploitations agricoles Les différences d’accès au foncier et au capital détaillées dans la partie précédente, ont

été la base des différenciations qu’on observe aujourd’hui. Aujourd’hui encore, tous les agriculteurs ne peuvent pas bénéficier des innovations par manque de terres ou de capital.

Une fois la propriété de la terre établie, on observe une intensification en travail et en capital, ainsi qu’une phase d’accumulation qui passe dans un premier temps par le développement de l’élevage porcin .Cependant, toutes les familles n’ont pas les capitaux ni les terres (culture de manioc ou de maïs pour l’alimentation des porcs) pour instaurer ce nouvel atelier (quatrième différenciation)13.

2.6.5.1 Succession des « modes » d’ateliers Les programmes étatiques qui se succèdent lancent des « modes » de culture.

Ainsi pour valoriser les terres de bas fond après les 2 cycles de riz, un cycle de maïs repiqué est promu à partir des années 75. Ce maïs sera utilisé pour l’alimentation des porcs.

L’augmentation des surfaces mais surtout l’intensification de la culture de manioc qui s’effectue année après année (entre autre pour l’alimentation des porcs) endommagent les sols et conduisent à des problèmes d’érosion .L’état poursuit donc l’incitation à la plantation d’arbres. Parallèlement l’ouverture de l’usine de pâte à papier de Bai Bang assure un débouché à cette production et contribue à l’essor des plantations d’eucalyptus. Ces arbres limitent peut-être les phénomènes d’érosion mais ils ont également un effet appauvrissant sur les sols14.

La culture de la canne a sucre se développe a partir des années 90. Dans les années 95 la culture du litchi se répand d’abord dans les jardins, puis elle gagne les collines. Mais avec l’augmentation de l’offre, les prix chutent. Ces deux cultures sont alors abandonnées dans la zone.

Les familles ayant accumulé suffisamment de capital ont pu se diversifier vers d’autres activités extra-agricoles telles le commerce (travail moins pénible et avec des revenus conséquents) ; d’autres ayant un excès de main d’œuvre par rapport aux terres disponibles se sont lancées dans le service agricole.

2.6.5.2 Le retour du thé Après la redistribution des terres, la production du thé stagne et régresse même dans

certains endroits. Ceci est dû à l’absence de compétition et au maintien d’un statu quo par les détenteurs de la filière, qui fixent des prix artificiellement bas par rapport à celui du marché.

L’arrivée en 1997 de fonds belges via la joint venture(entreprise mi-étatique mi-privée) PhuBen relance la demande et induit l’augmentation des prix (multipliés par 3), ce qui crée un regain d’intérêt de la part des théiculteurs.

Ce phénomène est amplifié par les programmes nationaux et internationaux d’aide au renouvellement des plantations et de formation à des pratiques d’intensification de la production (programme Fleuve Rouge, AFD, …).

Le thé à Dong Linh est demeuré largement présent du fait du maintien de l’usine d’état ; par contre à Thanh Xa, les plantations ont disparu au profit du manioc et des plants forestiers. A Khai Xuan le thé perdure grâce à la présence d’ateliers familiaux de transformation et à une reconnaissance de la zone pour la qualité de son thé. 13 Aujourd’hui la présence d’aliments concentrés (apparus vers l’an 2000 simultanément avec la variété porcine améliorée …) peut lever la contrainte du manque de terre. Cependant le bas prix pratiqué sur la vente, du fait d’une grand offre et de problèmes sanitaires(cette année épidémie des « oreilles vertes »), incite les paysans à se détourner de cet atelier. 14 L’Etat incite aujourd’hui à la plantation d’acacia

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2.6.5.3 Tendances actuelles Aujourd’hui, l’atelier porc est abandonné par beaucoup de personnes du fait du faible

revenu, voire de la dette qu’il génère (faible prix de vente, crise sanitaire, augmentation du prix des aliments concentrés).

En parallèle l’élevage de vers se développe chez des familles avec de grandes surfaces de manioc et dont les théiers ne sont pas à proximité immédiate de la maison (extrême sensibilité des vers aux pesticides).

Les prêts pour l’aménagement de rizière inondée en zone piscicole se développent également.

La politique du district tend vers l’augmentation des surfaces de soja en remplacement des surfaces d’arachide (apport protéique pour les familles, demande des villes en tofu).

On observe aujourd’hui l’amplification d’un exode vers les villes importantes proches (Viet Tri et Phu Tho ) et vers la capital Hanoï (étudiants allant à l’université, théiculteurs avec une autre activité pendant la période végétative du thé). Même si ce phénomène est moins marqué que dans le Sud du Pays (delta du Mékong, exode vers Ho Chi Ming), il prend de plus en plus d’importance. De plus la proximité géographique de la capitale, la facilité pour s’y rendre (3h30 en bus) ainsi que l’évolution du sentiment d’attachement à la terre des ses ancêtres (spécialement chez les populations jeunes) favorisent ce phénomène.

Peu de jeunes couples (25-35ans) ont été rencontrés dans le cadre des enquêtes orientées sur le thé. Cela peut s’expliquer -soit par l’exode de ces populations jeunes vers les villes, -soit par le fait que les parents conservent ces terres de colline jusqu'à ce qu’ils ne puissent plus les travailler et les transmettent ensuite à leurs enfants -soit par peur d’une éventuelle confiscation due a un problème de titre de propriété au moment de la transmission (absence de titre rouge) La crise alimentaire qui a enflammé les chroniques il y a peu, n’a que peu affecté le Vietnam, du fait de sa politique agricole protectionniste. Cependant son adhésion à l’OMC va changer la donne et mettre en concurrence les paysans vietnamiens avec les autres paysans du monde, avec toutes les conséquences que cela implique (exode, concentration des terres,..).

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2.6.6 Typologie

2.6.6.1 Retour sur les différenciations des exploitations À l’époque de la collectivisation des terres, la volonté politique affichée (a savoir l’idéal communiste) prônant une relative homogénéité sociale et économique, pouvait s’observer au sein de la classe paysanne, et ce, malgré quelques disparités (présence ou non de pension, rôle politique au sein du parti,…). On observe un grand mouvement de différenciation entre les exploitations à partir des années 80. Le schéma ci-après résume chronologiquement les grandes étapes qui ont conduit à la diversité que l’on peut observer aujourd’hui, en lien avec l’accès aux facteurs de production que sont la terre, la MO, le capital.

Le capital

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(1èredifférenciation) La présence ou l’absence de dette vis-à-vis de la coopérative (contractée par le non paiement des forfaits dans le cadre des terres attribuées par la directive 100) conditionne par la suite -l’accès aux terres distribuées (si la dette est trop importante on distribue moins que ce que la famille devrait normalement recevoir) -l’accès aux terres en appel d’offre (réservé aux seules personnes non endettées) -le possibilité d’amorcer une phase d’accumulation via la conservation de leur bétail, le rachat de celui appartenant aux personnes endettées (s’en séparant pour rembourser leur dette) et le capital pour développer de nouveaux ateliers comme l’élevage porcin. Rmq : les personnes ayant un revenu extérieur stable (pension de guerre, fonctionnaire,..) ont été peu sujettes à la contraction de cette dette. (4ème différenciation)L’accès au crédit

Des programmes nationaux et internationaux ont vu le jour afin de permettre le développement économique de la zone, ils comportaient également un volet de crédit à destination des agriculteurs. Malheureusement tous n’y avaient pas accès, du fait de critères de surface et d’investissements financiers personnels minimaux à respecter. De plus, parmi les potentiels candidats, le comité populaire effectuait lui-même le choix des individus retenus. Compléter les dossiers, n’était pas non plus nécessairement chose aisée, cela dépendait entre autre du niveau scolaire des personnes concernées. De plus, les paysans travaillant les terres commerciales et donc non propriétaires de leurs terres, n’ont de ce fait pas accès au crédit.

Les crédits accordés par ces programmes ont l’avantage d’être remboursables sur plusieurs années (jusqu’à 3 ans, au lieu du remboursement annuel imposé sur les prêts privés) avec un taux préférentiel de 0,6% (1,2% hors programme en 2009). Le crédit permet donc de se diversifier (plantation d’arbre fruitier, construction d’une porcherie, aménagement d’un étang piscicole, construction d’une retenue,…) ou bien d’intensifier sa production (renouvellement des parcelles de thé,..). Les personnes n’y ayant pas accès sont donc désavantagées par rapport aux autres. L’accès à la terre Type de terre En fonction du moment de l’acquisition des terres (en 1988 ou en 1992), le type de terre et les surfaces accordées n’étaient pas les mêmes Les personnes présentent pendant la redistribution, ont eu accès soit à -des terres de bas fond uniquement (insuffisant nécessiter de développer autre chose) pisciculture ou service -des terres de colline uniquement Sans obligation de production de thé Avec obligation de production de thé (cas ouvrier Phu Ben à Dong Linh) -des terres de bas fond et de colline cas de couple mixte (l’un appartenant à la brigade de riz et l’autre appartenant à la brigade de thé du temps de la coopérative) cas de rachat de terres (appel d’offre) Les personnes arrivées après la redistribution (enfants nés après 88, les « 176 ») n’ont eu accès qu’aux quelques terres de bas fonds encore en la possession de la commune mais se sont majoritairement vu octroyer les terres de colline restantes. En fonction du type de terres, les cultures réalisables ne sont pas les mêmes (voir tableau ci-après).

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Qualité des terres En fonction de la localisation des terres (bas fond haut et sec, bas fond bas marécageux pour le riz ; sommet de colline, milieu de pente, ou bas de pente pour les cultures de collines) et de leur état (bas fonds étroits versus bas fond large ; terres de collines érodées versus terres de collines saines) les terres n’ont pas les mêmes potentialités agronomiques.

Du temps de la coopérative les terres n’étaient pas exploitées au maximum de leurs potentialités, le classement qualitatif de ces dernières, effectué pour permettre leur distribution, s’est fondé sur les rendement observés. Quantité de terre

La quantité de terres redistribuée dépend du nombre de bouche à nourrir et de la qualité des terres que l’on reçoit.

Dans certains cas, il était plus intéressant, au regard du potentiel d’augmentation du rendement, d’avoir plus de terres moins bien classées, sachant que l’on pourrait augmenter significativement leurs productivités (passage de 80kg à 110kg), que moins de terres bien classées (passage de 100 à 110kg). Rmq : voir description plus détaillée dans la partie La période des réformes

Il était également possible d’en acquérir d’autre via des appels d’offre. La MO MO et diversification

En fonction de la main d’œuvre disponible on observe soit le développement d’activités peu gourmandes en main d’œuvre (élevage porcin, plantation forestière) soit une diversification et le développement d’activités para agricoles pour des familles avec trop de travailleur et du capital (prestation de service, atelier familiaux de transformation du thé).Les familles avec peu de terres et peu de capital louent leur force de travail. Morcellement et héritage

Lors de la distribution, avoir une grande famille était un avantage mais à la première transmission les surfaces sont morcelées. Depuis 1988 les terres n’ont pas été transmises plus d’une fois.

Un autre facteur joue un rôle important : l’exode, bon nombre d’enfants ne travaillent plus sur l’exploitation familiale mais en ville (avec un bon revenu si ils ont pu poursuivre des

Colline BF Colline + BF

Obligation thé

Libre production

Petite Grande

Thé+location MO

Thé+manioc +mais +élevage

Petite Grande

Obligation thé

Petite Grande

Thé+manioc +mais +élevage vente +arbres

Riz + location MO

Riz + pisciculture vente

Petite Grande

Thé

Riz+ thé+ location MO

Riz+ thé+ arbre

Rachat de terre

Type de terres

Types de contrat

SAU

productions

Rachat de terre de riz

Riz+ thé+ arbre+ extra

Libre production

Petite Grande

Riz+ thé+ mais+ manioc+élevage

Riz+ thé+ mais+ manioc+élevage vente et/ou arbre

Riz+ thé+ mais+ manioc+élevage vente +arbre +extra

Colline BF Colline + BF

Obligation thé

Libre production

Petite Grande

Thé+location MO

Thé+manioc +mais +élevage

Petite Grande

Obligation thé

Petite Grande

Thé+manioc +mais +élevage vente +arbres

Riz + location MO

Riz + pisciculture vente

Petite Grande

Thé

Riz+ thé+ location MO

Riz+ thé+ arbre

Rachat de terre

Type de terres

Types de contrat

SAU

productions

Rachat de terre de riz

Riz+ thé+ arbre+ extra

Libre production

Petite Grande

Riz+ thé+ mais+ manioc+élevage

Riz+ thé+ mais+ manioc+élevage vente et/ou arbre

Riz+ thé+ mais+ manioc+élevage vente +arbre +extra

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études universitaire ou bien via des travaux comme maçon pour les hommes ou vendeuse ambulante ou femme de ménage pour les femmes). En ce cas la compétition foncière est réduite. Le développement d’activités de prestation de service permet également de rester au sein du village malgré de faibles surfaces.

2.6.6.2 Typologie des théiculteurs vendant leur production Suite à ces étapes de différenciation, les familles peuvent donc se retrouver avec des

surfaces de tailles variables constituées -soit de terres de bas fond exclusivement, -soit de terres de collines exclusivement (avec ou sans obligation de produire du thé), -soit de terres de bas fond et de colline (couple mixte ou rachat de terres).

Tous produisent un peu de thé pour la famille, dans le jardin, sans produits chimiques, mais dans le cadre du projet, nous ne nous sommes intéressés qu’aux personnes en produisant en grande quantité (production supérieure à 200kg) destinée à la vente, car elles consacrent plus de temps et d’investissement à leur plantation et seraient donc supposément plus intéressées par la mise en place d’innovations. Aucun cas d’exploitation ne comportant que des terres de bas fond n’a été enquêté.

Les paysans disposant de peu de terres doivent trouver d’autres sources de revenu : -soit se louer comme main d’œuvre (soit dans le secteur agriculture soit dans un autre secteur) -soit développer l’élevage (porcin ou aviaire), mais cela signifie avoir le capital (ou l’accès au crédit) pour investir dans l’alimentation industrielle et les infrastructures (porcherie,…) -soit développer des activités para-agricole d’achat/revente (collecteur de thé, de porc,..), de prestation de service (épandage herbicide, taillage du thé, labour des rizières,…). Les paysans avec beaucoup de terres et de capital se diversifient également mais s’orientent vers des activités à haute valeur ajoutée ou à moindre pénibilité tel le commerce. Dans la typologie présentée ci après les exploitations se différencient en fonction : -des types de contrat (obligation ou non de vente) -du degré de dépendance économique vis-à-vis de l’atelier thé (le cas monodépendant voit la quasi-totalité de son revenu agricole provenir du thé) -des systèmes de culture et d’élevage, des activités commerciales présentes

Figure 45 : Typologie des théiculteurs avec une production destinée a la vente (données enquêtes,2010)

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3 Description des systèmes de culture Un système de culture correspond à l’« ensemble des modalités techniques mises en œuvre sur des parcelles traitées de manière identique. Chaque système de culture se définit par : la nature des cultures et leurs ordres de succession les itinéraires techniques appliqués à ces différentes cultures, ce qui inclut le choix des variétés pour les cultures retenues On pourra trouver sur une même exploitation agricole, caractérisée par son système de production, un ou plusieurs systèmes de culture » (DUFUMIER 1996) Un itinéraire technique se définit comme la suite logique et ordonnée d'opérations culturales appliquées à une culture ou une association de cultures.

3.1 Pratiques des systèmes de cultures annuelles

3.1.1 Les systèmes de cultures de bas fond : des cu ltures en terrasses et casiers irrigués

Les terres noires de bas fond sont aménagées en terrasses approvisionnées en eau par des retenues et des canaux de drainage .Ils collectent les eaux de la nappe affleurante aux pieds des collines ainsi que les eaux pluviales. L’irrigation est gravitaire. La culture principale est le riz mais on y rencontre également le mais et les légumes ainsi qu’un système d’élevage piscicole de vente.

routeMais/légume

Riz

BAS FOND

COLLINEroute

Mais/légumeRiz

BAS FOND

COLLINE

Figure 47 : une occupation des sols fonction de la localisation des terrasses (auteur,2010)

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3.1.1.1 Des successions avec le riz comme culture centrale On peut observer 4 types de successions sur une même année sur une même parcelle : -2cycles de riz (printemps et été)/1cycle de maïs (hiver) ; -1cycle de riz (printemps)/1cycle piscicole (été) : cas des terres basses a proximité du fleuve ou de la nappe ; -1cycle de riz (printemps)/1 cycle de mais (hiver) : cas des terres trop marécageuses lors de l’été; -1cycle de riz (été)/1cyle de jachère : cas des terres trop sèches (éloignée de la nappe affleurante)

Remarques : Parmi les théiculteurs enquêtées, le cas le plus fréquent est une succession de 2 cycles de riz puis d’une jachère, le mais d’hiver étant délaissé depuis quelques années. Dans la modélisation des systèmes de production nous ne considérerons que ce cas. La culture du mais d’hiver est encore répandue parmi les paysans ne pratiquant pas la culture de thé destinée a la vente. Le sao est une unité locale elle représente 360m2.

1cycle de riz/1cycle piscicole

1cycle de riz/ jachère

2cycle de riz/1cycle de mais

2cycle de riz/jachère

1cycle de riz/1 cycle culture sèche/jachère

Localisation A proximité du fleuve

Bas fond bas (terres marécageuses)

Bas fond Bas fond Bas fond haut (sec)

Investissement +++++ (aménagement piscicole )

+ +++ (car 2cycles de riz)

++ ++

Productivité /sao ++++ (100 kg de riz+ 150 kg de poisson)

+ (100kg de riz)

+++ (200kg de riz 50 kg de maïs)

++ 200kg de riz

++ 100kg de riz

Produit brute/sao 4 400 000VND 500 000VND 1 175 000VND 1 000 000VND 500 000VND Référence prix 1kg de

poisson =30 000VND 1kg de riz=5000VND

1kg de mais=3500VND

Temps de travail/ha

+++ + +++ ++

La culture du riz

Dec.Nov.Oct.SeptAou. Juil.JuinMaiAvrilMar.Fev.Jan. Dec.Nov.Oct.SeptAou. Juil.JuinMaiAvrilMar.Fev.Jan.

Riz de printemps Riz d’étéTerres de bas fond

Riz de printemps Riz d’étéRiz d’étéTerres de bas fond

PiscicultureRiz de printempsTerres de bas fond a proximité du fleuve

PiscicultureRiz de printemps PiscicultureRiz de printempsTerres de bas fond a proximité du fleuve

Riz d’étéTerres de bas fond sec

Jachère Maïs d’hiverRiz d’étéRiz d’étéTerres de bas fond sec

JachèreJachère Maïs d’hiverMaïs d’hiver

Riz de printempsRiz de printemps JachèreTerres de bas fond marécageux

Maïs d’hiver

Mousson

A L TITUDE

15m

25m

Maïs d’hiver ou jachère

Tableau 9: Comparaison des SC avec pour culture centrale le riz (données d’enquêtes, 2010)

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Objectif de production et localisation La culture du riz est vouée à l’autoconsommation familiale, elle est prioritaire pour la

main d’œuvre et pour les intrants. Les rizières sont organisées en terrasses irriguées 10cm séparent chaque niveau. La culture du riz est présente dans tous les systèmes de production de notre typologie

sauf celui des mono-dépendants du thé qui n’ont pas eu accès à ces terres lors de la redistribution et qui par la suite n’ont pas eu la possibilité d’en acquérir.

En fonction de la topographie de la parcelle des riz on peut observer : -un système de culture de riz à un cycle

*parcelle basse inondée en été avec pisciculture en été ou jachère inondée *parcelle haute sèche au printemps avec 1 cycle de culture sèche au printemps

-un système de culture de riz à deux cycles Caractéristiques

Localisation : bas fond, terrasse rizicole étagée Durée du cycle : 110 à 140 jours Surface moyenne : de 1 à 10 sao par famille pratiquant ce système,( en moyenne 4 sao

pour les agriculteurs libres de vente et 2 sao pour les agriculteurs sous contrat avec Phu Ben)15 Temps de travail moyen : 13 jours/sao/cycle Investissement moyen : 320 000VND/sao/cycle Rendement moyen : 100kg paddy/sao Itinéraire technique Les grandes étapes des itinéraires techniques du riz irrigué d’été et de printemps (présentées dans le tableau 10 ci-après) sont identiques, seule la durée totale du cycle, la quantité récoltée et la sensibilité aux attaques varient (plus fréquente pendant l’été car plus humide). Les opérations s’organisent en fonction de la date de repiquage Remarques sur les pratiques -les paysans mettent en œuvre des pratiques spécifiques visant à gagner un maximum de temps. Les pépinières de riz de printemps sont par exemple semées sous tunnels plastiques pour pouvoir être repiquées au plus tôt. Les pépinières de riz d’été sont implantées en bord de champ avant que la récolte précédente ne soit moissonnée, ce qui permet de gagner 15 à 20 jours sur le cycle. -Il existe plusieurs techniques de semis : le repiquage a partir de pépinière, le repiquage a partir de plaquette et le semis direct. Le repiquage domine encore mais on observe un développement de la pratique du semis direct (surtout lors du cycle de printemps qui comporte moins d’adventices) qui fait gagner du temps (voir tableau comparé des pratiques ci après) au moment du semis même si il en fait perdre au moment du désherbage.

15 Cette différence sera explicitée par la suite dans le rapport

Tableau 10: Comparaison des différente pratique de plantation du riz

Semis direct Repiquage pépinière Repiquage plaquette origine Traditionnelle Traditionnelle vulgarisation années 90 rendement Similaire de 75à110kg sec/sao (dépend du type de terre) Semence 2kg/sao 1kg/sao 1kg/sao Temps de plantation + +++ ++ Temps de désherbage ++++ ++ ++

Avantages gain de temps

Peu de perte (- de verse meilleur enracinement)

Peu de perte et gain d’espace (pas besoin de pépinière)

Inconvenients

Attire les rats (perte importante) Désherbage plus compliqué Besoin de plus de semence Enracinement superficiel

Repiquage nécessite beaucoup de temps

Repiquage plus rapide mais homogénéisation + longue

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Tableau 11: Itinéraire technique du riz Etape Période de l’année Caractéristiques Préparation du sol (travail du sol, sarclage et reconstruction des bordures)

Cycle de printemps : Un mois avant repiquage Cycle d’automne : 15 jours avant repiquage

-Travail du sol : o mise en eau o Charrue (1 fois) + herse 1 fois o 3 passages de herse o lissage du sol (Rmq : retournement du sol à la houe pour les parcelles très petite parcelles marécageuses, travaillées en équilibre sur des bambous pour ne pas s’embourber) -Bordures : - Sarclage manuel - Reconstruction ou consolidation

Semis en pépinières

Cycle de printemps : (un mois avant le repiquage) Cycle d’automne :(15 à 20 jours avant le repiquage)

-Semis de la pépinière une fois la germination des semences activée (maintien à l’obscurité et à un fort taux d’humidité pendant un mois pour le cycle de printemps, 15 jours pour le cycle d’automne) -Semis en pépinière : 10 à 20 kg pour 100 m²

Repiquage (traditionnel ou en plaquette ) Egalement possible de réaliser un semis direct

Cycle de printemps -Repiquage au stade 3 feuilles o Avant stade 3F : plantule trop faible pour supporter la transplantation o Après stade 3F : développement de la plantule trop important par rapport à la densité, ce qui génère une chute du taux de survie

Sarclage -15 à 20 jours avant le repiquage (pas d’adventices au repiquage car moment critique pour le riz) -20 à 30 jours avant la récolte (à la montaison, formation des grains)

-Sarclage manuel lors du cycle d’hiver car la main d’œuvre est disponible et désherbage chimique lors du cycle de printemps (compétition pour la main d’œuvre avec le thé)

Fertilisation 1 apport de fond après le travail du sol (fumier+ 20 kg NPK (5 /10/3)/sao) 2 entretiens en même temps que le sarclage entretien 1 10kgNPK(2/10/2)+2kgN /sao entretien 2 :4kgKCl/sao

-Niveau de fertilisation variable o Fumier : 60 à 300 qtx/ha o NPK : 350 à 800 kg/ha o KCL 55kg/ha o Urée 110kg/ha 1chaulage par an(20kg/sao)

Protection Quand nécessaire 4à5 traitements 2 pulvérisateurs de 16L/sao 1pulvé=1 ou 2 sachets=4000VND

Récolte Cycle d’été Cycle de printemps

Récolte manuelle

Traitement post récolte

Battage : immédiatement après la récolte Décorticage : étalé dans le temps

-Le riz encore en tige et en épis, est ensuite battu mécaniquement au bords de la route près de la parcelle avec une batteuse a moteur pour obtenir du paddy (riz + enveloppe) (prestation de service facturée 25 000VND/sao) -Le paddy est décortiqué à la machine (3000VND/10kg de paddy)

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- Le semis, le désherbage en hiver, et la récolte, se font manuellement et quelques fois le labour dans le cas de parcelle marécageuse, en équilibre sur deux bambous. Plus précisément le labour et la hersage se font soit avec un buffle soit avec un motoculteur (cela dépend du temps et du capital dont dispose l’agriculteur ainsi que de la surface concernée) cette préparation du sol a lieu pour le premier cycle début janvier et pour le deuxième cycle fin juin.(calendrier solaire) - La période qui suit le semis est une des plus critiques. Le riz ne doit ni manquer d’eau, ni être submergé, il doit rester à l’ombre pour ne pas brûler. Afin de faciliter sa mise en place, le semis s’effectue en bord de parcelle. Les agriculteurs travaillent une petite parcelle qui sera protégée par des filets contre les animaux. Un tunnel est également installé afin de protéger les germes du froid et de conserver l’humidité. - Les engrais utilisés majoritairement sont le NPK (5-10-3) et l’urée (46%). Certains paysans utilisent l’engrais du thé NPKS pour le riz. Les apports d’engrais organiques sont toujours faits avant le second labour sur les rizières. Composés de lisier de porc ou de fumier de bovin, ils sont difficiles à quantifier et diffèrent fortement dans le temps et entre les exploitations. -Le traitement phytosanitaire débute avec une première application de désherbant (à base d’Atrazine, de Butachlor ou de Metsulfuron) et d’insecticide 20 jours après le repiquage. Le deuxième passage d’insecticide n’est pas systématique, les paysans le font en fonction de l’infestation de la parcelle par les insectes. S’il est effectué, ils passent de un mois à 20 jours avant la récolte. Un désherbage manuel est continuellement effectué sur les parcelles de riz. On pulvérise en moyenne 4 à 5 fois par cycle des insecticides, a raison de deux pulvérisateurs de 16L par sao. On procède de la même manière pour les fongicides. Généralement les insecticides sont épandus de manière curative et non préventive. -Les produits et sous produits : la récolte s’effectue de manière collective (échange de travail) à la main, les gerbes de riz passent ensuite dans la batteuse qui sépare la paille de riz (qui sera mise a sécher sur les routes puis conservée pour les buffles ou vendue ou brûlée et épandue) du grain de riz. Ces pailles comportant une faible appétence (variable en fonction variétés) pour les animaux, sont principalement consommées encore verte. Le grain de riz est ensuite décortiqué à l’aide d’une décortiqueuse, les coques de riz (ou son) sont utilisées pour l’alimentation des poules et des cochons ou bien sont mises à brûler.

Figure 49: Les temps de travaux du système de culture riz 2 cycles

∑jour /an=26 jours (soit 361 jours/ha/an)

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Comparaison des pratiques des paysans en fonction de la superficie Le calendrier des pratiques concernant le riz apparaît similaire entre les paysans enquêtés, les éléments principaux qui différent sont : -la surface cultivée -l’emploi ou non de main d’œuvre extérieure (pour le travail du sol, pour la récolte) -la quantité d’engrais épandue (plus la superficie est faible plus les paysans mettront d’engrais pour obtenir le maximum de rendement le but étant de subvenir aux besoins alimentaires de la famille) Petits producteurs Moyens producteurs Gros producteurs

Surface 1à3sao 4à6sao 7 à 10 sao Objectif de production

Alimentation familiale

Alimentation familiale+basse cours

Alimentation familiale+basse cours+autre élevage

Mode de conduite Intensif en capital et en MO (culture prioritaire pour l’allocation de l’engrais et de la MO)

Semence Variété traditionnelle

Mixte Variété améliorée 838(60 000vnd/kg)

Engrais organique +

++ +++

Engrais minéral +++ ++ +

Rendement moyen /sao

150kg de paddy/cycle

120kg de paddy 100kg de paddy

Remarques Mo familiale Mo familiale+échange de travail

Emploi de MO extérieure temporaire

Tableau 12 : Comparaison des pratiques en fonction des superficies cultivées (données enquêtes,2010)

La culture du maïs d’hiver Objectifs de production Alimentation des porcs, des volailles, vente des excédents Caractéristiques générales Localisation bas fond, terrasse centrale Durée de cycle 90 jours Surface moyenne de 1 à 3 sao par famille(lorsque le maïs d’hiver est cultivé il

correspond généralement aux1/3 des surfaces de riz) Temps de travail moyen jours/sao/cycle Rendement moyen 50 kg grain/sao Remarques La variété de maïs généralement cultivée dans la zone est la variété améliorée 888 (maïs hybride). Les agriculteurs achètent les semences annuellement pour ne pas créer de dégénérescence. On rencontre également les variétés Lai Vietnam 4, 10, 20, 99, Lai my, n°4300.

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Itinéraire technique

Le maïs peut être semé de différente manière (voir tableau ci après) -prégermé en poquet dans les zones où le sol n’est pas engorgé -pregermé en poquet dans des buttes après la récolte du riz par exemple -repiqué, il peut être directement implanté après le riz

Le mais d’hiver doit être planté de sorte a fleurir avant les premiers froids de novembre et récolté avant le repiquage du riz de printemps.

Il reçoit 4 fertilisations et 2 traitements insecticide et herbicide. Une fois les récoltes effectuées, les productions sont séchées sur le sol. Afin de

faciliter le séchage, le maïs est d’abord égrené puis il est épandu sur le sol pendant les jours de soleil. Il est ensuite donné aux porcs et aux volailles et les excédents vendus.

Le maïs de bas de pente reçoit un traitement similaire, la pratique du repiquage est

cependant anecdotique dans ces cas. Les surfaces cultivées sont maximum de 4 sao (1440 m2) mais en général 1 sao

(360m2) par famille. Ce sao correspond généralement au maïs d’hiver.

Etape Période de l’année Caractéristiques Préparation du sol

Cycle d’hiver : mi septembre

-mais d’hiver : les chaumes de riz sont retournées

Semis Quelques jours après le travail du sol

Grain pré-germé semé en poquet dans des buttes crée par le travail du sol 51kg/sao)

Désherbage Après semis 2pulvérisateur de 16L/sao Fertilisation 1 apport de fond après le travail

du sol 1 apport au stade 4 feuilles 1 apport avant la floraison 1 apport à la floraison

20kg NPKS + fumier 10kgN/sao 10kg NPKS/sao 10kgN/sao

Protection Insecticide (stade 3 feuilles et avant floraison)

2puvlérisateurs de 16L/sao/fois

Récolte Cycle d’hiver : début janvier Récolte manuelle

Traitement post récolte

séchage : immédiatement après la récolte égrainage : quand le grain est sec

L’épi est laissé dans la cours de la maison ou sur pied pour sécher Il se fait soit à l’aide d’un petit outil avec une manivelle soit à la main

Tableau 13 : Itinéraire technique du maïs d'hiver

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3.2.1.2Les terrasses latérales des bas fond : la culture du maïs de (printemps, été) et de légumes Les terrasses les plus élevées du bas fond, qui sont les plus proches des collines, peuvent porter: -soit 2cycles de maïs (l’itinéraire suivi est sensiblement le même que celui du maïs de bas fond d’hiver, la réalisation de butte est moins importante car la terre est moins engorgée d’eau et le repiquage n’y est jamais pratiqué), -soit 1 cycle de maïs suivi par un cycle de légumes. (La culture des légumes n’a pas été renseignée. Les agriculteurs cultivent le concombre, la chayotte, le tarot, le liseron d’eau….) -soit uniquement des légumes.

3.1.2 Pratiques des systèmes de cultures annuelles de pente On observe sur les collines -le système jardin d’habitation qui se trouve au bas de la pente autour du jardin (voir la partie paysage agraire) -le système manioc/arachide (rotation chaque année)

3.1.2.1 Le jardin familiale Le système de culture jardin familial d’habitation

L’exploitation de ce jardin est généralement16 destinée à l’alimentation familiale, il comprend des légumes, des arbres fruitiers, quelques pieds de manioc et de thé non traités chimiquement. C ‘est un espace réduit (dépassant rarement 500m²), exploité de manière très intensive (MO et intrant) (d’après R.Pierlot 1990).

Le mot jardin est également employé dans le cas des théiculteurs sous contrat, ultraspécialisés, qui le détournent un peu de sa fonction alimentaire en en faisant une parcelle de thé privée (thé jardin) destiné à la vente.

Le système jardin familial n’a pas été étudié en détail.

3.1.2.2 La rotation manioc/arachide On observe également un type de rotation simple sur les terres de pente avec une culture de manioc qui s’étale sur un an puis deux cycle d’arachide l’année suivante ou bien à nouveau du manioc.

16 Il arrive que le jardin soit détourné de sa fonction d’autoconsommation, c’est le cas « des ouvriers » de l’usine Phu Ben au nord de Dong Linh qui utilise leur surface de jardin pour produire du thé dont ils peuvent disposer a leur guise, cette terre là n’étant pas sous contrainte de l’usine.

Figure 50 : les systèmes de cultures annuelles de pente

Jardin d’habitation

Arachide

Manioc

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La culture du manioc Physiologie du manioc Le manioc est une plante arbustive pérenne qui est cependant cultivée de manière annuelle c’est pourquoi elle a été placée dans la catégorie annuelle de pente. Il supporte une température minimale de 12°C et au moins 600mm de précipitation, on le cultive par bouturage car le pouvoir germinatif de ces graines est faible Objectif de production Alimentation des porcs des poisson, des volaille, des vers (feuille), ou vente Caractéristiques

Localisation terres de collines (souvent sur des terrasses) Durée du cycle : 9 mois( parfois la récolte peut être repoussée jusqu'à 2 ans) Surface moyenne : de 1 à 4 sao par famille possédant des terres de colline libre de

production et effectuant de l’élevage porcin Temps de travail moyen : 10 jours/sao/an Rendement moyen : 300kg de tubercule frais/sao/an qui équivaut à100kg de tubercule sec/sao/an Séchage : perte du tiers du poids Temps de travail du manioc

Dec.Nov.Oct.SeptAou. Juil.JuinMaiAvrilMar.Fev.Jan.

Terre de colline Manioc

Terres de colline arachide

RR

Récolte

Mousson

Dec.Nov.Oct.SeptAou. Juil.JuinMaiAvrilMar.Fev.Jan.

Terre de colline Manioc

Terres de colline arachide

RR RR

Récolte

Mousson

Figure 51 : Calendrier de travail des système de culture arachide et manioc

Temps de travail pour 1 sao de manioc

0

0,5

1

1,5

2

2,5

septem

bre

octobre

nove

mbre

déce

mbre

janvie

r

février

mars

avril

mai

juin

juille

tao

ût

Manioc post récolte

Manioc récolte

Manioc insecticide

Manioc fertilisation

Manioc desherbage

Manioc bouturage

Manioc travail sol

∑jours/an/sao= 10,5 (soit 292 jour/ha/an)

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Itinéraire technique

Remarques sur les pratiques du manioc -Les surfaces cultivées en manioc sont liées à l’importance de l élevage au sein de l’exploitation, ainsi une famille avec peu d’élevage cultivera 2 sao alors qu’une famille avec plus d’élevage cultivera jusqu'à 4 sao soit 1440m2 (ce phénomène n’est plus aussi vrai que par le passé du fait de la présence d’aliment concentré, cependant pour y avoir accès il faut disposer d’un certain capital) -La récolte est étalée dans le temps ainsi que le bouturage, le manioc n’étant pas la culture prioritaire pour l’allocation de la main d’œuvre (la quantité de travail consacré au manioc est faible comparativement à la culture du riz) -Généralement une seule fertilisation est effectuée lors de l’implantation de la bouture (une poignée de NPK, une poignée de fumier et un peu d’urée pour chaque poquet.) -Le cycle du manioc est en moyenne de 9 mois, mais il arrive que les agriculteurs le récoltent après un ou deux ans, selon la capacité à mobiliser de la main d’œuvre pour la récolte et les besoins financiers de la famille. -La majeure partie du manioc cultivé est destinée à l’alimentation animale (tubercule pour les porcs et les volailles, feuilles pour les vers ou les poissons). Seule une faible part est destinée à l’autoconsommation -Avant de le donner au animaux le tubercule est séché pour être conservé il perd alors près du tiers de son poids. -Aucun traitement phytosanitaire n’est apporté à cette culture. -La culture du manioc a été critiquée de par son effet érosif sur les terres de colline (la couverture du sol n’étant pas très importante lors des pluies de moussons).

Etape Période de l’année Caractéristiques Préparation du sol Fin février /début mars Remise en état des terrasses, préparation des

buttes, épandage de fumier Plantation Bouturage simultané à la

constitution des buttes Constitution de butte, la bouture de 30cm placée au centre et dépasse de 10cm

Sarclage 1er sarclage 40 à 40jours après le bouturage 2ème sarclage 75à90 jours après le bouturage

Les mauvaises herbes sont alors retirées et les buttes reformées

Fertilisation 1er apport au moment du bouturage Parfois un autre apport au moment de la formation des buttes

Une poignée de NPK, une poignée de fumier et un peu d’urée pour chaque bouture

Récolte A partir de 9 mois et jusqu'à 2 ans après bouturage

Récolte manuelle

Traitement post récolte

séchage : immédiatement après la récolte broyage

Sur le sol exposé au soleil Broyeuse électrique du village

Tableau 14 : Itinéraire technique du manioc

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La culture de l’arachide Physiologie de l’arachide L’arachide est une légumineuse annuelle rampante de 30cm de haut, dont on récolte les gousses accroché partie du système racinaire et que l’on conserve une fois séchée Objectifs de production Alimentation humaine (production majoritairement autoconsommée, parfois vendue) Caractéristiques générales

Localisation : terres de colline Durée de cycle : au printemps de 115 a 120 jours En été de 95 à 100 jours Surface moyenne : de 0 à 4 sao par famille disposant de terres de colline libre de

production Temps de travail moyen : 21 jours/sao/cycle Rendement moyen : 50 kg coque sèche/sao Itinéraire technique

Temps de travail

Etape Période de l’année Caractéristiques Préparation du sol

Cycle d’hiver : février Cycle d’été : juin

Travail superficiel (ameublissement)

Semis Juste après la préparation du sol Planter les coques entre 5 et 10cm dans le sol

Désherbage Cycle d’hiver : mi mars et début avril Cycle d’été : début juillet et début aout

Désherbage manuel

Fertilisation Cycle d’hiver : février Cycle d’été : juin

10kg NPK (5/10/3)/sao 10kg de cendre /sao

Protection En fonction des observations Sans protection ou 1 pulvérisateur Récolte Cycle de printemps début juin

Cycle d’été : mi septembre A la main

Traitement post récolte

Immédiatement après la récolte Juste avant la consommation

Séchage au soleil Décortiquage (pour l’autoconsommation )

Tableau 15 : Itinéraire technique de l'arachide

∑ jrW/sao/an=11,5 (soit 319jr/ha/an)

Figure 53: Temps de travail moyen pour 1 sao d'arachide cultivé sur 2 cycles consécutifs

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3.2 Pratiques des systèmes de cultures pérennes

3.2.1 Les systèmes plants forestiers Des Eucalyptus et des Acacias destinés à la vente, des Nîmes d’ombrage et de vente, des Cassias à petites feuilles pointues et à grandes feuilles pour l’ombrage du thé, sont cultivés sur la partie supérieure des collines ou bien sur l’ensemble de la colline.

3.2.2 Le système arbres fruitiers Dans les années 1990 de nombreux vergers son apparus (manguier, litchi, jacquier), aujourd’hui l’importance de l’offre conduit à des prix peu intéressants et à l’abandon de cette culture. Les familles conservent généralement quelques arbres pour leur consommation personnelle et vendent leurs excédents. Certains agriculteurs associent du thé aux arbres qu’ils leurs restent ou bien les arrachent pour cultiver autre chose. Peu d’engrais et peu de produit phytosanitaire sont apportés chaque année.

Système de culture Eucalyptus et /ou Acacia

Nîme Cassia à petites feuilles pointues (local)

Cassia à grandes feuilles (belge)

Objectif de production Vente Ombrage puis vente

Ombrage des plants à l’implantation

Ombrage des plants et des travailleurs jusqu'à la phase commerciale et au-delà

Localisation Sommet de colline ou colline entière

Flanc de colline et parfois colline entière (en association avec le thé)

Durée d’un cycle 7ans (eucalyptus) 14 ans (acacia)

12 ans 3 ans 15 ans

Densité de peuplement Dense (2mx2m) Densité moyenne

Faible densité (5m x 7m)

Faible densité

Surface moyenne par famille

De 0 ha (théiculteur sans terres de colline en propriété) à 1ha

Encore peu présent

De 0 (famille ne suivant pas les préconisations de Phu Ben) à 1ha

Préparation sol

Petit travail superficiel

A bénéficié du travail antérieur réalisé pour le thé

Fertilisation Seulement lors de la plantation

Bénéficie de l’engrais apporté au thé

Entretien Aucun Légère taille Taille pour un développement latérale et non vertical

ITK simplifié

Récolte Total ou partiel Récolte totale Meurt seul Conservé Remarques -Incitation via programme de

reboisement national pour lutter contre l’érosion (manioc) -stratégie de préparation à la retraite ou pour foyer disposant de terres mais pas de MO

- l’association arbre/thé pour l’ombrage a été instaurée par les agronomes Belges au moment de la création de la join venture PhuBen

Tableau 16 : Caractéristiques des différentes essences forestières cultivées dans la zone

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3.2.3 Les systèmes thé Le thé est une culture traditionnelle de la zone étudiée, aujourd’hui elle est considérée comme une culture permettant de lutter contre la pauvreté via un revenu progressif échelonné sur 6 mois

3.2.3.1 Description de la physiologie du thé « Le théier, Camellia sinensis, est un arbre à feuilles persistantes, il peut atteindre 10 à 15 mètres de haut. Son aire de production est vaste : elle s’étend depuis les zones chaudes et humides équatoriennes jusqu’aux aux zones tempérées froides (latitude 43° Nord en Géorgie et 27° Sud en Argentine). (Mémento de l’agronome, 2002) Le théier est une plante périodique. Une première phase végétative (flushing period) a lieu pour ensuite suivre une phase de dormance (bandji period). C’est pendant cette deuxième phase que le bourgeon prépare la poussée suivante. Pour la culture du théier, la pluviométrie doit être comprise entre 1500 et 2000 mm de pluie par an, bien réparties dans l’année. La température optimale est comprise entre 18°C et 25°C. Le zéro végétatif est de 12°C et la température létale est de -5°C. D’origine tropicale, le thé demande une hygrométrie de 70 à 90%. Les vents desséchants ont un impact négatif sur le théier. Les brise-vents et l’ombrage permanent favorisent le maintien de l’humidité (Mémento de l’agronome, 2002). Idéalement, le sol doit être perméable, meuble et profond. Les racines du théier peuvent en effet s'enfoncer jusqu'à 6 mètres, permettant à la plante d’aller chercher des éléments minéraux en profondeur. La couche arable doit être d'au moins 1,50 mètre. Le meilleur sol est jeune et volcanique, très perméable et riche en humus, ni trop argileux. Le PH optimal des sols est compris entre 4,5 et 5,5 (Zeiss et al., 2001). La culture du thé peut se faire sur des sols en pente comme en zone de montagne ou sur des collines. Les théiers implantés sur les collines en plaine sont en majorité issus de la variété assamica ou Trung du, ils se présentent sous forme de buisson arbustif (différent de certains théiers de montagne à l’état d’arbre) tailler pour ne pas dépasser 80cm et qui donnent une infusion plus âcre et moins odorante que les thés de montagne très aromatiques (Julmy, 2008). »

3.2.3.2 Les architectures parcellaires Dans un même paysage, les parcelles de thé peuvent avoir des architectures différentes en fonction de nombreux facteurs (cf. Tableau 17 ci-dessous).

Parcelle pied de colline(bas fond étroit)

Parcelle faible pente

Parcelle pente plus prononcée

Pente 0°à 5° 5° à 20° 20° à 30° -Mini terrasse -Terrasse

/ -parcelle récente -parcelle anciennement cultivée en manioc

Fréquence d’observation

Rare Très fréquent Fréquent

Tableau 17: Facteurs de différenciation de l’architecture parcellaire Les trois facteurs retenus sont la pente, l’aménagement en terrasses et la fréquence d’observation.

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On observe rarement des théiers en bas fonds et si tel est le cas, il s’agit alors de bas fond « haut » (relativement sec).

Les parcelles de faible pente peuvent correspondre soit : -à des parcelles situées sur des collines de forme allongées ou aplaties (que l’on rencontre plutôt à Khai Xuan); -à des parcelles se situant près du sommet de colline à forte pente

Les parcelles avec une pente plus prononcée se trouvent généralement à mi-pente, là où la concavité est la plus forte.

Quelques terrasses (allant jusqu’à atteindre 5 mètres de large), qui ont été initialement

réalisées pour recevoir la culture du manioc figurent ça et là sur les collines. Lors de l’implantation de nouvelles parcelles, des mini terrasses sont créées (on creuse sur une largeur on déplace la terre sur le coté ce qui créé une butte). Rarement entretenues, elles s’aplanissent au fils des ans et finissent par disparaître. Remarques

Les surfaces moyennes ainsi que les associations observées dépendent davantage du type de pratique que de l’architecture parcellaire.

L’éloignement par rapport à l’habitation joue également un grand rôle ; ainsi, les parcelles avec mini-terrasses entretenues se trouvent généralement proche des habitations. Le degré d’intensité des pratiques est également lié à l’éloignement de la parcelle

La densité de plantation est toujours élevé (plant/ha) quelque soit le mode de conduite de la parcelle (voir ci-après la partie « typologie des itinéraires techniques »).Les éléments dissemblables, sont -la surface travaillée par le paysan, -l’investissement qu’il lui sera possible de faire en travail et en capital et le rendement qui en découlera.

3.2.3.3 Typologie des itinéraires techniques dans la culture du thé Les théiers peuvent être conduits -de manière « intensive », ce qui se traduit par un fort investissement en capital (intrants, qualité des semences,…) et en main d’œuvre (récolte fréquente, emploi de salariés temporaires). Dans cette catégorie on observe 2 sous types à savoir:

*les théiculteurs avec obligation de vente à l’usine de Phu Ben et qui sont contraints de suivre le protocole de l’usine;

*les gros producteurs indépendants (au moins 10 sao soit 3600m2) qui décident de suivre les pratiques préconisées par l’usine Phu Ben et les formateurs des programmes AFD (programme nationaux d’implantation de nouvelles parcelle de thé). - « de manière intermédiaire » ; il s’agit de théiculteurs pour qui le thé est un poste important mais qui ont d’autre source de revenu ; ils n’intensifient pas davantage leurs productions car il manque de fond pour financer une main d’œuvre extérieure (afin d’augmenter le nombre de récolte) et/ou pour acheter davantage d’engrais - de manière « extensive » ; ce cas renvoie au paysan cultivant quelques pieds pour la consommation familiale dans le jardin de l’habitation, sans emploi de pesticide, et vendant parfois quelque petit excédent. Les facteurs de différenciation de ces modes de conduite du thé sont présentés dans le Tableau 18 ci-après.

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Conduite de thé Extensive Intermédiaire Intensive Objectif de production Autoconsommation Vente à des usines et à

des fours familiaux Vente à des usines

Devenir du thé Thé vert Thé noir et thé vert Thé noir Rendement/ha(kg frais/ha) stade de commercialisation

1 tonne 8 tonnes 15 à 20tonnes

Apport d’intrants Quasi nulle Modérée Importante

Nombre de récolte/an/parcelle 16 10 18 MO employé MO familiale MO majoritairement

familiale + échange de travail

MO familiale +échange (si petite surface +salarié temporaire (si grande surface)

Importance économique du thé pour l’exploitation

Peu importante (parfois vente d’excédent)

Source moyenne à importante, mais pas unique

Principale source d’entrée d’argent

Tableau 18 : Caractéristiques des typologies de mode de conduite du thé (source : données d’enquêtes) Remarques La surface cultivée, influence aussi beaucoup la main d’œuvre et la quantité d’intrant apportée à la culture.

Ainsi les agriculteurs en mode intensif avec de petites surfaces auront-ils tendance à mettre plus d’intrant que les agriculteurs intensifs disposant de grandes surfaces. Malgré cette tendance générale, on peut également rencontrer de petits producteurs intensifs qui présentent un problème de trésorerie et qui ne peuvent même pas financer un l’apport d’engrais minimum préconisé.

Concernant la main d’œuvre, les petits producteurs intensifs pourront se contenter de la main d’œuvre familiale alors que les gros producteurs auront recours à de la main d’œuvre extérieure temporaire. Plusieurs facteurs biotiques et abiotiques ont un impact sur l’élaboration du rendement parcellaire :

La variété du thé : les variétés améliorées (PH1, LDP 1 et 2(rare),) permettent d’obtenir des rendements supérieurs que les variétés traditionnelles (Zeiss et al, 2001).

La forte densité de plantation permet d’augmenter les quantités récoltées par unité de surface, elle est identique dans ces trois modes de conduite.

Lorsque le thé atteint l’âge commercial, à 4-5 ans, les rendements sont les plus importants. Tandis qu’au stade pré-commercial et sénescence, le thé n’est pas très productif.

La fertilisation, qu’elle soit appliquée sur le sol ou sur les feuilles, favorise le développement du thé et donc le nombre de récolte possible.

Les faibles altitudes, avec des températures plus importantes que l’on rencontre dans la zone permettent également un développement rapide du thé. En effet les théiers d’altitudes ont une croissance plus lente.

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3.2.3.4 Description de l’itinéraire technique du thé selon le stade physiologique de la parcelle et son mode de conduite

Le thé peut être soit planté a partir de grain pré-germé soit a partir de bouture.

Jusqu'à l’âge de 5ans pour les grains traditionnels, et de 3 ans pour les boutures améliorées, le thé est en phase pré-commerciale, le sarclage est alors effectué à la main, ainsi que la taille.

Passé cet âge, le thé entre en production effective (stade commercial), et produira jusqu’à l’âge de 20ans (de nombreuses parcelles rencontrées présentaient des théiers plus âgés allant jusqu’à atteindre 30 ans ; bien que la parcelle soit clairsemée et le rendement moindre, une petite production persiste) avant d’entrer en phase de sénescence qui se traduit par une baisse importante de la production.

Dans le mode intensif précédemment cité, il a été question de théiculteur avec

obligation de vendre à l’usine Phu Ben. Il est important de détailler les conséquences qu’impliquent cette situation (rappel et synthèse de ce qui a été indiqué dans différentes parties ultérieures). Crée en 1997, Phu ben est d’abord une join venture avec d’un côté des investisseurs belges et de l’autre l’état vietnamien, les premiers apportant les capitaux et les seconds les terres. En 2007, l’usine devient complètement privée et signe un contrat avec la province, qui lui assure la libre gestion des terres définies dans ce contrat pour une durée de 50ans, l’usine passe ensuite des accords avec des paysans pour qu’ils travaillent ces terres sans avoir le statu de propriétaire (terres commerciales) et avec l’obligation de vendre l’ensemble de la production a l’usine et de respecté les choix techniques décidés par elle. Dans le cas contraire, les paysans sont soumis à des amendes, voir même au retrait des terres qu’ils s’étaient vu attribuée par l’usine. D’autres paysans avec un autre statu (terres 01) suivent également les préconisations de Phu Ben mais avec moins de contraintes (voir annexe 6 p 86 Le cas Phu Ben). D’autres encore décident librement de les suivre.

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3.2.4.1 L’implantation d’une nouvelle parcelle de thé Généralités A) Antécédents culturaux L’implantation peut se faire: -soit sur une parcelle qui portait au préalable autre chose que du thé: des cultures annuelles (le plus souvent du manioc) ou bien des pérennes (comme le rônier); -soit en renouvellement d’une ancienne culture de thé. B) Type de plant 1. Boutures enracinées d’un an qui sont directement mises en terre. Ces plants permettent d’obtenir un taux de reprise plus important et plus rapide. 2. Boutures non enracinées (proposées par des producteurs privés). Le prix d’achat est moins important mais ceci impose pour le producteur d’installer une pépinière pour le bouturage. Les boutures seront replantées un an après. 3 Grain pré germé, récolté sur les théiers, a la fin de l’été lorsqu’ils sont mure, les graines sont ensuite mise a germées et planté directement en poque

Extensif(autoconso) Intermédiaire (vente) Intensif (vente) Précédent Thé (renouvellement

rare) Manioc, thé, rônier Manioc, thé, rônier

Variété Trung du PH1 et Trung du PH1 Origines plants Graine de

l’agriculteur Usine, centre Phu Tho, privés, graine du paysan

Usine, centre Phu Tho, privés

Type de plants Graine pré-germée Bouture enracinée ou non, graine pré-germée

Bouture enracinée ou non

Période plantation milieu de saison des pluies (juillet) ou fin de saison des pluies (septembre).

Mode de plantation Graine en poquet Bouture dans tranché et/ou graine/bouture en poquet

Bouture dans tranché (création de mini terrasse)

Aménagement Ø Si manioc auparavant conserve les terrasses

Creuse tranchée Canaux

Fertilisation Fumier NPK(5/10/3) engrais du riz

Fumier NPKS (12/5/10/14) N( à 46%)

Traitement phytosanitaire

Pas de traitement sauf cas exceptionnel

Associations Autre plante du jardin

Manioc, maïs Cassia à petites feuilles pointues ou Ø

Montant des investissement/ha

Quasi nulle Modéré Important (15 millions)

Temps de travail/ha 200 jours (8jours/sao) Tableau 19 : Itinéraire technique en fonction du mode de production théicole lors de l'implantation d’une nouvelle parcelle de thé(données d’enquête, 2010)

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C) Modes de plantation Le thé peut être implanté en milieu de saison des pluies (juillet) ou en fin (septembre).

Les agriculteurs choisissent préférentiellement le mois de juillet afin d’optimiser sa reprise (éviter le stress hydrique sur les jeunes plants).

Dans le cas du renouvellement du thé intensif, on utilise préférentiellement les boutures, enracinées ou non. Deux modes de plantation sont pratiqués (cf. Figure 28)

- Au poquet : cette technique demande peu de travail (à gauche sur le dessin ci-dessus) - Dans une tranchée (à droite sur le dessin ci-contre) : creuser des tranchées demande plus de travail mais permet ensuite une meilleure rétention de l’eau dans la tranchée. L’implantation se fait soit en creusant un trou ou une tranchée d’une profondeur de 30 centimètres. Les plants sont placés tous les 30 centimètres. Une couche de 20 cm de terre est ensuite déposée pour combler le trou. La terre restante est placée sur l’inter-rang afin de former une butte qui permet de diriger l’eau de pluie vers les rangs de thé et qui est souvent utilisée pour la conduite d’associations culturales dans l’inter-rang. En dehors des mini-terrasses résultant de la plantation en tranchée, on observe rarement de grandes terrasses (large de 3mètre à 10mètres). Celles visibles correspondent à d’anciennes parcelles de manioc reconverties en thé. Les théiculteurs utilisant les grains pré-germés se contentent généralement de les planter en poquet. D) Préconisations de l’usine Phu Ben Afin de s’assurer d’une distance correcte entre les plants l’usine fournie des outils de mesures sommaires (3 tiges reliées entre elles par de la ficelle préalablement mesurée).Elle préconise également de creuser des tranchées tous les 5 mètres afin de faciliter le drainage des sols. Les théiculteurs avec obligation de vendre leur production à l’usine, ne doivent pas planter d’annuelle en association les premières années. Mais ils sont incités a associer les jeunes plants avec des Cassias à petites feuilles pointues (espacée de 10 sur une même ligne et de 20m sur 2 rangs), arbres à croissance rapide qui assureront une protection des plants contre le soleil. Ils seront ensuite remplacés, la troisième année, par des Cassias à grande feuilles, à croissance plus lente. Les plantations intensives des autres communes s’inspirent largement du modèle décrit ci-dessus les contraintes17 (amende, objectifs à atteindre) et le suivi en moins. 17 L’ensemble des contraintes imposées par l’usine est détaillée dans l’annexe 6)

Figure 55 : Mode d'implantation de bouture de thé

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Cas d’une implantation sur précédent non théicole Il s’agit principalement de la situation de la commune de Thanh Xa qui ne disposait pas de plantation de thé. Auparavant l’espace était occupait par des rôniers et du manioc. Les nouveaux plants, sous forme de bouture PH1 (350VND/plants), sont subventionnés à hauteur de 50%, les nouveaux théiculteurs bénéficient en outre d’une formation et d’un prêt à taux préférentiel de 0,6%(au lieu de 1,3% taux normal) programme AFD et de l’Etat.). Cependant, bien que le but de ce programme soit la lutte contre la pauvreté et que Thanh Xa soit la commune la plus pauvre du district, le projet n’a profité qu’a des agriculteurs déjà bien établis. En effet, les contraintes d’accès aux programmes ne sont pas adaptées aux plus pauvres (minimum de 2000 plants achetés, terres disponibles, démarches administratives complexes).Certains ont cependant pu accéder à ces aides en se groupant (généralement au sein d’une même famille).Ce phénomène n’a cependant observé qu’anecdotiquement. La culture de vente qui y est pratiquée est majoritairement conduite selon un mode intensif. Implantation sur précédent théicole A la différence de Thanh Xa, à Dong Linh et Khai Xuan, le thé occupe une grande superficie, et les actions menées dans ces communes se tournent plutôt vers le renouvellement d’ancienne parcelle, via un programme nationale d’intensification des parcelles, permettant le remplacement des vielles parcelle planté en variété traditionnel par des boutures de variété améliorées. Les théiculteurs de Dong Linh travaillant sur les terres commerciales ne peuvent pas bénéficier de ces programmes d’Etat car la terre ne leur appartient officiellement pas, mais l’usine peut prendre en charge les frais que les paysans rembourseront par la suite, annuellement, en plus de la location pour les terres, qu’ils doivent déjà verser. Trois modes de remplacement possible Pour remplacer ces anciennes parcelles on peut procéder de trois manières distinctes - l’arrachage d’une parcelle peut s’effectuer en une fois

si le pourcentage de thé mort est important si la trésorerie de l’agriculteur est suffisamment solide pour le supporter.

Les résidus sont alors le plus souvent utilisés en bois de chauffe ; - on peut également effectuer l’arrachage progressivement sur plusieurs années - Si la distance de l’inter-rang est suffisante (supérieure à 1,50 m, ce qui est plutôt rare), les nouvelles variétés sont implantées directement dans les inter-rangs sans arrachage préalable. Les pieds âgés sont coupés 3 ou 4 ans plus tard lorsque le jeune thé commence à être récolté. Intérêts de chaque mode de remplacement L’arrachage total permet la conduite d’associations avec des cultures annuelles dans l’inter-rangs. Le manioc est la plante la plus utilisée pour ces associations. Même s’il procure un revenu sur une parcelle de thé qui ne produit pas encore, l’inconvénient est que le manioc ne couvre pas le sol toute l’année. Le sol peut être érodé durant les mois où il est nu : mars avril- mai. La plantation des nouvelles variétés sans arrachage des anciens théiers permet au producteur de conserver un revenu sur la parcelle durant les années où le nouveau thé n’est pas encore entré en phase commerciale. De plus, les vieux pieds de thé peuvent être détruits progressivement, ce qui permet d’étaler le travail d’arrachage. Cependant, cette méthode a pour inconvénient deux types de risques : abîmer les jeunes plants lors de la récolte du thé âgé et propager des maladies touchant les anciens théiers.

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Evolution des pratiques La création de la join venture(entreprise mi privé-mi publique) Phu Ben en 1997 a conduit à la mise en place de nouvelles pratiques lors de l’implantation de nouvelles parcelles: -chaulage du sol; -modification des distances entre pieds; -instauration des arbres d’ombrage, dont il faut recouvrir le tronc de chaux pour prévenir les maladies ; -réalisation de canaux de drainage ; -construction de retenu d’eau (pour l’épandage des produits phytosanitaire) ; -introduction de nouvelle variété (l’usine travail en lien étroit avec l’institut du thé aujourd’hui intégré au sein du Nomafsi) tel Ph1 LDP… ; -mise en place d’un suivi technique.

3.2.3.4.1.1 Le stade pré commerciale

Ce stade correspond à la période de développement du thé. C’est durant cette période que les apports d’engrais minéraux deviennent réguliers. Afin de permettre un bon développement du thé, aucune récolte n’est effectuée. C’est également durant ce stade que l’on construit l’architecture du thé via un taillage spécifique, échelonné sur plusieurs années. Financièrement c’est une période difficile car il faut investir sans rien gagner durant 3 à 5 ans c’est l’une des principales raisons qui empêche des paysans en situation économique précaire de passer à la culture du thé intensive même s’il dispose de terre pour. Si le thé est mené de manière intensive, les investissements durant cet période seront plus élevés (quantité d’intrant) et le manque a gagner immédiat plus important.

Extensif intermédiaire Intensif De 0à5ans (grain) De 0 à 3 (si bouture) De 0 à 3 ans (si bouture) Fertilisation Non Oui Oui Désherbage A la main Manuel Manuel Protection Quasi nulle Taille A la main et au ciseau Associations Très varié (jardin) Manioc ou mais Cassia à feuilles pointues Montant des investissements/ha Très limité Modéré Important Temps de travail/ha Très limité Modéré Important

Tableau 20 : Itinéraire technique en fonction du mode de production théicole lors de la phase pré commerciale (données d’enquêtes, 2010) Pour ne pas altérer la croissance du thé, aucun désherbage chimique n’est effectué et les traitements contre les ravageurs sont limités au minimum

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3.2.4.1 Le stade commercial Lorsque le thé atteint 70 centimètres (Zeiss, 2001), soit la troisième année pour les plants bouturés et les 5ème années pour les grains, après la plantation, les premières récoltes commencent. La parcelle entre alors en stade commercial. Extensif intermédiaire Intensif Période De 5 à20 ans De 3 à20 De 3 à 20 ans Fertilisation 0à1fois 1à2 fois 3fois/an Désherbage Manuel Manuel ou chimique Chimique Protection 0à2fois/an 1à3fois/mois 1 épandage après chaque

récolte(3x/mois) Taille Stabilisé a70 cm

(taille de5 cm/an)manuelle

Stabilisé a 70cm (taille de 5cm/an) Mécanisée ou manuelle

Cycle sur 3 ans (cours moyen long) taille souvent mécanisée

Associations Dans le jardin d’habitation

Avec ou sans Cassias à feuilles longues

Rendement/ha 1 tonnes 9 tonnes 20tonnes Montant des investissement/ha

Faible Modéré Important

Nombre de récoltes

1à3récoltes/mois

2 récolte/mois 3à4récolte/mois

Tableau 21 : Itinéraire technique en fonction du mode de production théicole lors de la phase commerciale (données d’enquêtes, 2010) La conduite du thé extensif, même lorsque l’arbuste est en âge de pleine production, comprend peu ou pas d’apport en engrais et en produit phytosanitaire (insecticide, régulateur de croissance). Dans le cas intermédiaire, l’investissement dépend de l’état des finances de l’exploitation au moment des interventions. Pour le thé intensif, les récoltes, les fertilisations minérales, les traitements phytosanitaires et l’application de régulateurs de croissance sont alors réguliers.

3.2.3.4.1.2 La fertilisation

Aucune fertilisation minérale n’est effectuée en conduite extensive Dans le cas du thé intensif, les engrais minéraux sont apportés en trois ou quatre périodes -en septembre pour rallonger la production jusqu’en octobre -en mars juste avant l’entrée en production des théiers -en mai au début de la production -en juillet au milieu de la phase optimale de récolte pour maintenir la production élevé Ceci permet également une meilleure utilisation des engrais par le thé en limitant le lessivage ainsi qu’un étalement des frais liée à leurs achats. Les théiculteurs des trois communes, Dong Linh, Thanh Xa et Khai Xuan utilisent des engrais minéraux différents pour la culture du thé en fonction du mode de conduite qu’il pratique. Ainsi les théiculteurs extensifs et intermédiaires utilisent majoritairement l’engrais NPK

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(5/10/3) acheté pour le riz alors que ceux pratiquant une culture intensive achète un engrais spécifique pour le thé NPKS(12/5/10/14)contenant de l’urée 46 % et du Di-ammonium Sulfate 21%. Les apports d’engrais organiques sont peu fréquents sur le thé (essentiellement réalisés lors de l’implantation). Lorsqu’un atelier élevage est présent dans l’exploitation, les excréments sont prioritairement épandus sur les rizières ; les quantités générées sont souvent insuffisantes pour fertiliser la superficie en thé de l’exploitation. La norme du ministère qui préconise un apport de 20 tonnes de fumier tous les deux ans n’est donc, compte tenu des priorités d’allocation du fumier, pas possible pour les exploitations de la zone. Les quantités d’engrais minéraux épandus sont identiques quelle que soit la proximité des parcelles à l’exploitation. La fréquence de récolte; l’entretien globale, varie lui, avec la distance par rapport à l’habitation. Les quantités d’engrais épandues, la fréquence des contrôles et des récoltes seront plus importantes dans une parcelle à proximité immédiate de la maison.

3.2.3.4.1.3 L’utilisation quasi systématique de régulateur de croissance en production intensive

Des fertilisants foliaires (compléments en micro-éléments) sont presque systématiquement épandus sur les théiers conduits en intensif. Ils contiennent également des régulateurs de croissance mais le dosage précis de ces régulateurs de croissance n’est pas indiqué sur l’emballage commercial (cf. Tableau 22).

Tableau 22 : Régulateurs de croissance utilisés sur le thé (source : Boulanger, 2009) Ces compléments sont appliqués 2 à 3 fois par mois, en même temps que les traitements phytosanitaires s’il y en a, ou seuls si aucun insecticide n’est épandu. Les enquêtes n’ont pas permis de connaître quantités épandues par application, mais les recommandations des fabricants sont de 400g de produit commercial/ha. Le risque lié à un recours important aux régulateurs de croissance est un épuisement à la fois des théiers et du sol. De plus, l’utilisation fréquente de ces produits augmente le risque de retrouver des résidus dans le thé récolté, ce qui peut influencer la qualité.

3.2.3.4.1.4 Gestion de la lutte contre les ravageurs

Sur le thé intensif, Les traitements sont effectués après la récolte. La fréquence des traitements phytosanitaires ainsi est principalement fonction du nombre de récolte. Ainsi, 1, 2 voire 3 traitements mensuels sont appliqués 5 à 10 jours après chaque récolte (soit de manière préventive soit de manière curative).

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Trois produits sont essentiellement utilisés pour ces traitements insecticides (cf. Tableau 23). Les doses présentées dans le tableau sont celles recommandées par le fabricant. En moyenne les théiculteurs utilisent 2 pulvérisateurs à dos manuels de 16 litres, par sao, chaque pulvérisateur contient de 2 à 4sachets de 25grammes chacun. Ceci représente annuellement près de 55 pulvérisateurs par hectare. Le nombre important de traitements phytosanitaires pose la question de la présence éventuelle de résidus de pesticides dans le thé commercialisé. Les entretiens effectués montrent que certains paysans ne boivent pas le thé qu’ils produisent car selon eux il est beaucoup traité et préfère consommer le thé jardin, qu’il produise dans le jardin familial sans traitement. De plus un certain nombre de produits dont le Midan qui sont utilisés dans la conduire du thé contiennent est une matière active qui a été interdite pour certaine utilisation en Europe à cause d’une suspicion d’impact négatif sur les abeilles. La faible protection des agriculteurs vis-à-vis de ces produits et les risques environnementaux sont donc importants. Si ils en ont la possibilité les théiculteurs préfèrent sous-traiter l’épandage de produits phytosanitaires (10 000VND/pulvérisateur de 16L), les conséquences néfastes sur la santé étant connues des paysans. Sur les parcelles exploitées depuis longtemps, un champignon du sol tue les théiers, aucun traitement ne fonctionne aujourd’hui contre lui. Les nouvelles zones de plantation de Thanh Xa ne sont pas encore affectées.

3.2.3.4.1.5 Gestion de l’enherbement

La lutte contre les adventices a deux objectifs : - Limiter la concurrence pour l’alimentation minérale et hydrique - Faciliter le déplacement dans les parcelles Les techniques de désherbage employées diffèrent selon le mode de conduite du thé (cf. Tableau 24. Extensif intermédiaire Intensif

Mode de désherbage

Manuel Lutte chimique (glyphosate) et manuel

Nombre de désherbage/an

1 1à2 (généralement mixte)

2 (chimique)

Choix du mode de désherbage

Petite surface, volonté de peu investir

Capacité a mobilisé la MO, capacité d’investissement

Tableau 24: Pratiques de désherbage sur le thé (source: données d'enquêtes)

Cas du thé intensif : Trois modes de désherbage sont utilisés par les producteurs. L’utilisation de la lutte chimique systématique à l’aide de glyphosate est principalement liée à la difficulté à mobiliser de la

Tableau 23: Principaux pesticides utilisés

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main d’œuvre familiale (cf. 3.4.2). En effet, le désherbage manuel demande beaucoup plus de travail Ce traitement se fait sur les inter-rangs deux fois par an (juin et septembre) mais un passage manuel reste obligatoire pour dégager les pieds de thé. Les producteurs privilégient l’arrachage manuel ou le sarclage quand ils disposent de main d’œuvre familiale car cela coûte moins cher. De plus, le manque de main d’œuvre salariée pousse à une utilisation des produits phytosanitaires. Les traitements n’étant pas toujours effectués avec des caches, un risque de projection sur le thé existe. Une combinaison des deux types de désherbage est parfois effectuées : désherbage manuel lorsqu’il n’y a pas de compétition avec d’autres travaux et lutte chimique lors des goulets d’étranglement en travail sur l’exploitation. Les résidus sont laissés sur la parcelle afin de limiter les repousses des graines d’adventices et cela permet d’éviter une exportation de matière organique. Dans les jardins d’habitation (mode extensif) le désherbage du thé est effectué à la main.

3.2.3.4.1.6 3.2.5.5 La récolte

Le rythme de récolte diffère selon le mode de conduite suivi (cf. Tableau 25 ci-dessous).

Nombre de récoltes Mode de conduite Extensif Intermédiaire Intensif

Avril 1 1 1 Mai 1 2 Juin 2 3 Juillet 2 3 Aout 2 3 Septembre 2 3 Octobre 1 2

Mois

Novembre 1 1 1 Nb. Totale de récolte/an 2 12 18

Tableau 25 : Fréquence des récoltes selon les modes de conduite (source : données d’enquêtes)

Cas du thé intensif : Le nombre de récoltes effectuées en conduite intensive varie entre les exploitations selon : - la capacité de mobilisation de main d’œuvre pour la cueillette - la surface de thé de l’exploitation. La main d’œuvre utilisée pour la récolte est principalement familiale. Cependant, celle-ci étant souvent insuffisante, le recours à l’entraide (échange de travail) ou à des salariés temporaire est courant. La mobilisation de main d’œuvre extérieure est le premier facteur qui limite le nombre de récolte effectuée dans la saison. Jusqu’en 2005, toutes les exploitations enquêtées effectuaient leurs récoltes à la main ou à l’aide de petite faucille (cf. annexe 1). Mais le manque de main d’œuvre a amené certains gros théiculteurs à moto-mécaniser la récolte. Cette mécanisation a également permis un gain de temps apporté par les nouvelles techniques de récolte.

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Cette innovation a renforcé la différenciation qui existait déjà entre les très gros producteurs avec le capital nécessaire pour investir dans ces machines très onéreuses (10 000 000 VND) et les autres théiculteurs. Il est vrai qu’un saisonnier est payé 45000 VND/jour or un homme ne récolte que 60kg de thé frais en près de 5heure de temps alors qu’une machine(manipulée par deux à trois personnes)cueillera 150kg en 1heure. La première coupe sera de mauvaise qualité mais aura l’avantage de mettre toutes les tables de cueillettes au même niveau ce qui permettra d’obtenir du thé frais de qualité B lors de la récolte suivante Cependant, pour une même saison de récolte, la quantité de thé récoltée à l’aide d’une récolteuse motorisée est moins importante que dans le cas d’une récolte strictement manuelle : en effet, tous les bourgeons sont coupés à la machine et la reprise du thé est plus longue après le passage motorisé. De plus la récolte motorisée ne permet de récolter que les feuilles situées sur la table de cueillette. La machine nécessite 3 personnes (une qui manipule la lame et 2 qui tiennent le sac qui reçoit les feuilles ainsi coupées) une quatrième personnes peut être employée pour ramasser la production des branches latérales Lorsque la récolte est strictement manuelle, sa fréquence génère des avantages et inconvénients comparatifs qui vont orienter le choix des producteurs (cf. Tableau 25).

Cas du thé intermédiaire : Le nombre de récoltes effectuées en production intermédiaire est plus faible qu’en production intensive. Pour ces exploitations d’autres cultures sont souvent plus importantes économiquement que le thé. Celles-ci disposent souvent de grandes surfaces en cultures annuelles sur pentes. Effectuer moins de récolte permet donc de consacrer plus de temps à ces autres cultures. La surface totale en thé d’une exploitation est rarement récoltée en une seule fois. Elle est souvent opérée par étapes .lorsque des arbres sont présents les théiculteurs suivent l’ombre de ces derniers. S’ils le peuvent ils utilisent une récolteuse.

Tableau 26: Avantages et inconvénients comparés des systèmes de récoltes les plus fréquents (Source: Zeiss et al,2001,IPM guide)

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La qualité du thé récolté est directement liées au nombre de récoltes par mois (Zeiss et al, 2001). Plus le nombre de récoltes effectuées est important, plus la qualité de cueillette augmente (cf. Tableau 26 ). Ainsi, selon les méthodes de récolte effectuées sur la zone, les agriculteurs récoltent en majorité : - Du thé de qualité C en mode de production intermédiaire (les intermédiaires avec de petites surfaces récoltent également de la qualité A destinée aux fours familiaux en début et en fin de production lorsque les quantités a récolter sont plus faibles) - Du thé de qualité B en intensif (destiné aux usines de transformation)

Le concept de qualité varie d’un agriculteur à un autre. Ainsi un thé considéré de qualité B par un agriculteur indépendant correspond à la qualité C pour un agriculteur lié à Phu Ben. La différence de prix entre les qualités A et B n’est pas suffisamment importante pour inciter les producteurs à augmenter leur temps de travail en effectuant davantage de récolte.

Extensif autoconsommation

Intermédiaire vente

Intensif vente

Qualité dominante du thé frais récolté

qualité A - qualité C au milieu de la phase de production -qualité A en début de phase de production

Qualité B

Fréquence des récoltes 18fois/an 10fois/an 18fois/an Destination du thé Famille

Thé vert Marché local Thé vert

Marché international Thé noir

Commune concerné Toute mais surtout Than Xa

Khai Xuan Dong Linh et Thanh Xa

Tableau 28 : Récolte et mode de conduite Variation des prix Depuis l’arrivée de l’usine Phu Ben en 1997, les prix d’achat du thé ont augmentés mais le thé vietnamien est beaucoup moins bien coté du fait de sa faible qualité du a son hétérogénéité et aux traces de résidus qu’il présente La plupart des paysans ont quelques pieds de thé, menés en extensif pour leur consommation personnelle ; beaucoup ont jusqu’à 1 sao ce qui leur permet de vendre la moitié de leur production. A Dong Linh on trouve tous les types de producteur, à Khai Xuan, majoritairement les producteurs intermédiaires. A Thanh Xa, tous les producteurs qui vendent sont des producteurs récents qui cultivent de manière intensive leur thé.

Tableau 27 : caractéristiques des différentes qualité de thé frais (données enquête, 2010)

Qualité Caractéristiques Fréquence de récolte Prix(VND/kg thé frais) A -de 10% de vielle feuilles (1bgon +

2 feuilles)5cm 3à5jr après l’apparition du bourgeon

De 4000 à 4500

B 10cm 7à10jour 3500à4000 C +de 10cm + de10jour 25000a 3000

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3.2.3.4.1.7 La taille

Pour former la charpente du thé, une taille de formation est effectuée les premières années après la plantation durant la phase de pré commerciale (cf. Figure 27).

La première année le tronc est cassé pour permettre une ramification de la base. L’année suivante on coupe l’extrémité des branches ramifiées résultantes de la première coupe, afin d’obtenir un deuxième niveau de ramification (first pruning sur le dessin ci-contre). Cette première taille permet de créer une « table de cueillette » pour la récolte des feuilles. Les tables de cueillette doivent être parallèles au sol (cf. Figure 19). Par la suite chaque année ou tous les deux ans, on recoupe les extrémités 5 cm au dessus des marques de taillage de l’année précédente. On procède ainsi jusqu'à ce que les plants de thé aient atteints 70cm Selon le mode de conduite intensif préconisé par l’usine Phu Ben, il faut alors effectuer un taillage selon un cycle de trois ans avec une coupe longue suivie d’une coupe intermédiaire puis d’une coupe courte de rajeunissement il s’agit alors de la taille de production qui permet d’abaisser la table de cueillette et d’éliminer les brindilles et les branches surnuméraires (Mémento de l’agronome, 2002). La coupe courte ou coupe de rajeunissement permet de

diminuer le nombre de bourgeons qui influence négativement le rendement s’ils sont trop nombreux (Zeiss et al, 2001). Pour limiter l’effet de la coupe de régénération sur les quantités récoltées (la coupe étant plus forte la ramification est ainsi diminuée est donc la quantité de feuilles totales récoltables également), Phu ben recommande de ne pas effectuer une coupe homogène sur l’ensemble de la parcelle mais de procéder par lot avec des stades de coupe différents.

La coupe peut être effectué parallèle au sol afin de permettre un éclairement homogène du soleil sur l’ensemble de la table de cueillette. (voir le dessin figure 28 ci-contre).La plupart des parcelles menée en intensif procède ainsi. Certains agriculteurs indépendants décident cependant de tailler leur thé en suivant les courbes de niveau (forme d’escalier) car cela facilite selon eux la récolte.

Quelques familles disposent de machines motorisées (tailles-haies) pour effectuer la taille de dessus et effectuent de la prestation de service pour les autres exploitants. La majorité des producteurs de plus de 6 sao font appel à ce service facturé 30 000VND/sao. La taille d’un sao est effectuée en une vingtaine de minute. Ce service s’est largement développé particulièrement pour les familles disposant d’un surplus de main d’œuvre. Pour la taille latérale, les théïculteurs utilisent des ciseaux, des couteaux ou encore des sécateurs.

Tableau 29 : Taille de formation des théiers issus de boutures (Source: Tea IPM guide, 2001)

Figure 56 : Taille de production effectuée parallèlement au sol

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Les résidus de la taille sont laissés sur la parcelle et ramené autour des pieds de thé. Le dépôt des branches au sol est la principale source de matière organique d’une parcelle de thé (Mémento de l’agronome, 2002).

3.2.3.4.1.8 Les pratiques d’associations culturales

Le thé peut être associé avec différentes cultures (voir le tableau ci-dessous) annuelles et/ou pérennes.

Intensif Type de conduite Extensif Intermédiaire Sans obligation Avec

obligation Implantation/pré commerciale

Fruitiers/légumes… Manioc/maïs Manioc/maïs

Cassia à feuilles pointues

Stade commerciale/ sénescent

Fruitier/légumes Acacia /nîme Acacia/nîme Cassia à grandes feuilles

Fonction des ces associatiosn

Protection+ autoconsommation

Vente+protection (soleil,adventice)

Vente+protection Protection

Tableau 30 : les associations culturales mise en place avec le thé selon le stade physiologique et la conduite de ce dernier (données d'enquête, 2010) Les jeunes théiers sont très sensible au soleil, et comportent un feuillage peu dense qui ne protège pas le sol de l’érosion mécanique de la pluie. L’association, outre sa fonction commerciale (création d’un revenu avant que le thé ne soit commercialisable) permet donc également d’empêcher les jeunes feuilles d’être brûlées par le soleil et le sol de s’éroder. Par la suite, le thé grandit et se « ferme », le sol n’est alors plus sensible à l’érosion mais devient sujet à la lixiviation du fait du tassement du sol. Association avec des annuelles Le manioc et/ou le maïs sont cultivés durant les deux premières années de la nouvelle plantation. Ils fournissent de l’ombre au jeune thé. La plupart du temps, aucune fertilisation n’est apportée sur ces cultures annuelles (que l’on peut aussi qualifié de culture intercalaire) en association; elles bénéficient cependant des apports effectués pour le thé. Les exportations minérales engendrées ne sont donc pas compensées et il est vraisemblable que ceci contribue à réduire le rendement du thé au stade commercial ; c’est probablement pourquoi l’usine Phu ben interdit ce type d’association. De plus, le manioc étant cultivé pour ses tubercules, la récolte peut être destructrice et causer des dégâts sur des plants de thé encore peu résistants. Les résidus de cultures annuelles sont le plus souvent laissés sur la parcelle pour protéger le sol de l’érosion hydrique. Ceci permet également une restitution de matière organique. Association avec des pérennes Le cassia à feuilles pointues a une croissance très rapide et assure un couvert très rapide mais il s’épuise et meurt au bout de quelques années. Il est alors remplacé par le cassia à grandes feuilles. Ces arbres sont plantés avec un éloignement de 15m au sein d’un même rang et de 2 mètre entre inter rang. Il existe également des cas de conduite intensive du thé où le cassia à feuilles pointues n’a pas été remplacé a sa mort par du cassia à grandes feuilles (la fonction de ce second étant davantage la protection des travailleur du soleil que celle du thé) on observe alors des parcelles uniquement couvertes de thé.

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L’association avec le nîme est un phénomène récent qui tend à se développer du fait du bon prix que rapporte son bois, beaucoup mieux valorisé que celui du cassia. Lorsque des agriculteurs souhaitent abandonner la culture du thé, ils plantent densément des eucalyptus entre les pieds de thé (avec une distance de 2m*2m). Sans apporter d’autre soin au thé il continue de le récolter en attendant de pouvoir récolter les arbres. Ce phénomène a été observé a de nombreuses reprises du fait de la chute des prix constatée ces dernières années et de la pénibilité du travail. En effet, cela demande beaucoup plus de travail d’entretenir une parcelle de thé qu’une parcelle d’eucalyptus. Ces associations génèrent à la fois avantages et inconvénients pour les agriculteurs (cf. Tableau 31 ci-dessous).

Avantages Inconvénients Ombrage pour les jeunes plants Favorise la présence d’insectes Ombrage pour le travail Concurrence pour l’alimentation minérale Protège le thé récolté du soleil Diminue les quantités de thé récoltées Donne du bois de chauffe Apporte de la matière organique Garde l’humidité Apporte un revenu supplémentaire à court ou moyen terme Permet un marquage foncier (séparation parcellaire) Améliore la qualité du thé (Zeiss et al, 2001) Remonte les nutriments du sol

Tableau 31 : Perceptions des producteurs quant aux avantages/inconvénients de l'arbre dans les plantations de thé (source : données d’enquêtes)

Les résultats sont présentés par ordre décroissant de citation par les agriculteurs durant les enquêtes. La première raison d’utilisation des arbres est liée à la pénibilité du travail en pleine journée. L’ombrage diminue la pénibilité du travail, ralentit la fermentation à la récolte et peut être bénéficiaire à la croissance du thé.

3.2.3.4.2 Le stade sénescent Après une vingtaine d’année, la production du thé diminue, la parcelle devient clairsemée. Trois cas de figure sont alors envisageables : -le renouvellement si le capital est disponible et si la trésorerie est capable de supporter 3 à 5ans sans production (car les vielles parcelles produisent peu mais produisent tout de même) -décider l’abandon du thé et planter des eucalyptus entre les pieds de thé -laisser en l’état en cas d’absence de capital. Le renouvellement peut être total (cas des programmes ou des gros producteurs avec une trésorerie solide) ou échelonné sur plusieurs années.

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67

3.2.3.4.2.1 Temps de travail Le graphe ci après illustre le temps de travail nécessaire pour cultiver une parcelle de 1 sao (soit360mètre)par mois, sur une année.

Temps de travail par sao pour le système thé intens if au stade commercial

0

1

2

3

4

5

6

septem

bre

octobre

nove

mbre

déce

mbre

janvie

r

février

mars

avril

mai

juin

juille

tao

ût

Thé récolte

Thé taille(MoExt)

Thé insecticide

Thé engrais

Thé desherbage

Thé travail sol

Figure 57: temps de travail pour un sao de thé au stade commercial conduit en mode intensif) données d’enquête 2010 On remarque bien que le principale poste de travail correspond à la récolte, et que les mois de novembre a mars présente un creux durant lequel de nombreux théiculteurs exercent d’autres activités (maçon, couturières,..) Extensif Intermédiaire Intensif Fertilisation 0,5 1 1,2 Désherbage 0,5 0,7 0,7 Insecticide 0 2 2,7 Taille 0,4 0,4 0,4 Récolte 4 17 30 Total 5,4 21,1 35 Tableau 32: temps de travail comparé pour un sao en fonction du mode de conduite pour un sao de thé (données d'enquête, 2010) On constate que les différences fondamentales de temps de travaux, se trouvent au niveau de la récolte. Le mode extensif ne compte que 5,4 jours de récolte alors que précédemment il a été indiqué que les récoltes s’effectuaient jusqu'à 3 fois par mois ; ceci s’explique par la faiblesse des surfaces concernées. Le temps consacré à l’épandage d’insecticide varie également.

∑jour de travail/sao=35 soit 972jours/ha

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4 Comparaison des systèmes de culture Après avoir étudié indépendamment ces différents systèmes de culture, ils vont maintenant être comparés. (rappel : 1 sao=360m2) Les annuelles Généralités Riz 2 cycles Mais 1 cycle Arachide 2

cycles Manioc

Localisation Bas fond terrasse centrale

Bas fond ou terrasse latérale

Terre de colline Terre de colline

Objectif de production

Alimentation familiale

Alimentation animale/vente

Vente Alimentation animale/vente

Superficie 0 à 10 sao Moyenne 4

0à3sao Moyenne 1

0à4sao 0à4sao

Rendement moyen/sao/cycle

110kg de paddy 70kg de grain 50kg avec coque Frais 300kg Sec 100kg

Prix marché local VND/kg

7000(riz décortiqué)

5200 17 000(sans coque)

3000 (sec)

Tps de travail en jours/an/sao en jour/an/ha

13 jours/cycle 361 jours/cycle

11,5jours 319

11 jours/cycle 305 jours/cycle

10,5 292

Priorité d’allocation de la main d’œuvre et du capital

Tableau 33 : comparaison entre les SC annuelles, généralités (données d'enquêtes, 2010) Aspects techniques Riz 2 cycles Maïs 1 cycle Arachide 2

cycles Manioc

Type de semence Améliorées (50 000VND/kg) Traditionnelle Nbre de pulvé d’insecticide de 16L/an

4à5 2à4 0à1 0

Qté d’engrais apportée

1apport de fond (fumier+20kgNPKS) 2 entretiens 10kgNPK ou N seul

1apport de fond (fumier+20kg NPKS) 2 entretiens 10kg NPK ou N seul

1apport NPK (10kg) a la plantation + de la cendre

1poignée de fumier lors de la plantation

Désherbage/cycle 2 manuel printemps 2 chimique cycle été

2 manuel ou chimique

2 manuel 2 manuel

Temps de récolte Moment précis échelonnée Traitement post récolte

Battage séchage décortiquage

Egrainage séchage

Séchage Décortiquage quand utilisation

Séchage Broyage

Tableau 34 : comparaison entre les SC annuelles, aspect techniques (enquêtes, 2010)

Exemple de calcul économique effectué pour le riz cultivé sur un sao PB 1 750 000 CI 650 000 VAB riz 1 100 000 VAB riz/ha 4 900 000 VAB riz/jW 42 000

Tableau 35 : calcul économique sur un sao de riz 2 cycle (enquête,2010)

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Le riz est la culture annuelle prioritaire en allocation d’intrant et de main d’œuvre, ceci car elle a pour but d’assurer l’alimentation familiale La culture de manioc est celle qui demande le moins d’entretien. Les pérennes Les arbres Fruitiers Arbre à bois Arbre à ombrage Tps de travail total Installation/entretien

+++ + +

Durée de vie 20ans 7 à 14 ans 3 à 15 ans Superficie 1sao De qq sao à 1ha Dépend de la surface

de thé Densité de peuplement Dense (4*4) Dense(2*2m) Clairsemé(8m*5m) Valeur d’un pieds Dépend du fruit

1kg litchi=5000VND 1kg mangue=20 000

Eucalyptus 700 000 VND/pied de 7ans

Ombrage+bois de chauffage

Tableau 36: Comparaison des SC pérennes fruitier/arbre à bois/ à ombrage (données enquêtes,2010) Le thé (en stade productif)

Conduite de thé Extensive Intermédiaire Intensive Objectif de production

Autoconsommation50% Vente fours familiaux 50%

Autoconsommation 1°/°° Vente à des usines et à des fours familiaux

Vente à des usines

Devenir du thé Thé vert Thé noir et thé vert Thé noir Superficie ≈1sao De 4 à 10sao De 10 sao à 30 sao Rendement/ha(kg frais/ha) stade de commercialisation

1 tonne 8 tonnes 15 à 20tonnes

Tps de travail (jours/an)

3, 2 21,1 35

Pic de travail Récolte : de mai à septembre Apport d’intrants Quasi nulle Modérée Importante Nombre de récolte/an/parcelle

16 10 18

Qualité récoltée A B et C B MO employée MO familiale MO majoritairement

familiale + échange de travail MO familiale +échange (si petite surface) +salarié temporaire (si grande surface)

PB/ha

/ 4 400 000 VND 6 650 000 VND

Investissements/sao De 0 à 30 000 160 000 279 000 Importance économique du thé pour l’exploitation

Peu importante Source moyenne à importante, mais pas unique

Principale source d’entrée d’argent

Tableau 37 : comparaison entre différents mode de conduite du thé (données enquêtes,2010) Les cultures annuelles mettent en moyenne 300 jours/ha alors que le thé lui met 1400 jours/ha,

il nécessite donc 4 fois plus de travail. Le système le moins demandeur en travail est celui des arbres à bois. Ceci explique pourquoi

les personnes âgées souhaitant réduire leur activité se tournent vers cette culture ou encore les personnes avec un excès de terres par rapport à la main d’œuvre disponible. Les parcelles éloignées de l’habitation sont choisies préférentiellement pour cette culture.

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5 Modélisation des systèmes de production Un système de production se définit alors comme « une combinaison spécifique de systèmes de culture et d’élevage, combinaison décidée au niveau de la famille en fonction des parcelles accessibles et de leur localisation, compte tenu du matériel disponible (outils, moyens de transport, bâtiments d’élevage ou de stockage, etc..), de la force de travail ou mobilisable moyennant rémunération, des opportunités de crédit de vente sur les marchés » (Fernaton et al., 2002)

5.1 Description des modèles de production La modélisation reprend la typologie d’agriculteurs définie précédemment.

De nombreuses simplifications ont été effectuées pour réaliser ces modèles de système de production :

- le SC thé a été considéré comme toujours en phase de production ; - le SC arbre fruitier n’a pas était pris en compte ; - le SC riz a été assimilé à 2 cycles sans maïs d’hiver

Les calculs économiques relatifs à ces modèles n’ont pas été achevés Le tableau ci-dessous clarifie, pour chaque système de production, le système d’élevage et de culture le composant :

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Système de culture Système d’élevage Activité commerciale SC riz 2

cycles SC manioc/ arachide/ mais

SC jardin

SC thé extensif

SC thé intermédiaire

SC thé intensif

SC eucalyptus/ acacia

SE autoconsommation –alimentaire (volaille et/ou poisson) -force de travail (bovin traction)

SE vente (porc ou poisson)

Sans investissement initial (force de travail) Ou pension

Avec investissement (four, commerce,service Ou a haute valeur ajoutée (assureur, commerce)

SP1 exploitation Obligation de Vente a l’usine (OV), dépendante du thé

x x x x(pension)

SP2 exploitation OV, partiellement diversifié

x x x x x(force de travail)

SP3 exploitation OV diversifiée agricole

x x x x x

SP4 exploitation OV diversifié commerciale

x x

x x x x(commerce)

SP5 exploitation Libre de Vente (LV) partiellement dépendante du thé

x x(peu) x x x x(pension ou location force de travail)

SP6 exploitation LV diversifiée agricole

x x (bcq)

x x x x x

SP7 exploitation LV diversifié commerciale

x x x ca dépend x x x x x(commerce agent d’assurance)

SP8 exploitation autoconsommation de thé

x

Tableau 38 : Tableau descriptif des associations de SC et de SE constitutifs des différents SP (données d'enquêtes, 2010)

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5.2 SP1 exploitation avec Obligation de Vendre le t hé a l’usine Phu Ben(OV), économiquement très dépendante de cette ac tivité

Ces agriculteurs généralement âgés de plus de 50ans et vivant à 2, n’ont pas eu la possibilité historiquement d’accéder à des terres irriguées (exclus de la redistribution du fait de leur appartenance a la brigade de thé, impossibilité d’en acheter par la suite) ou bien les ont déjà transmises a leurs enfants. Ils cultivent uniquement les terres de collines sur lesquelles ils ne sont ni libre du choix de production (obligation de cultiver du thé) ni du lieu de vente (obligation de vendre aux points de collectes de l’usine).Ceci car l’usine est bénéficiaire des terres par contrat (01) avec la province On rencontre ce type d’exploitation dans le nord de la commune de Dong Linh, on les appelle les « ouvriers » de l’usine car ils sont en quelques sortes les descendants des ouvriers de l’ancienne usine d’Etat. Ils sont à la retraite mais cela ne leur suffit pas, il continue donc de travailler le thé. Le culture du thé y est intensive et très suivie par l’usine (brigade de contrôle, réunion mensuelle).

Moyen de production SAU : 4900m2

MO : 2 (personnes âgées) Terre de colline avec obligation de production de thé et de vente a l’usine

Equipement : pulvérisateur, location Revenu extra agricole : retraite thé 1 600 000/mois/personnes

Système de culture Thé intensif 4500m2(12,5sao) théiers 20ans

Intrants de l’usine

Système d’élevage D’autoconsommation : 30poules/an

Achat maïs 5 000kg thé frais Viande pour la famille

Système de culture Jardin d’habitation 400m2 (légume, manioc, fruitier)

Temps de travail SP1

0

10

20

30

40

50

60

70

septem

bre

octobre

nove

mbre

déce

mbre

janvie

r

février

mars

avril

mai

juin

juille

tao

ût

SE poule

SC thé intensif

∑jW SE poule =9 ∑jW SC thé=418

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SP2 exploitation OV, partiellement diversifiée Ces agriculteurs de moins de 50ans avec des enfants à charge, travaillent également des terres de l’usine avec obligation de production et de vente de thé à Phu Ben, mais ils disposent en outre de terres de riz, qu’ils ont soit achetées soit obtenues lors de la redistribution (couple mixte un ancien de la brigade de thé/brigade de riz), destinées à l’alimentation familiale. Le riz avec pour fonction l’alimentation de la famille, est privilégié pour l’allocation en main d’œuvre car il nécessite l’intervention de beaucoup d’individu sur un court lapse de temps (lors du repiquage, lors de la récolte). Si l’exploitation comporte de jeunes enfants (entre 6 et 10 ans car passé cet âge les enfants consacrent beaucoup de temps aux études et n’aident plus vraiment les parents), ces derniers pourront garder un buffle sinon ils en emprunteront un quand nécessaire pour le labour. Le seul revenu agricole n’est pas suffisant pour subvenir aux besoins de 4 personnes, ils doivent donc louer leur force de travail pendant la période creuse de la culture du thé (de novembre à mars) soit en travaillant dans les plantations d’autres théiculteurs de l’usine disposant de grandes surface soit en ayant un emploi extra agricole (maçon pour les homme, serveuse, femme de ménage, couturière pour les femmes). Figure 60 : Schéma de fonctionnement SP3 (enquête 2010)

Moyen de produ ction de SP2 SAU : 5620m2

MO : 2 actifs (4 bouches à nourrir) Terre de colline avec obligation de production de thé et de vente a l’usine

Terres de riz Équipement :pulvérisateur, location, (herse,charrue )

Revenu extra agricole : travail extérieur(agricole ou extra agricole) 15 000 000/an

Système de culture Jardin d’habitation 400m2 (légume, manioc, fruitier)

Système de culture Thé intensif 6000m2(12,5sao)

Intrants de l’usine 6 500kg thé frais

Système de culture 2cycles de riz 720m2

Système d’élevage D’autoconsommation : 80poules/an

Achat maïs

Viande pour la famille

Système d’élevage : 1buffle

Herbes

Paille de riz

Traction,déjection

déjection

Son de riz

Temps de travail SP2

0102030405060708090

100

septem

bre

octobre

nove

mbre

déce

mbre

janvie

r

février

mars

avril

mai

juin

juille

tao

ût

SE bœuf

SE poule

SC riz 2 cycles

SC thé intensif

jours de travail

∑jW =64 ∑jW =16 ∑jW =55 ∑jW =433

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5.3 SP3 exploitation OV diversifiée agricole Outres l’hectare de terres de l’usine qu’ils cultivent en thé, ces paysans possèdent 2 sao de riz voués à l’alimentation de la famille ainsi qu’1hectare de plantation d’eucalyptus et d’acacia. Du fait de la présence de cette culture, différente du thé, et qui génère un revenu agricole supplémentaire conséquent, ce type d’exploitation a été classifiée « diversifiée agricole ». Demandant un faible investissement initiale et un faible entretien, la culture de ces arbres est intéressante lorsque l’on dispose de grandes surfaces mais de peu de MO, il faut de plus avoir des sources d’apport monétaires plus régulier en dehors de cette culture, car les revenus qui en découlent sont conséquents mais très espacés (généralement toute une parcelle est récoltée en une fois). Il faut donc attendre entre 7 et 12 entre deux récoltes. Figure 62 : Schéma de fonctionnement SP3 (enquête 2010)

Figure 64 : calendrier de travail SP3

Moyen de production SAU : 16 120m2

MO : 2actifs (4bouches à nourrir) Terre de colline avec obligation de production de thé et de vente a l’usine + terres de collines libre

Terres de riz Équipement :pulvérisateur, location, (herse,charrue )

Revenu extra agricole : Location de main d’œuvre pour le thé: 150jours

Système de culture Jardin d’habitation 400m2 (légume, manioc, fruitier)

Système de culture Thé intensif 10000 m2 27,8sao

Intrants de l’usine 13 500kg thé frais vendu à l’usine

Système de culture 2cycles de riz 720m2

Systè me d’élevage D’autoconsommation : 50poules/an

Achat maïs

Viande pour la famille

déjection

Son de riz

Système de culture Arbre à bois 5000m2 (14sao)

Intrants 400kg de riz pour la famille

1000 arbres vendus tous les 7ans

Revenu extra agri -Location force de travail -Pension (retraite de l’usine ou de guerre

Temps de travail SP3

020406080

100120140160180

septem

bre

octobre

nove

mbre

déce

mbre

janvie

r

février

mars

avril

mai

juin

juille

tao

ût

SE poule

SC riz 2 cycles

SC thé intensif

∑jW =24 ∑jW =53 ∑jW =962

Figure 63 : calendrier de travail SP3

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5.4 SP4 exploitation OV diversifiée commerciale/ Ce type d’exploitation présente les mêmes systèmes de culture et d’élevage que ceux précédemment cités dans le SP3, mais les surfaces en thé et en arbre sont doublées. Le recours à de la main d’œuvre extérieure est fréquent et représente un poste important de dépense. Ces exploitations disposant d’un capital conséquent ont pu mettre en place des activités extra agricole à haute valeur ajoutée et à moindre pénibilité comme le commerce Figure 65 : schéma de fonctionnement SP4 (enquêtes, 2010)

Figure 66 : calendrier de travail SP4

Moyen de production

SAU : 5620m2 MO : 2 , bouches à nourrir: 4

Terre de colline avec obligation de production de thé et de vente a l’usine + terres de collines libre Terres de riz

Équipement :pulvérisateur, location, (herse,charrue ) Revenu extra agricole :

Location de main d’œuvre pour le thé: 150jours

Système de culture Jardin d’habitation 400m2 (légume, manioc, fruitier)

Système de culture Thé intensif 20 000m2 Théiers renouvelés

Intrants de l’usine 40 000kg thé

Système de culture 2cycles de riz 720m2

Système d’élevage D’autoconsommation : 50poules/an

Achat maïs

Viande pour la famille

déjection

Son de riz

Système de culture Arbre à bois 10000m2 (27,8sao)

Intrants 400kg de riz pour la famille

1000 arbres

Activité extra agricole à forte valeur ajoutée (commerce)

Temps de travail SP4

0

50

100

150

200

250

300

350

septem

bre

octobre

nove

mbre

déce

mbre

janvie

r

février

mars

avril

mai

juin

juille

tao

ût

SE poule

SC thé intensif

(Temps de travail extra agricole non comptabilisé)

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5.5 SP5 exploitation Libre de Vente , partiellement diversifiée Ce type de système de production ressemble grandement au système SP2 (surface de thé, surface riz similaires, présence de buffle si présence d’enfant).Mais il diffère par: -l’absence d’obligation de produire exclusivement du thé sur les terres de collines(ce qui leur permet de cultiver du manioc et du mais leur permettant ainsi de développer un petit atelier d’élevage destinée a la vente, nourri par cette production), -par un rendement en thé inférieur (thé conduit mode intermédiaire et non pas intensif comme dans le SP3) -par la présence d’un petit système d’élevage (porcin ou piscicole) destiné à la vente Là encore le revenu du thé et de l’élevage n’est pas suffisant, pour le compléter -si les exploitants sont jeunes ils louent leur main d’œuvre -si ils sont âgés ils se font aider par leur famille ou bien touche une pension militaire

Moyen de production de SP2/SP5 SAU : 5620m2

MO : 2 actifs (4 bouches à nourrir) Terre de colline avec obligation de production de thé et de vente a l’usine

Terres de riz Équipement :pulvérisateur, location, (herse,charrue )

Revenu extra agricole : travail extérieur(agricole ou extra agricole) 15 000 000/an

Système de culture Jardin d’habitation 400m2 (légume, manioc, fruitier)

Système de culture Thé intensif 6000m2(12,5sao)

Intrants de l’usine 6500kg thé frais 5 000kg thé frais

Système de culture 2cycles de riz 720m2 / 1800m2

Petit Système d’élevage De vente : 1 truie et 3 petits/an

Viande

Système d’élevage : 1buffle

Herbes

Paille de riz

Traction,déjection

déjection

Son de riz

Système de culture de manioc/arachide/maïs 720m2

Figure 68: Calendrier de travail SP5

∑jW =64 ∑jW =24 ∑jW =55 ∑jW =334

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5.6 Autres SP SP6 : Exploitation LV diversifiée agricole Le SP6 s’apparente au SP3 : la différence principale réside en l’absence d’obligation de vente à une usine spécifique et en la possibilité d’avoir de l’élevage comme poste de diversification en plus, ou à la place, du SC arbre à bois. SP7 : Exploitation Libre de vente, diversifiée commerciale (prestation de service, emploi extra agricole à haute valeur ajoutée (agent d’assurance, commerçant,….) Ce système ressemble au SP6 mais avec une activité commerciale à haute valeur ajoutée, en plus. Cette dernière, correspond généralement à un commerce, mais il peut également s’agir d’une activité de vente avec commission, comme agent d’assurance concernant les pertes agricoles par exemple ou bien caisse de retraite privée. On rencontre également des exploitations proposant -du service agricole (taille, labour,) SP8 - un atelier familial de transformation du thé (four familiaux) SP9 SP10 Autoconsommation avec faible vente Caractérisé par de petites surfaces de thé conduites en extensif et ne dépassant jamais 360m2, ce système utilise 50% de sa production théicole pour l’usage de la famille et vend le reste aux petits four familiaux en tant que qualité A. Cette catégorie représente un nombre conséquent d’exploitation.

6 Comparaison qualitatives des systèmes de producti on Comparaison simplifiée entre les systèmes de production Trajectoire des exploitations en fonction de l’âge des exploitants

SP1+riz=SP2+arbre=SP3+commerce=SP4 SP5+arbre ou élevage= SP6+ commerce ou assurance=SP7 SP8= SP5+service SP9=four familiaux SP10= autoconsommation

Jeune installation récente avec enfant en bas age période difficile peu de terre peu de capital

40 ans

état le plus stable, phase d’accumulation importante

60 ans Phase de décapitalisation ou transmission, abandon progressif du travail

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Il s’agit d’une tendance globale certains facteurs peuvent perturber cela: une maladie peut stopper la phase d’accumulation, des parents très riches peuvent permettre d’éviter une phase d’installation difficile. L’importance des exodes vers la ville joue également un rôle non négligeable. Comparaison qualitative des temps de travaux Plus les surfaces sont importantes et le mode de conduite intensif, plus les temps de travaux sont importants et recours l’intervention de main d’œuvre extérieure nécessaire. Il est de plus a noter, que tous les travaux ne se valent pas en pénibilité, ainsi, les théiculteurs les plus riches préfèrent déléguer les travaux dangereux pour la santé (tel l’épandage de pesticide) ou bien laborieux (comme la récolte du thé) à d’autre moyennant paiement. Comparaison qualitative des revenus Il est important de distinguer le revenu agricole du revenu extra agricole ainsi si on ne s’intéresse qu’au revenu agricole les SP3 et 4 aurait le même bilan économique. Comme indiqué sur le schéma de la typologie, les revenu suivent sont corrélés avec le degrés de diversification. Remarque le thé est un facteur de richesse en effet, globalement les personnes ne disposant pas de theiers destinées a la vente sont dans des situations globalement plus précaires. Comparaison entre les différents types de contractualisation Dans la zone étudiée les théiculteurs peuvent être sous contrat avec l’usine Phu Ben ou bien indépendants. Dans le premiers cas, ils sont communément appelés « ouvriers » (car considérés comme les descendants des ouvriers de l’ancienne ferme d’état), et ont l’obligation de vendre l’intégralité de leur production située sur des terres commerciales, à l’usine. Il leurs est en outre interdit de cultiver autre chose que du thé sur ces terres de collines. Ces deux statuts comportent respectivement des avantages et des inconvénients qui sont décrits dans le tableau ci-après. comparaison

Tableau 39 : Comparaison entre les types de contractualisation (enquêtes,2010)

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Conclusion Dans le district de Thanh Ba, province de Phu Tho dans le Nord du Vietnam, depuis la redistribution des terres en 1988, une grande diversification des exploitations agricoles s’est mise en place. Le thé, source de revenue primordiale de cette zone de collines, est un facteur important dans la différenciation agricole locale. Parmi les paysans cultivant le thé à des fins commerciales, on observe une différenciation en fonction de la dépendance économique vis-à-vis de cet atelier (degré de diversification, nombre de système de culture et d’élevage, finalités de ces derniers) qui se traduit par des pratiques différentes. A partir de ces pratiques, trois modes de conduites différents ont pu être identifiés: - un mode « intensif », qui se traduit par un fort investissement en capital (intrants, qualité des semences,…) et en main d’œuvre (récolte fréquente, emploi de salariés temporaires). Dans cette catégorie on observe 2 sous types à savoir:

les théiculteurs avec obligation de vente à l’usine de Phu Ben et qui sont contraints de suivre le protocole de l’usine; en orange sur le dessin ci-dessous

les gros producteurs indépendants (au moins 10 sao soit 3600m2) qui décident de suivre les pratiques préconisées par l’usine Phu Ben et les formateurs des programmes AFD (programme nationaux d’implantation de nouvelles parcelle de thé). En jaune ci-dessous - un mode « intermédiaire » ; il s’agit de théiculteurs pour qui le thé est un poste important mais qui ont d’autres sources de revenus ; ils n’intensifient pas davantage leurs productions car ils manquent de fond pour financer une main d’œuvre extérieure (afin d’augmenter le nombre de récoltes) et/ou pour acheter davantage d’engrais ; en bleu sur le dessin ci-après - un mode « extensive » ; ce cas renvoie aux paysans cultivant quelques pieds pour la consommation familiale dans le jardin de l’habitation, sans emploi de pesticide, et vendant quelques excédents. En violet sur le dessin ci-après L’étude de la dépendance économique vis-à-vis de l’atelier thé donne 8 types d’exploitation, que l’on peut recroiser avec les modes de conduite (voir zone de couleur sur le schéma ci-dessus). Ces différents groupent illustrent une partie de la diversité agricole de la zone étudiée

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7 Bibliographie Articles, rapports -Boulanger, 2009,Systèmes de production pérenne en zone d’altitude du Vietnam-Le thé dans le distict de Van Chan, province de Yên Bai -Nomafsi, 2008, Appui au développement de l’approche agroécologique en régions de moyenne altitude et de montagne du Nord Vietnam,Dossier Projet,41p. -Sadoulet D.,Castella J.C., Nam V.H., Quang D.D., 2001,Dynamiques agraires, gestion des ressources naturelles et différenciation des exploitations agricoles dans une zone de montagne du Nord Vietnam, Cahiers Agricultures, Vol.10,No.5, 307-318. -Zeiss et al., 2001, Tea Integrated Pest Management ecological guide, CIDSE/Vietnam,202p. Ouvrages -Bergeret P., 2002. Paysans, état et marché au Vietnam :dix ans de coopération agricole dans le delta du Fleuve Rouge, Paris : Karthal et Edition du Gret, 286 p. -Castella J-C,Dans Dinh Quang, Tran Dinh Long, Le Quoc Doanh, 2002. DoiMoi in the mountains – Scaling up diagnostic studies to understand development issues in a heterogeneous mountain environment : an introduction to the SAM Program, The agricultural Publishing House, Hanoi (Vietnam), 283 p. -Mémento de l’agronome, 2002 Montpellier: CIRAD, Gret, Ministère des Affaires Etrangères, 1961 p - Nicolas Ferraton, Isabelle Touzard, 2009. Comprendre l’agriculture familiale, diagnostic des systèmes de production, QuaeCta,Pressesagronomiquesde Gembloux -Centre de recherche et de développement des systèmes agraires,2007, Aperçu sur la production théière dans la province de Phu Tho Resources en ligne -General statistics office of Vietnam : http://www.gso.gov.vn, consulté le 20 septembre 2010 -CNUCED, consulté en septembre 2010 -Google earth, consulté en septembre 201

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8 Annexes Annexe 1 Exemple de calcul de revenu (SP1) b Annexe 2 Prix de référence c Annexe 3 Les travaux rizicoles en image d Annexe 4 Quelques photographies d’outils agricoles e Annexe 5 La transformation du thé en image(atelier familial vs petite usine) f Annexe 6 Le cas de l’usine Phu Ben g Annexe 7 Les différents procédés de transformations du thé et les produits qui en résultent

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8.1 !Exemple de calcul de revenu (cas le plus simp le SP1)

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8.2 Prix de référence Prix de référence alimentaire

Prix de référence agricoles

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8.3 Les travaux rizicoles en image

Labour à la machine

Hersage après un labour avec un buffle

Aplanir la terre après le hersage

Repiquage en plaquette

Battage post récolte

Figure 70: Les différents travaux rizicoles (auteur, 2010)

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8.4 Quelques photographies d’outils agricoles

Herse charrue râteau

Le motoculteur à moteur

Les petites faucilles pour la récolte du thé

La tailleuse à moteur

Figure 71 : Photographies d'outils agricoles

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8.5 La transformation du thé : ateliers familiaux v ersus petites usines

Le séchage à l’air

L’arrêt de la fermentation

Le broyage

Figure 72 : photographie des différentes machines de transformation du thé (à gauche atelier familiale, à droite petite usine) auteur, 2010

Différence thé vert/thé noir= le degré de fermentation Le thé vert est très rapidement mis au four afin de stopper au plus vite la fermentation

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8.6 Le cas de l’usine Phu Ben Bref historique occupation française

Mise en place plantation de thé

54 Etatisation de l’usine 72 Programme de développement du thé 1997 Join venture création du nom Phu Ben 2007 Entreprise complètement privée Etre sous contrat avec l’usine -suivre pratiques -contrôle/suivi (réunion mensuelle, amende,…) -retraite Pratiques imposées aux théiculteurs Obligation des paysans

Pénalités si non respectées

Superficie minimale de 4000m2

Pas de contrat

Vendre l’intégralité de sa production à l’usine

Rupture de contrat(pour terre commerciale=perte terre et pour terres01=rembourser insecticides)

Objectif a atteindre fixé par phu ben et progressif chaque année thé grain = 15tonne/ha thé amélioré = 20tonn

2000dg/kg en moins

Desherbage à la main en mars Amende Plant d ombrage(casia ou margousie espacée de 10 sur une meme ligne et de 20m sur 2 rangs) Tous les ans mettre de la chaux sur le tronc

Amende

Insecticide interdit 8jours avant la recolte

Refus du thé

Suivre protocole de taille sur 3ans(bas puis milieu puis haut) et laisser residu au pied des plants

Amende

Recolter a la main(Phu Ben veut majoritairement du B)

Pass en catégorie C –bien payé

Assister au réunion mensuelle Amende Contrainte à l’implantation (distance entre plants, variété)

Amende

Canaux d evacuation des eaux 50a70 000/canaux non fait

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8.7 Les différents procédés de transformations du t hé et les produits qui en résultent

Figure 73 : Les différents procédés de transformation du thé