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Diapo1
Diapo 2
Il s’agit ici du projet initial. Suite à l’exposé de Henri
Ribot du 8 octobre, j’ ai recadré cette intervention
sur 3 points
1) Fondation du Saint empire romain germanique où entrera la Provence
en 1032 et y restera jusqu’en 1480
2) Arles au XIIe et au début du XIIIe siècle au cœur des conflits
3) Autres exemples Marseille et Metz villes de l’empire romain
germanique
PREMIERE PARTIE LA CONSTRUCTION DU SAINT EMPIRE
ROMAIN GERMANIQUE
Diapo 3
Le traité de Verdun 843
Le traité de Verdun a été conclu entre les
trois fils survivants de Louis le Pieux, les
petits-fils de Charlemagne, se partagent ses
territoires, l'empire carolingien, en trois
royaumes
2
Diapo 4
Le traité de Prün 855
La Lotharingie disparaît rapidement. Dès la mort
de Lothaire en 855, par le traité de Prüm, elle est
partagée entre ses trois fils
Diapo 5
Le traité de Ribemont
est signé à en février 880 entre Louis III le
Jeune, roi de Germanie, et ses cousins, les frères
carolingiens, Louis III de France et Carloman II
Ils se rencontrent à Ribemont.
Les rois de France concèdent à Louis le Jeune la partie de
la Lotharingie qu'ils possèdent déjà et peuvent ainsi mener la lutte contre
les vikings.
Diapo 6
Otton 1ier empereur de l’Empire
romain germanique
La Diète était une institution du Saint-
Empire chargée de veiller sur les
affaires générales et de trouver une
solution aux différents qui pourraient
s'élever entre les États confédérés. Elle
existait déjà dans l’empire de
Charlemagne
Conrad le Jeune est élu par les grands chefs régionaux, et n'a aucune
parenté directe avec la dynastie carolingienne de Francie orientale qui
vient de s'éteindre sans héritier.
Le roi Conrad Ier comte franconien meurt sans descendance après avoir
été gravement blessé durant une campagne contre un de ses rivaux. Les
chroniques rapportent qu'il avait demandé à son lit de mort son frère
cadet, le margrave Eberhard de Franconie de remettre le sceptre royal
3
au duc Henri de Saxe. Son fils Otton 1ier va lui succéder et continuer ses
conquêtes (ou pacifications) et sa lutte contre les rebelles.
Durant un long règne, il donne à la royauté germanique un rayonnement
et un prestige hors pair, tant par son sens de la gestion politique que par
ses victoires militaires.
Il se proclame roi d'Italie après avoir avancé avec son armée jusqu’à
Rome et vaincu le roi d’Italie Béranger II qui avait empoisonné le roi
précédent Lothaire.
Otton épouse la veuve de Lothaire la reine Adélaïde, et il se fait
couronner par le pape Jean XII empereur de l’Empire romain
germanique.
Diapo 7
Le pouvoir des évêques
Otton met en place une organisation qui
va lui permettre de consolider son empire
et le faire durer plusieurs siècles
contrairement aux carolingiens. Il se
proclame le chef de l’ église catholique
avec droit de choisir le pape. Il est le seul
responsable des terres et les biens de l’église à l’intérieur de l’empire. Il
nomme les évêques à qui il confie une crosse pour le pouvoir religieux et
un anneau pour le pouvoir temporel.
L’’évêque devient ainsi le représentant de l’empereur dans la ville où il a
été nommé et où Il a un pouvoir absolu. Il gère les biens de l’église
comme ses biens propres mais ne peut les transmettre à ses héritiers.
L’empereur peut révoquer les évêques s’il juge qu’ils n’accomplissent
pas leur tâche correctement ou sinon l ‘évêque sera remplacé à sa mort.
Il nomme généralement des personnes de son entourage en qui il
confiance.
Leur comportement d’un évêque est celui d’un prince. Par exemple à
Metz on dit le prince évêque. Ils peuvent négocier avec d’autres
seigneurs, engager des soldats pour défendre le territoire de leur ville. Ils
choisissent leurs collaborateurs. Le pouvoir épiscopal s’appuie sur les
seigneurs locaux pour des conseils ou les opérations militaires.
4
Il contrôle également le clergé local, paroisses, abbayes …
La faiblesse des empereurs carolingiens étaient liés à leur manque de
revenus. L’argent était collecté par les seigneurs locaux mais il n’y avait
pas de restitution au niveau national. Ils ne pouvaient que puiser sur
leurs propres revenus. La vassalité n’oblige qu’à fournir des soldats à
certaines périodes, des cadeaux mais pas de revenus réguliers.
L’empereur veille à conserver l’intégralité des biens de l ‘église, les biens
sont en viager et sont gérés par l’évêque. Il est informé de ce qui se
passe dans son empire par les rapports qu’ils doivent lui envoyer. Les
évêques sont formés dans des universités où en plus des connaissances
religieuses ils vont acquérir des connaissances en droit canon et droit
romain.
Diapo 8 Un empire fait pour durer
En contrôlant l'Italie et la Germanie les empereurs
contrôlent l'axe commercial nord-sud de l'Europe et y
reçoivent le produit du tonlieu (taxe sur les péages et les
marchés). Ils développent d'ailleurs les marchés et les
routes dans un Occident en pleine croissance
économique. Ils peuvent aussi compter sur les mines d'argent
de Goslar ( pour les ottoniens) qui leur permettent de battre
la monnaie et de dynamiser encore plus le commerce.
La faiblesse des souverains carolingiens venait de l’émiettement des
territoires au moment de la succession. Le choix d’élire un empereur
évite ce problème. Mais il est clair que cela se fait sur les bases d’un
rapport de force. Pour l’éviter les empereurs vont faire élire leurs
successeurs durant leur règne comme roi des romains par la diète après
sa mort ils seront sacrés « empereur » par le pape après sa mort.
La diète ou Reichstag ne se réunissait pas à intervalles réguliers, et le
lieu de réunion changeait à chaque fois.
Chaque État n'avait qu'une voix et les décisions étaient prises à la
majorité absolue.
5
Diapo 9 Un système qui va fonctionner
jusqu’au début du XIe siècle
962 1073
Au Moyen Âge, l’investiture est un acte par
lequel une personne met une autre en
possession d'une chose. Au Xie siècle, les souverains estiment que le fait
de confier à un évêque ou à un curé des biens matériels leur permet de
choisir l'officiant et de lui accorder les investitures spirituelles.
Mais au milieu du XIe siècle, des voix s'élèvent contre les maux dont
souffre l'Église, les premiers étant l'immoralité et l'incompétence du
clergé. Henri III, proche des Clunisiens, est sensible à la
dégénérescence morale de l'Église et favorable à la réforme monastique
préconisée par Cluny.
Henri III encourage un mouvement de réforme de l'Église, qui soutient
l’élection de papes réformateurs.
Il meurt rapidement et à sa mort son successeur, son fils roi des romains
et futur empereur Henri IV est un enfant de six ans. Sa mère va assurer
la régence. Mais la papauté va en profiter pour se détacher de l’empire.
Diapo 10 La querelle des investitures
1073-1122
Alors que la réforme monastique a été le
meilleur soutien de l'Empire, les choses
évoluent sous Henri III. À partir de Léon IX,
les souverains pontifes, inspirés par
Hildebrand un moine toscan leur éminence
grise (le futur Grégoire VII en 1073), vont faire de la lutte contre la
simonie un de leurs principaux chevaux de bataille.
La simonie consiste en l’achat, la vente de biens spirituels,
de sacrements, de postes hiérarchiques, de charges ecclésiastiques ou
de services intellectuels.
Profitant de la régence d'Agnès de Poitou, ils parviennent à ce que le
pape soit élu par le collège des cardinaux et non plus désigné par
l'empereur. Une fois cela acquis, ils comptent lutter contre l'investiture
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des évêques germaniques par l'empereur. Or on l'a vu, les évêques sont
la clef de voûte du pouvoir impérial. L'enjeu est clair : l'Occident doit-il
devenir une théocratie ? Lorsque Henri IV essaie d'imposer son candidat
à l'évêché de Milan en juin 1075, le pape Grégoire VII réagit aussitôt et
l’excommunie
Henri IV doit se rendre à Canossa pour demander pardon au pape en
1077. Il se venge en assiégeant Rome et le pape se réfugie au château
saint Ange et fait appel aux normands…
Un accord est trouvé en 1122 avec son successeur . Il est connu sous le
nom de concordat de Worms. L'empereur renonce à l'investiture par la
crosse et l'anneau. Il accepte la libre élection des évêques par
le chapitre canonial de la cathédrale (assemblée de chanoines). En cas
de conflit lors de cette désignation, il peut arbitrer en faveur du candidat
le plus digne. Il donne ensuite l'investiture temporelle sous la forme d'un
sceptre pour les biens fonciers et les fonctions régaliennes de l'évêque.
Ce dernier a l'obligation de s'acquitter des tâches que lui imposent les
terres concédées par l'église et sous tutelles de l’empereur .
DEUXIEME PARTIE ARLES AU XIIe et milieu du XIIIe dans le saint
empire romain germanique
Diapo 11
En 1032 l’empereur Conrad II le
Salique du Saint Empire romain
germanique a reçu l'héritage du roi de
Bourgogne-Provence le dernier roi de
Bourgogne Rodolphe III. Conrad II est
le père de Henri III et a pour petit fils d
Henri IV.
7
Diapo 12
Les empereurs germaniques non
possessionnés en Provence ne disposent,
malgré leur titre et leur suzeraineté, d'aucun
pouvoir supplémentaire et la Provence est
dans les faits pratiquement indépendante.
Néanmoins, en dépit d'un rejet initial, des liens
étroits sont établis entre l'Empire et la ville d'Arles. Par exemple,
en 1046 l'archevêque d'Arles Raimbaud de Reillanne agit en prélat du
Saint-Empire : il participe au synode de Sutri défend les thèses
grégoriennes et la paix de Dieu et assiste à Rome, au couronnement de
l'empereur Henri III . L'archevêque devient en quelque sorte le vicaire de
l'Empereur à Arles. Les Arlésiens vont par la suite profiter de cette
situation jusqu'au milieu du xiiie siècle pour jouer l'empereur distant
contre le comte relativement trop présent.
Diapo 13
1032-1125
En 1078, le comte de Provence recherche
l'appui du pape en accusant l'archevêque
de simonie, puis en 1081, en se plaçant sous
la suzeraineté papale, renie ses liens de
vassalité avec l'Empereur Germanique. L’évêque Aicard de Marseille le
prélat arlésien nommé par l’emperur est toutefois soutenu par le peuple,
le clergé, les familles des Baux et des Porcelet et le comte de Saint-
Gilles (plus tard de Toulouse puis comte de Tripoli), Raimond IV. Ainsi,
la ville refuse la destitution en 1080 de son archevêque Aicard (de la
famille des vicomtes de Marseille) et interdit l'entrée à Gibelin de Sabran,
le nouveau prélat désigné par le pape. Raymond IV emmènera Aicard
dans la première croisade mais d’après les historiens il en est revenu et
a probablement repris sa place et Gibelin qui lui est devenu patriarche
de Jérusalem.
Finalement, ce n'est qu'après 1096 que l'Église profitant de l'absence
des dynasties locales, parties en croisade, pourra mettre de l'ordre dans
sa hiérarchie, plaçant des réformateurs non liés au pouvoir local.
On peut y voir au niveau politique, le ferment des idées d'émancipation
de la cité qui se concrétiseront cinquante ans plus tard par le consulat.
8
Lutte au début du XIIe siècle des prétendants au titre de comte de
Provence et en particulier au fils de Raymond IV, Alphonse Jourdain qui
aboutit en 1125 au partage de la Provence en 3 entités distinctes ; Arles
continuant à faire partie du comté de Provence.
. Diapo 14
1130-1220
A Arles la lutte des héritiers pour le comte de
Provence gène le développement du
commerce et l’enrichissement de ses
habitants.
Un historien moderne, Jean-Pierre Poly précise :
« C’est la force et la puissance des chevaliers citadins qui donnent
naissance aux premières communes provençales, avant le milieu
du XIIe siècle ».Le rôle grandissant des Arlésiens est ainsi consacré par
l’apparition d’un consulat de caractère aristocratique avec le soutien
(opportuniste ?) de l'archevêque d'Arles, Bernard Guerin (1129-1138).
Dans le conflit opposant les maisons de Barcelone et de Toulouse les
évêques restent neutres mais sont plutôt bienveillants pour Alphonse
Jourden.
Le mot consulat met aussi en évidence la possibilité d'un héritage
institutionnel romain.
La charte du Consulat est rédigée du milieu du XIIO siècle et les statuts
ont évolué jusqu’au milieu du XIIIe
Durant le XIIe siècle ce sont d'abord les droits de justice et de
souveraineté militaire qu’ obtient le Consulat
Les autres articles traitent de l'administration de la ville, des métiers, du
crédit, de l'hygiène.
La prise en main par le consulat a été longue, en 1200, le comte détient
toujours les droits de péage, les droits sur les marchés, sur le sel, le
monopole du vermillon, les droits d'albergue et de cavalcade, la
monnaie. Le consulat n’a encore que peu de moyens financiers.
9
Diapo 15
Chaque année, le premier mardi après
Pâques, les consuls au nombre de
douze sont élus : De deux à quatre par
quartier. Les consuls sont choisis par
cooptation dans le sein du Consilium
de 120 membres formés pour moitié de
milites et pour moitié de probi homines.
Mis à part les Juifs, les membres du clergé, les classes les moins
fortunées, deux groupes d'hommes comptent alors : probi homines et
milites, termes que l'on traduit par bourgeois et chevaliers urbains. Pour
être électeur il faut être arlésien et propriétaire et appartenir à une des
deux catégories sociales. Les femmes veuves exerçant une activité
commerciale ont le droit de vote.
Nul ne peut être deux fois consul en cinq ans. Le Consilium, outre les
consuls, désigne les juges et les clavaires-(secrétaires) chargés de
l'administration des finances communales. Seul un petit nombre de
familles a accès au Consulat : trente à trente-cinq familles ont vu l'un des
leurs exercer des fonctions consulaires et seulement dix à douze ont
réellement une importance politique.
Au XIIe siècle les évêques sont maîtres à bord. Suivant une vieille
tradition qui les rend recteurs des villes, les prélats affirment avec
d’autant plus d’autorité leur seigneurie que différentes factions se
disputent âprement le contrôle du consulat : l’évêque devient alors
l’arbitre de ces luttes interminables. C’est particulièrement vrai à Arles,
où des combats entre quartiers prolongent le vieil antagonisme entre les
Baux et les Porcelet : les premiers sont les seigneurs d’une partie de la
Cité, du Bourg Neuf et de Trinquetaille, tandis que les seconds étendent
leur seigneurie sur le Vieux-Bourg ; des combats s’engagent entre les
clientèles urbaines des deux puissantes familles pour contrôler le
quartier du Méjan..
Trois actes de la diplomatie arlésienne révèlent les progrès du Consulat.
En 1155, les trois seigneurs, l'archevêque, le seigneur des Baux et les
Porcelet signent un traité avec Gênes; avec la même cité, un accord est
conclu au début du XIIIO siècle, aux côtés des trois seigneurs, un
représentant du Consulat appose sa signature. En 1210, la situation est
renversée; les consuls représentent le seigneur, l'archevêque.
10
La commune s'efforce de monopoliser le plus possible des ressources
financières comme par exemple le sel. En 1207 des difficultés
financières obligent Alphonse II à mettre en gage les salines qu'il tient
contre 46.000 livres prêtées par les bourgeois d'Arles .
Le commerce du vermillon (à partir d’une cochenille méditerranéenne),
passe aussi en 1207 des mains du comte dans celles des bourgeois,
C'est bien l'archevêque, qui, pour le consulat, reste la puissance la plus
redoutable. Il essaye de profiter des rivalités qui opposent les nouveaux
riches, les classes moyennes et populaires au patriciat. Les membres du
consulat ont bien compris le danger : ils sont opposés à toute
intervention de l'Eglise dans les affaires urbaines.
Diapo 16
Arles n'est véritablement ni une cité maritime,
comme Marseille, ni une ville de l'intérieur comme
Aix.
Comme l'ensemble du Comté, la région produit du blé, du vin, des olives,
nourrit des ovins; grâce au vermillon, la Crau fournit à l'industrie du
textile un rouge très apprécié.
L'élevage, favorisé par les ordres religieux, connait une grande extension
: les cossouls de la Crau servent en hiver de terrains de parcours aux
moutons transhumants; la Camargue les reçoit, elle offre aussi ses
pâturages aux chevaux et aux bovins
L'étang de Vaccarès, possession du comte, passe dans les mains de la
commune ; ses salines deviennent l'une des grandes richesses d'Arles.
Avec ses multiples usages (alimentation de l'homme et du bétail,
tannage, salaison de viandes et de poissons), le sel est par excellence
un produit commercial. II contribue à valoriser certains produits de la
terre, à en faciliter l'écoulement.
Malgré tout, un fait s'impose : le commerce arlésien n'est pas un
commerce lointain. Le trafic arlésien est un commerce local portant au
premier chef sur le sel. Tout ce qu'Arles compte de puissants s'intéresse
11
à cette denrée . L’archevêque, le comte, les Hospitaliers de Saint-
Thomas de Trinquetaille…
Des terres sont remises en culture et dans la région de nombreuses
chapelles sont bâties pour le service paroissial des laboureurs
nouvellement installés. La cité elle-même se développe : une
charte signale la présence de maisons à l'extérieur des murs de la ville,
non loin de la porte Saint-Étienne.
Après les années de tension et de conflits, la ville s'ouvre aux
commerçants italiens à partir de la fin du xie siècle à l'époque
où Gênes et Pise deviennent des puissances en Méditerranée. Arles est
une étape des italiens qui exportent le drap flamand vers le Moyen orient
mais ils achètent peu de produits sur place.
Le port souffre d'ailleurs de conditions déplorables à tous les points de
vue. Conditions matérielles d'abord : un port mal aménagé qui oblige à
charger et décharger les marchandises sur de petits navires, les
embarcations trop importantes ne pouvant aborder les quais, l'absence
de navires attestée aussi bien par les registres du notaire marseillais
Amalric (les contrats signés avec Nice et Pise sont réalisés sur des
navires marseillais)
Le commerce méditerranéen (et européen) était surtout dans les mains
des Marseillais, des Languedociens et des Italiens.
Mais alors qu’est ce qui permet aux habitants de s’enrichir aussi vite ?
Diapo 17
Réponse : Les prêts énormes
consentis par les grandes familles
aux différents comtes et
archevêques dans la seconde moitié
du xiie siècle et au XIIIe témoignent
de cette nouvelle puissance. La
cession pure et simple ou remise en
gage de revenus en compensation
de ces prêts expliquent le rôle sans cesse croissant joué par les
chevaliers arlésiens.
Certains ont voulu voir dans les conflits qui opposent les probi homines
et les milites l'essentiel des luttes politiques arlésiennes. Certains faits
12
ont pu donner une apparence de réalité à cette thèse et faire croire à
une distinction nette, voire à une opposition : conflits pour la possession
d'impôts ou de droits de péage, prise du titre de milites par des
bourgeois anoblis.
La propriété du sol est d'ailleurs la condition de la citoyenneté arlésienne
: tout étranger arrivant dans la ville et désirant l'acquérir doit dans les six
mois transformer un tiers de ses biens en possessions immobilières et
foncières. A Arles, tous les riches, milites, probi homines, bourgeois
enrichis mais n'ayant encore accédé à aucun de ces deux états,
possèdent des terres : l'extension du territoire arlésien a favorisé cette
situation
Aux XIIe et siècles de nombreuses maisons religieuses s’installent à
Arles. La position de la ville explique aussi la présence d'un très
nombreux clergé séculier et régulier :dernière étape avant les Croisades,
elle était toute désignée pour les Templiers et les Hospitaliers; position
de défense à la limite du domaine cathare, elle exigeait la présence des
ordres mendiants. L'archevêque s'est montré généreux à l'égard de ces
ordres car ils constituaient pour lui un appui contre le chapitre de la
cathédrale et rehaussaient l'éclat de sa puissance spirituelle.
Parmi tous ces ordres, l'Hôpital est installé à Saint-Thomas de
Trinquetaille; grâce à des donations, à des achats, il accroit ses
domaines. Les chevaliers de l'ordre à Saint-Thomas font sur une grande
échelle le commerce des produits agricoles mais aussi celui de l'argent.
Pendant la première moitié du XIII' siècle, ils achètent des terres, prêtent
sur gages et, à partir de 1220 environ, on voit parmi les emprunteurs et
les vendeurs des bourgeois connus autrefois comme donateurs.
Diapo 18
L’abbaye de Monmajour, réputée, reçoit de
nombreux dons et vers 1100, 112 églises et
prieurés dépendent d’elle en Provence.
Du XIe au XIVe siècles, l'abbaye entretient
avec la ville d'Arles des rapports conflictuels,
en particulier en ce qui concerne les limites de son territoire, les marais
et les droits de pêche et de chasse. Mais paradoxalement Arles, où
l'abbaye possède deux églises paroissiales, représente un marché
financier et une cité où les moines trouvent leurs fournisseurs,
13
marchands et artisans. Les Arlésiens constituent également pour le
monastère un réservoir de main-d'œuvre. Au xiiie siècle, l'abbaye de
Montmajour est très riche et son abbé a le train de vie d'un grand
seigneur.
Le pèlerinage de Montmajour appelé Pardon de Montmajour crée en
1019 par l’archevêque d’Arles Pons de Marignane. Ii accorde à cette
occasion la première indulgence historiquement attestée. Pendant tout le
Moyen Âge, l'abbaye draine tous les 3 mai de nombreux fidèles de la
région, jusqu'à 150 000 pèlerins par an d'après un chroniqueur arlésien
de la fin du xive siècle. En 1426, on compte encore 12 à 15 000 pèlerins
venant par le Rhône jusqu'à Arles pour le pèlerinage de Montmajour.
Diapo 19
La Cité, Trinquetaille, le Bourg Neuf et le
Bourg. En dehors de Trinquetaille, sur l'autre
rive du Rhône, quartier rural peuplé d'artisans
et de paysans, dominé par la famille des Baux,
elle présente la dualité des cités épiscopales
de la Gaule « Bourg-Cité mais d'une manière
originale. Au centre, se dresse la Cité, ville archiépiscopale et
administrative où, autour du palais de l'archevêque, de Saint-Trophime
et des Arènes, se pressent d'innombrables établissements religieux et
églises. Au Nord et au Sud, les habitations ont largement débordé les
murs romains et deux quartiers commerçants méritent le nom de Bourg
II serait faux d'attribuer aux milites des fonctions militaires, aux probi
homines des fonctions administratives. Les périodes de paix, l'attrait des
professions non militaires, les bénéfices procurés par l'écoulement des
produits agricoles ont amené les milites à s'éloigner des occupations
purement chevaleresques. On pourrait multiplier les exemples. La plus
puissante famille arlésienne à côté de celle des Baux, la famille des
Porcelets, tire une part considérable de ses revenus du commerce du
bétail et de la laine, de celui du sel et du poisson; elle tient en fief des
pêcheries et des étangs aux Saintes-Maries et près du port du Vieux
Bourg. . Même lorsque leurs activités sont étrangères à la chevalerie, les
milites sont soucieux de maintenir leur rang d’après le, témoignage de
Gervais de Tilbury. Noble anglais Juge mage du comte de Provence
alphonse II
14
Les chevaliers urbains arlésiens possèdent de vastes alleux (une terre
dont le possesseur ne doit pas d'hommage ou de reconnaissance à un
seigneur.)autour de la ville et tiennent de l’Église des terres très
étendues que souvent ils inféodent à leur tour à des citadins aisés, mais
de moindre envergure. On distingue les primats (les Baux,
les Marseille …) et les hommes enrichis par le commerce renaissant qui
sont dans une position d’autant plus forte qu’ils ont reçu la garde de
noyaux fortifiés. Ces forteresses en pleine ville sont édifiées sur les
restes de monuments romains. Par exemple la famille des Astiers tient la
porte décumane ouest. Sur le Forum, les restes d’un ancien temple
d’Auguste sont aussi fortifiés : c’est le Capitole. À l’intérieur du Théâtre,
un château est tenu par la famille de Carbonières. Les noms de
certaines familles de chevaliers évoquent ce rôle militaire : de Arma, de
Porta, de Turre, de Arenis
Diapo 20
Vers 1200, les comptes de Barcelone ont
triomphé dans les ultimes batailles qui les
opposent aux aristocrates : les Baux, les
Fos et les Agout-Simiane ont enterré à
jamais leurs velléités de révolte. La ville
d’Arles a aidé à ce résultat avec ces
chevaliers urbains
Le nouveau comte de Provence Alphone II adopte une nouvelle stratégie
anti-épiscopale et d'alliance avec le comte de Toulouse dans la mesure
où il craint les visées politiques de l'Église, avec la tournée du
légat Pierre de Castelnau ). Ce légat est chargé par le pape Innocent III
de combattre l’hérésie cathare dans le sud-ouest de la France et
principalement dans le Languedoc (famille Barcelone) et le comté de
Toulouse (Raymond VI de Toulouse).
Guilhem Porcelet, suivant la nouvelle politique du comte de Provence,
est ainsi le témoin dans la ville de Millau de la signature d'un pacte
d'alliance entre Pierre II d'Aragon, Alphonse II de Provence et Raymond
VI de Toulouse
À Arles, pour les grandes familles, la menace se fait plus pressante
lorsque , l'archevêque accroit son pouvoir dans la ville en s'arrogeant le
15
droit de nommer les consuls. Dans ces conditions, les Baux et les
Porcelet passent en juillet 1207 à Arles un pacte avec Alphonse II de
Provence dans lequel ils décident d'unir leurs efforts contre l'archevêque
de la ville. En janvier 1208, cette attitude anti-épiscopale se traduit par le
meurtre de Pierre de Castelnau assassiné par un proche du comte de
Toulouse et des Porcelet à Saint-Gilles
À la suite de cet incident et de l'opportunité offerte par le décès du comte
de Provence, Alphonse II, le 2 février 1209 à Palerme*, le conflit va
désormais s'étendre.
Le désenchantement progressif de tout un pan des élites urbaines à
l’égard de l’épiscopat ne manque pas d’intérêt. Le consulat – qui était né
sous l’inspiration de l’enseignement dispensé dans les cathédrales et qui
avait grandi sous la protection des évêques prend ces distances avec
eux
Diapo 21
Diapo 22
16
Diapo 23
En 1215, par décision du 4ème concile du
Latran, Simon de Montfort se voit attribués
les États du Comte de Toulouse. En
septembre 1217, la lutte reprend, et avec
l’aide des Aragonais, Raymond VI résiste victorieusement au siège de
Toulouse mis en place par les croisés. Le 25 juin 1218, le chef des
barons du Nord sera tué devant la ville. Dès lors, le Comte va
reconquérir la presque totalité de ses biens et fiefs, avant de mourir
subitement le 2 août 1222. Raymond VI, qui par deux fois a été
excommunié par l’Église, se verra refusé un enterrement chrétien.
Diapo 24
1220 1236
Les Porcelet et les Baux, retenant les
leçons précédentes où leur division avait
permis à l'évêque de devenir maître de la
ville, unissent leurs efforts à l'oligarchie
arlésienne pour inaugurer une politique
unitaire sous l'égide une nouvelle forme de
gouvernement. D'après l'historien Patrick Boucheron, ce mode de
gouvernement, « témoigne de l’intense politisation de la société
communale, et de ses capacités culturelles à dépasser une conflictualité
inhérente au jeu politique ».
Profitant à la fois de l'absence du nouvel archevêque Hugues
Béroard qui prolonge jusqu'au début 1219 son séjour à Rome et de la
fortune des armes qui favorise à son tour la maison de Toulouse, les
Porcelet, les Baux et les autres familles de l’oligarchie unissent leurs
efforts pour créer la République d'Arles qui entame une politique unitaire
sous l'égide du podestat. C'est lors de la réunion du 6 février 1220 qu'est
décidé pour mettre fin aux troubles domestiques de rechercher un
homme de la religion catholique dont la réputation avantageuse fît
espérer une heureuse administration.
17
Le podestat est un homme extérieur aux partis et aux clans locaux que
les arlésiens désirent pour chef.
Diapo 25
1220 1236
De 1220 à 1236, la ville est dirigée par un
podestat, étranger. Ce dernier est nommé
pour un an et payé. Sa nomination est
renouvelable. II est chargé du pouvoir
exécutif et de la représentation de la cité, il
est accompagné de deux chevaliers
Quant à la justice, elle est rendue par un juge de première instance que
le Podestat amène avec lui; les procès vont ensuite en appel devant un
juge suprême, étranger lui aussi et nommé pour un an. Auprès du
Podestat, un syndic indéfiniment rééligible représente Ia commune.
Pour pacifier les villes qu’ils dirigent, les podestats transfèrent
l’agressivité de leurs habitants vers une cible extérieure ; chaque centre
urbain doit étendre son emprise sur son arrière-pays. Sous l’égide du
podestat, les cités se créent un véritable hinterland, une zone
d’influence, où la paysannerie leur est soumise ; le terme de « district »
que les chartes provençales utilisent pour désigner ce territoire –
Arles et Marseille, dont les intérêts divergent totalement, sont en
concurrence pour acquérir des terrains en Camargue permettant de
produire du sel
. Diapo 26
Le premier podestat est Isnard
d'Entrevennes de la maison d'Agoult un
provençal, par la suite 12 autres lui ont
succédé.
Ce mode de gouvernement correspond à
un nouvel équilibre des forces et apporte
des limitations aux prérogatives de
l’archevêque, sous la direction de ces gouverneurs aux pouvoirs
temporaires mais quasi dictatoriaux. La politique extérieure de la cité est
également très active, dans une Provence encore instable avec un
18
pouvoir comtal mal assuré. Dans un premier temps la république d'Arles
qui mène sa propre politique étrangère avec les villes voisines et
des cités républiques italiennes, est courtisée par l'Empereur qui conclut
un accord le 22 mai 1225.
L'afflux de richesses toujours plus grandes entraine un combat pour la
meilleure répartition de celles-ci. La politique fiscale est remise en cause.
Les nouveaux riches, la bourgeoisie moyenne représentée par le syndic,
obtiennent en 1232 leur libération des impôts et des péages les plus
lourds. Les membres du patriciat acceptent, contre le paiement d'une
faible somme, la suppression des droits sur les pâturages, des droits de
péage sur le Rhône, des taxes sur la vente du vin, de l'huile, du miel.
1234, un accord, entre le Podestat et l'archevêque, favorable aux
couches moyennes de la population, prévoit le partage entre ce dernier
et la commune des droits de gabelle, des droits sur les monnaies, sur les
Juifs, des biens des hérétiques confisqués. Cette victoire de l'opposition
bourgeoise sur le Patriciat signifie que les jours du Podestat sont
comptés. L'équilibre auquel il devait d'exister, est menacé. En effet, le
Patriciat est inquiet. Pour lui, l'émancipation communale devrait prendre
une nouvelle voie.
Diapo 27
19
Diapo 28
1220-1235 La république
La rupture entre Frédéric II et le
pape Grégoire IX pousse l'empereur à
intervenir dès le mois de
septembre 1234 en restituant les
droits du Comtat
Venaissin à Raymond VII de
Toulouse qui reçoit le soutien
de Barral des Baux et des villes-états Arles, Avignon et Marseille qui à
nouveau unies s'opposent une nouvelle fois au comte de Provence.
Le traité de Paris en 1229 avait réglé le problème de succession du
comté de Toulouse au profit de la couronne de France et,
temporairement, celui du Comtat-Venaissin, terre d’Empire et autre
domaine de Raymond VII, dont la papauté se réservait l’administration
depuis le concile de Latran. Ayant obtenu ce qu’elle souhaitait, la royauté
française devient plus bienveillante vis-à-vis du comte de Toulouse,
intervenant même auprès du pape pour que le marquisat de Provence lui
soit restitué, ce que refuse le pape.
Toutefois, la cour de France sous la conduite de Blanche de Castille ne
veut absolument pas un renforcement de l'Empire en Provence.
Elle se rapproche du comte de Provence à la suite des tractations
conduites par Jean Baussan à la cour de France qui débouchent sur le
projet de mariage entre Louis IX et Marguerite de Provence, la fille de
Raymond Bérenger
Ce Jean Baussan est élu évêque d’Arles en 1233, ce qui laisse à penser
que Raymond Bérenger est intervenu dans son élection
Contrairement à ses prédécesseurs, le nouveau prélat est selon
l'historien provençal Anibert un homme « léger, imprudent, jaloux des
prérogatives de son rang, sacrifiant sans pudeur les intérêts de la ville au
plaisir de se venger » et il va agir contre les intérêts de Raymond VII que
défendent les habitants d’Arles
20
Diapo 29
1235-1251
Au printemps 1233 Supramond Loup est
élu podestat. C'est un homme de Frédéric II
et il essaye de reprendre les choses en
main contre les agissements de l’évêque.
Le zèle et les excès de Jean Baussan lui
valent d'ailleurs en 1235 un désaveu du pape. Celui-ci est en effet
préoccupé par le comportement des tribunaux inquisitoriaux qui dans
cette période d'agitation servent les intérêts politiques de l'épiscopat
local avec des excommunications à tour de bras.
Une autre affaire, impliquant l'archevêque, secoue la ville en ce
début 1235 :
En 1234 une convention avait été conclue à Arles entre le podestat et
l'archevêque à propos des revenus que la ville tirait des péages, en
particulier celui du sel ; en opposition aux droits de l'empereur, les deux
signataires étaient convenus de se partager ces revenus, mais
l'archevêque ne pouvait toucher sa part immédiatement il fit disparaitre
un intermédiaire gênant Guillaume de Jonquières.
« Jamais on n'a vu un prêtre aussi faux posséder un pays.... Il tua
Joncquière dans la maison obscure. ».
C'est cet incident qui amène d'après l'historien arlésien Anibert la révolte
d'Arles de 1235 et la fin du gouvernement des podestats.
Le gouvernement des podestats, commencé en 1220 dans un contexte
agité, se termine donc quinze ans plus tard.
En 1235, apparait à Arles la confrérie des bailes. Cette institution est la
nouvelle voie choisie par le Patriciat.
C'est dans ces conditions que le Patriciat, aidé de certains éléments de
l'opposition bourgeoise désirant accéder à l'aristocratie, s'est jeté dans
une lutte révolutionnaire, avant tout anticléricale : les confrères punissent
d'amende quiconque célèbre un service divin, des membres de la
confrérie prennent une épouse des mains de laïcs, un riche bourgeois
châtie de sa propre main avec un bâton un homme qui avait fait baptiser
son fils. Cette hostilité à la messe et aux deux sacrements du mariage et
21
du baptême est révélatrice de l'influence de l'hérésie. Elle s'accompagne
de violence (mise sac du palais de l'archevêque), et d'un effort de
sécularisation des biens ecclésiastiques lors des deux soulèvements de
la confrérie en 1235, puis en 1247, des familles s'enrichissent de façon
inouïe aux dépens de l'Eglise.
Diapo 30
La république s'achèvera en 1251 toujours avec le
même évêque mais qui ne garde que son pouvoir
religieux.
10 podestats se seront succédé de 1220 à 1235
Pour mémoire, le podestat est élu pour une seule année, en général de
début avril à fin mars de l'année suivante. Toutefois certains mandats
sont renouvelés
En 1249 : après décès de Frédéric II et de Raymond VII de Toulouse, la
ville perd les deux principaux soutiens de l'oligarchie arlésienne
1251 :Charles d’Anjou a épousé l’héritière des comtes de Provence
Béatrice fille du Comte Raymond Béranger III. Il fait le siège de la ville ;
la ville capitule le 30 avril 1251 L'émancipation de la cité est stoppée à la
suite de la capitulation devant les troupes de Charles d'Anjou.
La république des podestats a permis de bénéficier durant quelques
années d'un climat apaisé et d'une ville unie, ce mode de gouvernement
communal a permis à la cité de devenir une puissance régionale par
l'accroissement considérable de son territoire et de ses richesses. Son
statut l'autorisait à négocier avec les plus grands. Pour l'historien Martin
Aurell, ce gouvernement constitue l'âge d'or de la République d'Arles .
TROISIEME PARTIE Deux autres exemples de ville : Marseille et
Metz
MARSEILLE
22
Diapo 31
Face à des vicomtes qui ont un pouvoir
de plus en plus morcelé en raison des
partages et les bourgeois qui grâce au
port maritime ne cessent de s’enrichir,
Marseille reconquiert peu à peu, au
XIIIe siècle, ses franchises et son
indépendance, comme Arles, et rédige
ses Lois de consulat à partir de la fin du XIIe siècle,
Le pouvoir communal, composé de la bourgeoisie marchande,
revendique un poids politique et s'immiscent peu à peu dans les jeux de
pouvoir anciennement réservés à l'abbé, à l'évêque et au vicomte.
Diapo 32
Les Marseillais obtiennent le droit
d'élire des consuls dès 1178, mais le
pouvoir reste encore aux mains des
vicomtes
Les dirigeants de la ville phocéenne
s’étaient, en effet, engagés dans la
voie de la contestation du pouvoir du
clergé séculier depuis plusieurs
années : l’affaire Roncelin avait profondément déplu à la papauté ; ce
personnage, dernier descendant mâle de la famille vicomtale devenu
abbé de Saint- Victor, avait été arraché de ce monastère par la foule qui
voulait subir sa seigneurie plutôt que de tomber entre les mains du
comte. En 1209, le légat Milon mettait Marseille sous interdit et
excommuniait Roncelin qui avait entretemps contracté mariage pour
éviter l’extinction de sa maison.
Profitant de la disparition de la dynastie vicomtale, avec le départ du
dernier vicomte Roncelin en 1211, l'Universitas (nom du consulat à
Marseille) accroit sa puissance jusqu’à réunir entre ses mains la plupart
des anciens droits vicomtaux
Chose remarquable, en 1214, la ville devient son propre vicomte en
ayant racheté tous les droits souverains de la vicomté.
23
Il faut attendre 1219 pour qu'une assemblée des édiles,
l’Universitas (« Université »), fasse son apparition. La commune s'affirme
véritablement à partir de l'année suivante, lorsqu'elle adopte l'institution
du podestat en s'inspirant du modèle italien. Dès 1225, un palais
communal est même construit. En 1230 Marseille choisit la suzeraineté
de Raymond VII dans sa lutte contre la maison de Barcelone.
Marseille affirme son pouvoir face aux comtes de Provence, jusqu'à jouir
d’une complète indépendance et devenir une véritable République
maritime, dotée d'une bannière et d'un sceau. En 1247, elle prête
serment envers une ligue formée avec Arles et Avignon pour garantir
l'autonomie des villes contre le comte de Provence.
Mais l'indépendance de Marseille ne dure de facto que de 1247 à 1257,
date à laquelle le nouveau comte de Provence, Charles d'Anjou, impose
des nouveaux Statuts à la ville mais il accepte que la ville garde une
certaine indépendance.
Diapo 33
Marseille comprend trois villes
différentes qui sont : la cité abbatiale,
la cité épiscopale et la cité vicomtale ;
la première soumise à la
puissante abbaye de Saint-Victor de
Marseille dont les possessions
s'étendent jusqu'en Espagne et en
Italie ; la seconde appartenant à
l'évêque, et, comme toutes les villes placées sous l'autorité
ecclésiastique, flanquée de tours, ; la troisième, enfin, sous la
dépendance des vicomtes de Marseille qui, dès le xe siècle, y ont fait des
constructions militaires importantes et l'ont entourée de remparts
solidement établis7.
Son économie est orientée essentiellement vers les activités maritimes.
Au sud, Marseille a pendant tout le XIIIe siècle des relations privilégiées
avec l’ensemble du bassin méditerranéen. Cependant, les Marseillais
ont plus de mal à se faire une place. Les Génois ayant obtenu dès 1156
qu'ils soient écartés des ports siciliens, ils ne peuvent plus accoster dans
24
les ports de Messine et Syracuse, relais commerciaux indispensables
en mer Ionienne
Marseille est l'une des plus importantes places de transit des draps
provenant du royaume de France. Son port expédie également le safran,
le corail, les fruits secs; et importe surtout les
épices : poivre, cannelle, réglisse, gingembre, camphre, etc. Si la ville
est un grand centre d'import-export, son secteur artisanal est moins
développé, le seul véritablement important étant celui de la réparation et
la construction navale.
Diapo 33
7 novembre 1230 : Marseille reconnaît la
suzeraineté de Raymond VII de
Toulouse.
1245 Mort de Raymond Béranger III de
Provence
26 juillet 1252 : premiers chapitres de paix et soumission
à Charles Ier d’Anjou Charles d'Anjou, qui vient de monter sur le trône de
Provence, conquiert Marseille et des accords sont trouvés avec la ville
pour en modifier les Statuts et instaurer une « domination consentie »
des Seigneurs angevins sur Marseille.
Après une révolte
6 juin 1257 : deuxièmes chapitres de paix et achat par
Charles Ier d’Anjou de la seigneurie de la ville basse
METZ
Diapo 34
XIIème siècle, profitant des incessantes
crises entre la papauté et l'empire germanique,
de l'affaiblissement continuel du pouvoir des
évêques, les familles bourgeoises de Metz
commencent à prendre insidieusement le
contrôle des institutions, le poste d’évêque est
25
trop souvent vacant (concordat 1122) ou la nomination est souvent
réfutée par l’empereur. Metz était un archevêché très important de
l’empire qui était occupé par des proches de l’empereur avec le titre
de Prince Evêque.
Dès 1180 La multiplicité de ces conflits est assez fréquente pour inciter
l’évêque Bertram 1180-1112 saxon ami de l’empereur Frédéric
Barberousse à inaugurer le début de son épiscopat en instituant de
nouvelles règles, dans une charte appelée Grand Atour de Metz dans
lequel il reconnaît formellement l’existence du Commun (bourgeois) de
Metz et il définit les pouvoirs de chaque institution.
Restaurateur du pouvoir épiscopal, Bertram fut pourtant chassé de son
siège par l’Empereur et obligé de se réfugier à Cologne avant de rentrer
à Metz à la mort de Frédéric Barberousse
En 1231, la guerre des amis, suite au décès de Gertrude de Dabo
(dernière comtesse de Metz) et du règlement de sa succession, va
précipiter les évènements et obliger l'Evêque à reconnaître
l'indépendance de la cité. Le triomphe des bourgeois sur l'Eglise est
complet. L'évêque Jean 1er d'Apremont est exilé à Vic-sur-Seille (70 km
de Metz).
Diapo 35
Metz s'organise alors sous la forme d'une
République oligarchique (pouvoirs
détenus par une petite partie de la
société) et aristocratique : les familles
bourgeoises (les paraiges) dominent
l'organisation de la République et
s'arrogent le contrôle de l'ensemble des
institutions.
La République messine se compose de trois éléments :
des magistratures - chargées des fonctions législatives, administratives
et judiciaires.
Le premier magistrat de la cité est le maître échevin. Il est assisté du
conseil des échevins.
Une assemblée aristocratique - constituée des Treize jurés.
26
C'est une assemblée aristocratique qui émane des Paraiges : ce titre est
donné à 118 familles de praticiens. Seuls ceux, qui en font partie,
peuvent parvenir aux emplois et dignités de Maître-Echevin, d' Echevin
et de Treize.
Le Grand Conseil - une assemblée représentant le peuple.
Sa composition est beaucoup plus large, il représente davantage la
population messine
Les magistrats se détachent progressivement de la tutelle de l'évêque et
ne lui rendent plus compte de la manière dont ils exercent leurs
fonctions, même s'ils maintiennent l'apparence du système épiscopal en
lui prêtant serment.
Ces institutions, qui ont au départ un réel caractère démocratique,
tombent progressivement dans le giron des Paraiges qui occupent toutes
les magistratures.
Diapo 36
Dès le XIIIème siècle, des institutions sont
créés qui ne verront le jour que beaucoup
plus tardivement dans le reste de la France :
les notaires appelés les amants , les avocats
...
Metz devient alors l'un des grands centres urbains d'Europe occidentale
avec 30.000 habitants en 1300 et, après Cologne, la cité la plus riche de
l'empire :
De puissantes corporations et communautés de métiers vont venir s'y
'installer et animer des foires, Metz est le rendez-vous des marchands
lorrains, allemands, flamands et anglais.
Des banquiers vont ouvrir plus de 60 comptoirs et prêter sur gages au roi
de France, à l'empereur de l'Empire germanique.
En 1326 la guerre des 4 seigneurs (princes du Saint Empire romain
germanique) s’allient pour prendre Metz Jen 1ier de Luxembourg roi de
Bohême, l’ archevêque de Trêves, le duc de lorraine et le comte de Bar.
Pour se défendre Metz a fait appel à des mercenaires.
Toutefois, la République Messine repose sur un équilibre subtil. C'est
une ville libre d'empire qui a su affirmer sa force et son indépendance en
27
s'opposant à son évêque et en gardant à distance l'empereur
germanique. Elle traite avec celui-ci de puissance à puissance mais avec
fidélité, elle lui reconnait ses droits quand il y séjourne : à aucun
moment, l'empereur n'a perdu ses droits sur l'évêché et à aucun moment
non plus l'évêque n'a officiellement perdu ses droits sur la ville.
L'indépendance de Metz ne relève que d'une pure situation de fait et
provient d'une habile modification des institutions créées par l'évêque.
Cet équilibre précaire et instable est le garant de l'indépendance de la
République Messine.
Diapo 37
Dès la moitié du XVIe siècle, la puissance
de la ville commence à s'estomper, tout en
restant une des villes les plus riches et les
plus commerçantes de l'Empire, les
épidémies et d'autres facteurs fragilisent
sa stabilité. Principalement ce sont les
combats récurrents avec les duchés
voisins (Lorraine, Bar ou Luxembourg) - comme lors de la guerre des
quatre seigneurs de 1324 - qui malgré la victoire des Messins portent
parfois un coup aux finances urbaines. Le xve siècle et ses sièges de
plus en plus nombreux - en particulier celui de 1444, par le roi
de France Charles VII et le duc de Lorraine - fragiliseront de plus en
plus l'intégrité économique de la ville à force de dettes de guerre et du
déplacement forcé des routes commerciales vers l'axe rhénan.
En 1552 Henri II de France, visant à la conquête des contrées
francophones du Saint-Empire que sont les Trois-Évêchés (à savoir les
domaines épiscopaux de Toul, Metz et Verdun, mais surtout les
trois villes libres d'Empire , la cité de Metz (tout comme Toul et Verdun)
se met de son plein gré sous la protection du roi de France. Malgré sa
richesse qui en fait encore une ville très importante pour
l'empereur Charles Quint, la République messine est extrêmement faible
économiquement et a perdu en quasi-totalité sa puissance commerçante
et ne peut plus défendre correctement son autonomie face à ses voisins,
le choix d'être mis sous protection par le roi de France s'avérait donc une
solution pour défendre l'intégrité de la cité. Cependant, Charles
Quint refusant la perte de la ville l'assiège pendant trois mois avant de se
retirer face à la défense du duc François de Guise qui exigea
l'arasement des faubourgs de la ville. Metz et les Trois-
28
Évêchés deviennent alors le
premier protectorat français dont l'effet sera
la disparition progressive des institutions de
la république messine jusqu'à
l’annexion proclamée en 1648 lors
des traités de Westphalie
Diapo 38
Dans les trois exemples ce sont bien au départ les conflits entre un
nouvel ordre la bourgeoisie et l’évêque qui ont provoqué la mise en
place d’un système de gouvernement innovant mais dans des conditions
différentes.
Pour Arles ce sont les guerres incessantes entre les familles
seigneuriales qui freinaient le commerce local.
Pour Marseille l’incapacité des vicomtes de Marseille à exercer
correctement leur pouvoir et leur tendance à s’accaparer les biens de
l’église.
A Metz le conflit entre le pape et les empereurs avaient pour
conséquence une succession d’évêques absents ou ne pouvant exercer
leur pouvoir.
Arles sous le consulat et la république a été gouvernée essentiellement
par des membres des chevaliers urbains (système aristocratique)
A Marseille ce sont les bourgeois qui ont pris insidieusement et
progressivement le pouvoir.
A Metz c’est une oligarchie composée de 118 familles réparties en six
groupes qui à force de vivre en autarcie n’ a pas su évoluer et se
renouveler.
Mais ces trois villes au XIIe et XIIIe siècle en profitant de l’éloignement
de l’empereur ont su préserver leur activité commerciale et augmenter
leur richesse.
À partir de la fin du xiiie siècle, l'équilibre entre les trois ordres se rompt.
La bourgeoisie triomphe et détient une puissance économique qui,
progressivement, la rend politiquement indispensable (princes et
ecclésiastiques lui empruntent des fonds)
29
D'autre part, pour les besoins du commerce puis pour assurer sa propre
ascension sociale, elle a pris en charge une partie de la culture, créant
des écoles laïques et finançant un mécénat culturel ainsi que nombre
d'œuvres sociales. La plupart des innovations techniques sont alors le
fait de laïcs, ingénieurs, architectes. La place de choix accordée à
l'Église dans la société pour son rôle culturel et social, se justifie de
moins en moins. C’est aussi le début de la guerre de cent ans et la fin de
chevalerie.
Bibliographie
Général
La ville médiévale Patrick Boucheron Denis Menjot 2006
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Jean-Pierre Poly La Provence et la société féodale Bordas, Paris 1976
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Annibert 1742 1782 Mémoires historiques et critiques sur l'ancienne République (tomes en 4 vol.)
Patrick Boucheron, L’espace politique des podestats dans l’Italie communale, Paris, Société française d'histoire urbaine, coll. « Histoire urbaine » (no 3), 2001
Louis Stouff Arles au Moyen Age finissant PUF 2014
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PERNOUD R., éd., Les statuts municipaux de Marseille, Monaco-Paris,
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Metz
Histoire de Metz François Yves lemoigne
Les institutions dans la république de Metz Florent Roemer2007