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Digest des billets publiés sur les mondes virtuels De l'influence des mondes virtuels de simulation et des serious game sur le tutorat. Par Jean-Paul Moiraud Nous sommes en train d'assister à un renouveau des utilisations des mondes virtuels. Terminée l'époque des navigations stériles dans des mondes vides. Le monde de la formation bruisse de toute part de projets construits . L'apparition, de ce que je qualifie, de mondes virtuels de simulation interroge à distance, à la fois les usages pédagogiques des serious games (jeux sérieux) et les caractéristiques du tutorat en immersion. Christophe Batier nous a demandé de visionner le spiral news n°15 qui traite du serious game développé par le GNFA (groupe national formation automobile ) pour la formation des garagistes. Pour mieux cerner le document vidéo qui servira de base à mon analyse, j'ai transcrit quelques passages significatifs. Pour mieux cerner le document vidéo qui servira de base à mon analyse, j'ai transcrit quelques passages significatifs. Christophe Lobert - Pôle média et système d'informations "Nous avons un projet très innovant, qui est la virtualisation de la formation automobile. Cela consiste à modéliser un garage et de permettre aux utilisateurs de se donner rendez- vous dans les garages et ensuite de faire une formation en ligne temps réel." (Christophe Lobert in spiral news N°15 - A partir de 2 minutes 47) Roland - Pôle développement projet 3D, serious game CB "Le but du jeu c'est de faire un garage virtuel pour que les gens qui sont là pour apprendre se déplacent dans le garage, retrouvent les véhicules et les schémas, déplacent les objets techniques ..." R. - "[Le but], ça va être de donner à l'apprenant, au futur garagiste la reconstitution de son poste de travail, la plus précise possible suivant ce que l'on veut lui faire apprendre. C'est aussi l'ensemble des outils, j'entends par là aussi les outils de diagnostic, qui sont des logiciels que l'on branche sur les voitures. C'est aussi la reproduction des comportements des logiciels." (Roland . Spiral News N° 15 - A partir de 7 minutes 58) Christian Plantadis - Pôle pédagogie, serious game CB " Toi tu t'intéresses plus à la partie pédagogique. Quel est le rôle du formateur dans le dispositif ? Comment peut-il intervenir ? Quels sont les scénarios que l'on peut proposer ?" CP "C'est la phase élaboration du dispositif. On a organisé les moyens permettant de déterminer le contenu, le scénario et les méthodeNous sommes en train d'assister à un renouveau des utilisations des mondes virtuels. Terminée l'époque des navigations stériles 1

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Digest des billets publiés sur les mondes virtuels

De l'influence des mondes virtuels de simulation et des serious game sur le tutorat. Par Jean-Paul Moiraud

Nous sommes en train d'assister à un renouveau des utilisations des mondes virtuels. Terminée l'époque des navigations stériles dans des mondes vides. Le monde de la formation bruisse de toute part de projets construits. L'apparition, de ce que je qualifie, de mondes virtuels de simulation interroge à distance, à la fois les usages pédagogiques des serious games (jeux sérieux) et les caractéristiques du tutorat en immersion.

Christophe Batier nous a demandé de visionner le spiral news n°15 qui traite du serious game développé par le GNFA (groupe national formation automobile ) pour la formation des garagistes.

Pour mieux cerner le document vidéo qui servira de base à mon analyse, j'ai transcrit quelques passages significatifs.Pour mieux cerner le document vidéo qui servira de base à mon analyse, j'ai transcrit quelques passages significatifs.

Christophe Lobert - Pôle média et système d'informations

"Nous avons un projet très innovant, qui est la virtualisation de la formation automobile. Cela consiste à modéliser un garage et de permettre aux utilisateurs de se donner rendez-vous dans les garages et ensuite de faire une formation en ligne temps réel." (Christophe Lobert in spiral news N°15 - A partir de 2 minutes 47)

Roland - Pôle développement projet 3D, serious game

CB "Le but du jeu c'est de faire un garage virtuel pour que les gens qui sont là pour apprendre se déplacent dans le garage, retrouvent les véhicules et les schémas, déplacent les objets techniques ..."

R. - "[Le but], ça va être de donner à l'apprenant, au futur garagiste la reconstitution de son poste de travail, la plus précise possible suivant ce que l'on veut lui faire apprendre. C'est aussi l'ensemble des outils, j'entends par là aussi les outils de diagnostic, qui sont des logiciels que l'on branche sur les voitures. C'est aussi la reproduction des comportements des logiciels." (Roland . Spiral News N° 15 - A partir de 7 minutes 58)

Christian Plantadis - Pôle pédagogie, serious game

CB " Toi tu t'intéresses plus à la partie pédagogique. Quel est le rôle du formateur dans le dispositif ? Comment peut-il intervenir ? Quels sont les scénarios que l'on peut proposer ?"

CP "C'est la phase élaboration du dispositif. On a organisé les moyens permettant de déterminer le contenu, le scénario et les méthodeNous sommes en train d'assister à un renouveau des utilisations des mondes virtuels. Terminée l'époque des navigations stériles

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dans des mondes vides. Le monde de la formation bruisse de toute part de projets construits. L'apparition, de ce que je qualifie, de mondes virtuels de simulation interroge à distance, à la fois les usages pédagogiques des serious games (jeux sérieux) et les caractéristiques du tutorat en immersion.

Christophe Batier nous a demandé de visionner le spiral news n°15 qui traite du serious game développé par le GNFA (groupe national formation automobile ) pour la formation des garagistes.

Pour mieux cerner le document vidéo qui servira de base à mon analyse, j'ai transcrit quelques passages significatifs.

Christophe Lobert - Pôle média et système d'informations

"Nous avons un projet très innovant, qui est la virtualisation de la formation automobile. Cela consiste à modéliser un garage et de permettre aux utilisateurs de se donner rendez-vous dans les garages et ensuite de faire une formation en ligne temps réel." (Christophe Lobert in spiral news N°15 - A partir de 2 minutes 47)

Roland - Pôle développement projet 3D, serious game

CB "Le but du jeu c'est de faire un garage virtuel pour que les gens qui sont là pour apprendre se déplacent dans le garage, retrouvens pédagogiques permettant de déterminer le prototype. C'est l'apprentissage du serious game"

CB "Est ce que ton travail consiste à déterminer les types de compétences que l'on peut transposer dans le dispositif "

CP " Le parti pris c'est de traiter les problématiques de compétences professionnelles et donc de ne pas avoir de partis pris sur une compétence qui ne pourrait pas être développée." (Christian Plantadis. Spiral News N° 15 - A partir de )

Crédit Vidéo ICAP - Lyon 1

Le reportage n'évoque pas explicitement la notion du tutorat (le terme n'est pas prononcé). Pourtant, il est présent en filigrane, c'est à ce titre que je me pose la question suivante : y a t-il une stratégie identique pour les formations qui instrumentent un serious game et celles qui instrumentent, une forme particulière des mondes virtuels, le monde virtuel de simulation ?

Les deux solutions ont un objectif commun ; permettre aux acteurs d'un dispositif d'apprentissage de se former, d'apprendre, d'acquérir des compétences. La reproduction numérique de situations spécifiques scénarisées met les apprenants en situation d'interaction.

Alors même que les solutions semblent proches, y aurait-il, c'est une hypothèse, un impact de la solution technologique retenue sur le mode de tutorat ? Je resterai dans le cadre de mon champ "de recherche" en analysant les contours techniques des mondes virtuels et des serious games, leurs possibles intersections, leurs éventuelles exclusions.

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Il est nécessaire préalablement de cerner les notions de serious game et de monde virtuel de simulation.

Julian Alvarez, donne la définition suivante du serious game dans sa thèse intitulée "Du jeu vidéo au serious game , approches culturelle, pragmatique et formelle" (17 décembre 2007)

“Un défi cérébral, joué avec un ordinateur selon des règles spécifiques, qui utilise le divertissement en tant que valeur ajoutée pour la formation et l’entraînement dans les milieux institutionnels ou privés, dans les domaines de l’éducation, de la santé, de la sécurité civile, ainsi qu’à des fins de stratégie de communication.” (Michael Zyda in From visual simulation to virtual reality to games - Septembre 2005 - Extrait de la thèse page 7)

"Il s’agit d’applications informatiques, réalisées par "des développeurs, des chercheurs, des industriels, qui regardent comment utiliser les jeux vidéo et les technologies associées en dehors du divertissement" (Ben Sawyer, mai 2007 - Extrait de la thèse page 8)

Julian Alvarez propose une fusion des définitions.

"En nous inspirant des écrits de Zyda et des propos de Sawyer, dont les approches semblent compatibles, nous proposons de les fusionner. Par cette démarche, nous proposons, pour le moment, la définition globale suivante pour "serious game" (jeu sérieux) :

Application informatique, dont l'objectif est de combiner à la fois des aspects sérieux (Serious) tels, de manière non exhaustive, l'enseignement, l'apprentissage, la communication, ou encore l'information, avec des ressorts ludiques issus du jeu vidéo (Game). Une telle association a donc pour but de s'écarter du simple divertissement." (Julian Alvarez - 2007, Thèse p. 9)

Je tente à l'heure actuelle de cerner les contours du monde virtuel de simulation, c'est-à-dire un espace immersif en 3D dans lequel on peut simuler une activité. Ce travail n'est pas encore stabilisé, je propose ici une première esquisse.

Le monde virtuel de simulation est une modalité pédagogique particulière des mondes immersifs. Les concepteurs et les acteurs déconstruisent leurs repères physiques, sociaux et cognitifs du réel pour les reconstruire dans l'espace 3D de formation.

Le pilier central de ce monde est l'avatar. Qu'est ce qu' un avatar ? Je citerai un passage du roman (prémonitoire) de Neal Stephenson publié en 1992, "le samourai virtuel" (Snowcrash en anglais) :

"Ce ne sont pas des gens réels qu'il voit, naturellement, mais des animations créées par son ordinateur conformément aux spécifications fournies par le câble en fibre optique. Ces gens sont des programmes appelés avatars. Ils représentent le corps audiovisuel qu'une personne utilise pour communiquer avec les autres dans le métavers" (Neal Stephenson, Éditions Robert Laffont - 1992)

Dans les pratiques immersives, l'avatar est un personnage en 3D qui représente un individu. Il exerce une réelle activité humaine, il parle, il est doté d'une gestuelle, il marche, il vole, il possède une garde robe. Il a un statut social. Derrière chaque avatar, un humain

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agit, interagit avec son environnement. Il ne faut pas confondre l'avatar avec le bot. Ce dernier communique avec son environnement en fonction d'un programme informatique spécifique.

Je propose la définition suivante.

Le monde virtuel de simulation est un monde en trois dimensions (3D) créé à l'aide d'un logiciel et d'une programmation spécifiques. Le monde est en général une représentation de lieux réels mais il peut être aussi une construction purement imaginaire élaborée dans le cadre d'une démarche plastique. Il permet à un groupe de personnes éclatées géographiquement et placées en situation immersive d'interagir. Les acteurs du dispositif peuvent, à l'aide d'avatars, d'objets ou d'une vue subjective, parler, écrire, gérer des attitudes corporelles, se déplacer, y compris en s'affranchissant les lois physiques du monde réel. Le groupe constitué partage un intérêt commun, défini dans un projet élaboré de façon formelle. Les apprenants seront mis en situation d'acquisition de savoirs et de compétences en reproduisant des situations du réel. Les situations sont reproductibles à l'infini, elles permettent d’analyser des situations simples (des routines) ou extra – ordinaires. Le monde virtuel de simulation combine des constructions scénarisées au service d'enjeux d'enseignement et d'apprentissage.

Le monde virtuel en tant qu'instrument de simulation et le serious game ont des frontières communes. Pour autant, les enjeux du tutorat sont-ils identiques ?

J'aborderai cette analyse sous l'angle du temps. Jacques Rodet dit dans un billet " Un thème cher à Jean-Paul, celui du temps, peut nous aider à avancer sur cette question du tutorat à distance et mondes virtuels. Non pas le temps consacré à telle ou telle intervention tutorale, encore que cela doive être défini le plus précisément possible, mais le temps chronologique : à quel moment procéder à telle intervention tutorale ?"

Nous sommes au cœur de la question, et c'est là où je ne partage pas complètement l'avis de Jacques Rodet qui pose l'hypothèse que "les interventions tutorales doivent se dérouler avant et après" mais pas pendant car elle risquerait de "signifier l’arrêt ou la suspension de la situation vécue".

Le tutorat immersif se justifie t-il pendant le temps de formation ? Oui pour les mondes virtuels de formation, non pour le serious game ?

Le tutorat dans les serious game et dans les mondes virtuels immersifs

Il me semble, j'essaierai de l'analyser cette année, que l'intérêt des mondes virtuels de simulation est de permettre au tuteur de s'immerger avec l'apprenant pour le guider dans l'acte d'apprentissage (ce qui n'exclut pas l'avant et l'après). Je vois un apport, une valeur ajoutée là, ou Jacques Rodet voit la suspension (rédhibitoire) de la situation vécue. Faut-il évacuer le tutorat de la phase de formation active ou faut-il se pencher sur l'émergence d'une nouvelle forme de tutorat, adaptée à cette séquence ? Dans cette hypothèse la grille de lecture devra être la base d'analyse pour une séquence à définir du tutorat. Nous nous proposerons de l'étudier dans de futurs billets.

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Pour étayer mon propos je vais m'appuyer sur le témoignage de Laurent Gout qui est urgentiste et formateur en médecine d'urgence dans le monde virtuel second Life. Je n'ai pas la prétention de penser qu'un témoignage à valeur de généralité mais cet usage à valeur de piste de réflexion à suivre.

"Un deuxième partie à ce cours beaucoup plus dynamique avec un véritable scénario pédagogique, sur le thème de la soirée qui était les grands brulés. Nous avons mis tous les acteurs de la soirée qui étaient présents dans la salle de cours au creux de l'action, au cœur de l'action et ils se sont retrouvés face à une maison en flamme, face à une victime qui en était extraite, au milieu des camions des pompiers et de l' action des secours. A côté d'eux la personne qui faisait l'exposé et qui faisait la présentation, qui en temps réel leur posait des questions, qui leur demandait de réagir et ce qu'ils auraient fait dans ce cas là."

Crédit Vidéo Jean-Paul Moiraud (2011)

Dans un monde immersif de simulation il me semble donc indispensable de penser le tutorat pendant la période de formation. Quand peut-on interrompre l'apprenant ? Quel type de dialogue instaurer, comment gérer les phases de retour en arrière sur situation ? Comment intervenir sans démotiver ? Comment motiver ? ... J'aurai l'occasion de faire des propositions.

Si cette piste de réflexion questionne l'aspect temporel de tutorat, elle inscrit en toile de fond la nature de la discipline enseignée, la nature de la formation à un métier. Je ne souhaite pas ici développer cette thématique mais on peut effleurer la question en l'inscrivant dans notre horizon réflexif. Il est possible, c'est une hypothèse, que le couple métier/ compétences soit plus adapté au tutorat immersif synchrone que l'approche purement disciplinaire.

Ce billet est un début de réflexion. Il pose plus de questions qu'il n'apporte de réponses. Cette démarche voulue enracine les bases des futurs dialogues avec Jacques Rodet

PS : Nous sommes bien évidemment attentifs aux commentaires qui pourraient venir des tuteurs du GNFA.

Apprendre comment fonctionne un monde virtuel. Par Jean-Paul Moiraud

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Apprendre, enseigner et tutorer dans les mondes virtuels, c'est commencer par s'approprier l'environnement, ses outils et les différentes fonctionnalités. Il existe sur second Life un monde nommé Change CSL for a better RL. Les concepteurs (la conceptrice) du monde propose(nt) plusieurs modalités d'apprentissage :

• Un espace d'autoformation constitué par de nombreux panneaux explicatifs. On peut y circuler, prendre le temps de lire, tester en fonction des besoins du moment. On peut aussi chevaucher une chenille qui vous guidera sur un parcours assisté.

• C'est aussi (peut être surtout) un espace de dialogue synchrone. Vous pouvez être guidé par un formateur en présentiel. J'ai eu le plaisir de rencontrer fraisetagadatsointsoin qui m'a organisé une visite personnalisée.

Il est nécessaire d'adhérer à une charte que vous pouvez consulter ici

Lors de votre visite, pensez à utiliser la fonction IM pour que toutes les personnes présentes puissent profiter des questions et des réponses. De toute façon la gentillesse et l'efficacité de Fraise Tagadatsointsoin suffiront à vous rendre autonome.

Glossaire

Build - construire

Builder - personne qui construit dans les mondes virtuels

Fraise tagadatsointsoin - Nom d'un avatar. Chaque avatar est identifié par un nom. Le mien (Jean-paul Moiraud) est observer Teacher, celui de Jacques Rodet est Rojajaro.

Freebies - Des objets gratuits

IM - Instant Messaging, messagerie instantanée, chat

L$ - Linden dollar, la monnaie de Second Life

Résident - Un utilisateur de second life est appelé résident

RL - Real life (la vie en dehors de mondes immersifs) par opposition la vie immersive est nommée inworld.

Script - Programmation

SL - Second Life

Procédure pour aller dans le mondes virtuel Second Life

Ouvrir un compte sur second life et téléchargement du navigateur.

Quelques images de ce lieu de formation et de partage collaboratif

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Le geste professionnel en monde immersif

Le monde virtuel de simulation (SL/opensims) est un lieu de complexité. La mise en place d’un dispositif d’apprentissage immersif doit intégrer une grande quantité de variables qui seront mis en œuvre de façon dynamique (maillage dynamique. Le geste professionnel est un élément de ce dispositif. Une profession se caractérise par un ensemble de gestes qui fondent l’identité professionnelle « Une compétence est un savoir d’action, c’est-à-dire un complexe intégré de savoirs et de savoir-faire qui, pour être mis en pratique, nécessite des attitudes qui leur sont essentielles. » – Quelques repères pour évaluer les attitudes et les comportements…. (Margot Phaneuf, inf., Ph. D., 2010)

A la différence des autres dispositifs de formation le monde virtuel peut permettre d’intégrer cette dimension du geste et du comportement. L’avatar est la brique supplémentaire, lien entre le savoir et la professionnalité. L’acte de formation pourra mixer la transmission du savoir académique et la pratique sans avoir à dissocier l’espace d’apprentissage et l’espace de mise en œuvre (terrain de stage). Mon propos n’est pas de prétendre que le virtuel remplace le réel mais qu’il peut le compléter efficacement sur des micros actions.

Le geste peut ainsi devenir un élément du dispositif de formation au même titre que les savoirs disciplinaires. Les programmeurs, les concepteurs des cours, les tuteurs, les évaluateurs doivent intégrer cette dimension dans leurs cahiers des charges. Il sera ainsi indispensable de recenser les gestes professionnels qui caractérisent un métier. Les développeurs devront les formaliser par des animations (réalisées sous poser ou avimator), les concepteurs des cours dans leurs modules de formation et les tuteurs dans leurs stratégies d’accompagnement.

La vidéo ci-dessous représente un acte médical, le massage cardiaque. Il est à noter que les avatars sont totalement décalés. Cela pose la question de l’habit de l’avatar. Nous en parlerons dans un autre billet

Structures des mondes virtuels – Conception et typologie

Dans mon billet précédent, je commençais à esquisser un typologie des mondes virtuels selon les usages pédagogiques. Je disais (extrait) :

• « Le monde virtuel comme instrument de formation en ligne, un lieu immersif de reproduction du lieu de formation. Mes cours sont de ce type. Les besoins exprimés sont de l’ordre spatial et temporel, le monde virtuel permet de gérer les interactions humaines pour un groupe géographiquement éclaté. L’inconvénient de la

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dispersion des compétences peut être résolu via les réseaux. Ce blog regorge d’exemples et d’analyses sur ce point

• Le monde virtuel comme instrument de simulation - Le monde virtuel est paramétré pour que les acteurs simulent des situations du réel « possibilité de recréer des situations exceptionnelles pour mettre en situation des gens face à des situations qu’ils rencontreront rarement » Laurent Gout (2011). Le monde ne se substitue pas à l’acquisition de routines dans la vraie vie mais il permet d’anticiper des situations atypiques sans conséquences effectives IRL. Le monde virtuel permet d’analyser des situations extra – ordinaires par un procédé de répétition et d’analyse par retour en arrière (voir vidéo N° 2). Le monde dentallife s’inscrit dans cette dynamique de simulation ainsi que la salle d’urgence de l’impérial college of London.

• Le monde virtuel comme lieu d’immersion dans un élément de savoir, comme processus spécifique. Les acteurs sont immergés dans une représentation du savoir (exemple des champs magnétiques) et interagissent avec l’environnement. Il semble qu’il soit possible, à ce stade, de croiser les travaux de ceux qui œuvrent dans les mondes virtuels et ceux qui développent des systèmes 3D.«

Cette amorce de typologie m’amène à envisager les stratégies de scénarisation des processus de formations immersifs. Un scénario suppose de prendre en compte une succession d’éléments qui vont interagir par maillage dynamique :

- L’intention pédagogique

- Le contexte pédagogique

- Les acteurs

- Les ressources

- Les outils.

Je vais dans ce billet essayer de détailler les enjeux relatifs à l’outil et à ceux qui le conçoivent.

Les trois situations décrites ci-dessus contraignent les concepteurs à cadrer technologiquement leur démarche. Le monde virtuel, entendu stricto sensu, n’a pas de sens pédagogique.

• Le monde virtuel instrument de simulation. Cette analyse renvoie à la notion de contexte pédagogique. Le savoir dispensé s’accommode t-il de situations de simulation ? Cela paraît relativement évident (disons possible) chez les médecins, les dentistes, chez les physiciens, les biologistes … (nous parlerons par esprit de simplification de sciences dures). Les sciences humaines doivent faire l’objet d’une analyse en amont pour vérifier le champ des possibles. Le travail de conception du scénario oblige à analyser des points précis. Ce sera le cahier des charges à transmettre aux concepteurs :

* L’apparence des avatars puisque le scénario peut prévoir l’intervention de personnages spécifiques (médecin, pompier, juge, avocats patient avec une pathologie spécifiques …). La tenue de l’avatar est un enjeu déterminant.

* Les accessoires des avatars – Il est possible que les avatars aient besoin d’outils, d’accessoires, de documents précis.

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* Les gestes des avatars – Le geste est souvent professionnel, il est central (massage cardiaque, soulever un brancard, donner un document, geste spécifique …). Il est nécessaire de prévoir par programmation ces gestes essentiels pour les mettre à disposition des acteurs (il sera bien sûr indispensable de former les acteurs aux manipulations gestes et objets au sens ou elles deviennent des ressources de formation)

* La définition des lieux. Il est probable que le lieu d’exercice de la simulation soit un élément déterminant de la simulation. Il sera nécessaire de déterminer le design des lieux.

• Le monde virtuel comme lieu d’immersion – S’immerger dans l’ADN, dans un champ magnétique ou dans un tribunal pour comprendre le fonctionnement d’un système est une autre façon de travailler. Le travail de conception devient très complexe puisqu’il est à la croisée des chemins entre la programmation, le build et le connaissance disciplinaire. Il faut donc croiser les travaux de différents spécialistes (enseignant, développeur, designer). En disant cela je mets à mal des idées reçues (à la mode) qui accréditent l’idée que le numérique de façon générale, les mondes en particulier seraient une façon d’économiser du personnel. C’est la proposition inverse qui prévaut, les scénarios en monde virtuels doivent mobiliser des compétences multiples et complémentaires (le bricolage est forcément une étape nécessaire mais elle ne peut être que transitoire). Au final il faut être en capacité d’établir la liaison entre l’immersion et la transmission d’ un savoir à valider dans le cadre d’une UV.

• Le monde virtuel comme instrument de formation en ligne – Cette immersion est celle qui s’apparente le plus à la formation de type classique, pourtant … Le monde virtuel est un moyen d’agglomérer les interactions enseignants, apprenants dans une stratégie qui couple l’immersion et les solutions web 2.0. Un lieu de formation immersif doit être multimodal c’est-à-dire intégrer le texte, les images, les sons et les vidéos. la présence d’objets permettant de visualiser les ressources s’impose. Une question est à soulever en amont, le lieu est-il figé une fois pour toute ou les acteurs peuvent-ils agencer les lieux en fonction des contextes pédagogiques et des intentions du moment ? La seconde solution me semble être la plus pertinente. IRL, nous avons tous buté sur la rigidité des lieux de formation (salle trop petite, non équipée en solutions numériques, salle autobus, obligation de se déplacer pour disposer d’une salle spécifique). La possibilité de modulariser à sa convenance les lieux de formation peut être une force des mondes virtuels.

Voici quelques pistes de réflexions sur les structures potentielles des mondes virtuels. Elles sont un élément d’un tout, le scénario. J’aurai l’occasion, dans d’autres billets, de traiter ds autres points.

Typologie des usages pédagogiques en monde virtuel

Billet en rapport

La causerie grand format avec Christophe Batier et Jacques Rodet outre qu’elle fut un moment agréable est a posteriori un outil d’analyse fantastique puisqu’elle me permet de (re)écouter et d’analyser. Christophe Batier, à propos de la structure des mondes virtuels dit la chose suivante (voir vidéo N°1) :

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« Toi dans ton travail, les étudiants écoutent, discutent, écoutent le prof, peuvent discuter entre eux. Nous étions au MIT en février, on a monté un projet avec eux que l’on a mis en place à Lyon. Les profs avaient développé des applets 3D autour des champs magnétiques. exemple il y a des aimants qui se baladent, ça fait des champs magnétiques. L’idée est que les étudiants peuvent manipuler les champs magnétiques, se promener dedans, il y a interaction avec l’environnement » – Christophe Batier (2011)

L’analyse de Christophe est intéressante au sens où elle pose la question de la structure des mondes virtuels en fonction des besoins pédagogiques exprimés. On peut essayer, à partir de là, d’esquisser une typologie d’usages.

• Le monde virtuel comme instrument de formation en ligne, un lieu immersif de reproduction du lieu de formation. Mes cours sont de ce type. Les besoins exprimés sont de l’ordre spatial et temporel, le monde virtuel permet de gérer les interactions humaines pour un groupe géographiquement éclaté. L’inconvénient de la dispersion des compétences peut être résolu via les réseaux. Ce blog regorge d’exemples et d’analyses sur ce point

• Le monde virtuel comme instrument de simulation - Le monde virtuel est paramétré pour que les acteurs simulent des situations du réel « possibilité de recréer des situations exceptionnelles pour mettre en situation des gens face à des situations qu’ils rencontreront rarement » Laurent Gout (2011). Le monde ne se substitue pas à l’acquisition de routines dans la vraie vie mais il permet d’anticiper des situations atypiques sans conséquences effectives IRL. Le monde virtuel permet d’analyser des situations extra – ordinaires par un procédé de répétition et d’analyse par retour en arrière (voir vidéo N° 2). Le monde dentallife s’inscrit dans cette dynamique de simulation ainsi que la salle d’urgence de l’impérial college of London.

• Le monde virtuel comme lieu d’immersion dans un élément de savoir, comme processus spécifique. Les acteurs sont immergés dans une représentation du savoir (exemple des champs magnétiques) et interagissent avec l’environnement. Il semble qu’il soit possible, à ce stade, de croiser les travaux de ceux qui œuvrent dans les mondes virtuels et ceux qui développent des systèmes 3D.

• Le monde virtuel comme instrument de co-construction des savoirs – Dans certains domaines il est possible d’utiliser le monde virtuel comme lieu de construction de concepts. L’exemple de collaboration entre une université américaine et une université Égyptienne est un bon exemple :

« Visionaries like Dr. Amr Attia from Cairo’s Ain Shams University and California-based architect David Denton, have volunteered countless hours and joined forced with Kara Bartelt at the USC School of Architecture to organize this project, with modest support pledged from the United States Department of State to realize Obama’s ‘Kansas to Cairo’ vision – a project they first discussed at a panel hosted by the State Department last June (read more about this architectural panel held in Second Life on america.gov or watch video coverage here). » Source (Credit) Arch virtual

On dépasse le cadre classique du cours frontal immersif distant, ou l’immersion dans un concept immersif déjà construit pour entrer dans le domaine de la co-construction entre enseignants et apprenants. Le monde virtuel est LE lieu de création.

Je pense, mais cela reste à démontrer, que les modes de tutorat sont à adapter aux modes de représentations virtuelles. Jacques Rodet doit pouvoir répondre de façon savante à mon affirmation largement péremptoire à ce stade de l’analyse.

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Monde virtuel et tutorat – Causerie avec christophe Batier et Jacques Rodet

Une causerie grand format organisée par Christophe Batier de Lyon 1 service ICAP. Nous avons eu le plaisir de converser avec Jacques Rodet (blog t@d et la revue Tutorale) sur les liens croisés existants entre les pédagogies immersives et les besoins du tutorat. Jacques Rodet est le spécialiste du tutorat en ligne il intervient à l’IUT de Vélisy (université de Versailles), à Rennes, à Toulouse le Mirail et§ Limoges. Pour ma part je travaille sur les enjeux des mondes virtuels et plus précisément sur la notion d’invariance en monde immersif et sur la perturbation du temps et de l’espace dans les dispositifs numériques.

« A chaque fois qu’il y a eu innovation, la question tutorale est venue plus tardivement , on s’est d’abord focalisé sur les outils, sur les nouvelles manières de mettre en forme les messages, on s’est intéressé à l’enseignement et beaucoup moins au support à l’apprentissage c’est-à-dire comment on on peut aider les apprenant à atteindre leurs objectifs. /…/ Ce n’est pas anormal qu’aujourd’hui on ne parle pas de tutorat dans les mondes virtuels parce que c’est quelque chose en émergence« - Jacques Rodet Un passage tiré de cette causerie grand format qui donne le ton de cette discussion mais bien d’autres sujets sont abordés.

Un moment agréable de réflexions croisées en pleine torpeur estivale. Merci à Christophe Batier d’avoir provoqué cette rencontre, merci à Jacques d’avoir interrompu ses vacances.

NB : Cette vidéo a été réalisée à la bibliothèque universitaire de Lyon 1, un lieu magnifique pour sa conception, son design et son panorama.

Mondes virtuels et formation – Elearning aux urgences

La formation dans le secteur de la santé – Les urgences (SAMU)

Après les dentistes, les urgentistes. Le monde de la santé est actif dans les mondes virtuels, la formation investit second life de façon efficace. J’ai réalisé l’interview de Laurent Gout qui développe des séances de formation inworld. Il est très intéressant de l’écouter car au-delà des enjeux strictement disciplinaires, on retrouve un ensemble d’invariants pédagogiques comme, le scepticisme ambiant, le manque de moyen, le temps non compté. C’est aussi une valeur ajoutée certaine qui se dégage des constructions, la capacité à générer des scénarios pédagogiques et surtout une conviction de chaque instant. Le facteur de réussite tient à l’enthousiasme indéboulonable de « bricoleur » de

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génie. Et si l’institution s’intéressait vraiment à leurs expériences ? Loin des fantasmes de l’industrialisation des processus de formation, ces travaux sont les fils d’un écheveau qu’il conviendrait de transformer en belle étoffe.

Cette entrevue est la première d’un cycle que je vais engager sur 2011 – 2012 et qui ira de l’université à la maternelle. Mon objectif est de constituer une base d’usages à fin d’analyse des enjeux pédagogiques en immersion

Les invariants cités

• La simulation• Recréer des situations exceptionnelles• La collaboration• Le temps• L’espace• La motivation• travailler en dehors des heures statutaires• Le financement

Les avatars et la simulation

Dans le travail qui est présenté il faut noter que les avatars ont un rôle particulier. Il est nécessaire de différencier les rôles des acteurs, ce qui passe par une identification vestimentaire (habits de pompiers, de gendarme, d’urgentiste …). De même les gestes sont importants, ce qui nécessite la présence de scripts spécifiques (s’accroupir, lever, prendre, accomplir un geste de technique professionnelle …). Il est aussi nécessaire de disposer d’objets « buildés » spécifiques comme les camions de pompiers, l’hélicoptère, l’ambulance … Par extension on imagine bien l’invariant pour les simulations en immersion. Un jeu juridique nécessiterait de représenter des fonctions (avocats, juges, greffiers, gendarme, police, témoins etc). on peut même imaginer des scénarios complexes en mêlant justice et médecine légale ( le médecin légiste délivre les ITT outre les très médiatisées autopsies). Les possibilités de scénarios semblent très importantes.

Dental life – Apprendre en immersion

Après deux ans de pratique et d’observation du e.learning en monde virtuel, j’engage le deuxième volet de mon travail. Rencontrer les autres acteurs de la e.éducation immersive. Y a t-il au-delà des enjeux disciplinaires des invariants pédagogiques dans les mondes virtuels ? Mes premiers travaux seront une immersion dans le monde de la santé (un dentiste, un urgentiste).

Première rencontre avec Bill Walach du monde Dental Life, monde consacré comme son nom l’indique à la formation en odontologie. Bill Walach est chirurgien dentiste, enseignant, passionné et gérant Dental Life (Twitter).

Ma première immersion, guidée par Bill Walach, m’a fortement impressionnée car cette construction repose sur des invariants que j’ai souvent décrit (mais que j’avais peu

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rencontré jusqu’alors). Les premières caractéristiques observées qui me paraissent significatives sont les suivantes :

• Le choix de filtrer les entrées. On ne peut accéder à Dental Life qu’après identification et inscription ;

• L’entrée dans le monde est facilitée par un môle d’accueil très pédagogique, le plan des lieux notamment. Le monde est renseigné par une cartographie précise, de même la présence d’un bot permet un dialogue même en l’absence physique de participants ;

• Une zone est dédiée à l’explication des enjeux manipulatoires (gestion de l’avatar, déplacement) et aux enjeux sociaux (rappel des règles de politesse notamment) ;

• Une zone de formation avec des ressources dédiées ;• Une zone de serious game où il est possible de tester des scénarios

professionnels. J’ai assisté à une crise d’asthme d’une patiente (je suppose qu’il s’agit de cela puisqu’il fallait administrer de la ventoline)

• Une zone de conférence dans un grand amphithéâtre.

Simulation

Ce monde mérite qu’on lui porte une attention particulière. Je vais réaliser une entrevue avec Bill Walach après mes vacances et le questionner sur la place des mondes virtuels dans la formation des dentistes, sur l’impact de la simulation en dispositif d’apprentissage, l’accueil qui est réservé, par la profession et les acteurs des dispositifs d’apprentissage, aux environnements immersifs. Je lui demanderai aussi, bien évidemment, pourquoi avoir choisi second life comme plateforme de développement. Bill Walach est – il le seul à gérer ce monde ou a t-il réussi à créer une chaîne de formation qui répartit les compétences ? Je poserai aussi la question indispensable du temps, combien de temps consacré à ce projet et comment l’institution se positionne t-elle face à cette innovation ? Bill Walach est-il perçu comme un geek, nerd mangeur de pizza ou a t-il l’oreille de l’institution reconnaissante, convaincue des enjeux de la R&D ?

Circuler inworld

La conception d’un dispositif de formation dans un monde virtuel modifie les rapports d’échelle spatiaux. Au quotidien (IRL) le groupe formation se retrouve dans une salle de classe, un amphithéâtre, un(e) ? carrel (Dans une médiathèque, box individuel qui permet à l’utilisateur de s’isoler. Il existe des carrels simples ou doubles. en bibliothèque – Source). Le seul repère dans l’espace à prendre en compte est l’existence d’étages dans le bâtiment de l’institution de formation. L’acte de formation stricto sensu s’exerce sur une surface plane.

Dans les mondes virtuels il est loisible de construire, par conséquent d’évoluer, dans l’espace. On peut évoluer au sol mais aussi en altitude. La conception, les scénarios des modules doivent tenir compte de cette nouvelle géographie en intégrant des systèmes de repérage ad hoc. La cartographie 3D doit être intégrée dans les modules de formation, sous peine de ne pas transmettre toutes les clés de la formation.

Plusieurs possibilités dans les scénarios :

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• Reproduire le réel – Hauteur des bâtiments, insérer le vol des aéronefs, intégrer les fonds marins ….

• Construire un monde plus scénarisé qui intègre des espaces de vie au sol, dans les airs, dans les fonds marins. L’imagination est au pouvoir pourvu qu’elle soit expliquée.

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L’ordre numérique règne – Le règne du DIY pédagogique ?

- L’ordre numérique

La fin de l’année scolaire arrive avec la période des bilans. J’ai produit mon bilan sur les monde virtuels, mon bilan d’activité enseignante (les succès, les insuccès, les joies et les désillusions). Le blog sera encore en activité pendant quelques jours (avant la rupture estivale). J’ arriverai probablement au constat que les doutes sont toujours plus nombreux que les certitudes.

En une année j’ai lu une grande quantité d’articles sur le numérique, suivi les tweets, lu la presse syndicale, les déclarations des politiques mais je n’ai pas lu un seul billet qui mettait en cause la place du numérique dans l’enseignement. Et pourtant en quelques années notre métier a fortement évolué, le virage pris est à 360°.

Retour en arrière, fin des années 80. Quelle aurait été la réaction d’un enseignant si on lui avait demandé de rédiger un manuel ou de produire ses polycopiés en complément de ses cours ? Je suppose que la réaction aurait été vive. J’imagine assez facilement les arguments – « il y a des livres pour cela » – « Cela ne fait pas partie de mes attributions » – « Je n’ai pas les compétences » – « Je ne sais pas suffisamment bien écrire » –

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« Comment assumer cette charge de travail, en plus des préparations, des cours et des corrections » – « en plus c’est pas payé » – « il y a des spécialistes pour ça » – « Rédiger un polycopié et/ou un livre ça prend du temps, je ne veux pas créer mes outils à domicile« . Un ensemble d’arguments qui paraissent rétrospectivement cohérents et justifiés. On aurait pu essayer de tempérer le propos en proposant de travailler en collectif. Là encore je ne suis pas sûr que l’argument eu été plus percutant.

30 ans plus tard, un changement radical, l’enseignant est devenu (à dose plus ou moins forte) créateur de ses ressources supports, il pioche des informations en ligne, il coopère, il collabore, il investit les réseaux.

Le métier d’enseignant s’est métamorphosé, au final, sans trop de remous. L’ordre numérique règne. Nous sommes passés du stade, où celui qui dispense un savoir à l’aide de ressources fournies, à celui qui dispense du savoir en créant ses ressources. Une (r)évolution qui s’est opérée dans le plus grand calme. Une lente conversion, inexorable, implacable et qui met à mal l’idée que les enseignants sont des conservateurs figés dans des conceptions dépassées.

De l’enseignant acteur à l’enseignant concepteur, des processus industriels à la culture du DIY (do it yourself) ? et si c’était la tendance lourde ?

Il faudra être attentif dans les années à venir aux tensions (plus ou moins fortes) qui s’exerceront entre les tenants des solutions industrielles de formations et les tenants des solutions « bricolées » à l’aide des outils hétérogènes en ligne de type web2.0 et bientôt du cloud.

Nous allons de plus en plus nous concentrer sur l’interprétation de l’oeuvre et de moins en moins gloser sur la structure de la partition.

A cet instant, il me semble que la solution est entre les deux c’est-à-dire des plateformes conçues par des spécialistes de l’informatique mais qui laissent une grande autonomie de conception aux utilisateurs (parce qu’elles s’ouvrent sur la toile). Il me semble que la solution mise en place par ICAP de Lyon 1 et sa plateforme spiral (spiral connect) est une réponse à cette question, c’est probablement la direction vers laquelle il faut regarder.

Pour achever ce dernier billet de la saison 2010 – 2011 je vais paraphraser la formule de Pierre Frakowiak dans sa chronique sur Educavox » bien sûr vous n’êtes pas obligé d’être d’accord. »

Virtuel mais …

La lecture de nombreux billets sur les mondes virtuels, la mise en place d’un site de curation sur la pédagogie en monde virtuel, le suivi quotidien de ma timeline sur twitter m’amènent à rédiger un billet de cadrage conceptuel. Le terme virtuel est utilisé fréquemment et je constate que des confusions émergent. Monde virtuel, classe virtuelle, bureau virtuel, espace virtuel … Je propose de mettre en ligne quelques définitions pour baliser le terrain conceptuel.

Étymologie du mot virtuel18

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Dérivé du Latin Virtus la force

Étymol. et Hist. A. 1. a) 1477-81 philos. « relatif à une faculté de l’âme » (Le Somme abregiet de theologie, éd. Chr. Michler, p. 136: [l'âme connaît Dieu] par intelligence, c’est a dire par icelle excellence virtuele); b) 1760 subst. (Bonnet, Essai analytique sur les facultés de l’âme, chap. 15, p. 169: le virtuel de ces Effets); 2. 1526 « qui a de la vertu, de la puissance » (J. Bouchet, Opuscules du Traverseur, sign. F 7 vo ds Gdf. Compl.: par acte virtuel). B. 1. 1480 méd. « qui n’est qu’en puissance » (Le Regime pour conserver et garder la santé du corps humain, éd. P. Willett Cummins, 45 ro: chaleur victuale [sic] (du vin)); 1534 (Le Guidon en françoys, 200a ds Rom. Forsch. t. 32, p. 182: chaleur actuelle [...] chaleur virtuelle et potentialle [attest. non retrouvée ds l'éd. de 1503]); 2. a) 1717 mécan. vitesses virtuelles (J. Bernoulli, let., 26 janv., citée in P. Varignon, Nouv. mécanique ou statique, t. 1, 175 ds Quem. DDL t. 41); 1799 principe des vitesses virtuelles (P. S. Laplace, Traité de mécanique céleste, t. 1, p. 41); 1740 force virtuelle (Marquise du Châtelet, Institutions de phys., p. 399 ds Quem. DDL t. 41, s.v. force morte: ces mots de Force morte, ou Force virtuelle, et de Force vive); 1858 moment virtuel (Chesn.); 1873 travail virtuel (Littré); b) 1964 travail virtuel « somme des travaux élémentaires accomplis par les forces appliquées à un système de solides soumis à des déplacements fictifs ou virtuels » (Rob.); 3. 1757 opt. foyer virtuel (Encyclop., s.v. foyer); 1859 image virtuelle (L’Année sc. et industr., 3e année, t. 1, p. 99: chacune de ces images, virtuelles pour ainsi dire, est vue par chacun des deux yeux de l’observateur); 1872 image virtuelle (Littré Add., s.v. image); 1964 point virtuel (Rob.); 1964 objet virtuel (Lar. encyclop.); 4. 1963 phys. atom. (L. de Broglie, Bases interprét. mécan. ondul., p. 2: échange de photons virtuels); 1964 état, niveau virtuel d’un noyau; processus virtuel de l’émission d’une particule (Rob.); 1964 quantum virtuel (Nucl.); 5. 1972 informat. mémoire virtuelle (M. Ginguay, Dict. d’informat. fr.-angl., Paris, Masson, s.v. mémoire). Empr. au lat. médiév. et scolast. virtualis « virtuel, potentiel » (mil. xiie s., Isaac de L’Étoile, De anima ds Blaise Latin. Med. Aev.; xiiie s. ds Thomas-Lexikon 1895), dér. du lat. class. virtus (vertu*). En angl. virtual est att. dès 1398 sous la forme vertual (ds NED); en opt. 1704 virtual focus, 1831 virtual image (ibid.); en phys. atom. 1931 virtual level (ds NED Suppl.2) et en informat. 1959 virtual memory (ibid.). Source http://www.cnrtl.fr/

- VIRTUEL, adj. GDC : virtuel ; FEW XIV, 518b : virtus] « Qui n’est qu’en puissance » - Source Dictionnaire du moyen français

Monde virtuel

Un monde virtuel est un monde créé artificiellement par un logiciel informatique et pouvant héberger une communauté d’utilisateurs présents sous forme d’avatars ayant la capacité de s’y déplacer et d’y interagir 1. La représentation de ce monde et de ses habitants est en deux ou en trois dimensions.Ce monde peut simuler le monde réel, avec ses lois physiques telles que la gravité, le temps, le climat, la géographie ou tout au contraire être régie par d’autres. Les lois humaines peuvent également être reproduites. La communication entre les utilisateurs se fait le plus souvent sous forme de texte (ou audio). Source Wikipédia

Environnement 3D pour l’enseignement et l’apprentissage

« Les environnements virtuels en trois dimensions (3D) (voir également les pages Environnement interactif 3D et Virtual environment) sont caractérisés dans la littérature (notamment par Roussou, 2004) par deux éléments indissociables : l’immersion dans un

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monde, (ou réalité virtuelle) et l’interaction avec des objets 3D modélisés (objets d’apprentissage, avatars). D’autres auteurs (Dillenbourg, Schneider & Synteta, 2002), insistent également sur la composante sociale et collaborative de tels environnements (“Educational interactions occur in the environment, turning spaces into places”, et la diversification technologique et pédagogique qui les caractérisent (“Virtual space is a space for innovation” [...] : “For teachers, a virtual space is an open space, a space where they can try new approaches.”). Harms (2000) précise encore : “Virtual reality incorporates characteristics that lend it significant potential : immersion, presence, direct engagement (user involvement), immediate visual feedback, autonomy and interactivity.” Dans la littérature, on retrouve plusieurs termes dont le sens est proche : réalité virtuelle (immersion sensorielle dans un monde numérique), environnement virtuel (synonyme de réalité virtuelle, environnement permettant à des utilisateurs de réaliser des tâches dans un lieu virtuel) et enfin espace virtuel (lieu de la réalité virtuelle, organisé spatialement et métaphoriquement), (Ott, 1999). Dans cette petite contribution, nous nous intéresserons plus particulièrement au potentiel d’utilisation des environnements virtuels 3D pour l’enseignement et l’apprentissage des sciences. » Source Edutechwiki

Communauté virtuelle

« Une communauté virtuelle est un groupe de personnes qui communiquent par l’intermédiaire de courriels, internet, courrier, téléphone, pour des raisons professionnelles, sociales, éducatives ou autres. Le mot virtuel est employé pour signifier qu’il ne s’agit pas de communication face à face.

Le terme ‘communauté virtuelle’ (virtual community) est attribué au livre du même nom, publié en 1993 et écrit par Howard Rheingold.

Certaines communautés sont purement virtuelles, d’autres se prolongent dans la réalité : le Web permet de gérer des plannings, organiser des réunions, passer des informations.

La relation entre un individu et la Communauté Virtuelle évolue : il commence par être un badaud (observateur ou lurker), puis il devient un novice (il commence à participer), ensuite il devient un habitué, après il sera peut-être un leader, il finira en étant un senior (qui se désintéresse peu à peu) 1,2.

Exemples de communautés liées au Web : Usenet, sites de messagerie, Wikipedia, MySpace, Second Life… » – Source wikipédia

« Dillengbourg & al., (2003, p. 11) sont de l’avis que cet adjectif « virtuelle » est souvent maladroitement adjoint au terme communauté. En fait, cet adjectif se réfère plutôt à un « mode de communication » de la communauté. Ces chercheurs confirment que les communautés virtuelles sont bien réelles. Il s’agit alors d’un contexte dans lequel se déroulent des interactions, émotionnellement chargées, entre des personnes humaines, qui adaptent leurs modes d’interaction à ce contexte. Or, le terme « virtuel » indique simplement qu’une partie importante des communications reposent sur des outils de communication électronique.Le terme de communauté virtuelle est apparu pour la première fois dans l’ouvrage de Howard Rheingold, Les communautés virtuelles, en 1995« . Source Edutech wiki

Classe virtuelle

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La classe virtuelle permet de réunir en temps réel sur Internet, ou un autre réseau informatique, des participants et un formateur qui peuvent notamment, discuter, se voir, visionner des documents, des vidéos, réaliser des quizz, partager leur écran. Ainsi, la classe virtuelle recrée à distance les conditions d’une formation en salle traditionnelle. Grâce à ses outils interactifs et pédagogiques, elle permet d’organiser des formations à distance aussi efficaces que celles réalisées sur le terrain. Wikipédia

La classe virtuelle désigne la simulation d’une classe réelle. La diffusion du cours se fait à l’aide d’une solution réseau, à une date et une heure précise (synchrone) auprès d’apprenants éloignés géographiquement. Cet environnement intègre des outils reproduisant à distance les interactions d’une salle de classe – Educnet

Bureau Virtuel

« DéfinitionUn espace numérique de travail (ENT) est un portail internet éducatif permettant à chaque membre de la communauté éducative d’un établissement scolaire, d’accéder, via un point d’entrée unique et sécurisé, à un bouquet de services numériques en relation avec ses activités.

CaractéristiquesL’ENT permet d’offrir à chacun des acteurs du système éducatif et notamment aux élèves, aux enseignants et aux parents un accès simple à travers les réseaux à l’ensemble des services numériques en rapport avec son activité (par exemple : gestion ou consultation des absences, des notes, du cahier de texte de la classe ; diffusion et consultation de support de cours, de devoirs ; travail collaboratif, accès à des ressources ou des manuels numériques…).

Tout utilisateur peut ainsi, où qu’il soit, à partir d’un simple accès internet, retrouver son environnement de travail habituel, ses documents, ses ressources, communiquer avec son entourage, collaborer avec ses pairs, accéder à des services en ligne spécifiques. C’est particulièrement important pour l’élève qui peut ainsi, depuis tout lieu connecté à Internet (de son domicile, d’un Espace Public Numérique, de l’entreprise où il effectue son stage, de l’hôpital, …) entrer en communication avec ses interlocuteurs et poursuivre son activité en disposant de l’ensemble de ses ressources. Jean-Michel Leclercq , chef de projet ENT SDTICE (sous-direction des technologies de l’information et de la communication pour l’éducation)

Quel terme employer ?Un espace numérique est aussi appelé communément :cartable numérique ou bureau virtuel ou environnement numérique de travail.On recommandera cependant l’appellation « espace numérique de travail » ou « ENT ». » - Source Educnet

Espace virtuel

“Tout lieu physique possède désormais une ombre informationnelle” Nicolas Nova – CITIC numérique et espace urbain – Millénaire 3

Cyberspace

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- Cybernétique 1834, Ampère, D’apr. L., au sens politique ; spécialisé au XXè s. : gr Kubernan; gouverner. Cybernéticien XXe s.

cyber, abrev de l’angl cybernetics cyberspace 1995, anglo améri. Cyberspace, de space, espace – Source Dictionnaire Etymologiquebet historique du Français – Larousse

- « Cyberspace : mot d’origine américaine, employé pour la première fois par l’écrivain de science fiction William Gibson en 1984 dans le roman Neuromancien. Le cysberspace y désigne l’univers des réseaux numériques comme lieu de rencontre et d’aventures, enjeu de conflits mondiaux, nouvelle frontière économique et culturelle. Il existe aujourd’hui dans le monde un foisonnement de courants littéraires, musicaux artistiques, voire politique se réclamant de la cyberculture »

Le cyberspace désigne moins des nouveaux supports de l’information que les modes originaux de création, de navigation dans la connaissance et de la relation sociale qu’ils permettent. Pour mémoire, on citera dans le désordre d’une liste hétéroclite et non close : l’hypertexte, le multimédia interactif, les jeux vidéos, la simulation, la réalité virtuelle, la téléprésence, la réalité augmentée (l’environnement physique est truffé de capteurs, de modules intelligents et communicants à votre service), les collecticiels (instruments d’aides à la coopération), les programmes neuro mimétiques, la vie artificielle, le systèmes experts, etc. Tous ces dispositifs trouvent leur unité dans l’exploitation du caractère moléculaire de l’information numérisée. Divers modes d’hybridation entre ces techniques et les médias classiques (téléphone, cinéma, télévision, livres, journaux et musées) sont à prévoir dans les années à venir. Le cyberspace constitue un champ vaste, ouvert, encore partiellement indéterminé, qu’il ne faut pas réduire à une seule de ses composantes. Il a vocation à interconnecter et interfacer tous les dispositifs de création, d’enregistrement, de communication et de stimulation. » Sourec Pierre Lévy l’intelligence collective – Pour une anthropologie du cyberspace – Éditions de la découverte – 1994

Mémoire virtuelle

« Espace du disque dur interne d’un ordinateur qui vient seconder la mémoire vive, Elle se concrétise par un fichier d’échanges (fichier swap), lequel contient les données non sollicités constamment. La mémoire virtuelle, comme son nom l’indique, sert à augmenter artificiellement la mémoire vive. Elle est aussi moins performante. » Source Futura techno

Monde virtuel et formation – Questions

Le travail et la réflexion en monde virtuel fait émerger des questions. Il est important de ne pas confondre les enjeux marketing des sociétés qui vendent des solutions de formation en monde virtuel et les questions de recherche. Ma réflexion consiste à imaginer les systèmes sous tous les angles.

Le schéma ci-dessous propose d’aborder des questions qui ne semblent plus contestées et pourtant …

Exemple :

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« Les mondes virtuels permettent de gérer les déplacement pour les territoires ruraux excentrés » – Quelles sont les politiques d’équipements des zones rurales ?

« Les mondes virtuels participent à la politique de développement durable » – Quel est le besoin en serveurs pour générer des mondes virtuels ?

« Les digitals natives savent tous manipuler des avatars » 1 ) est ce vrai ? 2 ) est ce suffisant ?

Le schéma ci-dessous est un début de réflexion, les idées mises en forme seront développées dans d’autres billets à venir

Texte colloque e.learning Lyon 3

Les invariants pédagogiques en E.learning

Je remercie la FDV, l’université Lyon 3 Jean Moulin, le professeur Hervé Croze, Gérald Delabre, Yann Bergheaud de m’avoir invité pour ce colloque. Fidèle et discrret participant depuis quelques années je me retrouve à cette table comme intervenant. Je mesure à sa juste valeur l’honneur qui m’est accordé.

La feuille de route qui m’a été remise me demande d’évoquer les invariants pédagogiques en E.learning

Un intitule bref mais riche en contenu

J’ai choisi, dans la masse des solutions E.learning, de mettre la focale sur les mondes virtuels et leurs fonctionnalités pédagogiques et les invariances. Parce que je les pratique avec mes étudiants, parce que je collabore à la FDV pour la partie monde virtuel. Je vais évoquer les mondes virtuels mais le propos est plus large et peut s’appliquer assurément aux e.learning en général.

J’ai intitulé mon intervention la stratégie du billard, ce qui peut paraître suprenant mais les mondes virtuels sont des univers proches des jeux, les jeux sérieux, les serious games dit-on aujourd’hui. Ce sont des mondes en 3D, crées artificiellement par un logiciel informatique dans lesquels les acteurs via les avatars entrent en interaction. (c’est ce qu’en dit wikipédia)

Le billard, est-il besoin de le rappeler, est un jeux composé d’une table sur laquelle on dépose des boules. On les fait s’entrechoquer avec un outil nommé queue. Selon l’adresse, l’entrainement du joueur, le mouvement impulsé, permet de marquer des points en faisant entrer les boules dans les trous de la table (pour le billard américain en tout cas)

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Les structures de l’enseignement et des apprentissages, à bien des égards, sont proches du jeux de billard. Nous devons agencer des éléments hétérogènes, les unir, les choquer entre eux pour mener à bien la mission de formation.

En outre, le jeu de billard a fait naître le terme de bricolage. Si l’on s’attarde sur l’étymologie du mot le dictionnaire dit :

BRICOLER - «Dans son sens ancien, le verbe « bricoler » s'applique au jeu de balle et de billard /.../ toujours pour évoquer un mouvement incident: celui de la balle qui rebondit»

ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1480 intrans. « aller par-ci, par-là » (Sottie des Vigiles de Triboulet [Rec. Trepperel I, pièce X] vv, 55-58 d'apr. Kwart. neofilol. t. 1, p. 75); 1611 « jouer en utilisant la bande (au jeu de paume, au billard) » (Cotgr.); d'où 1616 « ricocher (en parlant d'une balle, d'une bille) » (Aub. Hist. I, 312 dans Gdf. Compl.); 2. xvie s. intrans. « dire des mensonges »

Accessoirement C’est «se livrer aux pratiques de l’amour» mais là n’est pas notre propos.

Bricoler - Bricolage - Un terme qui nous intéresse au premier chef.

Les mondes virtuels, s’ils font l’objet de nombreuses publications, restent dans leur dimension opérationnelle des objets complexes, nous les abordons encore souvent par le prisme de l’usage, de l’expérience, de la recherche action.

Nous avons tous commencé par un stade de bricolage, nous avons tatonné, nous continuerons certainement à tatonner tant les progrès technologiques sont rapides. L’objectif à terme étant bien sûr de stabiliser nos pratiques, de les scénariser dans une certaine mesure.

L’enseignant va chercher à aller du bricolage vers l’invariance à la manière du joueur de billard qui sait rendre sûr son jeu en combinant la disposition des boules sur la table, l’inclinaison de la queue de billard, la force du coup donné et leur incidence sur les bandes (rappel d’un principe évoqué précédemment)

1.Bricoler pour avancer

Je vais commencer mon propos par une provocation et si le travail en monde virtuel n’était au final que du bricolage ?

Ne serions nous que des artisans au champ instrumental clos ? (Claude Levi Strauss - La pensée sauvage) Et si l’enseignant qui exerce, «le cas échéant» une pédagogie de type numérique instrumentée n’était au final qu’un bicoleur ? Un artisan au champ instrumental

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clos, celui qui doit «toujours s’arranger avec les « moyens du bord» ? Ce n’est pas moi qui parle, bien évidemment, mais Claude Levi Strauss dans la pensée sauvage.

« Le bricoleur est apte à exécuter un grand nombre de tâches diversifiées ; mais, à la différence de l’ingénieur, il ne subordonne pas chacune d’elles à l’obtention de matières premières et d’outils conçus et procurés à la mesure de son projet: son univers instrumental est clos, et la règle de son jeu est de toujours s’arranger avec les « moyens du bord », c’est-à-dire un ensemble à chaque instant fini d’outils et de matériaux, hétéroclites au surplus, parce que la composition de l’ensemble n’est pas en rapport avec le projet du moment, ni d’ailleurs avec aucun projet particulier, mais est le résultat contingent de toutes les occasions qui se sont présentées de renouveler ou d’enrichir le stock, ou de l’entretenir avec les résidus de constructions et de destructions antérieures. L’ensemble des moyens du bricoleur n’est donc pas définissable par un projet /…/ » - Claude Levi Strauss La pensée sauvage 1962 Agora

Je sais le propos est provocateur, qu’il grossit le trait, mais il permet de prendre un temps de pause, une réflexion.

La notion de bricolage est très présente dans la littérature, on peut s’appuyer sur quelques passages utiles et significatifs. Deux passages de livres. Le cas de Demarty dans le livre de Robert Lihnart dans «l’établi» et le passage de Monsieur Quignon dans le livre de Fabienne Hanique «le sens du travail»

Demarty

Après les évènements de 68, Robert Linhart intègre l’usine Citroën et les chaines de montage de 2 CV. Il y décrit un ouvrier, Demarty, chargé de «décabosser» les ailes. Pour accomplir sa tâche, il a, au fil du temps construit un établi ...

«Le plus étonnant, c'est son établi. Un engin indéfinissable, fait de morceaux de ferraille et de tiges, de supports hétéroclites, d'étaux improvisés pour caler les pièces, avec des trous partout et une allure d'instabilité inquiétante. Ce n'est qu'une apparence. Jamais l'établi ne l'a trahi ni ne s'est effondré. Et, quand on le regarde travailler pendant un temps assez long, on comprend que toutes les apparentes imperfections de l'établi ont leur utilité : par cette fente, il peut glisser un instrument qui servira à caler une partie cachée ; par ce trou, il passera la tige d'une soudure difficile» - L’établi de Robert Lihnart (1978)

Monsieur Quignon

Fabienne Hanique analyse les stratégies de la modernisation de l’entreprise La Poste. Elle s’attache à conduire «la modernisation des agents», pour transformer les postiers en «acteurs associés au changement».

Dans ses observations, elle analyse le cas de Monsieur Quignon, un vieux monsieur qui vient quotidiennement au bureau de poste pour vérifier l’état de son compte postal. Tous les agents savent que Monsieur Quignon ne perçoit que deux fois par mois sa maigre pension, le reste du temps le compte est vide. Les impératifs de rentabilité imposeraient de consacrer le minimum de temps à ce client. Pourtant... à l’encontre des règles managériales qui recommandent une distance avec le client, une rentabilité et une rapidité de l’opération, les

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guichetiers s’occupent de Monsieur Quignon, lui consacrent du temps. Ils prennent le temps de vérifier chaque jour son compte postal, ils lui adressent un mot gentil même si le résultat est connu d’avance. Les guichetiers ont bricolé la règle, ils l’ont adapté en fonction des besoins locaux.

«Elle serait alors conduite, pour faire face à des situations codifiées, à produire des «inventions» ou des «bricolages» que l’absence de validation du collectif renverrait au rang de transgressions.» - Le sens du travail - Fabienne Hanique (2002) - éres

Les premiers pas dans les mondes virtuels sont souvent de l’ordre du bricolage mais la pratique amène à dégager des invariants d’usage qui serviront de base à une scénarisation à fin de mutualisation. ils permettront de définir les contours de la formation et d’isoler la plus-value formative.

C’est aussi un point essentiel de la théorie de Célestin Freinet

« C'est une nouvelle gamme des valeurs scolaires que nous voudrions ici nous appliquer à établir, sans autre parti-pris que nos préoccupations de recherche de la vérité, à la lumière de l'expérience et du bon sens. Sur la base de ces principes que nous tiendrons pour invariants, donc inattaquables et sûrs, nous voudrions réaliser une sorte de Code pédagogique ...» 1964. Il distingue 30 invariants, le 30ème flirtant avec la notion de bricolage :

«Il y a un invariant aussi qui justifie tous nos tâtonnements et authentifie notre action: c'est l'optimiste espoir en la vie»

Le choix d’investir un monde virtuel pourrait apparaître comme la énième solution en matière de e.learning, une solution gadget et pourtant ... Travailler dans un univers 3D semble modifier certains des enjeux de la formation en ligne.

• Se rencontrer dans un environnement 3D ;• Travailler dans un environnement 3D ;• Interagir dans un environnement 3D ;• Penser l’organisation des ressources en 3D ;• Comment construire du social dans un environnement 3D ? ;• Simplement se rencontrer ou se recontrer et produire des ressources en immersion ?

Ces mondes vont contraindre les acteurs du dispositif de déconstruire les pratiques du réel pour les reconstruire dans le virtuel.

Quels sont ces invariants ?

2.Les invariants pédagogiques

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Pour appuyer mon propos je me réfèrerais aux travaux menés tant dans mes cours qu’à la FDV (cette année la première promotion à reçu son diplôme de droit des affaires canadians). Des projets structurés commencent à émerger.

Les mondes virtuels par leur spécificités imposent aux utilisateurs de déconsruire leurs pratiques du réel pour les reconstruire dans le virtuel.

Parmi un ensemble d’invariants j’ai choisi de porter l’attention sur plusieurs d’entre eux, ceux qui me paraissent les plus signigicatifs. Les autres feront l’objet de publications futures.

• Les invariants d’usage ;• Les invariants technologiques ;• Les invariants cognitifs ;• Les invariants de formation ;• les invariants de temps et d’espace ;• les invariants de certification.

Mon propos est la pédagogie dans les mondes virtuels c’est-à-dire la capacité à transcender la somme des outils utilisables en e.learning.

Le risque de l’effet diligence.

Second life, opensims, assemblive représentent un ensemble de solutions immersives. Il est loisible de les instrumenter pour bâtir un dispositif de formation. Faut-il s’attarder uniquement sur les caractéristiques techniques du monde virtuel ? Ou s’interroger sur les fonctionnalités qu’ils génèrent ? Comme dans toute démarche pédagogique instrumentée il me semble primordial de privilégier a priori l’intention pédagogique.

Mon propos n’est pas de donner un prix de vertu à tel procédé technologique et de vouer aux gémonies telle autre solution. Ce qui importe est la capacité du concepteur à instrumenter les fonctionnalités de l’outil dans le dispositif de formation. Il est fondamental de se poser quelques questions préalables :

• Pour quelles raisons ai je l’intention d’ utiliser un monde virtuel ? La vidéo n’est-elle pas une solution plus opportune ? Une plateforme de type classe virtuelle n’est-elle pas mieux adaptée ?

• Quel est mon contexte de formation ?

• Quelle est la plus-value pédagogique du monde virtuel par rapport à mes anciennes constructions ?

• Quel monde virtuel utiliser ? Chacun des mondes génère ses spécificités technologiques. Elles renvoient directement aux problématiques de l’enseignant et de son enseignement.

• Quelles sont mes compétences à l’instant ou je me lance dans ce travail ? Quelles sont les compétences à acquérir ?

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A défaut de réflexion prélable on prend le risque de l’innovation pour le «plaisir» de l’innovation. A vouloir uniquement centrer sa démarche sur l’innovation on s’expose à sombrer dans ce que nomme Jacques Perriault «l’effet diligence» c’est-à-dire :

«Une invention technique met un certain temps à s’acclimater pour devenir une innovation, au sens de Bertrand Gille, c’est-à-dire à être socialement acceptée. Pendant cette période d’acclimatation, des protocoles anciens sont appliqués aux techniques nouvelles. Les premiers wagons avaient la forme des diligences» - wikipédia

Introduire un monde virtuel dans ses pratiques mais continuer à travailler selon des anciens protocoles. Il est fondamental de s’interroger sur les fonctionnalités pédagogiques des mondes virtuels. L’usage contibue largement à poser les bases d’une probable et future scénarisation à fin de mutualisation. Les travaux actuels de Gérald Delabre au sein de la FDV participent à ce travail de construction.

• Des invariants technologiques

Bien qu’ayant rappelé que l’intention pédagogique prime, il n’en reste pas moins que l’usage est cependant conditionné par le choix des outils qui serviront de supports au développement des dispositifs d’apprentissage.

Les enjeux technologiques sont nombreux. L’outil s’il est assurément riche en potentialités pédagogiques doit être configuré pour être adapté au module de formation.

Il est nécessaire d’identifier ses besoins et de les confronter aux caractéristiques des mondes virtuels :

Les questions de bases indispensables (incontournables) :

• La taille des logiciels des viewvers ;• La compatibilité Mac ou PC ;• La nature du débit internet des acteurs du dispositif (fibre, adsl, 3G, filaire ou wifi,

cybercafé ...) ;• L’équipement informatique des acteurs ;

Dans une configuration de formation internationale, certains mondes virtuels peuvent entraîner une impossibilité pour certains d’apprendre (logiciels trop volumineux, besoins de bande passante importante)

• Des invariants cognitifs

Seul face à la machine est un des enjeux cognitifs forts. Les acteurs qu’ils soient professeurs ou étudiants doivent apprendre une nouvelle perception des relations dans les mondes virtuels. Dans le monde réel on perçoit grâce à la vue et à l’ouie la

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communication verbale et non verbale. Dans les mondes virtuels, les enjeux sont différents

• Une inversion des attitudes, il faut faire confiance à la machine (à défaut de manisfestation de détresse des participants on en déduit que tout fonctionnne)

• Se centrer sur l’avatar pour éviter le multitâche pendant la session de formation (mail, twitter ...)»

Implémenter un monde virtuel dans un dispositif d’apprentissage n’est pas un acte de réplique des relations sociales IRL (in the real life). Travailler dans les mondes virtuels c’est déconstruire ses habitudes de la vie réelle pour les reconstruire dans le virtuel.

Travailler dans les mondes virtuels c’est surfer en permanence sur le paradoxe.

«Seul devant sa machine pour être plus nombreux et plus productifs socialement»

L’exercice des cours en monde immersif est un dispositif qui ressemble fortement aux jeux (sérieux ou pas). Rappelons la définition : un environnement 3D qui regroupe une communauté d’acteurs qui interagissent entre eux.

• Identifier les avatars selon une procédure commune - Le choix de l’état civil ou le choix d’un nom exotique ;

• Identifier l’identité sexuelle cad la conformité ou pas de l’avatar à la réalité IRL ;• Choisir le costume de son avatar ;• Déterminer les modes de relations dans les mondes virtuels (politesse, ponctualité,

mode de salutation ...)

• Des invariants d’interaction

A l’interaction liée à l’interaction sociale doivent s’ajouter les interactions de «travail».

Dans un cours classique en présentiel, les acteurs sont en capacité de percevoir la communication verbale et non verbale, l’oeil agit.

Ces enjeux cognitifs et sociaux renvoient aux capacités des enseignants et des apprenants à construire du signifiant avec un avatar.

En immersion on se prive d’une partie de ces indicateurs sociaux. Il importe donc de palier ce manque. En affirmant cela je ne dis pas que le monde virtuel appauvrit les relations entre acteurs. Il appartient de construire le relationnel.

A défaut de communication non verbale le monde virtuel met à disposition des acteurs des canaux de communication riches :

• La voix• Le chat• La vidéo

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L’interaction est multiniveau dans les mondes virtuels

La diversité des tâches dans un monde virtuel - Organisateur, concepteur, community manager, technicien.

Création d’une chaine pédagogique et naissance de nouvelles compétences.

«Dans l’univers virtuel, chaque participant est représenté par un avatar qui lui permet d’interagir avec les autres. Il faut faire vivre l’avatar, le faire bouger pour qu’il ne s’endorme pas (tout le monde verrait alors que vous n’êtes plus derrière votre poste...). Les possibilités de faire agir son avatar permettent d’imposer des règles de communication qui se rapprochent de la situation de classe ou de conférence réelles : se saluer au début et à la fin d’une rencontre; lever la main pour prendre la parole; montrer quelque chose ou quelqu’un; se déplacer au pupitre pour parler, etc. Etant actif, le participant est plus immergé dans la situation. De plus, il se trouve sous le regard des autres : le fait de pouvoir visualiser les autres participants est fondamental et renforce encore le sentiment d’être “dans” la situation.» - (C. Vaufrey Thot - 29 mars 2011)

• Des invariants de formation Former les acteurs

Dans e.pédagogie il y a avant tout pédagogie dit Marcel Lebrun. Les mondes virtuels en sont une expression criante. Il faut s’approprier les modalités de fonctionnement des mondes virtuels et cela passe avant tout par la formation en amont des acteurs du dispositif.

Il sera intéressant d’identifier la part de la culture informelle acquise (ou pas) par les acteurs du dispositif.

Se déplacer dans le monde, s’orienter, faire agir son avatar, gérer le navigateur et ses modules.

• Les invariants de structure

L’expérience de l’immersion si l’on souhaite dépasser le stade du bicolage nécessite de mettre en évidence l’existence d’une chaine de formation, une structure dédiée pour aller vers l’efficacité.

L’enseignant qui développe un processus de formation en immersion va très vite buter sur un obstacle. Gérer simultanément une grande quantité de tâches.

• Les tâches d’organisation avant le cours (contact avec les ou les formateurs, information des étudiants ...) ;

• Les tâches d’organisation pendant le cours :• Gérer les incidents techniques• Donner la parole aux intervenants

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• Conserver les traces• Organiser le chat• Indiquer les lieux de cours• Informer et formes tous les participants• Builder

La charge cognitive est telle qu’elle nécessite de répartir les tâches entre spécialistes. La fonction de community manager semble indispensable.

• Les invariants temps et espace

La pédagogie en monde virtuel modifie les repères de temps et d’espace de façon très forte. Je ne défensd pas ici un enseignement totalement dématérialisé mais plutôt un modèle inspiré du blended learning (formation hybride) c’est-à-dire un mix de présentiel traditionnel et de distanciel en immersion.

Il devient nécessaire de repenser sa façon de travailler. Réorganiser ses cours en hybridant le présentiel et le distanciel. Une remise en cause de l’unité de temps et de lieux - un amphithéâtre, un groupe d’étudiant, un temps de formation déterminé.

La construction des modules de formation inscrit la réflexion hors les murs de l’université et hors les temps «traditionnels».

Un invariant qui devrait donner du travail aux juristes de droit social et de droit public. Michel Dupuis nous avez donné des pistes de réflexion l’année dernière dans son intervention intitulée ........ visible sur le site du SUEL.

Lorsque l’activité est lancée dans le monde virtuel il s’agit de l’aboutissement d’un travail long de conception, pluridisciplinaire (droit, programmation, financier, technologique). Une heure de cours doit se traduire par des heures de préparation / conception.

On peut certainement en déduire que dans le domaine de la pédagogie immersive le rapport entre cours traditionnel et immersion n’est pas l’égalité 1 = 1

• Invariant de mutualisation

Tenter d’isoler les invariants pédagogiques dans les mondes virtuels induit de se poser la question d’une possible mutualisation auprès de la communauté enseignante. L’élaboration de scenarii semble être la démarche à entreprendre

Les élements du scénario :

• Le contexte de formation ;

• L’Intention pédagogique ;

• Les acteurs du dispositif ;

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• Les outils ;

• Les ressources.

• Invariant de la certification.

Le travail dans les univers virtuels permettent d’acquérir des savoirs disciplinaires à la condition que le promoteur de la formation ait été en capacité de scénariser son enseignement et les apprentissages de ses étudiants. Partir d’une intention pédagogique spécifique à un contexte. Déterminer quels sont les acteurs du dispositif, sélectionner minutieusement ses outils numériques et calibrer ses ressources.

Mais au-delà de ce dispositif d’enseignement / apprentissage il se profile un élément déterminant à l’ère numérique. La validation des compétences.

Nous nous éloignons progressivement du cadre de l’enseignement frontal, la structure du savoir qui consiste à faire circuler la connaissance du professeur vers l’étudiant. Là ou il y avait une unité de lieu, une unité de temps, une transmission du haut vers le bas, on passe vers une structure de communication horizontale.

Le cours instrumenté est à double détente, un savoir disciplinaire transmis ET des compétences acquises (aussi bien pour les étudiants que pour les enseignants).

Les universités doivent délivrer le C2I. La définition qui en est donnée est la suivante :

« Il atteste de compétences dans la maîtrise des outils informatiques et Internet. Il est institué dans le but de développer, de renforcer et de valider la maîtrise des technologies de l’information et de la communication par les étudiants en formation dans les établissements d’enseignement supérieur. Il est prévu deux niveaux :

un niveau 1 d’exigence applicable à tous les étudiants et les stagiaires de formation continue. Ce premier niveau doit être acquis au plus tard au niveau de la licence mais de préférence dès le début des études supérieures.

* un niveau 2 faisant l’objet d’exigences avec des orientations professionnelles des formations dispensées (à travers les enseignements de pré-professionnalisation et les filières). Ce second niveau doit être acquis au niveau du Master 2. Actuellement 5 C2i niveau 2 sont développés : »

Le travail en monde virtuel permet ainsi de valider des compétences nombreuses. L’enseignant et l’apprennant agrègent deux pôles :

• Le savoir académique

• Les compétences numériques.

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Les évolutions des professions juridiques tendant vers une part de dématérialisation, il apparaîtait anormal de ne pas armer complétement les étudiants aux contraintes de la vie professionnelle.

Cette invariance souligne les évolutions des métiers d’enseignants et d’étudiants - Le savoir et la compétence. Une docimologie qui évolue et à laquelle il faut que nous nous préparions.

Validation par note (la rassurante) validation par compétence (la déstabilisante)

• Loi n°2000-230 du 13 mars 2000 portant adaptation du droit de la preuve aux technologies de l'information et relative à la signature électronique. Cette loi est complétée des décrets n° 2001-272 du 30 mars 2001 et décret n°2005 du 10 août 2005

Loi n° 2004-575 du 21 juin 2004 dite loi pour la confiance dans l’économie numérique.

L'article 25-I de cette loi permet d'élargir la validité des écrits électroniques aux actes ad validitatem et non plus seulement aux actes ad probationem.

Ordonnance n°2005-674 du 16 juin 2005 relative à l’accomplissement de certaines formalités contractuelles par voie électronique.

Cette ordonnance parachève le travail législatif et réglementaire en fixant les conditions exigées pour la validité des contrats en ligne et pour l'envoi ou de la remise d'un écrit par voie électronique.

4.Scénariser pour mutualiser

La tentative d’approche des invariants pédagogiques en monde virtuel n’a de valeur qui si on est en capacité de les unir dans un maillage dynamique. Il me parait utile de penser cet ensemble d’invariants dans une approche de scénarisation.

L’intention, le contexte, les acteurs, les outils , les ressources

La mutualisation du scénario mis en place est à l’image d’une partition de musique. Chaque chef d’orchestre aura la même participation mais l’interprétation dépendra du chef. De cette manière le concepteur dans l’usage organisera un va et vient entre la pratique et la conceptualisation. Le scénario établi il sera livré à une communauté. Les membres pourront l’utiliser, le transformer et le réinjecter modifié dans le circuit.

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Bilan d’activité 2011

Les mondes virtuels en pédagogie.

Le e.learning dans les mondes virtuels

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Année scolaire et universitaire 2010 - 2011

Deuxième année de pratique dans les mondes virtuels, deuxième année consacrée essentiellement à la conceptualisation. Je rédige pour la seconde fois mon bilan annuel d’activité. Il s’agit de conserver des traces d’usage et de prendre une pause réflexive là où l’activité quotidienne s’inscrit plutôt dans le faire que dans l’analyse.

Une année scolaire riche en activités numériques, peut être voit-on émerger l’embryon d’une communauté de réflexion sur le e.learning dans les mondes virtuels. Le cadre de travail est identique à celui de l’année précédente1 (1). Les conditions du travail (2) sont différentes parce qu’après une année de pratique et de bicolage, le temps de la conceptualisation est arrivé, les problématiques (3) s’en sont trouvées modifiées. Une année de travail qui s’est traduite par une activité personnelle intense centrée sur le e.learning et sur le partage avec d’autres praticiens (4) C’est au final une réflexion plus large sur les conditions de travail en e.learning, qui interroge la notion de temps et la notion d’espace (5)

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1 http://moiraudjp.wordpress.com/2010/06/16/bilan-2010/

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5.Le cadre de ce travail

5.1.Le contexte du travail.

Je suis certifé hors classe d’économie et gestion au lycée La Martinière-Diderot de Lyon. J’enseigne la gestion en BTS (brevet de technicien supérieur) et en DSAAT (diplôme supérieur d’art appliqué créateur concepteur textile). Ma sphère de travail se situe donc entre le bac plus 2 (BTS) et le bac plus 4 (DSAA)

5.2. Méthodologie

Depuis deux ans, j’expérimente l’usage d’un monde virtuel dans les dispositifs d’apprentissage. Il est à noter que ce travail ne s’exerce pas dans le cadre d’un dispositif institutionnel de type laboratoire de recherche mais en parallèle d’une activité enseignante de terrain. Cela peut largement expliquer certaines faiblesses du propos. Les séries observées peinent à déborder la sphère locale et mon réseau professionnel. En conséquence, si le terme recherche est utilisé, il ne faut pas le prendre dans toute la rigueur universitaire du terme.

Pour autant je reste persuadé qu’une activité simple d’enseignement doit quand même faire l’objet d’une analyse, d’une réflexion a posteriori. C’est sous cet angle qu’il faut aborder cette lecture. Je propose un travail d’analyse d’usage qui tente d’atteindre un objectif de rigueur analytique. Trace d’une activité enseignante ayant pour ambition de contribuer à alimenter une réflexion et à la mutualiser.

5.3.Le terrain d’observation

Les champs d’observation pédagogiques ont été plus larges cette année puisque je ne me suis pas limité à Assemblive. J’ai observé aussi dans second life (cours de droit des affaires canadiens). Le croisement des observations dans les deux mondes a permis de tirer des enseignements, des conclusions intermédiaires de ces pratiques.

5.4.L’intention pédagogique.

L’instrumentation d’un monde virtuel dans mon dispositif d’apprentissage répond à quatre intentions principales :

• Poursuivre une réflexion sur les enjeux du numérique dans les dispositifs d’apprentissage ;

• Réunir en un lieu les professionnels d’un secteur (mode et textile) et les étudiants pour engager une réflexion sur des sujets spécifiques.

• Donner des compétences numériques aux étudiants afin de les armer pour leur future vie professionnelle ;

• Observer et formaliser les enjeux des dispositifs d’apprentissage dans les univers immersifs.

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5.5.Le monde virtuel.

Cette année, j’ai continué à utiliser le monde Assemblive (tout en continuant à observer d’autres mondes) Je suis en capacité de formaliser les aspects techniques et les aspects pédagogiques indispensables au bon déroulé du processus de formation.

5.5.1.C’est un outil

Il est nécessaire que le formateur connaisse précisément les routines numériques du monde. Gestion de la voix IP, compatibilité (ou pas) des navigateurs, capacité des connexions web, gestion des avatars, gestion des règles de prise de parole ...

5.5.2.C’est un ensemble de fonctionnalités

L’utilisation d’un monde doit répondre à un choix raisonné s’inscrivant dans une logique pédagogique de formation.

Dans le cadre des besoins exprimés dans mon contexte de formation, le monde assemblive a les qualités requises c’est-à-dire :

• La légèreté du plugin ;• La souplesse et l’intuitivité du monde ;• L’absence de compérence en «build» n’est pas un handicap parce que la solution est

«clé en main» ;• La délimitation spatiale des lieux de travail (bureau, amphithéâtre, salle d’accueil) ;• La reproduction de lieux connus ;• Le pilotage des avatars à la souris ;• La référence à la culture numérique des étudiants (effet de la culture informelle des

digitals natives)• La possibilité de l’insérer dans un blog par écriture de lignes de code embedded.

6.Les conditions du travail

Le seconde année d’usage / analyse contrairement à ce que je craignais en début d’année n’a pas été la réplique fade de l’année 1. Ce qui a été à la fois une aide et un frein.

6.1.Une aide

L’année virtuelle 2011 a été riche parce qu’elle consacre le passage d’une pratique locale aux prémisses d’une construction de conceptualisation et d’essaimage. Je peux dresser un bilan assez positif de cette année puisqu’il en reste des traces.

- La journée nationale IATICE que j’ai co-organisé a porté en partie sur l’impact des mondes virtuels dans les dispositifs d’apprentissage. Les participants au colloque ont pu rencontrer et dialoguer avec des spécialistes des mondes virtuels, Yann Bergheaud directeur du SUEL de Lyon 3, Gérald Delabre directeur adjoint de la FDV de Lyon, et Christian Morand de la société Gaenova.

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- Le forum des enseignants innovants où j’ai obtenu le grand prix du numérique. Cet évènements a eu des retombées médiatiques grâce à de nombreux articles dans la presse (Le café pédagogique, Le monde, RSLN)

- La 6ème édition du colloque international les journées du e.learning à Lyon s’est tenu les 23 et 24 juin 2011 - la thématique du colloque était "Former en E-learning, Former au E-learning". Je suis intervenu sur «les invariants pédagogiques en monde virtuel» et d’animer un atelier sur les mondes virtuels. Ce travail m’a permis (obligé) de formaliser mes analyses, d’avancer dans mes propositions et mes formalisations.

6.1.Un frein

La notion de temps étant inscrite en filigrane de ces analyses, il convient de s’attarder sur ce point. Compte tenu du temps consacré à la construction de mes cours (c’est mon coeur de métier avant tout), à l’analyse des usages et des sollicitations, je n’ai pas pu pratiquer autant que je l’avais prévu. Mon activité est devenue chronophage et j’ai dû procéder à des arbitrages. L’usage en a pâti (la réflexion y a gagné). Cette confrontation du travail de terrain et des tentatives de prises de recul réflexif ne sont pas un constat autocentré, une plainte à peine dissimulée mais une amorce de réflexion sur la structure formelle du métier d’enseignant (voir N° 5 Du tube à essai, à l’écosystème - Le temps et l’espace). On constate que le glissement vers l’état de «knowledge worker»2 s’opère, il faudra qu’à un niveau supérieur on s’empare de ce dossier et qu’on lui donne des réponses institutionnelles. C’est un dossier complexe, sensible mais il faudra lui donner à terme une début de réponse. Il engagera une réflexion sur les notions de temps, d’espace, de statuts des enseignants, des nouveaux métiers émergeants, de compétences et de rémunération.

7.La problématique

7.1.Les questions posées

Le travail engagé repose sur l’observation de plusieurs éléments :

• Quelle est la valeur ajoutée que peuvent apporter les mondes virtuels dans les dispositifs d’apprentissage ?

• Quels sont les invariants de formation dans les dispositifs d’apprentissage ?

7.2.Les pistes de réflexion.

7.2.1.Quelle valeur ajoutée ?

Deux ans d’usage permettent de commencer à échaffauder des pistes pour structurer et comprendre les enjeux des dispositifs d’apprentissage en immersion. Il est possible de commencer à pouvoir donner quelques réponses :

• L’économie de déplacement

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2 Sciences humaines mensuel N° 157 - http://www.scienceshumaines.com/index.php?lg=fr&id_dossier_web=50&id_article=4651

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La formation est souvent une construction qui commence par le déplacement d’acteurs sur un site de formation (les enseignants et les apprenants). La structure de l’enseignement française est la construction d’un maillage territorial de bâtiments. Dans un contexte économique contraint (RGPP), dans une perspective certaine de hausse des prix des énergies fossiles et dans une économie centrée sur l’immatériel, le monde virtuel trouve largement sa justification. Je parlerai d’avantage économico-environnemental

La France depuis 1982 s’est convertie à la décentralisation. D’un Etat jacobin, nous connaissons une organisation où les Régions ont acquis de nouvelles compétences3 notamment en matière de formation. Les dispositifs de formation continue et/ou en alternance peuvent instrumenter les mondes virtuels pour tenir compte de l’existence de territoires éloignés des centres de formation.

• La mondialisation des savoirs

Le savoir et les connaissances circulent rapidement, le web les rend disponible assez facilement (certains diront trop vite et trop facilement). Les mondes virtuels sont des outils qui rendent possibles l’accès au savoir en s’affranchisant des distances. Il est loisible à un enseignant de pouvoir inviter un spécialiste situé loin. Le cas de la FDV et de son cours de droit des affaires canadiens est un exemple particulièrement intéressant. Une avocate canadienne dispensant des cours en synchrone mais à des milliers de kilomètres de distance (doit-on encore parler de distance?). Le monde virtuel permet d’aller chercher la compétence et la connaissance là où elles se trouvent.

• L’interaction augmentée

Il est évident que les mondes virtuels ne sont pas à l’origine des cours distants synchrones mais ... Ils redéfinissent à leur façon ce mode de formation.

Peut-on bâtir un programme complet de formation en monde virtuel ? Je pense qu’il faut répondre non à cette question, les mondes virtuels me semblent plus utiles dans un dispositif de blended learning. Ils enrichissent le présentiel mais ne s’y substituent pas. Le présentiel conserve toute son utilité. Il est fondamental de pouvoir se constituer une image mentale des acteurs.

• Apprendre à structurer un cours instrumenté pour les enseignants

Le monde virtuel peut être, grâce à des scenarios construits, un mode d’apprentissage au e.learning pour les enseignants. On y retrouve un grand nombre de points communs aux autres modes instrumentés.

• Préparer les étudiants aux futures évolutions du web (émergence du 3D)

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3 La loi quinquennale n° 93-1313 du 20 décembre 1993 relative au travail, à l'emploi et à la formation professionnelle, a décentralisé les actions de qualification des jeunes de 16 à 25 ans.

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La technologie 3D en est à ses débuts, le colloque Laval Virtua4l cette année nous a donné un aperçu des futures possibles. Le travail de ICAP5 de Lyon 1 donne une idée des enjeux à venir. Les mondes virtuels sont probablement l’étape nécessaire pour faire comprendre les nouvelles formes d’enseignement.

7.2.2.Quels Invariants ?

Mon intervention au colloque e.learning développait cette partie6. On peut isoler plusieurs invariants (probablement que cette liste n’est pas exhaustive)

• Les invariants technologiques

«Bien qu’ayant rappelé que l’intention pédagogique prime, il n’en reste pas moins que l’usage est cependant conditionné par le choix des outils qui serviront de supports au développement des dispositifs d’apprentissage.

Les enjeux technologiques sont nombreux. L’outil s’il est assurément riche en potentialités pédagogiques doit être configuré pour être adapté au module de formation.

Il est nécessaire d’identifier ses besoins et de les confronter aux caractéristiques des mondes virtuels :

Les questions de bases indispensables (incontournables) :

• La taille des logiciels des viewvers ;• La compatibilité Mac ou PC ;• La nature du débit internet des acteurs du dispositif (fibre, adsl, 3G, filaire ou wifi,

cybercafé ...) ;• L’équipement informatique des acteurs.

Dans une configuration de formation internationale, certains mondes virtuels peuvent entraîner une impossibilité pour certains d’apprendre (logiciels trop volumineux, besoins de bande passante importante)»

• Les invariants cognitifs

« Seul face à la machine est un des enjeux cognitifs fort. Les acteurs qu’ils soient professeurs ou étudiants doivent apprendre une nouvelle perception des relations dans les mondes virtuels. Dans le monde réel on perçoit grâce à la vue et à l’ouie la communication verbale et non verbale. Dans les mondes virtuels, les enjeux sont différents

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4 http://www.laval-virtual.org

5 http://icap.univ-lyon1.fr/86475821/0/fiche___pagelibre/&RH=PRAC_RP

6 Le texte relatif aux invariants est la reprise de mon intervention aux journées du e.learning

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• Une inversion des attitudes, il faut faire confiance à la machine (à défaut de manisfestation de détresse des participants on en déduit que tout fonctionnne)

• Se centrer sur l’avatar pour éviter le multitâche pendant la session de formation (mail, twitter ...)»

Implémenter un monde virtuel dans un dispositif d’apprentissage n’est pas un acte de réplique des relations sociales IRL (in the real life). Travailler dans les mondes virtuels c’est déconstruire ses habitudes de la vie réelle pour les reconstruire dans le virtuel.

Travailler dans les mondes virtuels c’est surfer en permanence sur le paradoxe.

«Seul devant sa machine pour être plus nombreux et plus productifs socialement»

• Les invariants d’usage

« Second life, opensims, assemblive représentent un ensemble de solutions immersives. Il est loisible de les instrumenter pour bâtir un dispositif de formation. Faut-il s’attarder uniquement sur les caractéristiques techniques du monde virtuel ? Ou s’interroger sur les fonctionnalités qu’ils génèrent ? Comme dans toute démarche pédagogique instrumentée il me semble primordial de privilégier a priori l’intention pédagogique.

Mon propos n’est pas de donner un prix de vertu à tel procédé technologique et de vouer aux gémonies telle autre solution. Ce qui importe est la capacité du concepteur à instrumenter les fonctionnalités de l’outil dans le dispositif de formation. Il est fondamental de se poser quelques questions préalables :

- Pour quelles raisons ai je l’intention d’ utiliser un monde virtuel ? La vidéo n’est-elle pas une solution plus opportune ? Une plateforme de type classe virtuelle n’est-elle pas mieux adaptée ?

- Quel est mon contexte de formation ?

- Quelle est la plus-value pédagogique du monde virtuel par rapport à mes anciennes constructions ?

- Quel monde virtuel utiliser ? Chacun des mondes génère ses spécificités technologiques. Elles renvoient directement aux problématiques de l’enseignant et de son enseignement.

- Quelles sont mes compétences à l’instant ou je me lance dans ce travail ? Quelles sont les compétences à acquérir ?

A défaut de réflexion prélable on prend le risque de l’innovation pour le «plaisir» de l’innovation. A vouloir uniquement centrer sa démarche sur l’innovation on s’expose à sombrer dans ce que nomme Jacques Perriault l’effet diligence»

• Les invariants de temps et d’espace

«La pédagogie en monde virtuel modifie les repères de temps et d’espace de façon très forte. Je ne défensd pas ici un enseignement totalement dématérialisé mais plutôt un

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modèle inspiré du blended learning (formation hybride) c’est-à-dire un mix de présentiel traditionnel et de distanciel en immersion.

Il devient nécessaire de repenser sa façon de travailler. Réorganiser ses cours en hybridant le présentiel et le distanciel. Une remise en cause de l’unité de temps et de lieux - un amphithéâtre, un groupe d’étudiant, un temps de formation déterminé.

La construction des modules de formation inscrit la réflexion hors les murs de l’université et hors les temps «traditionnels».

Un invariant qui devrait donner du travail aux juristes de droit social et de droit public. Michel Dupuis nous avez donné des pistes de réflexion l’année dernière dans son intervention et visible sur le site du SUEL.

Lorsque l’activité est lancée dans le monde virtuel il s’agit de l’aboutissement d’un travail long de conception, pluridisciplinaire (droit, programmation, financier, technologique). Une heure de cours doit se traduire par des heures de préparation / conception.

On peut certainement en déduire que dans le domaine de la pédagogie immersive le rapport entre cours traditionnel et immersion n’est pas l’égalité 1 = 1»

• Les invariants de certification (compétences)

«Le travail dans les univers virtuels permettent d’acquérir des savoirs disciplinaires à la condition que le promoteur de la formation ait été en capacité de scénariser son enseignement et les apprentissages de ses étudiants. Partir d’une intention pédagogique spécifique à un contexte. Déterminer quels sont les acteurs du dispositif, sélectionner minutieusement ses outils numériques et calibrer ses ressources.

Mais au-delà de ce dispositif d’enseignement / apprentissage il se profile un élément déterminant à l’ère numérique. La validation des compétences.

Nous nous éloignons progressivement du cadre de l’enseignement frontal, la structure du savoir qui consiste à faire circuler la connaissance du professeur vers l’étudiant. Là ou il y avait une unité de lieu, une unité de temps, une transmission du haut vers le bas, on passe vers une structure de communication horizontale.

Le cours instrumenté est à double détente, un savoir disciplinaire transmis ET des compétences acquises (aussi bien pour les étudiants que pour les enseignants).»

Je renvoie au texte en intégral que j’ai rédigé, aux diaporamas7 et à la vidéo en ligne sur le site du SUEL pour le détail de ces analyses.

8.Bilan personnel de cette année scolaire

Après une première année de travail en immersion, à établir les usages, les routines, la seconde année s’est caractérisée par un travail de conceptualisation et de communication

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7 http://www.slideshare.net/moiraud/version-colloque

http://www.slideshare.net/moiraud/monde-virtuel-8169955

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et peut être l’amorce de constitution d’un embryon de communauté de travail. Une année scolaire / universitaire consacrée à de multiples activités.

J’ai participé à plusieurs évènements :

• J’ai participé comme intervenant au colloque «journées e.learning» organisé par l’université Lyon 3 Jean Moulin dont l’intitulé était «Former en E-learning, Former au e.learning». Je suis intervenu en séance plénière sur la thématique «des invariants pédagogiques» et j’ai animé un atelier sur les mondes virtuels en pédagogie

• J’ai co-organisé les journées nationales des IATICE8(interlocuteurs acdémiques pour les TICE) à Lyon _ Les mondes virtuels ont été largement présents dans les débats avec les interventions de Gérald Delabre directeur adjoint de la faculté de droit virtuelle de Lyon 3, Yann Bergheaud directeur du SUEL de Lyon 3 et Christian Morand fondateur de la société Gaenova (mondes virtuels, solutions business)

• J’ai participé à un entretien avec Gérald Delabre sur la thématique des mondes virtuels9. Cet entretien est visible sur le site du SUEL de Lyon 3.

• Les billets que j’ai rédigé sont désormais répertoriés sur google et je commence à être identifié comme personne réfléchissant sur les enjeux pédagogiques des mondes virtuels. Deux étudiantes que je ne connaissais pas, m’ont contacté dans le cadre de leurs travaux de Master.

- Une étudiante du master 2 pro "didactique des langues et tice de Lyon 2 sur le théme : «Les mondes virtuels et l’enseignement des langues. - Une étudiante du master 1 REP - relations publiques, presses et événementiel. La question de son mémoire étant «Comment les entreprises vont-elles utiliser ces plateformes virtuelles pour vendre et promouvoir des événements réels tout en créant une nouvelle relation avec leurs consommateurs alors que les mondes virtuels sont considérés comme les instruments des seuls natifs de la génération internet dîtes la génération Y ?»

• Suite au colloque e.learning de Lyon 3, j’ai pu dialoguer avec un organisme de formation qui envisage l’introduction d’un monde virtuel dans leurs dispositifs de formation.

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8 http://www.educnet.education.fr/ecogest/reseaux/interlocuteurs/reunion-interlocuteurs-lyon

9 http://suel.univ-lyon3.fr/eltv/viewvideo/682/les-entretiens-du-cdnt/les-entretiens-du-cdnt--2--jean-paul-moiraud

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• Le forum des enseignants innovants m’a décerné le grand prix numérique pour le travail dans les mondes virtuels. La presse s’est fait l’écho de cet évènement10

• D’autres projets et contacts sont en cours mais ils ne sont pas finalisés à ce jour.

8.1.Mise au point d’outils.

L’usage d’un outil, même avancé, révèle très vite les limites de l’exercice. A un stade du processus, on devient un utilisateur averti, expert en routines numériques. L’univers instrumental peut devenir un piège redoutable en se révélant enfermant. Il devient nécessaire d’élargir le travail au domaine conceptuel pour comprendre les enjeux du dispositif. A cette fin réflexive, j’ai construit un site de curation sur scoop.it dédié à la pédagogie en monde virtuel. Son ambition est de centraliser les sites, les articles sur l’immersion en pédagogie. Il est entendu, même si cela paraît évident, que la mise en lien d’un contenu est l’engagement de l’avoir lu et analysé. L’année trois de cette expérience sera résolument orientée vers la rédaction et la réflexion (sans dommage de la pratique et des usages bien sûr.)

8.2. Un développement des expériences

8.2.1.La FDVLa faculté de droit virtuelle de Lyon qui est connue et réputée pour son travail dans les mondes virtuels11 (cours de droit des affaires canadiens) a lancé une expérience dans assemblive pour les étudiants de l’école de droit de Lyon. D’autres séances ont été organisées pour que les étudiants de l’école de droit de Lyon rencontrent des professionnels du secteur du droit (avocat, notaire) et puissent engager une réflexion discussion sur les enjeux du métier. La FDV a capitalisé une expérience de e.learning dans deux configurations technologiques différentes. J’ai rencontré Gérald Delabre pour lui demander de me donner ses retours d’usage.

J.P.M : Quelles sont les différences d’approche d’enseignement / apprentissage dans les mondes virtuels Assemblive et Second Life (opensims) ? Quels sont les invariants et quelles sont les différences ?

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10 Le Monde http://www.lemonde.fr/education/article/2011/05/21/quand-les-enseignants-innovent_1525306_1473685.htmlRSLN http://www.rslnmag.fr/blog/2011/5/26/quand-les-enseignants-inventent-le-futur-de-l-ecole/Café pédagogique http://www.cafepedagogique.net/communautes/Forum2011/Lists/Billets/Post.aspx?ID=130

11 - Educavox - http://www.educavox.fr/JOURNEES-DU-E-LEARNING-DE-LYON-un

- 20 minutes - http://www.20minutes.fr/article/722961/lyon-diplome-bien-reel-cours-fac-virtuelle

- Lʼétudiant http://www.letudiant.fr/etudes/3es-cycles-et-masters/a-lyon-3-des-cours-virtuels-de-droit-sur-second-life-13224/a-lyon-3-des-cours-virtuels-de-droit-sur-second-life-10516.html!

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G.D : je ne suis pas sûr que le différence soit véritablement pédagogique, une fois que l’on est dans le monde il n’y a pas de véritables différence, il y a les avatars, l’interaction. Je pense que la différence est vraiment technique, l’outil n’est pas neutre.

Les deux mondes sont complémentaires.

Second Life permet de reconstituer la faculté de droit, la palais de justice, ce n’est pas possible dans assemblive. Second life est un lieu permanent, il n’est pas besoin de récréer un évènement à chaque fois. Une personne qui surfe peut venir par hasard sur le campus virtuel, le visiter. Dans assemblive on ne peut pas venir par hasard (il faut être invité NDLR).Dans Second Life le lieu est identifié à la faculté de Droit, on peut créer des lieux de travail spécifique pour les participants. Dans assemblive les lieux est plus impersonnel, le design est à chaque fois identique (même design global). Si on assiste à plusieurs conférences organisées par des personnes différentes, le lieu n’est pas modifié.

Pour l’école de droit de Lyon assemblive semble plus approprié parce que sa structure légère facilite l’interaction entre les participants et que le temps de formation est réduit. en outre les séances de travail n’exigent pas un lieu ancré dans la permanence.

Les deux mondes se complètent - Second Life et opensims s’inscrivent dans la durée, assemblive est un excellent outil d’appoint dans une démarche universitaire.

A titre d’exemple je viens de conseiller assemblive à un confrère universitaire Belge qui souhaite disposer d’un outil de communication avec visioconférence et prise en main rapide.

L’année dernière une conférencière ne pouvant venir aux journées du e.learning en raison d’une grève de train a pu faire sa conférence en direct d’assemblive12 en ayant eu un temps de prise en main très limitée.

J.P.M comment envisagez vous les mondes virtuels lorsqu’il n’y a pas d’activités immersives prévues ?

G.D La première question est, faut-il occuper les mondes virtuels quand il n’y a personne ? Je ne suis pas sûr. C’est un outil qu’il faut utiliser de façon ponctuelle.

Il est cependant de bonne politique de ne pas laisser les bâtiments (NDLR virtuels) vides. Nous avons créé des panneaux interactifs qui renvoient sur notre site internet.

Il est intéressant d’insérer des activités qui ne nécessitent pas une présence humaine. Exemple intégrer des robots (bots) pour faire des exercices de simultation en autoformation (Se préparer à repondre à des questions en vue dans la perspective de convocation à des grands oraux)

8.2.2.Guiraut Eric - Professeur de gestion

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12 http://suel.univ-lyon3.fr/eltv/viewvideo/548/05-edition-2010--au-dela-des-plates-formes--la-e-pedagogie/b-charlier--le-tutorat-un-mode-pedagogique-pour-lenseignement-hybride

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Eric Guiraut professeur de gestion au lycée Carriat de Bourg en Bresse a tenté l’expérience de l’immersion avec ses élèves de terminale, notament pour développer un travail d’individualisation pour la préparation du bacalauréat. Ses questions sont de cet ordre (pour un enseignement dans le secondaire pré bac)

« Il est nécessaire de poser deux types de questions pour analyser ces résultats afin d’identifier les difficultés à la mise en ouvre de cette expérimentation. Tout d’abord il faut chercher s’il y a eu des freins, que l’on pourrait qualifier de techniques, à l’utilisation de la classe virtuelle puis s’interroger sur des freins pédagogiques. Il faudra enfin voir si des réponses peuvent être apportées à ces difficultés / freins afin d’y remédier.

Deux types de difficultés techniques peuvent être évoqués : Les micro-ordinateurs des élèves ont-ils la capacité à “supporter” la classe virtuelle ? Qualité de la connexion internet des élèves ?Les élèves ont des matériels informatiques et des connexions internet assez hétérogènes : leurs micro-ordinateurs ont parfois des processeurs et des capacités en mémoire vive insuffisants pour faire fonctionner de manière optimale l’application de la classe virtuelle. De la même manière des connexions en wifi semblent avoir été insuffisantes.

Ces difficultés d’ordre technique sont apparues pour certains élèves lors des séances de prise en main et la seule réelle séance de révision a dû être interrompue pour cette raison.

Ces difficultés techniques semblent donc assez importantes pour les élèves. Les élèves de STG relèvent le plus souvent de catégories sociales peu favorisées, et même s’ils disposent quasiment tous d’un ordinateur et d’une connexion wifi, ils sont peu à disposer d’un matériel et d’une connexion internet suffisants.

Deux questions d’ordre pédagogique peuvent également être posées dans le cadre de l’analyse des résultats : Les élèves ont-ils la sensation d’être comme en cours ? Les élèves ont-ils des difficultés à travailler hors de la classe ?

Les élèves ont-ils la sensation d’être comme en cours ?

Il apparaît que pour ceux qui sont venus aux différentes séances ce soit plutôt le contraire puisqu’une participante indique dans un commentaire que justement elle ne se sent pas comme classe puisqu’elle peut quitter librement la classe virtuelle si le sujet abordé ne l’intéresse pas. Malheureusement, il n’a pas été possible d’identifier si cette hypothèse explique le fait que très peu d’élèves soient venus dans la classe virtuelle, les élèves évoquant plutôt ne pas y avoir pensé...

Les élèves ont-ils des difficultés à travailler hors de la classe ?

Les élèves de la série STG sont des élèves qui ont des difficultés dans le travail hors de la classe en particulier lorsqu’il n’est pas noté : manque de motivation, conditions de travail difficiles, difficultés à comprendre seul le travail demandé...

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L’expérience de l’utilisation d’un blog tout au long de l’année montre que les élèves ont une “trop” faible utilisation de celui-ci hors de la classe alors qu’il est fortement utilisé en classe : TD avec recherche sur internet, mise en ligne de sources utilisées en classe par le professeur, réalisation par les élèves d’articles d’actualité publiés sur le blog. Les élèves ont aussi eu la possibilité d’utiliser un forum et la messagerie électronique pour poser des questions sur les cours, les travaux à réaliser, leur orientation. De la même manière que pour le blog, très peu d’élèves contactent le professeur et cela concerne quasiment totalement des questions d’orientation.» (Eric Guiraut - 2011)

8.2.3. Le CAVIL des Alpes Maritimes

L’académie de Nice a testé le monde assemblive pour former les représentants élèves au CAVIL. A ce moment du rapport, je n’ai pas eu les remontées de cette expérience.

8.2.4.Jérome Guerlotté - Professeur de Biologie cellulaire

Professeur de Biologie cellulaire à l’université Antilles-Guyane (UAG) Faculté des Sciences Exactes et Naturelles Pointe à Pitre - Guadeloupe, Jérôme Guerlotté a créé une salle de travail dans le monde virtuel assemblive mais pour l’instant elle est peu utilisée parce que ses étudiants utilisent plutôt les fonctionnalités de facebook pour communiquer avec leurs enseignants «la plupart des étudiants qui me contactent du matin au soir sur Facebook ou par mail, ont un problème à régler plus ou moins grave et généralement urgent (autorisation d'absence, pb de note, pb de coefficient, d'examen, lettre de recommandation, problème d'insription, d'orientation etc..)» (Jérome Guerlotté)

8.2.5.Marc Lelièvre étudiant en sciences de l’éducation

Marc Lelièvre est étudiant à l’UFR de sciences de l’homme et de la société, département des sciences de l’éducation. Son mémoire de master 1 s’intitule «Enseignement et tutorat à distance dans les univers virtuels. Un lieu de médiation comme extension de la platerforme de formation à distance». L’enjeu de son travail est le suivant «Nous devons relater l’origine de notre sujet : l’université de Rouen et le campus Forse lancent en 2009, le projet Web 2.0, qui engage un groupe d’étudiants à distance à étudier la possibilité d’enseignement et d’éducation à distance dans les réseaux sociaux. Deux plateformes sont retenues : Facebook et Second Life. De ces deux plateformes, l’une, Second Life, était totalement inconnue de certains d’entre nous et l’autre, Facebook, est alors en constante croissance en France et dans le monde comme le réseau social à la mode. Si l’étude de Facebook se réduit à la création d’un groupe dédié et n’apporte qu’un peu de fantaisie par rapport à la plateforme WebCT, l’environnement Second Life a par contre très vite aiguisé notre curiosité par son côté ludique, fou, étrange, créatif, et collaboratif. Le groupe de licence constitué, nous avons rapidement exploré les lieux virtuels de SL et comme le projet était flou du fait qu’il n’y a aucun écrit, objectif, ou question de recherche, la seule chose dont nous sommes sûr c’est que c’est une commande institutionnelle et que ce projet vient du Laboratoire CIVIIC.» (Marc Lelièvre - 2011)

Dans ce travail extrêmement intéressant sont évoquées les activités de la FDV ...

«Nous avons rencontré Mr Delabre, dans une discussion sur cette formation afin de situer la place de cette formation dans notre recherche. Il nous a assuré de son soutien et a très

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aimablement fait circuler le questionnaire. Nous avons aussi assisté à un cours de droit dans l’amphithéâtre de la FDV.

Ces étudiants ne sont pas des étudiants à distance à proprement dit et, par là même, ne subissent pas les contraintes de la distance en éducation et peuvent confronter leurs réflexions en direct lors de leurs rencontres réelles. Par contre, en suivant des cours à distance sur Second Life, ils entrent dans la catégorie des étudiants en formation hybride.Lorsque notre recherche exploratoire en est au stade de la conception d’outils test, un questionnaire ainsi qu’une demande de volontaires pour un entretien ont été transmis à Mr Delabre, responsable à Lyon de la FDV, par mail aux 20 étudiants du module.» (Marc Lelièvre - 2011)

... et mes activités dans Assemblive

« Le professeur Jean-Paul Moiraud, que nous avons rencontré sur Second Life, est professeur de gestion en section design de mode au DSAA de Lyon et expert dans le domaine des univers virtuels. Il dit, « Un outil qui sait se faire oublier pour que les acteurs du processus puissent se consacrer à l'essentiel: la construction des savoirs et des compétences.» Nous sommes avec ce dispositif devant un environnement simplifié répondant à la même problématique : réunir en temps réel les étudiants à distance. Néanmoins cet environnement simplifié ne permet aucune fantaisie, ni création semble t’il, ce qui peut ôter des possibilités d’exercices de groupes.» (Marc Lelièvre - 2011)

8.2.6.Benoit Porlier

Etudiant en master 2 CRF à Lyon 2 Benoit Porlier Etudiant en master 2 CRF à Lyon 2 Benoit Porlier réalise un dossier documentaire dont le titre est "les outils du web 2.0 comme vecteurs d'apprentissage". Ce travail sera évalué dans le cadre de son master. Il s'agit de regrouper un ensemble de documents dont l'articulation suit une réflexion, puis de synthèser ces documents. Sa réflexion suit une trame autour de deux courants, la pédagogie 2.0 et le knowledge management 2.0, et il souhaite exposer comment ses deux courants sont supportés par des outils techniques (wiki, facebook...) mais aussi psychosociaux (eportfolio et ses implications réflexives, communauté de pratiques virtuelle...). Dans ce cadre, il utilise et expose mes bilans d’usages et mes scénarios sur les mondes virtuels (Benoit Porlier - 2011). L’intitulé du mémoire de Benoir Porlier est «Formateurs AFPA en région Rhône-Alpes et Usages Pédagogiques du Numérique (UPN)»

8.3. Un espace de réflexion en construction ?

Le développement des expériences et des observations dans les mondes virtuels est un élément encourageant mais il mérite une observation fine dans les années à venir. Il serait utile d’analyser les pratiques et d’obtenir plus de retours d’expériences. L’année 2011 - 2012 pourrait être consacrée à cette tâche et l’idée de créer un observatoire en ligne me paraît être la piste à suivre. Un lieu commun de mutualisation pourraît favoriser l’identification des invariants pédagogiques et donnerait une lisibilité à ces expériences, usages et pratiques.

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Ce travail pourrait s’intégrer dans l’observatoire du e.learning de la FDV13 , comme une sous partie intitulée «observatoire du e.learning dans les mondes virtuels».

9. Du tube à essai, à l’écosystème - Le temps et l’espace

La réflexion pédagogique et technique n’est qu’un élément du dispositif annuel de travail. Si on peut s’accorder sur sa pertinence (?), on peut l’assimiler à un travail in vitro. Il faut, par conséquent, l’envisager introduit dans son écosystème de formation, le confronter aux notions de temps et d’espace. A la lumière de ces deux années de travail, je vois émerger une tension dans le secteur de la e.formation. Les personnes engagées dans ces dispositifs butent sur la contradiction suivante. D’un côté, une demande de la société qui cherche à faire évoluer les méthodes de formation. Les stratégies affirmées ambitionnent de développer la coopération et la collaboration dans un environnement numérique résolument ubiquitaire et réticulaire. De l’autre coté, des structures qui ont du mal à accompagner ces ambitions. Par structure j’entends l’ensemble des acteurs des dispositifs de formation.

9.1. L’espace

Les constructions dans les mondes virtuels reposent sur la capacité des concepteurs à envisager la formation dans et hors les murs. On pourrait me rétorquer que cela existe déjà (ce qui est vrai) mais le monde virtuel se démarque des autres systèmes au sens où l’interaction s’opère dans un espace recomposé en 3D immersif.

Le poids des habitudes, la structure des réglements ont installé le rapport pédagogique dans des murs en béton. L’espace immersif est-il réellement intégré dans le dispositif pédagogique de formation présentiel ? L’espace virtuel a t-il le même statut que l’espace réel ?

Si la réponse est non; la construction s’effondre, le travail ne s’inscrit plus dans un cadre institutionnel et ne pourra s’effectuer qu’en marge euphémisme pour évoquer le bénévolat. Dans cette dernière hypothèse, on n’est pas loin de l’effet diligence (enseigner de façon traditionnelle mais avec des outils nouveaux)

Si la réponse est oui, il faut repenser la structure des modes de formation. Les questions auxquelles il faut répondre sont les suivantes :

- Peut-on enseigner en dehors des bâtiments réels ?

- Quelle part d’enseignement dématérialisé accepte t’on de prendre en compte ?

- Est-il concevable d’intégrer du virtuel pendant un temps de service ?

- Quels sont les niveaux de formation qui pourraient accepter de la dématérialisation ? Le primaire, le secondaire et le supérieur n’ont pas les mêmes contextes de formation. Il est difficile de définir un modèle unique pour le trans niveau.

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13 Educavox interview de Yann Bergheaud (1 minute 40 de la vidéo) - http://www.educavox.fr/LES-JOURNEES-DU-E-LEARNING-DE-LYON

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- Accepte t - on de penser un module de formation avec un (ou des) enseignant (s)externalisé(s) ? Ce postulat pose des questions statutaires et des questions de gestion des ressources humaines (GRH) Comment vérifier la présence des acteurs du dispositif ? Comment rémunérer un acte de formation non normé spatialement ? comment palier la carence due aux problèmes techniques (impossibilité de suivre le cours). Une référence horaire d’un enseignant et d’un apprenant est-elle liée à un lieu géographiquement matérialisé par un bâtiment ?

- L’espace de formation immersif est-il pris au sérieux par les acteurs (enseignants et apprenants), conçu comme un réel espace de formation gage de valeur ajoutée ?

Cette liste de questions installe en filigrane la réflexion suivante. Un monde virtuel peut-il être qualifié comme un réel lieu de formation, une extension, un enrichissement des lieux physiques ? La question posée en 2011 peut paraître disproportionnée, irréaliste mais elle engage un début de réflexion sur la de rienplace du numérique comme outil mais surtout comme lieu réel d’interaction donc de formation.

9.2. Le temps

Deuxième étage de la fusée : le temps. Là encore l’évocation du concept engage à questionner cette notion sous une multitude d’angles.

- Le temps immersif de formation est-il un temps reconnu ? Changer d’espace c’est changer de temps et c’est changer le droit (Michel Serres - Anniversaire INRIA). Comment valider ce temps lorsqu’il s’inscrit en dehors d’un temps normé ?

- Le temps apparent des enseignants. Construire un module de formation (quel que soit la granularité) instrumentant un monde virtuel n’a de réel sens que s’il est possible de travailler hors la classe, donc hors les temps normés14. En conséquence les situations immersives en dehors des temps de cours ont-elles une pertinence administrative ? Ne pas reconnaître ce temps c’est confiner le travail à la rubrique du bénévolat. Ma réflexion déborde le cadre de la fonction publique et questionne aussi le droit privé et plus particulièrement le droit du travail (clauses contractuelles spécifiques du contrat de travail) pour les organismes de formation privés. Le lieu de travail étant un élément substantiel, il semble cohérent de déterminer les conditions spatiales et temporelles.

- Le temps aveugle des ense ignants . Dans un contexte de «b lended learning» (hybridation), les constructions en immersion imposent de concevoir des cours selon deux logiques, deux formes de scénarisation. Les temps de constructions numériques sont complexes, longs et exigeants (le bricolage est parfois un recours nécessaire, les modernes préfèreront le terme de hacking). Commencer un usage, s’y plonger ne garantit pas automatiquement la réussite. Comment valoriser ce temps de travail invisible et pourtant fécond ?

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14 Secondaire - http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do;jsessionid=540B9267E12738241E908B69F6C8ACE3.tpdjo04v_3&dateTexte=?cidTexte=JORFTEXT000000302140&categorieLien=cid

Supérieur - http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000020552216&dateTexte=&categorieLien=id

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- Le temps de travail des élèves. Le présentiel enrichi ne doit pas avoir pour conséquence d’accroître le temps de travail des élèves et des étudiants de façon exponentielle. Le numér ique ne peut p lus cont inuer à ex is ter en para l lè le des cours «classiques» (présentiel synchrone sur site réel). Il faudra apprendre à mixer les deux

genres. On ne pourra continuer à procéder par empilement, un cours «classique» et un cours instrumenté.

6.Conclusion

L’année scolaire qui s’achève a été riche en expérience. La première année m’a permis de poser les éléments d’un puzzle complexe, la seconde a été consacrée au début de reconstitution des pièces. Gageaons que la troisième année sera consacrée à la constitution d’une communauté de travail centrée sur le e.learning dans les mondes virtuels.

Le premier objectif sera de déterminer les compétences des acteurs de la chaine de formation par création de fiches de postes en s’inspirant des logiques de la gestion des ressources humaines. Ce n’est qu’en structurant de façon cohérente nos analyses que nous aurons l’espoir de pouvoir expliquer les enjeux de nos constructions. Il s’agira de s’extraire de cette définition fade qui dessert nos analyses : «un monde créé artificiellement par un logiciel hébergeant une communautés d’avatars qui peuvent entrer en interaction»

En attendant laissons mûrir ces ambitions sous le beau soleil de vacances bien méritées.

Journées du e.learning 2011 – Twitter l’informel

Les 23 et 24 juin 2011 se sont déroulées à Lyon les journées du e.learning, organisées par l’université Lyon 3 et la FDV (faculté virtuelle de droit). Ce colloque s’inscrit désormais dans le paysage de la formation comme le temps fort du monde de la e.formation. Je ne reviendrai pas sur le contenu riche de ces journées, d’autres le font mieux que moi et il sera possible de visualiser les différentes interventions sur le site du SUEL et de sa e.learning TV

Je souhaite revenir sur un propos que j’avais engagé l’année dernière dans ce billet intitulé « colloque et web 2.0« . J’avançais quelques propositions sous formes écrite et graphique à propos de twitter et de son impact sur la perturbation des notions de temps et d’espace pédagogique (de recherche me semble plus adapté dans ce cas de figure)

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« Les discussions ne sont plus uniquement circonscrites dans l’amphithéâtre, elles s’organisent aussi en dehors (mais de façon synchrone) avec l’introduction de twitter. L’existence d’un double (mais complémentaire) niveau de discussion enrichie le présentiel mais complexifie l’organisation. Un participant distant ayant posé une question par twitter s’est étonné que l’on ne répercute pas sa question. J’ai le sentiment (déjà exprimé dans mon rapport annuel d’activité 2010) que la e.pédagogie impose une division des tâches. N’est-on pas en train de voir apparaître une nouvelle fonction, celle de community manager de colloque ? Ce qui est sûr c’est que le meneur des débats qui est en chaire ne peut plus tout assumer. L’introduction d’un monde virtuel complexifie encore la travail puisqu’il faut aussi gérer le chat intégré, les possibles incidents techniques, donner la parole, gérer le volume sonore etc. »

La version 2011 du colloque semble avoir été conforme aux attentes que j’exprimais en 2010.

Quelques observations sur l’activité de twitter pendant les JEL.

Après le colloque @Yves_Moreau donne les informations suivantes par twitter « Journées du #elearning à #Lyon : plus de 1400 tweets ont été publiés sur deux jours avec le hashtag #JELyon« – Un calcul rapide me permet de donner les fréquences : 700 tweets par jour (14 heures d’activité sur deux jours) soit une moyenne de 100 tweets par heure, donc environ 2 tweets par minute. Il devient difficile de ne plus tenir compte de ces flux de savoir qui bordent le déroulé d’un colloque.

Cette année le community manager était présent et remarquablement efficace sous le pseudonyme de @JELearning. La timeline des JEL a été pilotée et guidée de plusieurs façons.

1 – Par le community manager

— Par indication du début de conférences et des ateliers ;

— Par indication des noms des « twittos embedded » à suivre ;

— Par relais des questions posées par les internautes.

2 – Par les internautes

Au début de Twitter les internautes se contentaient de répercuter les propos entendus (c’est en tout cas l’analyse de mon expérience). Les JEL ont donné un ton autre parce qu’en plus des propos entendus, la coloration tendait vers une vraie interaction distante. Les internautes ont dialogué à distance avec les intervenants, en posant des questions (souvent très pointues) et en enrichissant les propos tenus (ajouts de liens hypertextes et commentaires).

Le constat que l’on peut faire est le suivant, au-delà de l’outil (twitter) les internautes savent investir les fonctionnalités d’un artefact et modèlent de nouvelles pratiques dont il faudra tenir compte à l’avenir dans nos usages. Ces pratiques se sont forgées sans qu’il y ait eu préalablement une mise en place de structures formelles d’apprentissage. On voit là naître un exemple d’intelligence collective qui passe par une construction totalement informelle, distante et ubiquitaire.

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Il semble bien, pour reprendre une thématique de ce colloque que l‘informel modèle le formel (ou l’inverse)

Monde virtuel ou vidéo ?

L’exercice d’un travail dans les mondes virtuels est un véritable métier d’enseignant parce qu’il faut répondre régulièrement aux mêmes questions. L’immersion est assez fréquemment mise en comparaison avec les systèmes de communication par vidéo. Une des questions les plus fréquemment posée est « pourquoi ne pas utiliser la vidéo ? On voit son interlocuteur, c’est plus simple »

Je viens de réaliser une capture vidéo du salon ineov (07 et 08 juin 2011). Elle est parlante parce qu’elle confronte le monde virtuel et la vidéo.

On voit précisément la différence de relation qui s’instaure dans l’un et l’autre des systèmes. Sur la vidéo on ne perçoit qu’une partie de l’environnement du conférencier, le cadrage est fixe. On ne peut percevoir ce qui se passe à droite et à gauche, il est impossible d’appréhender le public qui écoute. On est dans une posture simple d’écoute.

Dans le monde virtuel on perçoit mieux l’environnement de l’espace de travail grâce à la conception isométrique du monde. On est en capacité d’identifier précisément le nombre de personnes et leurs situations, on peut faire varier les plans. Les mondes virtuels sont utilisés dans des dispositifs de blended learning (formation hybride), chaque intervenant dans le dispositif sera donc en capacité d’affecter une représentation mentale ( » l’image mentale est un objet de mémoire autonome et fugaçe dont l’évocation ne requiert pas une interaction directe avec l’environnement « - Jean-Pierre Changeux) de la personne avatarisée.

Forum des enseignants innovants – Passé, présent, futur

Le forum des enseignants innovants s’est tenu les 20 et 21 mai 2011 à Lyon, comme chaque année il rassemble, à l’initiative du café pédagogique, des enseignants dits innovants. Cet évènement qui s’inscrit désormais comme un temps fort du paysage éducatif pose une question qui tutoie le paradoxe – L’innovation pédagogique est-elle une question ancienne ? Là où nous pensons interroger,en permanence, le futur, nous donnons de l’ écho au passé pour mieux parler au final de notre présent professionnel – l’éducation.

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L’innovation est bien évidemment le futur parce que les ordinateurs, les tablettes tactiles, les smartphones, les TBI, l’internet et le web2.0 … « sont entrés par effraction » (Pierre Funkua – ENS Yaoundé Rés@Tice – décembre 2007) dans nos métiers. Il faut, il faudra sur une temporalité longue modifier nos façons d’enseigner, les élèves leurs façons d’apprendre.

L’innovation c’est aussi le passé en permanence revisité. Beaucoup d’étapes de l’histoire technologique ont généré une querelle des anciens et des modernes, les tenants de la tradition, contre les tenants de la modernité. Déclinons nos classiques avec un dialogue de Platon, celui de Phèdre. Theuth, le dieu des scribes, explique au pharaon l’intérêt de l’écriture :

« blâmant ceci, approuvant cela. Ainsi Thamus allégua, dit , au dieu Theuth beaucoup de raisons pour et contre chaque art en particulier. Il serait trop long de les parcourir ; mais lorsqu’ils en furent à l’écriture : cette science, ô roi ! lui dit theuth rendra les égyptiens plus savants et soulagera leur mémoire. C’est un remède que j’ai trouvé contre la difficulté d’apprendre et de savoir. Le roi répondit : industrieux Theut, tel homme est capable d’enfanter les arts, tel autre d’apprécier les avantages ou les désavantages qui peuvent résulter de leur emploi ; [275a] et toi, père de l’écriture, par une bienveillance naturelle pour ton ouvrage tu l’as vu tout autre qu’il n’est : Il ne produira que l’oubli dans l’esprit de ceux qui apprennent, en leur faisant négliger la mémoire. En effet, ils laisseront à ces caractères étrangers le soin de leur rappeler ce qu’ils auront confié à l’écriture et n’en garderont eux mêmes aucun souvenir. Tu n’as donc point trouvé un moyen pour la mémoire, mais pour la simple réminiscence, et tu n’offres à tes disciples que le nom de la science sans la réalité; car, lorsu’ils auront lu beaucoup de choses [275b] sans maîtres, ils se croiront de nombreuses connaissances, tout ignorant qu’ils seront pour la plupart, et la fausse opinion qu’il sauront de, leur science les rendra insupportables dans le commerce de la vie » » – Mythe de Theut – Phèdre 274 b – 277 a . »

Quelle modernité ! Nous nous posons encore les mêmes questions au 21ème siècle, nous sommes posés ces questions à Lyon cette année et nous continuerons encore longtemps. L’introduction de nouveaux procédés suscite des réactions, des polémiques. On colle des étiquettes (innovants, défricheurs, e.francs-tireurs …) à ceux qui tentent difficilement de faire bouger les lignes de fracture. La seule et vraie question qui se pose, bien au-delà des outils, est : comment apprendre et enseigner ? Je me permettrais de citer ici Marcel Lebrun qui dit que « dans e.education il y a surtout éducation«

La question qui se pose au présent est de savoir si nous sommes réellement des professeurs innovants (ce qui est flatteur) ou plus modestement des enseignants qui ont à un moment donné de leur carrière cessés de mettre la tête dans le guidon pour regarder devant, là où se situe le sommet de la cote. Sous couvert d’innovation ne sommes nous pas dans un processus de réflexion sur les enjeux didactiques, pédagogiques et politiques de la profession ? Innovation ou réflexivité ? Je laisse volontairement la question en suspend.

PS : j’ai eu le grand prix du numérique

Les vidéos de synthèse du forum des enseignants innovants réalisées par Thierry Foulkes

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Opérabis, une nouvelle machine à communiquer

Il est toujours utile de relire ses classiques … J’ai rédigé plusieurs articles sur opérabis et j’ai tenté d’analyser les invariants d’usage dans les mondes virtuels. Je soulignais dans mon dernier billet que les mots innovations revenaient de façon récurrente pour évoquer cette expérience. C’est novateur assurément mais … L’est ce autant qu’il n’y parait ? L’opéra comme vecteur de promotion d’une nouvelle technologie est-elle une première mondiale ? Faut-il prendre avec sérieux les acteurs de ce genre de dispositifs ?

Je me propose d’y répondre en interrogeant l’histoire et en reprenant quelques passages du livre de Jacques Perriault « La logique de l’usage essai sur les machines à communiquer » – Flammarion édition 1989. Dans le chapitre intitulé les appareils désanchantés (page 170) Jacques Perriault parle du téléphone (« cent ans d’adolescence »). Il y évoque des points que nous retrouvons dans nos pratiques immersives. En 2011 nous avons besoins de communiquer, d’expliquer, de démontrer les enjeux de nos pratiques. Nous utilisons les moyens à notre disposition – Blog, captures vidéos, conférence en ligne, évènements en immersion comme opérabis.

Le téléphone s’est installé difficilement dans le paysage technologique de français, les débuts étaient laborieux, la technique trahissait l’utilisateur. Il fallait communiquer sur une nouvelle technologie à laquelle personne ne croyait. Citons quelques passages du livre et constatons les similitudes à 130 ans de distance

• Pas sérieux ?Le travail en immersion suscite des commentaires, on entend souvent ce sont des geeks (façon à peine voilée de dire que ce ne sont pas des gens sérieux), le téléphone a eu aussi sa période de défiance, un outil abandonné aux femmes supposées inconstantes, légères et bavardes, je suppose :

« On considérait, dit-elle (la comtesse de Pange NDLR), le téléphone comme une invention de luxe ne pouvant convenir qu’aux bavardages de dames et personne n’y attachait d’importance » – Page 173

• Le calage de la voix, les problèmes de communication« La contesse de Pange raconte dans ses souvenirs: »j’entendais de ma chambre la sonnerie et d’étranges appels, de sonorités si exotiques : Allô ! Allô ! que ma mère s’efforçait de prononcer à l’anglaise … la demande était directe et c’était de continuelles batailles avec les « Demoiselles du téléphone »… Allô !, Allô ! Mademoiselle ! Vous m’entendez ? – M’entendez vous ? – Répondez donc, voyons, Mademoiselle ! – Allô !, Allô ! – Si vous devenez insolente, Mademoiselle, je vais faire une plainte ! Allô donnez moi la marquise de Luppé, 29, rue de Barbet – de - Jouy – Allô ! – Oui, Luppé, avec deux P. C’est bien ça ! Allô ! … Après une demi d’énervement et de discussions, en vous branchez sur le Foyer de l’Opéra ou de la Morgue ! »" Page 171

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Que faisons nous au moment ou nous lançons un travail en monde virtuel ? Nous calons la voix, nous apprenons à communiquer avec le micro, couper, ouvrir, parler, se taire, belle proximité d’usage

• L’utilisation de l’opéra comme vecteur de communication« Le nombre d’installations n’est pas très élevé à Paris, guère plus dans toute la province. Le président de la République, Jules Grévy, n’y croyait pas non plus. pour faire de la pubilicité l’administration des Postes et Téléphone décida d’un programme de démonstration lors de l’Exposition électrique de 1881, au cours duquel on entendit pour la première fois la transmission stéréophonique de l’Opéra (Invention que l’on doit à Clément Ader). » – Page 172

On constate que l’alliance de l’opéra et de la technologie n’est pas une démarche nouvelle. Deux époques différentes mais deux stratégies identiques. Nous sommes en présence d’invariants stratégiques, les intérêts croisées des artistes et des technologues.

Cette comparaison à 130 années d’écart nous amène à beaucoup de modestie sur nos pratiques, certes nous inventons, mais le processus d’innovation semble se répéter de façon identique. C’est une raison supplémentaire d’observer avec attention les avancées (et / ou les reculs) des pratiques en mondes immersifs

Monde virtuel – Coopération inter-établissements

La prochaine conférence virtuelle aura lieu le mercredi 02 février 2011 à 20 heures 30 et aura pour thème l’utilisation du diaporama, son optimisation en situation pédagogique. La conférence s’intitule précisément : « Conceptualiser et scénariser un diaporama pour l’enseignement« . Sans vouloir jouer les fanfarons, je dirais que nous commençons à maîtriser le principe de la réunion virtuelle et que c’est une non-information. Et pourtant …

Cette nouvelle conférence est une première parce qu’elle mettra au centre de ce travail, outre l’acquisition de savoirs et compétences, un travail commun entre plusieurs établissements éclatés sur le territoire :

• Le conférencier sera François Jourde (@francoisjourde), professeur de philosophie à l’École européenne Bruxelles I, auteur chez Hatier et concepteur de ce blog

• Thierry Valette professeur de génie Électrique Énergie et Environnement.au lycée Louis de Cormontaigne à Metz , « Moodeliste », sera présent avec ses étudiants de BTS Électrotechnique.

• Éric Guiraut, professeur de STG, bloggueur, à Bourg en Bresse au lycée Carriat sera présent avec ses élèves

• Probablement des étudiants de l’ISCOM Lyon• Gérald Delabre professeur à Lyon 3 Jean Moulin – Directeur adjoint de la FDV –

Professeur inworld et IRL• Jean-Paul Moiraud avec ses étudiants des sections mode et habillement (Design

de mode, IMS, DSAAT) du lycée La Martinière-Diderot de Lyon55

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Le travail réticulaire qui s’instaure avec les professeurs engagés dans une réflexion numérique porte ses fruits. Nous sommes en capacité, grâce aux fonctionnalités du web 2.0 (Twitter, Facebook, blogs) de travailler entre structures réparties sur le territoire. J’y vois ici une forme de paradoxe. Là où nos structures se centrent sur des dynamiques académiques, le numérique nous permet dans un mouvement inverse de partager nos savoirs à l’échelle nationale. Il s’agit là d’un mouvement singulier qui est intéressant à suivre.

Attendons avec impatience la conférence de François Jourde et les possibles interactions entre les professeurs et les étudiants. Nous ne sommes pas encore dans des dynamiques complètes de collaboration inter-établissements mais on voit poindre une amorce. La conviction et l’engagement de Thierry Valette, le savoir constitué de François Jourde ont largement contribué à l’organisation de cette soirée de travail. Il faut y ajouter bien évidemment l’enthousiasme des autres collègues acteurs et de l’engagement des étudiants présents le soir pour travailler

Nous commençons par de la coopération saurons nous un jour collaborer ?

NB : Cette conférence avait déjà été donnée à l’université Lyon 1 en novembre 2009 à l’invitation de Christophe Batier du service ICAP

Opérabis N° 2 Les noces de Figaro

Le jeudi 06 janvier 2001 se tenait le second spectacle de l’opéra de Rennes retransmis en simultané, à la fois IRL (in the real life) dans les bâtiments de l’opéra et inworld dans second life et dans opensims. Le spectacle donné était les noces de Figaro de Mozart. L’infrastructure technologique était fournie par le Crea (centre de ressources et d’études audiovisuelles) et l’opéra de Rennes. Les partenaires sont la ville de Rennes, l’opéra de Rennes, le ministère de la culture et de la communication, Francogrid, Vidéon TV, artesi ile de France, le CREA et orange.

Cette expérience est riche pour l’analyse du fonctionnement des mondes virtuels. Quel que soit le monde virtuel et le sujet abordé, on constate qu’il y a des points convergeants. Je vais essayer de lister les invariants que j’ai isolé pendant cette merveilleuse soirée : (je continue l’analyse engagée lors du premier opéra notamment sur la notion d’invariants)

• L’utilisation des mondes virtuels reste encore un évènement, ce sont les qualificatifs « nouveaux« , « réelle innovation, première mondiale » (France 3 Bretagne JT 12-13 du 07/01/2011 à partir de la 7 minute 30) . Le monde virtuel reste encore largement au stade de l’expérience. Il reste un chemin important pour passer de

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l’expérimentation à la généralisation. Je suis persuadé que l’expérience opérabis est une pierre qui structure la fondation de cet édifice pédagogique ;

• Le travail en monde virtuel reste encore largement tributaire de la capacité des « tuyaux« . Il serait très intéressant d’avoir une étude a postériori sur l’équipement des participants à Opérabis, sur la fluidité (ou non) de la réception des flux et du lien entre l’équipement et la qualité d’écoute ;

• La formation des utilisateurs. Conformément aux attentes, des participants ont demandé de l’aide pour caler leur système. Le réseau des bénévoles a permis rapidement d’aider les avatars en difficulté via l’IM. J’ai aidé des avatars à obtenir le son, à supprimer le bruit de fond parasite des claviers, pour pouvoir se concentrer sur l’essentiel, la magie de la musique de Mozart. Au delà de cet aspect factuel, les mondes virtuels imposent de former les utilisateurs, dès lors que l’on dépasse la communauté des geeks. Une question se pose : Comment aider à la formation (autoformation) des internautes qui souhaitent s’immerger sans pour autant avoir une forte culture numérique ? ;

• Opérabis c’est l’opéra, puis c’est l’après opéra où il est possible de dialoguer. On retrouve ici les invariants cognitifs, comment communiquer de façon fluide (j’ai le même type de problématique en formation). La communication orale demande une discipline qui n’existe pas IRL. Il faut penser à ouvrir et couper son micro selon sa position dans le dialogue (je parle, j’ouvre mon micro- j’écoute, je coupe mon micro). Bien que me classant dans la catégorie des habitués, j’ai oublié de couper mon micro, ce qui a perturbé les discussions. Fluidité du dialogue rime avec discipline technologique. Mon avatar a été interrogé par l’avatar du journaliste de France 3 Bretagne, Compte tenu de l’effet larsen, je ne suis pas sûr de la bonne qualité du dialogue (j’avais un très important effet retour) et j’ai plus le sentiment d’avoir hurlé et annoné que de m’être exprimé avec simplicité (le commentaire de Stéphane Grammont ci-dessous confirme mon propos)

• Les relations humaines dans les mondes virtuels recomposent le rapport à autrui. Le monde IRL est basé sur un ensemble de codes acquis depuis la petite enfance et très généralement acceptés par tous. Le virtuel déconstruit et recompose les relations. En situation immersive on peut donner libre cours à sa fantaisie. Quid de la confrontation réel /virtuel quand une belle amazone nous donne à contempler les charmes d’une gorge généreuse ? Les deux mondes doivent apprendre à se côtoyer, quelles sont les règles sociales à adopter inworld ? La déconstruction est-elle la norme dans les mondes virtuels ou bien doit-on importer les us et coutumes de la vie réelle, dans la vie virtuelle ? Un ensemble de questions importantes à intégrer dans nos réflexions.

• Une perturbation du temps car les mondes virtuels fonctionnent H 24. La représentation de l’opéra avait lieu à 20 heures « l‘heure ou les français dinent » – Hugues Aubin. Cette métaphore gastronomique donne la dimension des enjeux des mondes virtuels qui sont en capacité non seulement d’abolir la notion de temps mais aussi celle d’espace. De nombreux avatars représentaient des internautes d’autres pays.

Cette soirée, outre l’évènement culturel majeur, a été un terrain de travail privilégié car il contribue a démocratiser les mondes virtuels, à les rendre visibles auprès du grand public et des médias. Le journaliste de France 3 (@curtillet Trezuguet) est venu réaliser des interviews inworld

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J’ai conservé des traces de cette soirée pour alimenter mes réflexions sur les stratégies d’insertion des mondes virtuels dans divers dispositifs sociaux (enseignement, culture …).

Un montage vidéo. La qualité de cette vidéo est plus que moyenne, elle ne donne pas une idée juste du niveau de performance de cette soirée. Il m’est difficile d’assurer en même temps les captations vidéos, photos, la structure s’en ressent assurément Elle témoigne cependant d’un grand moment d’émotion et de culture partagées via les réseaux. J’ai choisi d’assister à l’opéra dans le monde second life parce que ce monde me paraissait plus utile en terme d’observation (la Francogrid est plus un lieu de geeks, donc moins significatif en terme d’usage, de mon point de vue).

Monde virtuel – Essaimage

Il y a un peu plus de un an lorsque je me lançais dans la réflexion sur les enjeux des mondes virtuels dans les dispositifs d’apprentissage, je ne pensais pas ouvrir une réflexion large, et pourtant ….

Elle semble désormais largement engagée et les pratiques essaiment. On peut désormais essayer de dresser un bilan intermédiaire et estimer que la pratique n’est plus marginale. Quel bilan peut-on tirer ?

Il me semble qu’à ce stade des pratiques ce sont surtout les enseignants et les cadres qui se sont emparés des fonctionnalités des mondes virtuels. (l’aspect cours en ligne semble encore minoritaire) Ils investissent la virtualité pour des raisons diverses mais une idée force semble émerger – La capacité à réunir des acteurs dispersés sur le territoire tout en utilisant des méthodes habituelles, non déstabilisantes, de travail (présence en un lieu pour débattre en utilisant des artefacts pédagogiques usuels comme le diaporama et la voix). Il paraît évident que le côté intuitif d’Assemblive soit un facteur facilitant.

A ce stade du travail nous manquons de retours d’expériences rédigés, réflexifs. Il est possible de constater l’efficience du système parce que les captations vidéos, constats de pratiques opérantes, commencent à apparaître. Il serait utile que les protagonistes prennent le temps de formaliser leurs pratiques sous forme d’analyse a posteriori. On peut livrer quelques pistes aux rédacteurs potentiels :

• L’utilisation des mondes virtuels par les enseignants dans le cadre d’une réunion professionnelle (didactique et pédagogie) ;

• L’utilisation des mondes virtuels par les cadres dans le cadre d’une réunion professionnelle (management) ;

• Les possibilités de mutualisation des expériences dans un dispositif d’apprentissage (analyse et réflexion) ;

• Les enjeux dans le métier de cadre de l’éducation nationale ;• Les aspects cognitifs dans les travaux en immersion ;• Les nouveaux enjeux de temps et d’espace dans les processus d’enseignement /

apprentissage pour l’ensemble des acteurs ;• La création de nouveaux scenarii intégrant des mondes virtuels ;• La mise au point (à tout le moins une réflexion) sur les enjeux de modules de

formation en réalité mixte…

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Cette liste n’est pas exhaustive bien évidemment.

En séance

Le travail a posteriori d’analyse de pratique n’est pas ancré dans nos pratiques (les universitaires sont rompus à ce genre d’exercice), il est pourtant d’une grande aide. Je parle, au niveau du secondaire, non pas d’une pratique formalisée, balisée par une méthode stricte. Il existe une multitude de méthodes (par écrit, par carte mentale, par schématisation …) qui permettent au niveau micro (la classe) de conserver des traces. J’ai le sentiment que l’enjeu pourrait être double, aider l’enseignant à s’interroger sur ses pratiques et permettre une mutualisation.

Parmi les traces qui apparaissent sur la toile, on peut citer la réunion organisée par le certa le 15 décembre 2010. Ce travail est intéressant car il montre les modalités formelles de la réunion. On peut qualifier cette réunion comme distante synchrone en réalité mixte. Une instrumentation d’ un monde virtuel pour le partage de pratique et la mise en place de scénério.

Concrètement, le dialogue s’instaure de façon classique avec un intervenant qui s’exprime sur une thématique fixée. Un dialogue suit, les avatars expriment des attitudes de socialisation (lever la main) posent des questions. J’aimerais que nous puissions lister la somme des expériences pour produire un document de synthèse mutualisable.

Vidéo de la réunion immersive du CERTA organisée le 15 décembre 2010 sur la thématique de l’enseignement de seconde en PFEG

Conférence virtuelle 2010 N°1

Première conférence virtuelle de l’année 2010 / 2011. Le sujet de rentrée était Après l’école, le travail – Quelle transition ?

Une séance avec une vingtaine de participants et cinq intervenants :

• Vincent Autin DSAAC La Martinière-Diderot• Mathilde Letourneur BTS design de mode La Martinière-Diderot• Angélique Maurin DSAAT La Martinière-Diderot• Anne – Claire Montchamp de Unique en série BTS ATI (actuel design de mode) La

Martinière-Diderot• Alexandra Vallod de Unique en série BTS ATI (actuel design de mode) La

Martinière-DiderotUn petit résumé des points essentiels soulignés par les intervenants :

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• Constituer son book pour les entrevues professionnelles. un book en pdf avec des images dégradées ou sur un support pochette ;

• Avoir des dessins mis au rapport pour montrer sa capacité à produire des biens ;• Constituer son réseau professionnel ;• Utiliser les micro-réseaux pour sa recherche d’emploi (notamment la liste de

diffusion des arts appliqués du lycée – Liste groupartex et liste Faceboook) ;• Utiliser sans réserve les machines du lycée pour apprendre la technologie (tissage,

maille, impression, broderie) pour se rôder aux techniques du métier• Ne pas hésiter à multiplier les stages pendant la période de formation car ils sont

un lien indispensable entres l’acquisition des bases du métier (pédagogie) et la découverte des spécificités et contraintes du métier ;

• Avoir de solides compétences numériques. Photoshop© et illustrator© sont à maîtriser impérativement ;

• Avoir de bonnes bases en anglais technique ;• Apprendre à travailler en groupe, à collaborer.

Les anciens étudiants du lycée, forts de leurs expériences ont témoigné auprès du public étudiant des enjeux du monde professionnel et du lien avec la formation. Après les interventions le débat s’est engagé. Mathilde Letourneur a accepté de nous donner son diaporama que vous pouvez consulter ci-dessous.

Analyse de la séance

Ce sont à nouveau les aspects cognitifs des conférences qui m’intéressent. Les primo intervenants sont toujours déstabilisés par l’environnement car on est privé de ses repères habituels. Quelques commentaires post conférence :

« ‘L’expérience était troublante et j’avais l’impression de parler trop vite et d’aller d’un sujet a une autre…. » – « Cette 1ère expérience un peu maladroite«

D’un point de vue technique l’effet apprentissage à jouer, je n’ai pas noté de problèmes majeurs, la conférence a été fluide, sans interruption. Les intervenants ont su déplacer leurs avatars sans anicroches. Un problème d’écho constaté mais en raison d’un oubli de fermeture de micro.

Je suis de plus en plus persuadé que l’avenir du monde virtuel passe par l’intégration du monde virtuel dans le navigateur. Les avantages sont évidents, simplicité de connexion, légèreté du soft de pilotage, prise en main rapide, contraintes techniques allégées …

Analyses des intervenants :

Alexandra Vallod – « l’expérience est quelque peu troublante car on parle à devant son ordinateur sans vraiment voir de public , ni leur réaction. C’est le manque de réaction qui m’a semblé le plus troublant. Vos interventions sont nécessaires lors des témoignages car vous recadrez le débat ou demandez des précisions là où il en manque. Après, le contexte virtuel ne m’a pas trop perturbé car cela ressemble à un jeu dans lequel notre avatar se déplace, mais je pense que pour quelqu’un qui n’a jamais joué à des jeux « point and clic », il doit se sentir perdu. »

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Mathilde Letourneur - « Pour ma part c’était très troublant car je ne joue jamais aux jeux vidéos, et j’avais effectivement l’impression d’être en plein dedans…C’est également vrai pour ce qui est des personnes en face, on se demande: à qui on parle, tout le temps. Ce qui était encore plus troublant c’est que c’est assez lourd, l’ordinateur sur lequel je suis n’est pas tout jeune, et mon avatar à beugé donc je me voyais en double et en maillot de bain…Voilà pour ce que j’ai ressenti. Mais ça a un côté un peu rassurant de ne pas voir les interlocuteurs, on se croit presque au téléphone. »

Angélique Maurin – « Au départ ça m’a vraiment déstabilisé. Tout d’abord c’est la toute 1ère fois que je créais un avatar, j’ai eu du mal à comprendre comment « l’articuler » et comment m’exprimer. Ensuite lorsque j’ai enfin compris comment ça fonctionnait (et ça a mis du temps) ça m’a perturbé de discuter avec mon écran; j’apprécie peu le contact virtuel (même si je comprends ses avantages). J’ai besoin de voir et d’avoir un « contact » avec mon interlocuteur. Et le fais de devoir jongler entre le parler verbal et le parler « virtuel » avec les réponses qui interviennent sur le chat n’est pas non plus évident pour un débutant. Cependant j’ai apprécié l’expérience. »

En écho à ces analyses le journal internet actu évoque le langage non verbal en immersion dans un article intitulé « des interfaces qui dépassent le langage«

« Ainsi, aujourd’hui, les avatars des mondes virtuels ne sont-ils, la plupart du temps, que de gros smileys. Ce sont les utilisateurs qui les contrôlent et décident de leurs mouvements et de leurs gestes. Or c’est précisément le caractère inconscient de nos réactions corporelles qui détermine, pour une bonne part, la signification d’un message. Cette limitation de l’expressivité des avatars n’est sans doute pas pour rien dans les échecs répétés de mise en place de mondes virtuels.

A l’université de Barcelone, on essaie de résoudre le problème en utilisant un système qui mesure les battements du coeur, la respiration, le taux de résistance électrique de la peau (le paramètre mesuré dans les détecteurs de mensonges), puis on transfère les résultats dans le comportement de l’avatar. Le battement cardiaque se reflète dans le mouvement des pieds, la respiration dans le soulèvement – exagéré – de la poitrine, le taux de résistance galvanique dans la teinte du visage, plus ou moins rouge… »

vwcamp 1110

Ce week end s’est tenue le vwcamp1110. Le principe est une réunion informelle au cours de laquelle se réunissent des utilisateurs de mondes virtuels (vw = virtual camp). On retrouvait les habitués des ces réunions comme Jean-Marie Louche, Kev Jenkins, Gill Beaumont, Mascottus Phlox, Grégory Rhiadra, Ange Mengès, Tao Cavano, Romain Obéron, ssm2017 binder, Jack jacksweb, Kareltje Krasker et autres que j’oublie certainement …

Des réunions : discussions ont été organisées. J’ai participé à la réunion sur l’éducatif, une réunion de une heure qui fut très riche. Nus avons parlé de l’expérience de Tao Vacano

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professeur de math à Marseille en collège sensible et mon expérience avec mes étudiantes de BTS et DSAAT. Il en ressort plusieurs points forts :

• Nous sommes encore peu à investir les mondes virtuels dans une optique pédagogique ;

• L’enseignement immersif est une source de solutions pédagogiques. Tao a évoqué les cas de ces élèves incapables de réaliser un cube IRL mais capable de le réaliser inworld de surcroît en manipulant des concepts mathématiques ;

• Il ne faut pas assimiler l’utilisation du monde virtuel à un espace ludique mais bien un espace pédagogique. Il faut absolument l’expliquer aux contempteurs et aux élèves – Ce qui prime ce sont les apprentissages ;

• Le virtuel recompose les relations humaines. Des constats d’attitude différentes dans le virtuel et le réel « m’sieur vous êtes plus sympa en virtuel, qu’en réel » ;

• La question du temps a été évoquée. Le temps du professeur, le temps des élèves :7. Le temps des professeurs parce qu’il faut consacrer beaucoup de temps à la

construction et à la didactisation des cours. Un débat s’est engagé sur le rapport entre le temps de travail effectif et le temps de travail statutaire. Le geek, c’est connu, n’économise pas son temps mais il vit aussi dans le réel, ses productions doivent être reconnues, validées, rémunérées (?) (c’est la thèse que je défend). La question évoquée posait, en filigrane, le rapport à établir entre l’expérimentation et la possible généralisation.

8. Le temps de travail des élèves. Sur la base de nos deux expériences, il semble que les élèves trouvent le temps moins long (j’irais jusqu’à dire qu’ils prennent du plaisir) en immersion que dans un cours classique. Bien évidemment ce constat ne repose que sur deux expériences, il faudrait un terrain plus large d’observation. Tao et moi

• Le monde virtuel est un outil, il faut développer des usages sur la base de scénario (thématique reprise par Ange Mendès dans son atelier sur monde virtuel et PME) ;

• Le terme monde virtuel est une question qui a été évoquée. Plus qu’une question sémantique, c’est une réelle interrogation parce qu’elle connote péjorativement les travaux auprès du grand public, l’activité ne fait pas sérieuse. Nous avons réfléchi sur un terme plus fédérateur, un terme de concorde (que nous n’avons pas trouvé).

En conclusion : il faudrait que cette réflexion se prolonge et pourquoi pas dans un cadre plus institutionnalisé. L’émergence de la réalité augmentée, la diffusion de smartphones me font dire que c’est un sujet de réflexion pour les années à venir.

J’ai réalisé une captation vidéo (le son n’est pas très bien capté) de l’intervention de Tao Vacano.

Le deuxième atelier mené par Ange Mengès a porté sur les mondes virtuels dans les PME. Une discussion très intéressante s’est engagée sur la question suivante / Vaut-il mieux avoir un monde virtuel intégré dans le navigateur ou un navigateur intégré dans le monde virtuel ? J’étais un des rares à penser qu’il valait mieux avoir un monde virtuel intégré dans le navigateur. Probablement parce que mon champ d’intervention est la pédagogie et qu’il faut que je consacre le moins de temps possible à expliquer le fonctionnement des mondes virtuels. Il faut reconnaître que l’insertion de Hippo pour circuler dans opensims est assez compliquée et nécessite en contrepartie un temps de formation relativement long

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L’argument pro navigateur intégré dans le monde virtuel reposait sur l’avantage de l’immersion totale et de la non distraction par d’autres tâches. L’insertion du monde virtuel dans le navigateur faciliterait la distraction (twitter, consulter ses mails …)

Invariants des mondes virtuels

Je viens de lire le billet de blog de @Hugobiwan Zolnir qui analyse a posteriori la soirée immersive Opérabis. Ce billet est intéressant à plusieurs titres. Je retiendrais la dimension relationnelle évoquée de son rapport. Je constate après lecture qu’il est possible de dégager des invariants sur les pratiques immersives. Je vais comparer mes pratiques dans le monde Assemblive© et celles de Second Life et Opensims. Il est évident que ce qui importe dans cette analyse est l’aspect cognitif pas le type de monde utilisé.

Travailler, agir dans un monde virtuel c’est être en capacité de mettre en relation des personnes distantes en mode synchrone. Une relation qui passe par la médiation d’un ordinateur, d’un logiciel, d’un monde construit et d’un avatar personnalisé. Les relations sont réelles, riches, intenses mais elles doivent se construire …

Je vais reprendre quelques passages significatifs du billet de Hugobiwan Zolnir en tentant de faire émerger des invariants des pratiques immersives.

NB : en bleu mes analyses lors de mes expériences immersives (extraits)

• Dialoguer « /…/ ont éteint leurs microphones afin de ne pas ternir le son émis depuis Rennes /…/ » Le dialogue dans les mondes virtuels peut être perturbant pour le débutant. Le dialogue est conditionné par un intermédiaire machine. Il faut apprendre à gérer son microphone, ouvrir, couper, ne pas polluer la discussion en transmettant les bruits parasites de son environnement proche. Il est nécessaire que le participant acquiert cette compétence. Il est toujours déstabilisant d’arriver en phase immersive sans initiation préalable. J’ai été confronté à ce point dans mes expériences pédagogiques /…/ « Il est a noter que les intervenants doivent opérer dans un environnement calme parce que les bruits des environnements domestiques peuvent parasiter le travail (pendant la réunion nous avons entendu une sonnette, un chien aboyer, le son de la wii de mes fils qui jouaient à Super Mario et parfaitement identifié par les étudiants) » /…/

• Gérer sa bande passante « /…/ Ayiki Takakura a passé chaque visiteur au scanner virtuel afin de vérifier qu’il ou elle ne porte pas d’objet trop gourmand en ressource /…/ » La gestion de la séance suppose que la bande passante soit fluide, qu’il n’y ait pas de pollution technologique. Je constatais le même problème de mon côté « /…/ Le son haché vient dans la quasi totalité des cas: – des réseau bas débit, ou haut débit mais partagé par trop de personnes. Un logiciel de partage de fichier utilisant aussi la bande passante montante comme bittorrent utilisé sur l’ordinateur ou un autre ordinateur utilisant le réseau. En fait n’importe quelle application saturant la bande passante montante. /…/

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• Dsaat broderie

Ne pas se perdre dans les espaces numériques « /…/ surveillant la cartographie des avatars proches qui permet de repérer et de guider les visiteurs égarés /…/ » A l’image des mondes réels, il faut savoir se répérer. En l’absence de repérage, ou de sens de l’orientation, il est possible de se perdre. Il faut expliquer, apprendre les enjeux de la localisation inworld.Tout comme dans la vie réelle il faut se rendre au bon en droit, au bon moment « /…/ Des étudiantes sont venues au rendez vous virtuel mais ne se sont pas rendues dans la bonne salle. Elles ont attendu mais en vain et pour cause. /…/ »

• Arriver à l’heure « /…/ Beaucoup d’ avatars arrivent au dernier moment, et il s’agit maintenant de les accueillir, de les guider et d’aider ceux qui auraient des problèmes techniques. Roger (Coulaut Menges) est à la manoeuvre dans la Francogrid, Audrey (Betty Renoir) dans Second Life(tm). /…/ » Tout comme dans la vie réelle, il est important de respecter les horaires. Le retard mobilise beaucoup d’énergie chez les organisateurs pour guider, expliquer tout en participant au suivi du bon déroulement de la séance. « /…/ Une étudiante est venue trop tard au rendez vous, elle est arrivée dans la bonne salle mais vidée des ses occupants /…/

• La solitude du participant « /…/ Nous savons que ce bruit d’ambiance est très important, /…/ » Travailler dans les mondes virtuels peut être déstabilisant parce que l’on perd une partie de ses repères sociaux. Il est plus difficile de percevoir les réactions des participants. Entendent-ils ? Comment réagissent-ils ?. IRL on identifie parfaitement les réactions des participants à la discussion, si j’ose une plaisanterie le visage hilare (ou pas) m’indiquera le succès(ou pas) de ma saillie humoristique. Si je profère une énormité, le froncement des sourcils du public me renseignera immédiatement. La sonorisation du monde virtuel et la capacité à gérer les expressions des avatars sont des éléments indispensables pour établir des relations sociales virtuelles convenables. Il est nécessaire de reproduire un son social qui ne soit pas un bruit parasite.

• Apprendre – partager « /…/ beaucoup de choses auront été apprises pour savoir améliorer et garantir le partage d’un spectacle vivant dans un monde virtuel en ligne… /…/ » Il est vrai que chaque nouvelle expérience est un stade supplémentaire dans les apprentissages.

Il me semble que la somme des expériences accumulées pourrait être un prétexte pour commencer à rédiger un mémo de formation à l’attention des utilisateurs, concepteurs, participants aux séances immersives.

Les expérimentations existent, nous y participons, nous pouvons en citer quelques unes :

- La faculté virtuelle de droit de Lyon et son campus virtuel

- Les expériences immersives – Le jnumcamp

- La bibliothèque francophone

- Les fonds marins à Marseille – Le travail de Taovacano

- Les futurs opéras dans opérabis

- Des projets en construction peut-on lire sur twitter (palais indien pour des étudiants en Inde)

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- Mes expériences dans Assemblive

- L’expérience de Eric Guiraut

Gageons que les synergies immersives sauront se construire

OpérabisLe Samedi 06 novembre 2010 l’opéra de Rennes et l’équipe de la bibliothèque francophone du métavers ont présenté un opéra IRL (opéra de Rennes) et inworld (second life et opensims). Il s’agissait d’une pièce de Gaetano Maria Donizetti (1797 – 1848) « « Rita ou deux hommes et une femme » opéra-comique en un acte.

» Rita, ou le mari battu de Donizetti. Composée à Paris vers 1841 sur un livret français, cette farce en un acte fut créée à l’Opéra-Comique en 1860, douze ans après la mort du compositeur. Ell e conte les aventures d’une aubergiste qui tyrannise son second mari. Le retour au village du premier, qu’elle croyait mort, provoque une série de situations cocasses, à la limite du scabreux, dans l’esprit de la commedia dell’arte. Le titre original, Deux hommes et une femme, était plus explicite. » – Source

L'affiche

Logo

La grande innovation de cette soirée était le mariage de l’opéra, du numérique et du web2.0. L’opéra souvent image de tradition, marié avec la technologie du virtuel était un pari fou. Fou mais totalement réussi. Le numérique n’a pas appauvri la représentation, bien au contraire. Ambiance d’opéra grâce à la reconstitution du bâtiment, possibilité de s’installer au parterre ou dans les baignoires. Bruissement de la foule qui papote en attendant le spectacle, sonnerie pour inviter les spectateurs à se rendre à leur place. Puis le spectacle … Un son net, la légèreté et le drôlerie du spectacle. Inworld le spectacle est sur la scène et dans la salle … D’abord l’aspect des avatars, certains avaient joué la tradition avec le smoking et les grandes robes, d’autres étaient restés dans la fantaisie numérique (homme vert, kimono japonais …).Ensuite les déambulations fantasques dans un espace non contraint; le spectacle était total cf « #operabis en assistant à l’opéra dans SL vient-on seulement au spectacle ? pas sûr » – « sophie maheo: #operabis un avatar vient de réaliser son rêve : sauter du balcon du haut pendant un opéra« . Une mise en abime du propos de l’opéra : le comique contemple le comique

La salle de concert

D’un point de vue technique j’ai été surpris par la fluidité des flux sons et vidéos. Une expérience qui préfigure probablement des nouveaux horizons pour les politiques culturelles des collectivités locales. La ville mobile et nomade au service d’une démocratisation culturelle. J’attends avec impatience une autre expérience, Les noces de

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Figaro le 06 janvier 2011 seront retransmises dans SL. Un autre opéra dans une autre ville, serait une riche idée

On ne peut que remercier @Hugobiwan et toute son équipe pour l’exploit technique, le pari culturel, l’opéra de Rennes pour l’agréable moment musical. Il me semble que les villes de France d’importance vont tourner leur regard vers cette expérience pour s’en inspirer. Les enjeux me paraissent fort, pour la culture mais aussi pour tout ce qui permet d’amener le savoir, les services vers les citoyens. On imagine facilement les possibilités dans le monde éducatif.

97 avatars étaient présents à cette représentation : « received a report from @coulaut : 97 avatars were at #operabis in SL and opensim last week. woot ! » (10/11/2010)

Conférence virtuelle N°1 – 2010 / 2011

Réunion dans le monde virtuel Assemblive. 23 Novembre 2010 inworld

Après le BTS – DSAAT, le début de la vie active

Vous avez gentiment accepté de participer à la conférence virtuelle du 23 novembre 2010 20 heures 30. Voici les instructions pour construire votre intervention.Le sujet : la période des études est une période fondamentale dans la construction des savoirs et des compétences. Vous avez toute suivi un cursus similaire, long, riche et sélectif. La période de formation initiale a permis d’assoir les bases de votre métier. Le moment de l’entrée dans la vie active est le second temps fort. Après la phase « relativement » confortable des études il a fallu franchir le grand pas de la recherche d’un emploi, le passage de la formation / apprentissage au monde de l’entreprise.Cette soirée se propose de recueillir vos témoignages sur cette période charnière. Comment s’est passée cette césure ?

Je vous propose le conducteur suivant :

Temps de présentation 15 minutes ;Support un diaporama. En général on conseille de bâtir un diaporama sur le principe suivant temps de présentation divisé par deux, soit dans le cas présent environ 7 diapos.

• Présentation de l’intervenant ;• Cursus ;• Présentation de l’entreprise dans laquelle vous travaillez ;• Votre fonction actuelle ;• Temps de recherche d’emploi ;

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• Modalités de recherche (candidature spontanée, Pôle-emploi, réseau, suite à un stage etc) ;

• Le passage de l’école à la vie professionnelle – bilan personnel. Vous pouvez évoquer dans cette partie ce qui est déterminant dans la formation initiale pour la vie professionnelle, ce qui n’est pas vu en initial et qui indispensable dans la vie pro … ;

• Conseils aux étudiants en cours de formation.Le plan donné est bien sûr indicatif, vous pouvez ajouter ce qui vous semble important. Ce qui compte est qu’un étudiant en formation puisse se projeter dans sa vie professionnelle. Le témoignage de professionnel ayant eu le même cursus est irremplaçable.

Il sera prévu un temps de dialogue avec le public présent à la conférence. Vous pourrez répondre aux questions en direct.

Merci encore d’avoir accepté de participer à cette conférence. Votre témoignage participera à l’acte de formation.

Très cordialement

jpm

Monde virtuel saison 2 – Séance 1

Reprise de la saison monde virtuel. Fort de l’expérience j’ai repris ma trame de travail c’est-à-dire élaboration d’un programme annuel, information des élèves pendant les cours, séance de formation puis lancement des conférences.

Hier soir 13 / 10 / 2010 première séance de formation. Une séance plutôt fluide d’un point de vue technique (pas de problème). Conformément à mes prévisions les étudiants se sont adaptés sans problème au monde, déplacement, utilisation du chat, insertion des smileys etc. Le temps d’explication a été réduit à la portion congrue. Nous avons abordé la manipulation de la visionneuse, l’organisation de chat privé, de discussion privée en groupe.

L’essentiel de la réunion a été consacré au fond. Nous avons abordé :

• Les règles de fonctionnement lors des conférences virtuelles, utilisation du chat pour poser des questions sans interrompre l’intervenant, utilisation des gestuelles des avatars, intervention orale pour poser des questions …

• Le programme annuel des conférences ;• Les fab lab et l’imprimante 3D puisque nous avions en ligne un étudiant de Nancy

qui travaille sur le sujet. Nous avons convenu d’organiser une conférence sur les imprimantes 3D, les fab lab et l’open source ;

• L’enjeu des mondes virtuels dans les métiers du design. Besoin de designers pour concevoir la partie graphique des mondes, les possibles constructions des futurs galeries marchandes, le possible potentiel emploi dans ces lieux ;

• Le monde virtuel est un lieu surprenant. Des étudiants de différents BTS étaient présents. Des étudiants du même lycée, apprenant dans des filières communes,

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séparés simplement par deux étages dans le même bâtiment mais qui ne s’étaient jamais rencontrés . Il a été convenu qu’ils se rencontreront IRL.

Un bilan positif à bien des égards parce que chacun des participants a appris, c’est finalement le but de ce lieu. Comme à chaque fois le temps prévu de travail a été largement dépassé !

20 octobre 2010

Nouvelle séance de formation avec un autre groupe d’étudiants. Séance qui s’est déroulée de façon fluide. La discussion a été orientée sur la façon dont vont se dérouler les séances. Les questions, à la différence de l’année dernière, ont porté sur les aspects cognitifs des séances et non pas sur les points techniques. Comment intervenir ? Comment poser des questions ? Comment interagir ?

Il apparaît de plus en plus évident que le passé (et le présent) de gamer des étudiants est une aide précieuse. Je suis surpris de constater que les étudiants avouent presque de façon honteuse qu’ils ont joué (ou jouent) à world of warcraft ou aux Sims.

Le poids de l’éducation ? « Au lieu de jouer, tu ferais mieux de faire tes devoirs« . Peut être !

Une schématisation du travail élaboré dans les mondes virtuels. Je commence, en parallèle à mon travail d’usage, à formaliser schématiquement mon travail. J’essaye ici de décrire les principales phases de mon expérience inworld. J’ai retenu trois thématiques. Les deux usages du monde virtuel, la notion de temps et d’espace et la nécessaire formation des acteurs avant tout processus d’acquisition des savoirs. L’idée principale étant que l’on ne peut se limiter à affirmer que l’on relie des machines, on relie des cerveaux.

1 – Individualisation et conférences

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2 – Temps et espace

3 – Apprendre à apprendre

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Bilan 2010

Bilan de six mois de pratique des mondes virtuels dans un processus d'apprentissage

Utiliser le monde assemblive pour construire l’acquisition de savoirs et compétences d’étudiants de design de mode, IMS et DSAAT

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Jean-Paul Moiraud professeur de gestion au lycée La Martinière - Diderot de Lyon (France)

Expérience menée de Janvier 2010 à Juin 2010

9.Le contexte de la formation.

A.Le cadre

Je suis professeur de gestion en section design de mode (BTS et DSAA) au lycée La Martinière - Diderot de Lyon15. Mon métier d’enseignant a pour objectif de former de futurs

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15 http://www.lamartinierediderot.fr/

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designers qui occuperont les fonctions de designer textile, chef de produits, responsables de collection, infographiste, créateur de collection, créateurs free lance ...

J’ai en charge de faire apprendre la partie liée aux enjeux économique, marketing, juridique du métier de créateur concepteur textile et mode. Notre équipe est constituée par des professeurs de bureau de création, d’enseignements artistiques fondamentaux, de culture design, de sérigraphie, de philosophie, de CAO / PAO, de broderie, d’arts appliqués, de technique tissage, de moulage et d’anglais. Des professionnels interviennent ponctuellement notamment pour des workshops.

Mon travail s’exerce principalement en dispositif frontal au cours de séance hebdomadaires de 2 heures pour des classes ayant des effctifs d’une moyenne de 25 étudiants. J’intègre les fonctionnalités d’outils numériques pour enrichir les apprentissages16 (blog, twitter, Delicious) Depuis cette année j’ai intégré un monde virtuel dans mes pratiques. Je me propose de rédiger le premier bilan de cette expérience.

B.Les hypothèses

L’hypothèse de base de cette expérience est que les mondes virtuels permettent d’organiser un processus d’apprentissage dans lequel sont intégrés des acteurs divers qui veulent collaborer de façon distante synchrone. Le monde virtuel permet d’enrichir le présentiel parce qu’il inscrit le dispositif d’apprentissage dans et hors la classe.

Pour tenter de vérifier ces hypothèses il me faudra analyser plus finement les points suivants

Quel est le rôle des avatars ?

Comment s’organise le travail collaboratif / coopératif dans les mondes virtuels ?

Comment peut-on insérer des tiers non enseignants dans un dispositif d’apprentissage ?

Quel est le poids des environnements graphiques dans le dispositif d’apprentissage instrumentant le virtuel ?

Est-ce que le monde virtuel apporte une valeur ajoutée dans les dispositifs d’apprentissage ?

C.La méthodologie

La méthodologie retenue est l’observation de l’organisation et l’observation du travail. L’observation s’établit grâce à un ensemble d’outils, rédaction de billets d’observation, enregistrement de vidéos, capture d’images, enregistrement de sons, analyse des témoignages des participants.

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16 Bilan 2008 - 2009 http://moiraudjp.wordpress.com/2009/04/16/bilan-dactivit-pour-lanne-2008-2009-2/

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Je souhaite mener ce travail sur trois années scolaires avec une analyse du quotidien, la production de bilans annuels, intermédiaires et publication d’un bilan de synthèse à l’issue des trois années de pratique - observation.

Le travail a été mené avec trois classes (sur deux années de formation) BTS design de mode, DSAAT et IMS (industrie des matériaux souples) soit un potentiel d’une centaine d’étudiants. La démarche, dans la mesure ou elle engage les étudiants en dehors des heures de cours repose sur le volontariat.

D.Mes choix pédagogiques

Je souhaite (ma mission est) que mes étudiants acquièrent des savoirs fondamentaux ancrés dans les sciences de gestion et juridiques et appliqués aux problématiques du design. Mes objectifs pédagogiques sont fixés pas le référentiel ministériel.

J’avais plusieurs entrées pour bâtir mon enseignement et les apprentissages.

• Un cours magistral en situation frontale qui positionne l’acquisition des savoirs du haut vers le bas ;

• Un cours qui implique les étudiants. Il n’évacue pas les savoirs transmis frontalement lorsque c’est nécessaire mais il est plus orienté vers des constructions coopératives et ou collaboratives

J’ai choisi la seconde option parce qu’elle me paraît plus constructive. Elle répond à une prescription institutionnelle (le référentiel17) et à mes conceptions du métier d’enseignant, du métier d’étudiant. Elle fait écho à une réalité économique de la filière dans laquelle j’interviens.

Le fil conducteur de mon travail répond à un cahier des charges précis : demander aux étudiants de simuler la création d’une entreprise de design. L’ensemble des propositions et constructions qui sont proposées par les étudiants sont organisées à l’intérieur d’un dispositif numérique. Chaque étudiant présente ses analyses à l’aide d’un blog, la veille informationnelle est élaborée avec Twitter, est mutualisée sur Del.icious et depuis cette année un monde virtuel a été introduit dans ce dispositif, il fait l’objet de cette étude.

Le monde virtuel assemblive qui est décrit plus bas est intégré dans mon cours pour répondre à deux types de besoins identifiés en amont de l’outil.

- L’organisation de conférences pour mettre en relation des professionnels du design et les étudiants. Un travail de rencontre distant synchrone afin de créer des interactions entre le monde éducatif et le monde professionnel ;

- L’individualisation du travail sur des sujets précis.

E.La prescription institutionnelle (le programme)

Le programme de gestion de DSAAT cadre très précisément la nature du travail à mener.

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17 http://dsaa.apinc.org/referentie/le-referentiel/

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Les objectifs du référentiel renvoient en permanence à des constructions et des compétences de type web 2.0 (même si elles ne sont pas formulées comme telles). Les extraits du référentiel ci-dessous précisent les enjeux de formation.

Objectifs Réunir les éléments dʼinformation préalables à lʼélaboration dʼun processus de production

Tâches Collecter les informations liées aux tendances du marché. Connaître les opportunités et contraintes de lʼentreprise. Analyser les informations retenues.

Résultats attendus

Rassembler, synthétiser et hiérarchiser les informations nécessaires à lʼélaboration du plan de collection.

Les études sont orientées vers :

- Lʼapprofondissement de connaissances acquises dans la spécialité dʼorigine (champ dʼapplication technologie) à travers des thèmes dʼune complexité croissante impliquant la prise en compte de lʼensemble des paramètres intervenant dans la conception des produits pour le secteur concerné.

- Un enseignement professionnel et de création, organisé en bureau de création- conception et comportant :

- Des recherches et projets conduits individuellement et en équipe sur des programmes choisis après concertation avec les professeurs des élèves et des professionnels concernés en fonction de leur convenance pédagogique.

Ces programmes seront conçus de telle façon que les objectifs dʼapprofondissement, dʼouverture et de travail en équipe puissent être atteints et que les travaux de conception puissent donner lieu à des réalisations concrètes

FONCTION GESTIONFONCTION GESTION

OBJECTIFS Gestion de la collection

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FONCTION GESTIONFONCTION GESTION

TACHES Assurer la mise en oeuvre et le suivi de chaque étape de la collection : calendrier, organisation, présentation ...Coordination des différents services en vue de lʼéchantillonnage et de la fabrication.

RESULTATS ATTENDUS Présentation dans les conditions et délais définis

CONDITIONS RESSOURCES Processus de fabrication et modes de productionEchantillonnageAnalyse des coûtsRessources humaines et matériellesTechniques de gestion et de classement des informations.

Les études sont orientées vers :

- La globalisation de la formation- son adéquation étroite aux réalités de lʼactivité professionnelle et des processus de

production

Elles se fondent sur une PEDAGOGIE DE PROJET intégrant dans tous les travaux conduits en bureau de création-conception lʼensemble des connaissances acquises dans des disciplines de tronc commun.

L’expression pédagogie de projet est inscrite comme objectif de la formation. Des mots forces sont à retenir :

- Rassembler, synthétiser, hiérarchiser les informations ;- Globalisation ;- Travail en équipe ;- Coordination des différents services ;- Ressources humaines et matérielles ;- Techniques de classement et de gestion de l’information ;- Pédagogie de projet.

F.Une réalité économique

Le métier de designer mode et textile induit que les étudiants soient en capacité de mettre en lien les enjeux de création et les enjeux économiques, les enjeux de la globalisation. Je reprends ici un billet de mon blog de cours intitulé «cours, technologies numériques et travail collaboratif» qui précise ce point :

«Pour alimenter à nouveau le cours d’introduction des DSAAT 1, une carte heuristique (provisoire) pour expliquer les technologies qui seront utilisées pour les apprentissages.

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Une démarche à double détente puisqu’il s’agit à la fois de conforter une démarche pédagogique et de donner des instruments pour la vie professionnelle.En tant que pédagogue je souhaite faire découvrir les possibilités, les enjeux du travail collaboratif, la technologie numérique y participant. En tant que professeur en design textile je souhaite démontrer en quoi le métier de designer est un métier de collaboration. Pour appuyer mon propos je reprends quelques passages du rapport de Madame Clarisse Perotti Reille :

• « Aujourd’hui, aucune entreprise n’est plus capable de maîtriser seule, les technologies mais aussi les concepts, compte tenu de la variabilité des désirs des consommateurs. La curiosité, la collaboration doivent devenir la règle pour une innovation efficace.» (page 52)

• « L’innovation immatérielle touche désormais une multiplicité de domaines : l’esthétique du produit final, la conception de nouvelles offres à partir des imaginaires clients, les services, l’organisation, les collaborations. La créativité n’est plus l’apanage des artistes, du marketing. La créativité se conçoit comme une fonction transversale de l’entreprise.» (page 56)

• « L’augmentation de la valeur ajoutée passe par les valeurs de coopération, collaboration. Les alliances entre entreprises, non nécessairement capitalistiques, constituent des réponses pertinentes pour aborder la nouvelle Révolution Industrielle.» (page 64)

• « La coopération, l’échange doivent devenir la norme dans ce secteur, pour soutenir son renouveau stratégique. Les diverses institutions ne doivent plus craindre pour leurs frontières. Mais, elles doivent s’engager dans des collaborations de toute nature et de tout type. » (page

• « Les nouveaux leviers de croissance sont complexes, fondés sur de multiples convergences : les désirs et les rêves des individus, la transmutation des processus d’innovation, l’immatériel, le croisement des technologies, la contraction et la fluidité des circuits de production, la collaboration. » (page 24)

En complément, une étude du cabinet Forrester (2008) sur le travail collaboratif en entreprise – L’étude

«Vers une généralisation de la collaboration dans l’entreprise actuelle, axée sur l’information, les professionnels en entreprise agissent rarement seuls : en Europe, ils sont 99 % à travailler en équipe. L’étude indique que la plupart d’entre eux collabore souvent avec plusieurs personnes : 47 % tous les jours et 77 % plusieurs fois par semaine. Globalement, la fréquence de collaboration culmine chez les jeunes (âgés de 18 à 30 ans), ce qui laisse présager une augmentation avec l’âge mais aussi avec l’entrée dans la vie active de la « génération Y », encore plus favorable au travail en équipe. »

En résumé :

Le travail collaboratif est un aspect très important dans le métier de designer, le cours de gestion contribuera pour sa part à en faire comprendre les enjeux.»

Je pense que le travail mené est une préfiguration des contraintes futures du métier de créateur. Etre designer c’est être capable de travailler en équipe. Le designer doit créer en intégrant l’idée qu’un projet ne peut aboutir qu’en mélangeant les compétences, des savoirs et une présence forte du numérique pour collaborer à distance.

G.Ma conception du métier.

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La convergence des point évoqués ci-dessus m’a amené au fil des années à appuyer mes enseignements et les apprentissages de mes étudiants par diverses solutions numériques. Historiquement c’est avec un blog que tout a commencé, puis se sont agrégées multiples solutions, notamment issues du web 2.0 - Twitter, Delicious, Facebook, Tweetdeck ... pour ne citer que les plus emblématiques. J’insère des solutions web à partir de l’analyse a priori de mes besoins.

En résumé je pourrais décrire mon projet pédagogique numérique comme «l’agrégation de solutions hétérogènes au service d’un projet homogène »

La dernière brique mise en place dans mon dispositif est l’introduction d’un monde virtuel dans le dispositif d’apprentissage. Je propose d’analyser cette nouvelle expérience sur la base des six mois de pratique avec mes étudiants, quelques autres professeurs convaincus et des professionnels du secteur.

2.Historique

L’évolution d’un projet construit tient parfois à des hasards heureux. Les 13 et 14 janvier 2010, j’ai assisté en ligne aux journées d’ Autrans18 et j’ai découvert sur le portail interactif19 le monde virtuel Assemblive20

J’ai eu le sentiment immédiat d’avoir enfin trouvé le système que je cherchais depuis assez longtemps, celui qui met à disposition des fonctionnalités ubiquitaires, collaboratives, coopératives et cognitives riches de potentiels pédagogiques. Je travaille depuis quelques années à comprendre les enjeux du travail dans et hors les murs de la classe, les ressorts de la mobilité et l’ubiquité pédagogique. J’ai participé pendant trois ans aux travaux de l’équipe EducTice21 de l’INRP sur la thématique du scénario de pédagogie embarquée (SPE). Le monde virtuel me semblait a priori convenir à mes exigences.

Assemblive est la création d’une startup française créée par cinq associés, la cible originelle sont les applications business. Ils se définissent ainsi : « Assemblive permet à des communautés d’organiser et de tenir leurs « web meetups », des évènements en ligne où tous peuvent participer. Chaque utilisateur peut rejoindre une conversation, parler, video-chatter et partager des contenus avec les autres participants ou créer en un clic une nouvelle conversation de groupe. » - Henri Morlaye.

J’ai adapté la solution à mes exigences pédagogiques, une forme de logique de l’usage pour reprendre l’expression du livre de Jacques Perriault «La logique de l’usage, essai sur les machines à communiquer» Flammarion 1982.

Le sentiment d’être en présence d’une solution adéquate n’est pas une analyse scientifique. Ce sont les six mois d’expérience qui ont été mon terrain d’analyse quotidien.

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18 http://www.autrans.net/spip/

19 http://www.artesi.artesi-idf.com/x/autrans2010/

20 http://www.assemblive.com/home/

21 http://eductice.inrp.fr/EducTice

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En lançant ce travail j’en appréhendais les difficultés parce que l’enjeux était de lancer un projet de travail distant qui engageait un grand nombre d’acteurs distants, avec des équipements hétérogènes sur une thématique transversale. Je me suis lançé dans une aventure dont je maîtrisais peu de paramètres.

Le fait d’assurer un enseignement à temps plein me condamne, par manque de temps, à ne pouvoir suffisamment étayer mon discours par un cadre théorique référent construit. Il faudrait évidemment que je puisse consacrer plus de temps aux lectures des fondamentaux sur la pédagogie et la didactique pour rendre ce travail plus cohérent. J’accepte par avance les remarques sur cette faiblesse évidente.

Il convient de tirer les premières conclusions, ce que je propose de développer ci-dessous.

3.Le monde virtuel assemblive

L’analyse qui va suivre repose sur une expérience menée avec le monde assemblive, cela ne signifie pas que les autres mondes ne sont pas pertinents, ils sont moins adaptés à mes besoins. Les expériences pertinentes sur second life ou opensims existent, elles sont riches et pleines d’enseignements, il convient de les suivre attentivement22.

Je propose de commencer par la description de l’outil même si d’un point de vue didactique et pédagogique il n’est pas le centre de la construction. C’est l’intention de l’enseignant qui prime, l’outil s’efface derrière le projet, il est en toile de fond. Il devrait pouvoir se faire oublier au bénéfice des constructions académiques, disciplinaires et collaboratives.

J’ai travaillé avec assemblive parce que cet outil me paraissait être le plus adapté à mes besoins de formation en sections post bac (par extension je dirai qu’il est plus adapté à une configuration d’apprentissage dans le secondaire). En quoi ce monde virtuel est-il plus adapté ? On peut s’appuyer sur plusieurs point précis

A. Le logiciel

Le monde virtuel assemblive est souple c’est-à-dire qu’il ne nécessite pas de télécharger un logiciel très volumineux à la différence des autres mondes23 tels que second life ou opensims. Il me paraît très adapté à un parc ordinateurs hétérogène. Le choix de bâtir un environnement sous second life entraîne mécaniquement l’obligation de charger un logiciel très volumineux ce qui semble exclure d’emblée les ordinateurs anciens. Je ne peux prendre le risque de provoquer une fracture numérique parmi le public.

B. La navigation

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22 http://moiraudjp.wordpress.com/2010/05/09/journees-numeriques/http://moiraudjp.wordpress.com/2010/02/28/un-autre-exemple-de-monde-virtuel-et-pedagogie/

23 Second life fonctionne avec un logiciel de MO et opensims avec un logiciel de MO

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Une immersion digitale induit la capacité à déplacer un avatar24 (représentation symbolique d’un acteur du dispositif). Deux solutions existent pour se déplacer :

• L’intégration d’un navigateur dans le monde virtuel• L’intégration du monde virtuel dans le navigateur

La deuxième solution est beaucoup plus souple (c’est celle d’assemblive) pour un dispositif de formation dans le secondaire,. Elle permet de prendre en main assez rapidement le déplacement de l’avatar. Les étudiants de la génération Y25 ont acquis les compétences manipulatoires en jouant aux Sims26. L’intégration du navigateur dans un monde nécessite un temps de formation beaucoup plus long car il s’agit de prendre en main à la fois la navigation dans les trois dimensions et le pilotage avant, arrière.

C. La programmation

L’enseignement dans le secondaire d’une part, l’instrumentation des solutions numériques d’autre part interrogent les nouvelles compétences de l’enseignant en 2010. Le professeur digital est un professeur scénariste27 (il doit penser son contexte, les acteurs, les outils et les ressources) il est de plus en plus l’artisan de son environnement digital. Faut-il lui demander en plus de savoir programmer ? Cette affirmation me semble présomptueuse voire irréaliste. La programmation de son monde virtuel reste encore l’apanage de quelques communautés constituées que l’on s’accorde à qualifier de geek28. J’ai traité cet aspect dans un billet intitulé «du personnel au général « du 19 mai 201029, les commentaires sont parfois vifs ce qui montre que les positions divergent encore. Le choix de assemblive repose en grande partie sur cet aspect parce que c’est une solution clé en main.

D. Le design

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24 Un avatar est un dieu (plus spécifiquement Vishnu) sur Terre dans l'hindouisme ;Le mot avatar est surtout employé dans le sens de transformation, métamorphose : « Ce parc a subi de nombreux avatars »

25 Le terme génération Y désigne les personnes nées entre la fin des années 1970 et le milieu des années 1990. Il tire son nom de la génération précédente, nommée génération X. D'autres termes équivalents existent, dont enfants du millénaire ou les diminutifs GenY et Yers. Les Américains utilisent également l’expression digital natives ou net generation pour pointer le fait que ces enfants ont grandit dans un monde où l'ordinateur personnel et l'Internet sont devenus de plus en plus accessibles.

26 http://www.sims2.fr/pages.view_frontpage.asp

27 Voir les travaux de Jean-Philippe Pernin sur les scénarios - EducTice - INRP

28 Geek - Le terme geek (/gik/, prononciation anglaise /giːk/) est un anglicisme désignant une personne passionnée, parfois de manière intense, par un domaine précis. Il s’emploie entre autres dans le domaine de l’informatique ainsi que dans celui de la science-fiction. Selon l’Oxford American Dictionary  (en), l’origine du mot se trouve dans le moyen haut-allemand Geck, qui désigne un fou, un espiègle et du néerlandais Gek qui désigne quelque chose de fou. Wikipédia

29 http://moiraudjp.wordpress.com/2010/05/19/jnumcamp-du-personnel-au-general/

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L’environnement graphique des mondes virtuels et aussi un sujet brulant et parfois polémique. Le monde assemblive est un monde clé en main (Eric Guiraut30). Il met à disposition un ensemble de lieux virtuels aux designs différents, adaptés, me semble t-il, aux diverses situations de formation (salle de réunion, amphithéâtre, salle avec ou sans possibilité de diffuser un média). Il m’a été loisible au gré des différentes situations d’utiliser des lieux aux graphismes différents et adaptés aux besoins pédagogiques du moment.

Les lieux virtuels sont délimités à quelques salles très précises. La navigation en immersion en est simplifiée, nul n’est besoin de consacrer un temps long de formation pour guider les apprenants vers les lieux d’apprentissage.

Une question se pose cependant, le graphisme des mondes virtuels doit-il être la réplique du réel ? Ne faut-il pas saisir cette « terra virgina » pour construite de nouveaux codes, de nouveaux repères graphiques. J’ai été apostrophé de façon très radicale par un enseignant d’art appliqué qui m’a expliqué sans détour que le graphisme était « une anecdote », « le degré zéro de la conception », « une absence de réflexion sur la perspective des lieux ». Une façon à peine voilée de dire que mon travail était vain.

En enlevant la véhémence épidermique du propos et en s’appuyant sur un cadre réflexif construit, il est vrai que les mondes virtuels posent une question d’ergonomie des lieux, de design, de couleurs ... En disant cela je pose à nouveau la question de la division des tâches dans la construction des processus d’apprentissage. Quelle est la place et la nature des propositions que peuvent faire les designers ? De quelle façon le design peut-il s’emparer des questions d’apprentissage. C’est un sujet que je vais (que j’ai déjà) proposé comme élément de réflexion dans mon entourage professionnel. Je suis bien évidemment ouvert à toutes les contributions à ce sujet.

Je serai en capacité de rédiger une synthèse dans six mois en fonction des analyses construites qui me seront proposées. Je souhaite orienter cette question sur le terrain de la recherche en la soumettant à mon entourage. J’attends, en retour, des propositions argumentées.

E. L’aspect multimodal

Les mondes virtuels permettent de partager des ressources sous formes diverses, texte, image, son et vidéo, les formes les plus évoluées permettent de coupler le monde avec une plareforme d’apprentissage. Le couplage de moodle (sloodle) avec second life en est une bonne illustration.

J’ai retenu assemblive parce qu’il me permet de partager les ressources sous divers formats (.doc,.ppt, .xls, .pdf et autres ) en toute souplesse. Le mode clé en main me permet de ne pas avoir à acheter et / ou utiliser des solutions qu’il faut aller chercher dans des mondes que seule une veille efficace permet d’identifier. Je ne suis pas sûr par ailleurs que les principes de la comptabilité publique reconnaissent le dollar linden.

F.Gérer les niveaux de conversation

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30 http://guiraut.wordpress.com/

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Ce point est certainement la fonctionnalité la plus intéressante d’Asssemblive et celle que j’ai, paradoxalement, le moins exploité. Il est possible de mener des réunions simultanées en un même lieu sur des sujets divers sans que les conversations s’entrechoquent.

On peut imaginer que plusieurs enseignants investissent le lieu, organisent des discussions en groupes puis se réunissent en collectif pour organiser la synthèse. L’idée de créer un lieu de réflexion, de travail pour des enseignants de champs disciplinaires différents n’est pas à ignorer non plus.

J’y vois ici un avantage évident par rapport à toutes les autres solutions de webconférence que j’ai explorées. Les interactions peuvent se gérer à plusieurs niveaux (collective et interpersonnelle)

7.La construction du dispositif - Usage en configuration d’apprentissage.

Le cadre théorique évoqué précédemment à fait l’objet d’une mise en application en configuration d’apprentissage. Trois classes ont été concernées, le BTS industrie des matériaux souples (IMS), le BTS design de mode et le DSAA (diplôme supérieur d’art appliqué) créateur concepteur textile et mode. Il est à noter que ce travail est venu se greffer en cours d’année et qu’il n’a pas pu faire l’objet d’une explication a priori lors de la rentrée scolaire.

A. L’intention pédagogique originelle

L’intention pédagogique s’inscrit dans le projet global que je mène depuis plusieurs années et qui se caractérise par l’introduction et l’utilisation des fonctionnalités d’outils numériques. J’intègre les fonctionnalités d’outils hétérogènes au service d’un projet homogène / faire comprendre aux designers les enjeux du monde économique dans les processus de création.

B.Le contexte de formation

Le contexte de la formation est celui d’un processus de formation spécifique. des sections ou la pédagogie de projet est très présente, de façon générale les étudiants en bout de parcours doivent s’interroger sur les enjeux de la création par une démarche transversale. La capacité à mobiliser des concepts, à les croiser dans divers champs, à accepter un regard critique, à justifier ses choix et au final à présenter un projet cohérent et argumenté.

Ce travail met au centre de la construction certaines aptitudes face à la construction des savoirs. Un étudiant doit être capable de travailler en coopérant et en collaborant avec son ou ses réseaux. Cette aptitude exigeante est inscrite pendant le temps de formation, le temps de validation et le temps post formation (la vie professionnelle).

Le cours de gestion s’inscrit dans ce cadre large, il tente de donner une réponse par la construction d’un environnement adapté aux contraintes évoquées précédemment . L’ambition est de donner les moyens aux étudiants de construire leurs savoirs de façon réticulaire. Je souhaite qu’ils soient en capacité d’intégrer l’idée que leurs savoirs se construisent par le débat, par la confrontation d’idées, par le partage des ressources, par

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la collaboration. Peut-on résumer cette idée en disant qu’il y a une volonté d’élargir l’environnement instrumental et conceptuel des étudiants ?

C.Les acteurs

Le travail de construction s’opère par partage des expériences, des savoirs et des compétences. Les acteurs dans cette expérience sont nombreux et chaque apport alimente De nombreux professionnels n’auraient jamais participé à l’expérience s’ils avaient dû venir au lycée. Ils avaient le désir de communiquer leurs savoirs, leurs parcours mais étaient dans l’incapacité de se rendre sur site. L ‘artefact monde virtuel les a incité à venir travailler avec le groupe.

D.Les outils

Les développements sur le monde virtuel assemblive font office d’analyse sur l’aspect outil.

E.Les ressources

Ce dernier point est la question épineuse de mon travail. Comment conserver les traces des activités menées pour les utiliser à bon escient dans les cours futurs et/ou les partager dans une communauté de pratique ?

Pour l’instant, il me semble que c’est le point faible de mon travail. J’ai la plus grande difficulté à concilier la conception, la formation, l’animation et la captation des données. L’outil revient au centre de mes préoccupations, il me manque un système automatisé de captation intégré pour les vidéos et le chat.

En l’absence de conservation de traces, le travail risque de rester anecdotique. Lorsque j’ai pu organiser une division des tâches, j’ai été en situation de réaliser des enregistrements à fin de conservation de traces. Les captations vidéos sont consultables en ligne31. On peut aussi écouter deux enregistrements de travaux - Une séance d’individualisation avec une étudiante32 et le résumé de mon intervention fait par @Hugobiwan pour la journée Paris V Diderot33

La conservation des ressources nécessite d’avoir préalablement analysé les enjeux technologiques. A titre personnel mon équipement sous système Mac me facilite le travail. Pour un dispositif PC il est nécessaire de trouver les logiciels ad hoc.

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31 http://moiraudjp.wordpress.com/2010/05/26/itech-videos/

32 http://moiraudjp.wordpress.com/2010/04/23/individualisation-mondes-virtuels/

33 http://moiraudjp.wordpress.com/2010/05/18/journees-numeriques-debrieffing/

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5.Les différentes utilisations du monde virtuel

L’intégration du monde virtuel s’est organisé autour de deux pôles bien identifiés, l’organisation de conférences en ligne et le travail d’individualisation avec mes étudiants.

A.Les conférences

Depuis des années, je cherchais un moyen de mettre en relation le monde du travail et le monde de l’apprentissage sans réellement y parvenir. J’avais amorcé des pistes en créant sur yahoo une liste de diffusion emploi (qui fonctionne toujours), en demandant aux anciens étudiants de publier des billets sur mon blog. Les expériences ont été concluantes mais jamais satisfaisantes parce que manquant de réelle interaction.

Le monde virtuel m’a permis d’avancer dans mes propositions parce que je peux donner sens à des concepts. Grâce à cette construction, j’ai pu convier dans mes cours des personnes qui ne seraient jamais venues, par manque de temps, par éloignement géographique, par timidité. Les témoignages des professionnels sont un complément précieux à mes cours car ils donnent une assise à mes propos (ils sont souvent perçus comme un cadre trop théorique). En disant cela je sais que je m’expose à des critiques parce que je remets en cause une vision de l’enseignement.

Les conférences ont donc été construites sur les principes suivants :

- Organiser des rencontres entre les étudiants et les professionnels ;- Construire en transdisciplinarité (gestion, design, technologie, plasticiens) :- Travailler en réseau ;- Enrichir le présentiel ;- Créer des ressources.

Il serait prétentieux et faux de dire que tous ces points ont été planifiés, des nombreuses thématiques se sont construites dans l’usage.

A ce jour les conférences ont eu pour thèmes :

- Les études de DSAAT, - Thomasine Giesecke une plasticienne témoigne de son expérience, quelle place la

gestion tient ‘ elle dans le métier d’artiste ? Cette conférence doit déboucher sur un workshop en 2010- 20011.

- Enseigner l’économie gestion dans les mondes virtuels (suite et application d’un stage organisé par mes IPR)

- Le challenge ITECH, la collaboration école - industrie sur les textiles innovants

A.L’individualisation

L’autre versant de mon travail a été l’individualisation en immersion. Les dispositifs BTS en section design passent par l’élaboration du projet professionnel. Les étudiants et les enseignants doivent collaborer.

Dans mon métier on peut entretenir la fiction du : «je suis sur site donc je travaille». Lorsque les projets sont lancés je fréquente les ateliers de création pour analyser et décortiquer le rapport création / gestion avec les étudiants. Très généralement ma venue

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ne correspond pas aux temporalités des étudiants (période de conception design, réflexion de gestion pas encore mature etc).

Le monde virtuel a été une réponse forte aux besoins enseignants - apprenants. J’ai beaucoup travaillé en individualisation et le sentiment très net d’avoir travaillé de façon plus efficace parce que le lieu est neutre, calme et correspond à un temps réel de disponibilité intellectuelle des étudiants. Le terme immersion se justifie pleinement dans ce cas parce que l’interaction est réelle, rien ne vient perturber la réflexion. On peut lire les commentaires34 des étudiants sur mon blog.

Il est intéressant d’analyser les remarques des étudiantes. Elles identifient très bien les enjeux de l’interaction entre le professeur et l’élève et les notions de temps et d’espace. On retrouve les termes suivants : échange direct, échange personnalisé, hors cadre scolaire, temps réel, face à face...

L’individualisation pose en filigrane la question du temps de l’individualisation et du glissement du métier de professeur vers le métier de tuteur (voir 6.A). Mes pratiques sont-elles transférables en l’état, rien n’est moins sûr. Il me paraît nécessaire de fixer des règles temporelles pour les moments d’individualisation. Ils ne peuvent se faire qu’en dehors des heures de cours. L’amplitude est large, le sujet s’annonce complexe parce que l’on entre dans une zone de turbulence ou se confondent sphère professionnelle, sphère sociale et sphère privée. Le pédagogique le dispute au politique.

6.La construction de nouvelles compétences pour les acteurs

En introduction de ce travail, j’ai expliqué que l’on ne pouvait résumer les TICE pour l’apprentissage par la seule entrée outil. Un monde virtuel dans une démarche de formation, c’est un ensemble de repères pédagogiques qui sont modifiés, peut être perturbés. La transmission des savoirs est à analyser sous une variété d’ angles. L’expérience menée m’a permis de cerner un ensemble de problématiques que je vais analyser ci-après.

A.Professeur et tuteur ?

Le métier d’enseignant se transforme, la fonction de professeur se transforme, à la mission de passeur de savoir il faut lui ajouter celle de tuteur. Selon Jacques Rodet35 de

l’université de Versailles le tutorat c’est36 : « une modalité d’encadrement, consiste pour un tuteur à établir, à développer, à ajuster sa relation d’aide avec le tutoré»

Wikipédia le définit ainsi : « Le tutorat à distance est la juxtaposition des concepts de tutorat et de distance. Il a pour principal objectif de soutenir les efforts d'apprentissage

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34 http://moiraudjp.wordpress.com/2010/04/23/individualisation-mondes-virtuels/#comments

35 http://blogdetad.blogspot.com/

36 jacques.rodet.free.fr/tuteurs.pdf

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dans le cadre d'un projet de formation ouverte et à distance. Il aide à rompre l'isolement et à atteindre les résultats des objectifs pédagogiques des apprenants »

L’introduction du monde virtuel ne remet pas en cause les bases fondamentales du métier d’enseignant mais il me semble que les lignes de fracture évoluent. J’ai été très souvent en situation d’assistance, d’aide pour des personnes distantes. Cette facette de mon métier ne m’était jamais apparu de façon aussi nette. Je suis plus dans l’individualisation, l’accompagnement, le guidage et moins dans le transmissif brut.

Six mois de pratique ne me permettent pas de tirer plus de conclusions, je m’oriente vers des pistes qu’il conviendra d’approfondir.. Je suis plus dans le ressenti que dans l’analyse. Je vais essayer de formaliser plus précisément cet aspect l’année prochaine. Ce que je peux dire, même si je reste dans l’affirmation non démontrée, c’est que les compétences évoluent à partir du moment où l’on utilise un monde virtuel.

B. Former pour mieux apprendre

Intégrer un monde virtuel, c’est se donner les moyens de rendre l’outil discret. Le constat s’impose après six mois de pratique, il faut prendre le temps de former les acteurs du dispositif, intégrer un monde virtuel «ex abrupto» relèverait de l’effraction pédagogique.

Un dispositif de formation instrumenté par les mondes virtuels se prépare, s’anticipe. Il faut expliquer, former les participants. J’ai organisé sur six mois quatre conférences virtuelles et une dizaine de séance d’individualisation, toutes se sont effectuées après avoir formé les participants -acteurs. Formellement les formations ont été organisées en deux temps : par envoie d’un module de formation sous format .pdf et par organisation de réunions préparatoires en immersion. Selon les publics les demandes n’étaient pas les mêmes. Le digitals migrants avaient plus de difficultés à manipuler les avatars (les digitals natives se sont formés en jouant aux Sims pendant leur adolescence), les étudiants avaient plus de difficultés à prendre la parole et / ou à préparer leurs interventions ...

Selon l'âge et le métier les niveaux de compétences différents, les étudiants ont des facultés manipulatoires très développées mais sont encore en acquisition pour les compétences de synthèse.

Les mondes virtuels m’ont demandé de consacrer de longs moments à la formation avant d’aborder le coeur de mon métier, la formation.

C.Apprendre à apprendre

Intervenir dans un monde virtuel impose une autre posture pour la transmission de l’information, la transmission des savoirs. Dans une conversation en réel, il est assez facile d’improviser, dans un monde virtuel il faut se positionner de façon différente.

Les multiples expériences avec les enseignants et les étudiants ont montré que toutes les personnes qui n’avaient pas préparé très formellement leur intervention se mettaient en difficulté. La discussion qui se construit au gré des échanges semble plus difficile à élaborer.

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L’intervention dans un monde virtuel semble plus formelle dans sa construction, il est nécessaire de préparer ses interventions, même les plus simples. Au cours des réunions préparatoires, des étudiants et des enseignants ont été mis en difficulté lorsqu’ils ont voulu présenter leur travail de façon improvisée.

J’y vois là un avantage certain parce que l’exercice est formateur pour un étudiant, il doit apprendre à calibrer une intervention, la rédiger en amont et s’exercer à la présenter.

D.Diviser les tâches

La conception d’un travail dans les mondes virtuels modifie le paradigme de l’enseignement. Le travail frontal synchrone n’est plus l’unique référence. Le monde virtuel, s’il ouvre de nouvelles perspectives pédagogiques, ouvre aussi une nouvelle façon de piloter les relations entre les acteurs.

Les réunions menées au cours de ces six mois, m’ont fait comprendre les enjeux. Une réunion ne peut pas être animée par une seule personne. Il faut diviser les tâches, l’image du professeur chef d’orchestre (voir le billet de Jacques coeur - « inconvénient de la figure du tuteur-orchestre37 ») ne résiste pas longtemps à l’usage. La dernière réunion38 (ITECH) a été organisée en tenant compte de ce principe, nous avons attribué des rôles spécifiques à plusieurs personnes (certaines personnes pouvant participer à plusieurs fonctions mais de façon réduite)

• Un concepteur de la réunion ;• Un meneur des débats ;• Un gestionnaire du chat ;• Un chargé de la captation des images et des vidéos ;• Un chargé technique pour le réglage des problèmes informatiques (fonction qui s’est

définie de façon informelle)

Fonction Activités

• Un concepteur de la réunion Bâtir la réunion, détermination du sujet, du contenu, choix des intervenants, fixation du temps.

• Un meneur des débats Appliquer le plan, introduire les interventions, passer la parole, contrôler le temps.

• Un gestionnaire du chat Suivre les flux du chat, réguler les messages,

• Un chargé de la captation des images et des vidéos

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37 http://blogdetad.blogspot.com/2009/09/inconvenients-de-la-figure-du-tuteur.html

38 http://moiraudjp.wordpress.com/2010/05/26/itech-videos/

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E.Déconstruire le réel pour construire le virtuel

Construire les apprentissages dans les mondes virtuels c’est se transporter dans une dimension immersive qui modifie les relations pédagogiques habituelles. J’ai pu saisir ces enjeux au fil des expériences. Le travail en immersion m’a obligé de (re)définir des règles sociales.

• S’identifier

L’acteur présent doit être identifiable. Mon cours étant un mélange de présentiel et de distant, j’ai imposé l’identification par l’état civil, solution la plus efficace. J’ai interdit l'utilisation de pseudo. Les relations sociales n’étant pas binaires, un objet social bizarre, «le jumama» ou Julie, Marie, Marie-Laure, s’est imposé. Le jumama est un avatar qui représente plusieurs étudiants. Les raisons techniques et le pragmatisme de mes étudiants ont eu raison du caractère universel de l’individu et ont inventé la pluri-personnalité. L’usage a révélé le besoin d’identifier les fonctions, qui est étudiant, qui est professeur, qui est professionnel, qui est modérateur, qui est meneur du débat ... (voir infra ). Gageons que l’évolution du monde tiendra compte de ces remarques.

• S’exprimer

La parole est au centre du dispositif, je préfère la notion de parole, de discours plus que le terme de communication (les abeilles communiquent). Les réunions, les séances d’individualisation mettent la parole au centre. Emission et réception ont été au centre des questionnements pendant six mois.

- L’équipement des utilisateurs a posé des problèmes, de nombreux utilisateurs ne savaient pas si leur équipement disposait du module son (microphone interne ou pas, achat ou pas d’un microphone extérieur). Le chat a été un palliatif dans bien des situations.

- Le lieu de travail est aussi un élément déterminant, un lieu calme, isolé est un atout certain afin d’éviter les bruits extérieurs parasites (télévision, radio, écho des conversations, bruit de l’environnement). Ce point est fondamental pour la personne qui opère les captations et pour la qualité et le confort des séances engaggées.

- S’adresser au groupe (1) est une habitude à intégrer dans la mesure ou l’on ne perçoit pas les réactions des interlocuteurs. Par réaction j’entends perception visuelle du groupe et perception des « bruits » du groupe.

- . La phrase la plus entendue a été « vous m’entendez ? ». Il faut par conséquent s’habituer à dialoguer sans s’appuyer sur ses repères visuels et sonores, à faire confiance aux potentialités de la machine à transmettre le son. Mes expériences dans d’autres mondes virtuels m’ont confronté aux mêmes problèmes. Il faut que les interlocuteurs s’habituent à faire confiance aux réactions du groupe, à défaut de signaux de détresse (message d’absence d’audition par chat) c’est que le message passe.

- S’adresser au groupe de façon construite (2) - La structure d’une intervention diffère en réel et en virtuel. L’intervention en réel est plus simple, elle peut supporter l’improvisation. L’intervention en virtuel, selon tous les intervenants, impose une écriture préalable parce que le manque de visuel est déstabilisant.

- S’exprimer par d’autres canaux que le son.

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En conclusion je citerais les commentaires d’un participant (Régis Chaigne39) à propos de la conférence ITECH ce qui compte c’est «Le son, le son, le son» (courriel du 27 mai 2010)

L’opération de construction semble interroger de nombreuses personnes. Une question récurrente pendant ces six mois de pratique « Pourquoi ne pas utiliser une solution de visio conférence ? C’est plus simple, le son est stabilisé, on se voit, c’est moins naïf que les avatars etc ». J’ai répondu à ces questions dans deux billets, l’un intitulé « mufle numérique40 » l’autre « Monde virtuel ou skype ? 41 ». Je ne veux pas développer à nouveau ce qui a été écrit mais simplement lister les arguments :

- Le monde virtuel permet d’organiser un travail en one to many, le logiciel de visio-conférence au delà de deux se limite à la fonction voix ;

- Les travaux étant organisés en réseaux il est nécessaire de recréer un lieu neutre de formation. La vidéo perturbe cette neutralité à partir du moment où je travaille de mon domicile. La webcam envoie un témoignage de son lieu de vie privée.

- Il est possible à toute personne de venir assister aux travaux en ayant un statut défini, la localisation géographique de l’avatar cadre le rôle de chacun (intervenant ou auditeur).

A.Gérer le temps et l’espace de travail

Ce point particulier est certainement le point le plus politique de mon expérience, celui qui peut déterminer le passage de l’expérience à la généralisation. Je rappelle que le travail mené est de l’ordre de l’expérience, il relève d’une intention personnelle, d’une démarche construite. La construction a priori induit une prise de risque pédagogique qui prend du sens parce que l’enseignant concepteur n’a pas économisé son temps, parce que les étudiants ont adhéré au principe, parce que j’ai réussi à emmener dans mon histoire d’autres enseignants et des acteurs extérieurs. En résumé le travail est le résultat d’un pari sur le temps et de l’équilibre fragile d’une construction sociale.

Aller de l’expérience à la généralisation c’est se poser la question du temps et de l’espace numérique et de sa traduction statutaire. Je l’ai souligné plusieurs fois, le numérique en général, les mondes virtuels en particulier modifient les paradigmes de l’apprentissage.

L’ensemble des expériences que j’ai mené, l’ont été à des heures que je qualifierais d’atypiques ou non statutaires. Toutes les conférences se sont déroulées à partir de 20 heures 30 et se sont achevées vers 22 heures 30 - 23 heures. Les heures d’individualisation pendant les vacances ou pendant le congé de fin de semaine.

Ce cadre constitué de travail modifie à la fois le temps de travail des enseignants et des étudiants.

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39 http://www.chaigne.fr/

40 http://moiraudjp.wordpress.com/2010/01/28/mufle-numerique/

41 http://moiraudjp.wordpress.com/2010/05/15/monde-virtuel-ou-skype/

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Comment peut-on qualifier ces temps ? A l’heure actuelle, mon temps de travail est déterminé par mon VS (vérification de service), il induit assez normalement le temps de présence devant élèves et le temps de préparation.

La construction de modules de formation dans les mondes virtuels déconstruit ces équilibres. Une conférence n’est pas une préparation puisqu’elle est l’aboutissement d’un long cheminement de préparation (formation des acteurs, écriture des textes, relation avec les acteurs intervenants ... ). Ce n’est pas un cours au sens où l’institution l’entend, ce n’est pas une préparation, ce n’est pas un temps de présence dans les locaux scolaires. Alors quelle est la qualification juridique de ce temps ? Interroger le statut des enseignants ne renseigne pas plus puisqu’il a été élaboré en 1950 (une ère archéo - digitale). A ce stade de mon travail, je suis en capacité de dire ce que n’est pas un temps de travail dans un monde virtuel mais pas ce qu’il est ou ce qu’il devrait être.

La lecture des nombreux écrits de Jacques Rodet nous éclaire sur ces enjeux. Le groupe facebook42 et le blog de T@d43 sont une mine de renseignements prospectifs. Quelques titres de billets « Le tuteur à distance travaille-t-il le 1er mai ?44» - «grille d'évaluation des conditions de travail des tuteurs à distance45»

En contextualisant ces questionnements dans le cadre du secondaire, de nombreuses pistes émergent :

• Peut-on rémunérer un intervenant distant ? La dématérialisation de la prestation de service entre t’elle dans le double cadre éducation nationale - comptabilité publique ?

• Peut-on concevoir un cours constitué avec des acteurs (enseignant, apprenants) dans un lieu éclaté qui n’est pas le lycée ?

• Est-il envisageable de prévoir un statut du temps numérique ? Si oui est-il équivalent au temps du réel exprimé en unité temps et en unité monétaire ?

Nous sommes certainement au début d’une réflexion, je m’exprime non en tant que partie prenante mais avec une prise de recul réflexif qui pourrait s’apparenter à un acte de recherche si j’étais rattaché à un laboratoire universitaire.

B.Comprendre les maillages dynamiques

Dans le point 7 de ca rapport je liste les principaux éléments du dispositif de formation notamment les acteurs les outils et les ressoures. Les besoins de l’analyse m’imposent de les aborder alternativement. En situation d’usage ces divers éléments interagissent entre eux ce que je nomme un maillage dynamique.

1) Les ordinateurs

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42 http://www.facebook.com/group.php?gid=331004075179

43 http://blogdetad.blogspot.com

44 http://blogdetad.blogspot.com/2008/05/le-tuteur-distance-travaille-t-il-le.html

45 http://blogdetad.blogspot.com/2007/09/grille-dvaluation-des-conditions-de.html

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La mise au point d’un dispositif de formation en ligne, c’est être en capacité de gérer l’interconnexion entre une multitude d’ordinateurs ayant de configurations différentes. Le milieu de la recherche est un miroir très déformant. Les professeurs pionniers, les chercheurs, les «geeks» sont en général, bien équipés, avec des ordinateurs puissants couplés à des connexions haut débit. J’ai l’impression (mais cela reste à démontrer) que l’aspect outil passe au second plan.

Dans une configuration d’apprentissage, l’outil reste primordial, l'hétérogénéité est prégnante et est en capacité de perturber le dispositif.

J’ai eu à gérer de nombreuses fois l’absence d’outils adéquats, absence de microphone, connexion G3 poussive, utilisation du wifi du voisin, connexion wifi collective de la cité U partagée ...

A l’absence objective de matériel, il faut ajouter la méconnaissance de l’équipement. De nombreux étudiants équipés d’ordinateurs avec webcam m’ont affirmé qu’ils n’avaient pas de microphone. Pendant ces six mois de travail, j’ai eu à me confronter au manque de connaissance en technologie numérique, ce qui est un réel handicap.

2) Les acteurs

Les acteurs interagissent en permanence. Dans le réel, il est assez aisé de gérer plusieurs tâches à la fois, dans le monde virtuel l’expérience m’a montré que c’est beaucoup plus difficile. De nombreux acteurs ont exprimé leurs difficultés à gérer en même temps, l’intervention orale, la manipulation du diaporama, la lecture du chat. L’incapacité à gérer certaines habiletés est un frein. Ce sont surtout les enseignants qui m’ont fait cette remarque. A ce stade, je ne peux que retenir cette récurrence mais pas en tirer de conclusion parce que l’échantillon est trop faible donc non significatif. Il n’en reste pas moins que c’est un point intéressant et à suivre pour la suite de l’expérience.

7. Le monde virtuel s’insère dans un dispositif plus large d’utilisation de solutions multiples - Création d’un «mashup»

J’utilise souvent l’expression suivante pour qualifier mon travail : « utiliser des solutions hétérogènes au service d’un projet homogène ». L’hétérogénéité commence à me poser des problèmes techniques parce qu’il faut aller chercher en des endroits divers les informations. La dispersion est contreproductive. Le blog a évolué cette année, en plus de ces fonctions initiales, il devient un lieu de réunion des solutions grappillées de ci, de là. Le blog devient un mashup ce qui simplifie le travail de coopération / collaboration.

Bien que mon approche pédagogique s’apparente au PLE (Personal Learning Environment) il me semble que la construction puisse être transférée dans un ENT si celui-ci tolère une ouverture sur les réseaux sociaux.

8.Une ouverture sur le monde économique

Le travail mené pendant ces six mois a fait l’objet d’une analyse au quotidien. Les billets sont consultables sur mon blog46 et sont rassemblés dans un document pdf.

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46 http://moiraudjp.wordpress.com

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J’ai régulièrement «twitté» ces billets et j’ai eu de nombreux retours. Lors des conférences, j’ai eu la surprise de rencontrer des professionnels hors éducation nationale qui observaient l’expérience. Je les ai contacté pour connaître et analyser leurs besoins et leurs demandes en terme de monde virtuel.

A.Régis Chaigne - Viticulteur indépendant bordelais

Régis Chaigne est un viticulteur47 Bordelais qui est venu visiter la classe virtuelle parce qu’il explore les possibilités des réseaux numériques pour son activité professionnelle viticole. Nous avons longuement échangé cette année sur les enjeux de son travail et du mien. Au cours de nos nombreuses discussions j’ai pu isoler des invariants entre nos deux postures de travail.

Voici son témoignage que j’ai reçu par mail le 13 juin 2010 :

« C'est le blog de JM Billaut qui m'a donné envie de tester l'environnement conférence assemblive. Ensuite la conférence de Thomasine m'a beaucoup intéressé. Ta curiosité (pourquoi un vigneron s'intéresse-t-il à mon travail ?) explique sans doute que le contact s'est prolongé. Professionnellement la présence physique du vigneron est souvent demandée par les responsables de magasins dans lesquels nous vendons nos vins. La e-conférence pourra peut-être devenir un moyen de se démultiplier. Egalement la possibilité de réunir plus souvent des vignerons ayant des problèmes communs, mais géographiquement éloignés.»

B.Lucile Prouteau - Directrice de communication société Lippi

Lucile Prouteau est responsable de communication chez Lippi48 fabricant de portail. J’ai eu le plaisir ,de l’accueillir dans la classe virtuelle pour la conférence de Thomasine Giesecke. Je lui ai demande pour ce bilan de m’expliquer les raisons de sa venue dans nos réunions pédagogiques.

«Pour faire vite, j'ai été interpellée par un tweet de Jean Michel Billaut qui parlait de formation en visio-conférence - je suis allée jeter un oeil, j'ai vu le sujet qui m'intéresse de par mes hobbies et centres d'intérêt, et également parce que je suis en train de mettre en place pour mi-juin une formation produits en interne, avec des collaborateurs éparpillés en France - donc aussi par curiosité, parce que je ne connaissais pas cette plateforme de conf virtuelle - nous on en reste à des produits classiques : adobe connect pro ou webex. Enfin je suis aussi ravie de voir que le corps enseignant s'investisse dans les nouvelles technos pour se mettre à la portée de leurs étudiants, et propose des choses nouvelles pour compléter leur formation, et qui peuvent leur ouvrir l'esprit sur des choses auxquels ils n'ont pas pensé, et repousser leur horizon.

Voila , donc de mon côté c'est surtout la curiosité et l'intérêt de votre démarche (que je salue !) qui m'ont interpellée.»

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47 http://www.chaigne.fr/

48 http://www.lippi.fr/

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C.Jean-Michel Billaut - Advisor of Internet Department - BNP Paribas. Créateur de l’Atelier49 - Elu Personnalité Numérique par l'ACSEL.

J’ai été interviewé par Jean-Michel Billaut50 le 2010. La vidéo est parue sur son blog. Jean-Michel Billaut dit :

«Jean Paul est enseignant à Lyon. Il est professeur de gestion en section "design de mode" (Lycée La Martinière Diderot). Il intègre des mondes virtuels dans des dispositifs d'apprentissage en présentiel... Pourquoi a-t-il choisi la plateforme Assemblive (déjà passé au e-billautshow) ? Est-ce vraiment un cours qu'il fait dans ce monde virtuel ? Comment fonctionne la mécanique ? Ses étudiants sont-ils intéressés ? (oui car ce sont des "digital natives", pas besoin de leurs expliquer comment cela fonctionne...). EtcA l'avenir n'y aura-t-il que des classes virtuelles ? Quel serait le rapport entre l'éducation traditionnelle et l'éducation virtuelle ? Jean Paul en virtuel a des participants qui viennent d'autres pays ... Pourrait-on mettre en oeuvre une université francophone virtuelle ? Peut-on adapter la mécanique de Jean Paul à d'autres matières ? Le virtuel est-il plus "productif" que le traditionnel (les éléves apprennent-ils plus vite et mieux ?). La visiophonie apporte-t-elle un plus ? Quel serait l'impact d'un système éducatif virtuel sur l'environnement durable (bonne question - merci de l'avoir posée..).

Différences entre le e-learning 1.0 et l'enseignement en monde virtuel 3D ? "Quand j'anime des cours virtuels le soir, ce n'est pas prévu dans mes statuts"... Que pensent les syndicats de l'Education Nationale de tout cela ? Quid du temps statutaire et du temps numérique ?... Si vous étiez à la place du Ministre de l'Education Nationale, que feriez-vous ?

Si cela vous dit, vous pourriez participer au prochain cours de Jean Paul le Jeudi 25 mars à partir de 20:45. Jean Paul y invite une designer pour discuter avec ses éléves...»

Voici son commentaire suite à ma sollicitation :

«Ne vous demandez pas ce que l'Education Nationale peut faire pour vous, demandez vous ce que vous pouvez faire pour vos éléves". Ces derniers sont des digital natives, déjà plus ou moins rompus aux outils numériques ... Il faut saluer le travail de Jean Paul Moiraud et d'autres enseignants qui de leur propre chef, sur leur propre temps, voir sur leurs propres deniers, ouvre la voix à la e-éducation. Ce travail de défrichage servira un jour la collectivité, et l'ensemble de l'Education Nationale...»

9.Les répercussions de mon expérience

A.Les interventions

L’expérience initiée avec mes étudiants puis mes collègues de travail a débordé le cadre du lycée. En six mois, j’ai eu la chance de pouvoir expliquer ma démarche. Mon (je devrais dire notre parce qu’il est collectif) travail a eu des prolongements que je n’attendais pas. Je suis intervenu dans des lieux divers (réel et virtuel).

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49 http://www.atelier.fr/

50 http://billaut.typepad.com/

Page 93: Digest billets

- Une publication d’un billet sur le blog de T@d51 de Jacques Rodet « Usages et expérimentation du tutorat dans les mondes virtuels. » 03 mars 2010 ;

- L’entrevue en ligne sur le E.Billaut Show52 16 mars 2010 ;- Une intervention à un débat à l’université Jean Moulin Lyon 3 «Expériences

pédagogiques en E.learning» 18 mars 2010 ;- Une participation comme intervenant pour un stage53 à destination des professeurs

d’économie et gestion de l’académie de Lyon « Les plateformes de travail collaboratif » 24 mars 2010 ;

- Un billet sur l’expérience a été publié sur le site Thot cursus « Les premiers pas de l’enseignement supérieur » 30 mars 2010 ;

- Une participation au Wcamp sur opensims54 24 avril 2010 ;- Une intervention à la haute école de Liège (Belgique) 12 mai 2010 ;- Une intervention auprès d’un groupe de professeurs italiens (Val d’Aoste) sur les scénarii

et les mondes virtuels (intervention faite en partie en italien) à la demande du CRDP de Lyon le 10 mai 2010 ;

- Une participation au JnumCamp de Paris V Diderot « Enseigner et le numérique ? » 18 mai 2010 ;

- Une sélection pour le forum des enseignants innovants (Dax), juin 2010 ;- Une intervention pour le PNP sur le sujet de la nouvel enseignement PFEG «

L’innovation pédagogique en situation d’apprentissage, quelques pistes. Intégrer les fonctionnalités du numérique pour coopérer / collaborer dans et hors la classe » 09 Juin 2010 ;

- Une demande d’intervention à Ludovia 24, 27 août 2010 ;- En projet la réalisation du grand oral Itech en réalité mixte (réel et virtuel) septembre

2010.

Ces travaux divers m’ont contraint à chaque fois de formaliser les analyses ce qui me facilite la rédaction de la synthèse présente.

B.L’essaimage

L’expérience menée, outre les billets rédigés au fil des jours, s’est accompagnée de la rédaction d’un scénario type55 que je souhaiterais mutualisable et transférable. Il est fondé sur l’idée de l’existence d’invariants pédagogiques. Ce scénario est un ensemble de pistes mises à disposition de la communauté enseignante, il n’est en rien prescriptif. A la façon d’une partition musicale chaque professeur peut l’interprêter à sa façon.

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51 http://blogdetad.blogspot.com/2010/03/usages-et-experimentation-du-tutorat.html

52 http://moiraudjp.wordpress.com/2010/04/01/une-entrevue-avec-jean-michel-billaut/

53 http://www2.ac-lyon.fr/enseigne/ecogestion/legt/spip.php?article529

54 http://moiraudjp.wordpress.com/2010/04/25/opensims-vwcamp/

55 http://moiraudjp.wordpress.com/telecharger/

Page 94: Digest billets

Le travail a trouvé des échos sur le terrain, Eric Guiraut professeur d’économie et gestion au lycée Carriat de Bourg en Bresse (01) s’est appliqué à interpréter mon travail dans son champ pédagogique. Des élèves de seconde à terminale en STG. Le travail est consultable en ligne sur son blog56. Il réfléchit à l’application de cette méthode pour la nouvelle discipline qui sera enseignée en seconde à la rentrée de septembre 2010 (PFEG57).

Une autre professeure intègre le monde assemblive sur son site mais je n’ai pas encore de retour sur son expérience. Je n’ai connaissance que du lien de son site58. Je me propose de l’intervievwer pour analyser sa démarche.

10.Les perspectives pour 2010 - 2011

Continuer, continuer, continuer ...

Il convient dès à présent de mettre en place le programme de la future année (il est déjà largement amorcé) cela signifie : Structurer un programme cohérent de conférences, amplifier l’individualisation, informer les étudiants en début d’année, convaincre d’autres enseignants de venir partager mes partis pris, mes doutes.

Je suis a ce jour sollicité pour un projet de FAD (j’en parlerai en temps utile) qui me paraît extrêmement enthousiasmant.

La conférence Itech pourrait déboucher sur une expérience de réalité mixte. Le grand oral du concours pourrait se dérouler à la fois en réel (grande salle de cérémonie de la ville de Lyon) et en virtuel sur assemblive. A ce jour je suis de près ce dossier.

Une question sous jacente à cette expérience est très présente dans mes réflexions, suis-je en train de surfer sur une mode ou le mouvement de fond sur les mondes virtuels est-il durable ?

11.Conclusion

Ces six mois d’expérience s’achèvent et ils sont très riches en conclusions. La première est que je vais continuer ce travail en 2010 - 2011 avec mes étudiants de design de mode, d’IMS et de DSAAT. L’année 2010 se sera caractérisée par la mise en place, l’organisation du cadre de travail. Des conférences ont été organisées, des séances d’individualisation constituées mais elles ne sont à ce stade que des amorces. Il est nécessaire de les rendre mutualisables, partageables les pratiques. Comment transférer la même pratique dans une classe de seconde ou de première ? Comment les pratiques du secondaires peuvent-elles dialoguer avec celles du supérieur ?

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56 http://guiraut.wordpress.com/classe-virtuelle/

57 http://moiraudjp.wordpress.com/2010/06/13/monde-virtuel-essaimage-pedagogique/

58 http://www.lycee-carriat.com/mag/spip/spip/

Page 95: Digest billets

Le projet s’inscrira dans une démarche annuelle, elle sera expliquée dès la rentrée aux étudiants, la visibilité pédagogique sera au rendez-vous.

J’espère pouvoir rédiger des billets, les publier et pourquoi pas, si mes contraintes statutaires me le permettent pouvoir intervenir hors le lycée. Je souhaite me pencher sur les enjeux de l’usage des mondes virtuels. Mon travail est-il transférable dans un autre contexte (seconde, première, terminale) ? Le méta modèle que je développe est-il applicable sur des granularités plus fines (une partie, un chapitre, une thématique...) ? Je compte sur les retours d’expérience d’Eric Guiraut59 pour me donner des pistes, peut être ma veille me fera t’elle découvrir d’autres usages dans le secondaire ? Pour le supérieur je regarde avec attention le travail de Gérald Delabre directeur adjoint de la faculté virtuelle de droit (FDV) de Lyon 3, université Jean Moulin. La FDV60 de Lyon a investi second life pour concevoir des dispositifs d’apprentissage. Ma veille restera aussi centrée sur les travaux de Jacques Rodet.

Cette construction ne s’est pas faite pas sans difficulté. Mon travail est basé sur une envie d’enrichir ma pratique, mon passage à l’INRP l’a exacerbée (l’INRP est un lieu idéal pour prendre le temps de penser le métier d’enseignant). Pourtant je dois composer avec un principe de réalité, j’enseigne et je « cherche ». Le temps est une dimension importante dans cette aventure, s’il fallait retenir un mot chronophage serait certainement sélectionné.

J’ai eu à gérer le temps d’organisation, le temps de formation, le temps d’explication, le temps de réalisation et le temps de recherche et d’analyse. Il me semble qu’une expérience n’a de sens que si on lui consacre du temps notamment celui la réflexion. Le travail de professeur dans le secondaire se prête peu à l’exercice, il n’inscrit pas la posture réflexive dans les habitudes et les obligations statutaires. Nous ne sommes pas (ou peu) formés à cette démarche. J’en perçois au jour le jour les difficultés. Assurer ses cours, les préparer et les faire évoluer (après 20 ans d’expérience c’est encore une activité quotidienne). Prendre le recul pour analyser et décortiquer est un exercice d'équilibriste.

Abonder son corpus théorique, respecter une méthodologie, publier, se déplacer relève parfois de la mission impossible mais quel plaisir de constater qu’en mobilisant l’énergie le travail avance.

Depuis l’avènement du web 2.0, le sentiment d’isolement est moins perceptible puisqu’il est possible d’échanger avec des communautés de pratiques existantes et de se constituer son réseau grâce à Twitter et Facebook.

L’année 2010 - 2011 sera probablement complexe, aventureuse, m’engagera à prendre des risques, le temps me sera compté mais ... Je donne rendez-vous en juin 2011 pour le futur bilan.

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59 http://moiraudjp.wordpress.com/2010/06/13/monde-virtuel-essaimage-pedagogique/

60 http://fdv.univ-lyon3.fr/moodle/

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JnumCamp du personnel au général …

Après avoir conté mes déboires égocentrico-technologiques, il me faut passer à l’essentiel de cette journée, le contenu et mes réflexions sur le fond.

D’abord un regret, celui de ne pouvoir utiliser a posteriori les traces du chat. La force des mondes virtuels est qu’ils permettent de concevoir les projets en mode mutimodal (texte, image, son, vidéo), chaque médium est riche parce qu’il permet d’œuvrer a priori pendant les débats et a posteriori à l’aide des traces conservées. Pourtant je ne peux rédiger ce billet que sur la base de notes prises à la volée par absence des traces sauvegardées. Il est dommage que cette fonctionnalité n’existe pas ou ne soit pas activée. Il en est de même pour les autres mondes que j’observe (opensims, assemblive)

Mon thème d’analyse est l’utilisation des mondes virtuels dans les processus d’apprentissage, les enjeux et les scénarii de la pédagogie embarquée (SPE) – La phase apprentissage est l’objectif principal, la fin , le monde virtuel est un moyen (la proposition inverse me parait contre-productive).

Dans mon intervention j’ai posé la question du design des mondes virtuels, qui designe les environnements ? En disant cela je savais que je jetais un pavé dans la marre et je connaissais par avance la réponse qui me serait faite. Conformément à mes attentes il m’a été répondu que dans SL chaque propriétaire était son propre créateur-développeur d’espaces, d’objets de lieu. Je comprends cette philosophie généreuse et par certains aspects libertaires mais …

Je me positionne comme enseignant du secondaire post bac et je cherche à analyser par quels moyens pourrait -on développer ces méthodes, les rendre mutualisables au plus grand nombre, oserais je le mot d’industrialisation ? Je ne connais pas le profil type des participants du JnumCamp mais j’ai le sentiment que c’est majoritairement une communauté de geeks, ceux qui agitent les idées, les pionniers, les chercheurs des laboratoires ad hoc, les doctorants …

Je comprends la revendication du « do it yourself« , lorsque je circule dans les créations de @hugobiwan dans la bibliothèque francophone (le lien est la SLurl de la biblio), je suis fasciné, je voyage en pleine poésie, c’est un laboratoire d’idées à ciel numérique ouvert. Pour autant, peut-on demander à chaque enseignant d’être en capacité de concevoir son monde, pour ses cours ? Je ne le pense pas. Il me parait illusoire de penser que les enseignants vont se mettre à coder, à créer à organiser de façon massive, à acheter des îles. En disant cela je ne tiens pas un discours défaitiste, je pose une question de méthode pour un enseignement de masse.

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Je pense qu’il faut penser l’intégration des mondes virtuels dans les apprentissages de façon globale par division des tâches. La transversalité, la capacité à croiser les compétences est un moteur de développement. L’intervention d’un étudiant de l’HETIC était intéressante à ce titre car il expliquait que leur projet était mené à plusieurs mains. Je crois beaucoup à une forme de « supply chain » pédagogique. Des concepteurs de cours, des développeurs, des ergonomes, des designers, un « community manager » pédagogique … et j’en oublie surement. A titre d’exemple, les photos en ligne de l’organisation des jnumcamp est très intéressante parce qu’elle montre cette division des tâches (un chargé des tweets par exemple).

Je ne suis pas dans la tonalité actuelle mais je pense qu’une vision d’un apprentissage instrumenté par les mondes virtuels est une source d’emplois, de nouveaux métiers. Dans le débat j’ai posé la question suivante à l’intervenant de l’ENSAD : « faut-il créer un enseignement d’art appliqué pour des designers de mondes virtuels ? «

Je suis convaincu qu’il faut passer du stade du bricolage au stade de la méthode généralisable. Ne pas l’envisager n’est ce pas se condamner à cantonner les travaux des profs (notamment dans le secondaire) au stade de l’expérimentation décalée ? J’en parle avec sérénité parce que j’ai le sentiment d’appartenir à ce groupe de profs pionniers mais cette étiquette me pèse tant elle est enfermante. Ce dont ont besoin les enseignants, ce sont des outils clés en main (Éric Guiraud).

En conclusion il me semble qu’il y a un champ à investir – Proposer des patrons de mondes virtuels pour l’enseignement – un apprentissage conçu dans une dynamique de projet transdiciplinaires. Je livre ma réflexion aux commentaires parce que le sujet est vaste, complexe, probablement source de polémique mais évidemment passionnant.

Précisions : Suite au commentaire de @angezanetti je tiens à préciser que dans mon esprit un projet transdisciplinaire intègre les décideurs et les financiers. Les enjeux pécuniaires sont fondamentaux. Sur ma page facebook je disais que le développement des mondes virtuels dépendait probablement de nos capacités à externaliser la conception. Le jnumcamp démontre de façon criante l’existence de ce terreaux fécond , les financiers n’étaient pas présents, ils peuvent s’exprimer ici.

Journées numériques – Debrieffing

l est des journées que l’on aimerait ne pas avoir vécu. Ce 18 mai en fait partie

Foin de mon égo, il a déjà été écorné il le sera encore … En filigrane je dis que ma prestation n’a pas été à la hauteur de mes attentes et pour cause …

1 – Quand tout va de travers …

Pour la première fois de ma vie numérique je cumule les catastrophes, lors des premiers essais je n’avais pas accès aux flux vidéos du carré des blogueurs, la pile de mon clavier sans fil a lâché, la connexion internet s’est effondrée chaque fois que je me suis connecté sur le carré (les autres mondes m’accueillaient sans problème). Connexion, déconnexion, jurons, reconnexion, jurons …

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J’ai demandé l’asile numérique sur l’ordinateur de mon fils – Connexion après téléchargement du viewer 2.0.

Arrivé sur site dans un état d’énervement avancé j’ai bâclé mon intervention, disons qu’elle n’était pas à la hauteur de ce que j’avais à dire, d’un sujet que je maîtrise parfaitement. Heureusement Hugo dans sa restitution brillante m’a sauvé du naufrage.

Passons donc cette navrante expérience au compte des pertes et profits pédagogiques.

2 – Quelles conclusion en tirer ?

Dans toute situation détestable, il y a des enseignements à tirer.

J’imagine cette situation en configuration pédagogique devant des étudiants… ou plutôt je n’ose pas l’imaginer.

Je reviens à mon scénario d’utilisation du monde virtuel - Quels sont les pré-requis indispensables :

- Avoir une connexion stabilisée en permanence. Je suis ultra mais je reste persuadé que la machine est au service de l’humain, pas le contraire) ;

- Avoir une formation préalable pour que l’outil reste en tâche de fond (la fonction du monde virtuel est la facilitation de l’acte pédagogique, pas la loi de l’emmerdement maximum). J’ai eu du mal à manipuler la visionneuse de ppt ;

Dans une situation pédagogique mon cours aurait été annulé, on voit poindre l’obstacle technologique dans les constructions, s’il se doit être en tâche de fond, il n’en reste pas moins qu’il conditionne tout le reste.

J’en conclus que cet épisode tragico-comique explique en partie la frilosité des enseignants face aux nouvelles technologies en général, aux mondes virtuels en particulier. Un enseignant a besoin de sérénité, de stabilité pour travailler, il n’a pas envie de concevoir un cours pour le jour où ça marche et un cours pour le jours ou ça ne marche pas.

Utiliser un monde virtuel c’est se mettre en danger, qui a envi de rajouter une couche d’instabilité dans un univers incertain ?

C’est un débat passionnant qui n’écornera pas deux convictions fondamentales chez moi :

- J’adore utiliser les mondes virtuels dans les dispositifs d’apprentissage ;

- Ma conférence était pas terrible.

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Monde virtuel ou skype ?

Ma pratique des mondes virtuels se partage (pour l’instant) en deux pôles distincts :

• L’organisation de conférences en ligne pour confronter les analyses du monde professionnel et les enjeux de la formation ;

• L’individualisation des parcours.Une question m’a été posée, pourquoi développer autant d’énergie dans les mondes virtuels pour l’individualisation (one to one) alors que les systèmes de visio-conférence sont tout aussi efficaces (et peut être plus souples ) ? La question est intéressante et mérite une réponse que je vous propose d’exposer ci-dessous en plusieurs points :

- J’enseigne la gestion en design de mode

Il me semble important de rappeler en permanence que ma mission est d’enseigner la gestion, il ne faut jamais perdre de vue ce point déterminant. J’ai un cadre horaire déterminé, un programme « à boucler« . Je ne peux par conséquent à l’infini multiplier les solutions techniques (même si beaucoup me séduisent). Mes analyses a priori me contraignent à un moment donné, à procéder à des arbitrages – je retiens ou je rejette. Je scénarise mes enjeux technologiques.

J’ai retenu le monde assemblive parce qu’il contient aussi une solution de visio-conférence inside. Je n’ai ainsi nul besoin de demander à mes étudiants de charger le logiciel Skype (ou équivalent) et Assemblive, ce qui me contraindrait de former aux modalités et fonctionnalités de deux systèmes. Les temps de formation outils ne viennent donc pas en déduction des temps d’apprentissage (ils sont en tout cas extrêmement réduits).

- La salle de classe est un lieu neutre

Lorsque nous sommes dans nos classes ou nos amphithéâtres (en situation réelle) nous respectons un principe de neutralité, ce lieu est destiné à l’acquisition des savoirs. J’entre donc dans ce lieu fort de mon statut d’enseignant avec une obligation de neutralité. Lorsque je j’investis les réseaux numériques pour une mission d’apprentissage, je peux me trouver dans un lieu privé (mon appartement par exemple). La webcam est à mon avis un instrument qui biaise la relation enseignant / apprenant. Mon appartement n’est plus un lieu neutre, il est une sphère de l’intimité. L’agencement des lieux, les personnes qui y circulent, les objets qui y sont disposés reflètent une part d’un moi que je ne souhaite pas livrer à mes étudiants. La webcam fait entrer une part de ma vie privée par le prisme de son champ de vision.

Le design du monde virtuel, l’apparence de l’avatar sont à mon sens des éléments très importants du dispositif de formation parce qu’ils recréent un lieu neutre indispensable et concomitant au dispositif de formation. C’est aussi une raison pour laquelle j’ai choisi ce monde. Un design assez sobre, même s’il n’est pas marqué par une esthétique très forte, qui cadre ce besoin de neutralité (il est la réplique d’un espace d’apprentissage). Il se démarque en tout cas des designs des espaces et des avatars (qui frisent parfois la vulgarité, je pèse mes mots) que l’on trouve parfois dans second life.

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Il m’arrive de travailler dans les mondes virtuels à des moments hors les temps de présence statutaire, je revendique le droit de pouvoir être vêtu de façon plus décontractée, plus relachée. Une visio conférence me contraindrait de prendre soin de mon apparence et de travailler la neutralité du champ visuel. Je ne veux m’y plier en aucune manière, le monde virtuel résout ces problématiques.

En conséquence un espace immersif concentre un ensemble d’avantages qui le rend proche par sa structure de la classe en configuration réelle.

Pour toutes ces raisons je pense que le paradigme de la virtualité est plus adapté que la visioconférence. Les interactions peuvent être assurées de façon tout aussi efficace en s’affranchissant des flux vidéos

Chaire des civilisations numériques – Liège

Mon intervention à la chaire des civilisations numériques à la haute école de Liège

L’enseignement (apprentissage) en sections design de mode et particulièrement en gestion pose en permanence la question des connexions entre les enjeux de la formation initiale et les enjeux du monde professionnel.

II est utile sinon indispensable de confronter les savoirs académiques transmis en classe et les savoirs professionnels (l’un ne primant pas sur l’autre). Jusqu’à ces dernières années il m’était très difficile de faire dialoguer ces deux mondes en raison d’incompatibilités temporelles et spatiales.

La question récurrente était la suivante : “Comment convier d’autres acteurs, riches de savoirs et compétences, en capacité de faire la synthèse entre les acquis de l’école et les compétences du monde du travail. »

Dans un cadre non numérique, il est difficile, voire impossible (lorsque le référentiel ne le prévoit pas explicitement) d’organiser ces rencontres pendant le temps de cours. Les designers ne refusent pas de participer aux débats mais … ils sont géographiquement éloignés, ils ont une intense activité professionnelle, leurs temps de liberté professionnelle ne sont jamais les temps d’apprentissage.

Le temps et l’espace sont un frein évident à la communication et aux rencontres dans une conception classique. Depuis des années je me demandais comment concilier ces contraintes :

* Confronter le savoir disciplinaire à une pratique professionnelle ;

* Opérer dans un rapport temps et espace qui ne soit pas seulement un face à face pédagogique ;

* Abolir le temps et les distances pour construire un apprentissage.

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L’introduction des fonctionnalités d’un monde virtuel dans la construction de mon enseignement et dans les apprentissages de mes étudiants m’a permis de reconfigurer mes intentions pédagogiques.

Après avoir a priori déterminé le contexte, les acteurs, les outils et les ressources,j’ai pu formaliser ma pratique.

J’ai souhaité ajouter une dimension réflexive à ma pratique, m’extraire d’une situation de bricolage (à bien des égards enfermante).

J’ai rédigé un scénario pédagogique, il est téléchargeable sur mon blog, ne se veut pas prescriptif et ambitionne de mutualiser une pratique que chaque enseignant pourra interpréter à sa façon.

Construire un processus d’apprentissage en utilisant un monde virtuel

Un scénario pour l’utilisation d’un monde virtuel dans un dispositif d’apprentissage. Il n’est en rien prescriptif, évoluera avec l’expérience et découle d’une analyse et d’une pratique avec des étudiants.

Challenge ITECH – conférence virtuelle

La prochaine conférence virtuelle aura pour thème – Les textiles innovants – Challenge Itech

Cette conférence est une progression certaine dans la démarche des mondes virtuels parce qu’elle est organisée en transdisciplinarité – Technologie textile et gestion.

Elle aura lieu le 26 mai à 20 heures 30

La date définitive n’est pas arrêtée mais ce sera fin mai. Seront intervenants des enseignants de technologie textile, des anciens étudiants de DSAAT, une représentante de l’ARDI (agence régionale du développement et de l’innovation)

La salle de conférence est ici

Travaux préparatoires

La réussite d’une conférence virtuelle dépend largement de sa bonne préparation – (Préparation des outils, formation des acteurs, calibrage des interventions, indication des

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formats acceptés par le système, collationnement des documents à présenter), il faut donc lui consacrer du temps en amont pour optimiser les chances de réussite en aval.

Le cadre des réunions virtuelles commence à se préciser (le scénario pédagogique devra l’intégrer)

• Choix des conférenciers ;• Envoi d’un mémo de formation ;• Réunion préparatoire avec les conférenciers pour prendre en main

l’environnement ;• Fixation d’un cadre d’intervention (nature de l’intervention, temps de l’intervention,

nature des documents d’accompagnement, temps de discussion avec le public) ;• Méthode d’information pour la réunion (information en classe, utilisation de twitter,

groupe facebook, mailing)La partie sélection et contact avec les conférenciers, détermination des thématiques est prise en charge par Bruno Venturelli, professeur de technologie textile et responsable de la plateforme technologique.

J’assurerai le réception des fichiers et leur mise en ligne dans le viewer de assemblive. Je m’occuperai de la captation de la séance (films, photo).

Répartition des rôles

- Introduction de la séance – Bruno venturelli

- Transitions entre les invités – Jean – Paul Moiraud

- Captation des données - Jean – Paul Moiraud

Le document de formation envoyé aux intervenants

Les nouveautés testées pendant cette conférence :

- Le fractionnement des tâches – Cette réunion pilotée par deux enseignants qui se sont répartis les tâches (voir les explications ci-dessus)

- L’insertion des photos des intervenants. Le cours en immersion créent de l’interactivité. Une réflexion d’un groupe d’étudiants m’a fait comprendre qu’il était utile de pouvoir identifier l’individu qui se « cache » derrière l’avatar. Bruno Venturelli est intervenu dans une conférence (Conférence avec Thomasine Giesecke), il s’est présenté en tant que professeur du lycée. Les étudiantes présentes m’ont dit qu’elles auraient aimé pouvoir mettre un visage sur le discours du professeur qu’elles ne connaissaient pas.

Pour cette raison j’ai demandé aux intervenants d’envoyer une photo afin d’alimenter le document de présentation de la conférence.

La conférence sera commentée sur Twitter vous pourrez suivre les commentaires en direct sur la page flux twitter du blog de cours – ici

A suivre …102

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Opensims – Vwcamp (Virtual world camp) video

Le cadre du vwcamp

J’ai participé ( 24 avril 2010) au Vwcamp organisé dans opensims. Une séance très instructive pour mon analyse des mondes virtuels comme élément de construction de processus d’apprentissage.

Tout d’abord quelques ressources pour illustrer cette manifestation – Le contexte (une réunion de praticiens des mondes virtuels), les acteurs (une quantité de geeks scripteurs où pas), les outils (opensims, twitter, un blog,un wiki, facebook, google docs)

• Une vidéo

• Un diaporama

Visualiser mon diaporama

Visualiser le diaporama de Jean – Marie Louche

Les invariants techniques – La forme

Les discussions dans les différents ateliers ont été très riches (je reviendrai sur ce point dans un autre billet)

Quels sont les points communs, les invariants pédagogiques, avec mes expériences dans assemblive ? Beaucoup plus nombreux que je ne le croyais … Je vais commencer par la communication, J’ai retrouvé les mêmes contraintes :

1. Les réglages du son, il est nécessaire de caler les équipements avant de lancer toute discussion, cela peut prendre un certain moment car le logiciel demande une certaine maîtrise. Il est indispensable qu’il y ait un organisateur / technicien / formateur / pédagogue pour piloter les béotiens dans leurs réglages. J.M Louche a été parfait dans ce rôle et m’a guidé de façon précise et efficace- (phase de formation technique indispensable)

2. La communication. Elle repose sur deux éléments fondamentaux la voix et le chat. Des participants n’avaient pas la fonctionnalité activée soit pour des raisons techniques soit pour des raisons personnelles

• Raisons techniques – On retrouve un élément que j’avais déjà abordé, l’homogénéité du parc ordinateur ;

• Raison personnelle – Un participant utilisait le chat pour ne pas réveiller ses enfants (j’ai bien connu cette obligation), je n’ai pas utilisé le casque car pour une raison mystérieuse il désactive le son – J’en tire une conclusion ,le travail dans un monde virtuel nécessité d’avoir des conditions matérielles optimales parce que l’interaction est réelle. Intervenir c’est parler, parler c’est avoir un environnement serein et calme. Pour les adolescents tous les pédagogues, éducateurs précisent qu’il ne faut pas que l’ordinateur soit dans un endroit isolé mais bien dans un lieu commun afin d’éviter les dérives, afin de favoriser un contrôle parental. Pour les mondes

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virtuels c’est le contraire IL FAUT un lieu calme, isolé favorisant l’interaction. Comment imaginer interagir dans un monde virtuel avec un ordinateur situé dans un lieux commun où l’on regarde la télé, on gambade, on claque les portes ?

Les débats de fond

L’analyse de Philippe Couzon sur son blog

Je vais reprendre et commenter un extrait du billet de Philippe / Mascottus « Ce fut donc essentiellement d’éducation et de pédagogie dont il a été question, pas particulièrement d’opensim« . C’est l’éternel débat sur le net, quelle est la place de l’outil ? Personnellement j’ai tranché depuis longtemps, ce sont les usages qui m’intéressent. Entre un débat sur le court terme centré sur l’outil et un débat à plus long terme centré sur une politique éducative mon choix est fait. J’ai rédigé des billets sur ce point en m’appuyant sur notre histoire de la pédagogie instrumentée. En disant cela je ne mets pas la technologie comme un élément anecdotique, bien au contraire, je souhaite simplement (?) qu’on la mette en écho avec les enjeux structurels des apprentissages et de l’enseignement.

Philippe Couzon semble en partie partager cette analyse : « En très bref résumé, je dirais seulement ceci : ce ne sont pas les mondes virtuels qu’il faut expliquer mais les usages et il faut montrer plutôt que de démontrer. »

Je sais que ma position ne va pas satisfaire les développeurs, les users geeks qui continuent à peser le pour et le contre des mondes en tant que technologie en témoigne le billet de blog de « The imprudence blog » :

« /…/ What that does not mean is that we are shifting our focus back to Second Life. On the contrary, OpenSim is, and will remain, our primary target. OpenSim-related features and issues will take a much higher priority than before, while issues specific to Second Life take a back seat.

In addition to focusing on OpenSim as a platform, we are becoming more involved with the OpenSim community. The response and enthusiasm from OpenSim users and developers has been incredible, and we’re looking forward to a long and fruitful future with OpenSim /…/ »

Vidéo d’une intervention du 25 / 04 – Fabrice Parisi

Analyse à suivre

Mondes virtuels et compétences

Je suis avec attention les expériences pédagogiques qui sont menées dans les mondes virtuels. Je viens de lire le Billet de David Cordina de Lille 1 à propos d’une réunion dans

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opensims qui s’est déroulée le 18 mars 2010 – Le Billet(J’étais présent à cette réunion).

Une autre description de cette visite par Sayapa

Il est très intéressant d’analyser le billet de David parce que l’on y retrouve certains invariants que j’avais évoqués dans d’autres billets. par invariant, j’entends des points communs à un processus d’apprentissage. Un éléments transversal indépendant du champ disciplinaire, du niveau de formation. La question technique dans les mondes virtuels me paraît être déterminante, les billets de David et de Sapaya l’expliquent clairement.

La question technique est, au début d’un processus, centrale

1. « Certains étudiants eurent des difficultés à installer leur environnement et s’initier à la navigation dans les mondes 3D. » – L’intégration des mondes virtuels dans les dispositifs d’apprentissage pose en effet la question de la formation des acteurs et la question des choix de monde. Oui c’est difficile, parce qu’il faut installer un environnement souvent lourd et APPRENDRE les manipulations. Le facteur technologique reste encore un obstacle. dans le cas décrit on est en présence d’acteurs largement convaincus dans un cadre, me semble t-il, de l’expérimentation (« aventure, soyez les pionniers d’un monde libre et indépendant ! »)

2. « Les serveurs de Francogrid ont un peu craqué durant la visite » – Je retrouve ici les risques que chaque enseignant prend en instrumentant les mondes numériques, le risque technologique, qui s’ajoute aux autres

3. « La gestion du groupe n’a été facile car nous sommes de nombreux débutants ne maitrisant pas la navigation, la téléportation, ou la communication dans ces mondes. » – Là encore une question de formation, une question de compétence manipulatoire.

Bien évidemment cette réunion s’inscrivait dans un cadre expérimental avec tous les risques que cela engendre mais elle a le mérite de poser de façon claire les enjeux éducatifs futurs. Cette expérience permet d’alimenter un matériel de recherche pour bâtir de futurs scénarii. Il me semble que David est sur les mêmes bases puisqu’il conclu par :

« Les projets pédagogiques sont à (re)découvrir également par de nouveaux usages à développer : la création, le dessin, l’accompagnement de nouveaux groupes et les scénarii d’usage ou d’écriture dans les mondes 3D de la part des apprenants. »

Une conclusion qui me conforte dans l’idée que les nouveaux processus d’apprentissage se complexifient et que l’on s’éloigne petit à petit du cadre simple enseignant / apprenant. Enseigner doit être pensé, à terme, comme un acte de collaboration où sont identifiés des champs de compétences spécifiques (le concepteur, le designer, le développeur, l’enseignant …). Pour l’instant nous balbutions,nous tâtonnons, le développeur se veut designer, le designer se frotte au développement, le professeur tente de fédérer le tout, le chercheur observe …

Encore une belle façon d’illustrer les propos de Claude Levi Strauss sur le bricolage :

« Une forme d’activité subsiste parmi nous qui, sur le plan technique, permet assez bien de concevoir ce que, sur le plan de la spéculation, put être une science que nous préférons appeler première plutôt que primitive : c’est celle communément désignée par le terme de bricolage. Dans son sens ancien, le verbe « bricoler » s’applique au jeu de balle

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et de billard, à la chasse et à l’équitation, mais toujours pour évoquer un mouvement incident: celui de la balle qui rebondit, du chien qui divague, du cheval qui s’écarte de la ligne droite pour éviter un obstacle. Et, de nos jours, le bricoleur reste celui qui œuvre de ses mains, en utilisant des moyens détournés par comparaison avec ceux de l’homme de l’art. /…/Le bricoleur est apte à exécuter un grand nombre de tâches diversifiées ; mais, à la différence de l’ingénieur, il ne subordonne pas chacune d’elles à l’obtention de matières premières et d’outils conçus et procurés à la mesure de son projet: son univers instrumental est clos, et la règle de son jeu est de toujours s’arranger avec les « moyens du bord », c’est-à-dire un ensemble à chaque instant fini d’outils et de matériaux, hétéroclites au surplus, parce que la composition de l’ensemble n’est pas en rapport avec le projet du moment, ni d’ailleurs avec aucun projet particulier, mais est le résultat contingent de toutes les occasions qui se sont présentées de renouveler ou d’enrichir le stock, ou de l’entretenir avec les résidus de constructions et de destructions antérieures. L’ensemble des moyens du bricoleur n’est donc pas définissable par un projet (ce qui supposerait d’ailleurs, comme chez l’ingénieur, l’existence d’autant d’ensembles instrumentaux que de genres de projets, au moins en théorie) ; il se définit seulement par son instrumentalité, autrement dit, et pour employer le langage même du bricoleur, parce que les éléments sont recueillis ou conservés en vertu du principe que « ça peut toujours servir ». De tels éléments sont donc à demi particularisés : suffisamment pour que le bricoleur n’ait pas besoin de l’équipement et du savoir de tous les corps d’état, mais pas assez pour que chaque élément soit astreint à un emploi précis et déterminé. Chaque élément représente un ensemble de relations, à la fois concrètes et virtuelles ; ce sont des opérateurs, mais utilisables en vue d’opérations quelconques au sein d’un type./…/l’exemple du bricoleur. Regardons-le à l’œuvre : excité par son projet, sa première démarche pratique est pourtant rétrospective il doit se retourner vers un ensemble déjà constitué, formé d’outils et de matériaux ; en faire, ou en refaire, l’inventaire enfin et surtout, engager avec lui une sorte de dialogue, pour répertorier, avant de choisir entre elles, les réponses possibles que l’ensemble peut offrir au problème qu’il lui pose. Tous ces objets hétéroclites qui constituent son trésor, il les interroge pour comprendre ce que chacun d’eux pourrait « signifier », contribuant ainsi à définir un ensemble à réaliser, mais qui ne différera finalement de l’ensemble instrumental que par la disposition interne des parties. Ce cube de chêne peut être cale pour remédier à l’insuffisance d’une planche de sapin, ou bien socle, ce qui permettrait de mettre en valeur le grain et le poli du vieux bois. Dans un cas il sera étendue, dans l’autre matière. Mais ces possibilités demeurent toujours limitées par l’histoire particulière de chaque pièce, et par ce qui subsiste en elle de prédéterminé, dû à l’usage originel pour lequel elle a été conçue, ou par les adaptations qu’elle a subies en vue d’autres emplois. /…/ les éléments que collectionne et utilise le bricoleur sont « précontraints ». D’autre part, la décision dépend de la possibilité de permuter un autre élément dans la fonction vacante, si bien que chaque choix entraînera une réorganisation complète de la structure, qui ne sera jamais telle que celle vaguement rêvée, ni que telle autre, qui aurait pu lui être préférée./…/ Sans jamais remplir son projet, le bricoleur y met toujours quelque chose de soi »

Si non ne souhaitons plus « bricoler » nous devons commencer par déterminer quelles sont les compétences techniques à maîtriser par les acteurs :

• Compétences manipulatoires pour les enseignants et les apprenants ;• Compétences techniques pour les enseignants et les apprenants (paramétrer ses

logiciels, le module audio de l’ordinateur …) ;

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• Être en capacité de choisir le monde virtuel adapté à ses besoins. Une question se pose, j’investis un monde et je conçois dans cet espace ou alors je pense mon enseignement, je détermine un cahier des charges et ensuite je sélectionne un monde adapté ?

MAJ du 19 avril 2010

Le premier jet de ce billet a été rédigé le 21mars. Depuis j’ai beaucoup pratiqué les mondes virtuels dans le cadre de mon enseignement, j’ai confronté mon travail avec des universitaires (Lyon 3),avec des professionnels du secteur privé (assemblive notamment). Il en ressort que les problématiques de formation sont identiques, si l’on extirpe la chair disciplinaire on dégage des invariants (je rédigerai un billet sur cette thématique)

Par contre je vois une différence notable entre l’enseignement dans le secondaire et le supérieur :

- Dans le secondaire l’enseignant reste l’homme orchestre, il a en charge toute l’organisation du processus, ce qui en l’état est une limite certaine à la généralisation.

- Dans le supérieur la situation diffère par la capacité des UMR à diviser les tâches de conception. D’après ce que j’en ai vu le processus est réparti entre, le programmeur développeur, le concepteur des cours (MCF, professeur des universités), les tuteurs.

Ces analyses restent à affiner mais elles m’orientent vers l’idée qu’il n’ y a pas un modèle de formation / apprentissage unique. Le processus semble très dépendant du contexte de la formation et de l’état des relations entre les différents acteurs.

Ces éléments valident partiellement des éléments du scénario monde virtuel en téléchargement sur ce blog.

Mon activité et mes réflexions sur ce sujet m’ont fait découvrir des positions assez radicales qui opposent les mondes virtuels et les mondes augmentés (les augmentatistes). Je n’ai pas trouvé de littérature abondante à ce sujet mais elles traduisent une bataille de fond entre les défenseurs de Second Life et les mondes qui s’insèrent dans un navigateur. Ces querelles me semblent désuètes parce que trop centrées sur l’outil et laissent de côté l’essentiel : est ce que les mondes virtuels donnent une valeur ajoutée à l’apprentissage ?

Module formation mondes virtuels

La pratique des mondes virtuels me montre qu’il est vain de croire que les participants vont comprendre rapidement et seuls les modalités de fonctionnement (même les fameux digitals natives). Voici une première tentative d’élaboration d’un document de formation à remettre avant toute séance. Ce document doit permettre de mieux aider l’administrateur à guider les participants. L’administrateur n’a pas le même écran que les utilisateurs. Par extension il faut se poser la question des liens entre le réel et le virtuel, quelle est la part de la formation en réel présentiel pour être efficient en virtuel, distant, synchrone ?

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Le premier module de formation s’applique au monde Assemblive. On peut appliquer les mêmes règles aux mondes virtuels développés dans Second Life parce que les problématiques sont encore plus complexes. Il s’agit d’être en capacité de mouvoir son avatar, de l’orienter dans un vaste monde. Par conséquent comment se donner rendez-vous ? Quel lieu sera le lieu de réunion ? Sera t’il au sol, dans les airs ? La vidéo ci-dessous donne un aperçu de la complexité du déplacement. Le référencement préalable des lieux est indispensable.

Conférence virtuelle N° 3

Contexte pré – réunion

Conférence avec des professeurs de gestion de l’académie de Lyon. Mardi 06 avril 2010 21 heures

L’objectif de cette réunion est de mettre en pratique le cadre conceptuel développé au cours d’un stage. Chaque enseignant et IPR sera à son domicile et participera en présentant un sujet ayant pour thématique l’économie. Chaque participant aura préalablement préparé un diaporama de maximum 5 slides.

Objectifs de la séance :

• L’aspect technologique, les ordinateurs, le soft, les connexions ;• Le travail distant synchrone ;• Le travail commun avec une diversité de public (enseignants, IPR, professeur

d’autres disciplines) ;• La construction d’une interaction pédagogique ;• Envisager des suites dans le champ disciplinaire de l’économie et gestion

(essaimage de pratiques)Un petit mémo de présentation du monde virtuel a été envoyé au groupe préalablement à la réunion.

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Post réunion 22 heures 16 – 7 participants

Comme à chaque fois que l’on organise une première réunion avec une nouveau groupe c’est l’effet d’apprentissage qui domine et sa suite de questions techniques à régler en direct :

• Prise en main de l’avatar et déplacement ;• problème de son lié au calibrage du microphone et à la distribution de parole ;• Comprendre à distance les réglages de l’équipement de son correspondant.

Après des débuts compliqués pour raisons de prise en main de l’outil, nous avons pu dialoguer correctement, trois présentations ont été réalisées (Yolande Barrau, Eric Guiraud, Jean-Paul Moiraud) à la fois en mode voix et en mode présentation du diaporama grâce au viewer intégré. C’est une amélioration évidente par rapport à mes autres expériences, c’est même un élément central du dispositif.

Je constate que lorsque le public est habitué aux conférences en ligne le temps consacré aux réglages s’amenuise parce qu’il y a une meilleure maîtrise de l’outil.

Dans un cadre pédagogique il faut absolument passer par des phases de formation en présentiel avant d’envisager un travail de fond, c’est indispensable (une formation en présentiel a priori me semblerait être la bonne solution). Ce discours vaut pour tout type de dispositif en ligne (Opensim, second life n’échappent pas à cette règle) – Il est nécessaire de tutorer les futurs tuteurs

Après la phase de réglage nécessaire nous avons pu envisager les applications pédagogiques possibles, il en ressort plusieurs pistes :

• Individualisation de l’enseignement ;• Cours en ligne avec utilisation de documents en appuie ;• Aide aux élèves malades ;• Session de révision …

Nous avons convenu d’une prochaine réunion Merci aussi à Béatrice Donguy, Raphaël Multari et Annie Faure pour leur participation active

Les ressources de la réunion

Présentation de Véronique Bellemin

Présentation de Yolande Barrau

Présentation d’Eric Guiraut

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Présentation de Jean-Paul Moiraud

Twitter pendant la séance (une activité peu significative)

• Réunion virtuelle le 06 / 04 / 2010 21 heures – Suite stage en présentiel – essaimage construction pédagogique – Des profs cette fois # ecogest-lyon

• réunion virtuelle demain le hashtag sera # ecogest-lyon• Test de fonctionnement d’assemblive avec Yolande # ecogest-lyon• pb communication sur assemblive # ecogest-lyon• Eric Guiraut fait sa présentation # ecogest-lyon

Une entrevue avec Jean Michel Billaut

L’entrevue au E.Billaut show

La vie professionnelle d’enseignant réserve des surprises et parfois de très bonnes surprises. Un jour j’ai reçu un mail que j’ai trouvé énigmatique :

« accepteriez vous un interview par skype visio sur votre première expérience de cours on line avec Assembly ? de parler du monde de l’éducation face au 2.0 ? etc…vous pouvez-voir un peu ce que je fais sur mon blog (http://billaut.typead.com)Si OK il faut nous fixer une date (en gros cela dure 15 à 20 minutes)..A vous lire«

J’ai pris contact par curiosité et j’ai rencontré une personne formidable Jean-Michel Billaut. Si j’ose le superlatif ce n’est pas parce que j’ai eu droit à une entrevue mais parce que je le pense sincèrement (ce blog étant dédié à la pédagogie et aux TICE, je n’irai pas flirter avec l’extime). Je resterai dans l’institutionnel en disant que Jean-Michel Billaut vient d’être élu homme de l’année par l’ACSEL – La vidéo de son discours

Jean Michel Billaut me qualifie de E.Franc tireur, c’est flatteur

« Bouger notre Education Nationale pour l’adapter à l’économie numérique, n’est pas une mince affaire…

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Mais Jean Paul, dans son petit coin, s’y est attelé. Il n’est pas le seul (il y en a quelques autres). Structures hiérarchiques lourdes, syndicats … Et telle une poule qui a trouvé un couteau, notre Education Nationale observe…

Jean Paul est enseignant à Lyon. Il est professeur de gestion en section « design de mode » (Lycée La Martinière Diderot). Il intègre des mondes virtuels dans des dispositifs d’apprentissage en présentiel… Pourquoi a-t-il choisi la plateforme Assemblive (déjà passé au e-billautshow) ? Est-ce vraiment un cours qu’il fait dans ce monde virtuel ? Comment fonctionne la mécanique ? Ses étudiants sont-ils intéressés ? (oui car ce sont des « digital natives », pas besoin de leurs expliquer comment cela fonctionne…). Etc«

Dans les commentaires Xavier Coiffard (@AngeZanetti) parle d’évangélisateur (à propos de Jean Michel), on retrouve là le langage des fidèles de SL. Jean – Michel Billaut est-il un Evangelist advisor ? Assurément

Mon entrevue avec Jean-Michel Billaut

L'Education Nationale observe...

Conférence virtuelle N°2

La conférence du 25/03 – Préparation

La conférence virtuelle N° 2 s’est déroulée le 25 mars de 21 heures à 22 heures 30. L’intervenante était Thomasine Giesecke designer

Voici son book

Cette intervention a été préparée en amont, réunions techniques et cadrage conceptuel.

Le cadrage de l’intervention

Après la conférence – Constats

J’aborderai plusieurs points :

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• Le public de la conférenceUne assistance nombreuse est venue écouter à la conférence, des étudiants et des observateurs.

- Des étudiants de BTS et des étudiants de DSAAT étaient présents et ont participé au débat en posant de nombreuses questions.

- Des observateurs professionnels, selon mon recensement il y avait, une responsable de communication d’une entreprise industrielle, deux organisateurs d’un évènement lié aux serious games, un responsable d’une entreprise (je me souviens qu’il était question de vidéo surveillance), un viticulteur bordelais.

• Les aspects technologiques- La seconde séance s’est améliorée du point de vue technique, nous avons pu écouter sans problème la conférence de Thomasine Giesecke. Le chat est un outil précieux en complément de communication.

- Mes interventions orales étaient d’un niveau de réception faible, je crois que cela tient à ma (encore) mauvaise prise en main de mon I.mac et de la configuration son.

- Certains participants ont eu des pbs de connexions. Il me semble que cela est du à la nature de leur connexion (à vérifier) « 5ème déconnexion intempestive de la salle de cours. J’abandonne… Mais expérience à renouveler. » – « Grrr, ma connexion n’arrête pas de planter ! « - LP

- Écouter le (la) conférencier(e) et visualiser son diaporama. En phase d’expérimentation, il est parfois difficile de gérer tous les paramètres. Je suis encore dans une logique du réel que je transfère dans le virtuel. Je m’aperçois que j’associe inconsciemment conférence, amphithéâtre et besoin d’être assis. Or ce qui prime c’est le contenu intellectuel. Assemblive met à disposition une salle virtuelle qui permet de visualiser le diaporama en même temps que la conférence (un avatar non assis ne souffrira jamais de lumbago). Je tiens compte de cette erreur et la prochaine conférence sera dans la salle évoquée.

A terme il sera possible de visualiser le conférencier par technologie one to many

Le prochaine conférence aura lieu ici – Nouvelles fonctionnalités – Une salle avec un écran de visualisation central

1 - Un nouveau design de salle avec un écran central

2 – Salle avec un viewer

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La salle de conférence est équipée d’un viewver pour chaque auditeur (confort de lecture)

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3 – Lieu de conférence privée

Il est possible de prévoir plusieurs discussions pour plusieurs groupes en simultané. Les conversations ne se percutent pas.

Je pense en conclusion que nous sommes dans la bonne direction, à terme nous aurons isolé les problèmes techniques et nos conférences seront totalement fluides.

Déroulement de la conférence – Conclusions

• La conférence et sa thématiqueLa conférence virtuelle s’est déroulée conformément au plan de travail fixé. Thomasine est intervenue de façon fort brillante en se tenant au plan de travail fixé en amont

• TwitterLa conférence a été aussi commentée sur twitter #giesecke par plusieurs participants, il y a eu des RT

• FacebookUne personne a rédigé une note sur l’œuvre cœur blindé.

• Point de vue technico – pédagogiqueA la deuxième conférence, je n’ai pas progressé, je tire les mêmes constats qu’à la première conférence. Je n’arrive pas à tout gérer en même temps c’est-à-dire, accueillir les gens, mener les débats, suivre le chat, twitter, prendre ds photos, enregistrer les films … Les traces des débats ne sont pas à la hauteur de mes attentes, elles sont partielles et forcément c’est insatisfaisant.

Un film de la séance mais je n’ai pas encore réussi à insérer le son

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Tout me pousse à penser que cette construction pédagogique qui instrumente les mondes virtuels fait émerger des spécialités (développeur, concepteur de cours, meneur de débat, gestionnaire de ressources pédagogiques etc). Un travail nécessairement transversal qui instrumente des spécialités bien identifiées.

Conférence virtuelle N° 1

Le 03 mars 2010, nous avons organisé la première réunion virtuelle, étaient présents environ 25 étudiants et profs (certains avatars représentaient plusieurs étudiants). Le thème de la séance : DSAAT quelle formation ? Savoirs et compétences à acquérir.

Pour reprendre une image tirée de la presse écrite, nous pourrions dire que c’était le N° O.

Premier constat, le statut de professeur orchestre (concepteur du processus, trouveur de conférencier, meneur des débats, technicien pour la capture des ressources …) est parfois lourd à assumer. Le stress ne m’a pas laissé le temps de vérifier les calages de quick time player et j’ai oublié d’activer le module son

Une séance qui s’est déroulée de 20 heures 30 à 22 heures 30

Un grand merci aux étudiants de DSAAT et aux étudiants de BTS pour leur brillante participation.

Analyse de la séance

Dans un ancien billet je tentais de définir le travail collaboratif et je disais1 :

«Collaborer c’est : Ne pas connaître à l’avance le résultat de la collaboration est la première caractéristique du travail collaboratif. L’enseignant prend le risque de se conformer aux décisions du groupe. Cet aspect est probablement un argument de rejet prévisible pour de nombreux enseignants. Sur le terrain les apprentissages sont au centre d’une double tension, réaliser les objectifs du programme , respecter la progression pédagogique dans un calendrier contraint. L’incertitude générée par le travail collaboratif est forte, le risque d’échec est à prendre en compte.»

Nous étions hier soir dans cette situation, les faits ne l’ont pas démenti.

En organisant cette première réunion nous prenions un risque, celui de réussir ou celui d’échouer lamentablement.

Je vais essayer d’analyser le plus objectivement possible cette réunion virtuelle sous des angles multiples. Je vais bâtir mon plan en utilisant le cadre de construction d’un scénario pédagogique – Le contexte, les outils, les acteurs, les ressources.

• Le contexteune conférence en ligne organisée pour les étudiants de DSAAT et BTS du lycée La Martinière-Diderot.

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Présents une vingtaine d’étudiants (chiffres à affiner) et deux enseignants (un professeur de tissage, un professeur de gestion).

Le but était de faire dialoguer des professionnels du secteur avec des étudiants en cours de formation.

• Les outilsLors d’une première expérience, les enjeux technologiques sont primordiaux, du bon fonctionnement technique dépend la réussite pédagogique.

Au moment de lancer la conférence je ne connaissais pas le parc machine des étudiants (je le suppose hétérogène). Il serait probablement indispensable de rédiger un mémo technique de configuration.

– Le microphone

Des étudiants sollicités pour intervenir, ainsi qu’un professeur ont décliné l’invitation au motif qu’ils n’avaient pas de microphone. Une question se pose le microphone est effectivement absent ou le participant connait mal le fonctionnement de son ordinateur ?

- La connexion internet

Elle a été le gros problème technique de cette séance. A la façon des ordinateurs, les modalités de connexion étaient hétérogènes (Box, ADSL, borne wifi, G3 …). Cela ramène aux réalités de l’enseignement. J’ai l’habitude de travailler avec des enseignants de la communauté numérique, issus des milieux universitaires ou enseignants du secondaire geeks, tous équipés a minima d’adsl lorsque ce n’est pas la fibre.

Résultat la première conférencière prévue s’est désistée pour cause de crash de la freebox, la seconde n’a pas pu venir pour cause de connexion poussive.

Pendant la conférence une étudiante a abandonné la conférence par impossibilité de charger l’environnement (son avatar était nu cf un message de chat).

Je suppose que tous les autres participants qui sont restés à la conférence c’est-à-dire la majorité des étudiants étaient équipés de lignes haut débit (à vérifier)

Un reproche unanime de la part des participants a été le son haché à certains moments. Henri Morlaye de la société aworldforus (concepteur de assemblive) en donne les explications techniques plus bas. Si je comprends bien il est nécessaire de n’ouvrir que le monde virtuel pour le pas perturber les connexions.

• La solution pour éviter que le son soit haché : Le modérateur de la séance (moi) doit désactiver la fonction free talk et donner la parole aux intrevenants (de façon alternative) en cliquent sur la fonction add zone moderator de chaque avatar

Conclusion intermédiaire faire le point avec les étudiants sur le parc machine.

- Le logiciel

J’ai l’impression que la prise en main du monde s’est faite sans encombre par les participants. Je suppose que les nombreux essais réalisés en amont ont contribué à une prise en main efficace.

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• Les acteursIls étaient prévus au nombre de trois catégories :

- Les étudiants

Il a été défini en cours le principe suivant : La participation reposent sur le volontariat. Dans la mesure ou cette activité est hors le cadre institutionnel je n’ai pas d’argument pour obliger, contraindre. C’est d’ailleurs un bel exercice pédagogique, agir par la conviction.

- Les enseignants

Un seul enseignant pour l’instant parce que je ne me suis ouvert de mon projet qu’à un seul enseignant de la section. Le travail d’explication doit s’amplifier.

- Les professionnels du secteur

Deux intervenants étaient prévus mais pour des raisons purement techniques (problèmes de connexion) ils n’ont pu venir. Le groupe dans un esprit de travail collaboratif a décidé de faire contre mauvaise fortune bon cœur et a mis en place une discussion structurée sur la nature de la formation DSAAT. Une présentation des enjeux de la formation (acquisition des savoirs et des compétences) puis de questions / réponses s’est organisée.

- Les avatars

L’auditoire d’avatars est intéressant à analyser. J’avais énoncé les règles d’identification, utiliser son nom d’état civil. En pratique quelques avatars représentaient plusieurs étudiants réunis pour bénéficier d’un équipement ou d’une connexion efficiente. Un point d’analyse intéressant sur la nature de l’identité numérique, avoir trois personnes sous une identité sans que l’on soit dans le domaine de la pathologie.Il faudra réfléchir à l’avenir sur la façon d’identifier un avatar multiple

- Les relations entre les acteurs

Nous avons appris que les conversations doivent faire l’objet d’une discipline technique. Celui qui parle ouvre son microphone, lorsqu’il cesse de parler il coupe son micro.

Echanges de mails, suite à la conférence

• Debriefing technique- Dialogue asynchone Henri Morlaye – Jean-Paul Moiraud

Nous avons eu quelques problèmes techniques (en fait un seul) parfois un son haché. Avez vous des explications ?Le son haché vient dans la quasi totalité des cas:- des réseau bas débit, ou haut débit mais partagé par trop de personnes- un logiciel de partage de fichier utilisant aussi la bande passante montante comme bittorrent utilisé sur l’ordinateur ou un autre ordinateur utilisant le réseau. En fait n’importe quelle application saturant la bande passante montante.Dans les deux cas cela se voit en regardant la jauge verte ou rouge à coté du nom du participant.On a eu très rarement des cas de micro défectueux, facile à vérifier en utilisant skype ou

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gtalk. Et une fois une entreprise qui avait un logiciel interne qui posait des problèmes au niveau du proxy, et rendait le son haché, le logiciel s’appellait Videotron je crois. Si aucune de ces explications ne s’applique on est face à une nouvelle espèce de problème.

> Mais le résultat est globalement très positif, nous allons continuer.Fantastique. Je suis impatient que l’on sorte la nouvelle version, probablement ce week end ou la semaine prochaine.

> Nous avons appris à faire fonctionner en groupe (environ 25) couper le micro. en cas de non participation et ouveture du micro en cas de participation. Intéressant. C’est effectivement la manière la plus sûre de fonctionner pour un groupe discipliné. Il existe également un système de micro monopolisé par le conférencier, qu’il peut donner aux auditeurs qui désirent poser des question. Je devrais faire un screencast sur ce sujet un de ces jours. Un screencast existant en parle déjà un peu:http://aworldforus.tumblr.com/post/240181568/focus-on-ease-of-use-this-screencast-will-show

> Les problèmes techniques viennent surtout des équipements des étudiants et de la nature des connexions (l’absence de box et le 3G sont rédhibitoires)

Oui effectivement, entre le téléchargement de scènes 3D et la voix sur IP la connexion doit être de type ADSL. Beaucoup d’étudiants sont concernés par ce souci ?

Comment éviter les coupures de son ?

Suite conversation – Quelle est la solution pour éviter le son haché ?

Et bien je dirais dans l’ordre le protocole serait: 1) Si une personne entend tous les autres en haché, mais les autres entre eux ne s’entendent pas haché: lui demander de vérifier son débit descendant par exemple avec un site comme http://www.speedtest.net/

2) Si tout le monde entend haché une personne et voit sa jauge en rouge: lui demander de vérifier son débit montant avec Speedtest et de vérifier s’il n’y a pas une application utilisant le débit montant comme bittorrent sur son ordinateur ou celui de quelqu’un utilsant la même box.

3) Si les débits montant et descendant sont bons, vérifier la qualité du micro par exemple en discutant avec quelqu’un en aparté avec Skype

4) Si rien ne marche, faire un rapport de bug.

• Debriefing pédagogique- Marie étudiante de DSAAT (réaction immédiate après la conférence)

Bonsoir,Cette réunion virtuelle , qui malgré l’absence de la principale intéressée, était plutôt réussie. Face à un professionnel certes le débat aurait pour moi plus intéressant. Organiser un questions réponses pour les filières dsaa ou post dsaa pourrait peut être intéressant pour certains étudiants en manque de réponses…Vivement la prochaine réunion virtuelle!!En espérant que le dieu des ordi sera avec nousCordialementMarie

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• Debriefing graphique

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