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ENQUÊTE Des propriétaires hors la loi PAGE 10 TROPHÉE JULES VERNE Dans les coulisses d’un exploit PAGE 20 3:HIKKLI=YUVUUW:?k@b@k@i@a; M 00184 - 108 - F: 1,00 E (REUTERS/RÉGIS DUVIGNAU.) POLITIQUE François Hollande dit au revoir à la Corrèze PAGE 4 PRÉSIDENTIELLE Christine Boutin sur les chemins de Compostelle PAGE 5 FAITS DIVERS Comment la Côte d’Azur lutte contre la prostitution PAGES 12 ET 13 ANDORRE: 1 € - DOM-TOM: 1,75 € - BELGIQUE: 1,10 € – SUISSE : 2,40 FS – ESPAGNE: 1,75 € - ITALIE : 1,85 € – GRECE : 1,85 € – MAROC : 13 DH – PORTUGAL CONT : 1,75 € – ZONE CFA: 1 200 CFA – TUNISIE: 1 800 DTU– SLOVENIE: 2 €. 32 es DE FINALE DE LA COUPE DE FRANCE Locminé défie l’ogre PSG (LP/JEAN-BAPTISTE QUENTIN.) Les amateurs de Locminé rêvent d’un exploit cet après-midi en Coupe, face aux stars parisiennes. Cela ferait du bruit pour la première sortie officielle d’Ancelotti, le nouvel entraîneur du PSG. PAGES 16 ET 17 HIPPISME RETROUVEZ NOS 4 PAGES DE PRONOSTICS PAGES 22 À 25 (SCOOPDYGA.) CINÉMA FRANÇAIS Des tops, mais aussi des flops PAGE 31 (LP/PHILIPPE LAVIEILLE.) BIEN-ÊTRE Manger léger après les fêtes PAGE 30 (REUTERS/STÉPHANE MAHÉ.) DIMANCHE 8 JANVIER 2012 www.aujourdhui.fr N° 3663 Du rêve contre la crise Il y avait le Loto et l’Euro Millions, mais, désormais, il y a également ces centaines de tombolas organisées chaque semaine en France. Par temps de crise, elles sont de plus en plus souvent l’occasion de pouvoir gagner des lots hors du commun : des voyages, des voitures, des écrans plats, des bons d’achat… qui font rêver. Du coup, ces rendez-vous connaissent aujourd’hui un franc succès. PAGES 2 ET 3 LE PHÉNOMÈNE LOTO-BINGO Jean-Jacques Annaud. (LP/FRÉDÉRIC DUGIT.)

DIMANCHE8JANVIER2012 N°3663 LEPHÉNOMÈNELOTO … · La lotomania a conquis tout le pays, mêmelesgrandesvilles.Certainspeu-vent trouver cela un peu désespérant, et que ça en

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ENQUÊTE

Des propriétaireshors la loi PAGE 10

TROPHÉE JULESVERNE

Dans les coulissesd’un exploit PAGE 20

3:HIKKLI=YUVUUW:?k@b@k@i@a;M 00184 - 108 - F: 1,00 E

(REUTERS/RÉGISDUVIGNAU.)

POLITIQUE

François Hollandedit au revoirà la Corrèze PAGE 4

PRÉSIDENTIELLE

Christine Boutinsur les cheminsde Compostelle PAGE 5

FAITSDIVERS

Comment la Côted’Azur lutte contre laprostitution PAGES 12 ET 13

ANDORRE: 1 € - DOM-TOM: 1,75 € - BELGIQUE: 1,10 € –SUISSE:2,40FS–ESPAGNE:1,75€- ITALIE:1,85€–GRECE:1,85 € – MAROC: 13 DH – PORTUGAL CONT: 1,75 € – ZONECFA: 1 200 CFA – TUNISIE: 1 800 DTU– SLOVENIE: 2 €.

32es DE FINALE DE LA COUPE DE FRANCE

Locminé défie l’ogre PSG

(LP/JEAN-BAPTISTEQUENTIN.)

Les amateurs de Locminé rêvent d’un exploit cet après-midi en Coupe, face aux stars parisiennes. Celaferait du bruit pour la première sortie officielle d’Ancelotti, le nouvel entraîneur du PSG. PAGES 16 ET 17

HIPPISME

RETROUVEZNOS 4 PAGESDE PRONOSTICSPAGES 22 À 25(S

COOPDYGA.)

CINÉMA FRANÇAIS

Des tops,mais aussides flops

PAGE 31(LP/PHILIPPE LAVIEILLE.)

BIEN-ÊTRE

Mangerléger aprèsles fêtes

PAGE 30

(REUTERS/STÉPHANEMAHÉ.)

DIMANCHE 8 JANVIER 2012

www.aujourdhui.fr

N° 3663

Du rêvecontrela criseIl y avait le Loto et l’Euro Millions, mais, désormais, il y a également ces centaines de tombolas organisées chaque semaine en France.Par temps de crise, elles sont de plus en plus souvent l’occasion de pouvoir gagner des lots hors du commun : des voyages, des voitures,des écrans plats, des bons d’achat… qui font rêver. Du coup, ces rendez-vous connaissent aujourd’hui un franc succès. PAGES 2 ET 3

LEPHÉNOMÈNELOTO-BINGO

Jean-Jacques Annaud.

(LP/FRÉDÉRICDUGIT.)

02 LE FAIT DU JOUR DIMANCHE 8 JANVIER 2012

L'ACTU pages 2 à 15. LE PORTRAIT page 8. LE SPORT pages 16 à 21. LE SPORT HIPPIQUE pages 22 à 25.JEUX, KENO, LOTO page 26.MONDIMANCHE pages 27 à 34. PROGRAMME TÉLÉ page 35.MÉTÉO page 36.

NathalieMendy42 ansdemandeused’emploiParis (XIVe)

«Pourchangermavieetmasituation. Jesuisàlarecherched’unemploidepuisdeuxanset jegalère !Jetoucheàpeine400€parmois.Cettesemaine, j’aiencoreenvoyé80CV,maisrien.Aveclacrise, l’écartsecreusedeplusenplusentrelesricheset lespauvres.Alors, régulièrement,dèsquej’aiunpeud’argent, je joue.AuLoto,auKeno,aux jeuxdegrattage…Jerêved’avoirlachancedegagnerafindemeprojeterdansl’avenir. »

IrèneLecoq38 ansmusicienneParis (XVIIe)

«Pour lapartderêve !J’aimebiendetempsentempsessayerdefaire jouerle facteurchance.Onnesaitjamais…Alors,detempsentemps, je faisunLoto.Et jerêvedepouvoirenfinacheterunbelappartàParis !Onvitàquatreavecnosdeuxenfantsdansunappartementde56m2 quinoussertaussidelieudetravail.Aveclesprixdel’immobilierc’est impossiblemaintenantd’acheterunappartementfamilialàParis.SaufsiongagneauLoto !»

MoahandKemmache32 ansattaché commercialPuteaux (92)

«Pourmettremafamilleà l’abridubesoin.Aujourd’hui,avectoutcequ’onentend,mêmequandonauntravail,onn’arrivepasàseconvaincrequ’onvalegarder toutesavie.Onseditqu’onpeutseretrouverauchômagedujouraulendemain.Etaujourd’hui, leLoto,c’est leseulmoyendegagnerbeaucoupd’argentrapidement.Jesaisquejen’aiqu’unechanceinfimedetoucher legros lotmais jeneperdspasespoir. »

SylvieHérault54 ansinformaticienneBordeaux (33)

«Pourarrêterdetravailler !Aujourd’hui,aveclacrise, lesconditionsdetravailsedégradent.Lespatronsnousmettentunepressionterribleetonn’entendplusparlerquederentabilité.Alors,mêmesi jesaisquej’enrichisavant toutlaFrançaisedes jeux, je tentemachanceauLoto.Autravail,onrêvetousd’arrêter.OnfaitdesLotogroupésdetempsentemps.Çan’ajamaismarchémaisoncontinue.»

(LP/PHILIPPEDEPOULPIQUET.)

RenéHascoat72 ansRetraitéParis (Xe)

«Pourarrondirmaretraite. J’étaiscuisinieret jetoucheàpeine700€parmois. Jesuisobligédetoutcompter, leshabits, lanourriture…JejouedeuxfoisparsemaineauLoto.Etparfois,auxcourses.Quandj’aiachetémonbillet, je lemetsdansmapocheet jevaisvoir lescopainsenleurdisant,demain, jem’envais.çamefait rêver.Si jegagnais,jepourraism’acheterunstudioet j’aideraismescinqenfants.»

Pourquoi et à quoi jouez-vous ?VOIXEXPRESS PROPOS RECUEILLIS PAR NATHALIE PERRIER

Quel est le point communentre les dizaines de lotosorganisés ce week-end pardes associations, le tirage del’Euro Millions de vendredisoir qui a permis à un chan-

ceux françaisdegagnerplusde36M€et ces fabricants de galettes dissimu-lant en ce dimanche d’Epiphanie desfèvesenordans leur frangipane ?Touss’adressent à un public qui, en périodede crise, rêve de toucher le gros lot ets’en remet de plus en plus au hasard.

Une Renault Twingo à gagneraujourd’hui dans la Drôme

Le chiffre d’affaires historique de laFrançaise des jeux annoncé cette se-maine (lire encadré) est là pour le rap-peler.Et lePMUn’estpasenreste,avecunehaussedesesgainsen2011,etquilance un nouveau jeu de pronostic,baptisé Pick 5. Cela pourrait lui rap-porter100M€supplémentaires, selonles prévisions de son PDG, PhilippeGermond (nos éditions d’hier).A cela s’ajoute un phénomène nou-veau : les affluences records enregis-trées lors des lotos-bingos, ces tom-bolas baptisées également « quines »

ou « rifles » qui sont assurées de fairecarton plein durant la morte-saisonhivernale. De plus en plus de joueursqui ne roulent pas vraiment sur l’orviennent tenter leur chance dans lessallesmunicipalesdans l’espoirdedé-crocher un bon d’achat de 500 €, unetélévisiongrandécran,unetablettenu-mérique. Et même — c’est la nou-veauté — une voiture. Hier soir, uneSuzuki Alto était en jeu lors du lotogéant de Sallanches (Haute-Savoie)orchestré par l’Amicale des ancienspompiers et le club de rugby. Et cetaprès-midi, c’est une Renault Twingoquiseraremiseàun(e)veinard(e)par leclubdefootdePeyrins (Drôme).Fini letemps où l’on remportait à ces mani-festations uniquement un filet garni,un jambon ou des bibelots très kitschoffertspar les commerçantsduvillage.La lotomania a conquis tout le pays,même les grandes villes.Certainspeu-vent trouver cela un peu désespérant,et que ça en dit long sur l’état d’unesociété. Mais le loto bingo, c’est facile,c’est pas cher (une soirée revient enmoyenneà15€)et çapeut, désormais,rapporter gros…

VINCENT MONGAILLARD

Les lotos-bingos fontunJEUX.C’est une conséquence inattendue des périodes difficiles : les jeux de hasard n’ont jamais eu autant de succès.Même les bons vieux lotos attirent une clientèle nouvelle, qui espère gagner des fers à repasser ou une télé.

Laetitia Layrac connaît très bienles évolutions des profils desjoueurs, car elle est responsable

marketing de la société Lotoquine,premier fournisseur hexagonal encartons, pions et bouliers des organi-sateurs de lotos associatifs. CettePME a imprimé en 2011 quelque18 millions de grilles.Comment expliquez-vousl’engouement actuelpour les lotos traditionnels ?LAETITIA LAYRAC. La crise estpassée par là, et elle crée un engoue-ment pour ces jeux. C’est de plus enplus un loisir des villes : les citadinsvont dans les salles de loto pourpasser un bon moment, mais aussidans l’espoir d’arrondir les fins demois. Il y a là l’appât du gain. Les gensont aussi fondamentalement besoinde se retrouver, de se parler, de faireconnaissance, surtout en milieu ur-bain. Il y a enfin une dimension nos-talgique. Ceux qui ont, il y a vingt ans,connu le loto quand ils étaient ga-mins ont envie de revivre l’expérienceen famille, avec leurs enfants.

Quel est le profil aujourd’huidu joueur ?Il s’est largement rajeuni. On voit deplus en plus de couples de 25 à40 ans. Certes, le loto reste un loisirpopulaire, mais il n’attire pas seule-ment la classe ouvrière. On croise,par exemple, davantage d’employésde la fonction publique.Pour les associations, est-ceune manifestation rentable ?Oui, largement ! Le loto est souventleur plus grosse recette de l’année.

Une bonne soirée, c’est 7 000 € à8 000 € qui tombent dans les caisses.Plus que jamais, les associations ontbesoin d’organiser des lotos afin definancer leurs actions. Car ces der-nières années, elles ont globalementvu leurs subventions baisser. On leura parfois même coupé les vivres.

Avec des lots en jeu toujours plusgros, cela ne crée-t-il pas de latension durant les parties ?Il peut y avoir des gens qui râlentquand ils ratent le gros lot à un nu-méro près, mais l’ambiance reste bonenfant. Récemment dans un loto,une personne âgée qui se déplace

avec une canne a remporté une voi-ture. Dans une salle comble, devant1 500 joueurs, elle s’est approchéedela scène accompagnée de sa petite-fille à qui elle a remis les clés duvéhicule gagné. Tout le monde a ap-plaudi.

PROPOS RECUEILLIS PAR V. MD.

« L’espoir d’arrondir les fins demois »LAETITIA LAYRACl spécialiste des jeux de hasard

Comme toute tradition qui serespecte, le loto traditionnel ason histoire, ses règles du jeu,

sa loi et ses propres expressions.nL’histoire. Le loto trouve sonorigine dans l’Italie du XVIe siècle,au sein de la République de Gênes.Celle-ci était alors dirigée par unSénat de 120 membres dont cinqétaient tirés au sort. La populationpariait sur les noms de ces cinqheureux élus. Ainsi est né le« lotto », le « sort » dans la languede Dante.nLa loi. Selon la loi de 1836modifiée en 2004, les lotostraditionnels sont autorisés« lorsqu’ils sont organisés dans uncercle restreint et uniquement dansun but social, culturel, scientifique,éducatif, sportif ou d’animationsociale ». Les mises doivent être« de faible valeur, inférieures à20 € ». Les lots ne peuventconsister en « sommes d’argent ».En revanche, ils peuvent prendre laforme de « bons d’achat nonremboursables ».nLe jargon. Le « crieur »,autrement appelé « directeur departie », « tireur » ou « nommeur »,est la personne qui annonce lesnuméros extraits du boulier.« Démarquer » consiste à enlevertous ses jetons sur un carton quandune partie s’achève.

V.MD.

Un loisirvenu d’Italie

Les associationsont besoin d’organiserdes lotos afin de financerleurs actions

DIMANCHE 8 JANVIER 2012 LE FAIT DU JOUR 03

cartonenpériodedecrise

Aux lotos-bingos organisés pardes associations, on peutgagner au mieux une voiture.

Mais à la loterie européenne EuroMillions, on peut empocher desdizaines de millions. Vendredi soir,un Français, qui hier ne s’était pasencore fait connaître auprès de laFrançaise des jeux (FDJ), a remporté36,5 M€ à ce jeu rassemblant9 pays. Comme lui, ils étaientenviron 5 millions de rêveurs dansl’Hexagone à tenter leur chance. Al’Euro Millions comme au Loto, lesFrançais sont chaque année de plusen plus nombreux à espérerdécrocher le jackpot et à investir del’argent dans… le hasard ! Mardi, laFDJ a dévoilé un chiffre d’affaireshistorique pour l’année 2011 :

11,4 Mds€, soit une hausse de 8,5 %par rapport à 2010. L’annéedernière, pas moins de 27 millionsde Français ont misé en moyenne8 € par semaine. Les mises pour lesjeux de grattage (Cash, Morpion,Astro) ont explosé : + 17 %. PourChristophe Blanchard-Dignac, lepatron de la FDJ, « un des rôles dela loterie, c’est de faire rêver et dedonner un petit moment de bonheurdans un univers de contrariétés ».Les paris hippiques non plus neconnaissent pas la crise. Jeudi, lePMU a annoncé que son chiffred’affaires 2011 avait franchi, pour lapremière fois, la haie symboliquedes 10 Mds€, avec une croissancede 7,3 %.

V.MD.

Pas de nouvelles du Françaisqui a gagné 36,5 M€

Même la galette peut vous rapporter gros

Même la galette est de plus enplus souvent placée sous lesigne de la chance. Si, en ce

jour d’Epiphanie — fête de l’Eglisecatholique qui commémore l’ap-paritiondeJésus-ChristauxRoismages—, vousêtesparticulière-ment chanceux, vous pourrezpeut-êtreavoirune fèvequi vousrapportera gros. De plus en plusd’artisans boulangers incorpo-rent dans certaines de leurs ga-lettes une récompense, parfois enor ! La boulangerie le Fournil deMarthe, située en Haute-Garonne,lance ainsi aujourd’hui l’opérationFèvesenor.Leprincipe : troismédaillesde9caratsgravées à l’effigie de la maison sontglissées dans les fameuses galettesroyales.Et l’heureuse trouvaillenes’ar-rête pas là. La précieuse médailledonne droit aux chanceux d’avoir unebaguette gratuite tous les jours pen-dantunan.EricLux, patronde labou-

langerieAucœurdupain,enMeurthe-et-Moselle, lui, a carrément mis aupointunecouronned’orpour « remer-cier lesclientsdeleur fidélité». Ilaainsicommandé à l’orfèvrerie Privilège unecouronne valant 400 €, faite de métalrecouvertd’orfinetagrémentéedecris-tauxvenusdeRussie.Quelcrânebien-heureux pour un tel diadème ? Celui

ou celle qui sentira claquer sous sadentune fèvebien spéciale, faited’une

couronne miniature dorée à l’orfin et gravée au nom de l’en-seigne.Lesgalettesmystèresdé-

fileront sur ses étalages jusqu’au31janvier,datefatidique.

D’autres boulangers rem-placent la fève par un bon

d’achat, qui peut atteindre200 €. « L’année dernière, il était

de 100 €, et cela a tellement bienfonctionné que nous avons monté lamise ! » explique la patronne duFournil d’Anna, situé à Muret (Haute-Garonne). Les fèves euros vont mêmejusqu’àprendre l’allurede louisd’orauGrenier à pain, enseigne regroupantune trentaine de boulangeries enFrance.Unecentainedepiècesdecol-lection d’une valeur de 260 € sont in-corporées, jusqu’au30janvier,danslesgalettes de la marque, et une vingtainedemagasinsparticipentàl’opération.

ANNE-LAURE FILHOL

Pas une table ni une chaise delibre, les retardataires sont invitésà rentrer chez eux. Un samedi

soirdedécembre, au théâtred’Ermont(Val-d’Oise), le loto-bingo-tombola del’Amicaledupersonneldelavillejoueàguichets fermés. Il fait une chaleurétouffante, alors même que les radia-teurs ont été coupés ! Pas moins de850aficionadosdesnuméros, lesyeuxrivés sur leurs cartons — 4 € l’unité,10 € les 3 et 20 € les 8 —, ont fait ledéplacement. « On est gâtés. En dixans, onamultiplié l’affluencepar cinq.On a des fidèles qui viennent de laSomme, de Normandie », observe Ri-chard Jean, président de l’Amicale, parailleursemployémunicipal.Dès17heures,desjoueurspatiententàl’entrée, alors que les portes n’ouvrentqu’une heure plus tard et que le pre-mier tirage démarre à 20 h 30. En jeu,une télé écran plasma de 127 cm, un

caméscope numérique, un VTT, unecentrale vapeur, une mallette depoker… Plusieurs dizaines de lotsd’unevaleurtotaledequelque3 500€,exhibés sur la scène juste à côté d’unbonhomme de neige gonflable. « Fautqueçasevoie, lesgenssontlàpourça»,expliquelemaîtred’œuvrebénévole.A l’affût des soldes et des bonnes af-faires, cedessinateurbâtiment-voirie afait son marché dans les hypermar-chés et chez les marchands en ligne.C’est Fred, cariste de profession, levoisindeRichard,qui, sur l’estrade,an-nonce les numéros. Il est face à son« boulier pop-corn » avec boules bras-sées par des jets d’air et qui remontentdans un tuyau, une machine qui offreainsi un tirage électrique très pratique.Dans l’immense salle qui a été mise àdisposition des organisateurs par lamunicipalité, les retraités sont en mi-norité. On distingue beaucoup de fa-

millesnombreuses,de jeunescouples,des bandes de « potes ». On sent quechez certains l’heure est aux écono-mies. Pour eux, l’enjeu est écono-mique, afind’arrondirdes finsdemoisunpeudifficiles.Etunferàrepasserdegagné,c’est toujoursçadepris !

Leshabituésont leurgris-gris :unpen-dule, une peluche, une pièce de mon-naieouunmini-Boudha.L’assembléeestplutôtdisciplinéesaufquandsortle«22».Là,çasiffle,hommagehumoris-tique à la maréchaussée. Il y a davan-tage de respect pour le « 89 », sur-nommé « la mémé » par les initiés, etpour le«90»,appelé« lepépé».

Soudain,Emmanuel,24ans, informa-ticien domicilié dans le Val-d’Oise,donne de la voix. Accompagné de sachérie, Elodie, ce jeune homme, quiparticipeune foisparmoisàdes lotos-bingos, vient de remplir, avec des co-quillettes faisant office de jetons, une ligne.Cequi luipermetderepartiravecle set de coiffure. « Ça sent le brushingpour madame, n’est ce pas, Mon-sieur ?»,interroge,hilare,uneMadameLoyale. « J’aurais préféré l’ordinateur »,commente notre veinard. Sa voisineIsabelle tente, elle, sa chance pour lapremière fois. « Je n’avais pas du toutcette image de ce jeu, je croyais que çaallait être ringard », souligne cette ani-matricedansunemaisonderetraite.Egalement novice, Chantal, 53 ans,remporte un grill panini. « Pour unesoiréeà10€, c’est rentable », s’enthou-siasme-t-elle. Christian, 60 ans, et sonépouse, Jeanine, 59 ans, sont, eux, des

inconditionnelsdulotodepuisplusdedeux décennies, à raison de deux parmois.CecoupledeSeine-Saint-Denis,qui investit 50 € par soirée, pourraitpresque ouvrir un magasin. « On agagnédeuxtélés,descafetières,desfersà repasser, des petits robots ménagers,un gros nounours… » se souvientmonsieur. Il y a deux semaines, ils onttouché le gros lot : un bon d’achat de500€àdépenserchezAuchan.Tout lemonde n’a pas cette baraka. « Beau-coup de joueurs repartent déçus, sanslot,maisilsreviennent»,sourit l’organi-sateur, Richard Jean. La dernière de labonne trentaine de parties de la soirées’achève à… 2 h 30 du matin ! Lescomptes sontbons.Bénéficenet de celoto : environ7 000€.Unpetit pactolequi servira à financer les sorties del’Amicale du personnel, notammentunvoyageenBulgarie.

VINCENTMONGAILLARD

De plus en plus demonde à la tombola d’ErmontERMONT (VAL-D’OISE) , LE 10 DÉCEMBRE. Le théâtre Pierre-Fresnay de la ville est comble avec 850 personnes venues participer au loto.

ERMONT. Emmanuel, 24 ans, vient de gagner un set de coiffure pourle plus grand plaisir de sa compagne, Elodie. (LP/JOHANNA LANZEROTI.)

Beaucoup de joueursrepartent déçus, sans lot,mais ils reviennentRICHARD JEAN, ORGANISATEUR

(LP/JOHANNALANZEROTI.)

(LP/FR

EDERIC

DUGIT.)