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Mémoire / Juin 2014 Diplôme national de Master en Sciences Humaines et Sociales mention Sciences de l’Information et des Bibliothèques spécialité Publication numérique Gestion numérique des archives à l’âge intermédiaire : Etat de l’art et application au sein d’EDF pour la production documentaire du Nucléaire Maud SERRIERE Sous la direction de Céline Guyon En charge de la politique de gestion électronique des documents et des archives, Conseil général de l’Aube Et de Benoit Epron Maitre de conférence - Enssib

Diplôme national de Master en Sciences Humaines et ... · Analyse de cet audit et préconisations ... Ces documents constituent la mémoire des activités et ... fâcheuses de la

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  • Mm

    oire /

    Juin

    2014

    Diplme national de Master en Sciences

    Humaines et Sociales

    mention Sciences de lInformation et des

    Bibliothques

    spcialit Publication numrique

    Gestion numrique des archives lge

    intermdiaire : Etat de lart et

    application au sein dEDF pour la

    production documentaire du Nuclaire

    Maud SERRIERE

    Sous la direction de Cline Guyon En charge de la politique de gestion lectronique des documents et des archives, Conseil gnral de lAube Et de Benoit Epron Maitre de confrence - Enssib

  • SERRIERE Maud | Master 2 PUN | Mmoire | juin 2014 - 3 -

    Remerciements

    Jadresse mes remerciements sincres toutes les personnes qui mont

    soutenue dans ce travail ou qui y ont collabor, particulirement :

    Herv Collard, chef du groupe GED, pour le rle quil ma confi au sein

    de son groupe, son investissement et son soutien, pour avoir veill ce que mon

    stage se droule dans les meilleures conditions.

    Thierry Carton, animateur du ple ECM, pour son accueil, son

    professionnalisme, son coute, sa confiance, et sa bonne humeur.

    Virginie Leroyer et Jean-Philippe Naline pour les changes constructifs et

    la dynamique insuffle nos projets communs.

    Saul Escalona, Christine Chardon, Alain Marchandise et aux quipes de

    lALN, et tous les interlocuteurs mtiers, pour leur disponibilit, leur implication

    au quotidien et pour leur collaboration dans la ralisation de ma mission.

    Pauline Caillaud, pour la qualit de nos changes et ses prcieuses

    explications.

    tous les interlocuteurs que jai ctoys pour la ralisation de mes missions

    et qui ont contribu cet environnement la fois sympathique et studieux grce

    auquel je suis venue travailler avec plaisir chaque matin.

    Benoit Epron, directeur des masters numriques lenssib, pour mavoir

    permis dintgrer cette formation et de dcouvrir ces sujets passionnants.

    Et bien sr ma tutrice, Cline Guyon, pour ses prcieux conseils, sa

    prsence, sa disponibilit, et son investissement sans faille tout au long de mon

    stage.

  • SERRIERE Maud | Master 2 PUN | Mmoire | juin 2014 - 4 -

    Rsum :

    La gestion numrique des documents engageants prend une place prpondrante dans

    les organismes en lien avec la surabondance des informations dmatrialises. Un tat

    de lart prsentera les concepts et problmatiques associs ce type darchive. Laudit

    des processus de gestion des archives lge intermdiaire au sein dEDF pour la

    production documentaire du nuclaire mettra en perspective les principes dans un

    contexte trs rigoureux.

    Descripteurs : archives, archivage, archivage lectronique, records management,

    norme, archive numrique, gestion lectronique de document

    Abstract :

    The electronic record management policy plays a prominent role in the organizations

    given the omnipresence of virtual documents. A state of art will allow presenting the

    concepts and issues linked to this kind type of archives. The audit of electronic record

    management system within EDF for the documentary production of nuclear matters will

    put the principle into perspective in a very rigorous frame.

    Keywords: archives, archival storage, electronic storage, records management,

    standard, electronic document management, records management policy, archival

    policy, archiving policy.

    Droits dauteurs

    Cette cration est mise disposition selon le Contrat :

    Paternit-Pas d'Utilisation Commerciale-Pas de Modification 2.0 France

    disponible en ligne http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/3.0/deed.fr ou

    par courrier postal Creative Commons, 171 Second Street, Suite 300, San

    Francisco, California 94105, USA.

  • SERRIERE Maud | Master 2 PUN | Mmoire | juin 2014 - 5 -

    Sommaire

    SIGLES ET ABREVIATIONS .................................................................. 7

    INTRODUCTION ..................................................................................... 9

    ETAT DE LART DE LARCHIVAGE NUMERIQUE .......................... 11

    Les concepts impliqus dans larchivage ............................................. 11

    Les archives ....................................................................................... 11

    Le cycle de vie de linformation : thorie franaise des trois ges et vue

    anglo-saxonne ............................................................................................ 12

    Larchive, une combinaison de plusieurs critres ............................... 16

    Les enjeux et problmatiques de larchivage numrique .................... 18

    Larchivage numrique, une rponse linfobsit ............................. 18

    Le nouveau cadre juridique de la preuve ............................................ 18

    Le rle de larchiviste dans le cycle de vie du document ..................... 19

    Les problmatiques et caractristiques techniques .............................. 20

    Les points dattention pour un projet de gestion des archives lge

    intermdiaire ................................................................................................ 25

    Monter un projet darchivage numrique : un projet darchiviste ou

    dinformaticien ? ........................................................................................ 25

    Le records management, concept majeur pour larchivage courant et

    intermdiaire ............................................................................................. 27

    La politique darchivage, ligne directrice de la structure .................... 29

    Un contexte normatif multi facettes .................................................... 30

    Choisir loutil qui correspond son besoin ........................................ 31

    APPLICATION AU SEIN DEDF POUR LA PRODUCTION

    DOCUMENTAIRE DU NUCLEAIRE ............................................................ 35

    Le contexte darchivage EDF .............................................................. 35

    Historique et organisation lie larchivage ...................................... 35

    Les documents vitaux pour lactivit nuclaire ................................... 36

    La politique darchivage du groupe EDF ........................................... 37

    Les processus en place ....................................................................... 37

    La gestion des archives intermdiaires pour les documents issus des

    divisions nuclaires dEDF .......................................................................... 39

    Le primtre fonctionnel de ltude .................................................... 39

    Tous les acteurs impliqus dans les processus .................................... 39

    Du statut darchive courante celui darchive intermdiaire ............. 39

    La typologie des documents darchives intermdiaires ........................ 40

    La DUA dfinit le mode de gestion ..................................................... 40

    Prsentation fonctionnelle des Outils informatiques ........................... 44

  • SERRIERE Maud | Master 2 PUN | Mmoire | juin 2014 - 6 -

    Audit des applications et des processus au regard des normes ........... 48

    La mthodologie et les outils utiliss pour effectuer laudit ................ 48

    Analyse de cet audit et prconisations ................................................ 49

    CONCLUSION ........................................................................................ 55

    SOURCES ............................................................................................... 57

    BIBLIOGRAPHIE .................................................................................. 59

    TABLE DES ANNEXES ......................................................................... 61

    GLOSSAIRE ........................................................................................... 91

    INDEX ..................................................................................................... 93

    TABLE DES ILLUSTRATIONS............................................................. 95

    TABLE DES MATIERES ....................................................................... 97

  • SERRIERE Maud | Master 2 PUN | Mmoire | juin 2014 - 7 -

    Sigles et abrviations

    ALN : Agence Logistique Nationale

    ASN : Autorit de Sret Nuclaire

    BUR : Nom trigramme de lapplication EXCALIBUR

    BV : Bordereau de versement

    CCP : Centre de Comptences Produits

    CNPE : Centre Nuclaire de Production dlectricit

    COMEX : Comit Excutif

    CQS : Centre de qualification de solution

    CSNUC : Centre de Service du NUClaire

    CSP C : Centre de Services Partags Comptabilit

    CSP RH : Centre de Services Partags Ressources Humaines

    DAIP : Division Appui Industriel la Production

    DAPI : Domaine Achat Production Ingnierie

    DCN : Division Combustible Nuclaire

    DIN : Division Ingnierie Nuclaire

    DPI : Direction Production Ingnierie

    DPIH : Division Production Ingnierie Hydraulique

    DPIT : Division Production Ingnierie Thermique

    DPN : Division Production Nuclaire

    DRT : Demande de travaux en centrale, gre par EAM

    DUA : Dure dUtilit Administrative

    ECM : Enterprise Content Management / Nom trigramme de lapplication

    GED du nuclaire

    EDF : lectricit De France

    ESIP : Evolution du Systme dInformation du Producteur

    EXCALIBUR : EXploitation CentrALISe des archives intermdiaires

    BURe

    FIA : Fonds dIdentification dArchive

    FID : Fiche dIdentification du Document

    GED : Gestion lectronique des Documents

    IQR : Environnements de qualification et recette

    MOA : Matrise dOuvrage

    MOE : Matrise duvre

    POA : Pilote Oprationnel Application

    REX : Retour dEXprience

  • SERRIERE Maud | Master 2 PUN | Mmoire | juin 2014 - 8 -

    SDIN : Systme DInformation du Nuclaire

    SI : Systme dInformation

    SIMU : Maintenance des Simulateurs

    STEP : Services rseaux et Tlcoms dExploitation du Producteur

    TMA Tierce Maintenance Applicative

    UAS : Urbanisme Architecture Scurit

    UNITEP : Unit Nationale systme dInformation et Tlcoms dExploitation

    du Producteur

  • SERRIERE Maud | Master 2 PUN | Mmoire | juin 2014 - 9 -

    INTRODUCTION

    Chaque organisation possde, dans son patrimoine informationnel, des

    documents vitaux portant une valeur, juridique ou stratgique, et gnrant des

    droits et des obligations. Ces documents constituent la mmoire des activits et

    doivent pouvoir tre fournis pour rpondre divers besoins daudit ou se dfendre

    en cas de litige. La perte de ces informations essentielles peut avoir des

    consquences juridiques mais aussi un impact sur limage de la structure. Quelques

    affaires retentissantes au plan international1 ont mis en avant les consquences

    fcheuses de la mauvaise conservation de donnes vitales. Dans ces cas,

    lidentification et larchivage dficients des donnes nont pas permis ces

    socits de produire les documents ncessaires leur dfense. Laugmentation du

    risque de contentieux et daudits incite les structures intgrer la gestion des

    risques informationnels.

    La gouvernance de linformation devient alors primordiale pour grer

    lensemble du cycle de vie des documents produits ou reus, en prenant en compte

    les exigences darchivage. Elle permet dassurer la protection de la structure par la

    bonne prise en compte des problmatiques darchivage au niveau managrial via

    des chartes darchivage, des politiques de conservation ou de records management.

    Les concepts didentification et de conservation des documents vitaux, propres

    ce type de politiques sont ceux dj dvelopps par les archivistes. Ces documents

    engageants doivent tre identifis le plus possible au dbut du cycle de vie et grs

    dans le cadre dun systme de gestion de larchive lge intermdiaire afin

    dassurer que les documents pris en charge garderont toute leur valeur tant que la

    structure en aura besoin.

    Le contexte spcifique dEDF permet lanalyse dune mise en pratique de la

    gestion des archives lge intermdiaire pour les documents du secteur du

    nuclaire. Entreprise pionnire dans ce domaine, le groupe EDF possde

    aujourdhui 58 racteurs nuclaires, rpartis dans 19 centrales. Les enjeux cruciaux

    lis cette activit sensible ncessitent une gestion performante et matrise des

    archives lge intermdiaire que le groupe EDF a dcid de conserver titre de

    preuve ou en raison de leur valeur informationnelle. Pour la Direction Production

    Ingnierie, cette gestion sappuie notamment un ensemble de processus ainsi que

    sur deux types doutils complmentaires : des outils de GED et un outil de gestion

    des archives intermdiaires, nomm EXCALIBUR.

    Ce mmoire sattachera exposer dans un premier temps un tat de lart des

    concepts et des processus lis la gestion numrique des archives lge

    intermdiaire.

    1 Enron fut lune des plus grandes entreprises amricaines, qui fit faillite en 2001 en raison de pertes

    occasionnes par ses oprations spculatives qui avaient t maquilles en bnfices via des manipulations comptables.

    Cette faillite entraina dans son sillage celle dArthur Andersen qui auditait ses comptes. Suite ces vnements, le

    gouvernement amricain a vot la loi Sarbanes-Oxley en 2002 pour rtablir la confiance des mnages. Cette loi impose

    des certifications et des contrles aux entreprises afin de certifier les fonctionnements internes.

  • SERRIERE Maud | Master 2 PUN | Mmoire | juin 2014 - 10 -

    Dans un second temps, ltude de la gestion de ces documents au sein dEDF

    prsentera une mise en pratique sur une activit critique et exigeante2. Un audit des

    processus et outils mis en uvre pour la gestion des archives lge intermdiaire ,

    au regard des normes de rfrence dans le domaine, permettra davoir une vision

    globale du fonctionnement et de dfinir des prconisations.

    2 Lactivit nuclaire est extrmement surveille notamment par le biais daudits de lAgence de Sret

    Nuclaire (ASN).

  • SERRIERE Maud | Master 2 PUN | Mmoire | juin 2014 - 11 -

    ETAT DE LART DE LARCHIVAGE NUMERIQUE

    LES CONCEPTS IMPLIQUES DANS LARCHIVAGE

    Les archives

    Les archives sont l'ensemble des documents, quels que soient leur date,

    leur forme et leur support matriel, produits ou reus par toute personne physique

    ou morale, et par tout organisme public ou priv, dans l'exercice de leur activit.

    Telle est la dfinition officielle du Code du Patrimoine3.

    Limaginaire collectif assimile souvent ce terme des feuilles jaunies et

    poussireuses qui nont plus dintrt que pour les historiens ou les passionns

    dobjets anciens. Et pourtant la notion darchives recouvre bien plus que cette

    vision rductrice et errone.

    Dune part, si le papier a longtemps t le support de conservation le plus

    utilis, il nen reste pas moins que le support de larchive peut tre tout autre. Un

    film, une photographie, un enregistrement audiovisuel, un fichier numrique sont

    aussi des documents darchive. Pour chaque type de support, les moyens mis en

    uvre sont spcifiques et adapts, tout en suivant les principes fondamentaux de

    larchivage afin de garantir tout moment lauthenticit, la fiabilit, lintgrit et

    lexploitabilit du contenu archiv.

    Dautre part, un document na pas besoin dtre ancien pour devenir une

    archive. Dans son cycle de vie, lorsque le document tmoigne de lactivit de son

    producteur et de son contexte, il acquiert alors le statut darchive par sa qualit de

    preuve directe des faits. Une archive nest donc pas lie au grand ge dun

    document mais sa valeur associe de tmoignage, patrimonial ou probant. Dans

    son rle de trace, larchive prend place dans un ensemble constitu du contenu

    mais aussi dun auteur, dun support, dun contexte4, et dune fonction

    5.

    Lacte darchiver consiste laborer et mettre en place les rgles ncessaires

    la conservation des documents (papier ou tout autre support) afin quils gardent

    leur valeur tout le temps de leur conservation et pour quils puissent tre produits

    avec le mme pouvoir que lors de leur prise en charge. Les systmes darchivage

    doivent garantir que les contenus grs font autorit et prsentent les

    caractristiques dauthenticit, de fiabilit, dintgrit et dexploitabilit6 qui

    peuvent tre dfinis comme suit :

    3 Code du Patrimoine Art L211-1 :

    http://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?idArticle=LEGIARTI000019202816&cidTexte=LEGITEXT

    000006074236&dateTexte=20140503 4 Le Conseil International des Archives dfinit le document comme une information enregistre, gnre,

    collecte ou reue dans le cadre de la mise en uvre de la ralisation ou de lachvement dune activit institutionnelle

    ou personnelle et qui englobe le contenu, le contexte et la structure suffisants pour constituer une preuve ou vidence de

    lactivit.

    5 Pour approfondir la notion de dfinition dun document au -del de son contenu seul, on pourra se rfrer aux

    travaux de Bruno Bachimont prsentant les 6 universaux de larchive, ou encore les travaux de Jean -Michel Salan dans

    louvrage Vu, Lu, Su qui dcrit la composition du document dans ses trois dimensions, notamment dans son rle social.

    6 Caractristiques requises notamment au sens des normes ISO 15489 et MoReq. Voir infra la partie de

    prsentation des normes.

    http://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?idArticle=LEGIARTI000019202816&cidTexte=LEGITEXT000006074236&dateTexte=20140503http://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?idArticle=LEGIARTI000019202816&cidTexte=LEGITEXT000006074236&dateTexte=20140503

  • SERRIERE Maud | Master 2 PUN | Mmoire | juin 2014 - 12 -

    - Authenticit : Caractre dun document dont on peut prouver quil est bien ce quil prtend tre, quil a t effectivement produit ou reu par la personne qui

    prtend lavoir produit ou reu, et quil a t produit ou reu au moment o il

    prtend lavoir t7.

    - Fiabilit : Caractre dun document dont le contenu peut tre considr comme la reprsentation complte et exacte des faits quil dcrit, et sur lequel on peut

    sappuyer lors dactions ultrieures8.

    - Intgrit : Caractre complet et non altr dun document prouvant que celui-ci na subi aucun ajout, aucun retrait ni aucune modification, accidentelle ou

    intentionnelle, depuis sa validation9.

    - Exploitabilit : Un document utilisable est un document qui peut tre localis, rcupr, communiqu et interprt.

    Le cycle de vie de linformation : thorie franaise des

    trois ges et vue anglo-saxonne

    Deux traditions archivistiques sont couramment cites afin de prsenter le

    cycle de vie de linformation : la vue franaise avec la thorie des trois ges, et la

    vue anglo-saxonne avec la gestion des records.

    La thorie des trois ges

    La thorie des trois ges, cole archivistique franaise, dtermine le cycle de

    vie du document sur trois ges darchive : courante, intermdiaire et dfinitive,

    caractrises par la frquence et le type d'utilisation qui en est faite10

    .

    Yves Protin, auteur de cette thorie en 1961 dans la revue Seine et Paris11

    ,

    fut le premier formuler les dfinitions d archives courantes , archives

    intermdiaires et archives archives . Le document passe dune tape une

    autre selon sa frquence dutilisation. Cette thorie se prsente comme une

    dfinition plutt organisationnelle ne se rfrant pas la valeur probante des

    archives. Mme si cette thorie est remise en question12

    , elle a le mrite dexhorter

    les archivistes sintresser au contexte de production des documents.

    7 Marie-Anne Chabin, Nouveau glossaire de larchivage, mars 2010, p. 10

    8 Ibid., p. 11

    9 Idem.

    10 Direction des Archives de France, Dictionnaire de terminologie archivistique , dans Archives de France,

    2007, [en ligne] : www.archivesdefrance.culture.gouv.fr/static/3226

    11 Thorie dYves Perotin Ladministration et les "trois ges" des archives , Seine et Paris, octobre 1961,

    n20, pp. 1-4

    12Michel Caya, en 2004, dans le cadre des Confrences de lcole des Chartes, disponible en ligne :

    http://elec.enc.sorbonne.fr/conferences/caya, ou encore :

    CHABIN Marie-Anne, Chapitre 2 Archiver ou conserver ? , dans Impressions, Expressions, 2007, [en ligne] :

    http://www.marieannechabin.fr/archiver-et-apres/2-archiver-ou-conserver/

    http://www.archivesdefrance.culture.gouv.fr/static/3226http://elec.enc.sorbonne.fr/conferences/cayahttp://www.marieannechabin.fr/archiver-et-apres/2-archiver-ou-conserver/

  • Etat de lart de larchivage Numrique

    SERRIERE Maud | Master 2 PUN | Mmoire | juin 2014 - 13 -

    Archive courante

    Lors de cet tat, le document13

    , appel aussi archive active , sert au

    service producteur pour son activit courante et ses besoins de prise de dcision14

    .

    Cette tape requiert davoir, pour un dossier, les documents proximit et de

    permettre un accs frquent au contenu et une restitution rapide des documents

    pertinents pour le bon droulement de son activit. La gestion de ces archives

    courante implique donc une organisation structure et efficiente mettant en place

    des contrles appropris. Tant que le dossier est en cours, les documents lis sy

    cumulent et toutes les pices doivent tre aisment consultables par tous les

    acteurs habilits.

    Cette phase darchivage courante intgre les documents ds leur cration,

    puis leur validation, fixant ainsi le contenu informationnel15

    . Cette validation peut

    prendre la forme dune fin de rdaction dun document, du vote dune dlibration,

    dune signature de contrat Toutes ces actions signifient que le document ne peut

    alors plus tre modifi et fixe sa forme dfinitive de rfrence.

    La clture du dossier marque la fin de la priode darchive courante et le

    passage la phase darchive intermdiaire.

    Archive intermdiaire

    A lge intermdiaire, le document entre dans cette phase, dite semi-

    active o il nest plus utilis dans lactivit rgulire, mais o il est ncessaire de

    le garder pour des raisons administratives, lgales ou fiscales16

    .

    La dure de conservation des archives pendant lge intermdiaire est

    corrle la notion de dure dutilit administrative (DUA). Celle-ci est dfinie en

    fonction dobligation lgale lie la notion de prescription17

    ou dobligation

    fonctionnelle propre la structure et aux risques lis son activit. Elle est

    13 Le document peut se prsenter sur divers supports : papier, photo, numrique, etc.

    14 Archive courante : Dans le cycle de vie des archives, documents qui sont d'utilisation habituelle et frquente

    pour l'activit des services, tablissements et organismes qui les ont produits et reus, et qui sont conservs pou r le

    traitement des affaires. , op.cit. [Direction des Archives de France, Dictionnaire de terminologie archivistique ,

    2002, n 9]

    15 Nanmoins, Rien nest dit sur la distinction entre les documents valids et ceux qui nont quune valeur

    prparatoire , voir CHABIN Marie-Anne, Chapitre 2 Archiver ou conserver ? , dans Impressions, Expressions,

    2007, [en ligne] : http://www.marieannechabin.fr/archiver-et-apres/2-archiver-ou-conserver/

    16 Archives intermdiaires : Dans le cycle de vie des archives, documents qui, n'tant plus d'usage courant,

    doivent tre conservs temporairement, pour des besoins administratifs ou juridiques (y compris les documents qui aprs

    tri seront conservs comme des archives dfinitives). Op. cit. [Direction des Archives de France, Dictionnaire de

    terminologie , 2002, n 10].

    17 Exemples de dures de conservation, [en ligne] : http://www.blogarchivage.fr/quelles-sont-les-principales-

    durees-de-conservation-legales/ :

    20 ans pour les dossiers mdicaux article R1112-7 du code de la sant publique.

    10 ans pour les documents de la comptabilit - article L123-22 du code du commerce.

    5 ans pour les bulletins de paie - Article L3243-4 du code du travail.

    30 ans pour les dommages environnementaux, article L152-1 du code de lenvironnement et la prescription

    immobilire article 2272 du code civil.

    10 ans pour les crimes : article 7 du code de procdure pnale dont le faux en criture publique, les vnements

    ayant entran des dommages corporels article 2226 du code civil, les dfauts sur la construction douvrage article

    1792 du code civil.

    6 ans pour la prescription fiscale (pouvant aller jusqu 6 ans) article L169 du livre des procdures fiscales.

    5 ans pour les actions commerciales - article L110-4 du code du commerce, les actions personnelles et mobilires

    - article 2224 du code civil.

    http://www.marieannechabin.fr/archiver-et-apres/2-archiver-ou-conserver/http://www.blogarchivage.fr/quelles-sont-les-principales-durees-de-conservation-legales/http://www.blogarchivage.fr/quelles-sont-les-principales-durees-de-conservation-legales/

  • SERRIERE Maud | Master 2 PUN | Mmoire | juin 2014 - 14 -

    variable selon la typologie de document et peut aller de quelques mois 80 ans

    compter de la date de naissance pour certaines donnes de Ressources Humaines

    par exemple. Chaque document est dfini avec une dure de conservation qui lui

    est propre.

    Au terme de cette DUA, le document suit les modalits du sort final qui lui a

    t attribu : destruction, ou envoi aux archives dfinitives.

    Archive dfinitive

    Une archive intermdiaire devient archive dfinitive lorsquelle n'a plus

    d'utilit pour lorganisme qui la produite mais peut prsenter un intrt

    patrimonial.

    Les archives dfinitives sont les documents qui ne sont plus susceptibles

    dlimination - car les tris et limination ont t raliss lissue de la priode

    prcdente de larchivage intermdiaire - et qui sont conservs pour les besoins de

    la documentation historique.

    On admet en gnral que les archives dfinitives reprsentent environ 5% des

    documents crs. Il est noter que certains documents darchives historiques ne

    sont jamais passs par lge intermdiaire. On peut imaginer le cas de courriers,

    dtudes ou de photos prsentant un intrt historique mais nayant pas de valeur

    probante associe pour lorganisme.

    Figure 1 Part des documents selon les ges de larchive

  • Etat de lart de larchivage Numrique

    SERRIERE Maud | Master 2 PUN | Mmoire | juin 2014 - 15 -

    Vue anglo-saxonne

    Dans les pays anglo-saxons, la tradition archivistique ne prsente pas le

    mme dcoupage pour les diffrentes phases du cycle de vie du document. La

    distinction est plus marque entre les diffrents tats du document selon les trois

    priodes de son cycle18

    : document, record, archive.

    Par exemple, la valeur probante distingue le record du simple document. De

    tous les documents produits par lorganisme, seuls ceux ayant un caractre probant

    ou oprationnel seront prservs en tant que record en raison de cette valeur

    primaire.

    Le document

    Lactivit dun organisme produit plusieurs typologies de documents.

    Certains ne sont que de simples documents, ne traant pas dinformations de

    responsabilit, et donc non utilisables comme documents engageants. Ils peuvent

    aussi se prsenter comme des documents temporaires de travail ou de simples

    messages sans valeur ajoute.

    Si le document ne porte pas de contenu susceptible den faire un document

    valeur probante, alors il reste un simple document19

    et ne devient pas un record.

    Le record

    Lorsque le document est identifi comme engageant pour lorganisme, il

    devient alors un record. Le record correspond un tat du document, valid, quon

    a dcid de conserver puisquil porte une valeur pour la structure, juridique ou

    stratgique, gnrant des droits et des obligations pour lorganisation, et engageant

    sa responsabilit. Son contenu informationnel est fig et enregistr comme tel,

    do le nom de record20

    . Celui-ci est ncessaire la continuit des activits de

    lorganisme moyen et long terme, tout en lui permettant de constituer la

    mmoire de ses activits pour se prmunir et se dfendre en cas de litige ultrieur.

    Son traitement sera alors spcifique pour lintgrer dans une procdure et un

    systme darchivage permettant de maintenir ses caractristiques dauthenticit , de

    fiabilit, dintgrit et dexploitabilit. Le systme permet de garantir que le

    record gardera la mme force probante tout au long de sa priode dutilit pour

    18 On parle de records continuum pour prsenter le cycle de vie dun record, depuis la production du document

    jusquau sort final ou sa conservation en Archives historiques le cas chant. (source : ICA-Req, version franaise, 2010,

    www.ica.org).

    19 Exemples de documents simples, non dvolus tre des records : documents de travail sans lien avec une

    dcision, notes manuscrites ressaisies, brouillons de documents, mmos, post-it, copies de messages pour diffusion, etc.

    20 Record signifie enregistrement en anglais. La traduction franaise du terme anglais record a soulev bien des

    dbats, notamment lorsque lAfnor a propos informations et documents dans sa vers ion franaise de la norme ISO

    15489 en 2010. La traduction officielle est documents dactivit , mais celle-ci ne prsente pas le caractre valid et

    fig ainsi que la responsabilit de preuve qui engage lorganisme. La terminologie document engageant semble la

    plus comprhensible et la plus approprie, mais dfaut, langlicisme record reste le plus simple utiliser pour les

    professionnels. La vue anglo-saxonne de record tant encore peu rpandue, les records peuvent se voir dnomms aussi

    documents probants, archives vivantes, archives courantes et intermdiaires, enregistrements, dossiers, donnes, etc.

  • SERRIERE Maud | Master 2 PUN | Mmoire | juin 2014 - 16 -

    lorganisme. Par son enregistrement dans le systme de records management, le

    record intgre le patrimoine informationnel conserver21

    .

    Le record semble proche de larchive intermdiaire. Nanmoins, alors que

    lapproche franaise est plutt logistique22

    , le record est majoritairement port par

    sa valeur probante au service des besoins de lentreprise.

    Si le document devient record sa validation, il a pourtant t identifi ds

    sa cration. En effet, lanalyse des processus et des contraintes de la structure

    permet de dfinir les documents engageants pour lorganisme et dont la valeur

    justifie leur conservation. La tradition archivistique anglo-saxonne attribue la prise

    en charge de ces records au records manager23

    , responsable de la bonne gestion de

    ces documents et du respect des rgles darchivage de lorganisme. Ce travail met

    laccent sur la ncessaire analyse du risque, propre la structure, li labsence

    des documents.

    Larchive

    Dans la tradition anglo-saxonne, larchive recouvre le mme sens que les

    archives dfinitives dans la thorie des trois ges. Lorsque la dure dutilit du

    document arrive son terme, le record est soit dtruit, soit envoy aux archives

    dfinitives pour son intrt historique avr. Dans ce cas, il est alors pris en charge

    par un archiviste24

    .

    Larchive, une combinaison de plusieurs critres

    A lire les dfinitions, cela semble assez caricatural de passer dune tape

    une autre. Evidemment, le document prsente plusieurs utilits en mme temps

    (probante, historique), mais un moment donn, une des deux est primordiale sur

    lautre. On distingue ainsi une valeur primaire et une secondaire en fonction de

    ltape du document dans son cycle de vie. On parle darchive historique lorsque la

    valeur primaire de preuve dcline au profit de la valeur historique.

    21 Avec le geste d'archiver, les documents qui engagent la responsabilit de l'entreprise (ou de l'institution)

    quittent la sphre de l'utilisateur (le collaborateur) pour gagner la sphre collective de l'organisation o ils obissent

    alors des rgles communes. Cest le moment crucial o les documents changent de sphre documentaire et donc de

    rgle de gestion. : CHABIN Marie-Anne, Un schma pour comprendre ce que veut dire archiver , Archive 17, 2013,

    [en ligne] : http://www.archive17.fr/index.php/l-archivage-pour-les-nuls/un-schema-pour-l-archivage.html

    22 CHABIN Marie-Anne, Chapitre 2 Archiver ou conserver ? , dans Impressions, Expressions, 2007, [en

    ligne] : http://www.marieannechabin.fr/archiver-et-apres/2-archiver-ou-conserver/

    23 Dans les pays anglo-saxons, le records management est mis en pratique et valoris par la cration de postes

    ddis de records manager dans les organismes. Dans les autres pays, cette activit est encore nglige, non prise en

    charge, ou considre comme administrative, voire, au mieux, prise en charge en plus dautres activits ; elle na

    malheureusement pas encore la visibilit lie son importance incontournable pour la structure.

    24 Larchiviste, tout comme le record manager, est aussi responsable de la prservation du document, et met en

    uvre ses comptences et connaissances pour maintenir lintgrit et la prennit de larchive dont il a la charge. Selon

    les supports, les actions mises en place suivent les mmes rgles . La distinction entre le court et moyen terme dune

    part (archives courantes et intermdiaires) et le long terme (archives patrimoniales) samenuise avec le numrique.

    (ref : BANAT-BERGER Franoise, DUPLOUY Laurent et HUC Claude, L'archivage numrique long terme : les

    dbuts de la maturit ? , Paris, La Documentation franaise, 2009, 284 pages, 24 cm (Collection Manuels et guides

    pratiques).)

    http://www.archive17.fr/index.php/l-archivage-pour-les-nuls/un-schema-pour-l-archivage.htmlhttp://www.marieannechabin.fr/archiver-et-apres/2-archiver-ou-conserver/

  • Etat de lart de larchivage Numrique

    SERRIERE Maud | Master 2 PUN | Mmoire | juin 2014 - 17 -

    La vision franaise caractrise le document par le prisme de sa valeur

    historique, alors que le record management raisonne par le prisme de sa valeur

    vitale.

    Figure 2 - Evolution des valeurs primaires et secondaires des documents

    Le document porte finalement une combinaison de plusieurs lments au

    cours de son cycle de vie :

    - Son tat : avant ou aprs validation - Sa valeur : primaire ou secondaire (probante ou historique) - Son utilit : celle-ci est corrle au besoin daccs et la frquence

    dutilisation

    - Sa criticit : si le document est vital, important, ou ngligeable pour lorganisme.

  • SERRIERE Maud | Master 2 PUN | Mmoire | juin 2014 - 18 -

    LES ENJEUX ET PROBLEMATIQUES DE LARCHIVAGE

    NUMERIQUE

    Larchivage numrique, une rponse linfobsit

    Nos socits subissent une infobsit25

    croissante, que ce soit dans les

    sphres prives ou professionnelles. A lheure du numrique omniprsent, les

    documents sont trs majoritairement crs au format lectronique. La facilit de ce

    support implique la multiplication des documents lectroniques et des versions

    intermdiaires dans les organismes. En cas de besoin26

    , il peut alors savrer

    complexe de dterminer quel est le document de rfrence.

    Linformation se dmultiplie, tout comme les responsabilits. Par

    consquent, la question de laccs linformation comporte des risques et un cot

    associ27

    . Larchivage numrique devient ncessaire pour canaliser la

    surabondance des documents lectroniques et bien grer leur cycle de vie, afin

    dtre assur de disposer aisment et tout moment du bon document avec toute sa

    valeur.

    Le nouveau cadre juridique de la preuve

    Mme si le numrique est un bouleversement dans notre rapport au

    document, lcrit avait dj subi auparavant des changements de forme avec

    lmergence des microformes et photocopies28

    .

    Avec le dveloppement du numrique, les facilits de manipulation des

    documents lectroniques font peser des doutes sur leur authenticit. La loi

    n 2000-230 du 13 mars 200029

    , portant adaptation du droit de la preuve aux

    technologies de linformation a t perue comme la loi de la rvolution

    numrique . Jusque l, en matire civile30

    , lacte crit est exig. Le lgislateur a

    d dfinir ce qutait lcrit et le rend alors indpendant de son support dans la

    25 Voir la prsentation du terme dans le glossaire.

    26 Les cas sont divers : pour apporter une preuve sur une action, pour se dfendre dans le cas dun litige, pour

    fournir les documents demands dans le cadre dun audit, etc.

    27 Il cote six fois plus cher de trouver un document mal class que de classer un document, sans parler des

    pertes : QUESNEL Odile, consultante senior, Serda Matrise, Archimag, Records management, archivage et scurit

    , Serda Edition, Guide pratique Archimag, 2009, n 39. .

    28 Le Code Civil avait intgr cette volution en 1980 avec larticle 1348 permettant lexception suivante titre

    de preuve lorsquune partie ou le dpositaire na pas conserv le titre original et prsente une copie qui en est la

    reproduction non seulement fidle mais aussi durable. Est rpute durable toute reproduction indlbile de loriginal qui

    entrane une modification irrversible du support :

    http://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do;jsessionid=2733C64DD4D9BBF996317D32F489589F.tpdjo15v_1?id

    Article=LEGIARTI000006438311&cidTexte=LEGITEXT000006070721&dateTexte=20100511 (consult le 12/05/14). 29 Code civil, dernire modification le 5 juin 2014, article 1348, disponible en ligne :

    http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000399095&dateTexte=&categorieLien=id

    (consult le 12/05/14). 30 Qui couvre le droit des personnes et des biens.

    http://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do;jsessionid=2733C64DD4D9BBF996317D32F489589F.tpdjo15v_1?idArticle=LEGIARTI000006438311&cidTexte=LEGITEXT000006070721&dateTexte=20100511http://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do;jsessionid=2733C64DD4D9BBF996317D32F489589F.tpdjo15v_1?idArticle=LEGIARTI000006438311&cidTexte=LEGITEXT000006070721&dateTexte=20100511http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000399095&dateTexte=&categorieLien=id

  • Etat de lart de larchivage Numrique

    SERRIERE Maud | Master 2 PUN | Mmoire | juin 2014 - 19 -

    mesure o les contenus sont dots dune signification intelligible, quels que

    soient leur support et leurs modalits de transmission31

    .

    Le contenu sous forme lectronique est ainsi admis comme preuve au mme

    titre que le papier, sans hirarchie de support, sous rserve quil puisse tre

    identifi et quon puisse en garantir lintgrit . La loi dfinit aussi la signature

    lectronique comme un procd permettant de confrer lauthenticit du document.

    Le rle de larchiviste dans le cycle de vie du document

    Avec la dmatrialisation de linformation et lutilisation des documents

    numriques tous niveaux, le collaborateur nest pas forcment conscient que sa

    production peut rentrer dans un processus de conservation. Il na pas le rflexe

    dappliquer systmatiquement au numrique les mme rgles que pour le papier.

    De mme, lors de la conception doutils informatiques, les problmatiques

    archivistiques ne sont pas systmatiquement prises en compte. La prsence dun

    archiviste dans les phases amont de projet permet dintgrer les questions

    darchivage et de resituer le document dans le contexte global de son cycle de vie.

    Larchivage consiste grer et organiser linformation dans le temps, quel

    que soit son support, pour la rendre accessible durablement. La gestion des

    archives lectroniques nest donc quune faon dadapter au numrique ce que les

    archivistes savent faire pour les archives au format papier. Pour faire face aux

    enjeux du numrique, le profil et les missions de larchiviste voluent pour intgrer

    de nouvelles attributions et aptitudes32

    .

    Le nouvel archiviste numrique serait un Janus33

    aux multiples comptences

    la fois archivistiques et informatiques. Il se positionne en tant quassistant

    matrise douvrage avec les quipes informatiques afin de prendre en compte les

    pratiques archivistiques dans tout projet et dapporter ses prconisations . Il doit

    aussi tre en mesure de comprendre les pratiques numriques, les modes de codage

    de linformation lectronique34

    et les contraintes des projets informatiques.

    Il apporte son regard et son expertise sur la qualification des documents

    engageants. A cet effet, il doit faire le lien avec les quipes juridiques et qualit.

    En outre, il analyse les documents de manire caractriser les mtadonnes

    pertinentes leur associer.

    31 Code civil, dernire modification le 5 juin 2014, article 1316, disponible en ligne :

    http://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006070721&idArticle=LEGIARTI 0000064

    37784&dateTexte=&categorieLien=cid (consult le 11/05/14).

    32 DELPIERRE Nicolas, HIRAUX Franoise, MIRGUET Franoise, Les chantiers du

    numrique : Dmatrialisation des archives et mtiers de l'archiviste , lHarmattan, 2012, 212 pages, chapitre : Les

    fonctions de larchivistique lre du numrique.

    33 Janus est un dieu de la mythologie romaine, reprsent avec 2 visages, lun tourn vers le pass et lautre

    tourn vers lavenir. Cette reprsentation rend le pass et lavenir toujours prsents ses yeux.

    34 Ce peut tre dans la comprhension des langages XML par exemple, pour la communication des paquets

    darchives, des protocoles mis en uvre, ou bien des formats des fichiers traiter.

    http://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006070721&idArticle=LEGIARTI000006437784&dateTexte=&categorieLien=cidhttp://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006070721&idArticle=LEGIARTI000006437784&dateTexte=&categorieLien=cid

  • SERRIERE Maud | Master 2 PUN | Mmoire | juin 2014 - 20 -

    Les problmatiques et caractristiques techniques

    Le document papier runit en une seule entit deux lments insparables, le

    contenu et son support. Toute altration de ce document est alors aisment

    identifiable, quelle soit volontaire ou non (dchirure, rature, modification de

    texte, dgt des eaux, etc.). Pour les informations numriques, le contenu est

    dissociable de la forme, le support ntant quune commodit logistique. Cette

    disjonction entrane une possibilit de manipulation et de perte dinformation et

    fait peser un risque sur lintgrit du document.

    Une autre spcificit du document numrique se situe dans le mode daccessibilit

    son contenu. Pour le papier par exemple dans la mesure o le lecteur connait la

    langue, il peut accder simplement au contenu du texte ds quil la sous les yeux.

    Alors que pour le numrique, lutilisateur a besoin dun intermdiaire : un

    ordinateur, mais aussi le logiciel appropri pour accder au contenu souhait. Cette

    contrainte rappelle que larchivage est constitu dune fonction de prservation

    mais aussi dune fonction de restitution. Comme le prsente Bruno Bachimont, la

    prservation est mise en uvre sous langle matriel, en maintenant lintgrit

    physique des supports, mais aussi sous langle culturel, en maintenant

    lintelligibilit du contenu pour rendre la lisibilit possible35

    .

    Figure 3 - Tableau de Bruno Bachimont. Support du cours Archivistique audiovisuelle et

    numrique, cole de bibliothconomie et des sciences de linformation, Canada, Montral,

    201136

    35 BACHIMONT Bruno, Indexation et Archivage de Contenus Multimdias . Ed. Techniques Ingnieur, 2007,

    page 10

    36 EBSI (cole de bibliothconomie et des sciences de linformation, Canada, Montral ), Cours SCI 6116 :

    Archivistique audiovisuelle et numrique, [En ligne] : http://cours.ebsi.umontreal.ca/sci6116/Supports_de_cours.html

    http://cours.ebsi.umontreal.ca/sci6116/Supports_de_cours.html

  • Etat de lart de larchivage Numrique

    SERRIERE Maud | Master 2 PUN | Mmoire | juin 2014 - 21 -

    La vulnrabilit de linformation numrique

    Une des spcificits de la donne numrique se situe dans sa vulnrabilit,

    tant en terme de support qui peut vieillir et devenir obsolte, quen terme de

    format. De plus, linformation numrique ncessite un dispositif techn ique pour

    tre lisible et comprhensible. Il suffit quil manque le matriel ou le logiciel

    adquat pour que le contenu ne soit alors plus accessible. Ce contexte dvolution

    permanente des technologies induit des problmatiques nouvelles et ne permet pas

    davoir une bonne visibilit sur la manire de prenniser un document numrique

    sur un long terme. Les volutions technologiques comportent un risque de rupture

    de lauthenticit du document. Le cur du problme est davoir confiance dans un

    document, et de maintenir cette confiance dans le temps.

    Tout comme larchivage papier ncessite la prise en compte de contraintes

    logistiques37 pour la bonne prservation et la prennit des archives, larchivage

    numrique comprend aussi ses problmatiques techniques. Une chane de

    conservation, c'est--dire un systme de contrles qui s'tend sur le cycle de vie

    complet des documents, permet de garantir les principes dun document darchive

    fiable.

    Le tableau ci-dessous prsente les principaux contrles et actions mettre en

    uvre pour assurer la chane de conservation

    Principes A quel moment

    du cycle de vie ? Par quels moyens ?

    Authenticit

    Versement

    Consultation

    Sort final

    Signature lectronique38

    Audit

    37 La conservation des collections ncessite une prise en compte dexigences tous niveaux :

    - sur le support et les fournitures, avec la protection contre les dgradations chimiques par le choix de papier et

    boites de conservation permettant au support de rester stable chimiquement pendant la plus longue priode possible ;

    protection contre les dgradations biologiques ;

    - sur les lieux de stockage munis dun systme de contrle climatique afin de maintenir des conditions thermo

    hygromtriques appropries au support, de filtres contre les polluants, risques de moisissures et insectes. La scurit du

    btiment lui-mme doit tre assure par des systmes de dtection incendies et effraction.

    38 La signature lectronique, transcription numrique de la signature papier dun individu, permet dassurer

    lauthenticit dun document en apportant la preuve de lidentit de son auteu r.

    Techniquement, signer un document consiste chiffrer son empreinte numrique au moyen de la cl prive du

    signataire, unique et personnelle. Cette empreinte chiffre constitue un sceau. Pour dchiffrer cette empreinte et vrifier

    lauteur et lintgrit du document, le destinataire devra utiliser une autre cl appele cl publique. Cette cl publique est

    remise ceux qui doivent lire le document. Les deux cls (prive et publique) sont dlivres par un organisme tiers de

    confiance.

    Si les documents sont signs lectroniquement, il faudra veiller maintenir la valeur juridique de cette signature,

    et la revalider au besoin. Ce fonctionnement se rvle coteux sur le moyen terme dans la mesure o il implique des

    resignatures rgulires. De plus, un procd de signature fiable actuellement risque de ne plus ltre dans quelques

    annes. Les contraintes de conservation des algorithmes utiliss lors de la signature avec les jetons dhorodatage et les

    certificats compliquent notablement linfrastructure mettre en place.

  • SERRIERE Maud | Master 2 PUN | Mmoire | juin 2014 - 22 -

    Intgrit Versement

    Stockage

    Signature lectronique

    Empreinte39

    Format de fichier non modifiable

    Support de stockage non rinscriptible

    Traabilit

    Tout le long du cycle de vie

    Sort final

    Horodatage40

    Journaux dvnements

    Prennit Stockage

    Support prenne

    Format de fichier ouvert

    Conservation des moyens daccs logiciels et matriels

    Migrations des donnes, logiciels et matriels

    Le support de linformation numrique

    La donne numrique doit tre intgre dans un systme darchivage capable

    dassurer la prennit sur des dcennies. Pour ce faire, le choix du support sinscrit

    dans une logique de slection de critres combins stabilit-fiabilit-conservation.

    Le transfert dun support un autre, certainement ncessaire un moment, sera

    effectu en contrlant la qualit et la fiabilit du processus de copie.

    Toutes les technologies prsentent des risques de perte inopine de donnes.

    Le choix du support physique dpend majoritairement des besoins en volumtrie et

    des temps daccs requis pour la consultation. Par exemple, pour un accs rapide,

    le disque dur est le plus pertinent; et pour les fortes volumtries la bande

    magntique est la plus adapte. Il ny a pas de support idal, seulement des usages

    appropris en fonction des risques dobsolescence et des besoins.

    39 Le calcul dempreinte permet dassurer lintgrit dun document, cest dire quon valide que le document

    na pas t modifi dun moment un autre.

    Techniquement, la premire tape consiste prend re une empreinte dun document par le biais dun algorithme

    spcifique (dit de hashage, comme SHA-256, SHA-1, MD5). Cette empreinte est unique, comme une empreinte digitale

    pour un individu. Il nest pas possible de retrouver le contenu du document mme si lon a son empreinte, on dit que le

    procd est asymtrique. Pour la seconde tape, afin de vrifier ultrieurement que le document na pas t altr, il

    suffira de gnrer son empreinte au moyen du mme algorithme que celui utilis lors de sa capture. L a moindre

    modification effectue dans le document, que ce soit une modification de police, de couleur ou le changement dune

    seule lettre gnrera une empreinte radicalement diffrente. On compare alors cette empreinte avec lempreinte initiale

    conserve dans le systme darchivage scuris. Si les empreintes sont identiques, le document pourra tre considr

    comme intgre.

    Exemple dempreinte dun fichier fourni par lalgorithme MD5 : 6196eb41543e3c8f5758c902cece6ee4

    40 Lhorodatage permet dassurer la traabilit dun document. En associant un document la date et l'heure

    exacte dun vnement (cration, rception, etc.), cela permet de sassurer que toutes les actions sont historises et

    suivies rigoureusement. Horodater un document consiste ajouter une information de temps lempreinte de celui-ci et

    signer ce rsultat. Lensemble de cette empreinte compose un jeton dhorodatage. Les services dhorodatage peuvent tre

    assurs par des tiers de confiance.

  • Etat de lart de larchivage Numrique

    SERRIERE Maud | Master 2 PUN | Mmoire | juin 2014 - 23 -

    Complmentaire au choix du support, des actions relevant du contrle

    rgulier de la qualit et de laccs aux donnes, de redondances de stockage, de

    veille sur les technologies, sont intgrer dans la stratgie darchivage numrique.

    La prennit des formats de fichiers

    Pour assurer au mieux laccessibilit du document, son format doit tre

    lisible plusieurs annes plus tard. Mme si les logiciels sont censs maintenir une

    compatibilit ascendante41

    , celle-ci a ses limites. Par exemple, nombre de

    documents Word crs il y a seulement quelques annes ne sont plus lisibles

    correctement42

    . Le format de fichier utilis pour le stockage dinformations

    numriques doit tre choisi avec attention43

    .

    De manire gnrale, les formats ouverts sont plus adapts car ils sont

    documents et accessibles par tous, indpendants, largement diffuss, et peuvent

    tre maintenus par des organismes de normalisation. Le rle de larchiviste est de

    fournir des prconisations sur les formats les plus adapts et prennes afin de

    limiter les risques de modification possible des donnes.

    Des migrations peuvent tre ncessaires, dans ce cas, il conviendra de

    prendre toutes les mesures pour assurer que le contenu ne sera ni altr ni modifi

    pendant la migration. Une alternative la migration est lmulation, c'est--dire

    recrer lenvironnement de production du fichier pour pouvoir accder son

    contenu.

    Les mtadonnes

    Les mtadonnes sont un ensemble de donnes, rattaches au document,

    permettant de le dcrire mais aussi de grer la vie de lobjet numrique.

    On peut catgoriser ces donnes en plusieurs familles selon lusage qui en

    sera fait. Elles permettent didentifier sans quivoque le document (mtadonnes

    didentification comprenant un identifiant unique et prenne), de retrouver les

    documents (mtadonnes de contenu), de grer le cycle de vie et la politique de

    41 La compatibilit ascendante se dit lorsquune version nouvelle dun outil informatique prend en charge les

    fichiers crs avec les versions prcdentes de cet outil et permet de les lire sans perte dinformation.

    42 Claude Huc, spcialiste de la prservation des donnes numriques au CNES : Ds 1995 , il est devenu

    impossible de relire en Microsoft Word 95 des documents enregistrs en 1990 avec Microsoft Word 2. Il a fallu ressaisir

    les informations. Autre exemple : il y a deux ans, nous avons ressaisi en partie toute une srie dquations

    mathmatiques saisies en Word 95. Mme sur une priode de dix ans, linformation devient extrmement vulnrable

    (Retour d'exprience du CNES disponible en ligne : http://www.cnes-multimedia.fr/cnes_fr/qualite/43-retour-

    experience.pdf)

    43 Bien quil ne soit pas un format darchivage lorigine, le format PDF est conseill pour larchivage des

    documents statiques composites (contenant texte, images et graphiques). Il permet dincorp orer en un seul fichier toutes

    les ressources ncessaires son utilisation (polices de caractres, images, etc.). Le format PDF, qui a fait lobjet dune

    norme, a pour avantage de prserver la reprsentation fidle du document et sa lisibilit lafficha ge ainsi qu

    limpression. Les documents peuvent tre simples ou complexes, structurs ou non. La norme ISO 19005-1 :2005 dfinit

    les conditions dutilisation du format PDF dans la perspective dune conservation long terme ; ces spcifications sont

    plus connues sous la forme PDF/A (A pour archivage). Il impose le respect de la reprsentation visuelle du document.

    Un fichier PDF/A est autonome en contenant tout le contenu visuel (texte, image, polices, etc.), auto-document par

    lintgration de mtadonnes, fidle en prservant la reprsentation visuelle du document, et interdit le chiffrement du

    document pour un accs sans entrave.

    Le format XML, est aussi un format darchivage pertinent car il est ouvert, lisible et standardis par le W3C. Il

    permet de sparer le contenu de la forme, est ouvert, syntaxiquement vrifiable, avec un encodage normalis et

    interoprable.

    Lusage de format normalis ou standardis, et libre, figure dans les exigences de la norme NFZ42 -013 /ISO

    14641 qui exclut donc les formats propritaires et met surtout en avant le format PDF.

    http://www.cnes-multimedia.fr/cnes_fr/qualite/43-retour-experience.pdfhttp://www.cnes-multimedia.fr/cnes_fr/qualite/43-retour-experience.pdf

  • SERRIERE Maud | Master 2 PUN | Mmoire | juin 2014 - 24 -

    droit daccs aux documents (mtadonnes administratives), de connatre les

    caractristiques techniques des documents en vue des migrations (mtadonnes

    techniques) et denregistrer les traitements effectus sur les documents

    (mtadonnes de contexte).

    La bonne alimentation de ces mtadonnes est cruciale puisquelles sont au

    cur du dispositif de suivi et de contrle du document numrique. cet effet et

    pour minimiser les risques derreur ou de saisie errone, on rendra la collecte des

    mtadonnes dautant plus fiable en automatisant le plus possible ds la cration

    du document et tout au long de son cycle de vie.

    Chaque systme peut dfinir ses mtadonnes comme bon lui semble,

    cependant pour faciliter les changes entre applications44

    , il est prfrable quune

    mtadonne suive une norme45

    .

    44 Les formats de mtadonnes sappuient surtout sur le format XML.

    45 Exemples de normes de mtadonnes : Dublin Core, ISAD(G), PREMIS.

  • Etat de lart de larchivage Numrique

    SERRIERE Maud | Master 2 PUN | Mmoire | juin 2014 - 25 -

    LES POINTS DATTENTION POUR UN PROJET DE GESTION

    DES ARCHIVES A LAGE INTERMEDIAIRE

    La mise en uvre dun projet darchivage numrique apporte de nombreux

    avantages pour un organisme, il permet notamment :

    - de mieux rfrencer les documents et doptimiser les dlais de recherche ; - de pouvoir trouver les informations au moment souhait et donc de matriser

    les risques ;

    - de limiter les redondances et versions diffrentes dun mme document ; - de bien grer les droits daccs aux documents ; - de rduire les cots de stockage et de mouvement des supports.

    La dmarche globale dun projet darchivage numrique implique une bonne

    comprhension du cadre gnral du projet darchivage et des besoins. En

    sappuyant sur une mthodologie adapte, des normes pertinentes ainsi que la

    politique darchivage de lorganisme, le cahier des charges dfinira un primtre

    clair et complet du projet.

    Monter un projet darchivage numrique : un projet

    darchiviste ou dinformaticien ?

    Ne pas confondre archivage et stockage informatique

    Le mot archivage est polysmique et recouvre plusieurs ralits selon les

    contextes. Un informaticien utilise ce terme dans son activit courante pour la

    fonction de stockage. Lors de mise en uvre de projet darchivage numrique, ce

    peut tre videmment source de malentendu. Larchivage informatique, au sens du

    stockage, consiste conserver un document afin de le protger. Cette action peut

    tre assure par des procdures de sauvegarde et de copie scurise tout en

    permettant les accs pour recherche.

    Pour autant, ces oprations peuvent tre compltement dcorrles dune

    analyse de la pertinence darchivage et des caractristiques archivistiques de ces

    documents. Dune part, ceux-ci doivent avoir t identifis, slectionns en

    fonction de leur valeur pour lactivit de lorganisme. De plus, des rgles de

    conservation doivent leur tre associes en fonction de leur cycle de vie, telles

    quune dure de conservation et un sort final. Dautre part, contrairement au

    simple stockage, larchivage doit aussi assurer la prservation de lintgrit et de

    lauthenticit du document afin davoir la garantie que le fichier na pas t altr

    et quil est bien ce quil prtend tre. Une simple sauvegarde nassure pas ces

    caractristiques. Enfin, sil ny a pas de prise en charge de laccessibilit au

    contenu dans le temps, il ne sert rien de stocker le document en risquant que le

    contenu soit illisible ultrieurement lorsquon aura besoin dy accder.

    Larchivage informatique est pertinent et indispensable, mais il ne rpond pas

    aux mmes besoins quun projet darchivage numrique. Dans le lancement et la

    prsentation dun projet de ce type, il savre essentiel de redfinir son cadre, ses

    besoins et le primtre quil recouvre, pour assurer sa comprhension par tous les

    interlocuteurs.

  • SERRIERE Maud | Master 2 PUN | Mmoire | juin 2014 - 26 -

    Larchivage numrique, un projet global et transverse

    Dans le domaine de larchivage numrique, le march prsente plthore

    doutils logiciels intgrant une ou plusieurs fonctionnalits rpondant aux besoins

    de gestion de larchive. Nanmoins, le primtre dun projet darchivage

    numrique ne se limite pas la seule mise en place dun logiciel, il implique toute

    une rflexion sur lorganisation dfinir, ainsi que les acteurs et leurs

    responsabilits dans le cycle de vie dun document.

    La difficult dorganisation dun projet darchivage numrique rside dans sa

    transversalit et dans le fait que linitiateur du projet se retrouve en position de

    devoir imposer des rgles de fonctionnement divers services sur lesquels il na

    pas dautorit hirarchique. En fonction de lorganisation interne, le porteur du

    projet peut tre un service archives, qualit, voire juridique ou documentaire. Les

    projets darchivage numrique ne sont pas toujours intgrs dans les pratiques, et

    les responsabilits sont parfois encore identifier. Dans tous les cas, le projet doit

    tre fortement soutenu par la direction, et les diffrents acteurs doivent tre

    clairement identifis avec leurs responsabilits. Pour appuyer le soutien de la

    direction, une estimation des cots associs la perte potentielle dinformations

    vitales peut assurment sensibiliser les dcideurs et renforcer lintrt du projet

    pour la structure.

    Larchivage numrique est la croise entre archivistique et informatique.

    Pour mettre en place un projet darchivage numrique, il convient de rassemb ler

    ces deux comptences, soit par des experts de chaque sujet, soit grce

    lmergence de profils darchiviste numrique rassemblant ces deux comptences.

    La cration dune quipe ddie larchivage numrique peut apporter une

    visibilit ces projets cruciaux. Lacquisition dun langage commun et dune

    comprhension partage des problmes rsoudre par les acteurs impliqus

    facilitera grandement la mise en uvre de ce projet.

    Les attendus du projet doivent tre dfinis dans un cahier des charges afin de

    prsenter le contexte : les producteurs de linformation, les utilisateurs, le

    primtre des documents archiver, les besoins en matire de valeur probante, la

    gestion du risque li la non conservation des documents. Cette dfinition de

    contexte sappuiera sur des sources telles que les aspects rglementaires et

    juridiques, la politique darchivage de la structure dfinissant les responsabilits et

    rles des acteurs sur le sujet, et les processus mtier. Ltape suivante du projet

    consiste en lidentification des objets archiver, des normes et standards, des

    processus internes, des rgles et droits daccs aux archives, des interactions avec

    dautres systmes ou applications (que ce soit en amont ou en aval) .

    Le travail li larchivage commence finalement ds la production du

    document en question. Lidentification et lvaluation des informations, tout en

    amont, ds leur cration, et non lors du besoin darchivage, se prsente comme un

    pr-requis. Cette tape permet de rpondre deux besoins : dune part de dfinir

    au plus tt les documents qui seront pertinents archiver et, dautre part, daffecter

    des mtadonnes automatiques ds leur production.

  • Etat de lart de larchivage Numrique

    SERRIERE Maud | Master 2 PUN | Mmoire | juin 2014 - 27 -

    Le records management, concept majeur pour larchivage

    courant et intermdiaire

    Une norme rcente mais une mthodologie ancienne

    Contrairement ce quon pourrait supposer, le records management nest pas

    n avec le numrique. Cette discipline prend ses racines aux Etats-Unis suite la

    seconde guerre mondiale. Face laccroissement des documents administratifs et

    sur la demande du prsident Truman, la commission Hoover cre le National

    Archives and Records. Le records management, outil mthodologique, est labor

    pour amliorer la gestion des documents, depuis leur cration jusqu leur transfert

    dans les services darchives ou leur destruction. Cette mthodologie se diffuse

    ds 1950 dans les pays anglo-saxons (Australie, Canada, Royaume-Uni).

    En 1996, une norme australienne sur le records management remporte un rel

    succs qui amne sa publication en 2001 en tant que norme ISO 15489. Elle est

    ce jour la norme de rfrence sur lorganisation et la gestion des documents

    dactivit ou records.

    Le records management se dfinit comme le champ de lorganisation et de

    la gestion en charge dun contrle efficace et systmatique de la cration, de la

    rception, de la conservation, de lutilisation et du sort final des documents, y

    compris les mthodes de fixation et de prservation de la preuve et de

    linformation lies la forme des documents (norme ISO 15489-1 et 2).

    Les sources de cette dmarche permettent dexpliquer quelle sapplique

    tout type de document (document, enregistrement, dossier ou encore donne), sur

    tout type de support (papier, numrique, microfilm) pour les records46

    quelle

    prend en charge. Le numrique rduit les besoins en logistique associs

    larchivage, poussant de fait les professionnels se recentrer sur la valeur des

    documents et notamment la valeur probante. Le records management voit son

    dveloppement dop par lessor du numrique.

    Le records management se pose comme une discipline au service de

    lorganisme et de ses responsabilits afin de :

    - dfinir les documents vitaux pour la structure conserver en tant que records ;

    - de garantir que ces documents soient grs de faon maintenir leur fiabilit et leur force probante ;

    - permettre la disponibilit et la lisibilit de ces documents lorsque lorganisme en a besoin.

    Une politique au service de la responsabilit de lorganisme

    Pour un organisme, les traces de son activit sont fixes par les divers

    records quil produit. Il sy rfre en cas de besoin (litige, contrle, risque de

    contentieux, etc.) pour faire office de preuve et faire valoir ses droits. Ces

    documents, de tout type, portent une valeur vitale et probante pour la structure, il

    46 Voir partie supra sur la dfinition du record.

  • SERRIERE Maud | Master 2 PUN | Mmoire | juin 2014 - 28 -

    est indispensable de les prendre en charge et de les grer avec attention dans une

    optique de responsabilit et de protection le cas chant. La notion de la valeur

    historique dun document nest pas prise en compte par le records management.

    Certains documents ne sont donc pas archivs pour ce quils sont en tant que

    tels, mais pour leur importance pour lorganisme. Les documents sont catgoriss

    selon leur criticit (vital, important mais remplaable un cot identifi, non

    essentiel, etc.). Selon la politique de lorganisme, telle donne qui semble

    importante pour une activit courante peut ne pas tre considre comme vitale ou

    tout du moins, ne portant pas un risque assez lev pour tre pris en charge dans un

    systme de records management47

    .

    Le dveloppement des contraintes lgales et rglementaires, appuy par des

    risques de contentieux de plus en plus critiques pour des raisons financires mais

    aussi de notorit, pousse naturellement le besoin de la mise en place de stratgie

    de records management dans les organismes.

    Le records management permet danalyser la valeur dun document par

    rapport aux risques pour lorganisme en cas de non conservation. En ce sens, le

    records management sinclut dans une stratgie globale de gouvernance de

    linformation, et se situe bien au-del dune simple problmatique de stockage.

    Une dmarche qualit

    Dans un contexte de plus en plus exigeant de fiabilisation de donnes

    numriques htrognes, de contraintes juridiques et de volumtrie croissante des

    documents, la mise en uvre dune dmarche de records management permet de

    dfinir des procdures rigoureuses de gestion documentaire. Lomniprsence du

    numrique toutes les tapes du cycle de vie du document, manipul par des

    interlocuteurs divers, renforce le besoin dorganisation et didentification des

    donnes vitales.

    Cette mthodologie permet de lister tous les documents engageants pour

    lorganisme en fonction de la politique de ce dernier. Le records manager a pour

    mission de dterminer quel contenu doit tre inclus et de valider quil est en

    mesure de satisfaire aux obligations lgales et rglementaires.

    La dmarche implique la mise en uvre dune politique de conservation des

    documents afin de garantir leur fiabilit, authenticit et intgrit afin quils soient

    exploitables. Le records manager appliquera donc aux documents slectionns

    toutes les rgles darchivage appropries la conservation du support et du

    contenu, que ce soit pour des archives physiques ou numriques48

    .

    Lensemble de ces actions induit une dmarche qualit globale sur la gestion

    documentaire de lorganisme en lui permettant :

    - de grer efficacement linformation ; - de faire respecter les exigences lgales et rglementaires de leur secteur de

    mtier par les producteurs ;

    47 Lexemple des banques illustre bien limportance de la politique de conservation choisie au regard du risque.

    Lgalement, les banques doivent conserver les chques reus pendant une dure de 5 ans conformment au dlai

    applicable en matire commerciale. Nanmoins, en raison des volumes et des frais de larchivage associ, certaines

    banques conservent ces documents beaucoup moins de temps que cette limite lgale. Elles estiment que le rapport entre

    le cot et le risque ne justifie pas de prendre en charge ces chques.

    48 Voir supra la partie Problmatiques et caractristiques techniques pour larchivage numrique.

  • Etat de lart de larchivage Numrique

    SERRIERE Maud | Master 2 PUN | Mmoire | juin 2014 - 29 -

    - de grer les risques lis aux documents vitaux ; - de garantir la production de documents remplissant les conditions de

    fiabilit dune archive ;

    - doptimiser larchivage des documents et le cot affrent.

    Dans son objectif de gestion et de traabilit des documents ds leur cration

    dans un cadre oprationnel, cette mthodologie ouvre par ailleurs la voie un

    archivage long terme dans de bonnes conditions.

    Le records management se prsente comme une dmarche pralable et

    rigoureuse sur laquelle un organisme peut sappuyer pour la mise en place de

    systme darchivage lectronique.

    La politique darchivage, ligne directrice de la structure

    Les projets darchivage sappuient sur une srie doutils , prsents ci-

    dessous, permettant davoir une bonne connaissance du contexte documentaire

    dans lentreprise en lien avec les exigences rglementaires et internes.

    La politique documentaire

    Une charte darchivage, ou politique documentaire, permet de dfinir les

    rgles appliques aux documents au long de leur cycle de vie, de la cration

    jusqu leur sort final. Elle prsente les besoins de conservation au sein de

    lorganisme, quils soient bass sur des contraintes lgales, rglementaires ou

    oprationnelles. Elle dfinit les bonnes pratiques mettre en uvre, les diffrents

    acteurs et leurs obligations.

    Cette charte pose les principes fondateurs de larchivage pour

    lorganisation et vise dfinir les moyens organisationnels, fonctionnels et

    techniques que la structure compte mettre en place pour rpondre aux objectifs

    darchivage. Sa large diffusion permet la sensibilisation de tous aux besoins et aux

    bonnes pratiques de larchivage.

    La plan de classement

    Le plan de classement permet lorganisme de rfrencer ses documents et

    leur organisation. Il reflte les activits de manire structure et hirarchique. Les

    bonne pratiques appellent ne pas calquer le plan de classement sur lorganisation

    interne des services, car les organismes subissent rgulirement des

    rorganisations et le plan de classement doit tre indpendant de celles-ci.

    Llaboration du plan de classement participe la dmarche qualit de la

    structure en identifiant la production documentaire.

  • SERRIERE Maud | Master 2 PUN | Mmoire | juin 2014 - 30 -

    Les rgles de gestion des documents

    Le tableau de gestion49

    porte lensemble des rgles de gestion lies aux

    documents et sert de support au processus darchivage. Ces prceptes dterminent

    tous les indicateurs associs au cycle de vie des documents et prcisent

    notamment, par type de document :

    - la dure dutilit administrative ou dure de conservation50 ; - le sort final appliquer lissue de cette dure : limination ou transfert aux

    archives dfinitives ;

    - les contraintes fonctionnelles ; - le service producteur ; - la rfrence lgale ou rglementaire lie au document.

    Un contexte normatif multi facettes

    Tout un contexte normatif51

    existe afin de fournir des rgles ou des guides

    pour llaboration et le fonctionnement efficace dun systme de gestion

    darchives quil soit numrique ou non. Certaines normes ont des vocations plus

    organisationnelles quand dautres sont plus techniques. Leurs domaines

    dapplications peuvent tre complmentaires, domaine du records management

    pour certaines, archivage long terme pour dautres.

    Pour les parties procdures mtier et darchivage, les normes ISO 15489 et

    MoReq52

    sont plus adaptes afin de dterminer les documents vitaux, les modes

    darchivage, etc. Quant la norme NFZ 42-013, elle sera plus pertinente pour les

    parties de gestion informatique et pour crire les normes darchivage.

    Il ne sagit pas pour autant de choisir une des normes et de sy raccrocher

    tout prix, mais de sappuyer dessus pour dfinir son projet en fonction de ses

    besoins. MoReq le prsente clairement dans son chapitre 053

    : la diffusion des

    normes et modles (ISO 15489, MoReq) aide la structuration des projets, en

    montrant la permanence des fondamentaux archivistiques et la ncessit

    dappliquer larchivage tous les documents quels que soient leur support et leur

    forme (papier, lectronique), sans ngliger les critres de gestion, dorganisation et

    de pilotage.

    49 Appel aussi tableau de conservation. Voir un exemple de tableau de gestion en annexe 1.

    50 Les DUA sont spcifies compter dune date de rfrence qui peut tre diffrente selon le document : date de

    validation, date de clture du dossier.

    51 Voir la prsentation des principales normes en annexe 2 : ISO 15489, modle MoReq, ICA-REQ, NFZ 42-013,

    modle de rfrence OAIS, NFZ 44-022 (SEDA/MEDONA).

    52 Model Requirements for the Management of Electronic Documents and Records .

    53 Le chapitre 0 est un chapitre introductif laiss au libre usage de chaque pays pour prsenter des concepts

    spcifiques ou rglementations nationales particulires. En introduction de la traduction franaise de la norme, il permet

    de prsenter le contexte archivistique franais au regard du records management, limpact de la loi du 13 mars 2000 dans

    la reconnaissance de lcrit lectronique en tant que preuve, la terminologie employe et les principaux concepts, le

    positionnement de MoReq dans lenvironnement normatif, ainsi que limpact des recommandations de la CNIL sur les

    donnes personnelles dans le cadre de larchivage.

  • Etat de lart de larchivage Numrique

    SERRIERE Maud | Master 2 PUN | Mmoire | juin 2014 - 31 -

    Cartographie des normes selon 2 axes : records management et conservation

    numrique prenne (Marie-Anne Chabin)54

    Choisir loutil qui correspond son besoin

    La gestion des archives au sein dun organisme peut sappuyer sur divers

    outils complmentaires ou imbriqus. Tout comme pour les normes, la solution

    nest pas unique et universelle mais rsulte dune analyse des besoins afin de faire

    son choix de manire claire et adapte.

    Les systmes de GED et dECM

    Les outils de GED (Gestion Electroniques de Documents) permettent de faire

    de la gestion de contenu. Ils sont aussi parfois appels ECM (Enterprise Content

    Management), mme si cette formulation recouvre une typologie de contenu

    numrique plus large (mails, vido, pages web, etc.) que le document trait en

    GED. Quoi quil en soit, lECM peut se voir comme une volution de la GED dans

    une vision globale du management de linformation.

    Ses fonctionnalits principales55

    positionnent loutil de GED sur la prise en

    charge du document ds sa cration jusqu sa version valide et couvre le champ

    de larchive lge courant, c'est--dire avant sa validation.

    54 Cette cartographie est prsente par Marie-Anne Chabin sur le site http://www.archive17.fr/index.php/Normes-

    et-guides/normes-et-guides-records-management-preservation.html

    55 Une GED permet de grer linitialisation dun document, le travail collaboratif (exemple : partage dun

    document dont le contenu peut tre enrichi par plusieurs collaborateurs), la gestion des diffrentes versions dun

    document de travail, le workflow de validation du contenu dun document de travail, la fixation du contenu (exemple :

    conversion PDF possible mais non obligatoire), le stockage des donnes, la recherche, etc.

    http://www.archive17.fr/index.php/Normes-et-guides/normes-et-guides-records-management-preservation.htmlhttp://www.archive17.fr/index.php/Normes-et-guides/normes-et-guides-records-management-preservation.html

  • SERRIERE Maud | Master 2 PUN | Mmoire | juin 2014 - 32 -

    La GED est un outil de partage au service des utilisateurs pour modifier,

    partager et diffuser du contenu. Parmi les principaux atouts de la GED, on peut

    noter la gestion du workflow, et la gestion des documents au sein dun plan de

    classement. Ce type doutil permet llaboration du document avant quil ne soit

    fig.

    Avec le fort dveloppement du numrique, lutilisation des GED se

    dveloppe dans les entreprises. Celles-ci devraient tre associes aux rflexions de

    records management afin de dfinir au plus tt les mtadonnes pertinentes et

    lintgration dans le cycle de vie du document pour anticiper son futur statut

    ventuel de record et prparer lintgrit de larchive.

    Le SAE, Systme dArchivage Electronique

    La terminologie de Systme darchivage lectronique (SAE) na pas de

    dfinition absolue et peut recouvrir des concepts plus ou moins larges selon les

    sources. Par exemple, les normes MoReq et ICA-Req utilisent lexpression SAE

    pour dsigner un Electronic records management System. Le SAE dcrit se

    diffrencie de celui prsent par la norme NFZ 42-013, plus orient conservation

    scurise.

    Toujours est-il que les spcificits suivantes sont constantes :

    - Un SAE pilote le cycle de vie du document et gre la prennisation grce la prise en charge de la problmatique de prservation des formats de

    fichiers long terme. La vrification rgulire de la cohrence de

    lempreinte du document avec sa version de rfrence permet dassurer le

    contrle dintgrit.

    - Un SAE est un systme au service de la structure pour assurer la bonne gestion et la fiabilit des archives au travers des fonctionnalits suivantes :

    gestion du plan de classement, rgles de conservation et de sort final,

    capture et scurit, identification, recherche et restitution, gestion de

    lintgrit et lauthenticit du document par des services dhorodatage, de

    calcul dempreinte, de journalisation des actions et modifications des

    mtadonnes de ce document

    - Un SAE nest pas une GED car il ne gre le document qu partir du moment o celui-ci est valid. Il nest pas non plus un coffre-fort

    lectronique56

    , dans la mesure o ce dernier ne gre pas la prennisation et

    la prise en charge de la problmatique de prservation des formats de fichier

    long terme

    - Un SAE est dabord destin prendre en charge les archives lectroniques, bien quon lutilise aussi pour larchivage physique

    57.

    56 Le coffre-fort numrique consiste en un service de stockage scuris, sur le mme principe que son pendant

    physique. Il permet dentreposer des contenus qui ne seront accessibles que par une personne ayant les droits adquats.

    Cette solution propose des fonctionnalits dhorodatage, de calcul dempreinte et de journalisations des vnements.

    Nanmoins, le coffre-fort numrique ne prend pas en compte le besoin de lisibilit du document lors de son accs

    ultrieur. Parfois abusivement catapult au rang de solution darchivage lectronique pour des raisons publici taires, il

    peut en constituer ventuellement une brique, selon les besoins, mais nen est pas un en tant que tel.

    57 Selon sa prsentation dans le Chapitre 0 de la norme MoReq.

  • Etat de lart de larchivage Numrique

    SERRIERE Maud | Master 2 PUN | Mmoire | juin 2014 - 33 -

    - Le SAE ne gre pas forcment que les documents probants : il sattache la conservation des documents numriques archiver, quils soient engageants

    ou non.

    - Le SAE est un ensemble de solutions58 pour grer larchivage et peut ncessiter, selon les cas et les besoins, la mise en place de matriels,

    logiciels, appuys par des procdures pour une prise en charge complte et

    efficace des archives.

    Le SAE peut se positionner en aval de loutil de GED, dans la mesure o une

    slection sera effectue dans les documents qui lui seront transmis, en fonction de

    leur importance pour lorganisme. Par ailleurs, lors du transfert, ceux -ci devront

    porter des informations spcifiques telles que la dure dutilit et le sort final du

    dit document.

    58 Ensemble des matriels, logiciels et procdures qui organise et contrle la capture, la conservation et la

    destruction, dans le but de matriser le risque de non-disponibilit et de sur-conservation des documents, ainsi que la

    mise en disposition des documents engageants dans une entreprise ou un organisme. Source : Nouveau glossaire de

    larchivage, Marie-Anne Chabin, fvrier 2010.

  • SERRIERE Maud | Master 2 PUN | Mmoire | juin 2014 - 35 -

    APPLICATION AU SEIN DEDF POUR LA

    PRODUCTION DOCUMENTAIRE DU NUCLEAIRE

    LE CONTEXTE DARCHIVAGE EDF

    Historique et organisation lie larchivage

    Le groupe EDF est n au lendemain de la seconde guerre mondiale avec la loi

    du 8 avril 1946 qui nationalise la production, le transport et la distribution de

    llectricit en France. La multitude de compagnies dlectricit et de gaz

    existantes lpoque a donc t nationalise pour crer EDF (Electricit De

    France). Il a ainsi fallu rassembler un certain nombre de documents de ces socits

    pour pouvoir assurer lapurement de leurs comptes. Cette mission constitue

    lembryon de la politique darchives dEDF, car elle a demand de trier et

    dterminer les documents importants dans tous les documents stocks. Ces

    documents, lissue de la liquidation des compagnies, ont t lorigine du fonds

    du patrimoine dEDF, quon peut retrouver aux archives historiques Blois.

    En 198159

    , en accord avec la Direction des Archives de France, le groupe

    EDF est autoris assurer la gestion et la conservation de ses archives condition

    den garantir laccs au citoyen. A lpoque, EDF tait soumis la loi sur les

    archives publiques de 197960

    , mais lentreprise a eu dlgation pour les garder, ce

    qui a permis de renforcer et de prenniser le rle des archivistes au sein de

    lentreprise.

    Chaque site avait des pratiques htrognes de conservation de documents

    selon les politiques en place et la sensibilit des informations gres. Sur les sites

    relevant de la Direction Production Ingnierie (DPI), les habitudes de conservation

    sont bien implantes cause de la criticit des informations manipules,

    notamment celles relevant du domaine nuclaire.

    Entre 2004 et 2007, EDF change de statut et devient une Socit Anonyme

    capitaux publics qui volue dans un contexte concurrentiel et de mondialisation.

    La gestion de linformation jusquici assure par les individus, sans politique

    globale connue, dcline et applique lchelle du Groupe, doit alors voluer

    dans lentreprise pour pouvoir rpondre des audits internes et externes et

    protger cette information par rapport aux concurrents. La culture de lentreprise

    est en phase de transition sur la gestion des documents pour intgrer une

    gouvernance de linformation. Un archivage rigoureux et organis doit contribuer

    aux engagements du Groupe envers la socit et doit permettre de protger son

    capital intellectuel et de mieux se dfendre en cas denqute et de contentieux.

    59 EDF a reu le 25 novembre 1981 dlgation du ministre de la Culture pour grer directement ses archives

    intermdiaires et historiques; circulaire du Premier ministre du 2 novembre 2001 sur La gestion des archives dans les

    services et tablissements publics de lEtat.

    60 Loi n 79-18 du 3 janvier 1979 sur les archives qui dcrte que les documents qui procdent de l'activit des

    organismes de droit priv chargs de la gestion des services publics ou d'une mission de service public font partie des

    archives publiques :

    http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do;jsessionid=3D7027A418AC2C497676C1ED7EFF7ED4.tpdjo10v_2

    ?cidTexte=JORFTEXT000000322519&dateTexte=19790105&categorieLien=id

    http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do;jsessionid=3D7027A418AC2C497676C1ED7EFF7ED4.tpdjo10v_2?cidTexte=JORFTEXT000000322519&dateTexte=19790105&categorieLien=idhttp://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do;jsessionid=3D7027A418AC2C497676C1ED7EFF7ED4.tpdjo10v_2?cidTexte=JORFTEXT000000322519&dateTexte=19790105&categorieLien=id

  • SERRIERE Maud | Master 2 PUN | Mmoire | juin 2014 - 36 -

    En termes organisationnels, larchivage est