Discours de Lumumba

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Discours de Lumumba, le 30 juin 1960Ce discours prononc devant le roi des Belges, Axel Marie Gustave Baudoin, est rput avoir scell le sort funeste de Patrice Emery Lumumba (Premier Ministre et Ministre de la Dfense nationale de la Rpublique du Congo). En effet, il marquait d emble la ferme volont du Premier ministre congolais d exercer toute la souverainet politique que supposait le principe de l indpendance conquis de haute lutte face au colon. Or, les lites colonialistes belges entendaient continuer de piller les ressources du Congo, tout en feignant d approuver une indpendance qu elles prtendaient officiellement avoir octroye, tandis qu elles insinuaient offici usement que les Congolais n y taient pas e encore prpars.

Congolais et Congolaises, Combattants de l'indpendance aujourd'hui victorieux, Je vous salue au nom du gouvernement congolais, A vous tous, mes amis, qui avez lutt sans relche nos cts, je vous demande de faire de ce 30 juin 1960 une date illustre que vous garderez ineffaablement grave dans vos cours, une date dont vous enseignerez avec fiert la signification vos enfants, pour que ceux-ci leur tour fassent connatre leurs fils et leurs petits-fils l'histoire glorieuse de notre lutte pour la libert. Car cette indpendance du Congo, si elle est proclame aujourd'hui dans l'entente avec la Belgique, pays ami avec qui nous traitons d'gal gal, nul Congolais digne de ce nom ne pourra jamais oublier cependant que c'est par la lutte qu'elle a t conquise (applaudissements), une lutte de tous les jours, une lutte ardente et idaliste, une lutte dans laquelle nous n'avons mnag ni nos forces, ni nos privations, ni nos souffrances, ni notre sang. Cette lutte, qui fut de larmes, de feu et de sang, nous en sommes fiers jusqu'au plus profond de nous -mmes, car ce fut une lutte noble et juste, une lutte indispensable pour mettre fin l'humiliant esclavage qui nous tait impos par la f orce. Ce que fut notre sort en 80 ans de rgime colonialiste, nos blessures sont trop fraches et trop douloureuses encore pour que nous puissions les chasser de notre mmoire. Nous avons connu le travail harassant, exig en change de salaires qui ne nous permettaient ni de manger notre faim, ni de nous vtir ou nous loger dcemment, ni d'lever nos enfants comme des tres chers. Nous avons connu les ironies, les insultes, les coups que nous devions subir matin, midi et soir, parce que nous tions des ngres. Qui oubliera qu' un noir on disait "tu", non certes comme un ami, mais parce que le "vous" honorable tait rserv aux seuls blancs? Nous avons connu que nos terres furent spolies au nom de textes prtendument lgaux qui ne faisaient que reconn atre le droit du plus fort.

Nous avons connu que la loi n'tait jamais la mme selon qu'il s'agissait d'un blanc ou d'un noir: accommodante pour les uns, cruelle et inhumaine pour les autres. Nous avons connu les souffrances atroces des relgus pour opinions politiques ou croyances religieuses; exils dans leur propre patrie, leur sort tait vraiment pire que la mort ellemme. Nous avons connu qu'il y avait dans les villes des maisons magnifiques pour les blancs et des paillotes croulantes pour les noirs, qu'un noir n'tait admis ni dans les cinmas, ni dans les restaurants, ni dans les magasins dit europens; qu'un noir voyageait mme la coque des pniches, aux pieds du blanc dans sa cabine de luxe. Qui oubliera enfin les fusillades o prirent tan t de nos frres, les cachots o furent brutalement jets ceux qui ne voulaient plus se soumettre au rgime d'une justice d'oppression et d'exploitation (applaudissements) (1). Tout cela, mes frres, nous en avons profondment souffert. Mais tout cela aussi, nous que le vote de vos reprsentants lus a agrs pour diriger notre cher pays, nous qui avons souffert dans notre corps et dans notre cour de l'oppression colonialiste, nous vous le disons tout haut, tout cela est dsormais fini. La Rpublique du Co ngo a t proclame et notre pays est maintenant entre les mains de ses propres enfants. Ensemble, mes frres, mes sours, nous allons commencer une nouvelle lutte, une lutte sublime qui va mener notre pays la paix, la prosprit et la grandeur. Nous allons tablir ensemble la justice sociale et assurer que chacun reoive la juste rmunration de son travail (applaudissements). Nous allons montrer au monde ce que peut faire l'homme noir quand il travaille dans la libert et nous allons faire du Congo le centre de rayonnement de l'Afrique tout entire. Nous allons veiller ce que les terres de notre patrie profitent vritablement ses enfants. Nous allons revoir toutes les lois d'autrefois et en faire de nouvelles qui seront justes et nobles. Nous allons mettre fin l'oppression de la pense libre et faire en sorte que tous les citoyens jouissent pleinement des liberts fondamentales prvues dans la dclaration des Droits de l'Homme (applaudissements). Nous allons supprimer efficacement toute discrimination quelle qu'elle soit et donner chacun la juste place que lui vaudra sa dignit humaine, son travail et son dvouement au pays. Nous allons faire rgner non pas la paix des fusils et des baonnettes, mais la paix des cours et des bonnes volonts (applaudissements). Et pour tout cela, chers compatriotes, soyez srs que nous pourrons compter non seulement sur nos forces normes et nos richesses immenses, mais sur l'assistance de nombreux pays trangers dont nous accepterons la collaboration chaque fois qu'elle sera loyale et ne cherchera pas nous imposer une politique quelle qu'elle soit (applaudissements). Dans ce domaine, la Belgique qui, comprenant enfin le sens de l'histoire, n'a pas essay de s'opposer notre indpendance, est prte nous ac corder son aide et son amiti, et un trait vient d'tre sign dans ce sens entre nos deux pays gaux et indpendants. Cette coopration, j'en suis sr, sera profitable aux deux pays. De notre ct, tout en restant vigilants, nous saurons respecter les engagements librement consentis. Ainsi, tant l'intrieur qu' l'extrieur, le Congo nouveau, notre chre Rpublique que mon gouvernement va crer, sera un pays riche, libre et prospre. Mais pour que nous arrivions sans retard ce but, vous tous, lgislateurs et citoyens congolais, je vous demande de m'aider de toutes vos forces. Je vous demande tous d'oublier les querelles tribales qui nous puisent et risquent de nous faire mpriser l'tranger. Je demande la minorit parlementaire d'aider mon gouvernement par une opposition constructive et de rester strictement dans les voies lgales et dmocratiques. Je vous demande tous de ne reculer devant aucun sacrifice pour assurer la russite de notre grandiose entreprise. Je vous demande enfin de respecter inconditionnellement la vie et les biens de vos concitoyens et des trangers tablis dans notre pays. Si la conduite de ces trangers laisse dsirer, notre justice sera prompte les expulser du

territoire de la Rpublique; si par contre leur conduite est bonne, il faut les laisser en paix, car eux aussi travaillent la prosprit de notre pays. L'indpendance du Congo marque un pas dcisif vers la libration de tout le continent africain (applaudissements). Voil, Sire, Excellences, Mesdames, Messieurs, mes chers compatriotes, mes frres de race, mes frres de lutte, ce que j'ai voulu vous dire au nom du gouvernement en ce jour magnifique de notre indpendance complte et souveraine (applaudissements). Notre gouvernement fort, national, populaire, sera le salut de ce pays. J'invite tous les citoyens congolais, hommes, femmes et enfants, se mettre rsolument au travail en vue de crer une conomie nationale prospre qui consacrera notre indpendance conomique. Hommage aux combattants de la libert nationale ! Vive l'indpendance de l'Unit africaine ! Vive le Congo indpendant et souverain ! (applaudissements prolongs).

L assassinat de Lumumba par des forces occidentales coalises est emblmatique de l assassinat quasi systmatique des aspirations lgitimes des nations ngres se gouverner elles-mmes, exploiter leurs propres ressources pour leur prosprit collective. Chacun peut lire ce discours fallacieusement prtendu de lse-majest belge, mais qui est d abord et surtout l expression profonde d une volont juste et vraie, d une ambition mtique : [...] faire du Congo le centre de rayonnement de l Afrique toute entire. [...] veiller ce que les terres de notre patrie profitent vritablement ses enfants . Lumumba a donc t sauvagement assassin parce qu il voulait que le Congo ft aux Congolais, que les immenses richesses de l Afrique profitent vritablement ses enfants . Tous les leaders africains ayant exprim, avec plus ou

moins de vhmence, de telles aspirations ont t limins d une faon ou d une autre par des Etats trangers criminels aids de leurs acolytes locaux. Cette criminalit sculaire en Afrique d Etats trangers est la principale cause exogne du drame de l Afrique ; une cause qu il faut plus que jamais dnoncer dans toutes les instances internationales, pointer sans ambages, chaque infime occasion, ces fossoyeurs qui se donnent pour des sauveurs, pour des partenaires au co-dveloppement . Par KLAH Popo

La crmonie officielle se termine dans la confusion. Le roi Baudouin envisage de rentrer immdiatement Bruxelles. Geste d'apaisement, le Premier ministre Lumumba, prononce l'aprs-midi, un discours de rparation. Les Congolais vont danser tard, trs tard dans la nuit. Mais l'incident rvle d'un coup toutes les tensions, tous les malentendus. Cinq jours plus tard, les soldats de la Force publique se mutinent. C'est l'exode des Europens. L'arme belge intervient. Le Katanga fait scession. Les Casques bleus de l'ONU dbarquent. Le dbut d'une dbcle de quatre ans. Juillet 60, le Congo se retrouve priv de tous ses cadres. Mais les Congolais reprennent l'appareil et russissent relancer le pays. Cinq ans plus tard, la paix est revenue. Le Congo est uni.

PRESSAFRIQUE 01.10.05 Comment l'Amricafrique, la Belgafrique, la Franafrique et l'Organisation des Nations Unies furent les fossoyeurs de Lumumba et de la dmocratie congolaise naissante Episode I : le 30 juin 1960 discours d'indpendance de Lumumba, naissance d'une dmocratie parlementaire, "Bwana Kitoko" Baudoin humili Lire les autres pisodes "Ils avaient pour roi l'ange de l'abme, appel en hbreu Abaddon, et en grec Apollyon (c'est dire l'exterminateur)". (Apocalypse, chap IX,11) Cit par Jules Marchal, diplomate belge et ancien fonctionnaire territorial au Congo Belge dans E.D. Morel contre Lopold II, L'Histoire du Congo 1900 -1910, L'Harmattan, 1985. "Nous avons connu le travail harassant exig en change de salaires qui ne nous permettaient ni de manger notre faim, ni de nous vtir ou de nous loger dcemment, ni d'lever nos enfants comme des tres chers. Nous avons connu les ironies, les insultes, les coups que nous devions subir matin, midi et soir, parce que nous tions des ngres...Nous avons connu nos terres spolies au nom de textes prtendument lgaux, qui ne faisaient que reconnatre le droit du plus fort, nous avons connu que la loi n'tait jamais la mme, selon qu'il s'agissait d'un blanc ou d'un noir...Q ui oubliera, enfin, les fusillades o prirent tant de nos frres, ou les cachots o furent brutalement jets ceux qui ne voulaient pas se soumettre un rgime d'injustice ?" Lumumba, discours de l'indpendance du 30.06.1960 Au lendemain de la seconde guerre mondiale, la communaut internationale, l'ONU, les USA, l'affaiblissement de l'Europe, sont autant d'lments qui vont contribuer prcipiter le processus de dcolonisation. Fin des annes 1950, dans l'empire britannique la transition s'instaure pacifiquement en Afrique (Ghana 1957,

Nigria 1960...) tandis qu'en France la loi -cadre Defferre de 1956 prpare l'mancipation progressive des territoires de l'Union franaise. En 1957, l'Abako (Association des Bakongos), premier parti politique cr au Cong o, remporta les lections municipales de Lopoldville. Alors que la Belgique et le roi Baudoin, le bien nomm "Bwana Kitoko" ("le beau jeune homme"), depuis son sjour de 1955 dans l'Etat du Congo, envisageait une dcolonisation sur trente ans, la Belgique se voit oblige en urgence de dcoloniser suite aux violentes meutes des 4 et 5 janvier 1959 Lopoldville. Le spectre d'un conflit arm qui ensanglante l'Algrie depuis 1954 conduit le gouvernement Eyskens prendre les devants et prcipiter le processus. Trs vite l'ancienne puissance coloniale accorde l'indpendance politique dans l'ide de garder la main-mise conomique.Au travers des diffrentes tapes (table ronde de Bruxelles, lections, formation du gouvernement) les Belges cherchent moins assurer la viabilit du jeune Etat qu' prserver leurs intrts et installer des dirigeants qui leur soient favorables. il s'agit donc d'installer des dirigeants faux l'instar de ce qui s'est pass lors des indpendances des anciennes colonies franaises (Tchad, Gabon, Cameroun, Togo, Centrafrique..). Pourtant, en 5 ans Lumumba tait devenu le leader d'un irrsitible mouvement d'indpendance. Contre toute attente, le panafricain et patriote Lumumba gagnait les lections libres avec son mouvement le MNC (Mouvement National Congolais). Le parlement congolais vota dmocratiquement et Patrice Emery Lumumba fut lu Premier ministre (chef du gouvernement) tandis que le prsident (sans pouvoir dans un rgime parlementaire) en tait son rival Joseph Kasa Vubu. La Belgique laisse contre-coeur les cls du royaume Patrice Lumumba. Le 20 fvrier 1960, durant une runion qui cloture des travaux d'une table ronde tenue Bruxelles entre reprsentants belges et congolais il est dcid que l'indpendance du Congo serait fixe au 30 juin 1960. Le 30 juin 1960 jour de l'indpendance du Congo, le Palais de la Nation Lopoldville (l'actuelle Kinshasa) reoit les membres de la famille royale belge dont le roi Baudoin 1er, des reprsentants du gouvernements belge, des administrateurs coloniaux, le parlement congolais, la presse internationale pour clbrer cette nouvelle re pour le Congo. L'vnement est radiodiffus dans tout le pays et couvert par la presse internationale. La foule s'amasse devant le Palais de la Nation pour assister un vnement historique. Le protocole voulait que le roi Baudoin puis le prsident Kasa Vubu fassent un discours pour l'indpendance du Congo mais le premier ministre Lumumba lu par le parlement ne l'entendit pas de cette oreille. Le discours du roi des Belges, Baudoin 1er, fut un discours de lgitimation de la colonisation, une vritable apologie de l'oeuvre du roi Lopold II.

Discours du roi Baudoin Ier ,le 30.06.1960 Lopoldville Extrait vido cliquez ici "L'indpendance du Congo constitue l'aboutissement de l'oeuvre conue par le gnie du roi Lopold II, entreprise par lui avec un courage tenace et continue avec persvrance par la Belgique" Il sonnait aux oreilles des nationalistes congolais comme une insulte la mmoire des millions de morts gnrs par la politique monstrueuse du roi Lpold II grand oncle du roi Baudoin. "Pour caractriser le colonialisme lopoldien, les sources les plus diverses utilisaient les notions et les concepts les plus vocateurs pour l'poque, curse ("maldiction"), slave state ("Etat esclavagiste"), rubber slavery

("esclavage du caoutchouc"), crime, pillage...Aujourd'hui on n'hsi te plus parler de gnocide et d'holocauste" (Elikia M'Bokolo, p.434. Le livre noir du colonialisme. XVI-XXI sicle : de l'extermination la repentance). On peut d'ailleurs pour valuer l'ampleur de la monstruosit coloniale au Congo sous Lopold II co nsulter de nombreuses rfrences* . Un documentaire britannique intitul Le Roi blanc, le caoutchouc rouge, la mort noire ralis par Mark Dummett et produit par la BBC a suscit les foudres de la maison royale et du ministre des affaires trangres Louis Michel lors de sa diffusion sur la RTBF le 8 avril 2004. Le passage incrimintait un commentaire faisant le parallle entre la colonisation de Lopold II et le gnocide hitlrien. Mme si bon nombre de ces enqutes sont postrieures 1960, ni la Belgique, ni les congolais ne pouvaient ignorer le cataclysme pour le Congo que fut l e rgne de Lopold II. Les travaux de l'avocat afroamricain George Washington Williams, du missionnaire afro-amricain William Shepperd, du journaliste britannique Edmund Dene Morel, du consul britannique Roger Casement, du premier mouvement des droits de l'homme (AntiSlavery International) furent l'origine d'une commission d'enqute belge institue par dcret le 23 juillet 1904 et dont les tmoignagesne furent pas publis. Cette commission fut relaye par une de nombreux articles dans la presse et par une abondante littrature dont les fleurons les plus clbres sont "Au coeur des tnbres" de Joseph Conrad (1905) et "The crime of the Congo" (1909) de Sir Arthur Conan Doyle. Le discours de Baudoin Ier en faisant l'apologie de son grand oncle et de l'oeuvre coloniale apparat pour les coloniss comme un discours de lgitimation des nombreuses humiliations et discrimination qui ont jalonn la colonisaton : arrestations arbitraires, excutions sommaires, rpressions sanglantes, spoliations et expropriations... En juin 1960, aucun noir ne dpassait le grade de sergent -chef dans la Force Publique (force colonial e belge), et le drisoire statut "d'volu", cens couronner les efforts d'assimilation des indignes, concerne peine un millier de Congolais sur treize millions. "Le discours de Baudoin, teint de paternalisme dresse non seulement une image logieuse de la colonisation mais dresse un avenir nocolonial tout aussi prometteur". (Ludo de Witte, l'Assassinat de Lumumba, Ed. Karthala, p. 31) Discours du roi Baudoin Ier ,le 30.06.1960 Lopoldville "Ne compromettez pas l'avenir par des rformes htives, et ne remplacez pas les organismes que vous remet la Belgique, tant que vous n'tes pas certains de pouvoir faire mieux...N'ayez crainte de vous tourner vers nous. Nous sommes prts rester vos cts pour vous aider de nos conseils, pour former avec vous les techniciens et les fonctionnaires dont vous aurez besoin." Au discours pro-colonial du roi Baudoin rpondra le discours officiel insignifiant du prsident du parlement, Joseph Kasa Vubu qui remercie le roi et en appelle dieu. "...Dans une attitude de profonde humilit j'ai demand dieu qu'il protge notre peuple et qu'il claire tous ses dirigeants...". Discours du prsident Kasa Vubu,le 30.06.1960 Lopoldville Puis il y eut l'allocution non annonce du Premier Ministre Patrice Emery Lumumba la grande surprise du gouvernement belge et de la maison royale. Son discours, pour les Congolais, fut librateur de tant d'humiliations, de brimades et de crimes

contre l'humanit subis et jamais dnoncs publiquement. Il fut interrompu huit reprises par les applaudissements de la foule et son discours fut courronn par une vritable ovation tandis que le roi Baudoin devint livide selon nombre d'observateurs. Lumumba intervint immdiatement aprs l'allocution du prsident congolais. C'est Joseph Kasongo, le prsident de la chambre des reprsentants qui donna la parole au Premier ministre la grande stupfaction du gouvernement Eyskens et du roi. Aucun des spectateurs de cette journe n'avait eu le projet de texte de Lumumba ni la presse, ni les Belges, ni les Congolais. Jean Van Lierde, ami belge de Lumumba, raconte comment il a vu Lumumba corriger son texte durant l'allocution du roi Baudoin et du prsident Kasa Vubu. C'est le contenu du discours qui va sceller le sort de Lumumba et montrer au monde entier de quelles valeurs, de quelle idologie politique il tait tremp. Pour la premire fois, un "ngre" devenu le plus haut responsable du gouvernement congolais, rvle au monde entier le sort que les coloniss ont subi sous le joug colonial au Congo. Comble du dshonneur, il ne s'adresse ni au roi, ni au gouvernement belge mais aux Conglais relguant les anciens colons au rle de spectateur : "Congolais et congolaises, combattants de l'indpendance aujourd'hui victorieux". De plus il explique que l'indpendance du Congo n'est pas un cadeau de la Belgique mais qu'elle a t proclame en accord avec la Belgique suite la lutte politique pour l'indpendance : "nul congolais digne de ce nom ne pourra jamais oublier que c'est par la lutte qu'elle a t conquise, une lutte de tous les jours, une lutte ardente et idaliste, une lutte dans la quelle nous n'avons mnag ni nos forces, ni nos privations, ni nos souffrances, ni notre sang". Lumumba dnonce alors ouvertement le systme colonial que Baudoin a glorifi comme le chef-d'oeuvre de son grand-oncle et le condamne comme "l'humiliant esclavage qui nous tait impos par la force" (Ludo de Witte, ibid, p. 33).

Discours du Premier ministre Patrice Lumumba, le 30.06.1960 Lopoldville Extrait vido cliquez ici Extrait du documentaire de Michel Noll,2001, Production Solfrino images/Quartier latin, WDR/ histoire Une mort de style colonial, l'assassinat de Patrice Lumumba "Congolais et congolaises, combattants de l'indpendance aujourd'hui victorieux. Je vous salue au nom du gouvernment congolais ... ...A vous tous, mes amis qui avez lutt sans relche nos cts ... Nous avons connu les ironies, les insultes, les coups que nous devions subir matin, midi et soir, parce que nous tions des ngres ...nous avons connu que la loi n'tait jamais la mme, selon qu'il s'agissait d'un blanc ou d'un noir... Qui oubliera, enfin, les fusillades o prirent tant de nos frres, ou les cachots o furent brutalement jets ceux qui ne voulaient pas se soumettre un rgime d'injustice,

d'oppression et d'exploitation ?..." Lire le discours complet de Lumumba Pour beaucoup d'observateurs, ce discours du "ngre" Lumumba s'adressant prsent d'gal gal aux anciens "matres" coloniaux avait sign son arrt de mort et cela d'autant plus que Lumumba allait joindre le geste la parole en tentant de casser la colonne vertbrale coloniale par la proclamation de l'africanisation de l'arme congolaise. Deux cent jours plus tard, Lumumba tait assassin au Katanga aprs maintes tortures. Ractions sur le discours de Lumumba par des tmoins prsents lors de son allocution. Transcription crite d'un extrait du documentaire de Michel Noll,2001, Production Solfrino images/Quartier latin, WDR/ histoire. Une mort de style colonial, l'assassinat de Patrice Lumumba "Mais Patrice tait tellement un homme libre que pour les gens s'taient tellement original de voir un ngre qui ne lchait pas les pieds des hommes coloniaux et des colons qu'instinctivement il devenait comme une menace. Et c'est a, cette libert qui a fait de lui cette mtore qui passe dans le ciel et puis qui disparat...Ca c'est vraiment le moment de ce discours du 30 juin 1960. Beaucoup de gens alors ont dit il a sign son arrt de mort avec ce discours. Puisque le gouvernement Belge alors, qui ne voulait pas de lui pas seulement cause du discours du 30 juin, mais parce qu'il tait Patrice Lumumba et que a concidait pas avec l'esprance des Belges ni avec celles des Amricains ni avec celles de beaucoup de gens du monde des affaires.". Jean Van Lierde, ami de Lumumba, militant belge anticolonialiste. "Cela a donn, un choc le discours de Lumumba a provoqu un choc, on s'y attendait pas et a a choqu beaucoup de Belges. Il condamnait systmatiquement la colonisation belge, il reprenait toutes les thses anticolonialistes les plus dures. On avait coup des mains, on les avait mis en esclavage et tout et tout." Louis Marlire, ancien colonel des services secrets belges. "Le roi Baudoin fait un discours, un discours dans lequel il magnifie le rle de la Belgique et il dit tout ce que la Belgique a apport au Congo. Et il dit aussi que l'on est arriv un moment o la Belgique dcide de donner l'indpendance au Congo et qu'il est venu pour a et que c'est trs bien. Kasa Vubu fait un discours dans lequel il remercie le roi Baudoin, il parle du Congo, il parle de l'avenir, trs bien aussi...Le discours de Lumumba n'tait pas prvu. Donc la presse internationale est l, tout d'un coup il se lve et il va la tribune". Jacques Brassine, ancien diplomate belge.

__________________________________________________________________ * E.D Morel, King Lopold II Rule in Africa, Westport, Negro University Press, 1970 (1re edition, 1904) ; Jules Marchal, E.D. Morel contre Lopold II, L'Histoire du Congo 1900-1910, L'Harmattan, 1985 ;D. Vangoenweghe, Du sang sur les lianes. Lopold II et son Congo, Bruxelles, Didier Hatier, 1986 ; A. Hotschild, Les fantmes du roi Lopold. Un holocauste oubli, Paris, Belfond, 1998. PRESSAFRIQUE 08.10.05 Comment l'Amricafrique, la Belgique, la Franafrique et l'Organisation des Nations Unies furent les fossoyeurs de Lumumba et de la dmocratie congolaise naissante Episode II : Comment la Belgique avec le soutien de la Franafrique et des Nations-Unies organisa la scession du Katanga et porta Tshombe la tte du Katanga Lire les autres pisodes

"Le peuple du Congo ne comprend pas que nous les agresss, nous qui sommes chez nous. (...) nous soyons systmatiquement et mthodiquement dsarms alors que les agresseurs, les Belges, qui sont chez nous en pays conquis, gardent encore et ont toujours leurs armes et toute leur puissance de mort.(...) Les forces de l'ONU laissent la scession se consolider dans le Katanga et les Belges s'y comportent comme en pays conquis sous le fallacieux couvert d'un pseudo-gouvernement provincial katangais que nous, gouvernement lgitime de la Rpublique du Congo, avons dclar dchu" 30 juillet, Gizenga, vice Premier-ministre de la Rpublique du Congo in CRISP, 1960, p165. Le 5 juillet 1960, le gnral Janssens, commandant en chef de la Force Publique, force coloniale forme par Lopold II et servant d'arme pour rprimer l'ennemi intrieur que constituait l'autochtone congolais, fait savoir qu'il ne peut tre question d'une africanisation. Il enseigne l'ensemble de l'arme que "Avant l'indpendance = Aprs l'indpendance". Ce qui signifie une sgrgation pour les militaires noirs qui sont tous confins des rles subalternes. En juin 1960, aucun noir ne dpassait le grade de sergent-chef dans la Force Publique, et le drisoire statut "d'volu", cens couronner les efforts d'assimilation des indignes, concerne peine un millier de Congolais sur treize millions. La raction ne s'est pas faite attendre. La base constitue par les congolais de l'arme se rvolte contre les officiers belges qui n'avaient aucune intention d'abandonner leur commandement. Lumumba proclame l'africanisation de l'arme et augmente les salaires de 30%. Janssens est dmis de ses fonctions, Vitor Lundula devient commandant en chef de l'Arme nationale congolaise (ANC) et Joseph Mobutu le chef d'tat-major. Les officiers belges ne pourront qu'exercer leur fonction qu'en tant que conseillers des officiers congolais. Trs vite le calme est ramen dans les garnisons de Lopoldville et Thysville. C'est alors qu'au Katanga, vritable poumon conomique du pays de par sa richesse prodigieuse, les colons et les officiers belges de l'arme dcident de refuser l'africanisation et s'appuient sur Tshombe, dnomm "Monsieur tiroir-caisse" ( L'assassinat de Patrice Lumumba, une mort de style colonial. Documentaire de Michel Noll) pour assurer une nocolonisation de la province. Le 8 juillet des rumeurs Lopoldville font part de viols d'Europennes par un petit

groupe de soldats provoquant un exode massif de nombreux colons vers la Belgique. Le 9 juillet, le gouvernement belge avec l'aval du roi Baudoin dcide de profiter de la situation pour intervenir l'autre bout du pays au Katanga. L'Assassinat de Lumumba Ludo De Witte, Edition Karthala p.40-41

"L'intervention a lieu dans la nuit du 9 au 10 juillet (1960, ndlr), quand les soldats noirs d'Elisabethville se soulvent contre les officiers qui veulent arrter l'africanisation. A 5h50, quatre avions s'envolent de la base de Kamina au Katanga, avec leur bord les hommes du bataillon d'infanterie Libration et un peloton de paracommandos. Les troupes atterrissent 6h20 : la crise congolaise est ne. Une fois les soldats congolais au Katanga dsarms (par les commandos belges, ndlr), Tshombe, qui est protg par des soldats belges, a la voie libre pour se soustraire au pouvoir de Lopoldville et pour proclamer l'indpendance de la province. "

Tshombe n'est en fait qu'un pantin au service de l'ancien colonisateur. Bunche, adjoint du secrtaire de l'ONU, dclare : " Tshombe est une marionnette, et rien de plus. En ralit, il reprsente trs peu de gens " (dclaration de Bunche, adjoint du secrtaire de l'ONU, le 21.07.1960). Bunche ajoutera son chef (d'aprs Ludo De Witt, Ibid) : "Tshombe tait une marionnette manoeuvre par les Belges". Voil quel tait le programme belge sous couvert de Tshombe au Katanga : "Une portion de l'humanit place en exergue est demeure sans civilisation, sans nergie, sans ides, sans intrts dfendre. (...) la race noire n'a rien derrire elle. Peuple sans histoire, sans philosophie, sans consistance aucune..." (Ludo De Witt, p. 81). On croirait lire du Stephen Smith, du Ngrologie pur jus, avant l'heure. Et Tshombe, proclam prsident du Katanga par les colons belges, de reprendre ce programme auprs de ses concitoyens : "Dans l'esprit des congolais quoi qu'en pensent certains Europens idalistes l'indpendance du Katanga n'est pas leur fait eux mais bien le fait des Europens ...La prsence des troupes belges permettra au pays de vivre une vie normale, mais celle-ci semble devoir tre [ncessaire] pendant trs longtemps dans le pays. Il est trs probable que d'ici peu un terrorisme s'installera l'intrieur du pays. (...) Le rgime dans lequel nous nous installons doit tre ncessairement un rgime de dictature".C'est ce que nous appellons un gouverneur nocolonial. Ce sont les membres du gouvernement belge qui chapitrent Tshombe. Il s'agit purement et simplement d'une rcupration nocoloniale du Katanga.

"Ce n'est pas Tshombe mais des hommes comme le comte d'Aspremont Lynden (ministre belge des Affaires africaines,ndlr), Rotschild (ambassadeur belge, ndlr) et Clemens (responsable du bureau conseil d'Elisabethville, ndlr) qui tirent les ficelles dans cet Etat d'oprette. Le prsident du Katanga est, selon les mots de Vandewalle, "guid par son triumvirat de tuteurs politiques"..."On tait oblig d'exercer une forte pression sur Tshombe pour lui viter de multiples btises conseilles par des irresponsables". (Ludo de Witt, Ibid, p. 83).

Extrait du documentaire de Michel Noll,2001, Production Solfrino images/Quartier latin, WDR/ histoire Une mort de style colonial, l'assassinat de Patrice Lumumba Extraits des actualits allemandes NDW, juillet 1960, propagande justifiant l'invasion du Katanga suite aux troubles et aux rumeurs de viols l'autre bout du pays Lopoldville entranant l'exil des Europens

Les mercenaires blancs de Tshombe dirigs par la Belgique sont surnomms "les affreux" et commettent les pires exactions. Ils rtablissent l'ordre (no)colonial au Katanga. L'attaque belge contre Matadi le 11 juillet est un chec mais trs vite les Belges et leurs mercenaires blancs progressent trs vite. Le 10 juillet Luluabourg est occupp, Lopoldville le 13, Bakwanga le 15, Coquilhatville le 16, Kindu le 17 juillet. L'avion de Lumumba et de Kasa Vubu ne peut se poser dans la province scessionniste du Katanga. Quant la France du Gnral de Gaulle, elle soutient politiquement puis militairement cette scession selon les aveux mmes de Maurice Robert ancien responsable du SDECE Afrique. Maurice Robert "Ministre de l'Afrique" Entretiens avec Andr Renault, Edition du Seuil. Page 162

Andr Renault : "Contrairement la plupart des pays, le gouvernement franais a pris rapidement position en faveur de la scession katangaise. Pierre Messmer, ministre des Armes, aurait d'ailleurs donn son accord Trinquier lorsque celui -ci est venu l'informer, en janvier 1961, de son intention de s'engager auprs de Tshomb... Maurice Robert : Disons qu'il a reu le fameux feu orange dont nous avons dja parl. Trinquier a prsent son projet aux autorits franaises. Elles ne s'y sont pas opposs, point. Contrairement ce qui a pu tre dit ici ou l, il ne lui a pas t demand d'intervenir au Katanga. La France tait favorable la scession et personne ne l'a dissuad de monter son opration...tout au moins dans un premier temps. En ralit, il ne russira pas mettre son projet excution malgr les appels rpts de Tshombe. Il se trouvera en butte l'hostilit des militaires belges qui combattaient auprs des Katangais et qui

voyaient d'un mauvais oeil l'intervention des Franais. Le Congo ex-Lopoldville tait leur ancienne colonie. Ils taient chez eux. Ils n'admettaient l'engagement des Franais qu' titre individuel et sous commandement belge, ce que certains ont accept, comme le lieutenant-colonel Faulques. Trinquier, lui, a refus ces conditions, et Bob Denard n'a pas t embauch... Dans sa reconstitution de l'implication de la France dans la tragdie congolaise, Claude Wauthier rappelle dans son livre Quatre prsidents et l'Afrique que Paris avait "fourni les premiers mercenaires qui permirent au gouvernement katangais de mettre sur pied sa "gendarmerie" de triste mmoire, puis de faire obstacle l'action des forces de l'Onu contre la scession".Ds le dbut de la crise, la France s'aligne aux cts des forces antilumumbistes, notamment par l'intermdiaire de l'abb Fulbert Youlou, prsident du Congo-Brazzaville voisin. Mais c'est surtout le Katanga qu'elle convoite. Le 11 juillet proclamation de l'indpendance du Katanga par Tshombe et ses mercenaires. La constitution katangaise est rdige par des diplomates belges notamment par le professeur Clmens et son adjoint Massart, selon les rvlations du Professeur Massart dans des notes confidentielles (Ludo de Witte, Ibid, p. 84). Cette constitution maintient la lgislation coloniale sur les mines de cuivre du Katanga. Trs vite Lumumba comprend que l'ancienne puissance coloniale a l'intention de balkaniser le Congo. Dclaration de Lumumba Extrait du documentaire de Michel Noll,2001, Production Solfrino images/Quartier latin, WDR/ histoire Une mort de style colonial, l'assassinat de Patrice Lumumba "Le complot tait dja prt. Les plans taient dja tablis, c'est d'imposer un gouvernement contre la volont du pays. La Belgique dsire balkaniser ce pays. L'clatement du Congo c'est demain"

Le 12 juillet le lendemain de la proclamation, devant l'ampleur de la dstabilisation en provenance de "l'extrieur", le gouvernement congolais en appelle l'ONU. Lumumba demande "une aide militaire (...) contre l'actuelle agression extrieure". Le 14 juillet le conseil de scurit dcide de fournir une aide arme au gouvernement congolais. L'opration Organisation des Nations Unies au Congo prend naissance : l'ONUC. L'ONUC dploie ses troupes et les soldats belges s'en vont du Congo l'exception du Katanga o ils pourront rester . Loin de prendre fait et cause pour le gouvernement lgitime de Lumumba, l'ONU met sur le mme pied d'estale la province scessionniste katangaise et le gouvernement de la Rpublique dmocratique du Congo. De fait l'ONU et son secrtaire gnral Hammarskjld entrine la situation nocoloniale au Katanga. Le gouvernement belge jubile et affirme avoir gagn la partie. Selon Ludo de Witte (Ibid, p. 51) : "Dans un tlgramme Bruxelles, d'Aspremont Lynden et Rotshchild jubilent que Hammarskjld "prserve compltement l'intgrit de fait du Katanga (...) il est possible ds maintenant de se montrer optimiste quant l'volution de la situation gnrale au Katanga. sauf nouvel accident, les structures katangaises seront protges par les troupes de l'ONU et assez bref dlai par les troupes katangaises elles-mmes commandes par des officiers belges, au lieu de l'tre titre extrmement prcaire par les troupes belges". Selon Ludo de Witte, la direction de l'ONU partageait la stratgie

occidentale qui entendait employer la scession comme instrument pour dtruire le gouvernement congolais. Le 26 juillet Pierre Vigny (ministre belge des Affaires trangres) avait incit la balkanisation du Congo : "Tout ralliement d'autres provinces du Congo au Katanga est donc encourager". Le 9 aout Deux semaines plus tard, Kajoi proclame l'indpendance du Kasa, riche province diamantifre. A cette scession organise par la Belgique aid d'un soutien logistique franais s'ajoute donc le soutien de l'ONU qui avalise la scession du Katanga. Au vu et au su de tous et au mpris de la souverainet du gouvernement de Lumumba, l'ONU accepte que les militaires belges restent au Katanga sous des uniformes africains pour former l'arme nocoloniale katangaise. L'ONU considre de facto le pouvoir mis en place par les Belges avec l'appui de la Franafrique comme un pouvoir lgitime. Dans cette affaire les dirigeants de l'ONU sont anti-Lumumba et le confessent sans ambage. Cordier, successeur amricain de Bunche et adjoint du secrtaire gnral de l'ONU n'hsite pas confesser en priv :"Nkrumah est le Mussolini d'Afrique, et Lumumba son petit Hitler...la seule solution possible (concernant le Congo, ndlr) est un changement la tte du gouvernement" (Ludo de Witt, p. 57). Quant au secrtaire gnral de l'ONU, Hammarskjld, il tait convaincu que "Lumumba devait tre bris" (M. Kalb, The congo cable, p.68). Alors que Lumumba avait t dsign par le parlement Congolais comme le chef du gouvernement d'un rgime parlementaire l'instar de la Belgique. Le Times du 16 aot crit que "Hammarskjld "laissait clairement entendre qu'il doutait du droit de Lumumba de parler au nom du gouvernement" (cit par Ludo de Witt, p. 53). Le Christian Science Monitor du 1er septembre crit que pour les diplomates de l'ONU " peu de larmes seraient verses" si Lumumba devait disparatre de la scne politique. __________________ ______________________________________ Samedi prochain : Episode III : La propagande nocoloniale raciste ou la campagne mdiatique de diabolisation et de dcrdibilisation du leader panafricain Lumumba aux yeux de l'Occident PRESSAFRIQUE 15.10.05 Comment l'Amricafrique, la Belgafrique, la Franafrique et l'Organisation des Nations Unies furent les fossoyeurs de Lumumba et de la dmocratie congolaise naissante Episode III : La propagande nocoloniale raciste ou la campagne mdiatique de diabolisation et de dcrdibilisation du leader panafricain Lumumba aux yeux de l'Occident Lire les autres pisodes

"Il n'est pas certain (...) que Hitler ait jamais t trait par la presse bourgeoise belge avec autant de rage et de virulence que le fut Patrice Lumumba" La Gauche, 04.03.1961 Au lendemain de l'indpendance du Congo proclame le 30.06.1960, la presse belge se dchana contre le leader nationaliste et panafricain Lumumba. Il fut prsent comme le diable personnifi. Lacommission d'enqute parlementaire belge (16.11.2001), lance la suite du retentissement de l'ouvrage de Ludo de Witte (L'Assassinat de Lumumba Ludo

De Witte, Edition Karthala- 2000), reprend sans beaucoup de distanciation cette propagande dans sa conclusion (pdf) si ce n'est au travers d'une forme de dialectique : "Lumumba tait une figure marquante, mais controverse. Les uns le tiennent pour un personnage satanique, tandis que les autres le considrent comme un vritable hros populaire. Ces derniers ont fait de Lumumba un mythe aprs sa mort. Le fait est qu'il tait le premier Premier ministre dmocratiquement lu au Congo". Le nom de code que lui accola la sret Belge lorsqu'elle organisa plus tard au mois de janvier 1961 la livraison de Lumumba aux autorits nocoloniales du Katanga fut celui de "Satan". Le colonel Marlire, responsable des services secrets belges, utilisera un code secret pour prvenir ses correspondants du Katanga de l'arrive du "colis" sous la forme suivante : "demande accord du juif pour recevoir Satan". Le colonel Marlire dans le documentaire de Michel Noll reconnat dans une interview que le mot "juif" dsignait Mose Tshomb et le mot "Satan" Lumumba : "- Pour nous Lumumba c'tait Satan, d'ailleurs il avait l'air satanique, sa petite barbiche, ses yeux, et Tshombe c'tait le juif, - Pourquoi? - le tiroir-caisse" (Une mort de style colonial, l'assassinat de Patrice Lumumba documentaire de Michel Noll,2001, Production Solfrino images/Quartier latin, WDR/ histoire ). Un Haut fonctionnaire de l'ONU en aout 1960 n'hsitait pas considrer en priv que "Nkrumah est le Mussolini d'Afrique, et Lumumba son petit Hitler ". (Cordier, Haut fonctionnaire de l'ONUC, aout 1960 cit par Ludo de Witte,p.57). Face l'mergence de ces leaders indpendantistes une presse souvent de renom vhicule les pires clichs racistes et ngrologiques usuels. Ainsi Homert Bigart, journaliste au New-York Times ayant reu deux fois le prix Pullitzer, dclara dans une lettre son diteur Emanuel Freedman en janvier 1960 alors qu'il couvrait l'indpendance du Ghana : "j'ai bien peur que je ne puisse pas avoir de quelcquonque enthousiasme concernant l es rpubliques africaines naissantes. Les politicien sont soit des escrocs ou des mystiques...Je prfre largement les gens primitifs de la fort. Aprs tout, le cannibalisme pourrait tre un antidote logique cette explosion de population dont tout le monde parle". ( Milton Alimadi, Inventing Africa). Concernant Lumumba, le Times du 16 aot crit que Hammarskjld, secrtaire gnral de l'ONU, "laissait clairement entendre qu'il doutait du dr oit de Lumumba de parler au nom du gouvernement" (cit par Ludo de Witte, p. 53). LeChristian Science Monitor du 1er septembre crit que pour les diplomates de l'ONU "peu de larmes seraient verses" si Lumumba devait disparatre de la scne politique. Revenons en ce mois de juillet 1960. La haine coloniale devenue nocoloniale allait se dchaner sur celui qui incarnait la perte du joyau colonial congolais, ce fameux gateau colonial qualifi de "scandale gologique". La propagande mdiatique d'une certain e presse belge proche des milieux royalistes, colonialistes va se faire selon deux directions : un discours de mpris fond sur des axiomes racistes et un discours de diabolisation prsentant Lumumba comme une menace communiste. Cette propagande va accompagner et justifier aux yeux de l'opinion publique internationale les efforts du gouvernement belge pour favoriser la balkanisation du Congo et affaiblir le gouvernement Lumumba. "Manu Ruys crit dans De Standaard du 16 juillet que Lumumba est "un dmagogue rvolutionnaire" qui ne vise qu' crer le dsordre et le chaos" cit par Ludo de Witte, L'assassinat de Lumumba,Karthala - (2000), p.47. "Voyez Lumumba. (...) C'est un barbare. (...) Il fait pleurer de rage des officiers [belges,

la plaine de Ndjili] dont un geste viril aurait dlivr la plante de son culot sanglant" La Libre Belgique, 27.07.1961. cit par Ludo de Witte, ibid, p.15. Et puis il y a les rancoeurs coloniales adresses aux autochtones censs partager les idaux du pouvoir nationaliste et indpendantiste en place Lopoldville. "Ce qui nous a particulirement frapp Elisabethville, et nous l'avons ressenti de faon dsagrable c'est la mentalit de tant de blancs qui, manifestement, n'ont rien appris des rcents vnements. Nous avons t tmoins l'aroport d'interpellation agressives de Blancs envers les Noirs qui venaient de dbarquer de Belgique ou de Lopoldville, contre la politique nationaliste [de la capitale congolaise]. Le Katanga, c'est notre pays, a lanc une dame un Noir ; nos maris doivent pouvoir mener ici terme leur carrire. Le Noir opinait, pas trs rassur". De Standaard, cit par Ludo de Witte, L'Assassinat de Lumumba Ludo De Witte, Edition Karthala - (2000). Lorsque Lumumba se rendit aux Etats-Unis pour demander le soutien logistique amricain pour lutter contre la dsintgration de l'Etat congolais face l'invasion Belge, il ne fut pas mme reu par le prsident tats-unien. Visite de Lumumba aux USA cliquez ici Extrait dure Une mort de style colonial, l'assassinat de Patrice Lumumba documentaire de Michel Noll,2001,Production Solfrino images/Quartier latin, WDR/ histoire "J'adresse au peuple amricain tout entier les sentiments d'amitis du peuple congolais qui compte beaucoup sur vous. Nous voulons que vous nous compreniez et que vous nous aidiez et que demain quand vous viendrez chez nous, les techniciens et les professeurs vous allez trouvez au Congo un peuple ami, un peuple frre." "A Blair House, une vieille dame s'occupe des htes. Elle est blanche. Pourvu que rien ne lui arrive". La Libre Belgique, 29.07.1960, lors de la visite de Lumumba Blair House (cit par Ludo de Witte, ibid). Lors de ce voyage Blair House, il fut prsent pjorativement au grand public dans un certain nombre de mdias comme "le premier ministre de la jungle" (Une mort de style colonial, l'assassinat de Patrice Lumumba documentaire de Michel Noll,2001, Production So lfrino images/Quartier latin, WDR/ histoire). Il en fut de mme dans une grande partie de la presse occidentale. Quelques exemples difiants : L'Express titrait : "Le diable, le prophte, et le voleur !" Pour le Daily Telegraph, c'tait "un clown". "Un chien" pour le Daily Mail. "Un sorcier noir" pour ParisPresse. Et pour d'autres journaux, Lumumba tait aussi : "l'abominable homme des neiges, le yti, le singe, le macaque, l'trangleur, l'Africain, le satyre, le sauvage, le primaire, la crature communiste, l'hystrique, le fanatique...". Quant au Guardian britannique, il concluait l'un de ses articles en crivant : "Il n'y a pas de quoi rire..." (France-Inter, Rendez-vous avec Monsieur X, 09.12.2000, Lumumba ). Un stock lexical rappelant s'y mprendre le bestiaire colonial ou le jargon utilis lors des fameuses expositions "ethnoscientifiques" "les fameux "zoos coloniaux". Lumumba lch par l'Occident se retourna vers l'Union Sovitique pour obtenir un

soutien logistique face l'invasion Belge sur un front distant de 1000 kilomtres de la capitale Lopoldville. Ce sont les sovitiques qui lui procurrent des avions pour transporter ses troupes suivis de quelques succs militaires. Lumumba venait de signer son second arrt de mort. La presse belge mais aussi occidentale considra Lumumba comme une menace venue de l'Est, il tait devenu l'homme abattre dans un contexte de guerre froide. L'alliance ONU-USA-Belgique-France en fut renforce pour tendre vers un mme objectif : l'limination de Lumumba. "En octobre 1960, (le major) Loos (conseiller militaire Bruxelles,ndlr) s'est occup de la diffusion des soi -disant messages intercepts o Lumumba aurait odronn aux dirigeants nationalistes de Stanleyville de "mener tous les habitants de la rpublique comme des moutons jusqu' (...) la premire phase de la dictature". Cette falsification se termine avec les paroles : "Vive l'Union sovitique. Vive Krouchtchev". Cette prose est remise aux mains de la presse belge, qui la reprend avidement." (cit par Ludo de Witte, ibid, p.115) Lumumba tes-vous communiste? cliquez ici Extrait dure 27 secondes Une mort de style colonial, l'assassinat de Patrice Lumumba documentaire de Michel Noll,2001,Production Solfrino images/Quartier latin, WDR/ histoire _____________________ "- Etes-vous communiste Monsieur Lumumba? - Euh je dois toujours rire quand on me pose cette question. Je ne suis pas du tout communiste. Vous savez que l'on m'a souvent prsent comme communiste antiblanc, anti-belge, l'homme qui veut dtruire, absolument pas. Je suis simplement un nationaliste, un leader natonaliste qui lutte pour un idal. Je ne suis pas du tout communiste et je ne le deviendrai jamais..."

A travers une srie de confrences de presse Lumumba essaya de rallier l'opinion publique internationale la cause de l'indpendance du Congo en dnonant l'intervention belge. Mais bien au contraire c'est lui que la presse prsenta comme un danger pour le monde. Certains articles dans le style de l'poque utilisait les pires clichs pour stigmatiser Lumumba. Ainsi un correspondant allemand crivait dans son journal :"Est-ce sa barbe la mphistophls ou ses yeux qui roulent comme des boules de billard derrire ses verres de lunette il y a quelque chose de terrifiant chez cet homme il a la tte d'un Lnine africain". (Une mort de style colonial, l'assassinat de Patrice Lumumba documentaire de Michel Noll,2001, Production Solfrino images/Quartier latin, WDR/ histoire). Lumumba dfendait des idaux d'indpendance, d'autonomi e, de prosprit et de dignit pour son pays et pour le peuple congolais qui n'taient absolument pas dans la mentalit de l'ancienne puissance coloniale de l'poque et de la real politik cynique en cours dans le contexte de la guerre froide.

Samedi prochain Episode IV : Les plans amricain et belge d'extermination de Lumumba : opration "L", opration "Barracuda", les tentatives d'assassinat de la CIA

Retour page d'accueil PRESSAFRIQUE 22.10.05 Comment l'Amricafrique, la Belgafrique, la Franafrique et l'Organisation des Nations Unies furent les fossoyeurs de Lumumba et de la dmocratie congolaise naissante Episode IV : Plans tats-unien et belge d'extermination de Lumumba : opration L, "Barra cuda", tentatives d'assassinat par la CIA. Lire les autres pisodes Ds le mois d'aot 1960, les Etats-Unis et la Belgique complotent pour liminer physiquement Lumumba. A cette fin plusieurs plans sont envisags pour se dbarrasser du reprsentant du peuple congolais, premier ministre lu dmocratiquement dans un rgime parlementaire. Chronologiquement, le premier plan d'assassinat connu est celui dvelopper par les autorits belges : l'opration L.Elle fut planifie le 2 aout. Opration L C'est dans les papiers du major Jules Loos, conseiller militaire du ministre belge des Affaires africaines et dans ceux d'Edouard Pilaet que l'on retrouve un document o les autorits belges envisagent l'asssassinat de Lumumba (Les secrets de l'Affaire Lumumba * , Luc De Vos, Emmanuel Gerard, Jules Grard-Libois, Philippe Raxhon ; p.141). A mots couverts il s'agit d'assurrer son limination en trouvant des personnes proches de son entourage pour favoriser son limination par empoisonnement ou plus exactement par une substitution de mdicaments. Les secrets de l'Affaire Lumumba *. Luc De Vos, Emmanuel Gerard, Jules Grard-Libois, Philippe Raxhon, p.141-142. Ed. Racine

"extrait de "l'opration L. Suggestions", note dactylographie non signe, s.d 2p.; PL 6d (facsimil, p.626-627) et Papiers Pilaet. 2. Quelques considrations quant au moyen d'entamer l'opration L. a/ Le got de l'intress pour les femmes est fort connu. Il y a peut-tre l un moyen de l'amener se dpartir de ses mesures habituelles de scurit personnelle.

b/ Le contact avec ses adversaires politiques doit absolument tre envisag, car ces derniers sont parmi les mieux placs pour aider dans le domaine du renseignement et mme de l'action... c/ Parmi les collaborateurs europens de l'intress, il est acquis qu'un certain nombre...se sentent maintenant engags au-del de ce qu'ils auraient souhait. Certains voudraient pouvoir faire machine arrire, ou au moins se constituer un "dossier L". Cette tendance pourrait tre exploite, en prenant le maximum de prcautions, compte tenu du manque de moralit des intresss et de leur versaltilit criminelle. d/ Il est vraisemblable que le sieur L. ne parvient tenir son train de vie, son nergie et son dynamisme qu' l'aide de drogues, soit coutumire, soit pharmaceutiques. Dans ces deux cas, il doit avoir des fournisseurs, des "conseillers mdicaux", en tout cas des personnes possdant sur l'intress une influence trs grande. Une substitution de mdicaments pourrait peut-tre envisag..."

Opration Barracuda Le plan Barracuda consistait en l'enlvement de Lumumba par des suppltifs autochtones en vue d'assurer son limination. "Vandewalle parle de Nol Dedeken dans ses Mille et quatre jours : sur ordre d'un "gnral belge", le major Loos, adjoint du ministre d'Aspremont Lynden, a envoy Dedeken au Katanga au cours de l't 1960. L'ancien chef de la compagnie des commandos de l aforce publique doit enlever Lumumba et forme en vue de cette action une trentaine de Baluba" (Ludo de Witte, L'Assassinat de Lumumba, Ed. Karthala , p.68). Pour information les Baluba qui avaient pris part la scession du Kasa ont subi les massacres des troupes congolaises de l'ANC diriges par Mobutu, une des raisons pour laquelle celui -ci sera renvoy de son poste de chef d'tat-major de l'arme congolaise par Lumumba** . Ce projet "Barracuda" est couvert au plus haut niveau, c'est dire par le gouvernement belge. "L'Affaire a t traite au plus haut chelon, car le ministre des Affaires africaines a donn le feu vert pour l'opration. Loos crit Marlire : "D'ordre du ministre coordination assur par Marlire qui doit renseigner Minaf (=Affaires africaines) ; celui-ci, sauf urgence, jugera opportunit". Le message est clair : le ministre apprciera l'opportunit de l'limination de Lumumba, sauf urgence. Autrement dit dans ce cas le ministre couvrira l'assasinat. Brazzaville est galement impliqu dans l'action, car Marlire promet Loos de discuter de l'affaire avec le consul gnral Dupret. Ces tlgrammes dmontrent sans ambigut que Bruxelles, quelques semaines aprs la dcision de Washington de traiter "l'loignement" de Lumumba comme point prioritaire, veut prendre l'action en mains". (Ludo de Witte, L'Assassinat de Lumumba , Ed. Karthala, p.68). Les plans tats-uniens Ds le mois d'aout, les autorits amricaines passent d'une hostilit mprisante de rserve l'gard de Lumumba l'chaffaudage de plan

d'limination physique. Il n'est pas pensable pour les USA tributaires des matires premires (notamment de l'Uranium congolais) que ce peuple puisse accder l'autodtermination et tre indpendant quand la vente et la distribution de ses richesses. Qui plus est, aprs avoir refus d'aider Lumumba lutter contre l'invasion belge, les USA voient d'un trs mauvais oeil le soutien sovitique apport Lumumba. Enfin la position gostratgique de la Rpublique Dmocratique du Congo vritale sous-continent au centre de l'Afrique fait considrer que celui qui contrle le Congo contrle l'Afrique subsaharienne. C'est partir du 12 au 15 aout que les USA vont entrine r des plans d'extermination de Lumumba au plus haut niveau. Le prsident Eisenhower influenc par le lobby militaro-industriel voque mot couvert l'limination de Lumumba. Allen Dulles, chef de la CIA considre la proccupation exprime par le prsident Eisenhower lors de la runion du conseil national de scurit du 18 aot 1960 comme un accord pour liminer Lumumba. Selon Luc de Vos et collaborateurs (Les secrets de l'affaire Lumumba, p.142), le rapport Church de 1975 mentionne au moins tois tentatives d'assassinat par la CIA. (Allegged Assasination Plots Involving foreign Leaders. An Interim Report of the Select Committee To Study Governmental Operations With Respect to Intelligence Activities Senate Reports N94-465, 94th Congress ; 1st Session ; 20 novembre 1975). Ces documents montrent que toutes ces actions ont t approuves dans les plus hautes sphres de l'administration de Eisenhower, soit le Conseil de Scurit National, soit le " Special Group ", compos du conseiller national la scurit, du directeur de la CIA, du sous-secrtaire d'tat aux affaires politiques et du secrtaire adjoint la dfense. Une tentative fut organise par l'agent QJ/WIN avec l'assentiment des autorits belges d'aprs Luc Vos et collaborateurs (Ibid, p.143). L'agent n en Belgique a t recrut en Belgique par la CIA. D'autres tentatives vont aussi avorter en ce mois d'aout. Le rapport Church fait aussi tat d'une tentative d'assassinat par un tireur d'lite mais sans succs. Le chef des oprations secrtes de la CIA, Richard Bissell a dclar : "La CIA tudia un ventail de mthodes pour se dbarrasser de Lumumba, dans le sens de le dtruire physiquement, de le mettre hors combat ou d'liminer son influence politique". (Ludo de Witte, p.56,L'Assassinat de Lumumba ). Ce fut selon Ludo de Witte (ibid, p.56), un scientifique de la CIA, nomm Gottlieb qui reu l'ordre de rassembler du matriel biologique dans le "but d'assassiner un dirigeant africain non identifi". Un haut fonctionnaire amricain, confirme cette planification d'assassinat dans le documentaire CIA, guerre secrte ralis par William Karel. Etats-Unis : la rgle du jeu. Afrique : l'toile noire(2/3). Documentaire. Scnario et ralisation de Peter Du Cane et Matthew Kelly. Production Australian Film Finance Corporation/Electric Picture/Wildfilm Australia Visualiser l'extrait cliquez ici " 15 ans plus tard j'ai lu le rapport Church sur

l'assassinat des dirigeants trangers. J'ai dcouvert que sur deux asassins de la CIA l'un tait un tireur d'lite l'autre tait un empoisonneur." "Le directeur scientifique de la CIA est all au Congo avec ce qu'ils appelaient un matriel biologique mortelle en ralit un virus quelcquonque. Mais il tait incapable d'introduire quelqu'un dans l'entourage proche de Lumba. Les Etats-Unis ont alors commenc comploter avec d'autres personnes au Congo des opposants Lumumba pour le tuer de faon plus traditionnelle".

Larry Devlin, responsable de la CIA Lopoldville ainsi que Franck Carlucci l'poque fonctionnaire de la CIA l'ambassade des USA Lopoldville ( futur directeur adjoint de la CIA qui fondera le Carlyre Group) confirment ces tentatives d'assassinat. CIA guerres secrtes : 1947-1977 : oprations clandestines. Ralis par William Karel visualiser un extrait cliquez ici Le 30 juin 1960, le Congo belge accde l'indpendance. Le premier ministre est le leader de gauche Patrice Lumumba. Or les Etats-Unis convoitent les immenses ressources minire sdu pays. Lumumba ne restera au pouvoir que deux mois. William Blum, haut fonctionnaire au dpartement d'Etat US : "C'tait un trs mauvais exemple pour le reste de l'Afrique. C'tait inacceptable (pour les autorits amricaines, ndlr). Son sort tait jou ds cet instant, il fallait donc le renverser." Charles Cogan, directeur du contre-espionage de la CIA 1995-1998 : Il y a eu une runion le 18 aout 1960 et Eisenhower a laiss entendre qu'il aimerait bien qu'on le dbarrasse de Lumumba. Franck Carlucci directeur adjoint de la CIA (1978 1981) : "j'tais l'ambassade et j'ai suggr que l'on pouvait vinc Lumumba de son poste de premier ministre...l'ordre avait t donn d'essayer d'liminer Lumumba. Ils ont fait parvenir du dentrifrice empoisonn au responsable de l'agence au Congo mais il a refus de s'en servir"... Charles Cogan, directeur du contre-espionage de la CIA 1995-1998 : "Mais Allen Dules a cru comprendre lors de cette runion du conseil de scurit natinale qu'on lui laisserait carte blanche et c'est ce qu'il a fait".

Franck Carlucci Franck Carlucci directeur adjoint de la CIA (1978-1981) : "L'ordre avait t donn d'essayer d'liminer Lumumba. Ils ont fait parvenir du dentrifrice empoisonn au responsable de l'agence au Congo mais il a refus de s'en servir. Un responsable de la CIA au Congo : Nos agents n'taient pas prts s'impliquer dans un assassinat. Franck Carlucci directeur adjoint de la CIA (1978 1981) : J'ai donc propos une solution politiqu e mais d'autres Washington ont pens qu' un autre type d'intervention serait plus appropri. "

Le chef de la CIA au Congo, Larry Devlin, est sans ambigut sur l'intention des USA d'liminer Lumumba. Mobutu roi du zare (1/3), ralis par Thierry Michel Larry Devlin : "Entre le 12 et 15 aot, je pense. Les USA ont dcid qu'il tait prfrable qu'un nouveau gouvernement arrive au pouvoir. Lumumba devait partir. La dcision a t prise au plus haut niveau. A l'poque on m'a dit qu'elle venait du prsident des Etats-Unis mais rien ne permet de le prouver ou de le dmentir. Lumumba devait tre limin phyiquement. Cela n'a jamais t communiqu par crit. J'ai reu l'instruction qu'un certain Joe. Une personne qui se prsentait comme Joe de Paris, allait arriver, que je le reconnaitrais comme tant un officier de la CIA, un officier suprieur de a CIA, et que je devais prendre mes instructions auprs de lui. Un jour que je sortais de l'ambassade, j'ai reconnu un homme qui attendait de l'autre ct de la rue. Et il m'a dit qu'il avait t dcid que Lumumba devait s'en aller et que s'il ne pouvait pas tre limin politiquement il devait l'tre physiquement". Si les plans tats-uniens et belges n'aboutissent pas en aot 1960, les deux allis (on verra que la donne gopolitique n'est pas si simple) semblent converger vers un consensus : l'limination politique de Lumumba est devenu la priorit absolue la fin du mois d'aot. Et tous leurs efforts tendent vers ce but notamment, comme on l'a vu dans les plans amricains et belges chaffaudes au mois d'aot, par l'instrumentalisation de l'opposition politique en vue de destituer Lumumba. ________________________________________________________

* mme si nous considrons que les auteurs de ce livre tendent "euphmiser" les responsabilits belges, ce livre regorge de documents trs intressants. ** ajout : Lumumba n'eut pas le temps de le faire. Mobutu tait l'poque colonel et non chef d'tat-major, rle dvou Lundula. Mobutu par contre tait bien la tte de l'ANC dans le Kasa o il dirigeait les oprations offensives.Retour la page d'accueil

PRESSAFRIQUE 29.10.05 Comment l'Amricafrique, la Belgafrique, la Franafrique et l'Organisation des Nations Unies furent les fossoyeurs de Lumumba et de la dmocratie congolaise naissante Episode V : La rsistible ascension de Mobutu, "gouverneur peau noire" au service de l'Occident Lire les autres pisodes "Quand les provinces ou les cits conquises avaient coutume de vivre, comme je l'ai dit, en libert, sous leurs propres lois, il y a trois faons de s'y maintenir : la premire de les dtruire ; la seconde d'y aller demeurer en personne ; la troisime, de les laisser vivre selon leurs lois, en prlevant des tribus aprs y avoir tabli un gouvernement peu nombreux qui te conservera leur amiti. Ayant t cr par le conqurant, ce gouvernement sait en effet qu'il ne peut durer sans sa puissance et sa faveur et qu'il doit faire tous ses efforts pour le satisfaire." Comment on doit gouverner les villes ou principauts qui, avant d'tre conquises, vivaient sous leur propre loi. Chapitre V. Le Prince de Machiavel. Si Mobutu parvint au pouvoir en renversant Lumumba au travers d'un coup d'tat militaire c'est essentiellement grce au soutien de la CIA et de la Belgique. L'essentiel des subsides que recevaient Mobutu provenaient de la CIA et de la Belgique. Le Dr Weissman, directeur du personnel de la souscommission de la chambre des Reprsentants des EtatsUnis sur l'Afrique de 1986 1991 a rvl dans, The Washington Post, l'existence d'un "Project Wizard" ou "Projet sorcier" non dclassifi par la Commission Church en 1975. Selon le Dr Weissman, le "Project Wizard" tait un programme d'action secret men par la CIA approuv par le prsident Eisenhower et couvert par le Conseil de Scurit Nationale, soit le "Special Group", compos du conseiller national la scurit, du chef de la CIA, du sous-secrtaire d'tat aux affaires politiques et du secrtaire adjoint la dfense. Le "Project Wizard" cr en aot 1960 par la CIA avait pour

but de destituer Lumumba. Ainsi des "documents tatsuniens d'archive montrent que la CIA partir du mois d'aot a fait travailler et payer huit haut fonctionnaires congolais - y compris le prsident Kasavubu, Mobutu (chef d'tat-major des armes), le ministre des affaires Justin Bomboko, le conseiller financier Albert Ndele, le prsident du Snat Ileo, et le leader syndical Cyrille Adoula - qui ont tous jou un rle dans la chute de Lumumba." Rvlations sur le rle jou par les Etats-Unis dans l'assassinat de Lumumba. Stephen R. Weissman, Washington Post, juin 2002. Le 27 octobre, le Special Group autorise la CIA financer directement Mobutu et son gouvernement hauteur de 250.000 dollars (de l'poque) puis ce sera la CIA, la Belgique qui fourniront des armes, des munitions et l'entranement militaire des forces armes de Mobutu. (Dr Weissman, ibid). "L'argent pour Mobutu provenait de toute faon galement de Bruxelles : dans un message de l'adjoint du ministre des Affaires africaines de fin septembre, nous lisons qu'il a dgag vingt millions de francs belges pour payer les soldes en vue de soutenir Mobutu". (L'Assassinat de Lumumba, Ludo de Witte, Ed. Karthala, p.75). Le chef de l'ONU, Dayal, rvla : "Des officiers de liaison des Nations Unies...racontrent que des attachs militaires occidentaux rendaient visite Mobutu, les coffres bourrs de paquets envelopps dans du kraft que, serviables, ils posaient sur sa table. Nous ne savions pas ce que c'tait, mais ne pouvions nous empcher de deviner." (L'Assassinat de Lumumba, Ludo de Witte, Ed. Karthala, p.75). Quant l'ONU, alors que Lumumba lu dmocratiquement a t destitu par un coup d'tat, elle payera les salaires des militaires congolais sous la coupe de Mobutu. Mobutu fut au dpart l'homme lige de la CIA et de la Belgique avant d'tre adoub et secouru par la Franafique dans une alliance transatlantique vidente faisant penser un dispositif digne de la mafiafrique. Mobutu rencontra Lumumba en 1958, Mobutu tait l'poque sergent dans la Force publique dirig par les Belges. Mobutu fut en fait enrl de force par les colons belges dans la Force Publique en 1950 en raison de comportement d'insoumission lors de ses tudes chez les pres missionnaires. Celui-ci rvait de devenir journaliste, il eut l'occasion d'crire dans le journal "Affaires Africaines". Il quitta la Force Publique pour devenir journaliste "Affaires Africaines" avant de devenir rdacteur en chef et c'est l qu'il y rencontra Patrice Emery Lumumba en juillet 1958. Il rencontra Lumumba au moment o celui-ci tait VRP pour une entreprise belge de vente de bire tout en tant le leader indpendantiste dont la popularit ne cessait de crotre. Ils ont sympathis assez rapidement et Mobutu deviendra secrtaire dlgu du parti de Lumumba, le MNC, ce qui ne fut pas sans entraner des rprobations au sein du parti. Lors d'une discussion Bruxelles en 1960 sur l'indpendance politique, Mobutu fut exclu par les membres de la runion au prtexte qu'il n'tait pas un lu politique. Il y avait une certaine suspiction notamment de la part de Maurice Mpolo

trs proche de Lumumba. Dans l'ombre de Patrice Lumumba, Mobutu parlait peu mais coutait beaucoup ( Documentaire Mobutu roi du Zare , Thierry Michel). Plus tard lorsque Lumumba voulu nommer Maurice Mpolo la tte de l'Etat-major, les conseillers belges de Kasavubu et certains proches de Kasavubu lui reprochrent son manque d'exprience et orientrent plus Lumumba vers Mobutu qui tait sergent dans la Force Publique. En Belgique, Mobutu allait parfaire son carnet d'adresse. Apprenti journaliste, il aimait les dners mondains et semblaient facilement "civilisable" selon les canons de la royaut et de la bourgeoisie belge. Mobutu l'encontre de Lumumba ne se cachait pas en Belgique d'tre un grand admi rateur du roi Baudoin depuis sa plus tendre enfance. C'est cette priode que l'on prsume qu'il fut approch par la CIA avant mme la proclamation de l'indpendance. Il gardera pendant une grande partie de son rgne de roi Ubu des liens troits avec la CIA. Ainsi Georges Bush pre, prsident des USA, lui gardera un soutien indfectible depuis l'poque o il avait t directeur de la CIA dans les annes soixante-dix . Leur lien d'amiti ira jusqu' l'adoption par la famille Bush de deux enfants de Mobutu (d'aprs ledocumentaire Mobutu roi du Zare ). Dans la tactique tatsunienne, Mobutu tait la pice matresse permettant aus USA de s'assurer du contrle des richesses faramineuses du Congo bas prix, de s'assurer de la main mise sur une rgion gopolitiquement cruciale comme point nvralgique et central de l'Afrique et enfin d'endiguer l'influence sovitique en Afrique dans le contexte de la guerre froide. L'activation de Mobutu s'est sans doute faite au moment o lui -mme avait t lch par Lumumba suite aux massacres du Kasa. Ces massacres furent dirigs par Mobutu, Lumumba avait l'intention de le remplacer par Lundula, chef des armes. A l'instar de nombreux gouverneurs installs dans les nocolonies franaises comme Albert Bongo, Eyadma, Bokassa...il fut souvent tributaire des ordres de ses parrains coloniaux. Ainsi le 16 septembre, deux jours aprs qu'il ait dmi Lumumba, Georges Denis conseiller belge de Kasa Vubu crit au ministre belge Wigny : " Acte de l'autorit du 5 septembre doit russir...premier et unique problme tait et reste d'liminer un seul homme : Lumumba. A cet effet disposer de l'arme...Ordonn Mobutu d'empcher chambres se runir en commun ce matin 9 heures ; a t excut ce qui est un fait nouveau d'importance considrable...notre politique du moment est d'appuyer Mobutu sans intervenir trop ouvertement et sans heurter son soi-disant neutralisme qui lui permet rallier toute l'arme...circonstances m'ont oblig de jouer un rle important...j'ai la conscience de participer une lutte capitale pour l'idal de libert occidentale...". (L'Assassinat de Lumumba, Ludo de Witte, Ed. Karthala, p.119). Mobutu considrait le pays comme sa proprit personnelle

l'instar de l'ancien colonisateur belge, le roi Lopold II. Il pilla donc sans vergogne le pays, riche en or, en diamants et en minraux divers. Il amassa ainsi une fortune colossale, l'une des plus importantes de la plante ; une fortune de plusieurs milliards de dollars quivalant la dette du Zare. Npotisme et clientlisme, affairisme et corruption furent les matres mots de son rgne. Enrichissement extrme de la camarilla au pouvoir et appauvrissement des quarante millions de Zarois, telle a t la ralit du Zare durant ces dernires dcennies. (Lutte Ouvrire, Voir : Mobutu, roi du Zare, de Thierry Michel). Un roi Ubu au service de l'occident qui ne tint son rgne que parce qu'il tait soutenu par l'Amricafrique et la Franafrique. Si le Mobutisme a russi unifier le pays sous sa coupe c'est au prix d'une vritable catastrophe conomique. Le rgime monarchique et la bourgeoisie d'tat abandonnent toute volont de dveloppement conomique et se contentent de ponctionner la rente minire et l'aide occidentale. Le dlabrement des infrastructures du pays aboutit une baisse dramatique du niveau de vie dans les annes 1980. Mobutu fut l'alli principal de l'Occident en Afrique pendant la Guerre froide et le Congo devint le relais pour les oprations de la CIA contre les rgimes africains soutenus par l'Union sovitique. Dans la presse ngrologique et raciste le dlabrement de l'conomie du pays Congo fut mis sur le compte de l'incapacit quasi-structurelle des Africains se diriger eux-mmes. Un atavisme construit bien commode pour viter d'aborder une face occulte de l'Histoire et les pratiques nocoloniales des anciennes puissances coloniales dans leur pr-carr Africain. Une indpendance en trompe l'oeil qui n'a t qu'une reconqute coloniale de l'conomie mise en coupe rgle par un tyran mandat par les USA, la France et la Belgique sous l'oeil bienveillant de l'ONU. Un rgime qui a ralis la prdation de l'conomie congolaise en systmatisant et encourageant la corruption. Ainsi Mobutu redistribuait son clan, en usant de la force, les entreprises performantes des congolais du pays tandis qu'une grande partie de la manne financire allait dans ses caisses en Europe et arrosait un grand nombre de dirigeants des pays occidentaux, les parrains du systme nocolonial. Un systme totalitaire fond sur l'embrigadement de la population, du contrle et du quadrillage des villes rappelant le savoir faire franafricain en la matire de guerre antisubversive . Un tat policier fond sur la rpression policire, l'assassinat d'opposants politi ques, les massacres de population civile, la torture systmatise dans les geles zaroises, o les cadavres des prisonniers politiques taient lchs la nuit, du haut d'hlicoptres en plein vol, dans le fleuve Congo ( Mobutu roi du Zare , documentaire de Thierry Michel). Un rgime fond sur le culte de la personnalit faisant de Mobutu un demi-dieu tout puissant, "un gouverneur peau noire", un roi Ubu mgalomane disposant de vie et de mort sur ses sujets. "Il assasinait aussi facilement qu'on crase un insecte" tmoigne Sakombi Inongo ancien ministre de l'information de Mobutu (Mobutu,

roi du zare, documentaire de Thierry Michel). Un rgime port bout de bras par l'Occident. A la fin de la guerre froide la donne change, Mobutu est lch par la communaut internationale notamment par les USA tandis que la Belgique et la France maintiennent Mobutu en place contre l'opposition politique naissante au Congo. Paris et Bruxelles estiment aprs la fin de la guerre froide pouvoir contrler, via Mobutu, la rgion des Grands Lacs et de consolider leurs positions dans la plupart des pays du continent et cela l'encontre des USA. Mobutu fut remis en course par la France qui fera de l'est du Zare de Mobutu un sanctuaire pour les gnocidaires rwandais lors de l'opration Turquoise en 1994. Les terribles Forces Armes Zaroises (FAZ), troupes d'lites de Mobutu, qui ont particip aux massacres de Tutsi ds le rgne du prsident Habyarimana recevront le soutien logistique franais. NOUVEL AFRIQUE-ASIE juin 1997 RPUBLIQUE DMOCRATIQUE DU CONGO Un Waterloo en Afrique ...Pour le chef de la diplomatie d'Alain Jupp, M. Herv de Charrette, Mobutu tait "l'homme incontournable". Jacques Foccart, lui, n'a cess d'affirmer jusqu' son dernier souffle que la "Franafrique" s'effondrerait si le matre de Kinshasa tait abandonn. Quant aux stratges en herbe de la DGSE, ils prconisaient de le soutenir, de le sauver, mme au prix d'une intervention militaire, si possible de concert avec des Europens, mais mme sans eux si cela s'imposait. Illusion, chimre. De fait, si l'ascension de Mobutu dans les annes soixante est due principalement la coalition forme par Washington, Paris et Bruxelles, sa chute a t prcipite par la politique de ces deux derniers, et surtout de la France. Ces deux pays estimaient en effet que la fin de la guerre froide pouvait leur permettre de contrler, via Mobutu, la rgion des Grands Lacs et de consolider leurs positions dans la plupart des pays du continent. La crainte que Paris nourrissait l'gard d'une influence anglo-saxonne l'a amen croire que risquait de lui chapper une base importante dans son dispositif de "protection" des rgimes du pr-carr franais. C'est cette phobie qui a abouti la faillite de la stratgie de la cellule africaine de l'Elyse o MM. Dupuch et Wibaux taient les vritables courroies de transmission de la vieille minence grise. Il ne comprenait pas que l'Afrique de la fin du XXe sicle n'est plus celle des annes cinquante et soixante. Rsultat : un Waterloo africain pour la

France... Samedi prochain : Episode VI 05.09.1960 la tentative de destitution parlementaire de Lumumba par Kasa Vubu Retour page d'accueil PRESSAFRIQUE 05.11.05 Comment l'Amricafrique, la Belgafrique, la Franafrique et l'Organisation des Nations Unies furent les fossoyeurs de Lumumba et de la dmocratie congolaise naissante Episode VI : Le 05.09.1960 - La tentative de destitution parlementaire de Lumumba par Kasa Vubu Lire les autres pisodes Fin aot, les autorits belges Bruxelles avec le nouveau ministre des Affaires africaines, Harold d'Aspremont Lynden et leurs agents belges Brazzaville, les autorits amricaines et l'ONU envisagent la destitution politique de Lumumba au travers de l'actionnement d'hommes liges leur tant favorables. Ainsi selon le Dr Weissman (Washingtonpost juin 2001 Rvlations sur le rle jou par les Etats-Unis dans l'assassinat de Lumumba ), le programme d'action secrte de la CIA dnomm "project Wizard" contribue la rmunration de la plupart des opposants Lumumba qui vont jouer un rle cl dans sa destitution notamment le prsident Kasa Vubu, Mobutu (chef d'tat-major de l'arme), le ministre des Affaires trangres Justin Bomboko, le prsident du snat Joseph Ileo, le leader syndical Cyrille Adoula... Toujours selon Weisman, "de nouveaux dtails montrent que les Etats-Unis avaient autoris des paiements au prsident d'alors, Joseph Kasa Vubu quatre jours avant l'viction de Lumumba". Le 26 aot, Allen Dulles en personne, directeur de la CIA, envoie un tlgramme Devlin, fonctionnaire de la CIA Lopoldville : "Dans les cercles dirigeants ici, on en vient la conclusion que si [Lumumba] reste au pouvoir, dans le meilleur des cas, la situation dbouchera sur le chaos, et dans le pire des cas, sur une prise de pouvoir communiste au Congo.(...) Nous avons dcid que son loignement est notre objectif le plus important, et que, dans les circonstances actuelles, il mrite grande priorit dans notre action secrte". (Ludo de Witte, p.56 , L'Assassinat de Lumumba). Toujours le 26 aot, la Mission permanente des Etats-Unis auprs de l'ONU envoie un tlgramme sign Hammarskjld o on y lit que "Lumumba doit tre bris". (Ludo de Witte, p.57 , L'Assassinat de Lumumba). Dans leur tlex du 3 septembre, des diplomates belges, Davignon et Westhof voquent le "renversement du gouvernement selon nos voeux" (Les secrets de l'affaire Lumumba, Luc de Vos et coll, p.137).Toujours selon les auteurs de Vos et coll. (p.137), le gouvernement belge finance certaines activits, non davantage prcises, de l'opposition au moyen des fonds dits "secrets" et avec l'aide de certains Belges sur place. Ensuite la diplomatie belge fournit au prsident Kasa Vubu les arguments juridiques dont il a besoin pour destituer Lumumba. "Dire que le gouvernement belge est impliqu revient constater avant tout l'implication du Premier ministre (Eyskens), du ministre des Affaires trangres (Wigny) et du ministre des Affaires africaines(Scheyen)" (Ibid,p.137). "Wigny dveloppe l'argumentation juridique, tandis que Scheyen finance les actions. Le premier ministre Eyskens donne sn feu vert pour le financement...". (ibid, p.137).

"De faon indirecte, mais non moins dcisive, le gouvernement belge a sensiblement affaibli la position du gouvernement Lumumba en accordant un soutien aux scessions du Katanga et du sud -Kasai" (Luc de Vos et coll., p.137). De fait la scession du Katanga puis de Kasa ont entran une situation de quasi guerre civile soigneusement entretenue par les forces transatlantiques et obligeant le gouvernement Lumumba se retourner dans un premier temps vers l'ONU. Du fait du soutien Onusien envers les autorits d'Elisabethville, Lumumba s'est retourn vers les sovitiques pour obtenir un soutien logistique afin d'assurer le transport de ses troupes. Les massacres dans le Kasa perptrs par les troupes diriges par le colonel Mobutu ont terni l'image du gouvernement Lumumba. C'est dans ce contexte que Kasa Vubu paul secrtement par l'ancienne puissance coloniale, les USA et l'ONU va organiser la destitution parlement aire de Lumumba. Une destitution anticonstitutionnelle dans un rgime parlementaire. Le 5 septembre 1960, avant que Kasa Vubu tienne son allocution la radio, l'ONU lui signifie son soutien quant son action par l'intermdiaire de Cordier responsable de l'ONU Congo : "Les reprsentants des Nations Unies soulignrent qu'ils ne pouvaient intervenir dans les affaires intrieures et que, si le prsident pouvait garder l'initiative, la prsence des Nations Unies et des Casques bleus pouvait jouer son avantage". (Ludo de Witte, p.61 , L'Assassinat de Lumumba). Droulement des vnements LE POTENTIEL 17.10.05 Ayant neutralis Kasa-Vubu et Lumumba Mobutu cre le collge des Commissaires gnraux ...Mercredi 5 septembre 1960, alors que la Radio-Lopoldville diffuse un cours d'anglais pour les auditeurs, l'mission est interrompue 20 h et quart. Kasa-Vubu prend la parole en direct. Il annonce brutalement la rvocation du Premier ministre Lumumba, qu'il va appeler sous l'motion le 1er bourgmestre. L'ordonnance signe le mme jour comportait quatre articles. Le 1er rvoquait Lumumba de ses fonctions de Premier ministre et de ministre de la Dfense ; le 2me rvoquait quelques-uns de ses ministres : Mwamba Rmy de la Justice, Gbenye Christophe de l'Intrieur, Kashamura Anicet de l'Information, Bolamba Antoine, Secrtaire d'Etat l'Information, Gizenga Antoine Vice-Premier ministre, Lumbala Jacques Secrtaire d'Etat la prsidence du Conseil des ministres ; le 3me nommait Joseph Ileo Premier ministre, ministre de la dfense et ministre de la Justice ; l'art. 4 le chargeait de l'application de l'ordonnance... La rponse de Lumumba ne se fait pas attendre, aprs avoir appris sa destitution illgale au regard de la constitution du pays, il dcide en tant que chef du gouvernement de destituer le prsident Kasa-Vubu plac cette place par le gouvernement Lumumba. LE POTENTIEL 17.10.05 Ayant neutralis Kasa-Vubu et Lumumba Mobutu cre le collge des Commissaires gnraux ...A 21 heures, Lumumba passe la mme radio. Il dnie Kasa -Vubu le droit de le rvoquer. Personne, pas mme le Prsident de la Rpublique n'a le droit de rvoquer un gouvernement lu par le peuple (.) C'est nous qui avons lu M. KasaVubu, qui n'avait pas la confiance du peuple (.) Si M. Kasa-Vubu est chef de l'Etat, c'est parce que nous l'avons voulu. Nous pouvons user du mme droit que lui, lui retirer cette confiance, et dire qu'il n'est plus aujourd'hui chef de l'Etat . Une heure aprs, Lumumba revient encore la radio, situe dans l'enceinte de l'actuel ministre des Affaires sociales la Gombe. Cette fois, il ne met pas les gants. Il va droit au but, et rvoque aussi Kasa-Vubu. Kasa-Vubu a trahi la nation, il n'est plus aujourd'hui chef de l'Etat. C'est le gouvernement qui assume souverainement les prrogatives de notre Rpublique. Il n'y a plus de chef d'Etat aujourd'hui dans notre Rpublique. Il

n'y a qu'un gouvernement populaire., avait-il dclar... On se retrouve alors dans une impasse avec Lumumba qui rfute juste titre le droit du prsident Kasa-Vubu de le destituer tandis que Kasa-Vubu appuy par les NationsUnies, la Belgique et les USA forment un nouveau gouvernement rejet par la majorit de la population et en premier lieu par les parlementaires Lopoldville. En fait Kasa Vubu se sert d'un artifice constitutionnel calqu sur celui de la Belgique, selon l'article 22 de la constitution congolaise rdige par la Belgique et reprenant l'article 65 de la constitution belge tomb en dsutude "le roi nomme et dmet ses ministres". Cet artifice juridique lui a t souffl par le gouvernement belge. Franois Perin, cit par Ludo de Witte (p.65, ibid), crit en 1960 dans la revue CRISP : "De l'action de Kasa Vubu, il peut etre dit avec raison (...) que la faon dont il fait usage de son pouvoir, sans se soummettre au parlement, quivalait un abus de constitution". Deux jours plus tard, Lumumba se prsente la chambre des reprsentants qui, par 60 voix contre 19, dcide d'annuler les rvocations mutuelles du 5 septembre. Elle cre en plus une Commission compromissoire devant prendre contact avec Kasa-Vubu et Lumumba. Le lendemain soit le 10.09.1961, c'est au tour du Snat suite un discours poustouflant de Lumumba de voter la confiance Lumumba et d'annuler son tour les deux actes de rvocation. Discours de Lumumba la chambre des dputs retranscrit et scnaris dans le film de Raoul Peck : Lumumba

"Monsieur le prsident, chers honorables dputs. Je prends la parole aujourd'hui devant vous car c'est mon devoir de vous informer sur ce qui se passe aujourd'hui dans notre pays. En aucun cas je n'ai t contre Kasa Vubu. De plus si celui-ci est aujourd'hui chef de l'tat c'est grce moi Lumumba. Certains dputs mme de l'opposition n'taient pas d'accord parce qu'il serait un sparatiste disait il. Et bien le danger qu'ils craignaient le voil aujourd'hui. Si aujourd'hui, je demande aux lus de la nation que M. Kasa Vubu ne soit plus chef de l'Etat il ne le sera plus. On a mobilis, on a mobilis des millions de francs pour mener une campagne contre moi par la radio. En lanant des tracs rdigs tous les jours pour une action psychologique pour tromper le peuple on me trate de tous les pithtes : Lumumba dictateur, Lumumba communiste, Lumumba moscou et tant d'autres. Est-ce que quand nous luttions ici qu'on m'a jet en prison parce que je rclamais l'indpendance immdiate, Etaitce des russes qui me conseillaient cela ? Quand nos frres luttaient partout tait-ce des russes qui nous instiguaient rclamer l'indpendance? Qui nous a exploit durant 80 ans? N'est -ce pas les imprialistes? La Reine Elisabeth de Belgique

est prsidente des amitis belgo-russes, est-elle communiste? Lorsqu'ils parlent contre Lumumba, sachez que Lumumba n'est qu'un bouc missaire et la bte noire. Ce n'est pas Lumumba qu'ils visent mais plutt vous et l'avenir du Congo. Mes chers frres, je fais appel vous sagesse. La situation est plus grave que vous ne l'imaginez. Unissons nous car vous tes capable de sauver ce pays. Oublions tout ce qui nous a divis jusqu'ici."

Amricains, Belges et reprsentants des Nations-Unies prennent conscience de l'ampleur du phnomne Lumumba et de sa popularit considrable au sein de la population mais aussi de son appui solide au parlement. Dans une note confidentielle, la CIA fait savoir que la mise l'cart de Lumumba n'est pas irrversible en dpit de la tentative de Kasa Vubu de nommer un gouvernement de transition : "Lumumba dans l'opposition est presque aussi dangereux que quand il est au pouvoir". (Ludo de Witte, ibid, p.66). L'ambassadeur des USA au Congo, Timberlake, fervent antinationaliste, commente le discours de Lumumba : "En trs grande forme, Lumumba a ananti les arguments de l'opposition...il a ridiculis Kasa Vubu". Dayal successeur de Cordier aux Nations-Unies voque le rsultat du vote du Snat de la sorte : "Kasa Vubu est politiquement trs affaibli...Les dveloppements de ce jour ont considrablement renforc la position de Lumumba..." (Ludo de Witte, ibid, p.66). Et Dayal de dire le 9 septembre : "Timberlake dit que Kasa Vubu a rat sa chance et qu'il est devenu inutilisable politiquement. Le danger immdiat consiste dans la possibilit que Lumumba obtienne la libert pour fonder un Etat policier dictatorial. Ce qu'on peut esprer de mieux dans les circonstances actuelles, c'est de tenter de revenir la situation qui a prcd la malheureuse dclaration de Kasa Vubu du lundi dernier (5 septembre) quoique cela soit difficile". (Ludo de Witte, ibid, p.67). La popularit de Lumumba est toujours forte aprs le 5 septembre, les ministres choisis par le gouvernement illgitime de Kasa Vubu doivent tre protgs. Ainsi le premier ministre Ileo est protg par l'ONU. D'ailleurs le quotidien belge la Libre Belgique ( septembre 1960) ne s'y trompe pas : "Si MM Kasa Vubu et Ileo devaient emporter enfin la victoire qu'ils mritent, c'est l'ONU qu'ils le devraient. Sans l'ONU, en quelques heures, Lumumba pourrait reprendre la situation en main avec ses centaines de fidle". L'ONU appuie le gouvernement illgitime de Kasa Vubu en fermant les aroports et en interdisant les missions radiophoniques sur Lopoldville. De telle sorte que Lumumba ne peut informer la population de ce qui se trame alors que la radio pro-belge de Brazzaville peut mettre sur Lopoldville. Le gouvernement Lumumba ne peut pas non plus transporter ses troupes pour faire respecter l'ordre Lopoldville pas plus qu'il ne peut envoyer ses troupes lutter contre la scession. Malgr cela Kasa Vubu est toujours autant affaibli et ne dispose d'aucune lgitimit au sein de la population congolaise. Le 10.09.1960, le ministre Wigny fait parvenir Kasa Vubu le message suivant : "il serait bon de faire tenir MM Kasa Vubu et Ileo un mesage qui aurait la teneur suivante : Mme si vous n'avez pas de rponse temps d'Elisabethville, nous estimons qu' l'intention de l'ONU vous devriez absolument, sans plus tarder, dclarer le gouvernement officellement constitu..." (Luc De Vos et coll, ibid, p.153 ). Un tltex du ministre belge des Affaires trangres,Wigny, en date du 11.09.1960 est sans ambigut sur la menace que reprsente Lumumba et l'absence relle de soutien politique interne Kasa Vubu : "Essentiel que gouvernement lgitime confirme par actvits son existence lgitime. Notamment doit se runir, dlibrer,

publier communiqus, donner certains ordres, garder contact avec autorit ONU Lo. Par ailleurs, doit paralyser Lumumba, dclarer qu'il est rebelle et interdire obir ses ordres dnus de toute valeur. En tout cas, empcher runion Chambres par lumumba dont activit serait facilite par absence opposition, inexprience des assembles parlementaires et loquence fascinante Lumumba. " (ibid, p.154) De par son charisme, "son loquence fascinante" (selon le ministre Wigny), sa lgitimit auprs de la population et son autorit politique, Lumumba inquite au plus haut point les dirigeants occidentaux qui veulent garder la main mise sur le Congo. L'chec du coup d'tat parlementaire ralis par l'intermdiaire de la marionette Kasa Vubu dsavoue par le Snat et la chambre des reprsentants. Pierre Wigny crit la mme poque aux autorits de Brazzaville : "les autorits constitues ont le devoir de mettre Lumumba hors d'tat de nuire" (Ludo de Witte, p. 67). "L'loignement" de Lumumba devient le point prioritaire aussi bien des USA, de la Belgique que de l'ONU son bras arm l'poque.

Retour la page d'accueil PRESSAFRIQUE 12.11.05 Comment l'Amricafrique, la Belgafrique, la Franafrique et l'Organisation des Nations Unies furent les fossoyeurs de Lumumba et de la dmocratie congolaise naissante Episode VII : 14.09.1960 le coup d'tat militaire de Mobutu Lire les autres pisodes Le 14 septembre 1960, Mobutu par un coup d'tat militaire neutralise tous les hommes politiques : Pour sortir le pays de l'impasse, l'Arme nationale Congolaise a dcid de neutraliser le chef de l'Etat, les deux gouvernements rivaux en prsence, ainsi que les deux chambres lgislatives jusqu' la date du 31 dcembre. Les politiciens pourront ainsi avoir le temps d'essayer de se mettre d'accord afin de mieux servir l'intrt suprieur du pays . (LePotentiel, Mobutu cre le collge des Commissaires gnraux ). Mobutu informe Kasa Vubu et Ileo de son coup de force avant son intervention la radio. Il dissout le parlement, les chambres et le gouvernement congolais pour installer un collge des commissaires comprenant des jeunes intellectuels tels que Albert Ndele, Marcel Lihau avec leur tte l'ancien ministre Justin Bomboko. Celui-ci en tant que chef de la dlgation congolaise aux Nations unies se trouve New -York, il est nomm prsident du collge. Pour Ludo de Witte (L'Assassinat de Lumumba, Edition Karthala), ce coup d'tat est la suite logique de la tentative de destitution parlementaire illgale de Lumumba par Kasa-Vubu. En effet le 12 septembre le gouvernement Ileo avait t rejet par le parlement. Ce dernier le qualifiant de somptueux premier minist