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Discours d’inauguration du 29e Salon du livre / JL Jean-Claude Villemain Maire de Creil, Conseiller départemental de l’Oise
Manufacture Le samedi 21 novembre 2015
Monsieur le Sous-Préfet,
Monsieur le Député, cher Michel,
Monsieur le Sénateur, cher Jean-Pierre
Madame la Vice-Présidente du Conseil régional, Chère Béatrice,
Mesdames et messieurs les élus,
Mesdames et messieurs en vos grades et qualités,
Hors de nos murs les obscurantistes. Hors d’ici les hommes, peut-on encore les
appeler ainsi, qui pointent des armes et assassinent aveuglément dans les rues de
Paris et du monde. Ici c’est la culture qui rayonne.
C’est la culture qui répugne les incultes bourrés de certitudes et de peur, peur des
autres, peur des lettres, de la connaissance et du monde. Ici, autour de nous, ce que
notre pays compte de plus précieux, ce qui fait de la France le pays des lumières,
des livres, des auteurs, des illustrateurs, des artistes, des poètes, des conteurs …
qui pensent, qui réfléchissent notre société et la font avancer.
C’est notre culture, notre art, cette richesse française qui a été visée le vendredi 13
novembre.
Jamais celles et ceux qui détruisent et assassinent n’ont écrit l’Histoire. Lorsque
l’humanité est prise pour cible et que se taisent dans un silence assourdissant, les
rires, la joie, l’amour, le bonheur, des vies arrachées, des orphelins qui ne
comprendrons jamais pourquoi, des parents endeuillés, des couples d’amoureux
séparés, des larmes de chagrins, c’est la folie et la haine qui frappent.
Ce rayonnement culturel français, cette aura qui émane de Paris au-delà de nos
frontières, partout dans le monde, il semblerait que certains y voient un danger. Et ça
l’est, car c’est un danger pour les ignorants et les fanatiques. La culture, c’est un
danger pour l’obscurantisme et l’asservissement.
C’est donc dans un contexte particulier et grave que nous inaugurons ce salon.
Je veux y voir un symbole fort de ce à quoi nous croyons et de ce que nous
défendons face à ces barbares.
En réaffirmant notre attachement viscéral aux livres, au savoir et au partage, nous
nous élevons unis et déterminés. Aucun coup de fusil, aucun autodafé, ne nous fera
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taire, car Paris, car la culture, car le peuple français, sont notre chaire, notre identité
et notre fierté.
Là où les barbares frapperont, nous rebâtirons, là où ils tueront, nous retournerons
plus nombreux, là où ils penseront nous avoir blessés, comme un os fracturé devient
plus solide, nous serons plus forts.
Aujourd’hui, à Creil, nous affichons clairement la couleur en dévoilant une fresque
monumentale sur la façade de notre maison de la culture, notre médiathèque.
Je suis fier d’accueillir Miss Tic et que ses mots « L’art et la vie ne font qu’un »
s’affichent à présent en grand, aux yeux de tous. Oui, l’art c’est la vie.
Une société qui ne se bat pas pour sa culture c’est une société qui creuse sa propre tombe. La culture nous transcende, elle est ce que nous léguons aux futures générations, la connaissance, l’éducation, la diversité et le dialogue. Les artisans de la mort, eux n’ont pas de culture, ils sont un non-sens de l’Histoire, des déchets de l’Humanité. Pour reprendre les mots du philosophe Nicolas de Condorcet « L'ignorance toujours mène à la servitude. » Je vous dirai aussi que la connaissance c’est la liberté. Alors, posons-nous un moment, l’atmosphère des bibliothèques y est propice.
Tâchons de mettre à profit les centaines d’ouvrages, les nombreuses rencontres et
conférences, pour écouter, discuter, partager, pour en sortir plus grands et plus
sages.
Je dois remercier et féliciter celles et ceux sans qui ce salon ne serait pas possible.
Merci à vous toutes et tous d’être présents, aux écrivains, aux illustrateurs, aux
visiteurs de témoigner leur attachement aux nourritures spirituelles.
Félicitations à l’équipe de la Ville aux livres, à sa Présidente Jeanine Elantkowski et à sa Directrice, Sylviane Léonetti.
Bien sûr c’est à regret que ce rendez-vous a été contraint d’être amputé des
rencontres à destination des scolaires pour des raisons de sécurité.
Le jeune public, qui j’espère sera nombreux, trouvera néanmoins pléthore de livres,
de BD, d’ouvrages de toutes sortes permettant à chacun de trouver son bonheur et
avoir le plaisir de tenir entre ses mains, feuilleter, sentir le papier et se plonger dans
des histoires propices aux rêveries.
Ouvrir un livre, ce n’est pas anodin, nous avons tous en tête au moins un livre qui
nous a marqué, au point de changer notre point de vue ou notre vision, au point de
voir les choses différemment.
Dans les moments tels que ceux que nous subissons aujourd’hui, me reviennent
pour ma part les mots d’un auteur qui m’a moi-même marqué, je pense au prêtre
jésuite, chercheur, paléontologue, théologien et philosophe Teilhard de Chardin,
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auteur du « phénomène humain » qui disait notamment « Ce n'est pas d'un tête-à-
tête, ni d'un corps-à-corps : c'est d'un cœur-à-cœur dont nous avons besoin. »
C’est souvent face à des évènements qui nous touchent tous et nous rassemblent,
que l’on reprend conscience de la valeur des choses et de ce qui est existentiel.
Aujourd’hui, nous sommes parisiens, Nous sommes croyants, Nous sommes athées, Nous sommes des hommes et des femmes qui aspirent à vivre heureux.
C’est justement le sujet de ce 29ème Salon, vivre heureux, trouver le bonheur.
Pour nous accompagner dans cette réflexion, je remercie nos nombreux invités et
notre invité d’honneur le pédiatre Aldo Naouri d’être ici aujourd’hui avec nous.
Ce salon, donne la parole au livre. La parole contre le repli sur soi, contre les peurs
et l’ignorance. Cette ignorance qui mène à la bêtise comme elle mène à la servitude.
Se cultiver c’est s’enrichir, c’est prendre une hauteur d’esprit et je n’hésite pas à le
dire, l’étroitesse d’esprit ne mène logiquement qu’à la petitesse. L’adage dit qu’on
vieillit plus vite en voyageant, nul doute que le livre est un voyage et sa découverte
permet de grandir.
Nous pouvons être fiers d’être dans une ville où l’art s’affiche sur les murs, dans les bus, dans les écoles. Cette semaine, les contes étaient dans les bus de l’agglomération, une manière d’amener la culture directement auprès du public, c’est de la même manière que nous nous réjouissons de cette fresque de l’artiste Miss Tic qui porte un message que nous revendiquons. Un dernier mot pour conclure que je reprendrai à Averroes, fameux philosophe, théologien, juriste, mathématicien et médecin musulman andalou qui a fait ce constat : « L'ignorance mène à la peur, la peur mène à la haine et la haine conduit à la violence. Voilà l'équation. » Je vous remercie pour votre attention.