24
L’idéologie de la Maison Alice-Desmarais est de travailler à un changement social visant une société non violente et égalitaire. La Maison Alice -Desmarais considère que l’inégalité des rapports entre les hommes et les femmes est à la base de l’oppression subie par les f emmes. La mission de la Maison Alice-Desmarais est de venir en aide aux femmes avec ou sans enfants, vivant de la violence conjugale, de promouvoir des relations saines et égalitaires, de sensibiliser la population à la problématique de la violence faite aux femmes, de lutter socialement et politiquement, de défendre les droits des femmes et de leurs enfants vivant de la violence conjugale. Tout ceci afin de permettre aux femmes de reprendre le pouvoir sur leur vie. Les valeurs de la Maison Alice-Desmarais tiennent compte de l’autre et du collectif et s’énumèrent comme suit : le respect, l’égalité, la solidarité, la coopération, l’autonomie et l’authenticité. Édition hiver-printemps 2015 Volume 12 Les voix d’Alice Alice en action Dans ce numéro: Alice en action Opinion d’Alice Alice se souvient Tranche de vie Les voix du cœur Alice en famille Les péripéties d’Alice Alice s’informe Entrevue spéciale Saviez-vous que? 6 8 10 12 13 14 16 17 22 Traduction du code de vie : afin de permettre aux femmes allophones d’avoir accès plus facilement à l’information au sujet du fonctionnement de la maison d’hébergement, la Maison Alice-Desmarais a traduit le code de vie en anglais et en espagnol. Bande dessinée : la Maison Alice-Desmarais est aussi très heureuse d’a- voir conçu une bande dessinée qui permettra aux femmes immigrantes de connaître l’existence d’une ressource qui peut les aider dans un contexte de violence conjugale. Les images sont exploitées comme moyen de communi- cation. L’écriture est présente au minimum, mais traduite en quatre lan- gues : français, anglais, espagnol et swahili. La bande dessinée peut être utilisée par des intervenants qui sont en contact avec des femmes immi- grantes et qui ne parlent pas la langue. L’outil a pour objectif de faciliter la référence. Par exemple, avec les images, il est possible de dire à la femme qu’on peut l’accompagner dans le processus de référence dans le but qu’el- le reçoive des services de la Maison Alice- Desmarais si elle le désire. La Maison Alice- Desmarais a sollicité l’organisme SERY (Solidarité ethnique régionale de la Yamaska) à certaines étapes du processus et tient à les remercier de leur apport.

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L’idéologie de la Maison Alice-Desmarais est de travailler à un changement social visant une société non violente et égalitaire. La Maison Alice-Desmarais considère que l’inégalité des rapports entre les hommes et les femmes est à la base de l’oppression subie par les femmes. La mission de la Maison Alice-Desmarais est de venir en aide aux femmes avec ou sans enfants, vivant de la violence conjugale, de promouvoir des relations saines et égalitaires, de sensibiliser la population à la problématique de la violence faite aux femmes, de lutter socialement et politiquement, de défendre les droits des femmes et de leurs enfants vivant de la violence conjugale. Tout ceci afin de permettre aux femmes de reprendre le pouvoir sur leur vie. Les valeurs de la Maison Alice-Desmarais tiennent compte de l’autre et du collectif et s’énumèrent comme suit : le respect, l’égalité, la solidarité, la coopération, l’autonomie et l’authenticité.

Édition hiver-printemps 2015

Volume 12

Les voix d’Alice

Alice en action

Dans ce numéro:

Alice en action

Opinion d’Alice

Alice se souvient

Tranche de vie

Les voix du cœur

Alice en famille

Les péripéties d’Alice

Alice s’informe

Entrevue spéciale

Saviez-vous que?

6

8

10

12

13

14

16

17

22

– Traduction du code de vie : afin de permettre aux femmes allophones d’avoir accès plus facilement à l’information au sujet du fonctionnement de la maison d’hébergement, la Maison Alice-Desmarais a traduit le code de vie en anglais et en espagnol.

– Bande dessinée : la Maison Alice-Desmarais est aussi très heureuse d’a-voir conçu une bande dessinée qui permettra aux femmes immigrantes de connaître l’existence d’une ressource qui peut les aider dans un contexte de violence conjugale. Les images sont exploitées comme moyen de communi-cation. L’écriture est présente au minimum, mais traduite en quatre lan-gues : français, anglais, espagnol et swahili. La bande dessinée peut être utilisée par des intervenants qui sont en contact avec des femmes immi-grantes et qui ne parlent pas la langue. L’outil a pour objectif de faciliter la référence. Par exemple, avec les images, il est possible de dire à la femme qu’on peut l’accompagner dans le processus de référence dans le but qu’el-le reçoive des services de la Maison Alice-Desmarais si elle le désire. La Maison Alice-Desmarais a sollicité l’organisme SERY (Solidarité ethnique régionale de la Yamaska) à certaines étapes du processus et tient à les remercier de leur apport.

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Produit par

la Maison Alice-Desmarais,

Février 2015

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Alice en action (suite)

P a g e 3

8 mars

La Coalition des groupes de femmes de la Haute-Yamaska et de Brome-Missisquoi réalisera la première édition du Gala Justice en tête, le 8 mars prochain, à l’occasion de la Journée internationale des femmes. Le 8 mars est propice pour promouvoir des valeurs de justice sociale. Justice en tête, c’est donc un gala résolument engagé pour la réalisation d’un projet de société à saveur féministe. On parle alors et surtout d’égalité, de diversité et de solidarité.

Dans notre communauté, plusieurs personnes travaillent quotidiennement à construire un monde plus près de ces valeurs. Ce travail d’importance, qui passe parfois inaperçu, mérite d’être souligné! C’est un apport précieux à la société et ça nous rapproche d’un monde de justice dans lequel nous voulons vivre.

Ce travail de transformation sociale sera souligné lors du Gala Justice en tête par le biais de trois catégories de prix.

Catégorie « pacifiste » :

♀ Les normes de beauté qui nourrissent des stéréotypes;

♀ L’obsession de la minceur;

♀ Le racisme;

♀ La violence conjugale;

♀ Le sexisme;

♀ L’intimidation;

♀ Etc.

Catégorie « économiste » :

♀ La réforme de l’assurance-emploi;

♀ La pauvreté;

♀ Les proches aidants;

♀ Les métiers dits masculins;

♀ Le bénévolat;

♀ Etc.

Catégorie « citron de la justice » :

♀ Les coupures dans les services gouvernementaux;

♀ L’accès aux soins de santé, à l’éducation, aux garderies;

♀ La hausse des frais de l’électricité, du coût de la vie;

♀ L’accès aux femmes aux espaces de pouvoir décisionnel;

♀ La publicité sexiste;

♀ Etc.

Les gagnantes de chaque catégorie seront invitées lors de ce gala à présenter leur projet. Vous souhaitez assis-ter au Gala Justice en tête? Il reste encore quelques billets. Un brunch sera offert le 8 mars à 9 h 30, au Château Bromont, au coût de 15 $ par personne. Pour plus d’informations, téléphonez au 450-378-9297.

Le Collectif 8 mars, Huguette Latulippe/Promotion inc.

Illustration : Virginie Egge

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Alice en action (suite)

P a g e 4

Marche mondiale des femmes 2015

4e action internationale

Du 8 mars au 17 octobre 2015, la Maison Alice-Desmarais sera en action dans le cadre de la Marche mondiale des femmes. La Coalition des groupes de femmes de la Haute-Yamaska et de Brome-Missisquoi, dont la Maison est membre, se mobilisera autour du thème : « Libérons nos corps, notre Terre et nos territoires » qui fait référence à trois enjeux, soit le contrôle du corps des femmes, le souci de l’en-vironnement et encore les guerres qui continuent d’af-fliger de nombreuses populations à travers le monde. L’action nationale de la Marche mondiale des fem-mes au Québec en 2015 aura lieu le 17 octobre à Trois-Rivières. Environ 15 000 personnes sont atten-dues.

Pour en savoir plus, visitez le site de la Marche mon-diale des femmes à l’adresse suivante :

http://www.mmfqc.org/appel-a-la-resistance/

La Maison Alice-Desmarais vous invi-te à emboîter le pas pour éliminer les causes de la pauvreté et de la violen-ce envers les femmes!

Fête annuelle

La Maison a renouvelé l’évènement de la fête annuel-le, comme chaque année, dans un esprit de fête et de réjouissance. Il est toujours agréable de revoir les fem-mes avec leurs enfants dans un contexte convivial.

Un buffet a été servi, des activités ont été organisées pour les femmes, et les enfants et chacune des per-sonnes présentes repartaient aussi avec un cadeau.

La Maison Alice-Desmarais remercie toutes les partici-pantes et les intervenantes qui font de cette journée un évènement mémorable.

Merci à toutes!

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P a g e 5

Fête annuelle

pour les femmes et enfants 2015

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Opinion d’Alice

P a g e 6

!

Qu’est ce que les hommes font pour que leurs conjointes restent?

Quand on regarde l’actualité, on est en mesure de constater que la violence conjugale est souvent un sujet abordé et qu’elle se produit aussi chez les gens riches et célèbres. Qu’on pense seulement à l’affaire Ray Rice : un joueur de football pour la LNF qui est filmé dans un ascenseur d’un casino d’Atlantic City. Lui et sa fiancée se frappaient mutuellement. Cela s’est terminé par un coup violent de la part de monsieur Rice qui a envoyé sa fiancée au plancher, complètement assommée. Il l’a même traînée dans le corridor.

On peut citer également l’affaire Pistorius : champion paralympique, Oscar Pistorius a été accusé du meurtre de sa fiancée Reeva Steenkamp (mannequin sud-africain) et il a été condamné à cinq ans de prison (la juge disait que Pistorius avait démontré une « grande négligence » en tirant plusieurs coups de feu à travers la porte de la salle de bain de sa maison ou Reeva était enfermée1. Lui s’est toujours défendu en disant qu’il pensait que c’é-tait un cambrioleur.

En ce qui concerne Ray Rice, sa fiancée, devenue son épouse, l’a défendu en disant que c’était une horrible cho-se que de retirer son mari du football et de faire revivre au couple des moments qu’ils regrettaient. Et elle avait aussi ajouté qu’il s’agissait de leur vie à eux et que personne ne connaissait la douleur que tous les commentai-res non sollicités du public avaient causée à sa famille2.

À la question « Pourquoi les femmes restent? », on vous posera la question : « Qu’est-ce que les hommes font pour que leurs conjointes restent? »

Dans une relation de violence conjugale, ce que les femmes veulent, c’est que la violence arrête. Elles veulent que la relation amoureuse continue. Les hommes, eux, vont tout faire pour convaincre leurs conjointes de res-ter.

Ils vont leur dire :

– Qu’ils vont changer;

– Qu’ils vont aller chercher de l’aide;

– Qu’ils les aiment et qu’ils ne peuvent pas vivre sans elles;

– Que c’est la femme de leur vie;

– Qu’ils vont s’investir davantage avec les enfants;

– Qu’ils vont faire tout ce qu’elles veulent;

– Qu’ils vont prendre plus de tâches;

– Qu’ils vivent aussi de bons moments ensemble;

– Que c’est une mauvaise passe, que cela va se placer;

– Qu’ils vont prendre soin d’elle davantage;

– Qu’ils vont lui faire des menaces.

suite page suivante...

1 Associated Press, 98,5 FM, Oscar Pistorius écope de cinq ans de prison pour la mort de son amie, [En ligne], [http://www.985fm.ca/

international/nouvelles/oscar-pistorius-ecope-de-cinq-ans-de-prison-pour-l-351566.html], page consultée le 24 novembre 2014. 2 Associated Press, Affaire Ray Rice : une nouvelle vidéo plus longue, [En ligne],

[http://www.lapresse.ca/sports/football/201409/09/01-4798668-affaire-ray-rice-une-nouvelle-video-plus-longue.php?

utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_vous_suggere_4798330_article_POS1], page consultée le 15

octobre 2014.

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Opinion d’Alice (suite)

P a g e 7

Il est important de réaliser que le contrôle peut se manifester d’une façon subtile. Il faut retenir qu’on peut le détecter en se référant à comment on se sent dans la situation. Si on n’est pas bien, il faut se questionner sur les évènements vécus.

Malheureusement, dans un contexte de violence conjugale, les hommes violents veulent combler leurs droits et besoins à eux. Ils veulent contrôler leurs conjointes au détriment des droits et des besoins de celles-ci et sans reconnaître les impacts de la violence sur elles.

Vous vous posez des questions sur votre relation amoureuse?

Vous avez laissé plusieurs chances à votre conjoint, mais vous continuez de vous sentir mal à l’aise et vous vou-lez en discuter?

La Maison Alice-Desmarais peut vous aider et vous respecter dans vos choix en toute confidentialité et sécurité.

Téléphonez en tout temps au 450 378-9297

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Alice se souvient (1960-1966)

P a g e 8

La révolution tranquille des fem-mes :

Dans un contexte de modernisa-tion, les femmes du Québec sont présentes plus que jamais dans les sphères d’influence sociopolitique. Elles gardent en tête le droit de vote qu’elles ont depuis 1940. Elles tentent de démontrer l’importan-ce de leur implication dans l’exer-cice de leur citoyenneté, comme membres à part entière de cette société québécoise, en pleine transformation.

À la Fédération des femmes libéra-les, on se soucie de faire plus que des collectes de fonds et des rela-tions sociales. On veut éduquer p o l i t i q u e m e n t l e s 20 000 membres. En effet : « Mariana Jodoin, une des prési-dentes parmi les plus motivées et dynamiques (elle a d’ailleurs été nommée sénatrice à Ottawa en 1953), décide de faire de cette fé-dération une école de formation politique. Elle organise des collo-ques avec des invités prestigieux, des journées d’étude pour infor-mer les membres des politiques du parti. Les femmes qui lui succèdent à la présidence planifient des conférences, mettent sur pied une Commission politique, organisent des ateliers de formation où les membres peuvent se familiariser avec les procédures parlementai-res. Elles reprennent ainsi les acti-vités mises en place à Marie Gérin-Lajoie de 1921-1927. Les partisans libéraux doivent maintenant tenir

la création des collèges d'en-seignement général et profes-sionnel (cégep) en remplace-ment des collèges de l'époque dirigés par des religieux;

la formation poussée des enseignants;

l’accès facilité aux universités en dehors de toute apparte-nance social4.

Sur le plan légal, un élément im-portant ne peut être passé sous silence. En effet, c’est en 1964 que le projet de loi 16 (bill 16) est concrétisé. C’est Marie -Claire Kirkland (avocate et dépu-tée) qui fait adopter la loi sur la capacité juridique des femmes ma-

riées. Cela leur permettait d’exer-cer des actes juridiques sans le consentement de leurs maris (quelques exemples : signer un bail seule sans la signature de son mari ou ouvrir un compte en banque à son propre nom, sans l’autorisa-tion de son mari). Cela faisait plus de soixante ans que les féministes attendaient ces changements. Quelle belle victoire!

3 DUMONT, Micheline. Le féministe québécois raconté à Camille, Éditions du remue-ménage, Montréal, 2008, page 103. 4 Commission Parent, [En ligne], [http://fr.wikipedia.org/wiki/Commission_Parent], page consultée le 2 octobre 2014.

compte de l’opinion des fem-mes3. »

Sur le plan de l’éducation, deux femmes siégeront à la commission Parent : sœur Laurent-de-Rome et Jeanne Lapointe. La première est une religieuse de Sainte-Croix, pro-fesseure de philosophie dans un collège féminin. La deuxième ensei-gne la littérature à l’Université La-val. Leur participation montre que les femmes avaient maintenant une influence sur les directions sociales que le gouvernement prendrait; elles s’assureront que les nouvelles écoles soient accessibles à toutes les filles.

Qu’est-ce que la commission d’en-quête Parent? : « La Commission royale d’enquête sur l’enseigne-ment dans la province de Québec, mieux connue sous le nom de Commission Parent (elle porte le nom de son président Alphonse-Marie Parent), est une commission royale d'enquête qui a fait état de l a s i t u a t i o n d e l'éducation au Québec dans les années 1960. Son rapport, le rapport Parent, est publié en 3 tomes, répartis sur 5 volumes, en 1963-1964. Il suggère diverses ré-formes du système d'éducation québécois en proposant notam-ment :

la création du ministère de l'Éducation du Québec;

la scolarisation obligatoire jus-qu'à l'âge de 16 ans;

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Alice se souvient (suite)

P a g e 9

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veux retourner avec lui? La répon-se est non, mais voilà des exem-ples de stratégies qu’il utilise pour essayer de me faire changer d’i-dée :

– Il a utilisé son enfant; il a raconté des mensonges à propos de lui en disant qu’il avait de la peine et qu’il avait besoin de moi pour lui donner de l’affection.

– Il me texte continuellement pour me mettre à l’envers, mais il ne reconnaît pas ses torts. Il s’arrange pour que je ne l’oublie pas.

– Il garde mes effets personnels. Il me dit que, si je veux récupérer mes affaires, je dois aller les cher-cher. Il sait que de cette manière, je risque de retourner avec lui.

– Je le bloque sur Facebook, mais il passe par le compte de quelqu’un d’autre pour essayer de m’attein-dre de nouveau.

Mon désir est toujours de garder mes positions et de m’entourer des bonnes personnes. Je reprends tranquillement du pouvoir sur ma vie et je me sens de mieux en mieux. Je reste déterminée que cette fois, c’est la bonne.

Pour terminer, je dirais à celles qui luttent d’apprendre à vous aimer d’abord, d’apprendre à vous faire confiance dans vos décisions. Allez chercher des outils pour vous aider et surtout, n’ayez pas peur de dé-noncer. Oui, monsieur fera tout pour vous récupérer, mais vous avez la force pour vous en sortir!

Une femme déterminée!

Dois-je me satisfaire d’un mini-mum?

C’est mon ex qui me répétait régu-lièrement cette phrase, car il me disait que je devais m’attendre au minimum de sa part. C’est ce qu’il disait qu’il pouvait m’offrir. C’est une phrase qu’il a installée dans ma tête et dont je lutte mainte-nant pour me débarrasser. Je veux reprendre du pouvoir sur ma vie. Défaire ce discours intérieur fait partie de mon processus pour re-trouver le pouvoir sur ma vie.

Depuis mon tout jeune âge, après l’abus de mon père (inceste), ma mère nous a placés, mon frère et moi, dans des familles d’accueil. À cet âge, je ne comprenais pas pourquoi mon père m’avait fait une telle chose et je ne compre-nais pas non plus pourquoi ma mè-re me plaçait. Mon frère a fait une fugue de chez sa famille d’accueil et ma mère l’a repris. Alors, moi aussi, j’en ai fait une, mais ma mè-re ne m’a pas reprise. C’est devenu l’horreur de ma vie : l’abandon, le rejet et le désir de me sentir ai-mée.

Ce besoin non comblé m’a apporté beaucoup de déceptions affecti-ves. J’étais prête à me faire aimer à n’importe quel prix.

J’ai vécu treize ans de mariage dans un esprit confus. J’étais avec un homme violent qui me faisait vivre des abus de toutes sortes : violence verbale, psychologique, sexuelle et financière. J’ai aussi développé une dépendance aux drogues. Mes enfants et moi som-mes sortis de ce milieu il y a envi-

ron une dizaine d’années.

Par la suite, j’ai connu quelques relations amoureuses qui n’étaient pas vraiment sérieuses jusqu’à l’an-née dernière où j’ai rencontré un gars avec qui je jasais depuis quel-ques années sur les réseaux so-ciaux. Lorsqu’un évènement mal-heureux est arrivé dans sa vie, j’ai décidé de le voir et de le sauver de cet évènement. J’ai vécu un an d’enfer avec ce gars. Son indifféren-ce envers mes émotions et mes be-soins m’ont traumatisée à un tel point que je ne savais plus qui j’é-tais. J’ai été un an enfermée, isolée, à me faire dire de fermer ma « gueule » et à attendre un mini-mum de sa part. J’étais toujours celle qui avait tort, qui ne faisait jamais rien de correct. Je ne me sentais pas bien là-dedans, mais je l’aimais; j’aurais voulu que cette violence arrête, mais elle conti-nuait.

Quand j’ai eu l’occasion de partir, j’en pouvais plus. Je me suis dit que je n’avais plus de temps à perdre avec des relations de ce genre.

En partant de la Maison Alice-Desmarais, je pars outillée et beau-coup plus confiante. C’est bon de penser à soi et de savoir que l’im-portant, c’est d’être bien avec soi-même d’abord.

Mais je peux vous dire que, même avec toute cette bonne volonté de m’épanouir, mon ex travaille très fort pour que je retourne avec lui.

Le doute est encore très présent à l’intérieur de moi. Est-ce que je lui en demande trop? Est-ce que je

Tranche de vie

P a g e 1 0

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Tranche de vie (suite)

P a g e 1 1

Réalité: Pas néces- sairement. Un manque de

confiance en soi n’est pas une condition inéluctable pour

vivre de la violence conjugale. Par contre, c’est inévitable

que le fait de vivre de la violence attaque directement la

confiance en soi.

Mythe: « Si une femme s’engage avec un

homme violent, c’est parce qu’elle avait un

manque de confiance en elle au départ. »

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Les voix du coeur

P a g e 1 2

Voici des lumignons confectionnés par des femmes présen-

tes à la fête annuelle de la Maison. Ils ont été réalisés

dans le cadre de l’activité « laisser sa trace ».

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P a g e 1 3

Alice en famille

P a g e 1 3

Dans le même ordre d’idée que l’article contenu dans l’opinion d’Alice (page 6)

La Maison veut aussi vous sensibiliser aux faits que les hommes peuvent faire preuve de stratégies auprès des enfants afin que la femme reste ou décide de revenir.

Voici quelques exemples concrets5 :

– Dire à la femme qu’ils vont lui enlever la garde des enfants.

– Faire pression sur la femme en disant aux enfants que c’est de la faute de leur mère si la famille est divi-sée, en s’assurant que les enfants pren-dront pour eux et qu’ils convaincront leur mère de changer d’idée.

– Mentionner devant les enfants qu’ils aiment vraiment leur mère en espérant que les enfants communiqueront les infor-mations à la femme.

– Dire à la femme qu’ils vont passer plus de temps avec les enfants afin de lui lais-ser plus de moments pour elle.

– Pleurer devant les enfants.

– Planifier de prendre les enfants la pro-chaine fin de semaine. La femme en profi-tera pour organiser du temps pour elle. Mais ils vont annuler à la dernière minute.

Il est normal que la pression pour retour-ner avec son conjoint se fasse sentir sur la femme sur-tout quand il est question des enfants. La femme veut que la violence arrête.

5PARADIS, Louise. L’enfant, une éponge... L’enfant exposé à la violence conjugale. Son vécu, notre rôle. Québec, Direction régio-

nale de santé publique de la Capitale-Nationale, 2012, 131 pages. [En ligne],

[http://www.dspq.qc.ca/publications/eponge-web.pdf], page consultée le 20 janvier 2015.

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Les péripéties d’Alice

P a g e 1 4

J ’ai rencontré Alain à une soirée chez une de mes bonnes amies de filles. Son entregent, son sourire et sa gentillesse sont les premières choses qui

m’ont attirée. Nous avons beaucoup discuté durant cette soirée. On avait plusieurs choses en commun : les voyages, le sport, le cinéma, la gastronomie, pour ne nommer que celles-là. Nous nous sommes laissé nos numéros de cellulaires dans le but de nous rappeler, afin qu’on puisse aller manger ensemble. Il m’a téléphoné tout de suite le lendemain. Il m’a dit qu’il allait venir me chercher à 18 h sans faute et qu’il m’amènerait dans un restau-rant-surprise. J’avais déjà prévu quelque chose avec ma mère, mais je me suis dit qu’il ne fallait pas que je laisse passer ça et que ma mère allait certainement comprendre. Le souper était merveilleux : ambiance feutrée, vue magnifique et nourriture excellente. Une seule chose m’avait un peu mise mal à l’aise : quand il est venu me reconduire à la maison, avant que je descende de la voiture, il s’est empressé de m’embrasser. Je ne l’ai pas trop montré, et je me suis dit qu’il était un peu maladroit. Plus le temps avançait et plus nous passions du temps ensemble. Mes bonnes amies que je voyais régulière-ment commençaient à se plaindre que je n’avais ja-mais de temps pour elles. Quand je lui en parlais, il me disait qu’à la longue, elles comprendraient et que de toute manière, c’était avec lui que je devrais être par-ce que nous étions en couple. Malgré mon désir de vouloir être aussi avec mes amies, il trouvait toujours le moyen de me convaincre. Il disait qu’il m’aimait beaucoup et que rien ne nous séparerait et qu’il aime-rait mieux mourir que de vivre sans moi. C’est certain qu’on ne s’ennuyait pas avec tout ce qu’il organisait, mais d’un autre côté, je ne me sentais pas bien, j’avais besoin d’air, je me sentais étouffée. Vous arrive-t-il de penser que votre conjoint est contrôlant/violent? ⃝ Il est jaloux.

⃝ Il vous surveille.

⃝ Il menace de vous quitter.

⃝ Il ne veut plus que vous voyiez votre famille.

⃝ Il vous abaisse.

⃝ Il dit avoir besoin de votre aide.

⃝ Il ne vous respecte pas, après tout ce que vous

avez fait pour lui et toutes les chances que vous lui

avez données.

⃝ Il vous a déjà fait mal.

⃝ Il dit que vous êtes une mauvaise mère.

⃝ Il vous fait peur.

⃝ Il n’arrête pas de vous appeler.

⃝ Il devient gentil quand il voit que vous en avez as-

sez.

⃝ Votre conjoint remet toujours en doute votre fa-

çon de vous habiller, de vous maquiller. Ou il vous im-

pose ses goûts.

⃝ Il vous achète un cellulaire. Ainsi, il peut vous join-

dre en tout temps. Il vous dit qu’il est inquiet.

⃝ Sexuellement, c’est lui qui décide. C’est difficile de

dire non.

⃝ Vous vous sentez paralysée.

⃝ Quand vous avez un conflit, c’est toujours de votre

faute.

⃝ Pour avoir la paix, vous dites ce qu’il veut entendre

et faites ce que vous pensez qu’il désire.

⃝ Lorsqu’il arrive, vous ressentez une boule dans la

gorge.

Si vous ressentez un malaise, faites confiance à vos impressions. Les commentaires de votre entourage peuvent aussi servir de sonnette d’alarme. À la lecture de ces énoncés, si vous ressentez quelque chose qui vous dérange intérieurement, parlez-en à une personne de confiance ou téléphonez à la Maison Alice-Desmarais pour en discuter.

Ligne d’écoute en tout temps : 450-372-9297

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Les péripéties d’Alice (suite)

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La violence conjugale est plus pro-fonde qu’on pourrait le croire. Il s’a-git d’une intention de contrôler de la part du conjoint. Intention qui se manifeste par différentes stratégies pour contrôler sa conjointe et ses enfants. Il prendra rarement sa res-ponsabilité sur ses comportements violents et utilisera des excuses pour les justifier.

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Alice s’informe

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Les crimes dits « d’honneur » c’est quoi au juste?

Le concept de crimes dits « d’honneur » recouvre toute forme de violence à l’encontre des filles et des femmes (plus rarement des hommes et des garçons), au nom de traditionnels codes d’honneur, exercés par des membres de la famille, des mandataires ou par les victimes elles-mêmes. Les crimes dits « d’honneur » constituent une violation grave des droits de la personne qui les subit. (Conseil de l’Euro-pe, 2009, paragraphe 138).

« La définition est suffisamment générale pour en-glober les violences commises au nom de “l’honneur” sous quelque forme que ce soit, telles que le meurtre, le suicide forcé, le viol, le viol en réunion, la torture, les coups et blessures, le test de virginité, l’enlève-ment, le mariage forcé, l’éviction forcée, les brûlures domestiques prétendument accidentelles, les atta-ques à l’acide et les mutilations. Il est souhaitable de préciser que l’existence d’une liste détaillée ne peut être invoquée pour ne pas sanctionner un agissement absent de la liste9. »

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« Selon de nouveaux chiffres de l’organisation de l’ONU, parmi les 700 millions de femmes victimes de mariage forcé, plus d’une sur trois (250 mil-lions) l’a été alors qu’elle n’avait pas 15 ans. Concernant les mutilations génitales parti-culièrement pratiquées dans 29 pays d’Afrique et du Moyen-Orient, l’Unicef note une amélioration de la situation, affirmant que le risque pour une adolescente de subir une excision s’est réduit d’un tiers en 30 ans6. »

6AFP. Plus de 700 millions de femmes concernées par les mariages forcés dans le monde, Libération, 22 juillet 2014 [En ligne],

[http://www.liberation.fr/monde/2014/07/22/plus-de-700-millions-de-femmes-concernees-par-les-mariages-forces-dans-le-

monde_1068230], page consultée le 5 janvier 2015. 7VASTEL, Marie. La criminalisation des mariages forcés réjouit, Le Devoir, 7 novembre 2014, [En ligne], [http://

www.ledevoir.com/politique/canada/423263/la-criminalisation-des-mariages-forces-rejouit], page consultée le 5 janvier 2015.

8Assemblée parlementaire, La situation des droits de l’homme en Europe: la nécessité d’éradiquer l’impunité, [En ligne], [http://

assembly.coe.int/ASP/Doc/XrefViewHTML.asp?FileID=12240&Language=fr], page consultée le 28 juillet 2014.

9Onu femmes, Centre virtuel de connaissance pour mettre fin à la violence contre les femmes et les filles, Définition des crimes «

d’honneur », [En ligne], [http://www.endvawnow.org/fr/articles/731-definition-des-crimes-dhonneur-.html], page consul-

tée le 29 juillet 2014.

« Dans son avis de 2013, le CSF (Conseil du statut

de la femme) faisait état de 219 cas de mariages

forcés dénoncés en deux ans auprès d’interve-

nants au Québec, en Ontario et en Colombie-

Britannique. “C’est probablement une fraction,

estime Mme Miville-Dechêne. Ça montre que ce

n’est pas inexistant ici 7. ” »

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Prix Laurent-McCutcheon de la lutte contre l’homophobie dédié à Michel Marc Bouchard, dramaturge.

« Comme si l’homosexualité est en train de devenir la jauge pour déterminer ce qui est un pays moderne et ce qui ne l’est pas. »

En France, en Russie et dans la plupart des pays d’Afrique, ça se traduit par un durcissement envers l’homo-sexualité et le lesbianisme. Aujourd’hui, on n’est plus dans l’affirmation, mais plutôt dans la défense des droits et des acquis. En se battant pour leurs droits, les femmes ont pavé la voie à suivre pour les homosexuels.

9 [http://www.homophobie.org/default.aspx?scheme=4322], page consultée le 13 octobre 2014.

Alice s’informe (suite)

Féministe ou pas ? Ces derniers temps, il y a un mouvement qui circule sur les réseaux sociaux concer-nant des femmes qui prennent des photos d’elles avec un mot écrit sur un papier pour expliquer pourquoi elles ne sont pas féministes. Le journal La Presse a repris un peu l’idée en lançant un défi aux femmes de se prendre en photo avec une affi-che qui dit pourquoi elles sont ou ne sont pas féministes. On vous invite à consulter ces deux liens et à réfléchir sur le sujet : http://www.huffingtonpost.fr/muriel-douru/le-feminisme-mais-pour-quoi-

faire_b_5633338.html?ir=France

http://www.lapresse.ca/actualites/201409/06/01-4797706-appel-a-tous-feministe-ou-pas.php

Prix Laurent-McCutcheon. « Afin d’honorer le parcours exceptionnel d’un des pionniers de la lutte contre l’homophobie au Québec, le conseil d’administration de la Fondation Émergence a décidé à l’unanimité de renommer le prix Lutte contre l’homophobie en l’honneur de M. Laurent McCutcheon. Cet hommage préservera la mémoire, pour les généra-tions à venir, de celui qui a consacré bénévolement plus de trente ans de sa vie à faire avancer les droits des personnes LGBT au Canada et au Québec et, par le fait même, ailleurs dans le monde. Le prix Laurent-McCutcheon est décerné annuellement à une personnalité qui a contribué de façon manifeste à la lutte contre l’homophobie9. »

« Le concept de l’honneur justifiant les violences à l’égard des femmes émane d’une culture patriarcale, qui transcende les appartenances ethniques et reli-gieuses. Ce type de violences se trouve donc aussi bien dans des sociétés musulmanes que dans les communautés chrétienne, sikhe et hindoue. Une cho-se est claire, la religion est souvent instrumentalisée, comme le sont les lois, afin de maintenir en place un système de pouvoir, lequel régit les rapports sociaux entre les genres et entre les classes10. »

« Le terme « honneur » est employé entre des guille-mets parce qu’on considère le fait qu’on est loin de l’honneur dans de telles situations et que l’on est conscient qu’avec cette appellation, on risque de ren-forcer l’idée fausse et discriminatoire qui consisterait à dire que les femmes et les filles sont garantes de l’honneur d’un homme, d’une famille ou d’une collec-tivité11. »

C omme vous savez, la Maison Alice-Desmarais offre diverses activités de sensibilisation et de prévention dans différents milieux de la région comme le programme « Je t’aime… mais pas à tout prix! ». La Maison

rencontre les gens dans le but de les sensibiliser aux relations amoureuses saines et à la socialisation sexiste.

La Maison Alice-Desmarais souhaite encourager les individus et les groupes à deve-nir des acteurs de changement dans le but d’enrayer la violence dans les relations amoureuses. Elle trouve aussi intéressant de partager une initiative positive que les gens ont prise pour poser des actions concrètes inspirées de ce qu’ils ont entendu et vu dans les animations de la Maison Alice-Desmarais ou de mentionner le fait qu’ils sont sensibles à la cause de vivre dans un monde égalitaire.

Dans les prochaines lignes, nous découvrirons ce qu’un groupe de jeunes a choisi de faire dans le cadre d’un projet réalisé dans un cours au Collège Mont-Sacré-Cœur. Nous avons aussi eu la collaboration de madame Marjorie England, enseignante dans cet établissement.

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Alice s’informe (suite)

10Conseil du statut de la femme, Les crimes d’honneur : de l’indignation à l’action, Conseil du statut de la femme, Québec, octobre

2013, page 31,32. 11Onu femmes, Centre virtuel de connaissance pour mettre fin à la violence contre les femmes et les filles, Définition des crimes «

d’honneur », [En ligne], [http://www.endvawnow.org/fr/articles/731-definition-des-crimes-dhonneur-.html], page consultée

le 29 juillet 2014.

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« L’affaire Shafia, crime d’honneur »

NON aux crimes d’honneur

Entrevue spéciale

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Entrevue spéciale (suite)

Le projet de participation citoyenne fut organisé dans le cadre du cours d'histoire et d'éducation à la citoyenne-té. Il était demandé aux élèves d’être attentifs à l’actualité, à des injustices qui les feraient réagir, qui leur don-neraient envie de se mobiliser pour faire changer les choses. Ils ont eu à noter des informations exactes et perti-nentes en lien avec cette nouvelle pour la formulation de questions qui serviraient à rendre les intérêts liés à leur cause en intérêts collectifs qui susciteraient la mobilisation citoyenne. Ensuite, les élèves devaient organiser une action qui serait posée par un maximum de gens. Concrètement, les élèves devaient faire la publicité de leur action et tenir leur action en dehors des heures de classe entre le 2 et le 10 décembre dernier. Ils devaient aussi présenter un exposé oral sur leur projet.

Nous avons eu le privilège de discuter avec une équipe (Mia, Rafaëlle, Sarah, Karina et Salomé) qui a réalisé un projet dans la classe de madame England. Quel était votre sujet?

« Notre sujet concernait l’influence médiatique dans la vie de tous les jours sur les femmes et dans leurs diffé-rents rôles, surtout dans le concept de femme-objet. »

Pourquoi ce sujet?

« On s’est rendu compte que les gars voyaient les filles comme si elles étaient des choses. On s’est demandé de quelle manière on veut que les gars nous voient.

Ce phénomène est très présent dans la vie de tous les jours et nous voulions faire une différence autour de nous. On voulait ressortir le sujet parce que, si on ne fait rien, ça ne changera pas et nous voulions poser une action pour faire bouger les choses. On trouvait aussi que c’était un sujet tabou. On voulait oser parce que c’est un sujet quand même très intéressant et d’actualité. »

Pouvez-vous nous décrire votre projet?

« Nous avons commencé par faire une vidéo sur l’influence médiatique. La mise en situation du clip parlait d’u-ne jeune fille qui choisissait de s’habiller selon ce que elle, elle aimait pour s’affirmer dans sa personnalité, mais elle s’est rendu compte qu’elle n’avait pas l’attention des gars. Elle décide donc de regarder sur le web des sites de mode pour modifier sa manière de s’habiller afin que les gars la remarquent enfin. Par la suite, les gars l’ont remarquée, effectivement, mais en même temps, elle était plus ou moins contente parce que ceux-ci la re-gardaient et parlaient d’elle davantage comme si elle était une “pièce de viande” au lieu de la traiter comme une fille, une personne.

Par la suite, nous avons remis la vidéo à un enseignant pour qu’il soit présenté dans toutes les classes du se-condaire 1.

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« On a trouvé que les jeunes étaient ouverts à ce qu’on leur proposait. Il n’y avait jamais personne qui les avait amenés à se questionner sur ce sujet. Mais ils se ren-daient compte que ce qu’on leur faisait réaliser avait vraiment un impact sur leurs choix dans ce domaine. Une chose qui nous a aussi frappés, c’est que beaucoup de jeunes nous demandaient ce qu’était l’influence mé-diatique. C’est une chose que nous côtoyons continuel-lement dans notre quotidien, mais beaucoup ne sa-vaient même pas ce que c’était. Ça nous a parlé fort. Quand on leur expliquait, ils étaient en mesure de voir ce phénomène. On pense vraiment que cela a fait une différence. »

Entrevue spéciale (suite)

En troisième lieu, nous avons installé une table dans la cafétéria des secondaires du premier cycle. Les jeunes ne pouvaient pas faire autrement que de nous voir et de se demander ce qu’on faisait là. On avait installé une affiche sur laquelle était écrit : « Controns l’influence médiatique! » On avait aussi 90 bracelets que nous avons confectionnés et qu’on remettait aux jeunes qui signaient la feuille de prise de conscience de ce contrôle exercé par les mé-dias. Le bracelet était un symbole pour exprimer leur prise de conscience sur ce phénomène. On les a tous distribués.

Nous avons terminé par une présentation orale dans notre classe pour leur montrer les étapes de notre projet. »

Quels messages avez-vous voulu transmettre à tra-vers votre projet?

« – Que les filles se respectent pour la personne qu’elles sont à travers leurs valeurs à elles et non pas à travers ce que les magazines suggèrent.

– Que les gars qui sortent avec une fille se basent aussi sur leurs valeurs et leurs goûts personnels plu-tôt que sur les messages que les médias sociaux leur envoient.

On voulait vraiment que les jeunes puissent com-mencer à se considérer eux-mêmes premièrement. Parce que c’est rendu que les jeunes ont une “double face” (expression anglaise) : tout le monde ne sait pas ce qu’ils sont vraiment. C’est pas vraiment le fun tout cela, et on voulait montrer aux jeunes qu’il ne faut pas avoir peur d’être authentique et de se res-pecter dans ses goûts vestimentaires ou de recher-cher un chum ou une blonde qui correspond vrai-ment à ce qu’on est comme personne. C’est difficile, mais c’est vraiment ça qu’on voulait qu’ils retien-nent : qu’on doit se respecter dans ses valeurs en fonction de soi et non des autres. »

Qu’est-ce que vous avez appris de nouveau à tra-vers ce processus?

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Alice s’informe (suite)

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Cyber sécurité :

Avec la nouvelle technologie qui évolue constamment, il est important de considérer la protection de nos in-formations personnelles. En général, on ne pense pas que notre amoureux a de mauvaises intentions, mais il est important de respecter certaines règles de base qui nous évitent des soucis potentiels qui peuvent, à la longue, nous empoisonner l’existence.

Voici un site intéressant qui fournit de nombreuses informations pertinentes en lien avec la cyber sécurité.

www.lesfillesetlacybersecurite.ca

Les filles et la cybersécurité est un programme d’édu-cation publique régional et bilingue qui s’adresse aux filles et qui porte sur la sécurité et les médias sociaux. Élaboré et appuyé par les ministres responsables de la condition féminine en Atlantique, au Canada, le projet vise à fournir de l’information aux filles, aux familles et aux éducateurs sur la sécurité des filles en ligne. On vise notamment à :

protéger les filles de la cyberviolence; protéger les filles des abus et des comportements sexuels à risque; tenir les filles à l’écart des cyberprédateurs. On vous invite donc à prendre le temps d’aller visiter

le site.

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Saviez-vous que...

12Assemblée nationale, Entrevue avec Marie-Claire Kirkland, [En ligne], [http://www.assnat.qc.ca/fr/video-audio/AudioVideo-

5473.html], page consultée le 25 septembre 2014.

Marie-Claire Kirkland12

Marie-Claire Kirkland était une Canadienne française pure laine. Sa grand-mère était une Lentault de La Prairie et ne parlait pas un mot anglais. Son grand-père venait de l’Écosse (d’où son nom Kirkland) et il a été obligé d’apprendre le français, car autrement, il aurait eu de la difficulté à communiquer avec son épouse. Sa mère était une francophone de Val-leyfield.

Elle a étudié en droit et travaillé comme avocate. La politique l’a toujours intéressée, et lorsque son père est décédé, il avait été député pendant vingt ans dans le comté Jacques-Cartier. Madame Marie-Claire Kirkland s’est présentée comme candidate dans le même comté avec la collaboration des gens qui avaient travaillé pour son père. Elle fut élue avec une grande majorité.

Elle devint la première femme députée à l’Assemblée nationale du Québec. Lors de son introduction à cet-te même assemblée, une question était sur toutes les lèvres : « Allait-elle porter un chapeau? »

En effet, il faut se rappeler qu’à cette époque, les femmes qui entraient dans l’Assemblée législative devaient porter un chapeau.

Mais madame Kirkland s’est affirmée et il n’était pas question qu’elle travaille avec un chapeau sur la tête. Imaginez un peu, une femme élue dans une assem-blée qui refuse le traditionnel couvre-chef alors que soixante-dix autres députés masculins, ses collègues, l’observent. Ça prenait du courage.

Marie-Claire Kirkland s’est aussi battue pour que la loi

envers les femmes mariées puisse être modifiée. En

effet, cette avocate était contrariée par le fait que les

femmes avaient tous leurs droits à partir de l’âge de la

majorité et que, lorsqu’elles se mariaient, elles deve-

naient incapables juridiquement parlant. Elle s’est atta-

quée fermement à la tâche quand elle a elle-même vé-

cu un évènement en lien avec les lois visant une femme

mariée. Étant donné qu’elle voyageait de Montréal à

Québec pour les sessions parlementaires, elle a décidé

de se louer un appartement pour être sur place durant

la session. Même si elle était députée, lorsqu’il est venu

le temps de signer le bail, il a fallu que son mari vienne

de Montréal pour apposer sa signature. Légalement,

elle ne pouvait louer d’appartement sans la signature

de son mari. Elle trouvait cela injuste. Mais grâce à son

implication et à sa détermination, elle a su faire une

différence importante pour les femmes.

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La bière13 :

« On ne sait pas précisément qui a inventé la bière, mais selon une étude de l'historienne Jane Peyton, l'art

brassicole a été, pendant des siècles, l'apanage unique des femmes. Selon un reportage du Telegraph publié en

2010 : “Il y a près de 7 000 ans, en Mésopotamie et au Sumer, les femmes et leurs habiletés spécifiques étaient

les seules à pouvoir brasser le breuvage et même à gérer les tavernes où on le servait". La bière était même

considérée comme un don divin offert par une déesse. Il faudrait peut-être que les publicitaires revoient leur

approche la prochaine fois qu'ils seront tentés de nous vendre de la bière en utilisant des pubs sexistes... »

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13Huffpost, c’est la vie, Les essuie-glaces, la bière, le Monopoly: 8 inventions créées par des femmes, [En ligne], [http://www.huffingtonpost.fr/2013/08/22/8-inventions-creees-femmes_n_3793844.html], page consultée le 8 décembre 2014.

Invention de femmes

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