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DÉCEMBRE 2016 Volume 16 – N°2 pages centrales BULLETIN DE L’ASSOCIATION DES ANCIENS DU GRAND SÉMINAIRE DE MONTRÉAL DÉCEMBRE 2016 Nº 77 par : Jaroslaw Kaufmann, PSS ÉDITORIAL page 2 MOUVEMENTS DU PERSONNEL CONFÉRENCE INAUGURALE pages 3 & 4 page 5 page 7 L'OBSERVATOIRE SUR LES FAMILLES EN PAROISSE page 9 C’est le matin. J’ouvre ma Bible pour méditer la parole de Dieu. De mes mains tombe l’image de la Vierge Marie avec l’Enfant Jésus. L’expression de douceur et de tendresse du visage de la Mère de Dieu me font ressentir des émotions de joie et de tristesse. Je ressens de la joie parce qu’ « il vous est né aujourd’hui, dans la ville de David, un Sauveur qui est le Christ Seigneur » (Lc 2,11) et de la tristesse parce que « (…) vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire » (Lc 2,12). Certainement, le cœur de Marie est rempli de joie devant l’Enfant, mais il est aussi blessé de tristesse devant le lieu de naissance de son Fils. À ce moment-là, je me rappelle une petite histoire. Un garçon, voyant les larmes sur le visage de sa mère, lui a demandé : « Maman, pourquoi pleures-tu ? Parce que je suis une femme, répondit-elle. Je ne comprends pas, maman ». Dans la soirée, le jeune a demandé à Dieu pourquoi les larmes de sa mère. Dieu lui a répondu : « Mon cher enfant, quand j'ai créé la femme, je voulais qu’elle soit un être exceptionnel. Je lui ai donné des mains solides pour qu'elle puisse supporter le poids de la vie quotidienne, mais assez douces pour qu’elle puisse consoler avec tendresse. Je lui ai donné la force intérieure pour qu'elle puisse supporter la douleur de l'accouchement et l'effort lié à l’éducation de ses enfants. Je lui ai donné un grand cœur pour qu’elle puisse montrer à ses proches ce dont elle est capable quand elle aime. Je lui ai donné une grande sensibilité pour qu’elle montre comment elle est douée pour aimer ses enfants, peu importe les circonstances, même si parfois elle est blessée. Je lui ai offert le don des larmes pour qu'elle les verse quand elle en ressent le besoin ». Ensuite, selon le Talmud, Dieu a ajouté : « Soyez très prudents en faisant pleurer une femme parce que Dieu compte ses larmes ! La femme est sortie de la côte de l’homme, non pas de ses pieds pour qu’elle doive être piétinée, ni de sa tête pour lui être supérieure, mais de son côté pour lui être égale, un peu plus bas que son bras pour être protégée et du côté de son cœur pour être aimée ». Par conséquent, quand tu vois ta mère pleurer, embrasse-la et dis-lui que tu l’aimes vraiment. Exprime-lui ta gratitude. Je ferme les yeux, je pense à la Vierge Marie, à son rôle dans la vie de son fils Jésus, à son amour et à sa tendresse. Ouvrant les yeux, mon regard tombe sur la photo de mes parents, précisément sur le visage de ma mère, sur son regard, et je me rappelle avec quel amour souvent elle m’a contemplé… À vous tous, joyeux Noël ! pages 6 &7 BILLET DE FORMATION HUMAINE Par: Louise Couture, psychoéducatrice, collaboratrice à la formation humaine au Grand Séminaire de Montréal. page 8 page 10 ASSOCIATION OF THEOLOGICAL SCHOOLS (ATS) Par: L'abbé Stephen Otvos, directeur du département de théologie page 10 Par: Gérard Valade, directeur adjoint à la formation pastorale et titulaire de l’Observatoire sur les familles en pastorale Arrivées, retours et bienvenue… Départ et gratitude… ALLOCUTION DU PRÉSIDENT D'HONNEUR Par: Monseigneur Alain Faubert, évêque auxiliaire à Montréal DÉVELOPPER L'ART DE L'ACCOMPAGNEMENT PASTORAL 38 e COLLATION DES GRADES Par: Mélanie Nantel, directrice adjointe des études et registraire Par: L’abbé Jean-Marc Barreau, Ph. D. éologie, professeur à l’IFTM Par: Francis Bégin, séminariste du diocèse de Montréal DISCOURS DU PRÉSIDENT DU COMITÉ DES ÉTUDES Par : L’ abbé Jean-Philippe Auger, D. . P. , professeur à l’IFTM et responsable de la formation à l’accompagnement pastoral

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DÉCEMBRE 2016Volume 16 – N°2

pages centrales

BULLETIN DE L’ASSOCIATION DES ANCIENSDU GRAND SÉMINAIRE DE MONTRÉAL

DÉCEMBRE 2016 Nº 77

par : Jaroslaw Kaufmann, PSSÉDITORIAL

page 2

MOUVEMENTS DU PERSONNEL

CONFÉRENCE INAUGURALE

pages 3 & 4

page 5

page 7

L'OBSERVATOIRE SUR LES FAMILLES EN PAROISSE

page 9

C’est le matin. J’ouvre ma Bible pour méditer la parole de Dieu. De mes mains tombe l’image de la Vierge Marie avec l’Enfant Jésus. L’expression de douceur et de tendresse du visage de la Mère de Dieu me font ressentir des émotions de joie et de tristesse. Je ressens de la joie parce qu’ « il vous est né aujourd’hui, dans la ville de David, un Sauveur qui est le Christ Seigneur » (Lc 2,11) et de la tristesse parce que « (…) vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire » (Lc 2,12). Certainement, le cœur de Marie est rempli de joie devant l’Enfant, mais il est aussi blessé de tristesse devant le lieu de naissance de son Fils. À ce moment-là, je me rappelle une petite histoire.

Un garçon, voyant les larmes sur le visage de sa mère, lui a demandé : « Maman, pourquoi pleures-tu ? Parce que je suis une femme, répondit-elle. Je ne comprends pas, maman ». Dans la soirée, le jeune a demandé à Dieu pourquoi les larmes de sa mère. Dieu lui a répondu : « Mon cher enfant, quand j'ai créé la femme, je voulais qu’elle soit un être exceptionnel. Je lui ai donné des mains solides pour qu'elle puisse supporter le poids de la vie quotidienne, mais assez douces pour qu’elle puisse consoler avec tendresse. Je lui ai donné la force intérieure pour qu'elle puisse supporter la douleur de l'accouchement et l'effort lié à l’éducation de ses enfants. Je lui ai donné un grand cœur pour qu’elle puisse montrer à ses proches ce dont elle est capable quand elle aime. Je lui ai donné une grande sensibilité pour qu’elle montre comment elle est douée pour aimer ses enfants, peu importe les circonstances, même si parfois elle est blessée. Je lui ai offert le don des larmes pour qu'elle les verse quand elle en ressent le besoin ». Ensuite, selon le Talmud, Dieu a ajouté : « Soyez très prudents en faisant pleurer une femme parce que Dieu compte ses larmes ! La femme est sortie de la côte de l’homme, non pas de ses pieds pour qu’elle doive être piétinée, ni de sa tête pour lui être supérieure, mais de son côté pour lui être égale, un peu plus bas que son bras pour être protégée et du côté de son cœur pour être aimée ». Par conséquent, quand tu vois ta mère pleurer, embrasse-la et dis-lui que tu l’aimes vraiment. Exprime-lui ta gratitude.

Je ferme les yeux, je pense à la Vierge Marie, à son rôle dans la vie de son fils Jésus, à son amour et à sa tendresse. Ouvrant les yeux, mon regard tombe sur la photo de mes parents, précisément sur le visage de ma mère, sur son regard, et je me rappelle avec quel amour souvent elle m’a contemplé…

À vous tous, joyeux Noël !

pages 6 &7

BILLET DE FORMATION HUMAINE

Par: Louise Couture, psychoéducatrice, collaboratrice à la formation humaine au Grand Séminaire

de Montréal. page 8

page 10

ASSOCIATION OF THEOLOGICAL SCHOOLS (ATS)

Par: L'abbé Stephen Otvos, directeur du département de théologiepage 10

Par: Gérard Valade, directeur adjoint à la formation pastorale et titulaire de l’Observatoire sur les familles

en pastorale

• Arrivées, retours et bienvenue…• Départ et gratitude…

ALLOCUTION DU PRÉSIDENTD'HONNEUR

Par: Monseigneur Alain Faubert, évêque auxiliaire à Montréal

DÉVELOPPER L'ART DE L'ACCOMPAGNEMENT

PASTORAL

38e COLLATION DES GRADESPar: Mélanie Nantel, directrice adjointe des études

et registraire

Par: L’abbé Jean-Marc Barreau, Ph. D. Théologie, professeur à l’IFTM

Par: Francis Bégin, séminariste du diocèse de Montréal

DISCOURS DU PRÉSIDENTDU COMITÉ DES ÉTUDES

Par : L’ abbé Jean-Philippe Auger, D. Th. P. , professeur à l’IFTM et responsable de la formation à

l’accompagnement pastoral

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bulletin de l’iftm vol. 16 – no 2 décembre 2016L’ENTRE DEUX TOURS2

ARRIVÉES, RETOURS ET BIENVENUE…

DÉPART ET GRATITUDE…

MOUVEMENTS DU PERSONNEL

M. Argiro Restrepo, PSS, est de retour de Paris, où il était parti faire une recherche sur l’École française de spiritualité. Cet automne, il a enseigné le cours La Révélation : engagement de Dieu dans l’histoire. De février à juin 2017, M. Restrepo ne sera pas disponible pour enseigner puisqu’il a été nommé responsable de la Solitude sulpicienne. Cette dernière est un programme de formation approfondie regroupant les candidats des Provinces de France et du Canada. Cette période de formation donne des informations détaillées sur l'histoire, la mission, la spiritualité et la pédagogie de la Compagnie des Prêtres de Saint-Sulpice. Elle est nourrie d'une intense prière individuelle et communautaire, de célébrations de l'Eucharistie et de l'Office divin, d’échanges en groupe et d’accompagnement spirituel individuel. Notre appui et nos prières vous accompagneront pendant cette période de formation.

C’est avec grand bonheur que l’IFTM souhaite la bienvenue à un professeur de théologie ayant marqué l’histoire de notre Institut et qui a accepté avec générosité de revenir enseigner deux cours, dont il avait déjà assumé la charge durant plusieurs années. M. l’abbé Pierre Léger a enseigné le cours Ecclésiologie I à l’automne 2016 et il enseignera le cours Théologie des ministères et du presbytérat à l’hiver 2017 afin de remplacer S.E. Mgr Alain Faubert, qui enseignait ces cours depuis les neuf dernières années. Un grand merci à l’abbé Léger pour sa disponibilité !

À l’hiver 2017, nous accueillerons, au sein de l’équipe professorale, Mme Ellen Roderick. Elle est détentrice d’un doctorat en théologie (spécialisation personne, mariage et famille) de l’Institut pontifical Jean Paul II et de la Catholic University of America (pour les études sur le mariage et la famille). Elle travaille présentement au bureau de l’Archevêque de Montréal (Questions de vie et de famille). Chez nous, à l’IFTM, elle enseignera le cours Bioéthique. Nous sommes heureux de l’accueillir parmi nous et lui souhaitons la plus chaleureuse des bienvenues !

À l’hiver 2017, nous accueillerons au sein de l’équipe professorale M. Bernard Beaudin, fms. Il est détenteur d’un doctorat en théologie (option mariologie). Il est délégué au chapitre général des frères maristes de la Colombie. Chez nous, à l’IFTM, il enseignera le cours Marie dans le mystère du Christ et de l’Église le samedi matin. Nous sommes heureux de l’accueillir parmi nous et lui souhaitons la plus cordiale des bienvenues !

En avril 2016, S.E. Mgr Alain Faubert a été nommé évêque auxiliaire à l'archidiocèse de Montréal. Nous le félicitons pour cette remarquable nomination. Que le Seigneur le guide dans son nouveau ministère épiscopal ! Nous désirions le remercier chaleureusement pour les neuf années qu’il a enseigné à l’IFTM. Nous le remercions pour son dévouement et sa passion à transmettre ses connaissances. Nous sommes fiers de l’avoir compté parmi notre corps professoral et espérons que cette expérience ne soit pas terminée.

Nous souhaitons remercier grandement le père Louis Roy, dominicain, pour son enseignement à notre Institut durant l’année académique 2015-2016. Il avait gentiment accepté de nous « dépanner » en faisant le voyagement entre Ottawa et Montréal pour enseigner La Révélation : engagement de Dieu dans l’histoire er Christologie : le mystère de Jésus, Christ, Seigneur et Sauveur. Nous le remercions pour ses bons services.

M. Argiro Restrepo,PSS

M. Pierre Léger, ptre

Mme Ellen Roderick

M. Bernard Beaudin, fms

Mgr Alain Faubert

Père Louis Roy, o.p.

PUBLIÉ PAR

L’INSTITUT DE FORMATION THÉOLOGIQUE DE

MONTRÉALet par le

GRAND SÉMINAIRE DE MONTRÉAL

•ÉQUIPE DE COORDINATION

Marcel Demers, PSSTélesphore Gagnon, PSS

Mélanie NantelJorge Pacheco, PSS

•COLLABORATION À LA RÉDACTION

Jean-Philippe Auger, ptreJean-Marc Barreau, ptre, I.V.Dei

Francis BéginLouise Couture

Marcel Demers, PSSMgr Alain Faubert

Télesphore Gagnon, PSSJaroslaw Kaufmann, PSS

Marcel Lessard, ptreMélanie Nantel

Stephen Otvos, ptreGérard Valade

•RÉVISION

David BoucherFrance Fortin

Mélanie Nantel•

INFOGRAPHIEwww.lecommunicateur.com

•IMPRESSION

Le Communicateur•

BULLETIN DE L’IFTM2065, rue Sherbrooke Ouest

Montréal (Québec) H3H 1G6Tél. : (514) 935 - 1169

Télécopieur : (514) 935 - 5497Courriel : [email protected]

http : //www.iftm.ca •

ISSN 1496 - 5054 (IMPRIMÉ)ISSN 1718 - 2131 (EN LIGNE)DÉPÔT LÉGAL – BIBLIOTHÈQUE

NATIONALE DU QUÉBECDÉPÔT LÉGAL – BIBLIOTHÈQUE

NATIONALE DU CANADAANNÉE 2016

•no. de convention de

postes canada : 406 32 000

Par: Mélanie Nantel, directrice adjointe des études et registraire

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L’ENTRE DEUX TOURS 3bulletin de l’iftm vol. 16 – no 2 décembre 2016 3

L’hypermodernité

Il est 17h00 quand je pénètre dans la chambre de Richard1. Le patient est hospitalisé depuis deux mois au Nord de Montréal. Je connais sa famille depuis une dizaine d’années (d’anciens paroissiens). C’est la maman qui m’a supplié de venir rencontrer son fils. Richard a 52 ans et il est en fin de vie suite à un cancer généralisé qui maintenant ronge son foie et son pancréas. Je sais de plus que, depuis son adolescence, Richard se bat avec une maladie psychiatrique sévère. Je l’ai déjà rencontré, il y a cinq ou six ans (je pense), mais je le connais à peine. Après de brèves salutations, la famille me laisse seul avec Richard. Allongé sur son lit d’hôpital, les formes de son corps se lisent sur ses draps blancs. Richard a le regard hagard et me salue à peine, mais d’emblée il m’apostrophe : « Je veux avoir accès à l’Aide Médicale à Mourir (AMM) ». Est-ce notre matraquage médiatique qui a maintenant raison de sa vulnérabilité ? Est-ce l’influence de certains parmi ses proches qui lui auraient dit : « Cela ne peut plus durer, tu n’as plus aucune dignité ainsi, Richard, ta vie n’a aucun sens, demande l’AMM » ?Quoi qu’il en soit de ma présence, de ma délicatesse et de mon écoute, rien n’y fait : « Je veux avoir l’accès à l’Aide Médicale à Mourir (AMM) », me redit-il tel un leitmotiv qu’un subalterne adresserait à ses hommes. Je finis donc par le quitter de guerre lasse et promets à sa maman de revenir sans tarder.

Cependant, avant de quitter l’hôpital, j’obtiens de l’infirmière-chef une information importante : Richard vient d’être reconnu par le corps médical comme apte à recevoir ce « soin » de l’AMM. J’utilise la dénomination de « soin » puisque tel est le terme officiellement retenu pour désigner l’AMM. Seule hésitation de l’équipe : son état psychiatrique. Il doit donc être évalué dans les prochains jours par le psychiatre chargé de l’expertise. Sur le chemin du retour, je fais sommairement le bilan de la situation. Richard semble remplir les conditions qui lui permettraient d’avoir accès à l’AMM. Demeure son état psychiatrique. Je raisonne et je me rassure. Richard n’a pas la maturité affective suffisante pour que sa décision soit jugée par le psychiatre comme « éclairée » et donc « responsable ». Il me semble exclu que sa demande puisse être acceptée…Une petite semaine plus tard, je reprends la route pour visiter Richard à nouveau. La maman est là, qui m’attend à l’extérieur de sa chambre. Le climat est lourd, les larmes coulent et les mots ne parviennent pas à sortir. « Que se passe-t-il Jacqueline ? » Seuls les pleurs me répondent. J’attends avant d’insister : « Qu’y-a-t-il

1 Pour des raisons déontologiques, toute référence est fictive.

Par : L’abbé Jean-Marc Barreau, Ph. D. Théologie, professeur à l’IFTM

CONFÉRENCE INAUGURALE DE L’ANNÉE ACADÉMIQUE 2016-2017

HYPERMODERNITÉ OU HYPERHUMANISME ?

Jacqueline ? » Entre ses sanglots saccadés, Jacqueline finit par lâcher : « L’évaluation psychiatrique de mon fils a été établie en 15 minutes et elle est positive. Richard est considéré apte à bénéficier de l’AMM ». Les bras m’en tombent. Que dire à Jacqueline ? Que dire à Richard ? Je me sens si démuni ! Comment le psychiatre peut-il en arriver à une telle conclusion ? La conscience et la responsabilité morale sont-elles juste une histoire de « flash » cognitif ? Cet exemple nous est offert ici pour que nous comprenions vraiment ce qu’est l’hypermodernité et, plus encore, que nous saisissions pourquoi elle provoque la postmodernité. Objectivement, que s’est-il donc passé pour que cet homme de 52 ans obtienne aussi aisément son « ticket » pour l’AMM ?

Deux sophismes en un seul

Une éthique réellement humaine nous autorise à penser que, pour qu’un spécialiste en arrive à émarger une telle prescription, il lui aura fallu s’arroger, s’approprier deux sophismes, au demeurant associés l’un à l’autre. Le premier sophisme consiste à considérer l’AMM comme un « soin » offert au patient. Un soin que l’on considère alors quasi analogue à tel quelconque analgésique prescrit à ce même patient. Nous sommes là devant un sophisme éminemment pervers puisqu’il considère l’AMM comme un soin médical, alors qu’il n’est manifestement pas ordonné à qualifier la vie du patient. Pourrait-on vraiment extraire de la notion de « soin » la notion de vie ? Le second sophisme nous renvoie plus directement au statut de la science. Sophisme là encore, puisque la conclusion du psychiatre dicte la conduite à suivre jusqu’à réduire « l’acte moral » à un certain degré de « lucidité ». Le prisme scientifique serait-il donc autorisé à considérer la « partie » comme un « tout », en omettant le fait que chaque conclusion scientifique se doit de servir la vie dans sa globalité ?Le premier sophisme concerne bien l’acte médical en lui-même : le soin. Le second sophisme regarde le statut de la science aujourd’hui. Vous l’aurez compris, les deux sophismes interagissent au point de trahir leur unité dans leur fondement commun : cette mise entre parenthèses de ce qu’est une personne humaine dans sa globalité, cette usurpation de ce qu’est véritablement la dignité humaine. Nous reconnaissons là ce qu’est l’hypermodernité. Comme extension à la modernité, l’hypermodernité se présente comme la réduction du vivant à une conclusion univoque, ici une conclusion scientifique. Alliée à un matérialisme outrancier et décomplexé, l’hypermodernité enferme donc l’homme contemporain dans une dictature idéologique à multiples têtes à laquelle le « vivant » ne sait quoi opposer pour s’en défendre. Bien que maladroite, la postmodernité est cet essai du vivant à réagir légitimement contre l’emprise de l’hypermodernité. Alors, que dire de la postmodernité ?

M. Jean-Marc Barreau, ptre

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bulletin de l’iftm vol. 16 – no 2 décembre 2016L’ENTRE DEUX TOURS4

La postmodernité

Le cardinal Walter Kasper définit la postmodernité comme « (…) cette déconstruction de la métaphysique moderne traditionnelle 2 ». Une affirmation qui corrobore nos propos. Tout à l’heure, le primat de la science sur le vivant ; ici, celui de l’ontologisme sur l’intelligence métaphysique. À chaque fois, la postmodernité correspond à ce sursaut du vivant qui veut à tout prix s’extraire de ces idéologies réductrices. Mais l’homme postmoderne se construit par lui-même, le problème est là. Nous parlons alors d’égologie, une transcendance qui part de l’homme sans aller véritablement à son semblable. Imaginez, par exemple, que l’île de Montréal soit coupée de ses ponts. Plus de pont Jacques-Cartier, plus de pont Champlain, plus de ponts du tout. C’est la ville dans son entier qui imploserait. En fait, la réalité de la postmodernité est bien plus subtile que cela encore. Le postmoderne ne détruit pas totalement les ponts avec autrui. L’homme postmoderne construit les ponts, mais il le fait à partir de lui-même, pour lui-même et en lui-même. Voilà spécifiquement ce qu’est l’égologie. Dès lors, nos sociétés ne débattent plus sur la vérité, mais elles débattent d’opinions personnelles en vue d’aménager un consensus qui respecte l’égo de chacun. Hommes politiques, hommes d’affaires et de la culture, voire hommes d’Église : leur vérité est à défendre dans la mesure où elle sert leur projet, leur vie, leur égo. L’hyperhumanisme, ce n’est pas cela. Il s’enracine dans une transcendance métaphysique qui consiste à recevoir ce qui n’est pas de nous, ce qui ne vient pas de nous, ce qui nous est offert par un autre que nous et, tout cela, comme il est. Un pont n’assure-t-il pas la circulation des véhicules dans les deux sens ? Et c’est à ce manque de transcendance ad intra et ad extra de l’Église que le pape François répond avec force et empressement. Il le fait premièrement en pointant les trois ponts essentiels qui sont gardiens de la véritable transcendance nécessaire à la survie de notre espèce « humaine ».Il le fait deuxièmement en nous offrant la seule thérapie qui puisse nous permettre aujourd’hui de recevoir cette transcendance : « la rencontre avec le pauvre-concret ».

L’ « hyperhumanisme »

Dans sa Lettre encyclique Laudato Si’ (LS), le souverain pontife suggère une anthropologie qui s’établit autour de trois relations − ou de trois ponts − nécessaires à la survie de notre siècle : la relation avec Dieu, avec le prochain et avec la terre (cf. LS 66). Ces trois ponts se soutiennent indubitablement et dessinent le rapport de l’homme contemporain à la transcendance. Pas d’écologie intégrale sans le regard de Dieu, pas d’accueil inconditionnel du frère-pauvre sans la présence de Dieu, pas d’hyperhumanisme sans le mystère de l’Incarnation du Christ. Si la question de la transcendance est avant tout le lieu du

2 Kasper, (2015), La Miséricorde, Notion fondamentale de l’Évangile, Clé de la vie chrétienne, France, Éditions des Béatitudes, p. 37.

métaphysicien, elle est nécessairement un legs pour le théologien. Fort de ce soubassement métaphysique, le théologien reçoit le mystère du Christ comme celui du Verbe fait chair (cf. Jn 1, 14). C’est lui, le Christ, qui prend le chemin de la pauvreté. C’est lui, le Christ, qui donne raison à la vision du pape François : le pauvre est présence du Verbe fait chair. C’est donc bien à partir du pauvre-concret que le Verbe peut tisser un hyperhumanisme comme antidote à l’hypermodernité.

Le pauvre-concret

Dans notre ouvrage3, nous expliquons la raison pour laquelle cette attention du pape François pour le pauvre ne relève pas de l’idéologie. Elle est l’expression de l’inquiétude du Pasteur à l’égard de son Église : comment sortir l’Église et chaque baptisé de la postmodernité ? Comment faire, sinon en les mettant à l’école du pauvre ? « Pour l’Église, insiste le Pape argentin, l’option pour les pauvres est une catégorie théologique avant d’être culturelle, sociologique, politique ou philosophique. Dieu leur accorde sa première miséricorde. Cette préférence divine a des conséquences dans la vie de foi de tous les chrétiens, appelés à avoir les mêmes sentiments qui sont dans le Christ Jésus (…). En plus de participer au Sensus fidei, par leurs souffrances ils connaissent le Christ souffrant. Il est nécessaire que tous nous nous laissions évangéliser par eux (EG 198). »

Il y a bien chez le pauvre cette réalité de l’ouverture à la transcendance, la vraie. Dans notre ouvrage déjà cité, nous parlons de « l’espacement ». Il s’agit là du cœur du pauvre au sein duquel le Christ reprend tout. Qu’est-ce donc que le Sensus fidei, sinon l’œuvre de l’Esprit dans et par « l’espacement4 » ? Qu’est-ce donc que ce lien osé que le pape François suggère entre la souffrance du pauvre et le Sensus fidei sinon cette mystique de l’œuvre de l’Esprit dans l’âme humaine ? La pastorale n’est donc pas en premier lieu une praxie, elle est une mystique qui renvoie à la béatitude des pauvres. Voilà la raison pour laquelle notre Pape argentin veut « une Église pauvre pour les pauvres ».

Pourquoi aller si loin ?

Le Pape argentin considère les « périphéries existentielles » de l’Église comme le lieu privilégié de la conversion. Pourquoi aller si loin, sur les périphéries, diront certains ? Parce que, sur les périphéries existentielles de l’Église, le pauvre nous attend. N’ayant plus rien à perdre, il nourrit un rapport « décomplexé » à la pauvreté, à sa pauvreté. Libéré de l’hypermodernité et de la postmodernité, le cœur du pauvre peut donc offrir à l’Église « l’espacement » nécessaire à son « basculement5 » intérieur tant espéré. Le pauvre, lieu sacré où le Christ s’engouffre pour suggérer l’hyperhumanisme de la croix. Celui de la grâce …

3 Barreau, (2014), François et la miséricorde, Paris, Médiaspaul, 180 p. 4 Ibid., p. 148. 5 Ibid., p. 150.

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L’ENTRE DEUX TOURS 5bulletin de l’iftm vol. 16 – no 2 décembre 2016

ALLOCUTION DU PRÉSIDENT D’HONNEUR DE LA COLLATION DES GRADES

Par : Monseigneur Alain Faubert, évêque auxiliaire à Montréal

Chers diplômés, chers artisans de la formation ici à l’IFTM, chers frères et sœurs, chers amis,

J’aurais aimé avoir des mots finement ciselés pour souligner ce bel événement, votre accomplissement. Malheureusement, la réalité d’une tâche nouvelle, avec des vagues déferlantes qui me disent les besoins criants de notre Église en plusieurs domaines, m’a pris tout le temps que je croyais avoir pour des considérations élevées.

Je vous partage donc quelques convictions toutes simples, en toute humilité, même s’il faut croire que le « charisme certain de vérité » dont a parlé saint Irénée de Lyon s’étend à ces curiosités ecclésiologiques que sont les évêques auxiliaires…

Une conviction fondamentale m’habite : dans une Église missionnaire, en contexte de pluralisme, en particulier au Québec, une formation chrétienne et théologique capable de dire la foi, de structurer la réponse de foi de la communauté chrétienne, mais surtout de la rendre audible, c’est-à-dire pertinente et accessible aux consciences contemporaines, constitue une criante nécessité.

Ceux qui me connaissent vont reconnaître ce propos souvent repris en classe : il y a deux manières d’être insignifiant. D’une part, en étant ésotérique, en nous cantonnant dans notre langage d’initié; d’autre part, en étant « beige comme le mur », en bénissant tout, en ne témoignant plus de cet « ailleurs » et de cet « autrement » auxquels Dieu nous convie. D’où la nécessité d’une formation qui nous habilite à nous sentir à l’aise dans cette position, pourtant inconfortable, de sympathie critique envers ce monde, de solidarité « distanciée » qui nous permet de lui parler – de l’intérieur de sa culture – de la présence d’un Tout-Autre qui y est déjà à l’œuvre. Nécessaire formation pour provoquer, convoquer, évoquer, comme le disait un de mes anciens professeurs à l’IFTM.

Des corolaires à cette conviction s’enchainent en cascade. J’en présente quelques maillons :

1) Il ne nous suffit pas d’annoncer l’Évangile, comme si notre tâche dans l’évangélisation n’était que de semer. Certains auront ce rôle; d’autres devront arroser, d’autres encore veiller sur les plantes fragiles qui poussent pour les débarrasser des pucerons ou les protéger des maladies qui les menacent. En tout, nous le savons, c’est Dieu qui donne la croissance.

2) Dans cette œuvre commune et concertée, les prêtres n’ont pas à tout faire. Mais ils ont ce rôle irremplaçable d’appeler leurs frères et sœurs à l’action, au nom du Seigneur, de les conduire tous à l’unité, de « rapprocher les mentalités différentes, de telle manière que personne ne se sente étranger dans la communauté des fidèles », comme le dit si bien Presbyterorum Ordinis 9.

Collaborateurs des évêques, les prêtres ont la responsabilité première de présider à l’annonce de l’Évangile et à la célébration des sacrements qui nourrissent la foi et l’engagement de tous. Mais d’autres agissent avec eux. Ils ne sont pas simplement à leur service, ils œuvrent plutôt à leurs côtés, en complémentarité, en concertation.

3) En ce sens, laissez-moi vous rappeler que notre manière d’être ensemble, prêtres et laïcs, baptisés de toutes conditions et de toutes origines, hommes et femmes, notre manière surtout de prendre des décisions, dit ou contredit la vérité de l’Évangile. La vieille maxime canonique romaine est d’une actualité certaine : « Quod omnes tangit,

ab omnibus tractari et approbari debet » « Ce qui concerne tout le monde doit être discuté et approuvé par tout le monde ». Il est plus que nécessaire, en notre temps, de retrouver, pour mieux la dire et la vivre, l’identité synodale de l’Église et de partir du ministère presbytéral, de tous les ministères et services qui ne peuvent se comprendre que dans la complémentarité des charismes que l’Esprit distribue dans l’ensemble du corps ecclésial.

4) S’il ne suffit pas d’annoncer l’Évangile, il faut tout de même le faire! Mais pas n’importe comment : il nous faut risquer de faire entendre la vérité éternelle dans des mots neufs. Comme le disait saint Jean XXIII à l’ouverture du Concile Vatican II : « En effet, autre est le dépôt lui-même de la foi, c'est-à-dire les vérités contenues dans notre vénérable doctrine, et autre est la forme sous laquelle ces vérités sont énoncées, en leur conservant toutefois le même sens et la même portée. » Il s’agit ainsi de rendre pastorale la doctrine, de savoir tout relier au cœur de l’Évangile, qui est justement la Miséricorde du Père. Nos savoirs doivent éviter d’apparaître comme des « blocs erratiques » perdus dans le décor, sans lien avec la révélation la plus décisive de notre foi : l’amour sans limite de Dieu.

5) Il ne suffit pas d’annoncer l’Évangile, même dans des mots neufs. Il faut aussi savoir accompagner. Patience! Miséricorde! Accueillir la vie comme elle vient, prendre les gens là où ils sont. Et par-dessus tout, respecter leur cheminement : nous avons à les aider à éveiller leur conscience en leur présentant l’idéal évangélique, selon la « loi de la gradualité », les aider à la former, mais nous ne devons jamais nous substituer à leur conscience.

6) Avec nos frères et sœurs, nous devons quitter la morale du « permis-défendu » qui est celle des enfants de 3 à 5 ans, malgré les pressions des médias qui veulent des réponses en 30 secondes et malgré les attentes de quelques-uns des nôtres qui exigent de nous du prêt-à-penser. Nous devons résister au simplisme, sortir du « tout ou rien », du « noir ou blanc ».

•Vous devinez que, devant tout cela, il faut non seulement avoir des connaissances qui nous auront façonné l’intelligence, des acquis du savoir, mais il faut souhaiter que des compétences soient aussi acquises sur le terrain du savoir-être et du savoir-faire.

Toutes ces connaissances acquises ne nous amènent-elles pas à une meilleure connaissance de Dieu, c’est-à-dire à une nouvelle naissance avec Dieu : « Te connaître dans la vérité pour t’aimer dans le feu. » ?

Nos connaissances doivent nous mener à la contemplation de Dieu dans l’histoire du Salut qu’il a voulu en Jésus Christ, dans l’histoire du monde telle qu’elle se déroule aujourd’hui à petite ou grande échelle, dans notre histoire personnelle.

Oui, diplômés en sciences sacrées, nous devons être et devenir de plus en plus des contemplatifs. C’est en tout cas le souhait que je formule pour vous. Je demande spécialement à Marie, l’humble servante de Nazareth, elle qui gardait toutes ces paroles et les méditait dans son cœur, de vous guider. Marie de l’Annonciation à Nazareth, Marie de la Visitation en Judée, Marie de la Nativité à Bethléem, Marie du Calvaire, Marie du Cénacle de la Pentecôte.

Marie, mère de l’Église, qu’à ta prière, le Seigneur fasse de nous comme il l’a fait pour toi de véritables disciples missionnaires! Amen.

Mgr Alain Faubert

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bulletin de l’iftm vol. 16 – no 2 décembre 2016L’ENTRE DEUX TOURS6

Par : Francis Bégin, séminariste du diocèse de Montréal

DISCOURS DU PRÉSIDENT DU COMITÉ DES ÉTUDES

J’aimerais saluer S.E. Mgr Alain Faubert, qui a enseigné ici à l’Institut de formation théologie de Montréal; notre recteur, monsieur Jaroslaw Kaufmann, PSS; le directeur des études, monsieur Jorge Pacheco, PSS; tous les directeurs et tous les enseignants de l’IFTM; tous les étudiants, les parents et amis qui sont présents ici ce soir; mais, surtout, j’aimerais saluer tous les étudiants qui recevront un diplôme ce soir.

La course pour une couronneFélicitations à tous les diplômés ! Vous avez travaillé fort pour arriver où vous êtes aujourd’hui. Plusieurs d’entre vous ont passé des nuits blanches pour arriver à remettre vos travaux à temps. Vous avez sacrifié vos soirées pour étudier pour vos examens.

Certains d’entre vous ont terminé une étape pour continuer à un niveau supérieur; pour les autres, les finissants, vous avez terminé vos études et vous allez passer à une nouvelle étape dans votre vie. Félicitations à vous tous !

Vous savez, obtenir un diplôme, c’est un peu comme un athlète aux Olympiques. « Tous les athlètes à l’entraînement s’imposent une discipline sévère ; ils le font pour recevoir une couronne de lauriers qui va se faner, mais nous, nous courrons pour une couronne qui ne se fane pas.1» J’ai des petites questions pour vous : vous, pour qui courrez-vous ? Pourquoi avez-vous fait tant d’efforts, tant de sacrifices ? Pourquoi avoir passé tant de nuits blanches ? Pourquoi avoir pris autant de café pour recevoir un papier qui va se faner ?

La théologie, ça ne sert à rienCeux qui me connaissent savent que j’aime beaucoup les citations. Une de mes citations préférées vient de l’un des directeurs de l’IFTM, qui est également professeur en théologie. Il a dit: « La théologie, ça ne sert à rien... quand on n’a pas la foi. Ça peut faire de grands intellectuels, mais ça ne fait pas de saints. » On peut dire la même chose de la philosophie. Mais, quand on y pense comme il le faut, on peut dire la même chose de la médecine, de la chimie, de la littérature, de la politique, de toutes les sciences et de tous les métiers. « Vanité des vanités, disait le Qohélet, tout est vanité ! Quel profit l’homme retire-t-il de toute la peine qu’il se donne sous le soleil ?2 »

Tout ce que l’on fait, tout ce que l’on dit, tout ce que l’on pense, tout ce qu’on est n’a pas de sens... si on n'a pas la foi. À quoi bon travailler toute sa vie, si l’on ne profite pas du fruit de son travail? Pourquoi chercher la sagesse, quand on sait très bien que le sage et l’insensé vont finir au même endroit de toute manière? Quand on y pense de cette façon, la vie n’a pas de sens, ça ne sert à rien.

1 Cf.,1-Co 9, 252 Qo 1,2-3

Aujourd’hui, dans notre société sécularisée, on essaie d’évacuer toutes références à Dieu. Étudier la théologie pourrait paraître inutile et sans avenir. Quelle perte de temps, pourrait-on dire !

Dans la société contemporaine, les gens ont perdu leurs repères. Les gens ont perdu la foi et ils ont perdu un sens à leur vie. Et, lorsque les gens ont perdu le sens de leur vie, d'autres idéologies tentent de leur en donner un, et parfois même de force. À quoi ça sert, la théologie ? On a beau chercher un sens à la vie dans ce monde, chercher un sens à la vie dans le plaisir en se donnant dans le travail, chercher à avoir du succès, chercher à avoir du pouvoir ou à chercher à avoir toujours plus d’argent.

Tout le monde cherche à être heureux, tout le monde cherche un sens à sa vie. Mais si l’on met de côté Celui qui est à la source du bonheur, si l’on met de côté Celui qui est la source de la vie, on n’y arrivera pas. « Dieu nous a fait pour lui, et notre cœur est sans repos, tant qu’il ne repose en lui.3 »

La théologie, c’est l’étude de Dieu, c’est la science de Dieu. On ne peut pas aimer ce que l’on ne connaît pas. La théologie nous apprend à mieux le connaître pour mieux l’aimer. La théologie nous apprend à développer la foi, pour nous aider à grandir et avoir une foi adulte. La philosophie, c’est l’amour de la sagesse, c’est la recherche de la vérité. Et la vérité, c’est Dieu. La philosophie est la servante de la théologie et les deux ensemble nous permettent de contempler la vérité et nous aident à trouver un sens à notre vie. « La foi et la raison sont comme les deux ailes qui permettent à l'esprit humain de s'élever vers la contemplation de la vérité.4 »

Soyez des témoinsChers diplômés, vous voici ici, après un long parcours. Vous avez travaillé fort, vous vous êtes donné une discipline sévère pour arriver là où vous êtes, vous avez fait d’énormes sacrifices. J’espère que vous n’avez pas fait tout ça pour rien. Ici, à l’Institut de formation théologique de Montréal, vous avez acquis des outils pour vous permettre de mieux connaître Dieu et pour mieux l’aimer. Vous avez entre les mains un trésor, le plus beau des trésors. Ne gardez pas ce trésor juste pour vous. Semez la joie autour de vous, faites connaître Dieu dans vos milieux. Vous allez rendre le monde meilleur et vous allez donner de l’espoir à ce monde.

J’aimerais répondre aux questions : « à quoi sert la théologie? » et « à quoi sert la philosophie? » En fait, la théologie ou la philosophie pour elles-mêmes, ça ne sert à rien. Mais, quand elles sont orientées vers les autres, quand elles servent à faire

3 Saint Augustin, Les Confessions, I,1,1.4 JEAN-PAUL II, Lettre encyclique Fides et ratio, Introduction.

M. Francis BéginSalutations

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L’ENTRE DEUX TOURS 7bulletin de l’iftm vol. 16 – no 2 décembre 2016

connaître Dieu, quand elles sont orientées vers la vérité, pour apprendre la sagesse, elles donnent un sens à ce monde. Le monde a besoin de Dieu pour retrouver un sens à l'existence et la théologie sert à le faire connaître et à le faire aimer.

Maintenant, chers diplômés, certains d’entre vous cheminent vers le sacerdoce. Alors, soyez des témoins du Christ en apportant le Christ par les sacrements et soyez des témoins de la vérité. D’autres parmi vous seront au service de l’aumônerie dans les hôpitaux ou dans l’armée. D’autres seront agent(e)s de pastorale auprès des enfants, des adolescents, des adultes ou des personnes âgées. Certains parmi vous font partie de communautés religieuses et de communautés de laïcs consacrés. D’autres parmi vous sont des laïcs engagés dans leur milieu. Et d’autres vont poursuivre leur formation dans le but d’obtenir un diplôme de niveau supérieur.

Soyez fiers de ce que vous avez accompli, soyez fiers d’avoir étudié à l’Institut de formation théologique de Montréal, soyez fiers de votre formation, mais, surtout, soyez fiers d’appartenir au peuple de Dieu et n’hésitez pas de le faire connaître. Et maintenant, avec les outils que vous avez acquis, il est de votre responsabilité de partager le trésor que vous avez reçu pour donner espoir au monde entier. J’espère de tout cœur que votre diplôme ne restera pas qu’une décoration sur un mur. J’espère de tout cœur que votre diplôme ne se fanera pas, mais qu’il vous servira toujours pour la plus grande gloire de Dieu.

Félicitations à vous tous et rendons grâce à Dieu !

Par: Mélanie Nantel, directrice adjointe des études et registraire

38e COLLATION DES GRADESPROMOTION 2016

Mme Mélanie Nantel

Le 18 octobre 2016, 17 étudiants et étudiantes ont été honorés lors de la 38e cérémonie de la collation des grades de l’IFTM. Comme le veut la tradition, la soirée a commencé par la célébration des vêpres solennelles, présidées par l’invité d’honneur de cette année, l’évêque auxiliaire au diocèse de Montréal, S.E. Mgr Alain Faubert. Après la célébration à la chapelle du Grand Séminaire de Montréal, les gradué(e)s ont reçu leur diplôme à la salle Jean-Paul II. L’auditoire a apprécié le discours du président du Comité des études ainsi que celui de l’invité d’honneur, publiés aux pages précédentes.

Voici la liste des diplômé(e)s de cette année. Nous leur offrons nos félicitations et leur souhaitons de mettre leur expérience et connaissances acquises à l’Institut au profit de l’Église de Jésus-Christ dans la dynamique de la Nouvelle Évangélisation.

Liste des diplômé(e)s :

Maîtrise en théologie pastorale

Gilmar HernandezPascal-Oliver MondonClaude NgodjiEmmanuel PothinAlexandre TranCharles Vallières

Diplôme d’études supérieures spécialisées en pastorale

Christophe Guillet

Baccalauréat en théologie

Pierre Richard BellandeEvens G. BelleriveClaude St-Denis

Baccalauréat en arts

Mario Beauchamp

Majeure en philosophie

Dawid BozelkoGuillaume Senay

Certificat en théologie

Rita DaboulMarie Nancy Roc

Certificat d’initiation au droit canonique

Robert NéronElvire Vignon

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bulletin de l’iftm vol. 16 – no 2 décembre 2016L’ENTRE DEUX TOURS8

Par: Louise Couture, psychoéducatrice, collaboratrice à la formation humaine au Grand Séminaire de Montréal

iftm.ca

SUIVEZ NOUS SUR :

BILLET DE FORMATION HUMAINE

Dans les derniers mois de sa vie, saint Ignace de Loyola a écrit : « Je suis un enfant ». Sainte Thérèse-de-l’Enfant-Jésus, à quelques semaines de sa mort, a dit : « Je suis un soldat1 ». Ces paroles inouïes, quand on les met côte à côte et que l’on connaît un tant soit peu la vie de ces deux saints, montrent que le chemin à parcourir est celui de la transformation de soi, à partir du point où l’on est. Dans le cadre presbytéral, tout autant qu’ecclésial, la formation humaine s’avère un outil essentiel afin d’accompagner la croissance-transfiguration de celui qui aspire à être de plus en plus ressemblant au Maître.

Tel saint Paul qui pose une anthropologie tripartite – corps, âme et esprit (1 Thess 5, 23) – ce qui est visé dans la formation humaine intégrale, c’est l’homme dans toutes ses dimensions de vie, lesquelles forment une véritable unité d’être, traversée par l’Esprit de Dieu. Tout l’homme, c’est la personne avec ses besoins, ses impulsions, ses désirs, ses affections, ses répulsions, ses comportements et ses actions. C’est la personne avec ses valeurs naturelles et autotranscendantes qui se décentre, renonce, se donne et pardonne. Ainsi, à la fameuse pyramide des besoins fondamentaux de Maslow, qui aboutit à la réalisation de soi, il faut résolument apposer une contre-pyramide, cette fois-ci renversée et ouverte. On y trouve sa joie dans le soin de l’autre pour l’autre et l’union à Dieu2.

Ces deux pyramides me font penser aux deux Testaments. La première pyramide, avec sa base bien ancrée dans le besoin de survie, de sécurité et d’affection, se compare à l’Ancien Testament. Au premier plan, il y a l’homme, image de Dieu en ses puissances de vie que sont son intelligence, sa volonté et sa sensibilité qui fait mémoire. Il chemine tant bien que mal avec sa faiblesse,

1 Rapporté par Marie-Paul Dion dans L’enfance spirituelle…, Église et Théologie, 28 (1997), p. 192-193.2 Ceux qui le désirent peuvent demander le graphique à l’adresse [email protected]

il se reprend sous l’invitation des prophètes et retombe. Toute la panoplie des émotions et des sentiments humains, des plus hauts aux plus vils, y passe comme tirée du secret dans lequel on voudrait la garder. C’est l’homme dans sa subjectivité si attachante qui est en chemin. Puis, il y a ce passage étroit vers la pyramide inversée que nous associons au Nouveau Testament : une entrée en la fine pointe de l’âme, dite encore esprit. Là, notre capacité de Dieu rencontre la Grâce, le Christ, nouveauté incomparable que nous n’avons pu imaginer (1 Co 2, 9). La vérité se présente comme Personne et Parole qui touche le cœur et attend amour pour amour. Ainsi, le sujet avec sa subjectivité s’humanise au plus haut point lorsqu’il intègre à sa marche le sens de l’autre et du Tout-Autre, objectivité bienveillante.

La tâche de la formation humaine sera de travailler la base affective-relationnelle de l’âme-psyché en besoin constant d’une meilleure connaissance de sa grandeur et de sa misère pour que soit rendue possible la remise à Dieu. Qui penserait se passer de l’Ancien Testament ? Impensable de ne pas visiter ses angoisses, impossible de s’extirper de l’humus de sa nature. Il s’agira d’accéder au lieu et au temps où se sont formées nos tendances affectives, nos dépendances-conditionnements, nos croyances émotionnelles, enracinées malgré leur incongruité dans notre être profond. Il incombera de débusquer nos points aveugles, notre orgueil persistant. Tout ceci appartient bien au présent et empêche, trop souvent, la grâce de déployer toute sa puissance ! L’accompagnement humain invite à s’imprégner de son premier testament, son héritage affectif et relationnel. Il s’agit de le reconnaître et de l’intégrer comme une force, comme une belle histoire, afin de le laisser se transformer au bon vouloir de Dieu !

Mme Louise Couture

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L’ENTRE DEUX TOURS 9bulletin de l’iftm vol. 16 – no 2 décembre 2016

« Vous, les Québécois, vous savez faire. » C’est ce qu’un jour m’a dit Xavier Lacroix, avec qui j’ai travaillé quelques années, alors doyen de la Faculté de théologie à l’Université catholique de Lyon. Il était aussi venu au Québec. Il était impressionné par la façon que nous avions pour organiser et animer des rencontres, des colloques ou diverses réunions en pastorale. Mais, contrairement aux Français, qui produisent quantité de livres sur leur façon de faire, il ajouta : « Mais vous ne mettez pas en évidence votre expérience. »

Revenant de Lyon, je réunis plusieurs personnes travaillant dans des domaines variés et, faisant part des remarques du doyen, nous avons ensemble cherché à trouver une route pour collecter, analyser et faire connaître les initiatives sur le couple et la famille en Église que divers groupes québécois réalisent ; tout cela pour les « mettre en évidence ». Ainsi, nous pourrions faire fructifier les énergies des milieux pastoraux, communautaires et de formation.

Il fallait donc arriver à créer un organisme qui, animé par un réseau d'acteurs impliqués dans les domaines de la recherche pratique, de la formation et de l’intervention (et qui donne priorité à la famille), offre un espace d’échanges et de réflexions sur les pratiques en pastorale. Cet organisme devait aussi veiller à ce que la recherche et la formation se traduisent par des gestes concrets dans les divers milieux – y compris dans les familles elles-mêmes – et que ces gestes soient connus « at large ». Dix mois plus tard, l’Observatoire sur les familles en pastorale était créé. Le 13 avril 2010, le gouvernement du Québec délivrait les lettres patentes de l’Observatoire.

Une étape importante venait d’être réalisée. Cependant, pour collecter, analyser et favoriser l’échange de renseignements entre les gens impliqués auprès des familles dans le monde de la

Par: Gérard Valade, directeur adjoint à la formation pastorale ettitulaire de l’Observatoire sur les familles en pastorale

L’OBSERVATOIRE SUR LES FAMILLES EN PASTORALE

pastorale, il fallait d’abord trouver un lieu qui pouvait accueillir l’Observatoire. C’est l’Institut de formation théologique de Montréal qui a accepté.

Cette étape complétée, nous devions trouver des observateurs ou des gens prêts à aller à la découverte de gestes concrets aidant les famille ou, comme nous le répétons souvent, familles en toutes situations. Ce fut et c’est encore une grande difficulté. Pour être observateur, il faut tout de même prendre le temps nécessaire pour observer une situation qui peut intéresser d’autres personnes ou différents groupes. Il faut aussi avoir une certaine audace pour aller puiser des renseignements qui se rapportent au mieux-être des familles et les noter, puis dire aux gens que ce qu’ils font est une ressource précieuse pour le renouvellement de l’action pastorale et que leur action pourra être objet de recherche, de formation, d’intervention. Car, oui, on a encore cette manie de garder tout pour soi. Pour reprendre les mots de Xavier Lacroix, il est difficile de mettre en évidence ce que nous faisons.

Or, même si cette difficulté reste présente, plus nombreux sont les gens qui informent l’Observatoire de nouvelles tendances, d’initiatives, de changements structurels affectant les familles et la pastorale dans son ensemble. Les capsules informatives que nous avons réalisées l’an passé (et qui se trouvent sur Youtube) montrent tout de même ce désir de partage et de faciliter un partenariat entre les acteurs et les réseaux concernés. Ces gens reconnaissent que l’Observatoire est un lieu d’échange sur des parcours communautaires même atypiques, une sorte d’école de formation autant qu’une source d’aide et de soutien. Ne pourrait-il pas être un « socle » qui inspire des projets et une précieuse ressource pour le renouvellement des communautés paroissiales ?

L’avenir est tout de même prometteur.

M. Gérard Valade

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de l’Institut de formation théologique de Montréal et du Grand Séminaire de Montréal.

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bulletin de l’iftm vol. 16 – no 2 décembre 2016L’ENTRE DEUX TOURS10

At the end of September, Fr. Jaroslaw Kaufmann, Rector of the Grand Séminaire de Montréal (GSM), Fr. Guy Guindon, Director of the Pastoral department, Carole Sarrazin, Administrative technician, and I were invited to participate in a conference on governance issues for Theological Faculties offered by the Association of Theological Schools (ATS) of which the Institut de formation théologique de Montréal (IFTM) is an associate member since 2014. Based in Pittsburgh, Pennsylvania, the ATS is an ecumenical association that helps to keep theological schools at a university level. They offer ongoing support and encouragement for faculties, helping them to assess their particular areas of struggle and find solutions that strengthen their effectiveness in keeping theological schools a viable and important option in the higher academic fields of study. Representatives from theological faculties from a multitude of different Christian denominations, gathered together from across Canada and the United States. I was struck by the common issues that every faculty faces, common issues that transcend denominational lines. The fact that most theological faculties, due to the rise of secularization, have been reduced in size, we all struggle to show the importance and relevance of our field of study for our culture and society. Theology is a real science without which history, literature, social sciences, and the other departments of education would have an incomplete picture for a true universal understanding of the world. Our smaller faculties challenge us in issues of the proper amount of staff, the need to respect each person’s role, such as that of rector or president, the board of directors, the treasurer, etc. There is also the struggle for financial support and student enrolment, and the struggle for a common vision among all the stakeholders. Daniel Aleshire, executive director of the ATS, gave us a great introduction to the conference. He described three typical examples of problematic governance issues: conflicts of interest, lack of communication and of a common vision. It was said that conflicts of interest often arise today due, in part, to a lack of staffing where few people take on multiple roles. An example was given where an institute’s chief development officer was also the chief financial officer. Abuse of funds ensued. For the second issue he gave two examples of bad communication, where a CEO was never around, and the staff had no idea what was happening when credit problems surfaced, and another when ecclesiastical authorities decided to terminate a tenured professor without knowing the civil implications, such as possible lawsuits. The last typical problem is a lack of common vision over the mission of the institute, such as when the school has one idea about what it’s purpose is, the faculty another, and the board of directors caught in the middle. Mr. Aleshire stressed that good governance is possible, and solutions are available, when we have clear roles, good communication and a shared vision. Aside from the workshops and coaching that helped us to see clearly what our own challenges were and what solution we need to take, it was Barbara Wheeler’s best practices and David Tiede’s governance chart that helped bring some clarity to the complex reality of running an educational institution. One necessity was to name all the stakeholders, for which we discovered that in Montreal we have a plethora. The stakeholders are those who are directly and indirectly involved. We discovered that on whole there are three main categories of roles, the faculty, comprising both teachers and students, the President (Rector, in Montreal) and administration, and finally the board of directors which includes the financial aspect. To unify these three functions, it was stressed that the first thing that must be clear for everyone is the vision: what is the mission of the theological faculty or seminary? Then comes the division of labour for which the institute must provide enough personnel to enact the priorities of the institution. Finally there is the fiduciary aspect that takes into account the execution of tasks for each of the three roles. This last part is the nitty gritty daily toil to achieve the institute’s goal. It was said during our time in Pittsburgh that governance is never a simple reality, but a complex and even messy tangle of relationships that can never be entirely controlled. As I thought about our situation in Montreal, and as our team brainstormed and shared with each other on the unique and complex structure that is ours, we left this conference with greater sense of the task that is at hand for us, but as well a greater sense of confidence that it is possible to reach our goal to educate and train future priests and to be a center for good catholic theological education.

ASSOCIATION OF THEOLOGICAL SCHOOLS (ATS)

Par : L'abbé Stephen Otvos, directeur du département de théologie

M. Stephen Otvos, ptre

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L’ENTRE DEUX TOURS 11bulletin de l’iftm vol. 16 – no 2 décembre 2016

On retrouve pas moins de 15 fois le terme « accompagnement » dans la dernière exhortation post-synodale La joie de l’amour du pape François. Le Pape utilise aussi, à plusieurs reprises, l’expression « accompagnement pastoral » (nos 223, 229, 234, 299). À la lumière de ce texte, on comprend qu’il est nécessaire que « l’Église offre des espaces d’accompagnement et d’assistance » (no 38) et que cela doit colorer l’ensemble de sa pastorale.

Dans ce contexte, le Grand Séminaire de Montréal cherche à réviser son offre d’accompagnement auprès des séminaristes. Dernièrement, nous avons publié un nouveau Guide d’accompagnement pastoral à l’usage des superviseurs, des tuteurs et des laïcs en paroisse. Il contient de précieuses indications sur la manière d’aborder l’accompagnement pastoral, une approche qui diffère grandement de l’accompagnement spirituel ou du counseling. Alors que le counseling est centré sur le passé et sur l’identification des blessures qui lui sont associés, l’accompagnement spirituel est centré sur le présent et sur l’identification des mouvements de l’Esprit et, quant à lui, l’accompagnement pastoral est centré sur le futur et sur la réalisation d’objectifs concrets. Évidemment, la manière d’exercer l’accompagnement diffère, selon que notre regard soit tourné vers le passé, le présent ou l’avenir. Mais la Bonne Nouvelle, c’est que « Jésus-Christ est le même hier, aujourd'hui et pour l'éternité » (Hébreux 13, 8). Il est avec nous « tous les jours, jusqu’à la fin du monde » (Matthieu 28, 20). C’est ce qui nous donne l’assurance nécessaire pour accompagner nos frères, peu importe la situation rencontrée.

Voilà pourquoi nous avons offert, l’an dernier, une formation spécialement destinée aux tuteurs. Cette formation en accompagnement pastoral portait sur une méthode appelée le coaching. Le coaching vient du mot français « cocher », utilisé au XVIe siècle. Tout comme un cocher, le coach veut aider la personne coachée à faire des déplacements salutaires, en réponse aux appels que Dieu lui lance. Tous ceux qui ont participé aux formations ont pu toucher du doigt aux bienfaits qu’apporte une démarche de coaching.

Cette année, nous offrirons une formation plus spéciale aux animateurs de groupes de soutien. Cette formation en accompagnement pastoral portera sur une méthode appelée le codéveloppement. Le codéveloppement est une approche d’origine québécoise développée par Adrien Payette et Claude Champagne. Utilisée en contexte pastoral, elle favorise la relecture de ses pratiques et la responsabilisation. Nous croyons que cette approche simple et structurée permettra de mieux profiter du temps que nos séminaristes disposent en compagnie de leurs collaborateurs laïcs. Aussi, elle permettra aux laïcs d’assumer une « collaboration bien coordonnée et intégrée aux responsabilités éducatives des formateurs de futurs prêtres1 ».

Souhaitons que les efforts déployés sur le terrain favoriseront l’adoption d’un « nouveau style de vie pastorale », marqué par « une profonde communion » entre les membres du presbyterium, et « une collaboration féconde avec les laïcs, dans le respect de la promotion des divers rôles, des charismes et des ministères au sein de la communauté ecclésiale 2 ».

1 Jean-Paul II. Exhortation post-synodale « Pastores dabo vobis ». Vatican : Édition polyglotte vaticane, 25 mars 1992, p. 179, no 66.2 Jean-Paul II. Ibid. p. 47, no 18.

M. Jean-Philippe Auger, ptre

Par : L’ abbé Jean-Philippe Auger, D. Th. P. , professeur à l’IFTM etresponsable de la formation à l’accompagnement pastoral

DÉVELOPPER L’ART DE L’ACCOMPAGNEMENT PASTORAL

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40632000

Cours offerts exclusivement en ligne pour tous les programmes :

Connaissez-vous un jeune homme qui songe à devenir prêtre dans le

monde d’aujourd’hui ? Connaissez-vous un jeune homme que vous, ou votre communauté paroissiale, voyez comme prêtre ?

À la prière s’ajoute le Service diocésain de la Pastorale des

vocations sacerdotales.

Cours offerts - trimestre d’hiver 2017

PH2-2317 Séminaire de philosophie : la question de Dieu

PH2-2110 L’homme face à l’affirmation et à la négation de Dieu

PH2-1110 Introduction à la métaphysique

PH2-1909 Philosophie contemporaine

PH2-2001 Le phénomène religieux : signification et expression

PH1-2210 Ancien et Nouveau Testament : histoire du Salut

TH2-2324 Marie dans le mystère du Christ et de l’Église

PF-2654L Les mariages interculturels et interreligieux (mardi soir)

TH-2320 Christologie et Mystère pascal

TH-2330 Anthropologie théologique : personne humaine dans le Christ (création, péché originel, grâce)

TH-2656 Eucharistie et réconciliation

TH-2260 Tradition johannique : la communion des chrétiens aux richesses de la vie divine

TH-2530 Théologie pastorale - Évangélisation : comment monter un projet pastoral ?

TH-2420 Bioéthique : communauté chrétienne et promotion de la vie humaine

TH-2630 Ecclésiologie II : mariologie, escathologie

TH-2220 Pentateuque : la révélation de l’alliance de Dieu avec l’homme

TH-2654 Théologie des ministères et du presbytérat

TH-2536 Spiritualité du sacerdoce ministériel

DÉPARTEMENT DE PHILOSOPHIECours de 3 crédits offerts sur le campus de 9h00 à 11h50 : Philosophie I & Philosophie II

Cours de 3 crédits offerts sur le campus de 9h00 à 11h50 (samedi)

Cours de 3 crédits offerts à distance en temps réel de 18h30 à 21h20:Pastorale familiale

DÉPARTEMENT DE THÉOLOGIECours de 3 crédits offerts sur le campus de 9h00 à 11h50 : Théologie I, Théologie II & Théologie III

DC-1010L Ecclésiologie de Vatican II : les principes qui gouvernent l'Église et ses différences avec ceux de l'État (3 cr.)

DC-1020L Fondements du droit canonique et développement historique (2 cr.)

DC-1030L Normes générales (2 cr.)

DC-1040L Le peuple de Dieu I (3 cr.)

DC-1050L Le peuple de Dieu II (3 cr.)

DC-1060L La constitution hiérarchique de l'Église (3 cr.)

DC-1070L L'organisation interne des Églises particulières (3 cr.)

DC-1080L Les lieux et les temps sacrés : les biens temporels de l'Église (3 cr.)

DC-1090L La fonction de sanctification de l'Église (3 cr.)

DC-1100L Éléments de latin ecclésiastique (2 cr.)

DC-2020L La procédure canonique (3 cr.)

DC-2030L Instituts de vie consacrée et sociétés de vie apostolique (3 cr.)

TH-2625L Droit canonique : renouveau du droit dans l'Église (3 cr.)

DÉPARTEMENT DE DROIT CANONIQUECours offerts exclusivement en ligne :

TH-0014L Méthodologie du travail intellectuel (1 cr.)

TH-0018L Méthodologie du travail intellectuel et introduction philosophique à la théologie (3 cr.)

M. l’abbé Silvain Cloutier, directeurCourriel : [email protected]

Téléphone : 514 931-7311Bureau : 1071, rue de la Cathédrale,

Montréal, QC

« Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. » Luc, 2,11.

JOYEUX NOËL À TOUTES LES FAMILLES !

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