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Maurice Port-Louis chiffres clés Superficie en milliers de km 2 : 2 • Population en milliers (2000) : 1 161 • PIB par hab. en dollars (2000) : 3 987 • Espérance de vie (1995-2000) :70.7 • Taux d’analphabétisme (2001) :15.0 MAURICE 10/01/02 15:36 Page 225

Données économiques sur l'Île Maurice

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Des données générales et des données économique du cette Île de l'Océan Indien

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  • Maurice

    Port-Louis

    chiffres cls Superficie en milliers de km2 : 2 Population en milliers (2000) : 1 161 PIB par hab. en dollars (2000) : 3 987 Esprance de vie (1995-2000) :70.7 Taux danalphabtisme (2001) :15.0

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    MAURICE PEUT TRE CONSIDRE comme lune desplus grandes russites du continent africain. Au coursdes deux dernires dcennies, son PIB a progress de5.7 pour cent en moyenne annuelle, et le pays affichelun des niveaux dinstruction les plus levs du mondeen dveloppement. Aprs la grave scheresse de 1999,qui a durement touch le secteur sucrier, lconomiemauricienne a rebondi en 2000, avec une croissancede 8.9 pour cent. De 6.1 pour cent en moyenne, lacroissance du PIB se poursuivra son rythme habituelen 2001 et 2002. Autrefois fortement tributaire de sesexportations de sucre, Maurice a su se diversifier et

    dvelopper son secteur de lhabillement, grce auxzones franches. Cependant, malgr ses performancesremarquables, le pays doit faire face de srieusesdifficults conomiques, car il a btison dveloppement sur des bases quiconnaissent une rapide volution.Les augmentations du cot de lamain-duvre des dernires annesont rod sa comptitivit dans lindustrie textile. Enoutre, laccs prfrentiel aux marchs, qui est vitalpour lexpansion du secteur sucrier et de lhabillement,va disparatre progressivement dans les annes venir.

    Maurice a su se diversifier et dvelopper son secteur de lhabillement, grce aux zones franches

    1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001(e) 2002(p)

    -10

    -8

    -6

    -4

    -2

    0

    2

    4

    6

    8

    10

    Figure 1 - Taux de croissance du PIB en volume

    Source : Estimations et prvisions des auteurs sur la base des donnes des autorits nationales.

    Dveloppements conomiquesrcents

    Au cours des 6 dernires annes (1996-2001),Maurice a connu une croissance moyenne de6 pour cent, tire par plusieurs moteurs : les zonesfranches, le sucre, le tourisme et lmergence du secteurdes services financiers.

    En consolidant sa pntration sur les marchsfranais, britannique et des tats-Unis, le secteur

    mauricien de lhabillement, de loin la premireproduction des zones franches, se dveloppe unrythme soutenu depuis quelques annes. Avec12 pour cent du PIB et prs des trois quarts des recettesdexportation du pays, les entreprises implantes enzones franches affichent depuis quelques annes unecroissance voisine de 6 pour cent. Nanmoins,lvolution de lenvironnement conomique pourraitbientt les mettre en pril. La fin des quotas et delaccs au march europen en franchise de droits, compter de dcembre 2004, associe au renchrissement

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    Maurice

    du cot de la main-duvre observ dans les zonesfranches au cours de la dernire dcennie, pourraientimposer des changements radicaux ces entreprises.

    Le secteur du sucre, soit la production et, dans unemoindre mesure, la transformation de la canne sucre,a considrablement rebondi en 2000 aprs la scheressede 1999, lune des plus graves que le pays ait connues.Ce secteur a affich une progression de 52.5 pour centen 2000 et devrait renouer, en 2001, avec ses niveauxde production davant la scheresse. Suite lexplosionde la filire sucre, dans les annes 70, le secteur sestdvelopp un rythme rgulier sur les deux derniresdcennies, essentiellement grce au Protocole sur lesucre et lAccord prfrentiel spcial sur le sucreconclus avec lUE, qui garantissaient aux exportationsun prix trois fois suprieur aux cours mondiaux.

    Rsultat : la quasi-totalit de la production est vendue lUE. Labaissement probable du prix garanti pourraitentraver lexpansion de ce secteur.

    Le secteur tertiaire a enregistr un essor remarquableau cours des dernires annes (11.1 pour cent en 2000),et englobe aujourdhui pour 62 pour cent de toutelconomie. Sur les cinq dernires annes, Maurice sestmnag une niche confortable sur le march des servicesfinanciers internationaux, grce au dveloppement deson rseau de conventions fiscales, une extraterritorialitbien connue, son emplacement stratgique et sonappartenance aux grands blocs commerciaux rgionaux.Les services financiers constituent aujourdhui letroisime pilier de son conomie, aprs les entreprisesmanufacturires implantes dans les zones franches etlagriculture. En outre, lintroduction dune nouvelle

    1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000

    Afrique Maurice

    0

    500

    1000

    1500

    2000

    2500

    3000

    3500

    4000

    4500

    Figure 2 - PIB par habitant Maurice et en Afrique (en dollars courants)

    Source : Estimations et prvisions des auteurs sur la base des donnes du FMI et des autorits nationales.

    Tableau 1 - Composantes de la demande (en pourcentage du PIB)

    Source : Estimations et prvisions des auteurs sur la base des donnes des autorits nationales.

    1995 1998 1999 2000 2001 (e) 2002 (p)

    Formation brute de capital 25.8 25.3 26.0 25.6 22.5 25.8Publique 8.0 6.0 6.6 6.5 5.5 8.5Prive 17.8 19.3 19.4 19.1 16.8 17.3

    Consommation finale 76.7 75.5 77.5 76.4 75.2 77.9Publique 12.1 12.5 12.8 12.4 11.4 11.6Prive 64.6 63.0 64.7 64.0 63.7 66.4

    Solde extrieur -2.5 -0.8 -3.5 -2.0 2.3 -3.7Exportations 59.6 65.6 63.5 60.8 58.6 55.9Importations -62.1 -66.4 -67.0 -62.8 -56.3 -59.6

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    Maurice

    -2 0 2 4 6 8 10 12 14

    Secteur sucrier

    Agriculture, autres

    Produits des zones franches

    Autres activits manufacturires

    Eau et lectricit

    BTP

    Commerce de gros et de dtail

    Transport, stockage et communications

    Htels et restaurants

    Services financiers et aux entreprises

    Services publics

    PIB aux prix des facteurs

    Volume Prix Valeur

    Figure 4 - Contributions la croissance du PIB en 2000

    Source : Estimations des auteurs, sur la base des donnes du Bureau central des statistiques mauricien.

    Produitsdes zones franches

    Autres activits manufacturires

    Eau et lectricit

    BTP

    Commerce de groset de dtail

    Transport, stockageet communications

    Secteur sucrierAgriculture, autresServices publics

    Services financierset aux entreprises

    Htelset restaurants 13%

    4% 3%12%

    11%

    6%2%

    13%

    6%

    16%

    14%

    Figure 3 - Ventilation sectorielle du PIB en 2000

    Source : Estimations des auteurs sur la base des donnes du Bureau central des statistiques mauricien.

    lgislation visant lutter contre le blanchiment dargentrenforce la confiance dans le cadre rglementaire,institutionnel et oprationnel du pays, ce qui a dopla croissance du secteur en 2000 (+11.1 pour cent).

    Outre lintermdiation financire, le tourismecontribue de manire significative lexpansion et au

    dveloppement global du pays. Au cours des deuxdernires dcennies, les entres de touristes ont augment un rythme annuel moyen de 9 pour cent. En 2000,ce rythme sest encore acclr.

    La composition de la demande est reste pluttstable ces dernires annes : les investissements comptent

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    Maurice

    pour un quart de la demande intrieure, tandis que lesexportations et les importations reprsentent ensembleplus de 120 pour cent du PIB. Les fluctuations de laformation brute de capital fixe peuvent sexpliquer parlimpact considrable des investissements dans letransport arien et terrestre. On sattend des tendancesanalogues pour 2001 et 2002, mme si linvestissementpublic progressera sous leffet de la nouvelle politiquebudgtaire pour lexercice 2001/02.

    Politique macro-conomique

    Politique budgtaire et montaire

    Mme si la politique budgtaire rcente a pourprincipale ambition de rduire le dficit, Maurice afficheen moyenne un dficit global de 4.9 pour cent du PIBsur les cinq derniers exercices (1996/97 2000/01).Cette situation sest particulirement aggrave en2000/01 en raison des pertes subies par les grandesentreprises parapubliques et dune diminution desrecettes. Aprs consolidation du dficit budgtairecentral avec celui de la State Trading Corporation (STC)et du Central Electricity Board (CEB), la nouvelleestimation du dficit pour 2000/01 passe 7.6 pour cent, contre un objectif de 2.9 pour cent duPIB. Les pertes essuyes par la STC et le CEB sont pourlessentiel imputables la hausse des prix de lnergie,qui na pas t rpercute sur le consommateur. Du ctdes recettes, un abaissement significatif des tarifs

    extrieurs ainsi que de limpt sur le revenu et decertains impts indirects, a contribu un dficitcourant de grande ampleur.

    En raison des dficits budgtaires importants etrpts, la dette publique, essentiellement intrieure,se creuse fortement depuis peu. La dette intrieure estainsi partie dun niveau de 1.2 milliard de dollars enjuin 1995 pour stablir 1.8 milliard en juin 2000,soit 39 pour cent du PIB. Avec la dette publiqueextrieure, le total de la dette publique ressort 47 pour cent du PIB.

    Nonobstant les proccupations croissantes suscitespar lendettement public en augmentation, dans sonbudget 2001/02, le gouvernement actuel donne lapriorit au financement dun vaste programmedinvestissement public. Il tient surtout rpondre aubesoin de main-duvre trs qualifie et dune bonneinfrastructure, ncessaires pour faire face la montedu cot de la main-duvre et la fin de laccsprfrentiel. Les dpenses seront donc majores de58 pour cent pour financer linvestissement danslducation et la formation, les TIC et linfrastructure,lenvironnement et la sant, ainsi que dans diverssecteurs sociaux. Le dficit budgtaire primaire pour2001/02 devrait ainsi atteindre 5 pour cent, malgr lahausse de la taxe sur la valeur ajoute, porte de 10 12 pour cent. Le gouvernement a annonc son intentionde rsorber ce dficit global progressivement, sur les cinqprochaines annes, pour le ramener 3 pour cent

    Tableau 2 - Tableau des oprations financires de ltata (en pourcentage du PIB)

    a. Lexercice budgtaire commence le 1er juillet.b. Seuls les principaux postes de recettes et de dpenses sont dtaills.c. avec prts nets.Source : Estimations et prvisions des auteurs sur la base des donnes du ministre des Finances et la Banque de Maurice.

    1994/95 1997/98 1998/99 1999/00 2000/01(e) 2001/02(p)

    Total des recettes (avec dons)b 20.0 20.2 20.6 21.4 17.3 17.6Recettes fiscales 16.9 17.2 17.3 18.8 15.4 15.8

    Total des dpenses (et prts nets)b 23.7 24.2 24.0 25.4 23.6Dpenses courantes 20.0 21.1 21.1 21.3 20.0

    Sans intrts 16.9 17.2 17.6 17.8 16.2 16.2Salaires 7.6 7.1 7.2 7.1 6.2 6.0Paiements dintrts 3.1 3.8 3.5 3.5 3.8

    Dpenses dquipementc 3.8 3.0 2.1 3.2 3.1 4.4

    Solde primaire -0.6 -0.1 0.1 -0.4 -2.5 -5.0Solde gnral -3.7 -4.0 -3.4 -3.9 -6.3

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    Maurice

    du PIB. Nanmoins, lambitieux programme dinvestis-sement public sur quatre ans lanc avec le dernierbudget suscite des inquitudes quant sa viabilit dansles annes venir, tant donn le creusement du dficitprimaire pour 2001/2002.

    Sous lautorit de la banque centrale, la Banque deMaurice, la politique montaire et de change a chargede soutenir la croissance en favorisant la stabilit desprix et des taux de change. A cette fin, la banque centralea rcemment adopt diverses mesures. Sur le marchintrieur, un resserrement de la politique montaire afait suite aux lections de septembre 2000. Avec unecroissance du PIB de 5.5-6 pour cent et une inflation 4.5-5 pour cent, la croissance de la masse montairefait lobjet dune attention constante. Le taux Lombard,introduit en dcembre 1999, a donc t port de11 pour cent en juin 2000 12.5 pour cent enavril 2001. Malgr le rebond spectaculaire de lconomie

    aprs la scheresse qui a frapp le secteur sucrier en 1999,linflation est reste en sourdine, et est passe de5.3 pour cent en 1999/2000 4.4 pour cent surlexercice budgtaire suivant. Pour 2001, avec uneinflation prvue 4.1 pour cent, la priorit restera lastabilit des prix.

    Sur le march des changes, on a observ une forteapprciation de la roupie mauricienne en termes relsen 1999 et sur une grande partie de 2000, en raisondes diffrentiels dinflation avec les partenairescommerciaux et du repli de leuro face au dollar destats-Unis. Pour rpondre aux revendications du secteursucrier, la banque centrale a rintroduit une obligationde dpt de 50 pour cent des recettes en devises duSyndicat des Sucres. Depuis octobre 2000, suite auxpressions exerces sur le march, la roupie mauriciennea perdu 7.5 pour cent en termes rels, ce qui a annulune grande partie de sa perte de comptitivit antrieure.

    Position extrieure

    Maurice est lune des conomies les plus ouvertesdAfrique, et ses relations commerciales sont

    principalement faonnes par laccs prfrentiel auxmarchs. Tandis que le sucre est essentiellement exportvers les pays dEurope ayant accord cet accs prfrentiel des prix garantis, les principaux dbouchs pour les

    1990/91 1991/92 1992/93 1993/94 1994/95 1995/96 1996/97 1997/98 1998/99 1999/00 2000/01

    Inflation Croissance de M2

    2

    4

    6

    8

    10

    12

    14

    16

    18

    20

    22

    Figure 5 - Taux dinflation et croissance de la masse montaire

    Source : Donnes communiques par le Bureau central des statistiques.

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    Maurice

    exportations de vtements sont la France, le Royaume-Uni et les tats-Unis, o les produits entrent enfranchises de droits. Du ct des importations, lesrelations commerciales sont plus diversifies. En fait,outre les pays revenu lev tels que la France (qui estson deuxime fournisseur), dautres pays de lUE, lestats-Unis et Hong Kong, ses autres partenairesimportants sont lInde et lAfrique du Sud. Mauriceimporte essentiellement des produits manufacturs(fils textiles et tissus de coton), des machines et dumatriel de transport ainsi que, dans une moindremesure, des aliments et des animaux vivants.

    Sur le plan structurel, la position extrieure deMaurice se caractrise par un dficit commercialcompens par les exportations nettes de services(principalement les emprunts) et les transferts courants.Sur les cinq dernires annes, un dficit moyen de labalance commerciale de 9 pour cent du PIB sestaccompagn dun dficit des oprations courantestournant en moyenne autour de 0.9 pour cent du PIBseulement. Suite aux augmentations de linvestissement essentiellement public en 2001/2002, lesimportations stabliront 44.2 pour cent du PIB, cequi creusera le dficit commercial de 40 pour cent.

    Tableau 3 - Comptes courants (en pourcentage du PIB)

    Source : Estimations et prvisions des auteurs sur la base des donnes du FMI et des autorits nationales.

    1994/95 1997/98 1998/99 1999/00 2000/01(e) 2001/02(p)

    Balance commerciale -10.3 -10.1 -8.8 -10.5 -9.5 -13.6Exportations de biens (f.o.b.) 38.6 39.6 40.3 35.5 32.1 30.6Importations de biens (f.o.b.) -48.9 -49.8 -49.1 -46.0 -41.6 -44.2

    Services 2.9 4.8 5.6 9.8Revenus des facteurs -0.5 -0.5 -0.6 -0.8Transferts courants 2.7 3.0 2.2 2.0

    Solde des comptes courants -5.2 -2.9 -1.6 0.5

    1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999

    Dette/PNB Service/X

    0

    10

    20

    30

    40

    50

    60

    70

    Figure 6 - Part de lencours de la dette sur le PNB et ratio du service sur les exportations de biens et services.

    Source : Banque mondiale (2001), Global Development Finance.

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    Maurice

    Sur lexercice budgtaire 1999/2000, malgr limpactde la scheresse sur les exportations de sucre, la balancedes oprations courantes nest plus dficitaire de1.6 pour cent mais dgage un excdent de 0.5 pour cent,grce la progression des recettes lies au tourisme.

    Avec un niveau annuel moyen de un pour cent duPIB sur dix ans, linvestissement direct tranger neconstitue pas un facteur dterminant de la balance despaiements. Qui plus est, les flux dIDE ne contribuentpas de manire significative lexpansion des capacitsde production, car ils reprsentent en moyenne moinsde 4 pour cent de linvestissement brut. Nanmoins,lacquisition par France Tlcom de 40 pour cent desactions de Mauritius Telecom, en novembre 2000, sesttraduite par des flux dIDE dun volume exceptionnel,gal 6 pour cent du PIB et 25 pour cent delinvestissement brut total.

    Au cours des dix dernires annes, la detteextrieure mauricienne a augment sensiblement demoins de 1 milliard en 1990 2.5 milliards en 1999.La dette long terme soit les trois quarts du total est souscrite pour lessentiel auprs de prteursprivs, qui reprsentent 73 pour cent de lensembledes crditeurs en 1999. Le service de la dette extrieureest rest nanmoins stable (de 8.8 pour cent desexportations de biens et services en 1990 9.7 pourcent en 1999).

    Questions structurelles

    Les avantages comparatifs, qui taient vitaux poursoutenir la croissance conomique de Maurice cesdernires dcennies, sont en train dvoluer, et le payssera bientt confront un contexte radicalementdiffrent. La transformation de lenvironnementcommercial imposera de repenser le modle conomiqueactuel, essentiellement fond sur la production devtements bas de gamme et sur un secteur sucrierpuissant. Sur le plan intrieur, le vieillissement de lapopulation provoqu par les mutations dmographiquespsera sur le rapport inactifs/actifs, ce qui aura desconsquences sur le potentiel de croissance et exercerades pressions sur les finances publiques.

    Sur le plan extrieur, les principaux changementsont trait la fin de laccs prfrentiel aux marchs, nonrciproque. La suppression des quotas mondiaux surlhabillement dans le cadre de lAccord Multifibres par lUE et les tats-Unis, fin 2004, va rduire laccsprfrentiel dont bnficie le secteur de lhabillementet exposer le pays la concurrence mondiale. En outre,la disparition progressive des prix garantis par lUEpour le sucre au cours des prochaines annes vacertainement compromettre la rentabilit du secteur.Dun autre ct, la loi sur la croissance et les opportunitsen Afrique (African Growth and Opportunity Act -AGOA) vote par les tats-Unis en 2000, pourraitavoir une influence importante sur Maurice, etparticulirement sur son secteur de lhabillement. Laccsen franchise de droit des vtements mauriciens auxtats-Unis, autoris jusquen 2008, sous rserve durespect de la rgle dorigine, pourrait contrebalancerlargement limpact ngatif de lexpiration desdispositions de lAccord Multifibres. En outre, lecommerce rgional pourrait tre dynamis par unrebond de linvestissement direct mauricien dans les paysafricains voisins, tels que Madagascar et le Mozambique,qui sont exempts de lobligation relative la rgledorigine pendant une priode de 4 ans.

    Sur le plan intrieur, la priode relativement longuede croissance soutenue qua traverse le pays au coursdes trois dernires dcennies a influ sur les tendancesdmographiques. Le taux de fcondit est pass de 3.25en 1970 1.90 en 1998, et ce recul, associ la haussede lesprance de vie de 63 72 ans, est en train demodifier la pyramide des ges. En fait, sur les dixprochaines annes, le rythme de progression de lapopulation active va passer en dessous de 1 pour centpar an, ce qui se traduira par un vieillissement de lapopulation. Ce vieillissement va considrablementintensifier les pressions pesant sur les dispositifs deretraite et les finances publiques, augmentant ainsi lepoids des transferts courants, ainsi que sur le potentielde croissance de lconomie.

    Le pays est en train de rformer son cadrerglementaire et dtoffer son infrastructure poursadapter aux changements structurels et atteindre unnouveau stade de dveloppement.

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    Maurice

    Le cadre rglementaire relatif lIDE a t rformces dernires annes dans le but dattirer les investisseurspotentiels. Jusquici, lextrme lourdeur des procduresadministratives ncessaires pour obtenir une autorisationdIDE et un permis de travail pour les expatrisconstituait plutt un obstacle. A partir dun cadreinstitutionnel fragment, avec clatement desresponsabilits entre divers institutions et ministres,le gouvernement a cr une nouvelle institution appeleBoard of Investment BOI (bureau dinvestissement).Ce dernier est charg de toutes les procdures auxquellesdoivent se plier les investisseurs qui veulent mettre enplace des projets. En outre, le pays est en train dedployer une stratgie reposant sur le ciblage slectifdes investisseurs trangers potentiels, qui va remplacerles tournes de prsentation habituelles, qui exposentle potentiel du pays une large palette dinvestisseurstrangers.

    Pour un pays dAfrique, Maurice dispose duneinfrastructure de base tendue. Les vastes projetsdinvestissement public engags rcemment ontnotablement amlior le rseau routier de lle, quicompte aujourdhui 1 880 km de voies goudronnes.Le transport maritime est galement bien dvelopp,et le principal port du pays, Port-Louis, vient dtreagrandi et modernis pour pouvoir accueillir des naviresplus gros. Sous le contrle de la Mauritius FreeportAuthority (MPA), autorit portuaire parapublique creen 1992, le pays a fortement toff ses capacitsportuaires. Linstauration dun port franc, considrcomme la plate-forme logistique pour les fonctionsdentreposage, de distribution et de commercialisationdans toute la rgion, sinscrit en droite ligne de lapolitique du gouvernement, qui vise dvelopper lesecteur afin de faire de Maurice une plate-formecommerciale rgionale. Maurice dispose galementdune infrastructure de transport arien moderne, avecun aroport international public qui accueille15 compagnies ariennes internationales et gre quelque150 vols par semaine.

    Outre lexpansion de son infrastructure de base,Maurice sefforce de raliser son ambition : devenirune plate-forme pour les tlcommunications et lestechnologies de linformation. Avec 250 lignes

    tlphoniques pour 1 000 habitants, Maurice bnficiedu rseau de tlcommunications le plus densedAfrique. Nanmoins, la ralisation de son objectif seheurte toujours des contraintes lies lenvironnementactuel de ce secteur. En effet, le cot de la tlphoniede base ainsi que les prix de laccs Internet restentlevs dans le pays, tandis que le nombre dordinateursraccords pour 10 000 habitants est la trane parrapport celui des principaux pays concurrents, commela Malaisie, la Core ou Singapour. Le march mauriciendes tlcommunications reste domin par le monopolede Maurice Telecom, qui est le seul oprateur detlphonie fixe et fournisseur daccs Internet du pays,et qui devrait conserver cette exclusivit jusqu la fin2003. Dun autre ct, lachvement, prvu pourfin 2001, du nouveau cble fibre optique sous-marinSAFE (Afrique du Sud-Extrme-Orient), qui relieraMaurice la Malaisie, lAfrique du Sud, puis lAfriquede lOuest et lEurope, va accrotre la bande passantehaute capacit de lle. En outre, un vaste projetdinfrastructure TIC, appel Cybercity, sera ralis avecla coopration technique et financire de lInde, etdevrait inciter les investisseurs nationaux et trangers dlocaliser leurs activits dans lle.

    Le secteur bancaire de lle est lun des plusdvelopps de lAfrique subsaharienne, et Maurice esten train de se mnager rapidement une place de choixsur le march international de lintermdiationfinancire. La banque offshore a dcoll dans lesannes 90, essentiellement grce la libralisation delconomie indienne. Qui plus est, Maurice bnficiede conventions fiscales bilatrales signes avec plusieursconomies dAsie au cours des dix dernires annes.Maurice est aujourdhui considre comme le quatrimeinvestisseur tranger en Inde, via ses abondantsinvestissements de portefeuille. Le nombre total dentitsextraterritoriales enregistres sous la forme de socitsnationales et internationales ainsi que de trusts avaitatteint 10 561 en novembre 1999. La banque offshorecompte 11 tablissements, dont trois prpondrants :Barclays, HSBC et South Africa Investec, et totalise2.6 milliards de dollars, contre 1.1 milliard pour lesdpts non bancaires. Par ailleurs, les dix banquescommerciales onshore oprant Maurice peuvent treconsidres comme rentables. Le systme bancaire est

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    bien capitalis et affichait un ratio de fonds propresmoyen de lordre de 12 13 pour cent ces trois derniresannes, soit plus que celui impos par les accords deBle, de 8 pour cent. Ce secteur, qui reste domin parMauritius Commercial Bank et la State Bank of Mauritius,a su fortement augmenter le crdit au priv, qui aprogress en moyenne de 30 pour cent sur les troisdernires annes, avec une volution parallle des dpts.La supervision bancaire a suivi le rythme dedveloppement du secteur dans son ensemble. Lasupervision des activits offshore a rcemment trenforce avec lintroduction dun projet de loi sur ledveloppement des services financiers (Financial ServicesDevelopment Bill), qui rassemblera dans un seul cadrela rglementation et la supervision du secteur financiernon bancaire. En outre, lAssemble nationale a votla loi de lutte contre la criminalit conomique et leblanchiment dargent (Economic Crime and anti-MoneyLaundering Act), qui a abouti la mise en place dunbureau de la criminalit conomique (Economic andCrime Office). La supervision des activits territorialesa galement t accrue par un renforcement du contrleexerc par la banque centrale.

    Contexte politique et social

    Maurice bnficie de lun des systmes politiquesles plus stables dAfrique, fond sur un rgime derpublique dmocratique pluraliste. Le pouvoir lgislatifest dtenu par une assemble nationale qui compte60 reprsentants lus. Les dernires lections, qui se sonttenues en septembre 2000, ont oppos deux grandesalliances : lalliance entre le Mouvement militantmauricien et le Mouvement socialiste mauricien(MMM-MSM) dun ct, et celle conclue entre leParti travailliste et le Parti mauricien social dmocrate(LP-PMSD) de lautre. Lalliance MMM-MSM aremport 54 des 60 siges. Des victoires aussi crasantesne sont pas rares lors des lections sur lle : en 1995,une alliance LP-MMM a gagn lintgralit des 60 siges,et en 1992, une coalition MMM-MSM avait dcroch56 siges.

    Lalliance MSM-MMM avait conclu un accordpr-lectoral sur le partage du poste de Premier ministre.

    Sir Anerood Jugnauth, chef du MSM, exercera lesfonctions de Premier ministre pendant les trois premiresannes, puis deviendra Prsident de la Rpublique.Pendant les deux dernires annes du mandat decinq ans, ce sera Paul Brenger, numro un du partiMMM, qui sera Premier ministre. Ce sera la premirefois que ce pays fera lexprience dun partage dupouvoir entre deux partis pendant un mandat. LorsqueM. Berenger accdera au poste de Premier ministre, ilsera le premier chef de gouvernement mauricien treoriginaire dune communaut minoritaire non hindoue.

    Les liens solides entre Maurice et lOccidentsexpliquent par lhritage politique de lle et par sadpendance vis--vis des marchs occidentaux. Mauricesefforce dinstaurer des relations troites avec lUnioneuropenne et ses tats membres, et en particulier leRoyaume-Uni et la France, qui exerce la souverainetsur lle voisine de la Runion. Au cours de la derniredcennie, la politique trangre de Maurice aprogressivement mis laccent sur un rapprochementavec le continent africain, avec une poursuite delintgration au sein de la SADC (Communaut pourle dveloppement des tats dAfrique australe), duCOMESA et de lIOC (Indian Ocean Commission) etle resserrement des liens conomiques et politiquesavec lAfrique du Sud. Enfin, lInde et Mauriceentretiennent des relations troites en raison de leurproximit culturelle et ethnique.

    Dans le contexte africain, Maurice peut treconsidre comme une russite sur le plan de lacroissance conomique et de lamlioration du bien-tre de toute la population. Luniversalit de laccsaux soins de sant primaires ainsi qu lenseignementprimaire tmoigne clairement des grandes avances desservices sociaux. Nanmoins, les mutations delenvironnement socio-conomique ne saccompagnentpas dune rvision du systme ducatif. Le march dutravail doit donc faire face un foss croissant entre loffreet la demande de main-duvre qualifie, ce qui setraduit par une hausse du chmage.

    Avec un taux dalphabtisation des adultes de83 pour cent, la gratuit de lenseignement jusquluniversit et laccs universel lcole primaire, Maurice

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  • Perspectives conomiques en Afrique OCDE/BAfD 2002

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    bnficie dun niveau dinstruction remarquable dansle contexte africain. Cependant, les taux dinscriptionpassent de 100 pour cent dans le primaire seulement60 pour cent dans le secondaire, en raison du fortpourcentage dabandon et dchec la fin du primaire.Ces abandons sont dus aux ingalits qui persistent ausein de la socit et lincapacit de lenseignementprimaire les radiquer. Les rgions haut revenubnficient dtablissements de meilleure qualit et, enoutre, les parents y sont disposs offrir leurs enfantsdes cours privs pour quils russissent le Certificate ofPrimary Education (certificat denseignement primaire),assez difficile, la fin de lcole primaire. De plus, lesystme ne sadapte pas aux mutations delenvironnement socio-conomique : Maurice arrive la 95e place pour ce qui est du pourcentage de sapopulation inscrit dans des tudes scientifiques,dinformatique ou dingnieur, soit significativementderrire ses principaux concurrents, tels que les paysdAsie de lEst et dautres pays dAfrique comme leBotswana, le Cameroun, la Cte dIvoire, lEgypte,le Nigeria et le Zimbabwe.

    Malgr une croissance conomique soutenue,lemploi sest nettement dtrior sur les cinq derniresannes. Le taux de chmage a bondi 8 pour cent en2000, contre 2.8 pour cent en 1990, et les premiresestimations pour 2001 laissent entrevoir un chiffresuprieur 9 pour cent. Cette progression suit unrythme alerte depuis deux ans, pendant lesquels lechmage a augment de 18.4 pour cent. Cest latransition dune conomie prsentant un niveau detechnologie et de comptences faible une conomiede services qui est responsable de ce phnomne. Eneffet, la population active reste largement compose detravailleurs semi-qualifis ou peu qualifis, qui totalisent97 pour cent de lemploi. Par ailleurs, des postesspcialiss ne peuvent pas tre pourvus par les chmeursactuels, qui nont pas les comptences requises. Enfin,il faut galement signaler lvolution du taux departicipation des femmes, qui est pass de 30 pour centdans les annes 80 40 pour cent en 2000.

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