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Dora, la mangeuse d'hommes

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Page 1: Dora, la mangeuse d'hommes

Dora, la mangeuse d'hommes

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Sous la griffe de la bête

Maurice de la Pintière a exécuté ces lavis aussitôt après son retour des camps de concentration, en 1945.

Bien sûr, ces dessins ne donnent qu'une idée incomplète de ce qu'ont subi des milliers de déportés.

Mais ces lavis constituent un témoignage saisissant de la réalité quotidienne des camps.

Ce sont des scènes vécues, encore toutes fraîches dans la mémoire de l'artiste, qui présentent les résultats physiques de cette terrible

expérience.

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Intérieur du wagon entre Compiègne et Buchenwald.

Livrés aux SS, ils sont enfermés dans des wagons à bestiaux, volets fermés et barrés de fils de fer barbelés.

Ils sont entassés jusqu'à 120 par wagon, sans vêtement, demeurant ainsi pendant plusieurs jours et plusieurs nuits, sans air, sans eau,

sans tinettes. Des batailles se livrent pour essayer de happer près des ouvertures un peu de cet air qui manque désespérément.

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Dora : la mangeuse d'hommes

Dans le massif du Harz, au cœur de l'Allemagne, un vallon sans fleurs, sans oiseaux et sans soleil…

Entre deux collines de sombres sapins se cache l'antre du monstre teuton : une immense taupinière creusée dans le roc, à 60 mètres

sous terre. C'est là que la bête se terre, et règne sur un troupeau d'humains dont elle fait sa pâture. Car pour satisfaire son féroce

appétit, il lui fallait de la chair, du sang, de la vie.

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Les complices : des civils allemands

Venant de l'extérieur, des ingénieurs et des ouvriers spécialisés surveillaient certains travaux.

Au centre, avec le marteau, un ouvrier surnommé "Boîte à clous".

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Les valets : des baudets

Toute une hiérarchie s'institue, depuis le lagereltester et les lagerschutz en passant par les blockältesters, les kapos et les vorarbeiters.

Ce sont des criminels, droits communs, voleurs ou assassins qui se distinguent des autres esclaves par leur air arrogant. Une bande

d'étoffe noire cousue sur le bras gauche indique leur grade.

En haut à gauche, un Kapo de sinistre mémoire surnommé "le Gorille".

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Les Chefs : les SS

Voici les figures hideuses des maîtres des lieux.

Au sommet de la hiérarchie : le commandant du camp de Dora et quelques uns de ses subordonnés.

On peut reconnaître "Bouboule" et "la Panthère noire" dans leurs uniformes verts impeccables.

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Les victimes : les déportés de tous les pays d'Europe

Tous les pays d'Europe, tous les degrés de l'échelle sont représentés dans cette horde de moribonds.

Le soldat italien, le partisan russe, le résistant français, l'ouvrier, l'ingénieur, l'officier, le paysan et l'étudiant ...

Tous rabaissés au rang le plus bas de la condition humaine, hâves, décharnés, dans des haillons rayés, pourris de vermine.

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L'antre de la bête où les esclaves travaillaient et mourraient

Dans cette usine souterraine étaient fabriquées les armes secrètes du IIIe Reich.

Sous une poussière étouffante, dans le bruit assourdissant des marteaux piqueurs, sans air, rongés par la vermine, des hommes sont

restés des journées entières sans sortir de cet enfer.

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Où chaque pelletée de terre était mouillée de larmes et de sang

Raccourci de la vie des camps et de la hiérarchie imposée par les nazis : le SS donne les ordres et supervise, le kapo exécute les ordres

du SS et le vorarbeiter ceux du kapo.

Ces ordres, accompagnés de cris et de coups, sont transmis au déporté qui doit exécuter tout le travail.

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Courbés sous le poids de leur fardeau puant

Ce commando, le "kommando de la merde", était souvent réservé à ceux qui tentaient de s'évader. Les détenus sortent les tinettes-demi-

fûts- faisant office de toilettes dans le Tunnel. On pouvait les reconnaître au rond de tissu rouge sur fond blanc cousu sur l'habit du

bagnard. Ils transportent l'engrais destiné à fumer le jardin des SS.

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Où chaque wagonnet les acheminait vers la mort

Quel que soit leur âge ou profession antérieure, les déportés sont désignés pour des travaux de terrassement et de déblaiement.

Pendant de longues heures ils piochent et poussent de lourds wagonnets sur des voies de fortune, livrant bataille pour les basculer et les

décharger.

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Où chaque pierre était alourdie du poids de leur souffrance

A Buchenwald, les déportés se chargent de lourdes pierres, de la carrière à la place d'appel dont elles deviendront le pavement.

Que le chemin paraît long et cahoteux !

Lagerschutz et chefs de blocks sont mobilisés pour garder toutes les issues.

Il faut porter sa pierre jusqu'au bout…ou s'effondrer sur place.

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Où chaque tronc d'arbre leur semblait une lourde croix

Des arbres que le tracteur n'arrive pas à sortir sont transportés à dos d'hommes.

Agrippés à leur fardeau, ils ruissellent de sueur, au prix d'efforts surhumains ; sous les coups de trique et la morsure des chiens.

Ils avancent péniblement jusqu'au moment où , vaincus par la douleur, leur chemin de croix se termine avant le calvaire.

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Où douze heures durant, il fallait lutter contre les éléments déchaînés

Dans leurs haillons ils affrontaient le froid, la pluie et les rafales de neige.

Les pieds comme des blocs de glace, leurs mains nues saignaient et leurs visages bleuissaient sous la morsure du froid.

Le vorarbeiter, à l'abri dans un wagon, surveille l'exécution du travail.

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Ecrasés sous la botte de la brute sadique

Le kapo représenté ici est "le Gorille".

Il frappe sauvagement un détenu atteint de dysenterie qui n'avait plus la force de piocher.

Il l'achève sans épargner le ventre ni le visage.

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Gardés et pistés par des chiens

Tout kommando en extérieur était accompagné de SS et de chiens.

Au retour, avant de franchir la porte du camp, le responsable devait indiquer au SS de garde le nombre de déportés

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Où la faim se faisait cruellement sentir

La faim fut un autre ennemi des déportés. A la distribution, ils se contentaient des restes des kapos et vorarbeiters, qui s'administraient

chacun deux ou trois litres de soupe.

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... au point de ramasser de la soupe tombée à terre

Les déportés se jetaient à plat ventre pour laper, tels des bêtes, quelques cuillerées de soupe tombées à terre.

D'autres descendaient dans la fosse d'aisance y ramasser un os à sucer.

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Où la maladie était reine

Un autre ennemi du déporté : la maladie, et spécialement la dysenterie qui étendait ses ravages.

Dans cette population mal nourrie, sans hygiène, la faim et la soif faisaient commettre des imprudences impardonnables.

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Où le couchage consistait en une maigre paillasse étroit et sale

Fourbus par une journée de travail, réfrigérés par un appel interminable, leur lit de repos n'était qu'une maigre paillasse, pourrie de

vermine.

Partagée à deux ou trois, leur couverture protégeait moins du froid que la chaleur animale qui se dégageait de tous ces corps entassés.

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Où une hygiène mal comprise pouvait conduire à la mort

Sous prétexte d'hygiène, des séances de désinfection étaient organisées à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit.

Quelque temps qu'il fasse, il fallait attendre dehors dans la tenue d'Adam.

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Où la moindre peccadille coûtait 25 coups

Les gifles, les coups de poing ou de pied, les coups de schlague, sont monnaie courante de la vie des esclaves.

La moindre peccadille rapporte dix coups, mais s'il s'agit d'une négligence dans le travail, ce sera 25 ou 50 coups.

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Où toute tentative d'évasion était pratiquement impossible

Malgré les barbelés électrifiés, les miradors où veillent les SS, malgré les chiens, le bagnard qui n'en peut plus tente de s'échapper.

Celui-ci fut repris, roué de coups et enchaîné près de la porte d'entrée du camp jusqu'à ce que mort s'ensuive.

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Tandis que résonnaient les plaisanteries macabres des gardes-chiourmes

Combien tombaient pendant ces appels interminables ?

Les membres engourdis, les pieds gelés, les détenus attendaient un signal libérateur.

Alors, c'était la ruée vers le bloc ; une cohue indescriptible et la joie de trouver enfin une paillasse, un bout de pain et un peu de repos.

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Où la communion se donnait en cachette

Quel réconfort moral cette petite hostie faite avec un peu de farine.

Une émotion poignante se dégageait de ces communions données dans une poignée de main.

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Où l'on rencontrait des morts partout

Etait-il venu se reposer dans ce wagonnet, à bout de force et loin des regards indiscrets ?

Nul ne le saura jamais

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Toujours des morts ...

Les morts, dépouillés de leur misérables défroques, sont amenés un à un jusqu'au crématoire.

Ils ne pèsent pas lourds. Juste la peau sur les os !

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Encore des morts ...

La dernière charrette !

Le matin, elle descendait le pain pour les ouvriers du tunnel ; le soir, elle remontait un plein chargement de cadavres.

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Les malades se rendant au revier

Troupeau de squelettes, les yeux perdus au fond d'immenses orbites, ils regardaient déjà un autre monde. Enveloppés d'une couverture,

s'appuyant les uns sur les autres, ils avançaient lentement en trébuchant dans la boue.

Caravane dantesque de moribonds voués à la piqûre de pétrole et au four crématoire.

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Où la punition du sabotage était la prison

Pour l'évadé repris ou le saboteur découvert, les représailles sont terribles.

L'homme est jeté en prison, dans une sombre cellule, avec une nourriture réduite et astreint à des exercices pénibles.

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La potence

Il faut que justice soit faite pour dissuader. Les prisonniers condamnés à la potence sont pendus devant tous leurs camarades réunis sur

la place d'appel.

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Le crématoire

Pas de sépulture ... quelques cendres éparpillées par le vent sur cette terre inhumaine.

Le soir, quand le camp est assoupi, une lueur se répand et les étincelles s'échappent de la cheminée.

Quand le vent souffle, une odeur ignoble rappelle aux bagnards le sort qui les attend.

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Le bûcher

Quand le crématoire n'arrive pas à engloutir tout le combustible, c'est le bûcher.

C'est ce qui s'est produit en cette triste journée de Janvier 1944 où, d'un convoi venant d'Auschwitz, on retira plus de huit cents cadavres.

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Où peu nombreux furent ceux qui purent gravir le chemin de la liberté

Les alliés approchent ; leurs avions sont maîtres du ciel ... mais les nazis ne lâchent pas facilement leurs proies.

Encadrés par les SS, les déportés sont poussés sur les routes. Ce sont les marches de la mort.

Malheur à ceux qui ne peuvent plus suivre le convoi, une balle dans la nuque les couchera dans le fossé.

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La fiancée du bagnard

Reproduction d'un dessin fait à Dora : la fiancée du bagnard et son anneau de fiançailles.

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