14
Les 186 lauréats de l’enquête « HappyAtWork » Le classement des start-up et des jeunes diplômés Aujourd’hui plus personne ne veut sacrifier sa vie au travail ». L’assertion en apparence anodine d’Emmanuelle Duez, jeune trentenaire fondatrice de The Boson Project, un cabinet spécialisé dans les rapports des générations Y et Z au travail, en dit long sur le chemin parcouru en vingt ans. Personne n’aurait eu l’idée, jusqu’aux années 1990, d’associer travail et bonheur. La réussite professionnelle se mesurait alors en salaire sonnant et trébuchant – version « golden boy » – en statuts et en plans de carrière toute tracée. L’effort prévalait sur le sens. La transformation à marche forcée et subie, très peu pour la nouvelle génération qui débarque sur le marché du travail ! Ce sera elle à la manœuvre, sinon ciao ! Et contrairement aux précédentes générations, les Millennials disposent d’un argument massue : ils maîtrisent les nouveaux usages numériques et outils technologiques, dont ils savent saisir les opportunités. La nécessaire transformation des entreprises et de notre modèle économique ne se fera pas sans eux. Situation paradoxale pour celle qu’on a aussi coutume d’appeler « génération précaire ». Transparence, autonomie, responsabilisation, mobilité, droit à l’échec, équilibre vie pro / vie perso… De nouvelles attentes formulées sous forme d’exigences. La majorité des 18-30 veulent travailler pour des entreprises « évolutives, qui se remettent souvent en question », nous apprend l’étude Viavoice / ManpowerGroup pour « Les Echos START » (pp. 10-11). La bonne nouvelle, c’est qu’au lieu d’être affaiblie, la valeur travail se voit ainsi renforcée, puisque c’est ce qui doit nous permettre de nous accomplir, de nous épanouir. Une posture contagieuse : désormais plus des deux tiers (72 %) des salariés sont intéressés par l’intrapreunariat, source de création de valeur s’il en est, rappelle une récente étude Deloitte. Nombreuses sont les entreprises à l’avoir compris : de l’embauche d’un « chief happiness » officer à l’adoption d’un modèle d’entreprise « libérée », le spectre des initiatives est large. Pour notre plus grand bonheur ! Comprendre la génération Y au travail en 11 graphes L’ÉDITO de Julia Lemarchand LE POSTER DOSSIER PP. 12-13 Objectif : motiver et impliquer davantage les étudiants avec la classe renversée, le serious game, l’atelier lâcher-prise… La pop culture s’invite à l’université ! « Apprendre à apprendre », le témoignage d’un élève de l’école 42 PP. 10-11 UNE ÉTUDE QUI CASSE LES CLICHÉS PP. 2-9 MERCREDI 21 JUIN 2017 // SUPPLÉMENT GRATUIT AU NUMÉRO 22470 | ISSN 0.153.4831 | NE PEUT ÊTRE VENDU SÉPARÉMENT Retrouvez-nous sur : WWW.LESECHOSSTART.FR Enseignement supérieur : 6 pédagogies alternatives Les champions Comment les Millennials hackent le travail Photo : Jarry / Andia.fr, illustrations : Shutterstock Une majorité de bosseurs du bonheur au travail Si vos missions au travail vous plaisent vraiment, vous êtes prêt à travailler plus longtemps 76 % Plutôt d’accord

DOSSIER autravail - Cjoint.com … · incubateur »qui permet aux salariés de devenir intrapreneurs. Ils peuvent constituer des équipes et travailler sur des idées d’innovation

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Les 186 lauréats de l’enquête« HappyAtWork »

Le classement des start-upet des jeunes diplômés

Aujourd’hui pluspersonne ne veutsacrifier sa vie autravail ». L’assertion

en apparence anodined’Emmanuelle Duez, jeunetrentenaire fondatrice de TheBoson Project, un cabinetspécialisé dans les rapports desgénérations Y et Z au travail, endit long sur le chemin parcouruen vingt ans. Personne n’aurait eul’idée, jusqu’aux années 1990,d’associer travail et bonheur.La réussite professionnelle semesurait alors en salaire sonnantet trébuchant – version « goldenboy » – en statuts et en plans decarrière toute tracée. L’effortprévalait sur le sens.La transformation àmarcheforcée et subie, très peu pour lanouvelle génération qui

débarque sur le marché dutravail ! Ce sera elle à lamanœuvre, sinon ciao ! Etcontrairement aux précédentesgénérations, les Millennialsdisposent d’un argumentmassue : ils maîtrisent lesnouveaux usages numériques etoutils technologiques, dont ilssavent saisir les opportunités.La nécessaire transformation desentreprises et de notre modèleéconomique ne se fera pas sanseux. Situation paradoxale pourcelle qu’on a aussi coutumed’appeler « génération précaire ».Transparence, autonomie,responsabilisation, mobilité,droit à l’échec, équilibre vie pro /vie perso… De nouvelles attentesformulées sous formed’exigences. Lamajorité des 18-30veulent travailler pour des

entreprises « évolutives, qui seremettent souvent en question »,nous apprend l’étude Viavoice /ManpowerGroup pour « LesEchos START » (pp. 10-11). Labonne nouvelle, c’est qu’au lieud’être affaiblie, la valeur travail sevoit ainsi renforcée, puisque c’estce qui doit nous permettre denous accomplir, de nousépanouir. Une posturecontagieuse : désormais plus desdeux tiers (72%) des salariés sontintéressés par l’intrapreunariat,source de création de valeur s’ilen est, rappelle une récente étudeDeloitte. Nombreuses sont lesentreprises à l’avoir compris :de l’embauche d’un « chiefhappiness » officer à l’adoptiond’unmodèled’entreprise « libérée »,le spectre des initiatives est large.Pour notre plus grand bonheur !

Comprendre la génération Yau travail en 11 graphes

L’ÉDITO de Julia Lemarchand

LEPOSTER

DOSSIER✶

PP. 12-13

Objectif : motiver et impliquerdavantage les étudiants avec la

classe renversée, le serious game,l’atelier lâcher-prise…

La pop culture s’inviteà l’université !

« Apprendre à apprendre »,le témoignage d’un élève

de l’école 42

PP. 10-11

UNEÉTUDEQUI CASSELESCLICHÉS

PP. 2-9

MERCREDI 21 JUIN 2017 // SUPPLÉMENT GRATUIT AU NUMÉRO 22470 | ISSN 0.153.4831 | NE PEUT ÊTRE VENDU SÉPARÉMENT

Retrouvez-nous sur : WWW.LESECHOSSTART.FR

Enseignement supérieur :6 pédagogies alternativesLes champions

Comment les Millennials hackent le travail

Photo:Jarry/Andia.fr,illustrations:Shutterstock

Unemajoritéde bosseurs

dubonheurau travail

Si vos missions au travailvous plaisent vraiment,

vous êtes prêt à travaillerplus longtemps

76 %Plutôt d’accord

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2 // LESECHOSSTART.FR Mercredi 21 juin 2017

# HAPPYATWORK

CLASSEMENTS //Existe-t-il une recette du bonheur au travail ? De plus en plus d’entreprisesexpérimentent, avec pour certaines des résultats plutôt convaincants…

Les secrets des boîtesqui rendent leurs salariés heureuxIngrid Falquy

S eulement 56 % des Français sedisent heureux au travail. C’est ceque révèle l’étude « Happy AtWork »réalisée par notre partenaire

Meilleures-entreprises.com auprès de28.000 salariés dans 3.300 entreprises, etpubliée en exclusivité par « Les Echos START».Cependant certaines entreprises réussissentmieux que les autres à satisfaire leurssalariés : dans les 186 entreprises labelliséesHappyAtWork, ils sont 71,2 % à se sentirbien au travail, d’après leurs réponses aux18 questions portant sur six thèmes (fierté,salaire, management, environnement…).Mais que font ces employeurs de plus queles autres ? Cette nouvelle enquête donnequelques pistes intéressantes. « D’une part,il s’agit d’entreprises qui permettent à leurssalariés d’être dans la découverte etd’apprendre au quotidien. D’autre part, ellesles responsabilisent, pour que chacun se sentepartie intégrante du projet de l’entreprise etdonner ainsi du sens à leur travail », assureCelica Thellier, responsable de l’étude etcofondatrice de Meilleures-entreprises.com.

Conserver un « esprit start-up »Les salariés préfèrent être dans ladécouverte perpétuelle : de nouveauxprojets, de nouveaux produits, de nouvellescompétences… « C’est pour cela que les start-upaffichent de manière générale de meilleuresnotes, que les entreprises du digital sont autop et que les très jeunes sont plus heureux.Ils sont encore dans la découverte du mondede l’entreprise », détaille Celica Thellier.

Les grandes entreprises qui se distinguentdans le classement «HappyAtWork » misentpleinement sur l’innovation. « La fierté etl’appartenance, ça passe aussi par l’innovation,qui fait partie de notre ADN », explique SophieCléjan, directrice de l’expérience salarié et dela marque employeur d’Orange, premier duclassement pour la catégorie des entreprisesde plus de 1.000 salariés, devant Decathlonet ID Logistics. Le groupe télécoms a,par exemple, mis en place un « relais

PALMARÈSDES ENTREPRISES LESMIEUXNOTÉES PAR LEURS SALARIÉS

Source : classement HappyAtWork.

incubateur » qui permet aux salariés dedevenir intrapreneurs. Ils peuvent constituerdes équipes et travailler sur des idéesd’innovation qu’ils souhaitent développerpour le groupe. De nouvelles formesde travail sont également expérimentées,avec des initiatives comme la Villa Bonne-Nouvelle, un espace de co-working au cœurde l’écosystème numérique parisien, danslequel des équipes d’Orange font grandir unprojet pendant plusieurs mois, tout encôtoyant des start-up. Ils peuvent ainsi testeret échanger sur leurs pratiques de travail.

Transparence et responsabilisationMais, évidemment, apprendre ne suffit pas.Les salariés ont besoin de savoir à quoisert leur travail. Ainsi, les entreprises quiperforment socialement font sentirà chaque salarié qu’il est essentiel au projetd’entreprise. Les notions de transparenceet d’horizontalité dans le managementsont deux facteurs clefs pour répondreà cet objectif. Par exemple, chez Haribo,numéro trois du classement Happy At Workfor Starters, qui rassemble les entreprisesoù les moins de 29 ans sont les plus heureux,

tout est fait pour intégrer les plus jeunesau projet global de l’entreprise.« Pendant les 100 premiers jours, ils sontformés et accompagnés. Ils ont l’occasion derencontrer toutes les équipes, de visiter lesusines. Et il y a des points réguliers avecle manager », explique Sylvain Chardard,directeur des ressources humaines chezHaribo. « Mais surtout, on les responsabiliseet on leur présente clairement notre stratégied’entreprise à moyen terme, à tous les niveaux :organisation interne et business », poursuit-il.

Apéros, événements sympathiques de « teambuilding » et invitation desmembres de lafamille, voire d’amis, sur le lieu de travail, fonttoujours leur effet. Reste que le plus importantpour intégrer lesMillennials, qui entrent danslemonde du travail souvent avec des attentesfortes, c’est de créer l’environnement qui leurpermette de sentir qu’ils sont 100 %indispensables au projet d’entreprise.

Le rôle essentiel du managerEt l’indispensable courroie de transmissionde tout cela est bien sûr le management.« Il y a des clichés sur le bonheur au travail :il serait assuré par des super locaux,des tables de ping-pong, du mobiliermulticolore ; il serait insufflé par des jeunesqui arrivent dans l’entreprise pour apporterde la modernité… C’est faux. Le plus important,c’est le cadre donné par la hiérarchie, qui doitvaloriser la confiance et l’entraide », assureJoanneWatanabe, cofondatrice et responsablemarketing d’Ignition Program,

«J’aime beaucoup la place laissée à l’initiative et àl’autonomie dans mon entreprise. J’organise mon travailselon mon mode de fonctionnement et cela me permetde me sentir entièrement acteur de mon projet. »UN JEUNE SALARIÉ CHEZ NESTLÉ INTERROGÉ DANS L’ENQUÊTE « HAPPY AT WORK ».

À NOTERChez Decathlon,un chef de rayon peutdevenir directeurde magasin en moinsde 5 ans.

NEXEO

SFAM ASSURANCES

GROUPE IDENTICAR

AMERICAN EXPRESS

SIXT

VOYAGES-SNCF.COM

GROUPE FED

ALTER SOLUTIONS

CAPFI

1

2

5

6

8

ALAN ALLMAN

ENTREPRISES DE 200 À 999 SALARIÉS

IT/Digital

Banque/Assurance

Automobile

Banque/Assurance

Services

Tourisme/Transport

Services

IT/Digital

IT/Digital

Conseil

COGNIZANT IT/Digital

3

4

9

10

7

ORANGE

DECATHLON

ID LOGISTICS

L’ORÉAL

MAZARS

HEWLETT PACKARD E.

AXA

GROUPE THALÈS

LEROY MERLIN

1

2

4

5

6

7

8

SAINT-GOBAIN

ENTREPRISES DE PLUS DE 1.000 SALARIÉS

IT/Digital

Equipement sportif

Logistique

Biens de consommation

Expertise comptable

IT/Digital

Banque/Assurance

IT/Digital

Commerce/Distribution

BTP/Immobilier

SAFRAN Aéronautique/Aerospatial

3

9

10

AVIZZEO

ISLEAN CONSULTING

QUANTMETRY

WEB-ATRIO

THEANO ADVISORS

CAPITAL RESSOURCES

HRCONSEIL

MAX DIGITAL SERVICES

1

3

5

ENTREPRISES DE MOINS DE 200 SALARIÉS

IT/Digital

Conseil

Conseil

IT/Digital

Conseil

Conseil

Conseil

IT/Digital

2

4

LAMÉTHODOLOGIE

Pour réaliser ces classements, plus de

28.000 salariés français ont évalué leur

entreprise dans 6 domaines (progression

professionnelle, environnement stimulant,

management & motivation, salaire &

reconnaissance, fierté, plaisir) à partir

de 18 questions. Chaque question

est évaluée sur une échelle de 1 à 5.

A partir de cette base commune, les

entreprises sont réparties par taille afin

de pouvoir les comparer. Au total, plus de

3.300 entreprises ont été évaluées et 186

ont obtenu l’un des labels « Happy at Work ».

Trois critères pour en faire partie :

¡ Une note de satisfaction globale

supérieure à 3,8/5.

¡ Plus de 60 % des salariés prêts à

recommander leur société à un ami.

¡ Un taux de participation

à l’enquête de 50 % minimum

parmi les salariés.

■■■

Decathlon

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4 // LESECHOSSTART.FR Mercredi 21 juin 2017

TO DO LIST

5 recettes pour ren

Corinne Dillenseger

Intéressez-vous à eux« Soyez curieux ! Questionnez-les sur leurscompétences, leur personnalité, leur formation,leur métier », recommande Florence Roussel,consultante RH et psychologue du travail.Florian Payen, jeune entrepreneur à la tête de lasociété de nettoyage Com’cClean, va plus loin.« Je n’hésite pas à demander de leurs nouvelles.Cette attention à l’autre me semble importante,surtout lorsqu’on manage à distance commemoi. »

Félicitez-lesPour le médecin québécois Serge Marquis,les encouragements, les félicitations et lesremerciements favorisent le bien-être au travail.« Offrez de la reconnaissance, distribuez descompliments, dites-leur à quel point leur travailest important, beau, utile. Vous serez surprisde l’impact sur le climat social et l’engagementde votre équipe. »

Ayez la «positive attitude »Vos gestes, votre regard, vos silences, le tonde votre voix sont tout aussi importants quevos paroles. L’Américaine Emma Seppala,chercheuse à l’université Stanford, préconise

qui obtient la meilleure note parmi lesstart-up évaluées par leurs salariés. Pas tout àfait surprenant lorsque l’on sait que la raisond’être de cette jeune entreprise lancée en 2013est précisément d’aider les jeunes pousses àbien recruter et à garder leurs salariés enassurant leur bien-être.Quand on lui demande de résumer leséléments qui font le bonheur au travail danssa boîte, on y retrouve facilement tous lesingrédients évoqués plus haut.

Responsabilisation, communicationtemps d’échangeChez Ignition Program, on joue aussi à fondla carte de la transparence. Rien n’est tabou,pas même les questions d’argent : JoanneWatanabe donne l’exemple d’une querelle à

propos du budget inégalement partagé, etqui a pu être réglée en en parlant librement.Toute la boîte part régulièrement en voyage(Rome, Lisbonne…) : une semaine exutoirepour « vider son sac et remettre en cause leslourdeurs des process ».Pas sûr qu’un tel mode de fonctionnementconvienne à tout le monde… « C’est vraiqu’une personne pour qui le travail n’estqu’un moyen de gagner de l’argent et qui neveut rien partager avec ses collègues ne serapas forcément plus heureux chez nousqu’ailleurs », concède JoanneWatanabe.D’où l’attention toute particulière portéeau recrutement… Le bonheur au travail,ce n’est pas qu’une affaire de fauteuils et denourriture gratuite, c’est surtout une histoirede rencontre entre une personneet une entreprise qui lui correspond. ■

«Il y a un vrai esprit familial dans monentreprise, bien que ce soit un grand groupe.On peut rencontrer facilement les dirigeantslors d’événements d’intégration.J’apprécie aussi beaucoup les opportunitésoffertes pour partir travailler à l’étrangeret les avantages (salaire, primes, matériel). »UN JEUNE SALARIÉ CHEZ COLAS INTERROGÉ DANS L’ENQUÊTE « HAPPY AT WORK ».

■■■

LES ENTREPRISES OÙ IL FAIT BONDÉMARRER SA CARRIÈRE

Les entreprises les mieux notées par les moins de 29 ans.Source : classement Happy At Work for Starters.

Conseil

Conseil

Biens de consommation

Biens de consommation

Energie/Environnement

BTP/Immobilier

Energie/Environnement

Transport/Logistique

IT/Digital

IT/Digital

BTP/Immobilier

1.000 SALARIÉS 1.000 SALARIÉS

PRISMA MEDIA

F.M. LOGISTIC

BOUYGUES IMMOBILIER

CNES

COLAS

VOLVO GROUP

AIR LIQUIDE

DELOITTE

IMMOBILIÈRE 3F

NESTLÉ

DEVOTEAM

AKZO NOBEL

CARREFOUR

CMA CGM

KEA & PARTNERS

BEARING POINT

BRITISH AMERICAN TOBACCO

HARIBO RICQLES ZAN

AXENS

UNIBAIL RODAMCO

ISTA

ANSALDO STS FRANCE

MICROPOLE

SMILE

ALDES

Communication/Media

Transport/Logistique

BTP/Immobilier

Aéronautique/Aérospatiale

BTP/Immobilier

Automobile

Energie/Environnement

Audit/Expertise Comptable

BTP/Immobilier

Biens de consommation

IT/Digital

Industrice/Production

Commerce/Distribution

Transport/Logistique

1

2

4

6

3

7

8

10

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9

1

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4

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5

9

CONSEIL // A partir d’aujourd’hui, c’estmanagers vous livrent leurs meilleurs

PierreZ.Collet-2016

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LESECHOSSTART.FR // 5Mercredi 21 juin 2017

Oser les différences de points de vue, écouter ses émotions, mobiliser les talents ets’accomplir dans un monde où la mutation est devenue la norme. Experte depuisplus de 140 ans dans son domaine, NEOMA Business School vous apprend àdévelopper vos compétences pour faire de vous un leader responsable et innovant.Et si vous faisiez bouger les lignes ?

CRéERavec audaceRéUSSIR

l’impossible

BU S IN E S S S CHOO L

Tao

DD

B-©

DR

www.neoma-bs.fr# humanship

MONEY, MONEY, MONEY

EXCLU // Si les études prouvent sans conteste l’importance du travail etde sa paie, l’argent est loin d’être l’unique source de bonheur pour les salariés.

dre vos N-1 heureux

« de parler en souriant, d’utiliser un tonpositif, de ne pas croiser les bras, de toujoursregarder ses collaborateurs dans les yeux ».Bref, d’avoir une attitude non verbaleempathique. Succès garanti !

Donnez du sens à leur travail« Je ne cherchais pas seulement à ce qu’ilsexécutent des tâches, je voulais qu’ilscomprennent l’utilité de leur travail »,raconte Guilhem Cussonnet, jeuneingénieur, propulsé à vingt-deux ans chefd’une équipe de douze opérateurs chezL’Oréal. Comment ? « En les motivant tousles matins sur des objectifs à atteindre, puisen les laissant autonomes et en leur faisantconfiance, quitte à les recadrer plus tardet à leur donner mon feed-back. »

Surprenez-lesSelon Florence Roussel, « les managersMillennials sont plus innovants, plus souplessur les horaires, ils aiment favoriser de vraismoments de détente ». Florian Payen a ainsiinstauré le télétravail avec sa plus prochecollaboratrice et tient à doper régulièrementses sept employés à la bonne humeur.« L’été dernier, nous sommes allés nous initierau wakeboard, nous nous retrouvons aussilors d’afterworks pour discuter de façon plusinformelle. » ■

« Ce qui me plaît le plusdans mon entreprise ?Elle se veut très innovante,tant sur les produits qu’ellecommercialise que dans lebien-être au travail avec unsystème flex-office [sansbureau fixe], qui permet deconnaître plus rapidementl’ensemble des membres del’entreprise. »UN JEUNE SALARIÉ CHEZ BOUYGUESIMMOBILIER INTERROGÉ DANS L’ENQUÊTE« HAPPY AT WORK ».

Nolwenn Mousset

L e travail est l’un des piliers de la viedes Millennials, juste derrière lafamille, et désormais devant lesamis, si l’on en croit le dernier

baromètre de l’observatoire Cegos sur« Les Millennials et le travail », paru enavril. Mais le plus grand bouleversementse situe bel et bien du côté du porte-monnaie… L’argent est une priorité pour44 % des 20-30 ans, soit douze points deplus qu’en 2012 ! Dans un contexte dechômage et de précarité, dont les jeunessont les premières victimes, c’est commesi l’argent jouait le rôle d’une assurance encas de coup dur ou, pour les plus diplômés,de cagnotte pour des projets personnels ouprofessionnels. C’est pourquoi les jeunesattendent que leur travail leur procureavant tout une bonne rémunération. C’estla priorité pour 55 % des 18-30 ans, devantl’épanouissement personnel (45 %) etl’évolution de carrière (31 %), selon l’étudeViavoice–Manpower- Group– « Les EchosSTART » sur les jeunes et le travail,publiée le 16 juin.

L’argent nerf de la guerre ?Si l’argent est une attente de plus en plusforte à l’égard du travail, en est-il pourautant un vecteur de bonheur ? Pasforcément. L’argent ne fait pas tout, mêmeau travail : 74 % des répondants déclarentpréférer ne pas quitter un job dans lequelils se réalisent pour un autre poste avecun salaire supérieur, selon le baromètred’AssessFirst de mai 2017.Le défi professionnel est donc plus attractifqu’une simple revalorisation salariale…Et il n’y a pas que les missions quicomptent ! Une personne interrogée surdeux choisirait d’exercer un job moins bienpayé et moins ambitieux avec des collèguesqu’elle apprécie plutôt que l’inverse.Celica Thellier d’Auzers, responsable del’étude « Happy at Work 2017 » etcofondatrice de Meilleures-entreprises.com, soulève d’ailleurs que les personnesqui citent le salaire en élément le plus

À NOTERSur le plan dumanagement, lebonheur des salariésrepose sur 3 axes :des moyens pouratteindre ses objectifs ;comprendre commentla performance estévaluée ; voir l’impactde son travail surla réussite de sonentreprise.

UNE BONNERÉMUNÉRATIONest la prioritéde plus d’un jeunesur deux âgé de18 à 30 ans, devantl’épanouissementpersonnel etl’évolution de carrière.

Le chiffre

apprécié de leur job ont un taux desatisfaction globale (46 %) bien en deçàdu total des salariés interrogés (71 %)…

Avoir un « gagne-pain »ne rend pas heureux« Mesure objective du travail fourni, le salaireconstitue l’un des éléments de motivation.Les salariés en 2017 recherchent toutefoisdavantage un retour sur engagement qu’unsimple “gagne-pain”, étant en quêtede sens, de missions intéressantes et du plaisirau quotidien », selon l’experte.Dernière preuve que le travail n’est pasqu’un moyen de subvenir à ses besoins,74 % des participants de l’étude AssessFirstcontinueraient de travailler même s’ilsbénéficiaient d’une importante sommed’argent, équivalente à 5 millions d’euros… ■

La rémunération fait-elle le bonheur des salariés ?

vous le chef ! Experts et jeunesconseils pour devenir un chouette boss.

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6 // LESECHOSSTART.FR Mercredi 21 juin 2017 Mercredi 21 juin 2017 // 7

DÉBAT //Chacun a sa petite idée sur les manières de booster notre bien-être au travail.La rédaction des « Echos START » a réfléchi à quelques pistes… Les débats sont lancés. A vous de trancher !

INCHImmobilier

PLEZIE-marketing

IGNITIONPROGRAM

RecrutementSMART

PROSPECTIVEAdtech

LES GRAPPESWinetech

L’ÉTOILEDES GOURMETS

Foodtech

2 31

MOINS DE 25 SALARIÉS

SYNOMIAAgence Data

L’ADDITIONFoodtech LINXO

FintechTHEODOLogiciels

2 31

PLUS DE 25 SALARIÉS

LES START-UPOÙ LES SALARIÉSSONT LES PLUSHEUREUX

LES POUR ET LES CONTRE

Etre heureux au travail, ça veut dire…

Happy At WorkAccess It // Agile MV // AgirRecouvrement // Alan Allman //All’in Consulting // AllianceMédicale Services // AlterSolutions // Althéa // Altima //American Express CarteFrance // Arondor // ASI // ATInternet // Autocruise SAS //Avizzeo // AXA // BEEZEN //Bolton Solitaire // Burocom //CAPFI // Capital Ressources //Claranet // Cognizant BusinessConsulting // Cohda //Cometik // Converteo // CVAFrance // D3T Distribution //DBA // Decathlon // DSO // EBPInformatique // eBusinessInformation // Elcia // EoleConsulting // Eurelis // FCMTravel Solutions // FDVPartners // Groupe FED //Groupe Identicar // GroupeThales // Herdia // Hewlett

Packard Enterprise //HRConseil // ID Logistics //Innovateam // Inovia // Ipside //Isia // ISlean Consulting //Jalios // John Paul // Korda //L’Oréal // Leroy Merlin //Les Néréides // Linkbynet //Local.fr // Max DigitalServices // Mazars // MCAIngénierie // Médiamétrie //Mews Partners // Neotoa //Nexeo // Noveane // Nutrikeo //Orange // Primexis //Procemo // Provadys //Quantmetry // S4M // SafranSA (Groupe) // Saint-Gobain //Santiane // Serue Ingenierie //SFAM Assurances // Sixt //Smart Trade Technologies //Stuart // Sycomore AssetManagement // Synechron //Techsell // Theano Advisors //Théodore Maison de Peinture //Thiga // Thinkmarket //Voyages-SNCF.com //Waycom // Web-atrio //Wemanity

Happy At Work Startup24 Sèvres // A Little Market //Addict Mobile // Agorize //Axelor // BAM // BeNext //Boxtal // Domraider //Equisense // Fabernovel //Flixbus // Formind // Grisbee //Hoolders // Ignition Program //INCH // InsideBoard //JobTeaser // L’addition //L’Agence RP // L’étoile desGourmets // Le Slip Français //Les Grappes // Linxo //MinuteBuzz // MisterFly //MonDocteur // Outbrain //Oyst // PeopleDoc // Phenix //Plezi // Samboat //Shopmium // Silveo // SmartProspective // Sport HeroesGroup // Synomia // TheCoding Machine // Theodo //Toucan Toco // UpSlideFinance 3.1 // Work4 //Yoopies // Yuso Fleet

Happy At Work for StartersAir Liquide // Akzo Nobel //Aldes // Ansaldo STS France //Axens // Bearing Point //Bouygues Immobilier // BritishAmerican Tobacco (BAT) //

Carrefour // CMA CGM //CNES (Centre Nationald’Études Spatiales) // Colas //Deloitte // Devoteam // F.M.Logistic // Haribo RicqlesZan // Immobilière 3F (GroupeAction Logement) // Ista(Comptage ImmobilierServices) // Kea & Partners //Liebherr AerospaceToulouse // Limagrain //Micropole // Nestlé // PrismaMedia // Smile // UnibailRodamco // Volvo Group

Happy CandidatesAmadeus // Anett // Atos //Azeo // BearingPoint //Beijaflore // BlaBlaCar //Capfi // Capgemini ApplicationServices // Carrefour //Cegos // Dassault Systèmes //Deloitte // Extia //Ingéniance // L’Oréal //MI-GSO // Orange // PwC //Wavestone // Web-atrio

LISTE DES 186 LABELLISÉS

R e n d e z - v o u s s u r S a n t i a n e . f r / r e c r u t e m e n t

REJOIGNEZ-NOUS !

Fortes évolutions internes

Ap

pre

nd

re

S E D É P A S S E R (Titre Bachelor RNCP)

F o r m a t i o n d i p l ô m a n t e

Finte

chNice & Par is

■■■ Avoir un CDI ?Le CDI a longtemps été le Graal de l’emploi, le contrat qu’ilfallait à tout prix avoir. Mais, aujourd’hui, suffit-il pour êtreheureux au travail ? Il donne des avantages certains, mais ilpeut se révéler un frein pour ceux qui rêvent de nouveauxmodes de travail.

POURQuoi de mieux qu’un contrat à duréeindéterminée pour organiser sa vie etanticiper les lendemains qui (dé)chantent ?Il permet de prévoir ses dépenses sur le longterme et il est quasiment indispensable quandil s’agit de louer un appartement ou de se voiraccorder un prêt. La preuve : il suffit de serendre sur le site des grandes banques pourvoir qu’« être embauché en CDI dans une sociétédepuis plus d’un an ou bien être fonctionnairefacilitera l’obtention de votre crédit ».

Le CDI permet aussi de prendre des congésplus sereinement, quand les personnes enCDD ont plus tendance à ne pas poser leursjours pour toucher plus d’indemnités si lecontrat n’est pas renouvelé, oumême toutsimplement pourmontrer leur bonne volonté.Le bien-être au travail passe aussi par lareconnaissance : plus de 80% des salariésinterrogés dans le cadre de l’enquête « HappyAtWork » estiment que confianceet responsabilité sont des facteurs clefs pourêtre heureux dans son job. Et quelmeilleurgage de confiance d’un employeur qu’uneembauche en CDI ? De plus, être dans uneentreprise pour de bon (ou pour un bonmoment en tout cas) permet de s’impliquer etd’avoir des responsabilités dans des projets surle long terme et de se projeter plus facilementdans les prochaines étapes de sa vieprofessionnelle. Des points qui contribuentlargement au bien-être des professionnels.

■■■ Etre en télétravail ?Aujourd’hui, seulement 24 % des salariés françaistravaillant dans un bureau pratiquent le télétravail defaçon régulière ou occasionnelle (Ipsos, 2016). Début juin,un rapport a été remis à la ministre du Travail pour mieuxencadrer cette pratique.

POURBosser depuis son canapé, ça fait rêver ? Entout cas, télétravailler peut permettre unemeilleure conciliation entre vieprofessionnelle et vie personnelle,« notamment grâce à la réduction des tempsde transport », explique Catherine BoisseauMarsault, de l’Observatoire de l’équilibredes temps et de la parentalité en entreprise.« Cela permet de se lever plus tard le matinet d’avoir plus de temps pour faire du sport,des courses, etc. »Il faut dire que le temps de trajet pèsesouvent lourd dans les journées des salariés.Par exemple, à la Société Générale :« Il est de 57 minutes par jour et par salarié,dans les entités en télétravail », expliqueMarie Langlade Demoyen, directrice de laresponsabilité sociale au travail du groupe,qui a signé un accord sur le télétravail.« Dans les services où c’est possible, lescollaborateurs peuvent effectuer jusqu’à deux

jours de télétravail par semaine », ajoute-t-elle.Ces journées sont fixes et prévues en accordavec le manager. Résultat : « 96 % dessalariés qui le pratiquent s’estiment plusépanouis, et 96 % des managers trouventque les performances des salariés concernésse sont maintenues ou ont augmenté. »

CONTRESi le télétravail a beaucoup d’avantages,il peut aussi avoir des inconvénients.« Il y a toujours un risque desurinvestissement des télétravailleurs :certains travaillent plus pour mériter l’accèsau télétravail », explique Catherine BoisseauMarsault, « ce qui peut entraîner desdifficultés à séparer vie personnelle et vieprofessionnelle, mais les entreprises onttendance à encadrer les choses en définissantdes plages horaires de télétravail »,précise-t-elle. C’est le cas à la SociétéGénérale. « Les horaires de travail restent lesmêmes qu’au bureau les jours de télétravail »,explique Marie Langlade Demoyen. Enfin,l’autre inconvénient principal peut être lemanque de contact humain : télétravaillersignifie travailler seul chez soi, et nonentouré de ses collègues. Mais cela ne vautque si le télétravail est permanent, ce quireste peu courant. « Le télétravail total esttrès rare en France, souvent on reste sur uneou deux journées par semaine », conclutCatherine Boisseau Marsault.

Thibault Franceschet

CONTRELes Millennials (et pas seulement) veulentplus que de la stabilité : ils veulent pouvoirfaire cohabiter passion et travail et seréservent même le droit de jouer lescumulards… Les « slashers », ceux qui fontplusieurs jobs en même temps, sont de plusen plus nombreux. Selon une étude du Salondes microentreprises (août 2016), ils seraient4,5 millions en France et 64 % par choix.Ces actifs d’un nouveau genre jonglent avecles différents types de contrat de travail(autoentrepreneur, intérimaire, CDD àtemps partiel…) et ne veulent pass’encombrer d’un CDI, perçu parfois commeune « prison dorée », voire un « piège ».Avec un CDI : impossible de démissionnersans avoir déjà retrouvé un job, sauf à faireune croix sur les indemnités chômage.Sans compter que changer trop souvent estmal vu des recruteurs. Aussi, pourquoi pasne pas devenir son propre patron ?

En attendant, plus des deux tiers (69 %) desMillennials ont fait des compromis pouraccepter leur poste actuel (étude YouGov,mai 2016). Pas étonnant, dans ce contexte,que de plus en plus de cadres très diplôméslâchent leur sacro-saint CDI et deviennentnéoartisans, indépendants ou entrepreneurspour redonner du sens à leur travail et secréer un travail plus épanouissant, commele raconte Jean-Laurent Cassely dans sonlivre « La Révolte des premiers de la classe ».

Ingrid Falquy

■■■ Travailler en start-up ?Travailler en start-up fait rêver de nombreux jeunes. On pense souvent à une petite équipe dynamique, qui travailledans un endroit sympa, où l’ambiance est décontractée. Mais tout n’est pas forcément rose dans le monde de la tech…

l’amélioration du projet », raconte Julie,business developer dans une start-up. Ce quiimplique une plus grande responsabilisationdes collaborateurs, qui gagnent ainsi enautonomie. Des arguments qui pourront fairemouche auprès des recruteurs, par la suite.La start-up, c’est aussi une organisation plussouple, plus horizontale, avec des processusmoins contraignants : « Les étudiants nousdisent que la hiérarchie en start-up doit êtremoins pesante, ils voient ça un peu commeleurs associations étudiantes », expliqueManuelle Malot.

Enfin, le côté attrayant de la start-up, c’estbien sûr l’ambiance, l’esprit « jeune et cool »,symbolisé par le baby-foot, la cuisine ouencore la salle de sieste. « Il y a un imaginaireautour de l’univers de la start-up pour lesjeunes : la flexibilité, une certaine ambiance…Ils y sont très sensibles et ont l’impression quecela correspondra plus à leur mode defonctionnement », ajoute Manuelle Malot.

C’EST LEPOURCENTAGEde jeunes quiaimeraient travaillerdepuis chez eux(Etude Viavoice-ManpowerGroup-« Les Echos START »).

Le chiffre

CONTREQuand elle démarre, une start-up n’a pasénormément de moyens, et peut doncrarement s’aligner sur les salaires dumarché pour les jeunes diplômés. De plus,elle recourt souvent aux stages et auxcontrats précaires. « Certains proposent dessalaires juste au-dessus du SMIC pour desbac+5 », confie Manuelle Malot. Ce qui estmoins vrai pour les start-up bien installées :« Celles qui ont 50 ou 100 salariés s’alignentsur les salaires des grandes entreprises »,précise-t-elle.

Qui dit manque de moyens dit aussi nepas avoir accès à tout le matériel ou auxlogiciels nécessaires pour mener à bien sesprojets, et devoir faire beaucoup de chosespar soi-même. Mieux vaut donc être adeptedu système D et capable de s’adapter auxcirconstances, sans cesse en changement.Travailler en start-up implique aussi souvent

beaucoup d’heures supplémentaires,rarement payées. Ce qui donne un rapporttemps de travail-salaire qui n’est pastoujours attrayant.

Autre inconvénient : le côté collègues-amis, qui peut parfois peser. « Dans lesstart-up où j’étais, beaucoup d’événements,de soirées étaient organisés, et on étaitsouvent contraint d’y participer », raconteMathilde Ramadier, auteure de« Bienvenue dans le nouveau monde,comment j’ai survécu à la coolitude desstart-up ». « Ils n’étaient pas obligatoires,mais les absents étaient catalogués commefaisant “bande à part” », explique-t-elle.Et lorsque l’on devient ami avec sonpatron, cela peut créer des situationsdélicates : « C’est plus difficile de refuserde faire des heures supplémentaires quandon aime bien son boss, car tout ça joue surl’affect », conclut l’auteure.

Thibault Franceschet

POURUne start-up est toujours constituée,du moins au départ, d’une petite équipemobilisée autour d’un projet, porté parun ou plusieurs fondateurs. Cette équipeest généralement composée de jeunes,souvent sortis d’une école de commerceou d’ingénieurs, motivés et unis autourd’un objectif : faire décoller l’aventureentrepreneuriale. Et lorsque l’on y travaille,les défis à relever ne manquent pas.« Le challenge sera perçu comme plusimportant dans une start-up et c’est quelquechose qui attire les jeunes », expliqueManuelle Malot, directrice du NewGenTalent Centre de l’Edhec et spécialistedes nouvelles générations au travail.

Il faut donc avoir envie de se dépasser pours’épanouir dans cet environnement : « Dansune start-up, on ne se repose pas sur ses acquis !Le grand défi est de penser constamment à

À NOTERSeuls 25 % des jeunesdiplômés en 2017souhaitent débuterleur carrière dans ungrand groupe, selonune étude d’AccentureStrategy (juin 2017).

Mon crédo : ‘Sometimes you win,sometimes you learn’. Le mot AGILITÉ,

qui fait peur aux grands groupes, exprimepleinement le mode de fonctionnementd’une startup. C’est du “test & learn”quotidien. Dans une start-up, on ne se reposepas sur ses acquis !

Julie

Galland, 25 ans

Business developer B2B

NoraH. pourIgnitionProgram

Page 7: DOSSIER autravail - Cjoint.com … · incubateur »qui permet aux salariés de devenir intrapreneurs. Ils peuvent constituer des équipes et travailler sur des idées d’innovation

6 // LESECHOSSTART.FR Mercredi 21 juin 2017 Mercredi 21 juin 2017 // 7

DÉBAT //Chacun a sa petite idée sur les manières de booster notre bien-être au travail.La rédaction des « Echos START » a réfléchi à quelques pistes… Les débats sont lancés. A vous de trancher !

INCHImmobilier

PLEZIE-marketing

IGNITIONPROGRAM

RecrutementSMART

PROSPECTIVEAdtech

LES GRAPPESWinetech

L’ÉTOILEDES GOURMETS

Foodtech

2 31

MOINS DE 25 SALARIÉS

SYNOMIAAgence Data

L’ADDITIONFoodtech LINXO

FintechTHEODOLogiciels

2 31

PLUS DE 25 SALARIÉS

LES START-UPOÙ LES SALARIÉSSONT LES PLUSHEUREUX

LES POUR ET LES CONTRE

Etre heureux au travail, ça veut dire…

Happy At WorkAccess It // Agile MV // AgirRecouvrement // Alan Allman //All’in Consulting // AllianceMédicale Services // AlterSolutions // Althéa // Altima //American Express CarteFrance // Arondor // ASI // ATInternet // Autocruise SAS //Avizzeo // AXA // BEEZEN //Bolton Solitaire // Burocom //CAPFI // Capital Ressources //Claranet // Cognizant BusinessConsulting // Cohda //Cometik // Converteo // CVAFrance // D3T Distribution //DBA // Decathlon // DSO // EBPInformatique // eBusinessInformation // Elcia // EoleConsulting // Eurelis // FCMTravel Solutions // FDVPartners // Groupe FED //Groupe Identicar // GroupeThales // Herdia // Hewlett

Packard Enterprise //HRConseil // ID Logistics //Innovateam // Inovia // Ipside //Isia // ISlean Consulting //Jalios // John Paul // Korda //L’Oréal // Leroy Merlin //Les Néréides // Linkbynet //Local.fr // Max DigitalServices // Mazars // MCAIngénierie // Médiamétrie //Mews Partners // Neotoa //Nexeo // Noveane // Nutrikeo //Orange // Primexis //Procemo // Provadys //Quantmetry // S4M // SafranSA (Groupe) // Saint-Gobain //Santiane // Serue Ingenierie //SFAM Assurances // Sixt //Smart Trade Technologies //Stuart // Sycomore AssetManagement // Synechron //Techsell // Theano Advisors //Théodore Maison de Peinture //Thiga // Thinkmarket //Voyages-SNCF.com //Waycom // Web-atrio //Wemanity

Happy At Work Startup24 Sèvres // A Little Market //Addict Mobile // Agorize //Axelor // BAM // BeNext //Boxtal // Domraider //Equisense // Fabernovel //Flixbus // Formind // Grisbee //Hoolders // Ignition Program //INCH // InsideBoard //JobTeaser // L’addition //L’Agence RP // L’étoile desGourmets // Le Slip Français //Les Grappes // Linxo //MinuteBuzz // MisterFly //MonDocteur // Outbrain //Oyst // PeopleDoc // Phenix //Plezi // Samboat //Shopmium // Silveo // SmartProspective // Sport HeroesGroup // Synomia // TheCoding Machine // Theodo //Toucan Toco // UpSlideFinance 3.1 // Work4 //Yoopies // Yuso Fleet

Happy At Work for StartersAir Liquide // Akzo Nobel //Aldes // Ansaldo STS France //Axens // Bearing Point //Bouygues Immobilier // BritishAmerican Tobacco (BAT) //

Carrefour // CMA CGM //CNES (Centre Nationald’Études Spatiales) // Colas //Deloitte // Devoteam // F.M.Logistic // Haribo RicqlesZan // Immobilière 3F (GroupeAction Logement) // Ista(Comptage ImmobilierServices) // Kea & Partners //Liebherr AerospaceToulouse // Limagrain //Micropole // Nestlé // PrismaMedia // Smile // UnibailRodamco // Volvo Group

Happy CandidatesAmadeus // Anett // Atos //Azeo // BearingPoint //Beijaflore // BlaBlaCar //Capfi // Capgemini ApplicationServices // Carrefour //Cegos // Dassault Systèmes //Deloitte // Extia //Ingéniance // L’Oréal //MI-GSO // Orange // PwC //Wavestone // Web-atrio

LISTE DES 186 LABELLISÉS

R e n d e z - v o u s s u r S a n t i a n e . f r / r e c r u t e m e n t

REJOIGNEZ-NOUS !

Fortes évolutions internes

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S E D É P A S S E R (Titre Bachelor RNCP)

F o r m a t i o n d i p l ô m a n t e

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chNice & Par is

■■■ Avoir un CDI ?Le CDI a longtemps été le Graal de l’emploi, le contrat qu’ilfallait à tout prix avoir. Mais, aujourd’hui, suffit-il pour êtreheureux au travail ? Il donne des avantages certains, mais ilpeut se révéler un frein pour ceux qui rêvent de nouveauxmodes de travail.

POURQuoi de mieux qu’un contrat à duréeindéterminée pour organiser sa vie etanticiper les lendemains qui (dé)chantent ?Il permet de prévoir ses dépenses sur le longterme et il est quasiment indispensable quandil s’agit de louer un appartement ou de se voiraccorder un prêt. La preuve : il suffit de serendre sur le site des grandes banques pourvoir qu’« être embauché en CDI dans une sociétédepuis plus d’un an ou bien être fonctionnairefacilitera l’obtention de votre crédit ».

Le CDI permet aussi de prendre des congésplus sereinement, quand les personnes enCDD ont plus tendance à ne pas poser leursjours pour toucher plus d’indemnités si lecontrat n’est pas renouvelé, oumême toutsimplement pourmontrer leur bonne volonté.Le bien-être au travail passe aussi par lareconnaissance : plus de 80% des salariésinterrogés dans le cadre de l’enquête « HappyAtWork » estiment que confianceet responsabilité sont des facteurs clefs pourêtre heureux dans son job. Et quelmeilleurgage de confiance d’un employeur qu’uneembauche en CDI ? De plus, être dans uneentreprise pour de bon (ou pour un bonmoment en tout cas) permet de s’impliquer etd’avoir des responsabilités dans des projets surle long terme et de se projeter plus facilementdans les prochaines étapes de sa vieprofessionnelle. Des points qui contribuentlargement au bien-être des professionnels.

■■■ Etre en télétravail ?Aujourd’hui, seulement 24 % des salariés françaistravaillant dans un bureau pratiquent le télétravail defaçon régulière ou occasionnelle (Ipsos, 2016). Début juin,un rapport a été remis à la ministre du Travail pour mieuxencadrer cette pratique.

POURBosser depuis son canapé, ça fait rêver ? Entout cas, télétravailler peut permettre unemeilleure conciliation entre vieprofessionnelle et vie personnelle,« notamment grâce à la réduction des tempsde transport », explique Catherine BoisseauMarsault, de l’Observatoire de l’équilibredes temps et de la parentalité en entreprise.« Cela permet de se lever plus tard le matinet d’avoir plus de temps pour faire du sport,des courses, etc. »Il faut dire que le temps de trajet pèsesouvent lourd dans les journées des salariés.Par exemple, à la Société Générale :« Il est de 57 minutes par jour et par salarié,dans les entités en télétravail », expliqueMarie Langlade Demoyen, directrice de laresponsabilité sociale au travail du groupe,qui a signé un accord sur le télétravail.« Dans les services où c’est possible, lescollaborateurs peuvent effectuer jusqu’à deux

jours de télétravail par semaine », ajoute-t-elle.Ces journées sont fixes et prévues en accordavec le manager. Résultat : « 96 % dessalariés qui le pratiquent s’estiment plusépanouis, et 96 % des managers trouventque les performances des salariés concernésse sont maintenues ou ont augmenté. »

CONTRESi le télétravail a beaucoup d’avantages,il peut aussi avoir des inconvénients.« Il y a toujours un risque desurinvestissement des télétravailleurs :certains travaillent plus pour mériter l’accèsau télétravail », explique Catherine BoisseauMarsault, « ce qui peut entraîner desdifficultés à séparer vie personnelle et vieprofessionnelle, mais les entreprises onttendance à encadrer les choses en définissantdes plages horaires de télétravail »,précise-t-elle. C’est le cas à la SociétéGénérale. « Les horaires de travail restent lesmêmes qu’au bureau les jours de télétravail »,explique Marie Langlade Demoyen. Enfin,l’autre inconvénient principal peut être lemanque de contact humain : télétravaillersignifie travailler seul chez soi, et nonentouré de ses collègues. Mais cela ne vautque si le télétravail est permanent, ce quireste peu courant. « Le télétravail total esttrès rare en France, souvent on reste sur uneou deux journées par semaine », conclutCatherine Boisseau Marsault.

Thibault Franceschet

CONTRELes Millennials (et pas seulement) veulentplus que de la stabilité : ils veulent pouvoirfaire cohabiter passion et travail et seréservent même le droit de jouer lescumulards… Les « slashers », ceux qui fontplusieurs jobs en même temps, sont de plusen plus nombreux. Selon une étude du Salondes microentreprises (août 2016), ils seraient4,5 millions en France et 64 % par choix.Ces actifs d’un nouveau genre jonglent avecles différents types de contrat de travail(autoentrepreneur, intérimaire, CDD àtemps partiel…) et ne veulent pass’encombrer d’un CDI, perçu parfois commeune « prison dorée », voire un « piège ».Avec un CDI : impossible de démissionnersans avoir déjà retrouvé un job, sauf à faireune croix sur les indemnités chômage.Sans compter que changer trop souvent estmal vu des recruteurs. Aussi, pourquoi pasne pas devenir son propre patron ?

En attendant, plus des deux tiers (69 %) desMillennials ont fait des compromis pouraccepter leur poste actuel (étude YouGov,mai 2016). Pas étonnant, dans ce contexte,que de plus en plus de cadres très diplôméslâchent leur sacro-saint CDI et deviennentnéoartisans, indépendants ou entrepreneurspour redonner du sens à leur travail et secréer un travail plus épanouissant, commele raconte Jean-Laurent Cassely dans sonlivre « La Révolte des premiers de la classe ».

Ingrid Falquy

■■■ Travailler en start-up ?Travailler en start-up fait rêver de nombreux jeunes. On pense souvent à une petite équipe dynamique, qui travailledans un endroit sympa, où l’ambiance est décontractée. Mais tout n’est pas forcément rose dans le monde de la tech…

l’amélioration du projet », raconte Julie,business developer dans une start-up. Ce quiimplique une plus grande responsabilisationdes collaborateurs, qui gagnent ainsi enautonomie. Des arguments qui pourront fairemouche auprès des recruteurs, par la suite.La start-up, c’est aussi une organisation plussouple, plus horizontale, avec des processusmoins contraignants : « Les étudiants nousdisent que la hiérarchie en start-up doit êtremoins pesante, ils voient ça un peu commeleurs associations étudiantes », expliqueManuelle Malot.

Enfin, le côté attrayant de la start-up, c’estbien sûr l’ambiance, l’esprit « jeune et cool »,symbolisé par le baby-foot, la cuisine ouencore la salle de sieste. « Il y a un imaginaireautour de l’univers de la start-up pour lesjeunes : la flexibilité, une certaine ambiance…Ils y sont très sensibles et ont l’impression quecela correspondra plus à leur mode defonctionnement », ajoute Manuelle Malot.

C’EST LEPOURCENTAGEde jeunes quiaimeraient travaillerdepuis chez eux(Etude Viavoice-ManpowerGroup-« Les Echos START »).

Le chiffre

CONTREQuand elle démarre, une start-up n’a pasénormément de moyens, et peut doncrarement s’aligner sur les salaires dumarché pour les jeunes diplômés. De plus,elle recourt souvent aux stages et auxcontrats précaires. « Certains proposent dessalaires juste au-dessus du SMIC pour desbac+5 », confie Manuelle Malot. Ce qui estmoins vrai pour les start-up bien installées :« Celles qui ont 50 ou 100 salariés s’alignentsur les salaires des grandes entreprises »,précise-t-elle.

Qui dit manque de moyens dit aussi nepas avoir accès à tout le matériel ou auxlogiciels nécessaires pour mener à bien sesprojets, et devoir faire beaucoup de chosespar soi-même. Mieux vaut donc être adeptedu système D et capable de s’adapter auxcirconstances, sans cesse en changement.Travailler en start-up implique aussi souvent

beaucoup d’heures supplémentaires,rarement payées. Ce qui donne un rapporttemps de travail-salaire qui n’est pastoujours attrayant.

Autre inconvénient : le côté collègues-amis, qui peut parfois peser. « Dans lesstart-up où j’étais, beaucoup d’événements,de soirées étaient organisés, et on étaitsouvent contraint d’y participer », raconteMathilde Ramadier, auteure de« Bienvenue dans le nouveau monde,comment j’ai survécu à la coolitude desstart-up ». « Ils n’étaient pas obligatoires,mais les absents étaient catalogués commefaisant “bande à part” », explique-t-elle.Et lorsque l’on devient ami avec sonpatron, cela peut créer des situationsdélicates : « C’est plus difficile de refuserde faire des heures supplémentaires quandon aime bien son boss, car tout ça joue surl’affect », conclut l’auteure.

Thibault Franceschet

POURUne start-up est toujours constituée,du moins au départ, d’une petite équipemobilisée autour d’un projet, porté parun ou plusieurs fondateurs. Cette équipeest généralement composée de jeunes,souvent sortis d’une école de commerceou d’ingénieurs, motivés et unis autourd’un objectif : faire décoller l’aventureentrepreneuriale. Et lorsque l’on y travaille,les défis à relever ne manquent pas.« Le challenge sera perçu comme plusimportant dans une start-up et c’est quelquechose qui attire les jeunes », expliqueManuelle Malot, directrice du NewGenTalent Centre de l’Edhec et spécialistedes nouvelles générations au travail.

Il faut donc avoir envie de se dépasser pours’épanouir dans cet environnement : « Dansune start-up, on ne se repose pas sur ses acquis !Le grand défi est de penser constamment à

À NOTERSeuls 25 % des jeunesdiplômés en 2017souhaitent débuterleur carrière dans ungrand groupe, selonune étude d’AccentureStrategy (juin 2017).

Mon crédo : ‘Sometimes you win,sometimes you learn’. Le mot AGILITÉ,

qui fait peur aux grands groupes, exprimepleinement le mode de fonctionnementd’une startup. C’est du “test & learn”quotidien. Dans une start-up, on ne se reposepas sur ses acquis !

Julie

Galland, 25 ans

Business developer B2B

NoraH. pourIgnitionProgram

Page 8: DOSSIER autravail - Cjoint.com … · incubateur »qui permet aux salariés de devenir intrapreneurs. Ils peuvent constituer des équipes et travailler sur des idées d’innovation

Mercredi 21 juin 20178 // LESECHOSSTART.FR

LIBÉRÉS, DÉLIVRÉS…

JOB EN VOGUE

Chief happiness officer :ou poudre aux yeux ?

TENDANCE //Une entreprise sans managers, où la confiance règne entredes salariés complètement autonomes ? Ce n’est pas une utopie mais une réalitépour de nombreuses organisations dans le monde.

ENQUÊTE //Qui sont ces nouveaux « responsables dupartout, dans les start-up comme dans les grands grouou vrais acteurs d’un changement de philosophie des

Clémence Boyer

D epuis plusieurs années, « l’entrepriselibérée » est à la mode, sans quel’on sache vraiment ce que le termerecouvre. La libération d’entreprise

n’est pas un concept ou une stratégie, maisune démarche quasiment philosophiquesuivie par des patrons dumonde entier pourtransformer leur organisation en profondeur.« [Ils] ont la certitude qu’un lieu de travailprivilégiant le respect et la liberté est beaucoupplus naturel qu’un environnement fondé sur laméfiance et le contrôle », précisent Isaac Getzet BrianM. Carney dans leur livre « Liberté &Cie », qui fait référence sur le sujet.

Ces chefs d’entreprise, qu’Isaac Getz appelle« leaders libérateurs », prennent ainsi desmesures pour encourager la prised’initiatives de leurs salariés et créer uneorganisation où la confiance et l’autonomierègnent. Comment ? En supprimanttotalement ou partiellement la hiérarchie.Exit les pointeuses et autres mesures decontrôle du travail. Et vive la transparencepour faire circuler l’information. Les salariéss’organisent en équipe pour les plannings,les congés, voire pour les décisionsd’investissement ou les politiques derémunération.

Il y a autant de modèles de libération qued’organisations. Chaque entreprise libéréeavance pas à pas dans un processus qui peutprendre entre trois et dix ans. Pour mieuxsaisir cette transformation et son impact surles collaborateurs, voici présentés plusieursexemples concrets et emblématiquesd’entreprises qui ont fait ce choix, un peupartout dans le monde.

Gore, l’ancêtre des entrepriseslibéréesL’entreprise libérée n’est pas une inventiondu nouveau millénaire, loin de là. Dès 1958,aux Etats-Unis, Bill Gore fonde sa propresociété, W. L. Gore & Associates, parce qu’ilen avait assez des lourdeurs de DuPontde Nemours, l’entreprise chimique qui

l’employait alors. Dès le début, il décidede donner une grande liberté d’action àses collaborateurs en les responsabilisant.Soixante ans plus tard, l’entreprise estdevenue une multinationale extrêmementinnovante – c’est elle qui a inventé lematériau Gore-Tex, bien connu despassionnés de sports d’hiver – et ses10.000 associés (le nom donné aux salariéschez Gore) sont toujours aussi autonomes.Le groupe, présent dans 45 pays, estorganisé en unités de production de250 personnes maximum, dirigées par desleaders « naturels » désignés au sein deséquipes.

A la suite de Gore, des entreprises du mondeentier se sont lancées dans des démarchesde libération, et ce quels que soient leurtaille ou leur secteur d’activité. A l’image dufabricant de motos Harley Davidson qui,après avoir traversé une crise profonde dansles années 1980, décide de se transformer,avec le succès que l’on connaît. De l’autrecôté de l’Atlantique, en Finlande, une sociétéfamiliale de nettoyage industriel fait la

Déborah Loye

L e travail de chief happiness officerne consiste pas à construire destroupeaux de licornes à paillettes ! »Laurence Vanhée se revendique

comme la première personne à avoir portéle titre de chief happiness officer (CHO) dansun comité de direction. C’était en 2010, auministère de la Sécurité sociale belge.

Aujourd’hui, elle met en garde contrel’utilisation parfois abusive de cette fonction.Car cette dernière est de plus en plus priséepar les entreprises. En 2016, le moteurde recherche d’emploi Joblift a recensé69 offres de CHO en France et 124 offresde postes dont l’une des missions était des’occuper du bonheur des collaborateurs.Le chiffre est faible, mais la tendancesignificative : c’est six fois plus qu’en 2015.Mais que font, concrètement, ces garantsdu bonheur des salariés ?

Des fleurs… pas suffisantes« Je mets des fleurs et des snacks dans lesbureaux et j’organise des événements »,explique Sofia*, qui travaille à Paris pourune entreprise internationale. Pourtant,lorsqu’elle audite les filiales européennes deson entreprise, les collaborateurs lui glissentque, pour être plus heureux, ils aimeraient…être mieux payés. « Je n’ai pas été autorisée

même chose. Sol décide, au début desannées 1990, de mettre en place de nouvellesméthodes de management. Finis lescontrôles systématiques, place à la confiance.Ce sont les hommes et les femmes deménage qui décident de la répartitiondes tâches au sein d’une équipe… sans chef.Chacun est ensuite responsable de sonsecteur et s’organise comme il le souhaitepour le nettoyer dans les temps.Du coup, les anciens managers peuvent seconsacrer intégralement au développementcommercial de la société !

Il y a autant de modèlesde libération qued’organisations. Le pocessuspeut prendre trois à dix ans.

Les entreprises ne sont pas les seulesorganisations qui peuvent être libérées…En Belgique, c’est carrément un ministère(celui de la Sécurité sociale) qui l’a été à lafin des années 2000 ! Horaires flexibles,plus de bureau attitré, possibilité detravailler de chez soi trois jours parsemaine, BYOD (« bring your owndevice »)… Bref, beaucoup de souplesse !« La seule règle c’était : ma liberté s’arrête làoù commence celle des autres », se souvientLaurence Vanhée, ex-chief happinessofficer du ministère.Et comme le disait Isaac Getz avec humour,lors d’une conférence TEDx donnée à Lille :« Si c’est possible dans un ministère belge,c’est possible partout ! »

La libération, version françaiseLa France n’est pas en reste en la matière.La fonderie picarde Favi, qui fabrique despièces pour l’industrie automobile, estmême l’une des pionnières dans le monde.Depuis trente ans, elle s’est constituée enpetites usines autonomes qui décidentseules comment répondre aux commandesdes clients. Chez le biscuitier Poult aussi,il n’y a plus de cadres ni de contremaîtres.Les ouvriers sont responsabilisés et décidentensemble des plannings et des dépensesd’investissement.

Chez Inov-On, une PME nantaise spécialiséedans la maintenance industrielle, le patronAlexandre Gérard a carrément décidé departir faire un tour du monde avec sa famillependant un an, après avoir enclenché ladémarche de libération de son entreprise en2012. Il voulait être sûr de laisser les équipess’organiser seules pour mettre en place unnouveau mode de fonctionnement. Missionaccomplie : aujourd’hui, chacun gère seshoraires et ses congés en bonne ententeavec ses collègues et ce sont les équipes quirecrutent.

Une vingtaine de groupes de travail, baséssur le volontariat, ont été lancés en 2012,dont un pour revoir la politique derémunération. Neuf mois plus tard, lanouvelle politique a été mise en place et lechiffre d’affaires a grimpé de 15 % ! Preuveque l’intelligence collective, ça fonctionne.Les dirigeants ont aussi dû abandonner tousles symboles de pouvoir : bureau ou placede parking attitrés, titres… Même le comitéde direction est désormais ouvert à tousceux qui souhaitent y assister !

A Grenoble, chez Sogilis, une entreprisede développement de logiciels pourl’aéronautique, les salariés choisissentmême…leurs clients ! Organisés en petite cellule,les ingénieurs de l’entreprise « n’ont que troisrègles : enthousiasmer le client [et passeulement lui rendre un logiciel sans bugà temps], être rentable [pour pouvoir payerles salaires de l’équipe et participer aux fraisfixes de la société] et s’amuser ! » expliqueChristophe Baillon, le fondateur del’entreprise. Dans ce cadre, les salariéschoisissent les projets sur lesquels ils ont enviede travailler, ce qui conduit Sogilis à refuserparfois des clients si personne n’est intéressé…

Des salariés épanouis…et des entreprises aussi !Si de plus en plus d’entreprises s’intéressentà la libération d’entreprise, ce n’est pas(seulement) par bonté d’âme…Mais bien parceque cela a des conséquences significatives enmatière de résultats. Chez Sogilis, parexemple, le chiffre d’affaires progresse enmoyenne de 30% par an depuis 2012 et chezle biscuitier Poult, il a étémultiplié par cinqen dix ans ! Pas étonnant que des poids lourdsdu CAC 40 se soient engagés à leur tour danscette démarche.Michelin ou Danone ont lancédes processus de libération test dans certainesusines et/ou services. Première étape avantla grande libération ?■

à l’écrire dans mon rapport. On m’a faitcomprendre que ce n’était pas mon travail »,regrette-t-elle.

« Le recrutement d’un CHO est un argumentde communication pour certaines marques,concède Olivier Toussaint, fondateurdu club des CHO. Dans ce cas-là, cela n’aévidemment aucun sens. » Selon Joblift,une large majorité (60 %) des CHOoccupent en fait un poste d’office manager(gestion du quotidien du bureau et deséquipes), 23 % sont liés au servicemarketing et communication et seulement17 % aux RH. C’est le cas de Florent Voisin,CHO chez OVH. Avant de rejoindre lalicorne française, qui héberge des sitesInternet et des applications, ce dernier aoccupé des fonctions de psychologue dutravail et de RH. « Lorsque l’on m’a proposéle poste, j’ai tout de suite prévenu que jen’étais pas doué pour les actions champagneet paillettes », précise-t-il. Et d’exposer savision très pragmatique de la fonction :« J’optimise l’engagement des salariésvis-à-vis de l’entreprise en proposant desservices qui améliorent leur bien-être. »

Après avoir mené une étude de satisfactionauprès des collaborateurs, le CHO a faitconstruire une salle de sport et engagé uncoach à temps plein. Il a ensuite mis unservice de conciergerie en place, de sorteque les salariés puissent consacrer plus detemps à leurs proches.

À NOTERAprès le succès deson premier ouvrage,Isaac Getz a publié« La liberté,ça marche ! ».Une présentationdes textes fondateurset des expériencesdes patronslibérateurs.

Un lieu de travail privilégiant le respect et la liberté est beaucoupplus naturel qu’un environnement fondé sur la méfiance et le contrôle. »ISAAC GETZ ET BRIAN M. CARNEY

DES POSTES DECHIEF HAPPINESSOFFICER sont enréalité confiés à desstagiaires.

Le chiffre

L’entreprise libérée, stadeultime du bonheur au travail ?

Photos:ChristopheLevetpourSogilis

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Mercredi 21 juin 2017 LESECHOSSTART.FR // 9

HAPPY ENTREPRENEURS

poste stratégique

Depuis qu’elle à rejoint Alan Allman Associates,

EMMA EST HAPPY AT WORK.Notre écosystème, récompensé pour la seconde fois consécutivedu label Happy At Work, met tout en oeuvre pour le bien-êtreau sein de l’entreprise, pour que travail rime avec épanouissement.

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Alan Allman Associates est dans le TOP 10Happy Ay Work pour la deuxième année consécutive !

bonheur » que l’on voit fleurir un peupes ? Alibis marketingentreprises ? Nous avons enquêté.

Ces start-up qui ont flairéle bon filon du bonheur au travailDÉCRYPTAGE //La question du bien-être au travail est de plus en plusprégnante dans le débat public. C’est aussi un nouveau business pourun nombre croissant de start-up qui ont su saisir les nouvelles attentesdes employés, comme des entreprises.

Clémence Fulleda

B urn-out, arrêts maladie àrépétition… Beaucoup destartuppeurs ont décidé de selancer sur le créneau du bonheur

au travail à la suite d’expériences au travaildouloureuses. « J’ai subi beaucoup depression d’un manager qui avait des objectifsà tenir », raconte Alexandre Loisy, trente-huit ans et fondateur de Weview. Lancée en2016, sa plate-forme, qui a déjà séduit EDF etla Caisse d’Epargne notamment, permet desuivre en temps réel la qualité de vie autravail des différentes équipes selon cinqcatégories (matérielle, organisationnelle,relationnelle, etc.). L’entrepreneur est partidu constat que, pour améliorer le moral destroupes, encore fallait-il savoir bienl’évaluer !

Prendre le pouls des équipes« Toutes les entreprises connaissent leurchiffre d’affaires en temps réel, mais ellesne savent pas comment vont leurs salariés,alors que ce sont eux qui font la réussited’une boîte ! » constate également ChristopheBergeon, qui décide, après avoir vendupendant plus de dix ans des logiciels RH,de lancer il y a dix-huit mois ZestMeUp,une appli qui permet aux collaborateurs denoter leur semaine sur une échelle de 0 à 5.La start-up a aujourd’hui une cinquantainede clients, dont 50 % de grands groupes,comme Bouygues ou AXA.Sur le même principe, Bloom AtWork estune toute nouvelle start-up qui propose auxentreprises d’envoyer à leurs employés,toutes les deux semaines, par e-mail, unquestionnaire anonyme, simple et amusantde 7 questions, à remplir en 2 minutes.

L’histoire a commencé chez My Little Paris,où la start-up est incubée depuis un anet dont « les fondatrices ont bien vu queles soirées mojitos devenaient compliquéesquand elles ont eu, non plus 50, mais100 collaborateurs, explique Charles deFréminville, cofondateur. D’où cet outilnumérique pour prendre le pouls ».Tous ces « baromètres » fonctionnent surabonnement et proposent un suivi. Weviewenvoie, par exemple, des préconisations auxmanagers et a construit un réseau nationald’intervenants – ergonomes, addictologues,etc. – pour les accompagner. Bloom AtWorkrecommande des start-up partenaires(coaching, team building…) et envoie desconseils et astuces, tout comme ZestMeUp.

Réinventer les temps de pauseD’autres start-up ont décidé de proposerdirectement aux managers des actionsconcrètes. Julie Pommellet et AntoineTran-Huu ont fondé Delicorner après avoirsavouré des petits déjeuners chez leursex-employeurs à Berlin et à San Francisco.Sur les chantiers comme dans les cabinetsd’avocats, la start-up livre à ses abonnés desen-cas sains (fruits frais, fruits secs, barresde céréales, etc.), bio et locaux si possible.Leur « pause-café réinventée » compteBlaBlaCar parmi ses fidèles clients.

Du yoga à la méditationLa « nourriture de l’esprit » fait aussi uncarton. Ainsi, Mindful Attitude, une appligratuite qui contient 40 séances deméditation pour les chefs d’entreprise, a ététéléchargée plus de 4.000 fois deux mois etdemi après son lancement, en mars 2017.« Dans dix ans, méditer ce sera comme faireson footing », veut croire la fondatrice,

Lucie Frapsauce, ancienne consultante etsophrologue. L’appli permet aux dirigeantsde cultiver la « pleine conscience », qui peutse pratiquer au quotidien à la machine àcafé, en salle de réunion et même dans lestransports. La start-up développe égalementdes programmes d’entraînement et desséjours haut de gamme.Anne-Charlotte Vuccino, elle, propose de nepas aller plus loin que sa chaise pour faire…du yoga ! L’ancienne consultante a fondéYogist il y a deux ans. « On est contacté parles managers, mais aussi par les salariéseux-mêmes », se réjouit-elle. Yogist proposeainsi des cours collectifs dans les entrepriseset du e-learning.

Filon porteur… à long termeTous ces entrepreneurs en sont convaincus :le bonheur au travail, ce n’est pas une simplemode. « Cela va devenir un nouveauparadigme, comme le développement durableil y a une dizaine d’années », parie Anne-Charlotte Vuccino. « C’est une préoccupationmajeure pour les entreprises qui ont du mal àattirer des jeunes diplômés d’école », constate,de son côté, la jeune Julie Pommellet deDelicorner, diplômée d’école de commercedepuis trois ans.

Cette recherche d’attractivité se doubled’une quête de productivité de la part desentreprises, car tous les startuppeursle soulignent : des collaborateurs heureux,ce sont des employés plus motivés, pluscréatifs, plus efficaces et moins absents.Lorsque l’on sait que seulement un Françaissur deux considère que son entreprise meten place des politiques actives en matièrede bien-être au travail (étude Ipsos, 2016),on se dit que les start-up ayant flairé ce filonont encore de beaux jours devant elles… ■

Un RH sans le poids de l’administratifPour Olivier Toussaint, le chief happiness estun RH « qui a le luxe de ne pas crouler sousl’administratif ». Laurence Vanhée corrobore :la stratégie bonheur au travail « n’a de sensque si elle est liée à la performance ». Et, dansce contexte-là, « le CHO a sa place au comité dedirection, il s’agit d’une fonction stratégique ».

Une vision partagée par Robert Collart,chief happiness officer qui a accompagnéla transformation du groupe industrielde biscuiterie Poult en entreprise libérée(voir article p. 8). Selon ce dernier, lesentreprises qui engagent un CHO doiventêtre prêtes à opérer des changementsradicaux dans leur management. « Uneentreprise heureuse est une entreprise au seinde laquelle tout le monde se parle d’égal à égal,où chacun trouve un sens à son travail et a lesentiment de participer à la construction dela société. » Autrement dit, cela signe la findes rapports hiérarchiques. L’ex-CHO dePoult en est convaincu : ce type demanagement est l’avenir des entreprises.« Les temps changent, et la hiérarchie classiquen’est plus du tout adaptée aux attentes descollaborateurs d’aujourd’hui », assure-t-il.Un besoin d’autonomie et de liberté que lesfleurs, la déco et autres licornes à paillettesne pallieront probablement pas longtemps.Reste que, pour le moment, selon l’étude deJoblift, 38 % des entreprises confient le postede CHO à des stagiaires. ■* prénommodifié.

À NOTERUn collectif de start-updédiées au bien-êtreau travail vient d’êtrelancé. HappyTecha notamment pourambition « d’aider lesnouvelles fonctionscomme celles de ChiefHappiness Officer àstructurer leur travailen proposant dessolutions concrètes »,selon son cofondateurThomas Coustenoble,également fondateurde la start-up Comeet.

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4

À VOTREDOMICILE

26 %

NSP

7 %

À DISTANCE, DANS UNESPACE DE COWORKING

7 %

DANS VOTRE ENTREPRISESUR UN POSTE DE TRAVAIL

QUE VOUS CHOISISSEZCHAQUE MATIN

17 %

DANS VOTRE ENTREPRISESUR UN POSTE

DE TRAVAIL ATTRIBUÉ

43 %

5

... POURTANT LA GÉNÉRATION Y A SOIF D'UNMEILLEURÉQUILIBRE VIE PRO / VIE PERSO

SELON VOUS, QU'EST-CE QU'IL FAUDRAIT CHANGER EN PRIORITÉ DANS LE MONDE DU TRAVAIL ?

LE PARTAGEDES TÂCHES

AVEC DES ROBOTS

10%

LES LIEUX ETESPACES DE TRAVAIL

20%

LES NOUVELLESFORMES DE CONTRATS

DE TRAVAIL

23%

LES NOUVELLESFORMES DE

COLLABORATION

29%

L'ÉQUILIBRE VIEPRO / VIE PERSO

47%

L'ORGANISATION DU TRAVAIL(AUTONOMIE, MOINS DE

HIÉRARCHIE…)

39%

LES COMPÉTENCESET LES CONNAISSANCES

NÉCESSAIRES

30 %

6

AVEC DES VALEURS INTERNES FORTES

À TAILLE HUMAINE

ENGAGÉE POUR LA SOCIÉTÉ, LA SOLIDARITÉ, L'ENVIRONNEMENT

PRODUISANT DES BIENS ET SERVICES UTILES À L'ENSEMBLE DE LA SOCIÉTÉ

PORTÉE VERS L'INNOVATION ET ÉVOLUANT RAPIDEMENT POUR S'ADAPTER

AYANT UN SAVOIR-FAIRE RECONNU DEPUIS LONGTEMPS

PORTÉE VERS LES NOUVELLES TECHNOLOGIES, COMME UNE START-UP

MULTINATIONALE, IMPLANTÉE PARTOUT DANS LE MONDE

FONCTIONNANT SUR UN MODÈLE ÉCONOMIQUE NON-LUCRATIF (ESS)

1

52 %AVOIR LE MÉTIERDE SES RÊVES

AVOIR UN TRAVAILQUI PERMETTE DESUBVENIR À SES BESOINS

52 %

43 %DONNER UN SENSÀ SON TRAVAIL

31 %AVOIR UN TRAVAILFLEXIBLE POUR PROFITERDE SA VIE PRIVÉE

20 %ÊTRE RECONNUPAR SES COLLÈGUES,SES PROCHES, LA SOCIÉTÉ

12 %CRÉER SON ENTREPRISE,ÊTRE INDÉPENDANT

11 %AVOIR UN TRAVAILCRÉATIF, INNOVANT

10 %AVOIR UN TRAVAILPERMETTANT DE VOYAGER

47 %AVOIRUN BON SALAIRE

TOUJOURSATTACHÉS

AU CDILE CDI RESTE-IL

UNE GARANTIE ETUNE SÉCURITÉ

POUR S'ASSURERDE GARDER

SON POSTE ?

2

NSP

OUI

NON

VIVE LECHANGEMENT !PRÉFÉREZ-VOUS ?

3

UN MÉTIER AVEC DES MISSIONS BIENDÉFINIES SANS TROP DE CHANGEMENT

NSP

UN MÉTIER AVEC DES MISSIONSQUI ÉVOLUENT SOUVENT SELON LES BESOINS

6 %

25 %

69 %

LE TÉLÉTRAVAILNE FAIT PASRECETTE...

DANS L'IDÉAL,PRÉFÉRERIEZ-VOUS

TRAVAILLER ?

UNE GÉNÉRATION EN QUÊTED’ÉPANOUISSEMENT ETDE STABILITÉ FINANCIÈRE

POUR VOUS, QUE SIGNIFIE RÉUSSIRSA VIE PROFESSIONNELLE ?

(PLUSIEURS RÉPONSES POSSIBLES)

L'ENTREPRISE IDÉALE(PLUSIEURS RÉPONSES POSSIBLES)

EST UNE ENTREPRISE…

68 %

29 %

3 %

12 %

49 %

42 %

33 %

32 %

23 %

21 %

14 %

12 %

ETAT DES LIEUX2 //

ZOOM //Les jeunes ne sont pas tous insatisfaits, paresseux ou égocentriques dans leur rapportau travail. La preuve en 11 graphs tirés de l’étude Viavoice - Manpower Group réalisée en partenariatavec « Les Echos START » et intitulée « Les Jeunes de 18 à 30 ans face à un travail en mutation ».

La génération Y et le travail,loin des clichés ?

10 // LESECHOSSTART.FR Mercredi 21 juin 2017

Retrouveztous les résultats :start.lesechos.fr/generationy

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755 %

21 %

6 %

33 %

61 %

35 %

8 %

À L'ÉCOUTE

SYMPATHIE

SES QUALITÉSPERSONNELLES

SON RÔLE

CONFIANCE

EFFICACITÉ

ÊTRE UN CHEF :DIRIGER, MENER,DÉCIDER

ÊTRE UN SOUTIEN :AIDER, CONSEILLER,ACCOMPAGNER

ÊTRE UN EXEMPLE :RESPONSABLE,JUSTE, TRAVAILLEUR

10

ENTREPRENEUR

SALARIÉS INDÉPENDANTS

NON, LES JEUNESNE SONT PASTOUS PAREILS

11

UNEMAJORITÉ

DE BOSSEURS

SI VOS MISSIONS AU TRAVAILVOUS PLAISENT VRAIMENT,

VOUS ÊTES PRÊT À TRAVAILLERPLUS LONGTEMPS

9

UNE GÉNÉRATION PLUTÔT OPTIMISTECOMMENT VOYEZ-VOUS VOTRE SITUATION PROFESSIONNELLEPOUR LES ANNÉES À VENIR ?

8

NSP3 %

25 %32 %40 %

OPTIMISTE NI OPTIMISTENI PESSIMISTE

PESSIMISTE

PLUTÔT D'ACCORD

76 %

SES COMPÉTENCES

ORGANISATIONNELLES

TECHNIQUES

HUMAINES

45 %

34 %

25 %

LES ENTREPRISESDEVRONT S’ADAPTER

AUX ASPIRATION DES SALARIÉS

LES SALARIÉSDEVRONT S’ADAPTER

AUX ATTENTESDES ENTREPRISES

SOUHAIT DE STABILITÉ SOUHAIT D’ÉVOLUTION

BIEN GAGNER SA VIE

INTÉGRER UNE GRANDE ENTREPRISE

MONDIALISATIONET ROBOTISATION

SONT DES MENACES

L’UBÉRISATIONEST UNE CHANCE

PRÊT À TRAVAILLERPLUS LONGTEMPS

LE TRAVAIL EST UNE SOURCED’ÉPANOUISSEMENT

(ET LE RESTERA À L’AVENIR)

TRAVAILLER À SON COMPTE,CRÉER UNE ACTIVITÉ

CSP+, CADRESÉQUILIBRE ENTREVIE PRO ET VIE PERSO

NOUVELLES FORMESD’ORGANISATION

DU TRAVAIL

LES RELATIONS HUMAINESAU TRAVAIL VONT CHANGER

LE TRAVAIL EST UNE SOURCE D’ÉPANOUISSEMENT(MAIS LES MUTATIONS DU TRAVAIL PEUVENT

EN FAIRE UNE CONTRAINTE À L’AVENIR)

PRIVILÉGIE L’ÉVOLUTIONDE CARRIÈRE

TRAVAILLER DANS UNE ENTREPRISEOÙ VOUS AUREZ UN EMPLOI POUR LONGTEMPS

CSP–, EMPLOYÉS

CONTRATS PRÉCAIRES

LE TRAVAIL EST D’AVANTAGEUNE SOURCE DE CONTRAINTE

UN TRAVAIL QUI PERMET DE SUBVENIR À SES BESOINS ET CEUX DE SA FAMILLE

LES

OPTIMISTES EXIGEANTS 27%

LES OPTIMISTES FLEXIBL

ES27

%

LESFRAGILISÉS 28%

LES

PRAGMATIQUES 18%

LE BOSS IDÉAL

QU'ATTENDEZ-VOUS EN PRIORITÉDE VOTRE MANAGER ?

(MOTS CLEFS SPONTANÉMENT CITÉS)

TRAVAILLEURINDÉPENDANT,

MICROENTREPRENEUR,FREELANCE…

SALARIÉD'UNE TPE

(< À 10 SALARIÉS)

SALARIÉD'UNE GRANDE

ENTREPRISE19 %

20%

18%

17%

16%

SALARIÉD'UNE PME

( 100 SALARIÉS)

TOUS ENTREPRENEURS ?PAS VRAIMENT…

SI VOUS AVIEZ LE CHOIX,PRÉFÉRERIEZ-VOUS ÊTRE ?

TYPOLOGIE DES DIFFÉRENTSGROUPES PARMI LES 18-30 ANS

ETAT DES LIEUX //

LESECHOSSTART.FR // 11Mercredi 21 juin 2017

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12 // LESECHOSSTART.FR Mercredi 21 juin 2017

ENQUÊTE // Pour motiver et impliquer davantage lesd’enseignement supérieur proposent des pédagogiesdu bricolage ou encore du théâtre. Tour d’horizon de

« DO IT YOURSELF »

initiatives quilignes dans l’enseigne

Apprendre la théorie chez soi, avant lecours, et faire les exercices en classe, enposant au prof les questions sur les pointsdifficiles : tel est le principe de la classeinversée, une pédagogie qui se développeaujourd’hui dans les écoles et les universités.L’intérêt ? Rendre les séances plusparticipatives et les étudiants véritablementacteurs de leur apprentissage.A l’université catholique de Lille, unenseignant va plus loin, en expérimentant,depuis deux ans, la « classe renversée ».Professeur de biologie moléculaire etvice-président innovation de l’établissement,Jean-Charles Cailliez expliquemalicieusement qu’il ne « fait plus rien : lesétudiants font tout ! » Car s’ils sontaccompagnés par l’enseignant, ce sont euxqui vont chercher les informations pourconstruire le plan du cours et en rédiger leschapitres. Il leur revient aussi de concevoirl’examen, d’établir le barème, et même decorriger les copies !

La classe commeune microentrepriseEn troisième année de licence, le module debiologie donne ainsi lieu à la « création d’unemicroentreprise, une start-up dans laquelle

QUAND LA POP CULTURES’INVITE À L’UNIVERSITÉ

Aux Etats-Unis, et dans une moindre mesure enFrance, les universités ont fait entrer Harry Potter,Beyoncé et les Simpson dans leurs programmes.Mettant la pop culture au service de la formation.

Beyoncé, de Harvard au Texas. Après la HarvardBusiness School qui avait étudié la stratégie marketing de Beyoncé, l’universitédu Texas s’est intéressée au féminisme de la chanteuse noire.

Harry Potter à Sciences Po. D’abord étudiée aux Etats-Unis, la saga de J.K. Rowlingest aujourd’hui analysée à Sciences Po sous l’angle du conte, de la critique des éliteset de la vision de l’école. En outre, le quidditch, ce sport pratiqué par les sorciers surleur balai, a gagné de très réelles universités américaines et françaises, notammentNantes et Paris Descartes. Une pratique sportive, sorte de balle au prisonnier, quiinclut balle de tennis, ballon de volley et… balais.

Lady Gaga sous le regard de sociologues. « Lady Gaga et la sociologie de lacélébrité » figure depuis 2011 au programme de l’université de Caroline du Sud :« Les étudiants peuvent apprendre quelque chose de sérieux à partir d’un sujetamusant », affirme l’établissement.

Star Trek et les Simpson, objets philosophiques. Tandis que « Star Trek » a permisde mettre l’accent sur des concepts métaphysiques à l’université de Georgetown,la vie des Simpson est scrutée d’un point de vue éthique à Berkeley.

L’univers des studios Marvel décrypté à Baltimore.« Iron Man », « Captain America », « Avengers » ou encore « Les Gardiens de lagalaxie » : ces productions des studios Marvel, qui offrent « une vision intéressantedu monde moderne », ont fait l’objet d’un cours en 2015 à l’universitéde Baltimore.

Eux aussi ont été étudiés à la fac : le rappeur Jay-Z à Arlingtonau Texas, « The Wire » à Harvard, les Beatles à Liverpool,« Star Wars » à Belfast, Tolkien à l’université Marquettedans le Wisconsin…Quant à l’université de l’Idaho, elle a ouvert en 2016 un courssur le jeu Pokémon Go.

À NOTERA la Catho de Lille,le learning lab est unesalle expérimentalehyperconnectée :tablettes, camérasde visioconférence,taleaux magnétiquesdoivent favoriserl’émergence denouvelles pratiques.

les étudiants produisent de la connaissance,organisés en “business units” », décritJean-Charles Cailliez. La constitution deces équipes n’est cependant pas laissée auhasard : l’enseignant veille à mélanger debons élèves en génétique, des élèves moyenset des élèves « peu intéressés » par ladiscipline, de manière à favoriser lesinteractions entre les différents profils.Chacun a un rôle défini, comme responsablede la production ou de l’écriture.L’enseignant utilise par ailleurs la méthoded’apprentissage des « tableaux tournants » :il pose une question et chaque équipecommence à y répondre en dessinant desschémas ou en notant des explications.Les groupes passent alors d’un tableauà l’autre, pour compléter ce qu’ont fait leurscamarades. Au bout d’un quart d’heure,ils ont coélaboré différentes propositionsde réponse, parmi lesquelles le biologistedésigne la plus pertinente, qu’il complèteà son tour.« Vous devenez les profs et je deviens l’élève »,lance Jean-Charles Cailliez, ravi de voir sesétudiants monter sur l’estrade, lui poser desquestions etmême lui donner des devoirs qu’ilsnotent ! Car, affirme celui qui se définit commeun « hacker pédagogique », « la meilleure façond’apprendre, c’est d’enseigner ». ■

« Vous êtes dans une salle d’attente avantun entretien d’embauche. Vous ne vousconnaissez pas, vous ne vous parlez pas. »Voilà la consigne donnée aux deux étudiantsdésignés pour monter sur scène. « Petit àpetit, ils vont se rendre compte que, mêmequand on ne bouge pas, le corps dit beaucoupde choses », souligne Valérie Bretagne,spécialiste de communication non verbale,qui anime des ateliers à l’ENSGSI Nancy(Ecole nationale supérieure en géniedes systèmes et de l’innovation).Objectif : prendre conscience de sesémotions et les accepter, dans unmouvement de lâcher-prise. L’ENSGSIaccorde depuis sa création, en 1993, unegrande importance au développementpersonnel : « Nous formons des chefs deprojet innovants, qui ne peuvent se contenterd’être de bons techniciens : pour nous,le manager est le garant de la qualitérelationnelle au sein d’une équipe. Celasuppose de se connaître et d’être d’abord bienavec soi-même pour être bien avec les autres »,avance Martine Tani, responsable du pôlemanagement, projet personnel etprofessionnel de l’école.

Soft skillsDans cette perspective, l’ENGSI utilise leclown théâtre. « Un clown contemporain quiest tout le contraire du pitre ! » précise ValérieBretagne, qui y voit « un outil efficace pouraccélérer le processus : on peut ressentir troisou quatre émotions fortes en quelquesminutes ». L’école propose aussi un travail

Si les études de cas font depuis quelquesannées officiellement partie du programmede pharmacie, le projet prend une ampleursignificative à l’université Paris-Sud, avec140 étudiants qui choisissent l’orientationindustrie-recherche.« Nous avons la filière la plus importantede France, indique sa responsable CatherineDubernet. Cela permet de mener un projetde grande ampleur en simulant la mise surle marché d’un produit de santé innovant. »

Simulation réalisteLa promo se scinde en deux groupes quiforment deux entreprises : l’une travaillesur un dispositif médical (stimulateurcardiaque, lecteur de glycémie…), l’autresur un médicament. Après l’électiond’un président et d’un directeur général,ces PME organisent leurs différents services,de la R&D au marketing, en passantpar les essais cliniques, l’enregistrement,l’industrialisation et la production. « Toutest fictif, mais les cadres réglementaires sont

CLASSERENVERSÉE :le « do it yourself » de la Catho de Lille

FACDEPHARMAÀPARIS-SUD :les étudiants dans la peau d’un industriel

INGÉNIEURÀL’ENSGSI :une formation qui passe aussi par le corps

sur la respiration, à travers des exercices derelaxation et de méditation active.Ces ateliers corporels viennent compléterdes cours d’éthique, de responsabilité et deprise de décision qui visent à développer les« soft skills » des futurs ingénieurs. Alors quele savoir-être est aujourd’hui largementvalorisé par les recruteurs et en entreprise,l’ENSGSI entend ainsi faire gagner quelquesannées à ses diplômés, grâce à l’acquisitionde cette « maturité émotionnelle ». ■

réels et les données cliniques s’appuient surla littérature scientifique », précise CatherineDubernet.

Pendant six mois, les étudiants, guidéspar des enseignants, vont lire les études,analyser les tendances du marché et allerinterroger des experts, mais aussi imaginerl’histoire de leur entreprise, la doterou non de filiales et de visiteurs médicaux,définir son environnement économiqueet sa localisation… Autant d’élémentsqui doivent aboutir à « l’élaborationd’une stratégie de lancement cohérente.Ils doivent vraiment se mettre dans la peaud’un industriel », insiste la responsable.Point d’orgue de l’exercice, la soutenance,en français et en anglais, consisteà présenter des « documents réalistes »permettant la mise sur le marchédu produit. Au-delà de l’acquisition deconnaissances scientifiques, le but est aussid’apprendre aux étudiants à gérer un projetet à « adopter une posture professionnelle »,un an avant l’obtention de leur diplôme. ■

LaurentCousin/Haytham-REA

Shutterstock

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LESECHOSSTART.FR // 13Mercredi 21 juin 2017

étudiants, de plus en plus d’établissementsalternatives fondées sur des mises en situation, des jeux,ces nouvelles manières d’apprendre. Par Sophie Blitman

font bouger lesment supérieur

À NOTERPour le challengecréativité aux minesd’Alès, des groupesde 5 élèves relèventle défi d’un sujetréel posé par uneentreprise. Le meilleurgroupe est primé.

MILLIARDS D’EUROSLe chiffre d’affairesdu marché desSerious Game en 2015.Une formation quirevêt désormais uncaractère stratégiquedans les entreprises !

Le chiffre

GEMSORTLEGRANDJEUpour formerses managersQui a dit que jouer n’était pas sérieux ?Depuis quelques années, les « seriousgames » se répandent dans l’enseignementsupérieur, gagnant peu à peu en légitimité.Qu’il s’agisse de jeux de plateau ou de jeuxvidéo, la dimension ludique permet demotiver l’étudiant et de l’impliquerdavantage dans sa formation.En outre, « l’intérêt des serious games résidedans la notion d’essai et d’erreur : le jeupermet d’expérimenter, de se tromper et derecommencer », explique Hélène Michel,professeure en management de l’innovationà Grenoble Ecole de Management etspécialiste du sujet. Depuis cinq ans, labusiness school crée elle-même des seriousgames et en a fait un élément phare de sastratégie. Aujourd’hui, elle les utilise nonseulement pour former ses étudiants,mais aussi pour les recruter, les intégreret les évaluer.

Epreuve d’oralAinsi, plutôt que de passer un entretienclassique, les admissibles à GEM peuventchoisir à l’oral de participer à un jeu decréativité où ils doivent imaginer commentcombiner un personnage, un objet duquotidien et une caractéristique pourproposer un service ou un produit innovant.De quoi décontenancer les plus scolaires,habitués au cadre strict de la classe prépa…Une fois admis, l’intégration passe, elleaussi, par le jeu : « Cela permet aux élèvesde lier connaissance et d’être acteursde leur apprentissage, en se confrontantà une problématique qu’ils doivent résoudreen produisant quelque chose de concret »,détaille Hélène Michel.Au cours de leur cursus, ils joueront ensuiteà quatre ou cinq jeux différents chaqueannée. Au lieu de rédiger un mémoire oude faire une présentation à l’oral, certainsauront aussi l’occasion de rendre un travailsous la forme d’un jeu qui devra « modéliserleur pensée ». Une manière de casser lescodes tout en faisant appel à descompétences classiques en termes deraisonnement et d’argumentation. ■

MINESD’ALÈS:être créatif,ça s’apprendSi beaucoup d’écoles parlent aujourd’huid’innovation, cela fait treize ans que lesMines d’Alès ont mis en place unenseignement autour de la créativité.Accueillant des élèves souvent assezscolaires après deux ans de classepréparatoire, « nous voulons, dès la premièreannée, leur faire prendre conscience de leurpotentiel créatif », indiquele directeur des études, Michel Ferlut.La sensibilisation débute par un séminaireanimé par une quarantaine deprofessionnels de grandes entreprises,PME et start-up, qui proposent aux étudiantsde travailler en groupe sur certaines deleurs problématiques réelles. Ce faisant,« les élèves voient qu’ils sont capables degénérer de nouvelles idées, cohérentes parrapport à la stratégie d’une entreprise, etils apprennent en même temps la méthodepour le faire », souligne Michel Ferlut.

Mises en situationDeuxième étape : le challenge créativité.Des industriels lancent un défi auxétudiants, qui ont six semaines poury répondre par équipe. Qu’il s’agissed’aménager des monospaces pour PSAou de réfléchir à du mobilier connecté pourune start-up, à eux de « s’organiser comme ilsle souhaitent, en dehors des heures de cours :certains organisent des séances de créativitéavec de vrais utilisateurs qu’ils contactentpar eux-mêmes », apprécie le responsable.Enfin, le programme de l’école prévoit desmissions de terrain : les élèves ingénieurspassent cinq semaines en entreprise, où ilstravaillent à temps plein sur les aspectstechnologiques et marketing d’uneinnovation - de l’étude du besoin auprototype, en passant par la faisabilitétechnique et le business plan.Conçu comme « une fusée à trois étages »,ce parcours en début de cursus, « amèneles élèves à adopter une posture créative, quidonne ensuite plus de sens à l’apprentissagescientifique et technique », affirme MichelFerlut. Avec l’objectif de former desingénieurs capables de « mettre en placeles conditions propices au développement dela créativité en entreprise ». ■

Ici, une fraiseuse à bois et une découpevinyle, là une gravure laser, un peu plusloin un mannequin de couture et deséchantillons de smocks… Sans oublierl’incontournable imprimante 3D.Bienvenue au FacLab de l’universitéde Cergy, en région parisienne !Fondé en 2012, cet atelier fait figure depionnier dans l’enseignement supérieurfrançais. Venus des Etats-Unis, sousl’impulsion notamment du MIT, lesFabLabs mettent à disposition des outilsclassiques de bricolage, mais égalementdes machines à commande numérique trèssophistiquées. On peut y venir, librementet gratuitement, pour réaliser un prototype

ÀL’UNIVERSITÉDECERGY, l’esprit « FacLab »ou simplement tester une technique.En échange, « chacun doit participer à sonéchelle, en répondant aux questions des autresutilisateurs, en documentant ses projets ou enorganisant de petites formations », expliquele maître des lieux, Laurent Ricard, attaché àces valeurs de contribution et de réciprocité.

Collaborer et innoverOuvert sur l’extérieur, le FacLab accueilleaussi bien des étudiants et des enseignantsque des habitants de Gennevilliers(où il est implanté). Ici, on apprend enfaisant : c’est le principe du « learningby doing ».

« Se confronter avec le “faire” oblige,davantage que les pédagogies traditionnelles,à se questionner sur ses capacités et àinteragir avec d’autres personnes pouracquérir des compétences complémentaires »,affirme Bruno Fiorio, chargé de mission dudéveloppement des projets et partenariatsstratégiques à l’université de Cergy.L’établissement souhaite désormaiss’appuyer sur l’expertise du FacLab pourouvrir d’autres « tiers-lieux » où étudiants,chercheurs, salariés et entrepreneurspourraient se retrouver pour mener desprojets transversaux. Avec le même objectif :encourager la collaboration et développerla créativité. ■

Arrivé en fac de droitaprès un bac S, Adriendécroche assez vite : « Je

ne supportais pas d’aller encours, j’avais l’impression deperdre mon temps car jen’arrivais pas à apprendrecomme ça. Résultat : jeséchais pour aller à labibliothèque. Je trouvais deslivres en lien avec le sujet ducours et je travaillais toutseul. » Adrien abandonne enL2 et part travailler à Londrespendant trois ans. Au coursde ses différents jobs, il estamené à créer un site Web etapprend ainsi les rudimentsde la programmation.

A son retour, il entend parlerde 42. Convaincu par lesdébouchés qu’offre cette écolede développeurs fondée parXavier Niel, il réussit les testssur Internet, puis franchit lafameuse épreuve de la piscine(un mois à faire des projets etdes exercices d’informatiqueen continu). Le voilà doncadmis, en septembre 2014,dans cette formation atypiquepuisque, à rebours de tousles modèles pédagogiques,42 est une école sans profs.« Les équipes du staff, quis’occupent notamment decréer les exercices et lesprojets, sont dans ce qu’onappelle le “bocal“, raconteAdrien. On a le droit d’allerleur poser une question à uneseule condition : ne pas avoirtrouvé la réponse après avoircherché sur Google etdemandé à l’ensemble desétudiants de l’école.Autrement dit, c’estimpossible ! » s’amusel’étudiant, pour qui l’absenced’enseignant offre unavantage indéniable : « Ondevient forcément autonomepuisqu’il n’y a pas de profpour nous venir en aide. »

Une pédagogieparticulièrement bienadaptée, selon lui, au métierde développeur :« En informatique, il y atous les jours ou presquedes nouvelles technologiesqui arrivent. On ne peut pasretourner à chaque foisà l’école pour se former !D’où l’intérêt d’apprendreà apprendre : c’est ce qu’onfait à 42. »

S’il n’y a pas d’enseignantspour donner des cours, il n’yen a pas non plus pour évaluerles étudiants qui se corrigententre eux, ce qui participe deleur formation. Car, comme ledit Adrien, « il y a deux façonsd’apprendre le code : fairedu code et lire du code ».« Quand on corrige un projet,on échange sur les différentesméthodes employées :contrairement aux idéesreçues, un geek est quelqu’unqui partage beaucoup sesconnaissances », insiste lejeune homme. L’école ad’ailleurs mis en place unforum sur lequel les étudiantspeuvent poser leurs questionset contribuer à résoudreles problèmes des autres.Enfin, 42 a poussé la logiquejusqu’à se contenter de définirles grandes lignes duprogramme, laissant auxétudiants la liberté de choisirles projets sur lesquels ilssouhaitent travailler, enfonction de leurs affinités etdu domaine dans lequel ilsveulent se spécialiser. « On estvite capable d’évaluer quellestechnos vont nous être utiles,ou bien on en choisit une parcequ’elle nous amuse », souritAdrien, estimant que si 42fonctionne bien sans profs,c’est qu’elle est d’abord etavant tout « une école depassionnés ».

APPRENDREÀAPPRENDREÀ42, L’ÉCOLE SANS PROFS

FacLabCergy

A

drien, 28 ans

étudiant à 42, l’école « sans profs

»

Page 14: DOSSIER autravail - Cjoint.com … · incubateur »qui permet aux salariés de devenir intrapreneurs. Ils peuvent constituer des équipes et travailler sur des idées d’innovation

emplois.lidl.fr

JE VEUX FAIREDE MON ALTERNANCEUNE VRAIE RÉFÉRENCESUR MON CV.

MARVIN, ALTERNANT