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DOSSIER DE PRESSE LES BATISSEURS DU MOYEN-AGE

Une formidable reconstitution historique de la construction d'un patrimoine d'exception

et de la vie chevaleresque de l'époque

Les journées dédiées aux "Bâtisseurs du Moyen-Âge" constituent l'un des 3 trois temps forts

de la célébration des 900 ans du site abbatial de Saint-Gilles, au même titre que le retour

des reliques du saint le 3 avril dernier, et avant le grand pèlerinage qui réunira 900

marcheurs le 27 août prochain.

L'abbaye de Saint-Gilles, édifiée entre 1116 et le début du 13è siècle et plusieurs fois détruite

et remaniée au cours de l'histoire, fait toujours référence dans le monde des compagnons

bâtisseurs, notamment par sa façade et son fameux escalier en vis.

L'événement, dédié à un vaste public de tous âges, mettra simultanément en lumière

l'édifice et les techniques médiévales qui ont permis sa construction.

Sous une forme ludique et festive, des spécialistes mettront en œuvre les techniques

utilisées pour construire les édifices médiévaux. Le chantier sera replacé dans son contexte

historique. Près du camp du comte de Toulouse, les déambulations de chevaliers, les

démonstrations d'archerie et les simulations de combats permettront une immersion dans la

vie à l'époque du chantier de l'abbatiale et des péripéties donneront lieu à des spectacles

aux arènes.

Sur le chantier médiéval, se croiseront les tailleurs de pierres, les vitraillistes, les cordistes, le

personnel chargé de mettre en place les échafaudages et de faire fonctionner la roue à

écureuil, capable de soulever des pierres dépassant la tonne, tous étant sous la

responsabilité du maître d'œuvre, pendant que le moine enlumineur et son apprenti

réaliseront leur travail minutieux dans la quiétude de la crypte de l'abbatiale.

Ces journées, entièrement gratuites, donneront l'occasion de découvrir un chantier

médiéval unique et de participer à la construction d'une abbaye, comme manouvrier d'un

jour.

Elles illustreront également la division de la société féodale en 3 ordres, indispensables l'un à

l'autre : ceux qui prient (parmi lesquels les moines copistes et enlumineurs), ceux qui se

battent (nobles, seigneurs et chevaliers) et ceux travaillent (artisans, paysans et marchands).

PROGRAMME Horaires des animations et spectacles identiques les jeudi 21 et vendredi 22 juillet

Chantier médiéval – 14h à 24h (en continu) : - place de la République : démonstration de fabrication de vitraux, par un maître

vitrailliste de l'Atelier du Renart Vert

- place de la République : les bâtisseurs médiévaux. Un cordiste escaladera la tour

nord de l'abbatiale afin d'y assembler, puis démonter, un échafaudage en bois. Petits

et grands seront invités à hisser des charges lourdes au sommet de cette tour, grâce

à la roue à écureuil. L'atelier de corderie confectionnera les liens nécessaires aux

différents corps de métiers du chantier. Le maître d'œuvre supervisera l'ensemble

des travaux, en compagnie des tailleurs de pierres

- ancien chœur : les tailleurs de pierres (compagnons de la Cayenne de Nîmes et

compagnons des Devoirs Unis), assistés du ferronnier et du couvreur, sculpteront

une représentation de l'abbatiale qui s'intègrera, à terme, dans le décor de notre ville

- place Jean Jaurès : ce lieu accueillera le camp du comte de Toulouse, venu assister au

début des travaux, et de sa maisnie. Il sera le siège de duels de chevaliers (Les

Mercenaires du Temps, Aegidios), qui déborderont parfois en direction de l'église.

- jardins du cloître : les archers (Archers du Lac) démontreront leur savoir-faire auquel

le public pourra s'initier

- église basse : le moine enlumineur et son apprenti (Les Mercenaires du Temps)

tiendront leur atelier de calligraphie et de lettrines.

Spectacle : - aux arènes à 18h et à 21h : "La lance d'or" (durée : environ 1h)

Le spectacle témoigne du perpétuel affrontement entre le comte de Toulouse et les

chevaliers de l'abbé de Saint-Gilles, par une compétition d'archers, une

démonstration de combats pédestres et de spectaculaires batailles équestres

Chasse au trésor familiale - "A la quête de la biche d'or de Saint-Gilles" (6 à 12 ans)

14h à 16h30 (rendez-vous à l'Office de Tourisme)

Visites guidées - Des visites guidées de l'ensemble abbatial sont proposées par les guides-

conférenciers.

Rendez-vous à 10h30 à l'Office de Tourisme (visite gratuite – durée : 1h30)

"D'Espeyran à Saint-Gilles, une trajectoire historique" Vendredi 22 juillet au château d'Espeyran :

- 17h : présentation du livre de la collection DUO "Le château d'Espeyran, maison des illustres" par la DRAC et la Direction des Archives de France

- 17h30: conférence ''D'Espeyran à Saint-Gilles, une trajectoire historique" par Patrick Florençon (historien au Centre des monuments nationaux) et les auteurs du livre DUO

- 19h30 à 20h30 : visites générales ou thématiques du lieu - 19h30 à 24h : soirée festive avec pique-nique, animée par la chorale de Saint-

Mathieu de Tréviers et le groupe musical Anacrouse, d'inspiration celtique.

EXPOSITIONS

Du 11 juillet à mi-septembre – au Musée de la Maison Romane

"SAINT-GILLES ET LA PAPAUTE"

Une exposition, présentée par la Ville de Saint-Gilles, dans le cadre du projet "1116-2016 : naissance

et renaissance d'un monastère roman", et conçue par Lucie Gibelin, stagiaire au sein de l'association

d'Histoire, d'Archéologie et de Sauvegarde de Saint-Gilles.

Elle relate les différents liens ayant existé entre la ville et les souverains pontifes (offrandes papales,

sacralisations, bulles ou visites officielles) et dépeint certains personnages qui ont fait la gloire ou

causé la décadence de Saint-Gilles.

Etapes historiques :

Consécration d'un autel par Urbain II : venu en visite officielle, peu de temps après avoir prêché la

première croisade, au Concile de Clermont, le 27 novembre 1095.

Appel à la croisade d'Innocent III : instaurateur d'une théocratie pontificale, Innocent III, symbole de

la toute-puissance de l'église, se veut le gardien de la morale chrétienne, et excommunie nombre de

seigneurs féodaux qui ne respectent pas la doctrine catholique. L'assassinat, le 15 janvier 1208, du

légat du Pape Pierre de Castelnau, sur l'une des rives du Rhône à Saint-Gilles, sonnera le glas de

l'apogée de la cité médiévale, alors grande puissance économique du fait de son port et de son

pèlerinage

Innocent III lance l'appel à la croisade contre les cathares en mars 1208, devant la résistance de

certains barons du Midi et du comte de Toulouse à lutter contre le catharisme, jugé impie.

"En avant donc, chevaliers du Christ ! En avant, vaillantes recrues de l'armée chrétienne ! (…)

Appliquez-vous à détruire l'hérésie par tous les moyens que Dieu vous inspirera (…). Quant au comte

de Toulouse (…), chassez-le, lui et ses complices, des tentes du Seigneur. Dépouillez-les de leurs

terres, afin que les habitants catholiques y soient substitués aux hérétiques éliminés…".

Clément IV : bienfaiteur de la ville : natif de Saint-Gilles, il devient jurisconsulte sous le règne de

Louis IX. Devenu Pape en 1265, il tentera de donner un nouveau souffle à sa ville. De nombreuses

indulgences sont accordées, notamment aux personnes qui contribueront à la construction de

l'abbatiale. Il s'éteint le 27 novembre 1268 et ne verra donc pas le rattachement du comté de

Toulouse au royaume de France, deux ans plus tard

Une perte d'importance pour l'église de Saint-Gilles, qui mènera à sa sécularisation. Elle changera de

statut et devient collégiale en 1538, suite à la rédaction de la bulle ordonnée par Paul III.

Du 11 juillet à mi-septembre – dans la crypte de l'abbatiale

"REHABILITATION DU SITE ABBATIAL : UN PONT ENTRE IMAGINAIRE

ET REALITE"

Réédition d'une exposition présentée en 2011 (Ville de Saint-Gilles/Office de Tourisme de Saint-

Gilles)

L'exposition se divise en deux volets :

1/ Projet de recherche archéologique et archivistique franco-allemand, conduit en commun par

l'IFAG (sous la direction des Professeurs Arno LEDERER et Jean Klaus JAN PHILIPP) et le Laboratoire

d'Archéologie Médiévale Méditerranéenne (LAMM) de l'Université de Provence et du CNRS et

cofinancé par la Deutsche Forschungsgemeinschaft (DFG) et son partenaire homologue français,

l'Agence Nationale pour la Recherche (ANR).

Ce projet avait pour but d'ouvrir la réflexion du public à un nouvel aménagement du bâti religieux

(cloître, bâtiments monastiques et ancien chœur) attenant à l'abbatiale romane.

Il s'agissait de proposer une fonction muséologique intégrant les vestiges romans et l'utilisation de

matériaux modernes.

2/ La seconde partie de exposition présente les aménagements de ces espaces réalisés au cours de

l'histoire, avec l'intervention d'architectes renommés(J. TAYLOR et Ch. NODIER, Charles-Auguste

QUESTEL, Henri REVOIL) qui ont contribué à l'intérêt patrimonial, à la bonne conservation ou à la

protection de l'abbatiale romane de Saint-Gilles.

Cette exposition est une excellente occasion pour évoquer la prochaine campagne de restauration de

la façade ainsi que les aménagements qui auront lieu sur l'ensemble du site de l'ancienne abbaye

(cloître, bâtiments monastiques et ancien chœur).

Une nouvelle accessibilité sera définie pour tous ces espaces, le cellier des moines sera ouvert au

public et un parcours sera aménagé à destination des personnes à mobilité réduite.

NOTES HISTORIQUES

1020 : les 3 ordres de la société médiévale

L’abbaye de Saint-Gilles, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, fût édifiée entre 1116 et le début du 13ème siècle. Plusieurs fois détruite et remaniée au cours de l’histoire, sa façade et sa fameuse tour Vis font, aujourd’hui encore, références dans le monde des bâtisseurs compagnons. L’événement « LES BATISSEURS DU MOYEN-ÂGE » met en lumière le bâtiment et les techniques médiévales qui ont permis la construction de l’abbaye par la formidable reconstitution d’un chantier du moyen âge et du monde médiéval de l’époque. En 1020, Aldabéron de Laon explique au roi de France que la société médiévale est divisée en trois ordres. Il y a ceux qui prient, ceux qui se battent et ceux qui travaillent… Ceux qui prient : L’abbaye de Saint Gilles créée fût bâtie sur le tombeau de l’ermite Saint Gilles et plus tard rattachée à l’ordre des moines de Cluny. Les moines avaient en charge le salut des croyants par la prière. Toutefois leurs activités ne s’arrêtent pas là. Ils se chargent de l’accueil des pèlerins qui viennent visiter le tombeau du saint et qui se rendent à Saint Jacques de Compostelle. Enfin, comme l’imprimerie n’est pas encore inventée, ils se chargent de copier de nombreux manuscrits et livres anciens. C’est à ce travail de copiste et d’enlumineur que le public pourra assister et participer, afin de s’initier à l’écriture médiévale. Ceux qui se battent : Ce sont essentiellement les nobles, seigneurs et chevaliers, qui constituent cet ordre. Même si les milices formées par les populations locales sont souvent appelées à participer aux combats. Au cours de la construction de l’abbaye, Raymond V comte de Toulouse et de Saint Gilles, c’est certainement rendu sur place avec ses gens pour constater l’avancée des travaux de l’abbaye. Accompagné de ses chevaliers d’homme à pieds et d’archers. Il a installé son camp aux abords de l’abbaye. Dans son infime bonté, le comte de Toulouse, convie ses bonnes gens et prud’hommes de Saint Gilles à venir assister aux exercices militaires, équestres, combats à pieds et archerie. Oyez ! braves gens venez testez votre habileté et votre bravoure sous la conduite du maitre d’arme et du capitaine des archers. Enfin, pour occupés ses hommes et pour les récompenser de leur bravoure. Le comte de Toulouse organise un tournoi d’adresse. Les meilleurs d’entre eux seront grassement récompensés. Ceux qui travaillent : Cet ordre est constitué par la plus grande partie de la population. Composé de paysans, d’artisans et de marchands, ce sont eux qui ont en charge la bonne marche économique du royaume de France et du comté. Sur le chantier médiéval se croisent, les tailleurs de pierres, les vitraillistes, les cordistes, le personnel chargé de mettre en place les échafaudages et de faire fonctionner les roues écureuils capables de soulever des pierres dépassant la tonne. Le tout étant sous la responsabilité du maître d’œuvre. Plongez-vous dans la découverte d’un chantier médiéval unique ! Vous pourrez également participer comme manouvrier d’un jour à la construction de l’abbaye

La construction de l'abbaye : de 1116 à 1209

Construire une église, un château ou une abbaye coûte cher.

Il faut par ailleurs attendre qu'une partie des fonds nécessaires au lancement des travaux

soit amassée pour les commencer. Le donneur d'ordre, en l'occurrence l'abbé de Saint-

Gilles, à cette époque Hugues, doit veiller à l'apport suffisant de finances pour mener à bien

le chantier.

C'est un travail de longue haleine, car un chantier médiéval peut s'éterniser. La construction

d'un château dure entre 25 et 40 ans et il a fallu environ 90 années pour construire Notre-

Dame de Paris. Une telle durée s'explique par de nombreux facteurs :

- tout d'abord, un chantier s'arrête en hiver. Le 11 novembre, jour de la saint Martin,

marque la fin des chantiers d'été et le début d'une longue période de chômage pour

de nombreux ouvriers bâtisseurs

- un chantier peut également s'interrompre en raison de conflits, comme ce fut le cas

pour l'abbaye de Saint-Gilles

- enfin, le plus souvent, un chantier peur s'interrompre par manque d'argent

Dès lors, il faut avoir en tête que, la plupart du temps, les hommes qui débutent le chantier

sont très rarement ceux qui en voient l'achèvement. Il n'est donc pas rare que plusieurs

"ateliers" ou groupes de bâtisseurs participent à un chantier. D'autant que, si d'aventure les

finances finissent par manquer, les ouvriers, maître d'œuvre en tête, n'hésitent pas à

traverser le royaume et une partie de l'Europe pour s'occuper ou participer à un autre

chantier. Ainsi, à Saint-Gilles, la présence d'ateliers venus de Toulouse ou du Nord du

royaume de France est attestée. Ainsi, un chantier mobilise de très nombreuses personnes

d'origine étrangère ou locale, rémunérées ou bénévoles parmi tous ces bâtisseurs.

Il incombe au seigneur, qu'il soit laïc ou religieux, de trouver un architecte. Au Moyen-Âge,

ce terme n'existe pas encore. Les sources le désignent sous le nom de magister operarium

(maître d'œuvre), de maître masson ou de doctor lathomorum (docteur es pierres !). Le

maître d'œuvre est fréquemment entouré d'une équipe de maçons. Son emblème est

l'équerre et le compas. C'est sur lui que repose la bonne marche du chantier et la

coordination des différents corps de métiers.

On trouve des cordiers, qui tressent les cordes indispensables pour assurer les échafaudages

et les cordistes qui installent ces échafaudages. Les vitraillistes, les charpentiers sont

présents. Les fresquistes décorent les bâtiments, les tapissiers en réalisent les tentures. Les

potiers et vanniers fabriquent des contenants pour différents usages. Sans oublier les

forgerons, qui fabriquent outils et clous. Chaque métier est dirigé par un maître, qui possède

souvent les outils qu'utilisent les ouvriers compagnons t les apprentis. Les ouvriers sont sous

la dépendance du maître, qui les salarie à la tâche. Les apprentis, souvent de jeunes garçons,

suivent une formation d'une dizaine d'années avant de pouvoir eux-mêmes devenir maître.

Mais cette possibilité est plus théorique que réelle, car, le plus souvent, c'est le fils du maître

qui obtient ce titre, les apprentis s'arrêtant souvent au stade d'ouvrier. Gravitant autour et

statutairement d'un rang inférieur, on trouve les manœuvres. Ces derniers, peu ou pas

qualifiés, sont embauchés sur place et sont chargés de tâches simples. Sur de grands

chantiers, le nombre d'intervenants peut ainsi dépasser 500 personnes.

Enfin, même si l'histoire ne leur laisse pas une grande place dans la lumières des sources, il

faut signaler la présence des femmes sur les chantiers de construction. Elles sont souvent

moins bien payées que les hommes et le peu d'information dont nous disposons nous les

montrent occupées à diverses tâches nécessitant peu de qualification. La plupart du temps,

ces femmes ont un lien de parenté avec un homme travaillant sur le chantier.

On le voit, un chantier au Moyen-Âge, c'est un monde à part entière, ne serait-ce que par la

présence d'artisans très qualifiés et qui ont le droit de voyager partout en Europe. Ce monde

obéit à des règles qui lui sont propres, où les femmes sont également présentes. C'est

surtout un long fourmillement, qui peut voir un père commencer un ouvrage et son fils le

terminer à la fin de sa vie. Un monde, certes avec des conditions de travail rudes et

dangereuses, mais qui nous a laissé de merveilleux édifices, à l'instar de l'abbaye de Saint-

Gilles, qui permet au visiteur contemporain de communier à travers les siècles, avec la

ferveur d'hommes eux-mêmes disparus depuis des siècles.

Les comtes de Toulouse et l'abbaye de Saint-Gilles

Alphonse Jourdain naît en 1103 à Tripoli. Il est le fils de Raymond IV de Toulouse et d'Elvire

de Castille. A la mort de son père, en février 1105, il hérite, à l'âge de deux ans, du comté de

Toulouse et des possessions provençalo-languedociennes de sa famille, dont notamment le

comté de Saint-Gilles. Le pouvoir du jeune comte s'étend du Quercy jusqu'au Rhône. Les

territoires sous la domination de la famille Saint Gilles forment, à cette époque, l'un des six

grands domaines seigneuriaux du royaume de France.

Cependant, cette domination est fragile. Au 12è siècle, la suzeraineté du jeune Alphonse 1er

est contestée, à l'ouest par les Aquitains et au sud par les comtes de Barcelone, sans oublier

les turbulents Trencavel, vicomtes d'Albi, Carcassonne, Béziers et Nîmes, jaloux de leur

dépendance du comte de Toulouse. Bien que comte en titre, Alphonse 1er est trop jeune

(âgé de deux ans) pour exercer son pouvoir. En outre, les conditions de voyage sont longues,

rudes et dangereuses pour un adulte qui veut traverser la Méditerranée, et donc bien pire

pour un nourrisson. C'est donc son demi-frère Bertrand, issu d'un premier mariage, lui âgé

de 40 ans, qui exerce la fonction et le pouvoir de comte de Toulouse. Bertrand est fidèle aux

revendications des Saint-Gilles sur l'abbaye. Il multiplie les attaques contre elle et les

moines. Cette politique familiale des Saint Gilles à l'égard de l'abbaye peut très logiquement

s'expliquer. Tout d'abord, les Saint Gilles sont seigneurs de la ville dont ils portent le nom.

Les comtes de Toulouse t ont un palais et un hôtel des monnaies. Ils doivent cependant

partager cette suzeraineté avec l'abbaye, ce qui doit être, à leurs yeux, inadmissible. En

outre, prendre le contrôle de l'abbaye, c'est mettre la main sur les revenus de l'abbaye issus

du pèlerinage, mais aussi des différentes taxes que l'abbaye perçoit des paysans qui se

trouvent sur les terres qu'elle contrôle. Enfin, la troisième raison est proche de la première :

il est souvent insupportable, pour un seigneur médiéval, d'avoir une forme de pouvoir

autonome sur ses propres terres. Sauf quand on est persuadé, et c'est le cas des comtes de

Saint Gilles, que cette autonomie est usurpée. Les nombreuses attaques de Bertrand contre

l'abbaye finissent pas provoquer la colère du pape Pascal II, au point de le menacer

d'excommunication.

En 1109, le jeune Alphonse Jourdain, qui n'a jusqu'alors vécu que dans les environs de

Tripoli, est de retour de Terre Sainte. Il est accompagné de sa mère et d'un vieil ami de son

père, le fier Guillaume de Sabran, nommé chef des armées du jeune comte. Quand il arrive à

Toulouse pour prendre possession de ses terres, son demi-frère Bertrand, qui dirigeait le

comté jusqu'alors, se voit confier en échange les possessions des Saint-Gilles en Terre Sainte,

et notamment le comté de Tripoli.

Le nouveau comte est encore trop jeune pour affronter les menaces qui pèsent sur son

pouvoir. C'est donc sa mère et son tuteur, Guillaume de Sabran, qui exercent la réalité du

pouvoir. Guillaume possède la baronnie de Sabran, située au nord de Bagnols sur Cèze, dans

le nord du Gard. Ce qui peut, en partie, expliquer que le jeune comte soit élevé entre

Camargue et Provence, dans le comté de Saint-Gilles et Beaucaire. Mais l'installation

d'Alexandre à Saint-Gilles s'explique surtout par la prise de Toulouse par Guillaume IX, duc

d'Aquitaine et comte de Poitiers jusqu'en 1120. Le changement à la tête du comté ne

modifie en rien les relations entre l'abbaye et les comtes de Toulouse, puisqu'un conflit

entre les moines et Alphonse 1er retarde le début des travaux de l'abbaye, qui ne

commencent qu'en avril 1116. A cette époque, le comte est âgé de 13 – 14 ans. Il assiste

probablement au début des travaux.

A la tête de l'abbaye, on trouve l'abbé Hugues. Son titre vient de l'ancien syriaque, veut dire

"père". Hugues et donc le père des moines de l'abbaye. Il est lui-même moine et a été élu à

vie par les moines de l'abbaye. Son élection est, il faut le signaler, l'objet d'une dispute entre

l'abbaye de Saint-Gilles et la puissante abbaye de Cluny, qui se trouve à une centaine de

kilomètres au nord de Lyon. En effet, à cette époque, Saint-Gilles, bien qu'en théorie plus

ancienne que Cluny, fait partie du puissant réseau clunisien avec des 700 établissements à

travers l'Europe et ses 1 000 moines. En réalité, la "bienveillante protection" de la puissante

abbaye de Cluny est souple. Les abbés de Cluny se contentent de valider les choix des

moines de Saint-Gilles.

Néanmoins, pour la construction d'un bâtiment aussi grand que l'abbaye de Saint-Gilles,

Hugues, abbé de Saint-Gilles, n'a pas pu se dispenser de l'autorisation De Cluny. En effet, un

tel chantier va impacter largement les finances du monastère de Saint-Gilles et donc, par

contrecoup, les subsides de Cluny. Toutefois, Hugues n'a certainement pas dû forcer son

talent d'orateur pour obtenir l'aval de Cluny, car s'agrandir est favorable à l'accueil des

nombreux pèlerins qui viennent se recueillir sur la tombe de saint Gilles, et ceux qui vont

jusqu'à Compostelle. Pour financer le chantier, l'abbé Hugues peut compter sur la fiscalité

issue des nombreuses possessions de l'abbaye, sans oublier la dîme que perçoit l'Eglise pour

l'entretien des bâtiments et pour ses œuvres charitables.

Les chevaliers au début du 12è siècle

La figure du chevalier est emblématique du Moyen-Âge, au point que les tout jeunes

écoliers, même s’ils ne perçoivent pas très bien la chronologie historique, dès qu'on

prononce le mot "château fort", s’empressent d’ajouter "avec les chevaliers et les

princesses !". Cette popularité du chevalier est évidemment due aux nombreux contes et

films qui nous montrent souvent des représentations caricaturales de ce que pouvait être un

chevalier. D’autant que la fonction de combattant à cheval qui est à l’origine du nom a

beaucoup évolué entre le début du 11è siècle, date à laquelle apparaissent les premières

mentions des "miles" et la fin du Moyen-Âge, au 15è siècle.

A l’époque qui nous intéresse, celle de la construction de l’abbaye en 1116, les chevaliers

sont encore éloignés de l’image que véhiculent ces films ou séries télévisées. Dès lors, à quoi

pouvaient-ils bien ressembler ?

C’est au début du 11è siècle qu’apparait une nouvelle catégorie dans la société féodale, qui

regroupe les spécialistes du combat à cheval. Le terme utilisé, selon les différents

témoignages écrits qui nous sont parvenus est "miles". C’est un mot issu du latin. Il semble

que les rédacteurs de l'époque aient éprouvé le besoin de distinguer une nouvelle catégorie

d’hommes. C’étaient des combattants professionnels. Toutefois se sont les termes issus du

langage populaire qui se sont finalement imposés. Le nom de chevalier, venant de cavalier,

venant lui-même du latin cavallus, qui désignait, à l’époque romaine, un palefrenier ou un

écuyer. L’élément central de leur équipement est donc le cheval, qui les détermine

socialement. Le cheval permettait le transport rapide d’hommes au combat pour porter

secours ou pour frapper rapidement un ennemi. Dans un monde où le pouvoir central avait

volé en éclats, le danger était partout et pouvait frapper à tout moment. Dès lors, les

paysans, les habitants des villes et les moines ne pouvaient compter que sur un pouvoir local

capable de les défendre. C’est cette situation qui favorisa l’apparition de châteaux fortifiés et

d’un groupe d’hommes suffisamment mobiles pour intervenir : les chevaliers. Peu à peu, les

progrès effectués dans deux domaines, le harnois et l’escrime de lance finirent par éloigner

encore plus ces hommes du commun des mortels. Néanmoins, être chevalier, aux 11 et 12è

siècles n'est pas encore synonyme de noblesse. Les miles sont souvent encore perçus

comme des serviteurs armés. Chevalier n’était pas accessible à tous. Deux leviers pouvaient

faciliter l’intégration dans ce groupe qui n’était pas encore une caste très fermée et

héréditaire.

Le premier et le plus évident était la possession d’un cheval, ce qui éliminait une immense

majorité du peuple médiéval. Au début du 12è siècle, un cheval pouvait coûter jusqu’à cinq

fois le prix d’un bœuf ! Si l’on prend en compte le fait que posséder UN bœuf était déjà un

signe extérieur de richesse dans les campagnes médiévales du royaume de France, alors cinq

bœufs représentaient une petite fortune. A cela il faut ajouter qu’un chevalier possédait, par

sécurité, souvent au moins deux chevaux. Le cheval n’est, en outre, pas le seul équipement

coûteux du chevalier. Un chevalier devait posséder un harnachement complet pour son

cheval, ce qui impliquait une selle rigide, mors brides et étriers. En 1116, la quasi-totalité des

chevaliers font également ferrer leurs chevaux, ce qui est une source de dépense

supplémentaire. La pratique du ferrage des chevaux est attestée depuis le début de l’an

mille mais n’était pas encore très répandue. En revanche, lors de la première croisade de

1096, les sources montrent que l’usage du ferrage est pratiqué par une très grande majorité

des chevaliers. Enfin, outre le cheval et son équipement, un chevalier devait posséder au

minimum un équipement militaire comme le haubert, une sorte de grande tunique de cotte

de maille, un casque à nasal, une lance, une épée, un bouclier et des éperons. Et cette liste

n'est pas exhaustive. Tout ceci coûtait une petite fortune et réservait l’accession au groupe

des combattants à cheval à ceux qui possédaient une solide assise financière.

L’autre levier qui permettait d’accéder à cette élite militaire était la protection d’un

seigneur. Celui-ci avait la surface financière suffisante pour équiper à ses frais un petit

groupe d’hommes qu’il jugeait assez honorables et plus probablement fiables et efficaces.

Cette protection, ou plutôt cet avantage en nature, faisait de ces hommes des obligés du

seigneur. Celui-ci se constituait ainsi un groupe de combat performant, pouvant servir ses

intérêts. On peut donc aisément comprendre que la puissance d’un seigneur pouvait se

mesurer au nombre des chevaliers qui se trouvaient sous son autorité.

Il faut souligner ici qu’une abbaye, en tant que seigneur temporel des terres qu’elle

possédait, pouvait avoir des vassaux. Une abbaye comme Saint-Riquier était seigneur de plus

de 100 vassaux d’origine noble et possédaient une force armée dirigée par un avoué. Ce qui

était également le cas pour Cluny.

Un événement marquant dans la vie d’un chevalier est l’adoubement. Ce passage quasi

initiatique est souvent montré dans les films de manière tellement fantaisiste qu’un

chevalier n’y reconnaitrait pas les siens. C’est également un phénomène célèbre et célébré à

l’envi par les troupes de reconstitution médiévale. Cependant il n’existe peut-être pas de

phénomène aussi mal étudié ou mal connu par les historiens du Moyen-Âge. En réalité, il

existait autant "d’adoubements" qu’il existait de coutumes, de territoires et d’époques. C’est

un phénomène mutant, qui tend à se codifier vers le 13/14è siècle avec l’intervention de

l’Eglise et avec la confusion entre chevalerie et aristocratie. Néanmoins là encore un

adoubement au nord et au sud du royaume de France restait différent et à fortiori un

adoubement en Italie ou en Angleterre.

Pour la période qui nous concerne, l’adoubement tenait encore de la cérémonie germano

franque plus que de la cérémonie religieuse du Moyen-Âge classique. La remise des armes,

"arma virilia", était à l’époque carolingienne, un rite de passage de l’enfance à l’âge adulte.

Cela concernait toutes les couches de la population et non un petit groupe d’individus. En

1100, l’adoubement tient plus de la remise des outils nécessaire à l’exercice de la fonction

qu’à une cérémonie initiatique. Ce qui le prouve, c’est que l’homme ayant reçu ses armes ne

changeait pas de statut. S’il était roturier, il le restait. Cependant vers le début du 12è siècle

apparaissent en filigrane les mutations qui vont bouleverser la chevalerie : fermeture du

groupe combattant en caste aristocratique et place importante de l’Eglise.

La formation :

C’est la technique de combat du chevalier qui le distinguait des autres. Tout comme

l’adoubement, la formation ne répondait pas à des règles strictes et immuables. Vers 1100,

la coutume voulait que l’on envoie son fils se former chez un seigneur. Au sein de la noblesse

l’enfant était souvent envoyé chez son oncle maternel. La formation commençait entre 7 et

10 ans, quasiment jamais plus tard. Ce début de formation précoce n’avait rien

d’extraordinaire. C’était l’âge normal où l’on plaçait un enfant en apprentissage chez un

maître. Plus tard, un dicton affirme même qu’un enfant qui ne monte pas à cheval à 7 ans ne

sera jamais un bon chevalier. Le temps de formation variait lui aussi selon la région,

l’éducateur, l’apprenti et surtout l’éventuelle fortune de celui-ci. Cette formation éliminait

par conséquent la grande majorité de la population. Enfin si un seigneur choisissait de

former des roturiers et non des nobles, sa préférence allait naturellement aux fils de ses

hommes d’armes. On le voit l’hérédité prenait place.

La place de l’Eglise :

En 1100 même si la remise des armes demeurait essentiellement profane, il n’en demeure

pas moins que l’Eglise n’était jamais loin. Le jeune apprenti chevalier recevait fréquemment

ses armes lors d’une grande fête religieuse : Pâques, Pentecôte ou Noël. L’âge variait selon

les sources, les régions et les époques. Cela va, pour la période qui nous intéresse, de 16 à 22

ans. La plupart du temps c’est son éducateur qui les lui remettait. Le jeune homme était

alors "miles factus". La cérémonie faisait de l’adolescent un homme. Le caractère militaire de

la cérémonie était indéniable. La remise des armes se faisait en présence des compagnons et

futurs compagnons du nouveau chevalier. Cependant, il n’était pas rare d’y apercevoir la

présence d’un homme d’Eglise. Une fois l’adoubement terminé, le nouveau chevalier

pouvait demander la bénédiction de ses armes. C’était un choix et non une obligation. On

peut toutefois supposer que, fréquemment, le chevalier, confronté à la mort de par sa

profession, voulait se protéger du mauvais sort et donc recherchait une protection divine

voire magique. Quoi qu’il en soit l’adoubement, qu’il soit profane ou sous influence de

l’Eglise, était perçu comme une seconde naissance puisque fréquemment, lorsqu'on

évoquait la vie d’un chevalier, on cadençait ses exploits depuis son adoubement, par

exemple tel seigneur meurt la 20è année de sa chevalerie.

En 1116 le jeune comte de Toulouse devait être entouré par de nombreux chevaliers

d’origine noble ou roturière. Se déplacer avec eux montrait sa puissance. Vivre avec eux

faisait partie de sa formation de comte et de chef militaire. Autour du jeune seigneur ces

derniers devaient chercher à se faire remarquer pour obtenir sa protection ou sa faveur. Les

entraînements ou exercices militaires équestres ou à pieds étaient un bon moyen

d’entretenir la qualité des troupes et aux hommes de prouver leur habileté en dehors du

champ de bataille. On peut donc envisager que, lors des fêtes données en l’honneur du

lancement de la construction de l’abbaye, le Comte de Toulouse ait donné des réjouissances

pour flatter la population de Saint Gilles et, dans le même temps, montrer ses muscles

auprès de l’abbé Hugues et de ses moines.

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